Dictionnaire de la Bible/Tome 3.2.c JOËL-KURZENIECKI - Wikisource (2024)

Fulcran Vigouroux

Dictionnaire de la Bible

(Volume III,p.1579-1580-1825-1826).

Tome 3.2.b JÉRÉMIE-JOED

Tome 4.1.a

Migne en a donné une traduction française dans le Dictionnairedes Apocryphes, in-4°, Paris, 1858, t. ii,col. 403-420. Il a été édité d’après deux manuscrits parM. E. James, Apocrypha anecdota, Oxford, 1897. t. ii,Cf. Trochon, Introduction, 2 in-8°, Paris, 1886, t. i,p. 484; T. K. Cheyne, Encyclopsedia biblica, in-4°, Londres,1899, t. i, col. 254. V. Ermoni.

    1. JOBAB##

JOBAB (hébreu: Yôbâb), nom de cinq personnagesdans l’Écriture.

1. JOBAB (Septante: ’Iwgaë), le treizième et dernierfils de Jectan. Gen., x, 29; I Par., i, 23. Il devint lepère d’une tribu arabe. Le pays où il s’établit est restéjusqu’ici inconnu. On en retrouve peut-être la tracedans une inscription découverte par Ed. Glaser àjjadaqan,dans l’Yémen. Corpus inscript, semit., t. lv, p. 54,pi. x, n. 37. À la ligne 6, il est fait mention des chefsd’une région appelée 32>rt>, Yuhaibib ou Yuhaibab,nom où nous retrouvons les éléments essentiels de 231>,Yôbâb. Cette inscription paraît dater du milieu duVIIIe siècle avant notre ère. Le même nom de lieu aété retrouvé dans une autre inscription, mais, ni dansl’une ni dans l’autre, aucune indication ne permet dedéterminer la situation exacte de la localité qu’elle désigne.M. Joseph Halévy est le premier qui ait proposél’identification de Jobab et de Yuhaibab. Voir Ed.Glaser, Skizze der Geschichte und Géographie Arabiens,in-8°, Berlin, 1890, t. ii, p. 303. — Bochart, Phaleg, II, 29;Opéra, 3e édit., 3 in-f», Leyde, 1692, 1. 1, col. 143, avaitCru retrouver les Jobabites dans les’IœëaptTou dePtolémée, VI, 7, 24, habitants de l’Arabie méridionale,sur la côte maritime, près des Sachalites. Gesenius,Thésaurus, p. 559, penche pour cette opinion. Elle nerepose cependant que sur une ressemblance imparfaitedu nom. A. Sprenger, Die aile Géographie Arabiens,in-8°, Berne, 1875, p. 297, croit même que les’Iwâapîxain’ont jamais existé. «Les’Iw^apiTai, dit-il, sont lesWabar. On désigne par ce mot le sable de la mer etaussi la tribu qui habitait là où est le sable, lorsqu’ily avait encore en cet endroit des jardins et des champs.Les Wabar sont un peuple fabuleux qui n’a jamaisexisté.» F. Vigouroux.

2. JOBAB (Septante: ’Iw6âë), roid’Édom, fils de Zara, deBosraft. i, col. 1859). Gen., xxxvi, 33-34; I Par., i, 44-45.Il succéda à Bêla (voir BélaI, 1. 1, col. 1560) eteut lui-mêmeHusam (col. 784) pour successeur. D’après une additionap ocryphe placée à la fin de la traduction grecque deJob dans les Septante (voir Bible polyglotte, t. iii, 1902,p. 822), Jobab serait le même personnage que Job, mais lelivre même de Job montre que cette hypothèse est sansfondement, car on n’y rencontre aucune allusion au règnedu saint patriarche sur le paysd’Édom, etde plus l’orthographedes deux noms est en hébreu complètementdifférente.

    1. JOBAB fltoêàS)##


3. JOBAB fltoêàS), chananéen, roi de Madon. Ce futle premier prince à qui s’adressa Jabin (voir Jabin 1,col. 1055), roi d’Asor (voir AsoR 1, t. i, col. 1105), lorsqu’ilforma la confédération des rois du nord de la Palestinecontre Josué. Elle fut battue près du laî Mérom.Jos., xi, 1, 7-8. Les Septante font Jobab roi de Maron(Maptôv), nom qu’ils donnent au lac Mérom. Voir Madon.

4. JOBAB (Septante: ’Iiùkâê), de la tribu de Benjamin,fils de Saharaim. Sa mère s’appelait Hodés (col. 726).I Par., viii, 9.

5. JOBAB (Septante: ’Iw6â6), de la tribu de Benjamin,septième fils d’Elphaal (t. ii, col. 1705). I Par., viii,18,

    1. JOBANIA##

JOBANIA (hébreu: Ybneydh, «Jéhovah bâtit;» Septante: ’Ienvaâ; Alexandrinus: ’Ieëvaâ), Benjamiteet fils de Jéroham. Il fut probablement un des premiersdes principaux Benjamites qui s’établirent à Jérusalemaprès la conquête de cette ville par David. I Par., ix, 8.

    1. JOCHABED##

JOCHABED (hébreu: Yôkébéd; Septante: ’I(o Z a6éS),de la tribu de Lévi, femme d’Amram et mère d’Aaron,de Moïse et de Marie. Exod., vi, 20; Num., xxvi, 58-59.L’étymologie de son nom est importante, parce que si lenom abrégé de Jéhovah, Yô, en forme le premier élément,il en résulte que le nom divin était connu avantla vision de l’Horeb où Dieu en expliqua le sens àMoïse. Exod., iii, 14. Parmi les exégètes, les uns admettentque.Tochabed signifie: «Jéhovah est gloire;» lesautres lui cherchent une origine étrangère, égyptienneou autre. Voir Eb. Nestlé, Die isrælitischen Eigennamen,in-8°, Haarlem, 1876, p. 77. Malgré la divergence des opinions,on ne peut contester que le nom de Yokébéd nesoit un nom propre hébreu, de formation parfaitementrégulière, le second élément, kébéd, «grave, de poids,» étant bien connu dans la Bible et le premier, Yô, étant unecontraction très fréquente du nom divin. Voir Jéhovah,col. 1244, et les noms qui suivent celui-ci et commencentpar Jo. Il est, de plus, peu vraisemblable que ce nom aitété altéré. — Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, Jochabed devintla femme d’Amram, dont elle était déjà la tante, étant lasœur de Caath, père de son mari. Exod., vi, 20. VoirAmram 1, t. i, col. 522. Les Septante et la Vulgate ontrendu le mot dôdàh, «tante,» par cousine: 8jf otépataO àSe^tpo-j to-j mxrpijç, patruelem suam, pour dissimulersans doute l’illégalité apparente de ce mariage;mais les unions de ce genre, prohibées, depuis, par la loimosaïque, Lev., xviii, etc., ne l’étaient pas sous l’époquepatriarcale, comme le prouve l’exemple d’Abraham quiavait épousé une parente plus proche encore. Gen., xx,12. Voir Sara 1. Jochabed était donc de la même tribuque son mari. Aussi est-elle appelée «fille de Lévi»,Exod., ii, 1; Num. xxvi, 59; ce qu’il faut entendre, dureste, en ce sens qu’elle descendait de Lévi, fils deJacob, et non qu’elle était la propre fille de Lévi.Voir Caath, t. ii, col. 1. — Jochabed était une femmeaussi sage que pieuse. Quand elle eut donné le jour àson second fils, qui devait être Moise, elle le cacha pendanttrois mois pour le soustraire à la mort à laquelle lepharaon avait condamné tous les nouveau-nés mâles desHébreux. N’espérant plus alors pouvoir le soustrairedavantage aux recherches des Égyptiens, elle l’exposasur le Nil dans une nacelle de papyrus, en le confiantà la Providence, et en recommandant à sa fille Mariede veiller sur ce précieux dépôt confié aux eaux dufleuve. Elle devait espérer son salut, car il y a bien lieude croire que c’est elle qui avait suggéré à sa fille del’offrir elle-même comme nourrice de son enfant, si Dieule sauvait. Grâce à sa prudence, lorsque la fille du pharaoneut sauvé Moise, sa mère fut chargée de l’élever etelle put de la sorte, en le nourrissant de son lait, luiinspirer ces sentiments de foi et de religion profonde quile préparèrent à devenir le libérateur et le législateur dupeuple de Dieu. Exod., ii, 3-11. F. Vigouroux.

    1. JODAJA##


JODAJA, prêtre, contemporain du grand-prêtreJoacim. II Esd., xii, 19. Voir Idaia 2, col. 806.

JŒD (hébreu: Yo’ed, «Jéhovah est témoin;» Septante: ’IùiâS), père de Mosollam, de la tribu de Benjamin.II Esd., xi, 7.

JOËL (hébreu: Yô’êl, «Jéhovah est Dieu;» Septante: ’IuïJX; Vulgate, Joël et Johel), nom de quinze Israélites.

1. JOËL, fils aîné du prophète Samuel, I Reg., viii,2, et père d’Héman qui fut un des trois chefs de chœur

du temps de David (voir Héman 2, col. 587). I Par., vi,33; xv, 17. La Vulgate écrit son nom Johel dansl Par.,vi, 33. Son père Samuel, lorsqu’il fut devenu vieux, lechargea, ainsi que son frère Àbia, de rendre la justice àBersabée, mais l’avarice leur fit violer, à l’un et à l’autre,les règles de la justice; ils se laissèrent corrompre pardes présents et le peuple, irrité de leur conduite, refusade les accepter pour juges et réclama un roi àSamuel. I Reg., viii, 2-5. — Le nom de Joël devrait selire aussi I Par., vi, 28 (hébreu, 13), mais il est tombédu texte hébreu par une faute qui est très ancienne,car elle existait, non seulement quand saint Jérôme lit satraduction, mais déjà du temps des Septante. Ceux-ci onttraduit ainsi l’original, d’où le nom de Joël avait disparu:Ylôç SafioMYiV ô «ptoxii-coxo; Eavi, xa’AStâ, et laVulgate: «Les fils de Samuel: le premier-né Vasséniet Abia.» Ces deux versions, pour trouver deux fils àSamuel, ont fait un nom propre de va-Senî, adjectifordinal qui veut dire «et le second». Le texte hébreuprimitif portait sûrement: «Les fils de Samuel: Joël,le premier né, et le second Abia.» Le qerl dans lesBibles hébraïques supplée le nom de Joël.

2. JOËL, fils de Josabias, dé la tribu de Siméon. Ilétait chef d’une famille importante de cette tribu etprit part, sous la règne d’Ézéchias, à l’expédition quefirent un certain nombre de Siméonites contre Gador(voir Gador, col. 34). I Par., iv, 35, 38-41.

3. JOËL, père de Samaïa de la tribu de Ruben. I Par.,v, 4. Sa généalogie est un sujet de contestation parmiles exégètes qui lui attribuent des ancêtres différents. Lesuns la font descendre de Ruben par Charmi ou Carmi(voir Charmi 1, t. ii, col. 958), les autres par Enoch ouHénoch (voir Hénoch 4, col. 594). L’historien sacré énumèreses descendants et raconte sommairement quelquesépisodes de leur histoire, I Par., v, 4-6, etpeut-étre ꝟ. 8-10,mais il ne nous fait pas connaître le père même de Joël.La version syriaque a mis Charmi au lieu de Joël; cependantil n’y a pas lieu de changer ce dernier nom. CommeJoël est nommé immédiatement après les propres fils deRuben, il est probable que la suite de la généalogienous donne le nom des enfants du fils aîné de Ruben,c’est-à-dire d’Hénoch et que Joël est le fils aîné d’Hénoch.

4. JOËL! père de Samma, de la tribu de Ruben. I Par.,v, 8. Un certain nombre d’interprètes croient que ceJoël est le même que Joël qui eut un fils appelé Samia,v, 4, et que Samma ne diffère pas de Samia.

5. JOËL, un des chefs de la tribu de Gad, qui demeuraitdans le pays de Basan. I Par., v, 12.

6. JOËL, lévite dont le nom est écrit Johel par la Vulgate.I Par., vi, 36. Voir Johel 2.

7. JOËL, fils d’Izrahia. I Par., vii, 3. La Vulgate écritson nom Johel. Voir Johel 3.

8. JOËL, frère de Nathan, un des vaillants soldatsde David. I Par., xi, 38. Il est appelé Igaal (col. 837),dans II Reg., xxiii, 36, et là il est donné comme «fils» de Nathan de Soba, et non comme «frère». Le CodexVaticanus porte-jîô;, «fils,» dans I Par., xi, 38, commedans II Reg., xxiii, 36.

9. JOËL, lévite. I Par., xv, 7, 11. C’était le chef de lafamille des Gersonites, ayant sous ses ordres cent trenteserviteurs du sanctuaire, du temps de David. Il fut unde ceux qui prirent part à la translation de l’arche, dela maison d’Obédédom à Jérusalem.

10. JOËL, lévite, fils de Jéhiel, de la descendance de

Gerson et de la famille de Léedan. I Par., xxiii, 8. Ilétait un des gardiens du trésor de la maison du Seigneur.I Par., xxvi, 22. Il n’est peut-être pas différent daJoël 9.

11. JOËL, fils de Phadaïas, un des chefs de la demi-tribude Manassé transjordanique. I Par., xxvii, 20.Il vivait du temps de David.

12. JOËL, lévite, fils d’Azarias, de la iamille de Caath,qui vivait du temps d’Ézéchias, roi de Juda. II Par.,xxix, 12.

13. JO EL, de la famille de Nébo. Il avait épousé une’femme étrangère et Esdras l’obligea de la quitter. I Esdx, 43.

14. JOËL, fils de Zéchri. II Esd., xi, 9. Il était de latribu de Benjamin et gouverna ceux de sa tribu et de latribu de Juda qui habitèrent Jérusalem après la captivitéde Babylone.

15. JOËL (hébreu: Yô’èl; Septante: ’Iwy)), ), un desdouze petit* prophètes (fig. 272). On n’a presque aucunrenseignement sur sa vie. Nous savons qu’il était fils

272.

Le prophète Joël. D’après Michel-Ange.Chapelle sixtiiic.

Phatuel, Joël, i, 1; il était du royaume de Juda. S. Jérôme,In Joël, t. xxv, col. 949-950. Certains indices de saprophétie laissent supposer qu’il vivait à Jérusalem, i,13; ii, 1, 9, 15; iii, 1, 6, 8, 16, 17, 20-21. LePseudo-Épiphanedit qu’il était de la tribu de Ruben et qu’ilétait né à Béthoron, entre Jérusalem et Césarée; De vitis

prophet., xiv, t. xun, col. 407. On a supposé aussiqu’il était prêtre ou lévite à cause de la mention qu’ilfait des offrandes, des fêles du temple et des prêtres;d’autres auteurs au contraire pensent qu’il n’était pasprêtre à cause de la manière dont il parle des prêtres,I, 13; II, 17. Kaulen, Einleitung, 3e édit., Fribourg,1892, p. 406. L’époque où il a vécu est fort discutée.Voir ce qui est dit sur la date de sa prophétie dansl’article suivant.

16. JOËL (LE LIVRE DE). — I. OCCASION ET DIVISION.

— La prophétie de Joël fut écrite à l’occasion d’une invasionde sauterelles, dont nous chercherons plus loin àdéterminer la signification, telle qu’on n’en avait jamaisvu de pareille. Ce premier fléau fut suivi d’un autre nonmoins terrible: les sauterelles avaient tout dévasté dansles champs; une grande sécheresse qui survint après etqui dura plusieurs années mit le comble à la désolation.

— La prophétie, outre un court préambule, 1, 1, se diviseen deux parties, qui ont la forme de discours: 1° i, 2-n,17; — 2° ii, 18-m. Les deux parties sont nettement marquéeset séparées par deux versets qui servent en mêmetemps de transition, ii, 18-19: «Le Seigneur a montrédu zèle pour sa terre, il a pardonné à son peuple. Et leSeigneur a répondu et dit à son peuple, etc.»

II. Analvse.

i" partie: i, 2-il, 17. — Elle peut sesubdiviser en deux sections: 1° Description de l’invasiondes sauterelles, i, 2-n, 11. — Le prophète décritd’une manière générale l’horreur de cette invasion, i, 24; — puis il la décrit graduellement pour mieux montrerle deuil de chacun: les vignes sont détruites et lesivrognes ne peuvent plus satisfaire leur passion, ꝟ. 5-7;

— le peuple est convié à se lamenter, parce que, par suitede la dévastation des champs, on ne peut plus offrir lesacrifice, ꝟ. 8-12; — les prêtres aussi doivent gémir, euxqui sont chargés d’annoncer au peuple la gravité de lasituation et de l’exhorter à la pénitence, ꝟ. 13-17; — leprophète décrit les souffrances des bêtes des champs etadresse une prière à Dieu, ꝟ. 18-20; — il annonce quele jour du Seigneur est proche et en décrit toutes leshorreurs, ii, 1-11. — 2° Exhortation à la pénitence, ii,12-17; Dieu, par la bouche de son prophète, exhorte lepeuple à se convertir et à faire pénitence de ses crimes;cette pénitence doit être avant tout «intérieure», ꝟ. 1214; — elle doit aussi se manifester par des «actes extérieurs», ꝟ. 15-17.

Il" PARTIE: ii, 18-IH. — Le prophète promet au peuple,qui s’est converti et a fait pénitence, une foule de biens;cette partie embrasse quatre sections, dont chacune annonceun bien particulier: 1° L’ennemi du peuple deDieu sera bientôt détruit, et une pluie abondante apporterala fertilité à la terre, ii, 18-27. — 2° Le deuxièmebien sera une effusion du Saint-Esprit sur son peupleet sur toutes les nations, ꝟ. 28-29. — 3° Le troisièmec’est le jour du Seigneur; ence jour le Seigneur anéantiratous les ennemis des Juifs; il indique les signesavant-coureurs de ce jour, ꝟ. 30-32, et décrit le jour lui-même,m, 1-17. — 4° Enfin le quatrième bien, suite duour du Seigneur, le plus précieux, sera la plénitude desbénédictions messianiques, iii, 18-21.

III. Authenticité.

Nous ne nous arrêterons pas àdémontrer l’authenticité de la prophétie de Joël, parcequ’elle n’a jamais été contestée par personne, du moinsdans son ensemble. Quelques auteurs ont bien mis enquestion l’authenticité de certains passages, car ils ontprétendu’reconnaître différents auteurs, différentesmains; mais ceci touche à la question de l’unité littérairedont nous allons nous occuper.

IV. Unité d’auteur. — I. théorie rationaliste. —Certains critiques, parmi lesquels se distingue M. Vernes,Le peuple d’Israël et ses espérances, p. 46, dans Méangesde critique religieuse, in-12, Paris, 1881, p. 221,cf. Trochon, Les petit* prophètes, Paris, 1883, p. 94,

ont soutenu l’existence de deux Joël. Af. Vernes s’appuiesur les deux parties de la prophétie qui seraient,prétend-il, inconciliables; ces deux parties contiennentla description du jour de Jéhovah; pour l’auteur de lapremière description, i-ii, 27, 1e jour de Jéhovah consistedans une invasion de sauterelles et dans une sécheresse,tandis que pour l’auteur de la seconde description, ii,28-in (hébreu, m-iv), il consiste dans la victoire remportéepar Jéhovah sur les nations ennemies; ces deuxconceptions ne peuvent appartenir au même auteur;elles supposent deux auteurs différents et deux dates différentes:il faut donc distinguer, d’après lui, un Protoet un Deutéro Joël.

u. preuves de l’usité d’auteur. — L’unité d’auteurse prouve: 1° Par l’évidence interne: tout dans la prophétieest tellement enchaîné, tout se tient d’une manièresi étroite et se suit d’une manière si régulière,tout y est si bien ordonné qu’il est impossible d’y reconnaîtredeux auteurs. — 2° Par la conciliation des deuxdescriptions: la différence de la double description dujour de Jéhovah s’explique si l’on se place dans la situationet les circonstances du prophète: «Pendantl’invasion des sauterelles, Joël invite ses compatriotes àvoir dans ce fléau le signe avant-coureur du jour de Jéhovah,le début du châtiment du peuple d’Israël. Mais,après que le peuple s’est repenti, le prophète lui prometla bénédiction divine, le triomphe sur ses ennemis etle jour de Jéhovah désigne alors le jour du châtimentdes nations païennes.» Bruston, Histoire critique de la’littérature prophétique des Hébreux depuis les originesjusqu’à la mort d’Isaie, Paris, 1881, t. i, p. 41. Cf. Ed.Montet, De recentissimis disputahonibus de Joelis setate,in-8°, Genève, 1880; H. Grætz, Der einheitliche Charakterder Prophétie Joels, in-8°, Breslau, 1873.

V. ÉPOQUE DE LA COMPOSITION DU LIVRE.

La date

de la prophétie de Joël est très discutée. Jahn, Einleitung,t. ii, p. 502, soutient qu’il vécut et prophétisa sousManassé (688-633). — J. A. Theiner, Die zivôlf Propheten,Leipzig, 1830, p. 59, et Bertholdt, Einleitung,p. 1604, le font vivre sous Ézéchias. — Eckermann,Ioel metrisch ùbersetzt, 1786, croit qu’il vécut sous le >roi Josias (640-625). — D’après Bunsen, Gott in Geschichte,3 in-8°, Leipzig, 1857-1858, t. iii, p. 19, il auraitvécu et prophétisé entre 956 et 946, après l’invasion deSésac, roi d’Egypte, la 5= année du règne de Roboam. —Pour T. F. Bauer il prophétisa en 915. — Le docteurKarle, Joël ben Phatuel, in-8°, Leipzig, 1877, place sonministère entre 950-945. — Les opinions principales sontles suivantes:

I. joel est antérieur À isaie et À amos. —La grandemajorité des exégetes est d’accord sur ce point. Les raisonssur lesquelles on s’appuie relèvent de la critiqueinterne: 1° Isaîe connaissait les oracles de Joel; il areproduit, xiii, 6, un membre de phrase de Joel, I, 15, «parce que le jour est proche.» Cf. aussi Is., XIII, 10,etJoel, , ii, 10. Cf. Jer., xxv, 30, etJoel, iii, 16. —2° Amos,qui a vécu sous Ozias, roi de Juda, et Jéroboam II roid’Israël, connaît Joel et l’imite: a) premiers mots dela prophétie d’Amos, l, 2, et Joel, m (hébreu, iv), 16, cesmots appartiennent au contexte de Joel; donc c’est Amosqui a emprunté; b) Amos termine sa prophétie eadécrivant presque dans les mêmes termes que Joel, . «les montagnes [qui| distilleront la douceur,» la prospéritéfuture de la Palestine; Amos, ix, 13, et Joel, m(hébreu, iv), 18; — c) lorsque Amos, iv, 9 b, représenteDieu se plaignant d’avoir envoyé inutilement les sauterellespour amender le peuple, il paraît faire allusionà la plaie décrite par Joel, i, 4; ii, 25; la chose estd’autant plus naturelle qu’ils emploient le même mot,gdzâni, pour désigner la sauterelle ou la chenille; d}enfin il paraît exister un certain parallélisme entre Joel,m (hébreu, iv), 4-10, et Amos, I, 6-10.

II. LE COMBIEN DE TEMPS A-T-IL PRÉCÉDÉ AMOSf — H

règne sur ce sujet deux opinions. — i n opinion. — Certains auteurs placent le ministère prophétique de Joëlau commencement du règne d’Ozias, viiie siècle, et fontde Joël un contemporain d’Osée; ainsi saint Jérôme, InJoël, i, t. xxv, col. 950; saint Cyrille d’Alexandrie, InJoël, t. lxxi, col. 328; Théodoret de Cyr, In Joël, t. lxxxi,col. 1633; parmi les modernes: catholiques: Aug.Scholz, Einleitung, t. iii, p. 543; Schegg, Geschichteder letzten Prophelen, t. i, p. 49; Reinke, MessianischeWeissagungen, t. iii, p. 128; Zschokke, Historia Ant.Testamenti, p. 261; Knabenbauer, In prophetas minores, Paris, 1886, t. i, p. 188-189; Cornely, Introductwspecialis, Paris, 1887, t. ii, p. 540; — parmi les protestants: Rosenmuller, Scholia in Proph. minores,t. i, p. 425; De Wette, Einleitung, 7e édit., p. 317;Hengstenberg, Christologie, t. i, p. 332; Havernick,Einleitung, t. ii, p. 302; Bleek-Wellhausen, Einleitung,p. 416; Meyrick, dans The Speaker’s Commentary, t. vi,p. 494; Davidson, Introduction, p. 249. — Cette opinions’appuie sur deux raisons: 1. La place occupée par Joël:dans le texte hébreu et la Vulgate, Joël occupe le secondrang, immédiatement après Osée, dans la série des petit*prophètes; on suppose d’autre part que les petit* prophètes ont été classés suivant un ordre rigoureusem*ntchronologique; — mais on peut répondre en premierlieu que dans les Septante, Joël n’occupe que la quatrième place, après Osée, Amos et Michée; cf. H. B.Swete, The Old Testament in greek, Cambridge, 1894,t. iii, p. 38; en second lieu qu’il n’est pas démontré quedans le classem*nt des petit* prophètes on ait strictementsuivi l’ordre chronologique; — 2. Dépendance de Joëlpar rapport à Abdias: Joël connaît et cite Abdias; cf.Abd., 17, et Joël, ii, 32: «Sur le mont Sion… est lesalut» [suivi dans Joël de: «comme l’a dit le Seigneur» ];Abd., 10-18, et Joël, i, 15; ii, 1; m (hébreu, iv), 3, 4, 7,8, 12, 14, 17, 19; d’autre part on prétend qu' Abdias estpostérieur à Joas; cf. Cornely, op. et t. cit., p. 542; —on peut répondre qu’il est vrai que Joël a imité Abdias,mais qu’on se trompe quand on assigne à Abdias uneépoque si récente.

2e opinion. — D’autres auteurs croient que Joël aprophétisé sous le roi Joas (877-838, ou mieux 837-801),et dans les premières années de son règne; ainsi parmiles protestants: Credner, Der Prophet Joël, in-8°, Halle,1831, p. 41; Krahmer, De Ioelisœtate, Gœttingue, 1833;Hitzig, Die klemen Propheten, 1838; 3e édit., 1863;4e édit., parH. Sleiner, 1881; Delitzsch, dans la Zeitschriftde Rudelbach et Guericke, 1851, p. 306; Keil, Einleitung, p. 309; Schmoller, Die Propheten Hoseas, Ioel undAmos, p. 112; Aug. Wunsche, Die Weissagungen desProphet. Joël, 1872; — parmi les catholiques: Movers,Krilik. Untersuchungen uber die Chronologie, p. 119;Welte, Einleitung, t. ii, p. 111; Danko, Historia revel.' Vet. Testamenti, p. 378; Trochon, Joël. Paris, 1883,p. 93; Kaulen, Einleitung, 3e édit., p. 406; Vigouroux,Man. bibl., 11e édit., t. ii, p. 789, 790. Credner, qui peutêtre regardé comme un des premiers défenseurs de cetteopinion, l’a condensée dans les deux conclusions suivantes: 1. Joël a prophétisé au commencement durègne de Joas (IVReg., xii); — après l’invasion de Judapar Sésac (III Reg., xiv, 25-26), à laquelle ferait allusion Joël, iii, 17 b, 19; — après le règne de Josaphat etla révolte des Édomites sous Joram (IV Reg., viii, 20-22),auquel événement ferait allusion Joël, iii, 19 b; — après lepillage des trésors royaux par les Philistins et les Arabes(II Par., xxi, 16-17); — 2. Il prophétisa avant l’expéditiondes Syriens sous la conduite d’Hazæl, qui reçut pourrançon de sa retraite les trésors du temple livrés par Joas(IVReg., XII, 17-18); — avant les invasions assyrienneset chaldéennes. Cf. Driver, Introduction to the Literature of the Old Testament, 7e édit., p. 309-310. — Cetteopinion s’appuie sur les raisons suivantes, qui ne sontpas toutes de même valeur: 1. Parmi les ennemis du

peuple de Lieu Joël ne mentionne que Tyr, Sidon,les Philistins, les Grecs [Yevànim et les Sabéens, iii,4-9; il ne fait aucune mention des Syriens, menacésplus tard par Amos, i, 3-5, parce qu’ils avaient fait unecampagne contre Jérusalem sous leur roi Hazaél, comme tnous l’avons déjà dit; cf. aussi II Par., xxiv, 23-24; parconséquent il a écrit avant ces événements; de plus ilne fait aucune mention des Assyriens et des Chaldéens,parce qu’ils ne menacèrent Jérusalem qu'à une époquepostérieure, tandis qu’Osée en parle, v, 13; vii, 11, etc.— Cornely et Knabenbauer, Ibid., répondent ainsi à cetargument: en premier lieu on suppose que Joël voulutet dut nommer tous les ennemis de son peuple, ce quin’est pas certain; en second lieu quand, iii, 2, il parlede «tous les peuples», omnes gentes, il a en vue unplus grand nombre de peuples que ceux qu’il mentionneexplicitement dans la suite à titre d’exemples; en troisième lieu s’il ne parle pas expressément des Syriens,c’est que Joël appartenait au royaume du Sud (Juda),tandis qu’Amos et Osée appartenaient au royaume duNord (Israël); or, b= Syriens eurent surtout afïaire auroyaume d’Israël; ils ne firent contre Juda qu’une petite expédition regardée comme un châtiment de Dieu,Il Par., xxiv, 24; s’il ne mentionne pas les Assyriens,cette prétérition ne prouve rien; en effet les Assyriens,même au temps d’Achab, étaient un danger pour la Palestine; on sait qu’Achab fut vaincu à Karkar par Salmanasar II; cf. Schrader, Keilinschriflen und Altes Testament, 2e édit., p. 199; Vigouroux, Bible et découvertesmodernes, 6e édit., t. iii, p. 460; si donc cette raisonétait valable, il faudrait conclure que Joël a prophétisémême avant Achab; enfin, ce qu’il dit contre les Phéniciens, les Philistins et les Édomites ne prouve pas qu’ilsoit aussi ancien qu’on le prétend, puisque Amos, i, 6-15,dit la même chose. — 2. Joël ne s'élève pas contre lespéchés occasionnés en Juda par la puissance assyrienne,et que reprennent vivement Osée et Amos; il n’attaquepas l’idolâtrie à laquelle se laissa aller le peuple sousJoram, Ochozias et Athalie; enfin il suppose que Dieuest fidèlement servi, que le culte divin s’exerce régulièrement, i, 9, 13; ii, 17; or, ces traits ne conviennentqu’aux premières années de Joas. — Cornely, ibid.,p. 341-342, répond que les débuts du règne d’Ozias nediffèrent pas de ceux du règne de Joas, II Par., xxvi,4-5, 7; ce n’est que dans la suite que ce prince se pervertit, Ibid., ꝟ. 16; par conséquent les traits relevés dansla prophétie de Joël conviennent aussi aux premièresannées du règne d’Ozias. Ces deux raisons ne sont doncpas décisives. Les suivantes paraissent plus concluantes.— 3. Joël ne fait aucune mention du roi, tandis qu’ilmentionne, i, 14, les «anciens», comme jouissant d’unecertaine autorité. Ce silence se comprend naturellementdans l’hypothèse où nous nous plaçons, car Joas encoreenfant était sous la tutelle du grand-prêtre Joiada. —4. Il mentionne, iii, 2, 12, la vallée de Josaphat, ainsiappelée probablement du roi Josaphat (910-885); il estdonc postérieur au roi Josaphat; de plus le moment oùil parle de cette vallée ne doit pas être bien loin de ladate de la victoire remportée à cet endroit par ce roisur les Moabites et les Ammonites. II Par., xx, 22.

III. JOËL EST ANTÉRIEVR À LA CAPTIVITÉ DE BABYLONB. — Ce point est résolu par ce que nous venons dedire. Si nous l’examinons en particulier, c’est à causedes difficultés soulevées par la critique moderne. Quelques auteurs prétendent, par les procédés de la critiqueinterne, trouver dans la prophétie de Joël des indices del'époque postexilienne; ainsi parmi les protestants:A. Merx, Die Prophétie des Joël und ihre Ausleger,Halle, 1879; F. W. Farrar, The Minor Prophets, theirlives and times, dans les Men of the Bible, Londres,1890, surtout p. 105-112, 120-123; cf. Driver, Introduction, p. 310-312; — parmi les catholiques: Ant. Scholz,Commentât' zum Bûche desPropheten Joël, Wûrzbourg,

1885. — 1. D’après eus, Joël, iii, 2-3, 6, fait allusion auxinvasions assyriennes et chaldéennes. Il n’en est rien:ces passages peuvent très bien se rapporter à la pertede territoire subie par Juda à l'époque de la révolte desj Édomites suivie de celle de Lobna. IV Reg., vrn, 22. —2. En admettant que tout le monde pût entendre latrompette résonnant dans Sion, ii, 1, 15, pour convoquerle peuple aux assemblées saintes et au jeûne, ilne s’ensuit pas que l'état fût réduit à une mince étendue,ce qui arriva après la captivité; on peut supposer queJoël, établi à Jérusalem, s’adresse surtout aux habitantsde la ville sainte. — 3. Il n’est pas non plus certain queles prêtres et les anciens aient une grande prééminence,ce qui ne se réalisa qu’après la captivité; en effet, i,2, les vieillards sont uniquement appelés à déclarers’ils se souviennent d’avoir jamais vu une pareille calamité;i, 13, les prêtres sont représentés commeministres de l’autel, ce qui fut vrai à toutes les époques;n, 17, ils gémissent et adressent à Dieu des prières enfaveur du peuple coupable; de ce qu’il nomme lesivrognes, i, 5, faudra-t-il conclure qu’ils occupaient uneplace importante? — 4.Il n’est pas vrai que l’auteur s’entienne uniquement à la stricte observance de la loi,qu’il ne recommande que les rites extérieurs, et qu’iln’exhorte jamais à la conversion à Dieu, comme les prophètesantérieurs à la captivité; en effet, ii, 13, il recommandela rénovation intérieure; et ꝟ. 12, il demande laconversion à Dieu; et nous savons ce qu’on entendaitpar «conversion à Dieu», elle consistait à se détournerdu péché, à abandonner les mauvaises voies, à fuir l’impiété,le culte des idoles. Cf. III Reg., VIII, 35, 47-48;II Par., yi, 24, 26, 37; Vu, 14; Is., vi, 10; x, 21; xxxi,6; Jer., iii, 14, 22; iv, 1; xv, 19; xxvi, 3; xxxv, 15;Ezech., iii, 19; xiv, 6; xviii, 23, 30; xxxiii, 9, etc. Iln’est donc pas vrai que l’auteur soit l’adepte d’unjudaïsme étroit, d’une espèce de pharisaisme légal. —5. II n’est pas vrai non plus qu’il enseigne que lesJuifs seuls seront sauvés, et que tous les autres peuplespériront; ii, 28, 32, il demande le salut de tout le monde.

— 6. Le livre de Joël n’est pas, comme on le prétend,_une espèce de mosaïque, composée de pièces empruntéesaux autres prophètes; l’auteur connaît assurémentbeaucoup de choses qui touchent à l’histoire, aux institutionsnationales; mais ces éléments sont contenusdans le Pentateuque, et pour les connaître, il n'était pasbesoin d’utiliser les écrits des autres prophètes; la connaissancedes écrits mosaïques était suffisante. — 7. Il estfaux qu’il n’y ait aucun ordre dans sa prophétie, commenous l'établirons plus tard; si l’auteur se rencontre surcertains points avec d’autres prophètes: jugement desnations, Joël, m (hébreu, iv), 2, et Ezech., xxxviii, 22;Soph., iii, 8; —fertilité du pays, Joël, m (hébreu, iv), 18,et Amos, ix, 13; — la source qui sort de la maison deDieu, Joël, ni (hébreu, iv), 18, et Ezech., xlvii, 1-12; cf.aussi Zach., xiv, 8; — l’effusion de l’Esprit, Joël, ii, 28, etEzech., xxxix, 29, il ne s’ensuit pas que c’est lui quiemprunte et non les autres prophètes; il faut en direautant de certaines ressemblances qu’on prétend constaterentre Joël et d’autres auteurs; Joël, I, 11°, et Jer.,xiv, 4*; Joël, i, 13, et Jer., iv, 8; Joël, i, 20, et Jer., xiv,5-6; Joël, ii, 3, et Jer., xii, 10; Joël, ii, 4, et Ezech., i,22-23; Joël, ii, 5-6, et Jer., vi, 23-24; Joël, ii, 9, et Jer., v,10; IX, 21; en admettant qu’il y ait dépendance, il resteraità prouver que c’est Joël qui dépend des autres prophètes,' et non le contraire. — 8. Les formes irrégulièresqui seraient l’indice de l'époque postexilienne ne prouventpas la thèse qu’on voudrait établir: PeléSét, «Palestine,a Joël, IV, 4 (hebr.), se trouveaussi dansls., xiv,23, 33; Ps. lx, 10; lxxxiii, 8; lxxxvii, 4; cviii, 10, etsurtout Exod., xv, 14; — la forme niphal du verbehâyâh, «être,» Joël, ii, 2, se lit aussi dans Exod., xv, 6;Deut., iv, 32; xxvii, 9; Jud., xix, 30; xx, 3, 21, etc.; —la forme hophal du verbe kâraf, «couper,» Joël, i, 9,

est inusitée ailleurs; maison trouve de ces particularitésisolées dans chaque auteur; — il faut dire la mêmechose de la ponctuation 'ërûk, Joël, ii, 5, et de certainsaxa? X^ojava, qu’on croit avoir remarqués dans Joël,1, 17 (termes d’agriculture, dont migrôn se trouve aussidans Is., x, 28, appliqué à une ville), et iv, 11, 'ùS, «rassembler;» — quant à l'étymologie du mot Phatuel,que l’on veut expliquer par le chaldéen petai,Dan., iii, 2, 3, elle n’est pas encore fixée. Cf. Knabenbauer,In prophetas minores, t. i, p. 190-194.

VI. Canonicité.

La canonicité du livre de Joël n’ajamais soulevé de doutes sérieux. — 1° Joël a toujours étéplacé au canon juif et au canon chrétien. Voir Canon,t. ii, col. 137-147. — 2° La tradition juive, contenuedans l’Ancien Testament, reconnaît la canonicité dulivre de Joël; les auteurs postérieurs le citent et l’imitent;aux textes déjà cités, col. 1587, on peut ajouter lessuivants: Is., xiii, 6, et Joël, i, 15; Jon., iii, 9, et Joël,n, 14; Mich., vil, 10, et Joël, ii, 17; Sophon., i, 15, etJoël, ii, 11 (cf. Zach., xiv, 8, et Joël, iii, 18). — 3° LeNouveau Testament cite Joël; cf. Act., ii, 16-17, 21 (discoursde saint Pierre); Rom., x, 13; Apoc, rx, 2, 7-9(image des sauterelles); xiv, 14-18 (image de la faucille).— 4° Les Pères de l'Église citent le prophète Joël.S. Justin, Dial. curn Tryph., n. 87, t. vi, col. 685;S. Irénée, Adv. haïr., iii, 12, n. 1, t. vii, col. 892-893;Tertulien, Adv. Marc, v, 4, 8, 17, t. ii, col. 476, 489,513; Adv. Jud., 13, col. 635; Clément d’Alexandrie,Strom., v, 13, t. IX, col. 129; Origène, De princ., ii, 7,t. xi, col. 216; Eusèbe, In Ps. lxiv, t. xxiii, col. 624;In Ps. cxliv, t. xxiv, col. 61; S. Hilaire, In Ps. lxiv,n. 4, t. ix, col. 415; S. Athanase, In Ps. lxiv, t. xxvii,col. 284; S. Cyrille de Jérusalem, Catech., xvi, 29,t. xxxiii, col. 960; Catech., xvii, 19, col. 992;S. Macaire d’Egypte, Hom., l, 4, t. xxxiv, col. 817;S. Grégoire de Nazianze, Orat., xii, 13, t. xxxvi,col. 445, 448; Didjme, De Trinit., ii, 2, 5, t. xxxix,col. 456, 500; De Spir. Sancto, 11, col. 1043; S. Epiphane,Hier., lxxiv, 4, t. xli, col. 481; S. Ambroise, DeSpir. Sancto, Prolog., 18; i, 7; ii, 2, t. xvi, col. 708-709,724, 747; S. Jean Chrysostome, Cont. Jud., 5, t. xi.viu,col. 820; In Ephes., Hom. ii, 2, t. lxii, col. 18; S. Augustin,De civ. Dei, xviii, 30, n. 3, t. xli, col. 587.

VII. Style et langue.

Le Livre de Joël, au point devue du style, est regardé comme une production classique: «Son style s'élève par la sublimité au-dessus des autresprophètes, excepté Isaie et Habacuc. Il unit la force deMichée à la tendresse de Jérémie et à la vivacité decouleurs de Nahum. Sa description de l’invasion des sauterellesest un admirable morceau littéraire; on l’a accuséd’exagération, mais l’exactitude de chaque trait estgarantie par les voyageurs qui ont été témoins du fléau,comme Shaw, Volney, etc.» Vigouroux, Manuel biblique,11e édit., t. ii, p.790. Sa langue est d’une très grandepureté et d’une belle élégance. Tous les auteurs sontd’accord sur les mérites et la beauté littéraires dela prophétie de Joël. Cf. Lowth, De sacra poesi Hebr.,Gœttingue, 1770, Præl., xxi, p. 432; Trochon, /oei, p. 96;Knabenbauer, In proph. min., t. i, p. 193; Driver, Introduction,7e édit., p. 312-313.

VIII. Texte.

Original.

C’est l’hébreu, et l’hébreu

de la belle époque; on a relevé de très rares particularités,qui sont du reste de peu d’importance, où lalangue semble aramiser ou chaldaiser. — 2° État du texte.

— Dans le texte massorétique la prophétie de Joël est diviséeen quatre chapitres, tandis que dans les Septanteet la Vulgate elle n’en a que trois. Dans le texte hébreu,le chapitre n se termine au jl. 27, au lieu de se terminerau ꝟ. 32, comme dans les Septante et la Vulgate. Dansquelques éditions du texte hébreu, le chapitre IV est lui-mêmesubdivisé en deux, le chapitre IV ayant huit versetset le chapitre v treize versets, 9-21. Dans la Peschito,la prophétie n’a aussi que trois chapitres.

1589

JOËL (LIVRE DÉ) — JOHA

1590

IX. Explication de quelques passages.

I. l’invasiondes sauterelles. — On a donné à cette descriptiondeux interprétations: 1° Interprétation symbolique.— Le Targum, certains Pères de l’Église, saintÉphrem, saint Cyrille d’Alexandrie, Théodoret et, parmiles auteurs modernes, Luther, Ribeira, Hengstenberg,Hâvernick, Pusey, voient dans ces sauterelles les ennemisdu peuple de Dieu: Assyriens, Mèdes. Perses, Grecs;cette interprétation s’appuie sur deux raisons très contestables:— t. ii, 20, Joël semble affirmer que l’arméedes sauterelles vient du nord; or, ajoute-t-on, on saitque les sauterelles viennent toujours du sud, du désertd’Arabie; mais on a constaté des exceptions à cetterègle. Cf. Trochon, Joël, p. 117. — 2. i, 15; ii, 1,Joël déclare que le jour du Seigneur est proche; maisil distingue le jour du Seigneur de l’invasion des sauterelles.— 2° Interprétation littérale. — D’autres auteursprennent les sauterelles au sens littéral, parce que:1. Rien dans le texte ne laisse supposer qu’il s’agissed’un symbole. — 2. Joël ne parle que des dégâts causésdans les champs et du mal fait aux animaux; or, s’ilavait en vue les invasions étrangères, il aurait surtoutparlé du mal fait aux hommes. — 3. La description serapporte à un fait passé et non à un événement futurcomme les invasions. — On pourrait peut-être concilierces deux solutions, par trop exclusives, dans uneopinion intermédiaire, «en admettant, comme celaparaît très vraisemblable, que Joël, dans sa secondepartie, considère l’invasion dont il a parlé dans lapremière comme type du jugement de Dieu qui approche.» Vigouroux, Manuel biblique, t. ii, p. 792. Cf.Trochon, Joël, p. 95; Driver, Introduction, p. 308.

u. l’effusion du saint-esprit. — Cette prophétieest littéralement messianique. Le prophète prédit ladescente du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte; c’estsaint Pierre lui-même qui en a donné l’interprétationauthentique et autorisée. Act., ii, 17-21; cf. Joël, ii, 2832. — Dans ce même passage, ii, 31, et ii, 10; iii, 15, leprophète annonce des phénomènes extraordinaires. Cf.Is., xiii, 10; Ezech., xxxii, 7. Notre-Seigneur a interprétéla signification de ces prodiges; il nous apprend,Matth., xxiv, 29; Marc, xiii, 24; Luc, xxi, 25, que cesprodiges s’appliquent aux signes qui précédèrent immédiatementla ruine de Jérusalem, cf. Luc, xxi, 11, etplus particulièrement à ceux qui précéderont le jugementdernier.

III. JUGEMENT DANS LA VALLÉE DE JOSAPHAT.

Cette

vallée, qui esc devenue si populaire chez les peupleschrétiens, à cause de son rôle eschatologique, n’estmentionnée que dans le livre de Joël, m (hébreu, iv),2, 12. On ne connaît pas exactement l’emplacement decette vallée. D’après les uns, son nom est symbolique;d’après les autres, c’est la vallée du Cédron. — 1<> Interprétationsymbolique. — Certains auteurs pensent quela vallée de Josaphat est un pur symbole; elle indiqueraitsimplement, conformément à l’étymologie du mot [Josaphat= Jehovdh juge], le jugement de Dieu qui s’exercecontre les nations. Cf. Knabenbauer, In proph.min., t. i, p. 237. Les raisons de cette interprétationsont: 1. On ne voit pas comment tous les peuplespourraient être rassemblés et jugés dans une vallée dela Judée. — 2. Il n’est pas sûr qu’il ait existé une valléeportant le nom de Josaphat. — 3. Jamais les ennemisdes Juifs n’ont été vaincus et détruits dans une valléeprès de Jérusalem, comme aurait été celle de Josaphat.

— ^"lnterprétationlittérale. — D’autres pensent que cette-vallée est située dans la vallée du Cédron, à l’est deJérusalem, cf. II Reg., xviii, 18, où elle est appelée «vallée du roi»; Gen., xiv, 17, où elle est appelée «vallée de Savé»; c’est dans la vallée du Cédron quecommença la Passion du Sauveur; c’est donc là qu’auraJieu son triomphe. Cf. Trochon, Joël, p. 123-124. Ondonne en ellot aujourd’hui le nom de vallée de Josaphat

à une partie de la vallée du Cédron, mais l’opinion quele jugement dernier aura lieu dans cet endroit n’estqu’une croyance populaire. Voir Josaphat (Vallée de).

IV. PROPHÉTIE DU DOCTEUR DE LA JUSTICE: II, 23. —

Cette prophétie est aussi messianique; c’est ainsi quel’ont entendue la grande masse des exégètes; le «Docteurde justice» est Notre-Seigneur même. Cf. le passage parallèledans Is., lv, 4. Cependant, d’autres exégètes entendentce verset directement de la suite des prophètes et secondairementde Jésus-Christ. Knabenbauer, In proph.min., t. i, p. 229.

X. Bibliographie.

Parmi les Pères de l’Église:S. Jérôme, In Joelem, t. xxv, col. 947-988; S. Cyrilled’Alexandrie, In Joelem, t. lxxi, col. 328-408; Théodoret,In Joelen, t. lxxxi, col. 1633-1664. — Parmi les modernes:"Wunsche, Die Weissagungen des Pr. Joels,in-8°, Leipzig, 1872; ’Schmoller, Die Proplieten Hosea,Joël und Amos (dans le Bibelwerk de Lange, t. xviii),in-8°, Leipzig, 1872; J. A. Karle, Joël ben Pethuél, in-8°,Leipzig, 1872; "E.-J. Montet, Etude littéraire et critiquesur le livre du prophète Joël, in-8°, Genève, 1877; *A.Merx, Die Prophétie des Joël und ihre Ausleger vonder àltesten Zeiten bis zu den Reformatoren, in-8°,Halle, 1879; ’Le Savoureux, Le prophète Joël, in-4°,Paris, 1888; *W.L. Pearson, The Prophecy of Joël, in-8°,Leipzig, 1885; ’J. Wellhausen, Die kleinen Prophetenùbersetzt, 1892; *H. Holzinger, Sprachkaracter und Abfassungszeitdes Bûches Joël, dans la Zeitschrift fur dieAlttest. Wissenschaft, 1889, p. 89-131; ’Driver, Joël andAmos, dans Cambridge Bible for Schooh, 1897; * J. T.Beck, Erklàrung der Proplieten Micha und Joël, in-16,Gutersloh, 1898. V. Ermoni.

    1. JOÉLA##

JOÉLA (hébreu: Yôé’ldh, «que [Dieu] aide!» Septante: ’IeXta; Alexandrinus: ’IwiiXdt), fils de Jérohamde Gédor (voir Jéroham 5, col. 1303), un des vaillantssoldats qui allèrent rejoindre David à Siceleg. I Par.,xii, 7.

    1. JOÉZER##

JOÉZER (hébreu: Yo’ézér, «Jéhovah est aide;» Septante: ’Iwfrxpâ; Alexandrinus et Smaiticus: ’IwÇaâp),un des vaillants soldats de David, qui s’était joint à luià Siceleg. C’était un lévite de la branche de Coré (Vulgate:de Carehim. Voir Carehim, t. ii, col. 259). I Par., xii, 6.

    1. JOGLI##

JOGLI (hébreu: Yoglî. «exilé;» Septante: ’EyXi))père de Bocci (voir Bocci 1, t. i. col. 1823), de la tribude Dan, du temps de Moïse. Num., xxxiv, 22.

JOHA, nom de trois Israélites dans la Vulgate. Enhébreu, l’orthographe du nom du troisième, Yû’âh, diffèrede celle des deux premiers, Yâhd’, par la métathèsed’une lettre. C’est probablement l’orthographe Yâ’dfyqui est la bonne. Voir Joah, col. 1551.

1. JOHA (hébreu: Yâhd’; Septante: 'Tu>Sâ; Alexandrinus: ’Iwa^oi), fils de Baria, de la tribu de Benjamin.Baria demeurait à Aialon et, aidé de Samas, il miten fuite, avec ses fils, parmi lesquels Joha est nommé ledernier, les habitants de Geth. I Par., viii, 16. VoirBaria 3, t. ii, col. 1461.

2. JOHA (hébreu: Yôhâ’; Septante: ’IwÇctl), fils deSamri et frère de Jédihel. Voir Jédihel 1, col. 1218. Ilest qualifié de Thosaite (voir ce mot). C’était un des plusvaillants soldats de David. I Par., xi, 45.

3. JOHA (hébreu: Yô’dh; Septante: ’Iovâx’» Alexandrinus: ’Iwà «; Josèphe, Ant. jud., X, IV, 1: ’Iwaxr,;),fils de Joachaz, historiographe du roi de Juda, Josias.Ce prince le chargea, avec quelques autres de ses officiers,de la restauration du temple de Jérusalem. II Par.,xxxiv, 8.

    1. JOHANAN##


JOHANAN, nom de quinze Israélites et d’un Ammonitedans la Vulgate. Dans le texte hébreu, ce nom estécrit tantôt sous la forme complète Yehôhânân, tantôtsous la forme contractée Yôhânân;, «Jéhovah est grâceou miséricorde.» Dans les livres deutérocanoniques del’Ancien Testament et dans le Nouveau Testament, cenom est devenu’Imâvvrjç, Joannes. Voir Jean, col. 1153.

1. JOHANAN (hébreu: Yôhânân; Septante: ’Iuvâ,dans IV Beg., xxv, 23; ’Iwâvav dans Jérémie [Septante,xlvii, 8, 13, 15, 16; xlix, 1, 8; l, 2, 4, 5]), fils de Carée.C était un des chefs de l’armée juive pendant le siège deJérusalem par les Chaldéens. Il avait réussi à s’échapperde la ville et à se réfugier au delà du Jourdain chezles Ammonites. Lorsque, après la ruine définitive duroyaume de Juda, Nabuchodonosor eut placé Godolias àla tête du pajs, Johanan fut un des premiers à aller luifaire sa soumission à Masphath où le nouveau gouverneuravait établi sa résidence. Il l’avertit, mais en vain,du projet qu’avait formé Ismahel de l’assassiner. Godolias,ne pouvant croire à tant de noirceur, tomba, eneffet, sous les coups d’Ismahel. Voir Godolias, col. 259,et Ismahel 2, col. 994. Johanan se mit à la poursuite dumeurtrier et délivra les prisonniers qu’il emmenaitmais il ne réussit pas à saisir le coupable (587 avantJ.-C). IV Eeg., xxv, 23-25; Jer., XL, 8-xli, 16. QuoiqueJohanan n’eût rien à se reprocher dans le crimequi avait été commis et qu’il eût même cherché à leprévenir, il craignit que Nabuchodonosor ne voulûtvenger sur les Juifs la mort de son gouverneur et ilcrut qu’il ne pourrait être en sûreté qu’en Egypte. Jérémieessaya en vain d’empêcher l’exécution de son projet;il fut lui-même entraîné de vive force par Johananavec les fuyards dans la vallée du Nil. Jer., xli, 17-18;xlii-xliii. Voir Jérémie 8, col. 1262.

2. JOHANAN (hébreu: Yôhânân; Septante: ’Iwavâv),fils aîné du roi de Juda Josias. I Par., iii, 15. Comme iln’est pas question de lui à propos de la succession deson père, il est probable qu’il était mort avant Josiasou qu’il succomba avec lui sur le champ de bataille deMageddo. IV Reg., xxiii, 29. La plupart des interprètesadoptent l’une ou l’autre de ces deux explications.

3. JOHANAN (hébreu: Yôhânân; Septante: ’Iuavdcv),fils d’Elioénai, descendant de David par Zorobabe). I Par.,m, 24.

4. JOHANAN (hébreu: yôhânân; Septante: ’Irnaviv),grand-prêtre, fils d’Azarias et père d’un autre Azarias.Il était petit-fils d’Achimaasetarriére-pelit-filsdeSadoc. «C’est lui qui exerça les fonctions du sacerdoce dans lamaison [le Temple) que bâtit Salomon à Jérusalem.» 1 Par., vi, 10. Son pontificat se continua probablementsous le règne de Roboam. Voir Grand-Prêtre, col. 304.

5. JOHANAN (hébreu: Yôhânân; Septante: ’Iraavâv),Benjamite qui alla rejoindre la troupe de David à Siceleg,et fut un de ses plus braves soldats. I Par., xii, 4.

6. JOHANAN (hébreu: Yôhânân; Septante: ’Iwavdîv;Alexandrinus: ’Iwvav; Sinailicus: ’Iwov), le huitièmedes Gadites qui allèrent se joindre à la troupe de Daviddans le désert de Juda. I Par., xii, 12. Voir Gaddi 2,col. 32. Ces Gadites se distinguaient particulièrementpar leur bravoure qui les fait comparer à des lions.Leurs exploits et l’incursion hardie qu’ils firent au delàdu Jourdain est racontée I Par., xii, 15.

7. JOHANAN (hébreu: Yehôhânân; Septante: ’Itùv&Oai; Alexandnnus: ’Iwvâ), lévite, sixième fils deMésélémias, de la branche de Coré, dans la descendancede Caath, un des portiers du tabernacle du temps

de David. I Par., xxvi, 3. D’après le ꝟ. 1, il est rangéparmi «les fils d’Asaph», mais Asaph est ici une formeabrégée d’Abiasaph, un des chefs des Corites. I Par.,ix, 19. Le chef de chœur appelé Asaph était d’une autrefamille, c’est-à-dire de celle de Gerson, et non de cellede Caath. Voir Asaph 1, t. i, col. 1056.

8. JOHANAN (hébreu: Yehôhânân; Septante: ’Iaiaviv),un des chefs (has-iâr) de l’armée de Josaphat, roi de Juda.II Par., xvii, 15. Il commandait à 280000 hommesd’après le texte, mais ce chiffre, comme celui des hommesplacés sous les ordres des autres généraux, ꝟ. 14-18,doit avoir été grossi par les copistes. Ce Johanan estprobablement le même que Johanan 9.

9. JOHANAN (hébreu: Yehôhânân; Septante: ’Iftxivav), père d’Ismæl, qui commandait à cent hommeslorsque le grand-prêtre Joiada mit Joas sur le trône.II Par., xxiii, 1. Ce Johanan doit être le même queJohanan 8.

10. JOHANAN (hébreu: Yehôhânân; Septante: ’Iwavrj;), père d’Azarias, un des chefs de la tribud’Éphraim qui vhait du temps d’Achaz, roi de Juda.Il contribua, avec d’autres chefs de sa tribu, à faireremettre en liberté les prisonniers que les Israélitesemmenaient du royaume de Juda. II Par., xxviii, 12.

11. JOHANAN (hébreu: Yôhânân; Septante: ’Itoavdtv), fils d’Eccétan, chef de la famille d’Azgad,qui retourna avec Esdras en Palestine, à la tête de110 hommes. I Esd., viii, 12.

12. JOHANAN (hébreu: Yehôhânân; Septante: ’Iwocvâv), fils d’Éliasib (voir Émasib 6, t. ii, col. 1668),un des prêtres qui vivaient du temps d’Esdras. Celui-ci,rempli de douleur à cause des mariages que de nombreuxIsraélites avaient contracté avec des femmes étrangères,se retira, pour y faire pénitence, dans la chambrede Johanan. I Esd., x, 6. — Néhémie nous apprendque les lévites, chefs de famille, et les prêtres furentinscrits au temps d’Éliasib, de Joiada, de Johanan etde Jaddua. II Esd., xii, 22. Et l’auteur sacré ajouteꝟ. 23: «Les fils de Lévi, chefs de famille, furent inscritsdans le livre des Annales, jusqu’au temps de Johanan,fils d’Éliasib.» Dans ce dernier passage, la Vulgate litJonathan au lieu de Johanan, mais c’est Johanan qu’ilfaut lire, comme le porte le teite hébreu. Johanan eutun frère aîné appelé Joiada. Voir Joiada 6, col. 1596.Certains interprètes confondent Johanan, frèro de Joiada,avec Jonathan, fiL de ce Joiada, II Esd., xii, 11,lequel devint grand-prêtre après son père. Voir Jonathan10, col. 1615.

13. JOHANAN (hébreu: Yehôl.iânàn; Septante: ’Ioiavdiv), de la famille de Bébaï, qui vivait du tempsd’Esdras. Il avait épousé une femme étrangère et consentità s’en séparer. I Esd., x, 23.

14. JOHANAN (hébreu: Yehôhânân; Septante: ’Iwvâv; Alexandrinus: ’LavaOav), fils de Tobie l’Ammonite,du temps de Néhémie. Ce Tobie s’opposait à larestauration de la ville de Jérusalem, et avait néanmoinsdes alliés et des amis parmi les Juifs: il avaitfait, en outre, épouser à son fils Johanan une filledu prêtre Mosollam. II Esd., VI, 18.

15. JOHANAN (hébreu: Yehôhânân; Septante r’Iwavotv), chef de la famille sacerdotale d’Amarias, sousle pontificat de Joacim, peu de temps après le retourde la captivité de Babylone. II Esd., iii, 12-13.

16. JOHANAN (hébreu: Yehôhânân; Septante i -i’Iwavâv), un des prêtres qui firent partie du chœur desmusiciens lors de la dédicace des murailles de Jérusalem,après qu’elles eurent été relevées par Néhémie.II Esd., xil, 41 (hébreu, 42).

    1. JOHEL##

JOHEL, nom écrit ordinairement Joël. "Voir Joël. Lalettre h a été ajoutée pour rendre Yaleph hébreu.

1. JOHEL, fils aîné de Samuel. I Par., vi, 33. "VoirJoël 1.

2. JOHEL, lévite, fils d’Azarias (voir Azarias 9, t. i,col. 209) et père d’Elcana (voir Elcana 3, t. ii, col. 1046),dans la branche de Caath. I Par., vi, 36 (hébreu, 21). Ilparait être le même que celui qui est appelé Saùl, filsd’Ozias, un peu plus haut, dans le même chapitre, ꝟ. 24(hébreu, 9). Il fut un des lévites qui aidèrent le roiEzéchias dans le rétablissem*nt du culte divin. II Par.,xxix, 12.

3. JOHEL, fils d’Izrahia, de la tribu d’Issachar. I Par, ,vil, 3. Il fut un des chefs de l’armée de David.

    1. JOHNSON John##


JOHNSON John, de Cranbrook, théologien protestantanglais, né le 30 décembre 1662 à Frindsbury, dansle comté de Kent, où son père Thomas était pasteur,mort à Cranbrook, le 15 décembre 1727. Il fit ses étudesà Cambridge, où il passa ses examens, puis occupa différentspostes dans l’église protestante. En 1689, ilépousa Marguerite, fille de Thomas Jenkin, qui lui donnacinq enfants. Il fut, en 1697, pasteur à Appledore, puis,en 1707, à Cranbrook, où il écrivit ses principaux ouvrages,et où il mourut: on le désigne généralement sousle nom de Johnson de Cranbrook. On a de lui une paraphrasedes Psaumes intitulée: Holy David and his oldenglish translation cleared, Londres, 1706. Ses ouvrages,qui sont souvent anonymes, ne parurent pas tous de sonvivant; parmi ceux que ses filles ont publiés après samort, on peut citer: Daniel’s prophecy of the LXXweeks explained, qui a paru en 1748, dans le mêmevolume que plusieurs autres traités et qu’une vie del’auteur par Thomas Brett. A. Régnier.

    1. JOIADA##


JOIADA, nom de six Israélites dans la Vulgate. Unseptième, qui porte aussi ce nom en hébreu, est appeléJoiadé dans la Vulgate, qui a adopté pour ce personnagela transcription des Septante. Dans le texte original, lenom est écrit de deux manières différentes, tantôt soussa forme pleine, Yehôyâdd’, et tantôt sous sa formeabrégée, Yôyâdd, ’«Jéhovah connaît.»

1. JOIADA (hébreu: Yehôyâdd’; Septante: ’IwSaé),père de Banaïas, un des plus fameux guerriers de David.II Reg., viii, 18; xx, 23; xxiii, 20, 22; III Reg., i,8, 26, 32, 36, 38, 44; ii, 25, 29, 34, 35, 46; I Par., xi,22; XVIII, 17; xxvil, 5. Dans tous ces passages, il estnommé simplement comme père de Banaïas. Nousapprenons seulement, de plus, dans le dernier qu’il étaitun «prêtre-chef», hak~kôhën rô’S, c’est-à-dire une sortede vicaire du grand-prêtre. Quelques interprètes entendentcette appellation dans le sens d’officier de David,mais leur opinion est peu vraisemblable. Si l’ondonne à kôhên sa signification ordinaire de «prêtre»,il en résulte que Banaias était un descendant d’Aaronet, dans ce cas, son père peut être le même que Joiada 3.La Vulgate, I Par., xxvii, 5, n’a pas traduit le mot rô’S, «chef,» et elle applique à Banaïas le titre de «prêtre»,sacerdos, qui, dans le texte original, se rapporte à Joïada.En revanche, I Par., xi, 22, elle attribue à Joïada laqualification de vir robustissimus, «vaillant soldat,» qui appartient à son fils Banaïas.

2. JOÏADA (Septante: ’Iuôaé, ’Iuaôai), grand-prêtre

contemporain d’Athalie et de Joas. — Joïada avaitépousé Josabeth, fille du roi Joram et sœur du roi Ochozias.Quand Athalie fit périr tous les enfants de ce dernierpour régner elle-même, Josabeth sauva le plusjeune, Joas, et l’apporta à Joiada, qui, de concert avecelle, le tint caché et l’éleva dans le Temple. Voir Joas,col.; Josabeth. Joïada, non content de préserver de ladestruction la descendance royale, résolut de rendre àJoas le trône de ses pères. Il se mit à l’œuvre avec uneprudence et un courage auxquels Dieu accorda pleinsuccès. Lorsque l’enfant eut sept ans, Joïada s’entenditavec cinq chefs, qui parcoururent le royaume pour donnerle mot d’ordre aux lévites et aux chefs de famille.Ceux-ci vinrent à Jérusalem et jurèrent fidélité au roidans le Temple. Joiada leur montra alors le jeune Joas,puis organisa la reconnaissance solennelle de sa royauté.Il divisa en trois troupes les lévites et les prêtres, quiavaient à commencer leur service le jour du sabbat; lapremière troupe devait monter la garde à la demeure duroi, la seconde à la porte des Seuils ou des Coureurs, quidonnait accès du côté du palais d’Athalie, et la troisièmeà la porte de Sur ou du Fondement, qui était sans doutel’une des entrées du Temple. Ceux qui sortaient de servicedevaient, de leur côté, faire la garde autour du roi,l’accompagner partout, les armes à la main, et mettre àmort quiconque tenterait de s’introduire en armes dansle Temple. L’accès des parvis serait laissé au peuple.Joiada arma tous ces hommes avec les lances et les boucliersque David avait placés dans la maison du Seigneur.Quand tous furent à leur poste, Joiada fit approcherJoas, lui imposa le diadème et le rouleau de laLoi, le proclama roi, lui fit les onctions sacrées et poussale cri de: Vive le roi! qui fut répété par tout le peuple.A cette clameur, Athalie accourut, se rendit compte dece qui se passait, mais fut entraînée hors du Templepour être mise à mort. Voir Athalie, t. i, col. 1207. Legrand-prêtre renouvela alors l’alliance du roi et dupeuple avec Jéhovah. La première conséquence de ceserment fut la démolition du temple de Baal, de sesimages et de ses autels, et la mort de Mathan, prêtre del’idole. Le service des lévites et des prêtres fut réorganiséconformément à la loi, et des gardiens furent placésaux portes du Temple, afin d’en interdire l’entrée àtoute personne souillée. Quant au jeune roi, il fut conduitdans son palais par la porte supérieure et le passagedes Coureurs, et il y prit place sur le trône royal.Son avènement fit la joie de tout le pays. Joiada avaitété vraiment l’àme de cette heureuse révolution. IV Reg.,xi, 2-21; II Par., xxii, 11-xxiii, 21.

Joiada, après avoir été le protecteur de Joas, en devintle conseiller naturel. Tant qu’il vécut, il réussit à lemaintenir dans le bien et la fidélité à Dieu. Au bout dequelques années, Joas se préoccupa de réparer le Temple.Dans ce but, il ordonna aux prêtres et aux lévites de recueillirl’argent nécessaire parmi le peuple. Ceux-cin’accomplirent ce devoir qu’avec nonchalance, si bienque Joas dit à Joiada: «Pourquoi n’as-tu pas veillé à ceque les lévites apportassent de Juda et de Jérusaleml’impôt ordonné par Moise?» et aux prêtres: «Pourquoin’avez-vous pas réparé ce qui est à réparer auTemple?» Joas semble l’avoir pris d’un peu haut avecle vieux pontife auquel il devait le trône. Parlait-il ainsipar zèle pour la maison de Dieu? Ou bien supportait-ildéjà avec quelque impatience la tutelle de son conseiller?En tout cas, il serait injuste d’incriminer unvieillard plus que centenaire, auquel son grand âge nepermettait pas la même vigilance qu’au temps passé.D’ailleurs, l’entente persista entre Joiada et le jeuneroi. On établit dans le Temple même un coffre destinéà recevoir les offrandes; les représentants du roi et dupontife le vidaient ensemble. Joas et Joïada employèrentde concert les ressources ainsi obtenues, soit à faireexécuter les réparations dans le Temple, soit à procurer

les ustensiles nécessaires à l’exercice du culte. Le quatrièmelivre des Rois, xii, 6, assigne à la vingt-troisièmeannée du règne l’incident qui se produisit entreJoas, alors âgé de trente ans, et Joiada. D’après Josèphe,Ant. jud., IX, viii, 2, la raison qui aurait empêché lepontife d’envoyer quêter dans le royaume, c’est qu’ilsavait ses concitoyens fort peu disposés à donner.

Pendant tout son pontificat, les sacrifices furent offertsavec la régularité et la magnificence désirables. Joiadamourut âgé de cent trente ans. II Par., xxiv, 15; Josèphe,Ant. jud., IX, viii, 3. Les critiques soulèvent contre cechiffre des difficultés qui paraissent sérieuses. Joïada,mort à cent trente ans, devait avoir environ quatre-vingt-quinzeans au moment ou Joas fut reconnu roi. IVReg.,xii, 6. Le roi Joram, dont Joiada avait épousé la sœur,Josabeth, monta sur le trône à trente-deux ans, IVReg.,vm, 17; son règne fut de huit ans, celui de son filsOchozias fut seulement d’un an, IV Reg., viii, 26, etcelui d’Athalie fut de six ou sept ans. IV Reg., xi, 3.Donc quinze ans avant le règne de Joas, Joiada, âgéd’environ quatre-vingts ans, aurait épousé la sœur d’unprince de trente-deux ans. Il y a là une invraisemblancequi, jointe à celle d’une longévité si extraordinaire, autoriseà penser que les chiffres qui marquent l’âge deJoiada ont subi des modifications ultérieures. Il n’enest pas moins certain cependant que ce grand-prêtremourut «âgé et rassasié de jours». II Par., xxiv, -15.On l’inhuma dans la cité de David et dans le tombeaumême des rois, d’où quelques années après, par uncontraste significatif, Joas allait être exclu. Voir Joas 3,col. 1557. Cet honneur était dû à celui qui avait préservéde la destruction et restauré la royauté de David, quis’était montré si fidèle à Dieu, si zélé pour le Temple etsi dévoué pour son peuple. II Reg., xii, 1-16; II Par.,xxiv, 1-16. Quand il eut disparu et que Joas tomba auxmains de mauvais conseillers, on put se rendre comptede ce que le royaume avait perdu. «On reproche àJoiada de n’avoir pas chassé immédiatement de Jérusalem(après l’avènement de Joas) une multitude d’étrangersidolâtres, que les relations amicales de Josaphat avec la.maison d’Omri [AmriJ y avaient amenés. Les personnagesles plus influents du royaume, partisans des deux derniersrègnes, demeurèrent donc dans la ville sainte.C’était une grande imprudence de laisser si près du roides hommes qui, après avoir été longtemps au pouvoir,voudraient y revenir, soit par la force, soit par la dissimulationet la flatterie.» Meignan, Les prophètesd’Israël, Paris, 1892, p. 329. La clémence du grandprêtre contribua, en effet, à ce retour offensif d’influencespernicieuses à Jérusalem. Mais un vieillard de son âgepouvait-il dépenser plus d’énergie qu’il ne fit pour substituerJoas à Athalie? S’attendait-on, de la part d’ungrand-prêtre, à des exécutions incompatibles avec soncaractère sacré et avec sa douceur naturelle? Et enfin,la faiblesse même de Joas qui, après avoir été pendantplus de trente ans sous la tutelle de Joiada, se laissaensuite entraîner si facilement dans le parti contraire,n’est-elle pas la cause principale des malheurs qui attristèrentla fin du règne? Joiada eut pour successeur son filsZacharie. Voir Zacharie, grand-prêtre. — Sur le nom deBarachie qui lui est donné probablement dans Matth.,xxiii, 35, voir Barachie 9, t. i, col. 1447. D’aprèsquelques commentateurs, Jérémie, xxix, 26, rappelle auprêtre Sophonie le zèle du grand-prêtre Joiada; mais,d’après bon nombre d’exégètes, Joiadé dont parle leprophète, est un simple prêtre moins ancien. Voir

Joiadé.

H. Lesêtre.

3. JOÏADA (hébreu: Yehoyàdâ’; Septante: ’IuxxSâ;),chef (ndgîd; Vulgate -.princeps) des descendants d’Aaron,c’est-à-dire des prêtres, qu’il amena à David, au nombreda trois mille sept cents, pour le reconnaître commeroi à Uébron après la mort de Saul. I Par., xii, 27.

Il est possible que ce soit le père de Banaïas. VoirJoiada 1.

4. JOÏaDA (hébreu: Yehôyddd’; Septante: ’Itùtai),fils de Banaias, et l’un des principaux conseillers deDavid. I Par., xxvii, 34. Il fut choisi parle roi avec Abiatharpour exercer cette fonclion après qu’Achitophel, qui laremplissait auparavant, se fut rangé du parti d’Absalom.Plusieurs critiques soutiennent qu’il y a ici une interversiondans le texte et qu’au lieu de «Joiada, fils deBanaias», il faut lire Banaïas, fils de Joiada, mais onne voit pas pourquoi Banaias n’aurait pas pu avoir unfils auquel il aurait donné le nom de son grand-père etpourquoi il n’aurait pas pu devenir conseiller de David.

5. JOIADA (hébreu: Yôyâdd’; Septante: ’Iw’cSoî), filsde Phaséa. Du temps de Néhémie, il rebâtit avec Mosollam,fils de Berodia, la porte de Jérusalem appeléela «Vieille Porte», Sa’ar kay-Yesânâh, il la couvrit et enposa les battants et les verroux. II £sd., iii, 6.

6. JOIADA (hébreu: YôyâdS; Septante: ’IwSal), filset successeur du grand-prêtre Éliasib. II Esd., xii, 10-11,22. Il vivait du temps de Néhémie. Celui-ci chassa un deses fils parce qu’il avait épousé la fille de Sanaballatl’Horonite, qui était un ennemi des Juifs. II Esd., XIII,28. Joiada eut pour successeur un autre de ses fils appeléJonathan. Voir Jonathan 10, col. 1615, et Grandprêtre,col. 305.

    1. JOÏADÉ##

JOÏADÉ (hébreu: Yehôyâdd’, voir Joïada, col. 1593;Septante: ’IwSaé), prêtre qui vivait du temps de Jérémie.Jer., xxix, 25. La plupart des commentateurs confondentce Joiadé avec le grand-prêtre Joiada 2, et pensentque le prophète le nomme à cause de sa célébrité,quoiqu’il fût mort depuis longtemps et qu’il eût eu déjàà cette époque plusieurs successeurs dans le souverainpontificat. Mais l’explication naturelle du passage deJérémie est qu’il parle d’un Joiadé qui avait vécu de sontemps. Ce Joiadé est appelé «prêtre» et «prince (nâgid) de la maison de Jéhovah», ce qui veut dire probablement,non pas qu’il était grand-prêtre, mais assistantou vicaire du grand-prêtre, chargé spécialement du soinde la maison de Dieu. Son titre officiel devait être «second prêtre», tandis que le pontife suprême étaitappelé «premier prêtre». Ce titre de second prêtre estdonné expressément, IV Reg., xxv, 18, à Sophonie, dontJérémie parle dans sa prophétie. Jer., xxix, 28, 29.Joiadé était un ami et un défenseur du prophète et ilsemble avoir été persécuté pour ce motif par Séméias leNéhélamite, qui le supplanta, et par Sophonie, fils deMaasias. Voir ces noms.

    1. JOIARIB##

JOIARIB (hébreu: Yôyârïb; deux fois seulement,I Par., 10, et xxiv, 7, avec la forme pleine Yehôyârib, «Jéhovah défend ou protège» ), nom de trois ou de quatreIsraélites.

1. JOIARIB (Septante: ’luxply.; Alexandrmus: ’Iuapetê, Motpeiê), chef de la première classe des vingt-quatrefamilles sacerdotales du temps de David. I Par.,xxiv, 7. On retrouve plusieurs fois la mention de laclasse sacerdotale à laquelle il avait donné son nomdans la suite de l’histoire sainte. Quelques-uns de sesmembres retournèrent à Jérusalem après la captivité deBabylone. I Par., IX, 10; II Esd., xi, 10. Sous le pontificatde Joacim, fifs de Josué (voir col. 305), le chef dela famille s’appelait Mathanaï. II Esd., xii, 19; cꝟ. 6.Les Machabées, I Mach., ii, 1, et l’historien Josèphe,Vita, l, étaient de la famille de Joiarib. Dans I Mach., ii, l,la Vulgate écrit Joarib le nom de Joiarib et Jarib dansI Mach., xiv, 29. Voir Joarib, col. 1555. —Le nom deJoiarib dans II Esd., xi, 10, peut désigner la classe

sacerdotale de ce nom, ce qui est plus probable, ou bienun prêtre contemporain de Néhémie qui portait ce nom.

2. JOIARIB (Septante: ’Iwapiu.), un des Israélites quirevinrent avec Esdras de la captivité de Babylone. I Esd.,Viu, 16. Il est qualifié de «sage» et il avait été chargé,avec quelques autres, avant le départ pour la Palestine,de chercher des lévites afin de les ramener à Jérusalem.

3. JOIARIB (Septante: ’Iiotapiê), de la tribu de Juda,fils de Zacharie et père d’Adaia. II Esd., xi, 15. Il descendaitprobablement de Séla, comme semble l’indiquerla qualification de «Silonite». Il est nommé, ensa qualité d"ancêtre, dans la généalogie de Maasia, quiétait chef de la famille de Joiarib du temps de Néhémie.

4. JOIARIB (Septante: ’IcoapîS), prêtre qui vivait dutemps de Néhémie, d’après certains interprètes, II Esd.,xi, 10; xii, 6, et qui fut père de Malhanai. II Ésd., XII,19. D’après d’autres commentateurs, le nom de Joiaribsert seulement, dans ces passages, à désigner la premièreclasse sacerdotale. Voir Joiarib 1.

    1. JOIE (hébreu##


JOIE (hébreu, ordinairement: êimhâh; Septante:yaoâ; Vulgate: gaudium, Isetitïa), plaisir, satisfactionde i’àme, par opposition à la trhtesse.

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° Quoique le dictionnairehébreu soit assez pauvre, il possède un nombre demots relativement considérable pour exprimer le sentimentde la joie. Outre éimhâh, qui est le terme le plusordinaire, il a encore les substantifs èâsôn, Ps. xlv, 8;Is., xii, 5; lxi, 3; Jer., xxxi, 13; Joël, 1, 12, joint souvent àiimljiâh, par exemple, àdàôn vesimhdh, pour exprimer «une grande joie», Is., xxil, 13; xxxv, 10; li, 3,11, etc.; — maèôs, Is., xxiv, 8; cf. Il; Ps. xlviii, 3; —gîlàh, ls., lxv, 18; — hedvdh, I Par., xvi, 27; II Esd.,vm, 10; — ma’âdannîm, Prov., xxix, 17; cf. I Sam.,xv, 32; et les verbes sîis ou Us, Deut., xxx, 9, etc.; —sdmah, Exod., iv, 14, etc.; — hdddh, Job, iii, 6; Exod.,xvin, 9; Ps. xxi, 7; —’ânag (à Vhithpahel), Ps. xxxvii,11, etc.; —’dlas, Job, xx, 18; Prov., vii, 18, — et’âlas, ISam., ii, l; Ps. v, 12; ix, 3; Prov., xi, 10, etc.; —gll (poétique), Job, iii, 22, etc.; —’ûr (à l’Inthpahel),Job, xxxi, 29, sans parler de plusieurs autres verbes oumots qui, comme rdnan, rînndh, Jer., xxxi, 7, etc.;Ps. xxx, 6, etc., expriment les manifestations extérieuresde la joie et de l’allégresse. — Parmi les expressionsqui désignent la joie, il en est quelques-unes de particulièrementremarquables. La «joie» est appelée le «bien du cœur» dans Deut., xxviii, 47; Is., lxv, 14(voir Gesenius, Thésaurus, p. 546); et ceux qui sont «joyeux» sont dits «bons de cœur», tôbê lêb, I (III)Reg., viii, 66, ou «de cœur bon», be-lêb tôb, Eccle.,ix, 7. Cf. I Sam., xxv, 36; II Sam., xiii, 28; Esth., i,10; Jud., xix, 6, 9; Ruth, iii, 7; I (III) Reg., xxi, 7;Eccle., vii, 3, passages où le radical tôb, qui exprimeordinairement ce qui est «bon», désigne particulièrement «la joie» ou ce celui qui est joyeux». Gesenius,Thésaurus, p. 544, 591. Voir aussi Eccli., xxx, 16. Cf.Prov., xv, 13; xvii, 22; xxiii, 15.]

2° La joie étant «le bien du cœur», l’Écriture recommandefréquemment de se’réjouir. Les Psaumes et leslivres des prophètes, en particulier, sont pleins de passagesqui font l’éloge de la joie et exhortent les enfantsd’Israël à se livrer à l’allégresse. Dieu lui-même éprouvedes sentiments de joie et il veut que les siens se réjouissentcomme lui, avec lui et pour lui. Elle est un biensi précieux que c’est dans le Seigneur qu’en est lasource. Le Psalmiste, xlhi (xlii), 2, l’appelle «le Dieude [sa] joie et de [son] allégresse». L’Ecclésiaste, II,26, range la joie parmi les dons de Dieu, comme le feraplus tard saint Paul. Gal., v, 22. Cf. Ps. xvi (xv) 9, 11texte hébreu); xxxvii (xxxvi), 4; Job, xxii, 20; Hab.,

m, 18. Il existe en hébreu des noms propres, commeles suivants: Yahdî’êl (Vulgate: Jediel); I Par., v, 24;Yehdeyâhû (Vulgate: Jehedeia); I Par., xxiv, 20;xxvii, 30, qui signifient «Dieu» ou «Jéhovah réjouit».Dieu est donc la joie des justes, ainsi que le dit saint Augustin,Conf., x, 22, t. xxxii, col. 793, en résumanttoute la doctrine révélée sur ce point: Est gaudiumqiLod non datur impiis, sed eis qui te gratis colunt,quorum gaudium tu ipse es. Et ipsa est beata vitagaudere ad te, de te, propter te, ipsa [est et non altéra.Qui autem aliam putant esse, aliud sectantur gaudium,sed non ipsum verum.

3° Dieu se réjouit donc lui-même et il veut que lessiens se réjouissent. Il se réjouit de son œuvre, c’est-à-direde la création, Ps. ctv (cm), 31; Prov., viii, 31, parcequ’elle est bonne. Gen., i, 31. Plein d’affection pour sonpeuple, Ps. exux, 4, il se réjouit aussi quand il le comblede ses bienfaits et lorsqu’il le délivre de l’oppression.Is., lxii, 5; lxv, 19; Jer., xxxii, 41; Soph., iii, 17. Et illui demande de l’honorer avec les mêmes sentiments:

Servez Jéhovah avec joie;

Venez avec allégresse en sa présence. Ps. c (xcix), 2.

Voir Ps. xcvn (xevi), 12; cxviii (cxvii), 24; lxviii(lxvii), 4; xxxiii (xxxii), 1; v, 12; lxiv (lxiii), 11;civ (cm), 34; cxxxii (cxxxi), 9; xxxii (xxxi), 11; Prov.,x. 28, etc. Il exige qu’on le serve avec joie. Deut.,xxviii, 47; Job, xxii, 19. — La première raison pourlaquelle on doit se réjouir en Dieu, c’est sa grandeurmême. Le Psalmiste invite ainsi tous les hommes, Ps.xcv (xciv), 1-3:

Venez, chantons Jéhovah avec allégresse!Poussons des cris de joie au rocher de notre salut.Allons au-devant de lui avec des louanges!Faisons retentir des cantiques en son honneur!Car Jéhovah est un Dieu grand.Un grand roi au-dessus de tous les dieux.

Voir aussi Ps. cv (civ), 1-3; ix, 3; lxiii (lxii), 6-7;lxvi, (lxv), 1-2; cxviii (xcvn), 4-9; xi.vii (xlvi), 2-9; xcn(xci), 5-6; xcvn (xevi), 8-9, 1, 11; cxlix, 5; Mich., vii,9; Is., xii, 6, etc.

4° Une autre cause de joie pour Israël, ce sont les bienfaitsdont Dieu le comble. Il doit se réjouir des bienfaitsgénéraux que le Seigneur lui accorde comme au restedes hommes:

Poussez des cris de joie en l’honneur de Jéhovah,

Vous tous, habitants de la terre!

Servez Jéhovah avec joie,

Venez avec allégresse en sa présence!

Sachez que Jéhovah est le [seuil Dieu!

C’est lui qui nous a faits,

Et non pas nous;

Nous sommes son peuple et le troupeau de son pâturage.

Entrez dans ses portes avec des louanges,

Dans ses parvis avec des cantiques;

Glorifiez-le, bénissez son nom,

Car Jéhovah est bon, et sa miséricorde durable;

Il est Adèle de génération en généraUon. Ps. c (XGIX), 1-5.

Voir aussi Ps. xiii (xii), 6; xxxi (xxx), 7-9; xxxv(xxxiv), 9-10, 27-28; xl (xxxix), 17-18; lxvii (lxvi), 4-8;lxxxi (lxxx), 2-17; cxiii (cxii), 9; cxlix, 1-4; Is., xxv,9; xliv, 23; xlix, 13; lxi, 10, etc. Dans l’élan de leurpieux enthousiasme, les prophètes sacrés invitent la natureet les cieux à se réjouir avec eux en actions degrâces des bienfaits de leur créateur:

Que les cieux se réjouissent et que la terre tressaille,Que la mer retentisse avec ce qu’elle renferme’Que les champs soient dans les transports avec ce qu’ils

[contiennent.

Que tous les arbres des forêts poussent des cris de joie,Devant Jéhovah, car il vient;Il vient juger la terre.

Il jugera le monde avec justiceEt les peuples selon sa fidélité. Ps. xevi (XCV), 11-10.

Cf. I Par., xvi, 32. Voir aussi Ps. lxxxis (lxxxvih),13; Is., xxxv, 1-3, etc.

5° Mais Israël n’a pas seulement à remercier Dieu deses bienfaits généraux, il doit se réjouir aussi des donsspéciaux qu’il lui a faits: le don de la Loi et la promessedu Messie: «Je garde à jamais tes commandements,car ils sont la joie de mon cœur,» dit l’auteur duPsaume eux (cxviii), qui a eu un sentiment si profondde la beauté et du prix de la Loi. «Des oies quem’indiquent tes commandements, je me réjouis plusque de toutes les richesses,» ꝟ. 111, 14; cꝟ. 16, 47, 70, 24,35, etc. — L’attente du Messie, dont la venue transformerale monde, remplit aussi de joie Israël. Les prophètescomme les Psalmistes lui rappellent souvent cette promesse,et ils lui peignent l’avènement du Sauveur dumonde avec les plus brillantes couleurs:

Le peuple qui marchait dans les ténèbres

Voit briller une grande lumière,

Et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort

Resplendit une lumière éclatante.

Tu rends le peuple nombreux,

Tu lui prépares une grande joie.

Us se réjouissent devant toi,

Gomme on se réjouit au temps de la moisson,

Comme on est dans l’allégresse quand on partage le butin.

Is., ix, 1-2. Cf. ii, 11; xxxv, 10; xlii, 10-13; lxvi, 1-4,10; liv, 1; lxi, 10; lv, 12-13; lxv, 18; lxi, 1-3; xii, 2-3;Jer., xxxi, 4, 7; xxx, 19; Zach., ix, 9.

6° On voit que la joie à laquelle les auteurs sacrés invitentle peuple de Dieu est surtout une joie religieuse,aussi se manifestait-elle avec éclat dans les fêtes du Seigneur.Moise lui avait prescrit expressément de célébreravec joie le culte divin, Deut., xii, 7; cf. xiv, 26; xvi,15; Lev., xxiii, 40; et il fut fidèle à ce précepte. Ps.xlii (xli), 5; xlhi, 3-4. Nous savons avec quel éclat etquelle jubilation David et les douze tribus avec lui transportèrentl’arche à Jérusalem, II Reg., vi, 1-2, 12-19;

I Par., xv, 3-28; et puis comment Salomon célébra ladédicace du Temple. III Reg., viii, 1-66; II Par., v-vii.Des fêtes analogues, quoique moins éclatantes, se renouvelèrentdu temps d’£sdras, I Esd., vi, 16, 22, de Néhémie,

II Esd., xii, 27, 41; cf. viii, 9-10, et des Machabées.I Mach., iv, 42-58; II Mach., ii, 15-20. Cf. Esth., ix, 31Ps. cxxii(cxxi), 1.

7° L’Écriture recommande principalement de se réjouiren Dieu, mais les joies naturelles elles-mêmes ne sont pasproscrites, pourvu qu’elles soient raisonnables et modérées.Deut., xxx, 9. Cf. Eccle., ix, 7; xi, 9; Prov., v, 1819; Eccle., ix, 9; Prov., xviii, 22; xxiii, 15; Is., lxii, 5;Deut., xii, 7; Eccli., xxx, 15-16, etc. Les auteurs sacrésfont cependant remarquer que la vraie joie est le privilègedu juste, parce qu’elle est la récompense du bienqu’il fait et le fruit de la bonne conscience. Prov., xxi,15. Cf. xiv, 9; xii, 20; I Par., xvi, 10; II Par., vi, 41;Job, xxii, 29; Ps. v, 12; xxxii (xxxi), 11; xxxv (xxxrv),27; xl (xxxrx), 17; lxiv (lxiii), H; lxx (lxix), 5; Eccli.,i, 12; Prov., xxix, 6. Ils condamnent expressément lesjouissances mauvaises. Prov., 11, 14; Ose., vii, 3. — Un deschâtiments que Dieu inflige aux coupables ou qui estla conséquence de sa vengeance contre les pécheurs,c’est la privation de la joie. Is., xxi, 4, 5, 7, 8, 11; Joël,i, 2. Tandis que les justes se réjouissent, les méchantssont dans la tristesse. Is., xli, 16; lxv, 13-14; Ps. liv(lui), 8; cxlvii, 42; Is., xiv, 7; Jer., vil, 34; xvi, 9;Lam., v, 15. Pour" les bons, même les pratiques de pénitencedeviennent une source de joie, Zach., viii, 19,tandis que pour les méchants, les jouissances sontmêlées d’amertume. Cf. Eccle., ii, 2.

II. La. joie dans le Nouveau Testament. — l» Nous retrouvonsdans les Evangiles et dans les Épîtres la mêmedoctrine que dans les Psaumes et dans les prophéties,mais la joie est encore plus épurée et plus surnaturelle.

— Dans le Nouveau Testament grec, la «joie» est ordinairement exprimée par -/apâ (Vulgate, gaudium),Matth., ii, 10; xiii, 44; Marc, xiv, 16; Luc, viii, 13. etc.,et «se réjouir» par /"’P'* (Vulgate, gaudeo). math.,u, 10; Jac, xiii, 29, etc. À x «P «> gaudium, est opposéXujrij, tristilia, Joa., xvi, 20; II Cor., ii, 3; Heb., xii, 11(mœror); et à xa’P"! xXou’eiv, flere, Rom., xli, 15; I Cor.,vu, 30, ou xXaietv xai 8pï)vetv, plorare et flere, Joa., XVI,20, ou Xyin]v sxeiv, tristitiam habere. Joa., XVI, 22. LesSeptante et les écrivains du Nouveau Testament, ontune expression inconnue aux auteurs profanes et quiest propre à leur dialecte, àyaXkiâaiç, exultatio, «grandejoie, s Luc, I, 14 G°i nt à x «P «)> ^4; Act., Il, 46; Heb.,i, 9; Judse, 24, et àY «XXiàou.at, exultare, «se réjouirbeaucoup.» Matth., v, 12; Luc, i, 47; x, 21; Act., ii,26; xvi, 34; xix, 7; Joa., viii, 36; I Pet., i, 6, 8; iv, 13.Voir E. F. Gelpke, Neutestamentliche-lexikahsche Studien,dans les Theologische Studien und Kriliken,1849, p. 645-646.’AyaXkiâaii; correspond au gil hébreu,et a été adopté par les Pères grecs. Voir S. Clément,1 Cor., xviii, xxxiii.

2° Un des souhaits les plus ordinaires aux Grecs étaitde «se réjouir»: yaXçt, xafpetv, c soyez joyeux.» Voirl’histoire et le sens de cette salutation, dans Thésaurusgrseese linguse, édit.Didot, t. viii, col. 1229-1232, commechez les Latins celui «d’être fort, de se porter bien»,voie. Ce souhait se lit Matth., xxvi, 49; xxvii, 29; xxviii, 9;Marc, xv. 18; Luc, I, 28; Joa., xix, 3; Act., xv, 23;xxiii, 26; II Joa., 10-11; Jac, 1, 1. La Vulgate traduit danstous ses passages x aî Pe > X a, P stv > P ar ave > excepté Act.,xv, 23; xxiii, 26, et Jac, i, l, qui sont le commencementde lettres, où elle emploie salutem. Cf. II Mach., ix, 19;Tob., v, 11, Rom., xv, 13. — Les Apôtres ont substituéordinairement à cette salutation le mot plus chrétienet le souhait plus surnaturel de la grâce divine: x*P’?>gratta. Rom., i, 7; I Cor., i, 3; II Cor., i, 2, etc.;I Pet., i, 2; II Pet., i, 2; II Joa., 3. Voir H. Cremer,Biblisch-theologisches Wôrterbuch der neutestamentlichenGrâcitât,! ’édit., in-8°, Gotha, 1893, p. 937-944.Cf. Suidas, au mot x a’P £tv > édit. Bernhardy, 1853, t. ii,col. 1610; J. H. Schleusner, Novus Thésaurus VelerisTestamenti, 1821, t. v, p. 496-497.

3° Jésus est la source de la joie des chrétiens. Dans sondiscours de la Cène, il dit à ses Apôtres: «Je vous aiparlé ainsi, afin que ma joie soit en vous et que votrejoie soit complète.» Joa., xv, 11; cf. xvl, 20-22, 24;xvii, 13. La joie est la récompense de ses élus. Matth.,xxv, 21, 23. Le royaume de Dieu est «joie dans le Saint-Esprit», Rom., xiv, 17, et la joie est un des dons duSaint-Esprit. Gal., v, 22; cf. Luc, x, 20. Aussi l’Apôtreécrit-il à ses chers Philippiens: «Réjouissez-vous toujoursdans le Seigneur; je vous le répète: Réjouissez-vous.» Phil., iv, 47. Voir aussi ii, 18, 28; iii, 1. Cf.II Cor., xiii, 11; I Thess., v, 16. Saint Jean dit à son tour,dans ses deux premières Épltres: «Nous vous écrivonsces choses, afin que vous vous réjouissiez et que votrejoie soit complète.» I Joa., i, 4; cf. II Joa., 11. Jusquedans les peines, il faut se réjouir en Dieu. II Cor., vi,10. Cf. Rom., xii, 12; I Cor., vii, 30; Col., i, 24.

4° Un trait saillant, qui distingue la joie telle qu’ellenous est présentée dans le Nouveau Testament, de lamanière dont elle nous est décrite dans l’Ancien, c’estque la souffrance endurée pour l’amour de Dieu devientune joie et un honneur. Les Apôtres, maltraités par leSanhédrin, se retirent «joyeux, parce qu’ils ont étéiugés dignes (xaT7]! ; iwflr)<rav, digni habiti sunt) de souffrirdes outrages pour le nom de Jésus». Act., v, 41.El saint Paul écrit aux Corinthiens: «Je surabonde dejoie au milieu de toutes nos tribulations.» II Cor., vil,14. Le martyre le plus cruel va ainsi devenir un sujetd’allégresse pour les confesseurs du Christ, le bonheurle plus envié. Voir S. Ignace, Epist. ad Rom., 1, 3, 4,i’atr. Apost., 3e édit., Gebhardt, t. ii, p. 56, 60. — Cf.A. Wunsche, Die Freude in den Schriften des alten

Bundes, in-8°, Weimar, 1896; 0. J. Nave’s Index-Digestof ilte Holy Scripture, in-8°, Londres (1900), p. 750-755.

F. Vigouroux.JOINTURE, l’endroit où sont reliés ensemble deux osou deux objets solides. 1° L’ange touche Jacob kaf yerêkô,à «la cavité de sa cuisse», to wXatoc toû [Airjpoû, nervusfemoris, Gen., xxxii, 25 (26), 32 (33), c’est-à-dire à l’endroit où le fémur s’emboîte dans l’os iliaque, auquel ilest rattaché par le gîd han-nâséh, veipo;, nervus, le nerfou muscle ischiatique. — Job, xxxi, 22, en faisant serment pour protester de son innocence, dit: «Que monbras (mon humérus) tombe de mon épaule,» sikmâh,xÀ£Î;, junclura, c’est-à-dire de l’endroit où l’huméruss’emboîte dans l’omoplate. — Ézéchiel, xxxvii, 7, danssa vision de la résurrection, représente les ossem*ntsdes morts qui s’agitent et se réunissent 'ésém 'él 'asniô, «os à os, > npôç tJiv àppiovtav aô-roû, ad juncturamsuam. — Saint Paul, Eph., iv, 16, compare l'Église à uncorps humain «relié par toute jointure (à<pr, junctura)surajoutée».— Dans Cant., vii, 2 (Vulgate, l), il ne s’agitpas des jointures de la cuisse, juncturse, mais de sescontours, hammûqê, de ses proportions harmonieuses,pu8[Lo£. — 2° Le roi Achab est blessé par une flèche quipénètre «entre les joints», debâqîm, c’est-à-dire au défautde la cuirasse. III Reg., xxii, 34; II Par., xviii, 33. Lesversions traduisent: àvajisa-ov toû jtve-j(j.ovoç xai àvajjiéaovcou Ôtopaxoç, inter pulmonem et stomachum, «entrele poumon et l’estomac.» Le mot hébreu vient de dèbéq,oij[ië).Y|(ia, glutinum, «soudure,» l’endroit où deuxpièces de métal doivent être réunies. Is., xii, 7. Les jointures des pièces de métal qui forment la base des bassinsd’airain dans le temple de Salomon sont appelées Selabblm, è^Eyô^eva, juncturse. III Reg., vii, 28, 29. — Parcontre, ce que les versions appellent orpof eî;, «courroiestordues,» commissures alque juncturse, sont des»! e/io6berôt, des «crampons», pour la fabrication desquelsDavid a fait amasser du fer. I Par., xxii, 3. Ce que laVulgate désigne sous le même nom de juncturse, parmiles ornements du Temple, ce sont des peqà'îm, sculptures en forme de «coloquintes», itf-taXa x «l àvây^ça.III Reg., vi, 18. Voir Coloquinte, t. ii, col. 859. — 3° Ilest fait allusion aux jointures entre des pièces de boisdans cette phrase d’Habacuc, II, 11: «La pierre crie dela muraille et l’assemblage (kdfis, xivOocpoç, quod interjuncturas sedificiorum est) du bois lui répondra.» Kdfisest traduit par Symmaque: <rûv8e<7[Lo; oixoSo[».î|;, «liende construction,» et par Théodotion et la Quinta:êv8e<7(ioc ÇûXou, «lien de bois.» Les paroles d’Habacucont un sens analogue à celui des paroles de Notre-Seigneur: «Si ceux-ci se taisent, les pierres crieront.» Luc, xix, 40. Les Chaldéens ont détruit des nations ettout ravagé; les murailles de pierre et les constructionsde bois crient vengeance contre eux, à défaut d’habitantsmassacrés ou déportés. Cf. Rosenmuller, Prophel. minor., Leipzig, 1814, t. iii, p. 408-411. — 4° Les jointuresentre étoffes paraissent désignées par les mots hoberét,cu(jl60Xti, ut possint invicemcopulari, Exod., xxvi, 4, 10,et mahbéret, èrcw|ju;, junctura. Exod., xxviii, 27; xxxix,20. Notre-Seigneur dit qu’on ne met pas une «pièce» (àit! 8XiQiia) neuve sur un vieil habit. La Vulgate rend lemot grec par commissura, une jointure, une couture,prenant par métonymie la partie pour le tout. Matth.,ix, 16; Luc, v, 36. — 5° Les versions traduisent encorepar «jointure» les mots tabba’af, désignant les anneauxen usage dans le Tabernacle, Exod., xxvi, 24, voir Anneau, t. i, col. 636; tneljabbérôt, des poutres ou solivesde bois destinées à empêcher l'écartement des constructions, II Par., xxxiv, 11; et enfin ijsvix-rripîai, juncturse,en grec «les liens» des gouvernails. Act., xxvii, 40. Ils’agit ici des cordages au moyen desquels on remontaitles gouvernails le long des flancs du navire, pour lesremettre ensuite à l’eau quand on voulait naviguer. Voir

Gouvernail, col. 283.

H. Lesêtre.

    1. JOLY DE F LEUR Y Jean Orner##


JOLY DE F LEUR Y Jean Orner, théologien, né àParis en janvier 1700, mort dans cette ville le 27 novembre 1755. Ayant embrassé l'état ecclésiastique, ildevint en 1734 chanoine de Notre-Dame de Paris, abbéd’Aumale en 1729 et l’année suivante abbé de Chézy.Nous avons de cet auteur: Paraphrase et explicationde l’Ancien Testament, 41n-12, Paris, 1754; Paraphraseet explication des quatre Évangiles réunis en un seul,4 in-12, Paris, 1754; Paraphrase et explication desPsaumes avec le texte latin de la Vulgate et les variantes hébraïques, in-12, Paris, 1755. — Voir Quérard,La France littéraire, t. iv, p. 237.

B. Heurtebize.

1. JON (François du) ou JUNIUS, théologien protestant, né à Bourges le l sr mai 1545, mort à Leyde. le13 octobre 1602. Fils d’un jurisconsulte, il se livrad’abord à l'étude du droit; puis, après quelques années,s’adonna à la théologie. Il devint ministre de l'églisewallonne à Anvers, à Limbourg et près d’Heidelberg.Frédéric III, électeur palatin, le fit venir dans cette dernière ville, afin d’y travailler avec Tremellius à unetraduction latine du Nouveau Testament: il y occupaensuite une chaire de théologie. Au cours d’un voyagequ’il fit en France, il fut chargé par Henri IV d’unemission en Allemagne. Il revenait en son pays d’origine,lorsqu’une chaire de théologie lui fut offerte à l’université de Leyde. François du Jon, qui se montra toujours très tolérant vis-à-vis des catholiques, a composéun grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels: BibliorumPars I, id est quxiique hbriMoschis (sic) latini recensex Hebrsso facti brevibusque scholiis illustrati ab 1mmanuele Tremellio et Francisco Junio, in-f», Francfortsur-le-Main, 1575; Pars II, id est libri historici, in-f»,Francfort, 1576; Pars III, id est libri poetici, in-f»,Francfort, 1579; Pars IV, id est libri prophelici, in-f»,Francfort, 1579; Libri apocryphi sive Appendix Testamenti Veteris ad canonem priscee Ecclesise adjecta, latinaque recense grseco sermone facta et notis brevibusillustrata per Franciscum Junium, in-f», Francfort,1579. Une édition postérieure a pour titre: Biblia sacrasive libri canonici prisées Judœorum Ecclesise a Deotraditi latini recens ex Hebreeo facti brevibusquescholiis illustrati ab Iman. Tremellio et FranciscoJunio. Accesserunt libri qui dic*ntur apocryphi latineredditi et notis quibusdam aucti a Francisco Junio.Quibus etiam adjunximus Novi Testamenti libros exgrseco a Theod. Beza in lalinum versos notisque itidem illustratos, in-4°, Londres, 1581; Acta Apostolorum, ex Arabica translatione latine reddita cum interpretatione locorum obscuriorum, in-8°, Leyde, 1578;Sacra parallela, id est comparatio locorum ScripturseSacrée qui ex testamento veteri in novo adduc*ntursummam utriusque in verbis convenientiam, in rébusconsensum, in mutationibus fidem veritatemque breviter et perspicue ex fontibus Scripturx Sacrée genuinaque linguarum ebrseae et grsecse conformationemonstrans, in-8°, Heidelberg, 1590; Apocalypsis Joannis apostoli et evangelutm methodica analysi argumentorum novisque brevibus ad rerum intelligentiam etcatholicse christianse ecclesiee historiam perlinentibusillustrata, in-8°, Heidelberg, 1591; Expositio prophétieDanielis in Heidelbergensi academia dictata et cumcura excepta a Grutero, in-4°, Heidelberg, 1593; Pentateuchi explicationes analylicse, 5 in-4°, Leyde, 1594^Methodica quatuor Psalmorum i, ii, ni et îv explicatio. Preemittuntur in librum Psalmorum prolegomena, in-4°, Heidelberg, 1594; Enarratio Psalmi LlIrenicum sive in Psalmum ci meditatio, in-8°, Leyde, .1594; Lectiones in Jonam prophetam, in-4°, Heidelberg, 1594; Perbreves notée in Epistolam Judée apostoli,in-8°, Leyde, 1599; De linguæ Hebrmee prxstantia etantiquitate, in-8°, Brème, 1608; Commentaria in Ezechielem prophetam, in-f», Genève, 1610; In Epistolam*

III. - 51 -i

ad Ebrseos metkodtca et brevu enarratio, in-8°, Heidelberg,1610. Dans les œuvres de cet auteur, publiées endeux in-f°, Genève, 1613, on remarque en outre: Anatylicaexpositio in Evangelia Matthxi et Marci. Onattribue encore quelquetois à François du Jon l’ouvragesuivant: Bïblia grseca seu Divinse Scripturse nernpeVeleris acNovi Testamenti omnia recensa viro doctissimodiligenter recognita, in-f», Francfort-sur-le-Main,1597. — Voir Vila t. Junii Bituricensis ab ipsometeonscripta, in-4°, Leyde, 1595, et dans le t. i de sesœuvres; Fr. Gomar, Oratio funebris in obitum l.Junii, in-4°, Leyde, 1602; Walch, Biblioth. theologica,t. iv, p. 71, 72, 447, 553, etc.; Haag, La avance protestante,in-8°, Paris, 1853, t. iv, p. 381.

B. Heurtebize.

2. JON (François du) ou JUNIUS, théologien protestant,fils du précédent, né à Heidelberg, en 1589, mortà Windsor, le 19 novembre 1677. Après avoir consacréplusieurs années aux sciences mathématiques, Françoisdu Jon se livra à l’étude de la littérature et de la théologie.Il visita ensuite la France, où habitaient presquetous les membres de sa famille, et, en 1620, se fixa enAngleterre, où il devint bibliothécaire du comte d’Arundel.En octobre 1676, il se retira à Oxford et, étant venuà Windsor rendre visite à son neveu Isaac Vossius, ilmourut dans cette dernière ville. Parmi ses nombreuxouvrages, nous ne mentionnerons que les suivants:Observationes in Willerami paraphrasim CanticiCanticorum, in-8°, Amsterdam, 1655; Annotationes inharmoniam latino-francicam quatuor evangelistarum,latine a Tatiano confectam, in-8°, Amsterdam, 1655;Cxdemonis paraphrasis poetica Geneseos, in-4°, Amsterdam,1655; Quatuor D. N. Jesu Christi Evangeliorumversiones peranliquæ duse, Gothica scilicet et anglosaxonica,quarum illam ex celeberrimo codice argenteonunc primum deprompsit Franciscus Junius; hancautem ex codieibus manuscriptis collatis emendatiusrecudi curavit Thomas Mareschallus, cujus etiamobservationes in’utramque versionem subnectuntur.Accessit glossarium Gotkicum Francisa Junii, in-4°,Dordrecht, 1665. — Voir Haag, La France protestante,

1853, t. iv, p. 390.

B. Heurtebize.

JONA, nom, dans la Vulgate, de deux personnagesqui sont appelés d’une manière différente dans le grecdu Nouveau Testament. Jona n’est d’ailleurs, pourJona 1, qu’une forme abrégée de’Iwcxvv/); ou Jean,laquelle n’est, elle-même, que la forme grécisée deYehôhànân ou Yôhdnân. Voir Jean, col. 1153, etJohanan, col. 1591. Dans Jona 2, le nom peut s’interpréter «colombe», si c’est la forme véritable, mais plusieursmanuscrits grecs portent’Iwâvvou ou’Iwâvou,et le font dériver ainsi de Johanan.

1. JONA (grec: ’Iwvâv; d’après Tischendorf: ’Icovapi),fils d’Éliakim et père de Joseph, un des ancêtres deNotre-Seigneur dans la généalogie de saint Luc, iii, 30.H n’est pas mentionné dans l’Ancien Testament.

2. JONA (grec: ’Iwvâ; d’après Lachmann: ’Iuâvo’j),nom du père de saint Pierre, qui est appelé pourcette raison Bar-Jona, Matth., xvi, 17, ou «fils de Jona».Joa., i, 42; xxi, 15. Voir Bar-Jona, t. ii, col. 1461. Onne connaît de lui que son nom.

    1. JONADAB##

JONADAB (hébreu: Yehônâdàb, et par contractionYônâddb, ’n. Jéhovah encourage» ), nom d’un neveu deDavid et du fondateur des Réchabites.

1. JONADAB (hébreu: Yônâdâb; une fois, Yehônâdàb;Septante: ’IiovaSôë), fils de Semmaa et neveudu roi David. Il se rendit célèbre par sa sagesse et saperspicacité, II Reg., un, 3, mais il ne fit pas toujours

un bon usage de ces dons naturels. Il était l’ami de soncousin Amnon, fils de David, et il lui fit avouer son amourcoupable pour sa sœur Thamar. Il lui conseilla alorsde teindre une maladie pour attirer sa sœur chez luiet satisfaire sa passion criminelle. Ce conseil perversfut suivi et amena le déshonneur de Thamar, et quelquetemps après la mort d’Amnon qu’Absalom fit tuer pourvenger sa sœur. II Reg., xiii, 5-29. Voir Amnon 1, etAbsalom 1, t. i, col. 500 et 92-93. Après ce dernierévénement, on annonça à David que tous ses fils avaientété mis à mort par Absalom, mais Jonadab, devinantaussitôt ce qui s’était passé, l’assura qu’Amnon seulavait péri à cause de la violence qu’il avait faite à sasœur. II Reg., xiii, 30-36.

2. JONADAB (hébreu: Yehônâdàb, dans IV Reg., x,15, 23, et Jer., xxxv, 8, 14, 16, 18; Yônddâb dans Jer.,xxxv, 6, 10, 19; Septante: ’IwvaSié), fils de Réchab,fondateur des Réchabites. Il descendait de Réchab etappartenait par conséquent à la tribu des Cinéens.

I Par., ii, 55. Voir Cinéen, t. ii, col. 769. Nous connaissonsdeux épisodes de sa vie. 1° Il vivait du temps deJéhu et lorsque celui-ci se rendit à Israël pour s’emparerde la royauté et punir la famille d’Achab de sonidolâtrie et de ses crimes, Jonadab l’accompagna.IV Reg., x, 15, 23. — 2° Jérémie, xxxv, nous apprendqu’il avait imposé à ses descendants l’obligation de menerla vie nomade, vivant sous la tente, ne se livrantpoint à l’agriculture et s’abstenant de vin. Voir Réchabet Réchabites. — Le Psaume lxx, 1, porte en titre, dansles Septante et la Vulgate: «Psaume de David. Des filsde Jonadab et des premiers captifs.» Ces mots ne selisent pas dans le texte hébreu. Ils peuvent signifier quele Psaume lxx était souvent chanté par les Réchabiteset les premiers captifs. — D’après un conte oriental,les fils de Jonadab, dans la suite des temps, habitèrentles lies Fortunées ou îles Canaries. Voir F. Nau, La légendeinédite des fils de Jonadab, fils de Réchab, et lesîles Fortunées; texte syriaque attribué à Jacquesd’Édesse et traduction française, dans la Revue sémitiquede M. J. Halévy, 1898, p. 263; 1899, p. 54, 136,et à part, in-8°, Paris, 1899.

1. JONAS (hébreu: Yônâh, «colombe, t, S. Jérôme,In Jon., Prol., t. xxv, col. 1117; Septante: ’Iwvâ; ; Vulgate:Jonas), le cinquième des petit* prophètes (fig. 272). —Le prophète Jonas était fils d’Amathi, Jon., 1, 1, et appartenaitau royaume d’Israël. Une tradition, qui a étérecueillie par certains Pères, affirme que Jonas était lefils de la veuve de Sarepta, ressuscité par le prophèteÉlie. III Reg., xvii, 17-24; cf. S.Jérôme, /» Jon., Prol.,t.’xxv, col. 1118; Pseudo-Épiphane, De vitis Propk.,xvi, t. xliii, col. 407. Cette tradition doit vraisemblablementson origine à une ressemblance des deux motshébreux: ’Ami(aî, nom du père de Jonas, et’ëmét, «vérité, vrai, fidèle,» appliqué à la parole de dieupar la veuve de Sarepta. I (III) Reg., xvii, 24. Cf. Calmet,Dictionnaire de la Bible, 1783, t. iii, col. 195. —

II naquit à Gethhépher (Vulgate: Geth quæ est inOpher),IV Reg., xiv, 25, dans la tribu de Zabulon (voir Gethhépher,col. 228), et vivait sous le règne de Jéroboam II,roi d’Israël. Voir col. 1303. On ne conteste guère, en effet,l’identité du prophète Jonas et du personnage de ce nom,fils d’Amathi, qui annonça à ce monarque le rétablissem*ntdes anciennes frontières de son royaume et ses victoiressur la Syrie et Damas. IV Reg., xiv, 25. Nous neconnaissons de sa vie avec certitude que ce qui est rapportédans ce passage et dans le livre prophétique quiporte son nom. Voir Jonas 2.

Plusieurs critiques ont cru, mais sans preuve, que laprophétie dont parle l’auteur des Rois est celle qu’Isaie, Xvl,reproduit comme une prophétie ancienne, ꝟ. 13. VoirBleek-Wellhausen, Einleitung in dos alte Testa

ment, 1878, p. 453. Sur son voyage et sa mission prophétiqueà Ninive, voir Jonas 2. — Les traditions ou leslégendes sur Jonas sont nombreuses; mais elles n’ontpas assez de consistance pour mériter un sérieux crédit,

272. — Le prophète Jonas. Bas-relief d’une des portes de bronzede Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome, exécutées à Constantinoplevers la fin du xr> siècle, et détruites par l’incendie quisuivit la mort de Pie VII. D’après N. M. Nicolai, Délia basiltcadi SanPaolo, in-fRome, 1815, pl. xvii.

Pour ce qui regarde son tombeau, l’opinion la plus probablele place à Gethhépher, au lieu même de sa naissance.Cf. S. Jérôme, InJon., Prol., col. 1119; Trochon,Jonas, dans les Petit* Prophètes, Paris, 1883, p. 216-217;Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit.,t. iii, p. 494; V. Guérin, La Terre Sainte, in-4°, Par13,1882, p. 304-305. V. Ermoni.

    1. JONAS (LE LIVRE DE)##


2. JONAS (LE LIVRE DE). — I. CARACTÈRE DU LIVRE.

— Le livre de Jonas n’est pas une prophétie au senspropre du mot, quoique son auteur soit placé parmi lesprophètes. C’est simplement le récit historique de lamission que le prophète reçut de Dieu d’aller prêcher lapénitence à Ninive, et de la manière dont il s’en acquitta.

II. Division et analyse.

Le livre se divise en troissections: 1° Jonas reçoit l’ordre d’aller prêcher à Niniveet n’obéit pas, i-n; 2° sur un nouvel ordre de Dieu,il se rend à Ninive, y prêche et sa prédication produitde merveilleux effets, m; 3° le prophète éprouve du mécontentementà cause du pardon accordé aux Ninivites,et reçoit de Dieu une leçon salutaire, IV. Pour d’autresdivisions cf. Kilber, Analysis biblica, édit. Tailhan,Paris, 2856, t. i, p. 495, 496; Trochon. Les petit* prophètes,Paris, 1883, p. 217, 218; Cornely, Introductio specialis,Paris, 1887, t. ii, 2, p. 557, 558.

l" section: Ordre d’aller prêcher à Ninive, i-ii. —Dieu ordonne à Jonas de se rendre à Ninive pour y prêcherla pénitence; le prophète résiste aux ordres deDieu; au lieu de se rendre à Ninive, il va à Joppé, ets’embarque sur un navire phénicien qui allait à Tharsis,

en Espagne, i, 1-3. — Une violente tempête assaille lenavire, ꝟ. 4; — les matelots sont saisis d’eflroi; pendantce temps Jonas est endormi au fond du navire, ꝟ. 5-6

— on tire au sort pour savoir qui est la cause de ce malheur;Jonas demande qu’on le jette à la mer pour sauverle navire; de leur côté les matelots font tous leursefforts pour échapper au naufrage, jp. 7-14; — enfinJonas est jeté à la mer, ꝟ. 15-16. — Il est englouti parun poisson qu’on suppose avoir été une espèce de requinvorace, ii, 1, et non une baleine, comme on le dit vulgairement,voir Baleine, 1. 1, col. 1413. — Dans le ventredu poisson, le prophète adresse à Dieu une prière, ꝟ. 210. — Sur l’ordre de Dieu, le poisson vomit Jonas sur lerivage, ꝟ. 11, en un endroit qui n’est pas indiqué.

1P section: Jonas prêche à Ninive, m. — Dieurenouvelle au prophète l’ordre de se rendre à Ninive,J. 1-2; — le prophète obéit cette fois, il se rend dans lacapitale de l’Assyrie et y prêche la pénitence, ꝟ. 3-4; —les Ninivites se rendent à ses exhortations et font pénitence,ꝟ. 5-9; — Dieu retire sa sentence d’extermination,MO-..

ni’section: Mécontentement de Jonas et réponsede Dieu, iv. — Le prophète est mécontent du pardonaccordé par Dieu aux habitants de Ninive, $. 1; — iladresse à Dieu des plaintes, ꝟ. 2-3. — Dieu lui reprocheson irritabilité, ꝟ. 4. — Jonas quitte la ville, et se construitune hutte pour se mettre à l’abri des ardeurs dusoleil. Dieu fait pousser une plante dont la croissancefut si rapide qu’elle protégea le prophète de son ombre,ꝟ. 5-6. On pense généralement que cette plante était lericin. Cf. S. Jérôme, In Jon., iv, 6, t. xxv, col. 1148(voir Ricin). — Un ver pique la plante et elle se flétritimmédiatement; Dieu envoie un vent brûlant, et Jonas,exposé aux ardeurs du soleil, exprime sa douleur, ꝟ. 78. — Dieu répond au prophète, t. 9-11, et lui donne uneleçon salutaire.

III. Auteur du livre.

Le livre est-il de Jonas lui-même?— On reconnaît, même parmi les catholiques,que cette question est libre de sa nature et qu’il n’existeaucune raison décisive ni pour ni contre. Cf. Knabenbauer,Inproph. minores, Paris, 1886, t. i, p. 361.

I. opinion de la critique négative.

Elle affirmeque le livre est postérieur à Jonas. Mais les divergencescommencent quand il s’agit d’en fixer la date: Goldhorncroit qu’il appartient à l’époque de la captivité assyrienne;Rosenmuller et Bertholdt le placent au tempsdu roi Josias; Jager se prononce pour l’époque de lacaptivité de Babylone; Jahn, Knobel, Koster, Ewald,E. Meier en placent la composition après la captivité;Watke, au iiie siècle avant J.-C.; Hitzig, à l’époque desMachabées, et en Egypte; Bleek dit d’une manière généralequ’il fut écrit longtemps après Jonas. Cf. Trochon,Les petit* prophètes, p. 220. D’après Driver, on ne s’éloignepas beaucoup de la vérité en le plaçant au Ve siècleavant J.-C.; Introduction, 7e édit., Edimbourg, 1898,p. 322.

II. PREUVES EN FAVEUR DE LA COMPOSITION DU

livre par le propbbte lui-même. — 1° Directes. —1. L’insertion au canon; la prophétie de Jonas a toujoursfait partie du canon juif et a été placée au nombre deslivres prophétiques, les nebi’im; or on ne comprendraitpas pourquoi les Juifs ont mis au rang des livres prophétiquesun écrit de cette nature qui ne contient pas de prédictionscomme les autres, s’ils n’avaient pas eu de fortesraisons de croire qu’il était proprement l’œuvre d’un prophète.— 2. L’Ecclésiastique, après avoir loué Isaie, Jérémieet Ézéchiel, auteurs de leurs livres respectifs, parle,xlix, 12, des douze petit* prophètes; il regarde doncJonas comme l’auteur du livre qui porte son nom aumême titre que les onze autres petit* prophètes. — 3. L’antiquitéet la tradition, soit juive, soit chrétienne, sontfavorables à l’authenticité. — 4. Le récit lui-même porteun certain cachet d’authenticité l’auteur raconte hum-'

blement les fautes de Jonas: sa désobéissance aux ordresde Dieu; son audace à discuter avec lui; sa cruauté àvouloir la destruction de toute la ville de Ninive. Cetaccent de sincérité conient mieux à Jonas lui-mêmequ’à un autre auteur; car un autre auteur n’eût jamaisdévoilé avec autant de franchise les faiblesses du prophèteJonas pour lequel les Juifs avaient tant de vénération.Cf. Cornely, Introductio specialis, t. ii, p. 564.2° Preuves indirectes ou réponses aux objections.


Les objections contre l’authenticité sont de deux sortes:littéraires et philologiques. — 1. Littéraires. — a) On ditque l’auteur parle toujours à la troisième personne; maiscette raison n’est pas concluante, car d’autres prophètes,tels qu’Isaïe, Jérémie et Ézéchiel, parlent parfois à latroisième personne. "— 6) On dit aussi que le récit n’arien qui trahisse un témoin oculaire; mais il n’a riennon plus qui dénote le contraire. — c) D’après, iii, 3,Ninive «était» une grande ville; on en conclut qu’ellen’existait plus au moment où l’auteur écrivait et quepar conséquent le livre est postérieur à la destructionde Ninive; mais cet imparfait, hdyetâh (f, v, eral), peutêtre, comme disent les grammairiens, un imparfait synchronistique;l’auteur se reporte au temps où il visitala ville, et par conséquent à un temps passé. — d) Lechapitre ii, 2-10, contiendrait des emprunts à certainsPsaumes de date récente; cf. Jon., ii, 2, et Ps. cxx, l; —y. 3 et Ps. xviii, 4, 7; xlii, 7; —ꝟ. 4 et Ps. xlii, 8; —y. 5 et Ps. xxxi, 23; —ꝟ. 6 et Ps. xviii, 5; lxix, 2; —y. 8etPs. xviii, 7; cxliii, 4; — ꝟ. 9 et Ps. xxxi, 7; — ꝟ.-10 et Ps. iii, 9; xlii, 5; l, 14, 23 (d’après l’hébreu);mais, outre que beaucoup de critiques pensent que laprière de Jonas est antérieure aux Psaumes qui viennentd’être cités, même si l’on admettait que Jonas a puisédans les Psaumes, il faudrait prouver que ces Psaumessont de date récente et postérieurs au vine siècle avantJ.-C, ce que l’on ne peut faire. — e) On affirme que le tongénéral et les sentiments accusent un auteur récent;on insiste surtout sur «l’universalisme» du salut, quiest promis à tout le monde; mais cet universalisme estenseigné par d’autres prophètes anciens. Cf. Is., ii, 2,3; Ose., ii, 24, cité par saint Paul, Rom., ix, 25. — f) Onajoute que l’omission du nom du roi des Assjriens, dansle chapitre iii, prouve que ce roi n’était pas connu del’auteur; iii, 6, 1e simple titre: «roi de Ninive,» n’auraitjamais été donné au roi si celui-ci avait été encore envie; mais c’est le contraire qui est vrai: c’est surtout leroi régnant qu’on désigne simplement par son titre, aulieu de l’appeler par son nom propre. — 2. Preuves philologiques.— On prétend que le livre de Jonas contient des/ormes de date récente, des aramaismes: 1, 5, sefînâh, «navire;» ce mot ne se trouve pas ailleurs, mais commec’est un terme technique de marine, il a pu être empruntéaux Phéniciens, peuple navigateur; — I, 6, rab, «chef» [des matelots! ; ce mot était déjà employé àl’époque de Jérémie; cf.Jer., xxxix, 9; — 1, 6, [hithpahel]du verbe’àSat dans le sens de «penser»; ce mot setrouve à la forme kal dans Jer., v, 28; Dan., vi, 4; Ps.cxlvi, 4; ne se trouve plus ailleurs; c’est unaramaismequi s’explique bien par le dialecte galiléen, propre àJonas; — i, 7, be-Séllemî, «en quoi, pourquoi;» i, 12,selli, «en quoi, parce que;» IV, 10, Se «que;» dansces mots on emploie la forme abrégée ëa [w] pour lapleine’asér ["lira]; cette forme abrégée se trouve dansdes livres plus anciens; cf. Jud., v, 7 (bis); vi, 17; etCant., i, 6, 7; viii, 12; — ii, 1, 2; iii, 2, qâra’, dans lesens de «prêcher»; ce mot se trouve avec la même significationdans Exod., xxxii, 5; Is., xl, 6; xliv, 7; lviii, 1;Jer., ii, 2; vii, 7; Joël, iv (hébreu), 9; Prov., i, 21; rai,l; xs, 1; — i, 4, hêtil, «susciter;» ce mot se trouvedans I Sam. (Reg.), xviii, 11; xx, 33; — i, 11, 12, Sâfaq, «se taire;» se trouve dans Prov., xxvi, 20; — ii, 1; iv, 6,quhel de) mânâh, «préparer,» employé comme dansj Par., ix, 29; Dan., i, 10, 11; ce mot se trouve sous

d’autres ormes dans Num., xxiii, 10; II Reg., xxiv, 1,IV Reg., xii, 11; Is., lxv, 12; Jer., xxxiii, 13; Job, vii,3; le pihel peut donc s’expliquer par le dialecte galiléen;— iii, 7, ta’am dans le sens de «jugement»; cf.Dan., iii, 10, 29; I Esd. (hébreu), vi, 14; vii, 23; c’estlà un mot technique pour désigner les édits des roisassyriens et babyloniens; l’auteur prouve par là qu’ilconnaissait les usages assyriens; — iv, 10, ’âmal, «travailler;» ce mot se trouve dans Deut., xxvi, 7; Jud.,v, 26; — IV, 11, ribbô, «mille;» ce mot se trouve sousla forme rebâbâh dans Lev., xxvi, 8; Deut., xxxii, 30;Jud., xx, 10; au duel on le trouve dans Ps. lxviii(hébreu), 18; — I, 9, locution, ’Ëlôhê haè-sâmaîm, «Dieu du ciel;» cette locution se trouve dans Gen.,xxiv, 3. — En résumé, si l’on excepte quelques termestechniques et quelques idiotismes galiléens, la languedu livre est parfaitement régulière.

IV. Caractère historique du récit.

i. opinionDES rationalistes. — La critique négative nie le caractèrehistorique des faits racontés dans le livre de Jonas,mais les explique de manière très diverse. — PourH. von der Hardt, Less, Palmer, Krahmer, le récit est unesimple allégorie; pour Eichhorn, c’est une légende;pour Augusti, Renan, Muller, c’est un conte; pour Koster,Jager, Hitzig, c’est une fiction prophétique didactique;pour Grimm, c’est le récit d’un songe; pourd’autres, c’est un mjthe, emprunté au mthe grecd’Hésione (Rosenmùller, de Wette, Friedrichsen, Forbizer),ou au mjthe babylonien d’Oannès (Baur); R. Simon,Pareau, Gesenius. Jahn, Winer, Knobel, Nicmeyer,Paulus, Ewald, Driver y voient un enseignement didactiqueou une parabole; Driver va même jusqu’à direque le but du livre est une explication pratique de ladoctrine de Jérémie, xviii, 7-8; cf. Trochon, Les petit*prophètes, p. 220, 221, 224, 225; Cornély, Introductiospecialis, t. ii, 2, p. 562; Driver, Introduction, p. 323,324; J. Friedrichsen, Kritische Vebemcht uber dieverschiedenen Ansichten uber Jona, 2e édit., Leipzig,1841; Ed.Riehm, dans les Theologische Studienund Knliken,1862, p. 413.

II. PREUVES EN FAVEUR DU CARACTÈRE HISTORIQUE. —

° Directes. — 1. L’insertion aucanon juif’. Commenousl’avons déjà dit, les Juifs mirent le livre de Jonas aunombre des livres prophétiques; cela prouve qu’ils étaientconvaincus de son historicité; s’ils n’y avaient vu qu’uneparabole, ils l’auraient mis au nombre des hagiographes.

— 2. La tradition juive. Cette tradition nous est parvenuepar deux voies: — a) le livre de Tobie, xiv, 4 (textegrec), mentione explicitement les paroles de Jonas louchantla destruction de Ninive; — 6) l’historien Josèphe,Ant. jud., IX, x, 2, résume le livre de Jonas comme undocument historique. — 3. Notre-Seigneur, dans leNouveau Testament, parle de l’engloutissem*nt de Jonasdans le ventre d’un poisson comme d’un fait réel.Matth., XII, 39-41; xvi, 4; Luc, xi, 29, 30, 32. — 4. Argumentsintrinsèques: a) La mission de Jonas àNinive concorde très bien avec les circonstances historiquesde son époque: c’est à peu près à cette époqueque s’établissent les premières relations entre l’Assjrieet Israël; cf. Ose., v, 13; x, 6; quelques années aprèsla mort de Jéroboam II, sous lequel avait vécu Jonas, etsous le règne de Manahem, le roi d’Assyrie Phul [= ThéglathphalasarIII] (745-727 avant J.-C.) envahit leroyaume d’Israël. Cf. IV Reg., xv, 19, 20. — 6) La descriptionde Ninive qu’on lit dans Jonas, iii, 3, s’accordeavec les renseignements donnés par les historiens classiques.Cf. Diodore de Sicile, ii, 3. Les travaux modernesont confirmé d’une manière assez exacte ce que ditJonas sur les dimensions de Ninive. Cf. Layard, Ninevehand Babylon, Londres, 1853; Id., Nineveh and its Remains;Oppert, Expédition en Mésopotamie, Paris,1862; Jones, Topography of Nineveh, dans le Journal ofthe Ii. Asialic Society, 1855, t. xv, p. 297-335; G.Raw

linson, The five great Monarchies, 2e édit., p. 252-261;Billerbeck-Jeremias, Der Untergang Nineveh’s, dans lesBeilrâge zur Assyriologie, t. iii, p. 127-131; Maspero,Histoire ancienne, t. ii, p. 601-604; t. iii, 467-471. —c) La profonde corruption morale de Ninive, dont parlele prophète Jonas, est attestée par d’autres prophètes.Cf. Nah., iii, 1; Soph., ii, 25. — d) Le deuil imposé auxhommes et aux animaux, Jon., iii, 5-8, est aussi unecoutume asiatique. Cf. Hérodote, rx, 24. — e) Enfin leton général du livre: «Qui, sinon un témoin oculaire,aurait dépeint ces matelots adorant chacun leurs propresdieux, mais craignant la colère de Jéhovah et le suppliant dès qu’ils entendent parler de lui? Les Ninivitesqui croient en Dieu et se repentent dans le sac etla cendre, font aussi un contraste caractérisé avec le prophète israélite, qui fuit Jéhovah, et qui, même après samiraculeuse délivrance, se montre encore chagrin de lamiséricorde divine envers les païens. Tout cela constituebien des traits historiques, qui excluent toute inventionet toute fiction. Aussi Delitzsch appelle-t-il avec véritéle livre de Jonas une confession de péché écrite plustard par le prophète repentant, avec un profond méprisde soi-même.» Trochon, Les petit* prophètes, p. 223.2° Preuves indirectes ou réponses aux objections.


1. On dit que le livre contient des miracles nombreuxet incroyables; mais il y a bien d’autres livres de laSainte Écriture qui contiennent des miracles; il fautdonc, comme dit saint Augustin, ou les admettre tous oules rejeter tous, Epist. cil, t. xxxiii, col. 382; rien n’estimpossible à Dieu, et il ne nous convient pas de distinguer entre miracles et miracles. — 2. On dit aussi qu’ilest impossible de croire à cette mission de Jonas chezles Ninivites; mais qu’y a-t-il d’impossible en cela?Nous avons des exemples analogues de la conduite deDieu à l'égard des peuples païens: miracles de Josephet de Moïse en Egypte, de Josué à l’entrée du peupledans le pays de Chanaan, d’Elie en Phénicie, d’Eliséeen Syrie; pourquoi Dieu n’aurait-il pas pu se révéleraux Ninivites? — 3. Comment, dit-on, un seul individua-t-il pu produire un si grand effet sur une si vaste cité?Mais la grâce de Dieu est toute-puissante; dès lors quecette conversion soudaine est l’effet de la grâce divine,on ne peut nullement la regarder comme impossible. —4. On ajoute qu’il n’est resté aucun souvenir de cet événement dans les textes assyriens; mais cette difficultéest loin d'être concluante; car il y a d’autres événementsdont il n’est resté aucun souvenir dans les textes; deplus, les textes assyriens n’ont pas encore livré leur dernier secret; ajoutons qu’Hàvernick a cru voir une allusion à cet événement dans Ézéchiel, iii, 5, 6; mais cepassage est trop vague. — 5. Il n’est pas facile, dit-onencore, d’imaginer un monarque, tel que ceux qui sontdécrits dans les inscriptions assyriennes, se soumettantavec tant de docilité à ce que demandait Jonas. On oublie que les Assyriens étaient particulièrement superstitieux et crédules et qu’ils ne doutaient point qu’unDieu étranger pût leur infliger des châtiments; denombreux textes en font foi. — 6. Il est étonnant que laconversion des Ninivites, si elle s'était produite sur unesi vaste échelle, ait eu un résultat si peu durable; carles Assyriens sont toujours représentés comme idolâtresdans l’Ancien Testament. — Le livre de Jonas dit queles Ninivites crurent aux menaces du prophète et firentpénitence, mais non qu’ils devinrent monothéistes etcessèrent d’adorer leurs propres dieux. Driver, " Introduction, p. 324.

V. Canonicité.

Elle n’a jamais été contestée. 1° Lelivre a toujours fait partie du double canon, juif etchrétien. — 2° Notre-Seigneur l’a employé comme Écriture divine. Matth., sii, 39-41; xvi, 4; Luc, si. 21, 30, 32.— 3° Les nombreuses représentations de Jonas dans lescatacombes (fig. 273, 274, 275) et sur les sarcophages chrétiens des premiers siècles, qui reproduisent toutes les

scènes de son livre, attestent que l'Église le tenait pourcanonique. Cf. Canon, t. ii, fig. 63, col. 159. Voir aussit. ii, fig. 392, col. 1081. C’est un des écrits de l’Ancien Testament, auxquels les artistes chrétiens à toutes les époques

273. — Jonas englouti par le poisson. Cubiculum de sainte Cécile.D’après Garrucci, Storia dell’arte cmstiana, t. ii, p. 22.

ont fait le plus d’emprunts. Voir fig. 276. Cf. Vigouroux,Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiquesmodernes, 2e édit., p. 412, 427-429; Marucchi, Elémentsd’archéologie chrétienne, in-8°, Rome, lflOO, p. 301;

274. — Jonas rejeté par le poisson. Cubiculum de sainte Cécile.D’après Garrucci, Stona dell’atte ensttana, t. ii, pl. 22.

E. Hennecke, Altchristliche Malerei, in-8°, Leipzig, 1896;O. Mitius, Jonas auf den Denkmalern des chnstlichenAlterthums, in-8°, Fnbourg-en-Biisgau, 1897, p. 105-114,qui énumère 175 représentations. — 4° Les Pères apos275. — Jonasà l’ombre de la cucurbite. Cubiculum de sainte Cécile.D’après Garrucci, Storia deU’arte cristiana, t. ii, pl. 22.

toliques: qu’il nous suffise de citer saint Clément doRome, I Cor., vil, 7, édit. O. de Gebhardt et Ad. Harnack, Leipzig, 1900, p. 4. Saint Clément rappelle queJonas annonça la catastrophe de Ninive.

VI. Signification symbolique de l’histoihe deJonas. — En général les Pères de l'Église se sont plu à

voir une signification symbolique dans l’histoire de Jonas. Qu’il nous suffise de mettre en relier les principaux aspects de ce symbolisme: la mission du prophètedevait éclairer Israël sur la situation du monde païenpar rapport au royaume de Dieu. Israël, opprimé parles peuples païens, était naturellement porté à les regarder comme incapables de salut. La mission de Jonasà Ninive concourut pour beaucoup à détruire ce préjugé.

l’admirable leçon de charité qu’il lui donne, iv, 10, 11,montrent bien à Israël l'étendue et les secrets dela miséricorde divine. La mission de Jonas tut unepreuve de la volonté qu’a Dieu de sauver tous leshommes, selon I Tim., ii, 4, et comme une prophétiede la conversion future des gentils, ainsi que l’ontjustement remarqué les Pères. «Sous le nom de Ninive, il annonçait le salut aux gentils,» dit saint Jé276. — Jonas. D’après une miniature d’un Psautier du Xe siècle. Bibliothèque Nationale. Cod. gr., 130. — Au bas, à gauche, Jonasest jeté dans la mer et englouti par le poisson. À droite, le monstre rejette sa proie. Au-dessus, le prophète, nimbé, debout sur lesrochers du rivage, remercie Dieu de sa délivrance. À gauche, Jonas, k la porte de Ninive, est reçu par un vieillard accompagnéde jeunes gens. Sur la porte, des curieux.

Cette admissibilité des païens au salut est assez nettement indiquée dans plusieurs traits du récit: attitudedes matelots païens, qui craignent et invoquent le Dieudu ciel et de la terre; — impression produite par laprédication de Jonas à Ninive; — pénitence généraledes habitants de la ville; — la conduite du prophète ellemême exprime bien les sentiments du peuple juif àl'égard des gentils: il essaye de se soustraire à la mission que Dieu lui impose, parce qu’il ne peut comprendre la bonté de Dieu à l'égard de Ninive, nr, 2; —cependant l’action de Dieu finit par le gagner; alors ilreconnaît sa faute et prie les marins de le jeter à lamer, i, 12. — La manière dont Dieu réprimande Jonas,

rôme, Epist. lui, ad Paulinum, t. xxtll, col. 5î6;Kaulen, Liber Jonse proplietse, in-8°, Mayence, 1862,p. 79.

VII. Éléments messianiques dans le livre de Jonas.— Il n’y a pas, à strictement parler, de prophéties messianiques dans le livre de Jonas; sa prédication à Ninive est une annonce de la prédication des Apôtres et dela conversion des gentils comme on vient de le voir.De plus, Jonas lui-même lut, par sa vie, une figure deNotre-Seigneur; cf. S. Jérôme, In Ose., iii, 12, t. xxv,col. 928; In Jon., Prol., col. 1117: 1° Jonas envoyé àNinive pour prêcher le salut et la pénitence représenteJésus-Christ envoyé dans ce monde pour le sauver. — 161C

JONAS (LIVRE DE) — JONATHAN

4644

2° Jonas qui ne veut pas prêcher aux Ninivite «i, peuplepaïen, rappelle Jésus-Christ qui se dit uniquement envoyé pour sauver les brebis perduesde la maisond’Israël. Matth., xv, 24. — 3° Le séjour de trois joursde Jonas dans le ventre du poisson a été interprété parNotre-Seigneur lui-même, Matth., xii, 40, comme lafigure des trois jours qu’il passa dans le tombeau.Cf. S. Augustin, Epist. cil, t. xxxiii, col. 383-386.

VIII. Texte et langue.

Le texte original du livreest l’hébreu avec quelques particularités propres audialecte galiléen. Le style est généralement beau et élégant; l’auteur exprime ses idées avec beaucoup de vivacité et de naturel. Au point de vue de la phraséologie,on peut signaler des ressemblances avec d’autres écrivains; cl. Jon., 1, 14, et Jer., xxvi, 15; — Jon., iii, 8 b, etJer., xviii, ll b; xxvi, 3 a; — Jon. iii, 9°, et Joël, ii, 14;— Jon., iii, 9 b, et Exod., xxxii, 12 b; — Jon., iii, 10 b, etExod., xxxii, 14; — Jon., iv, 2 b, et Exod., xxxiv, 6 b;Joël, ii, 13 b; —Jon., iv, 3°, 8 b, et III Eeg., xix, 4 b.

IX. Bibliographie.

Outre les ouvrages cités, cf. S.Éphrem, Opéra Sxjriaca, t. ii, p. 234-315; S. Cyrilled’Alexandrie, In Jon., t. lxxi, col. 597-637; Théodoretde Cyr, In Jon., t. lxxxi, col. 1720-1740; pour d’autresanciens commentateurs, soitcatholiques, soit protestants,voir Trochon, les Petit* prophètes, p. 228-230; — pourdes travaux plus récents, cf. (Brunengo), Ninive ai ternpidi Giona profeta, dans la Civiltà cattolica, 15 mai 1880,p. 401-418; * M. Kalisch, Bible Studies, part. II, Londres,1878; * C. H. H. Wright, Biblical Essays, 1886, p. 3498; * Frz. Delitzsch, Messianische Weissagungen, in-8°,Leipzig, 1890, p. 88; * H. Martin, The prophet Jonah,in-8°, Londres, 1891; * Clay Trumbull, Jonah in Nineveh, Philadelphie, 1892; * J. Kennedy, On the Book ofJonah, Londres, 1895; P. Kleinert, Die ProphetenObadja, Jona, 2e édit., in-8°, Bielefeld, 1893; M. Lôwy,Ueber das Buch Jona, in-8°, Vienne, 1892; A. Fournier,Sur la traduction par S. Jérôme d’un passage de Jonas,in-8°, Paris, 1895; * B. Wolf, Geschichte der Propheten Jona, nach einer Karschemischen Handschrift derk. Bibliolhekzu Berlin, in-8°, Berlin, 1897; Frz. Kaulen,Liber Zonas prophétie expositus, in-8°, Mayence, 1862;

  • Alb. Rebattu, De libri Jonse sententia theologica, Iéna,

1875; * A. C. O’Connor, Élude sur le livre de Jonas,in-8°, Genève, 1883. V. Ermoni.

    1. JONAS Justus Judonis##


3. JONAS Justus Judonis, théologien allemand, luthérien, né à Nordhausen le 5 juin 1493, mort à Eisfeld le9 octobre 1555. Après avoir suivi des cours de droit àWittenberg, il fut professeur à l’université d’Erfurt oùil avait commencé ses études et devint chanoine deSaint-Séverin; mais il embrassa avec ardeur les erreursprêchées par Luther, se maria, et lut le compagnonfidèle de cet hérétique. Il enseigna le droit à Wittenberg,puis la théologie et attaqua avec violence les croyanceset les cérémonies de l'Église romaine. Il fut un des rédacteurs et des principaux défenseurs de la confessiond’Augsbourg. Il prêcha la réforme dans divers États del’Allemagne et, afin de propager les nouvelles doctrines,se fit le traducteur des œuvres de Luther et de Mélanchton; il fut le collaborateur du premier dans sa traduction de la Bible en langue vulgaire. Il assista à lamort de Luther et, en 1553, devint superintendantd’Eisfeld. Parmi ses écrits nous ne mentionnerons que:Prmfatio in Epistolas diviPauli Apostoliad Corinthios,in-4°, Erfurt, 1520; Annotaliones in Acta Apostolorum, in-8°, Wittenberg, 1524. — VoirL. Reinhard,Commentatio historico-theologica de vita et obilu jusliJonse, theologi magnis in Christi ecclesiam merilis ce; leberrimi et B. Lutheri in emendandis sacris adjutoris et socii laborum fidelissimi, in-8°, Weimar, 1731;G. C. Knapp, Narratio de Justo Jona, theologo Wittebsrgensi atque Halensi, in-4°, Halle, 1817; Walch, Bibl".theologica, t. iv, p. 654. Heurtebize.

    1. JONATHAN##

JONATHAN (hébreu: Tehôndtân, forme complète,et ïdnâfdn, forme abrégée; les deux formes sont employées presque indifféremment dans l'Écriture, «Jéhovah a donné;» Septante: 'IwvâOav), nom de vingtIsraélites dans le texte hébreu. La Vulgate a conservé lalorme Jonathan pour quinze personnages; pour lescinq autres, elle a donné à leur nom la terminaison latine de Jonathas.

1. JONATHAN (hébreu: Yehônâtân), fils de Gersamet petit-fils de Moïse, ou bien leur descendant, si le mot «fils» ne doit pas être pris dans son sens propre etrigoureux. Jud., xviii, 30. Le texte massorétique porte «fils de Manassé», au lieu de «fils de Moïse», aumoyen de l’intercalation d’un ii, dans le nom hébreude Môséh, mais une note rabbinique porte la leçonMôséh que nous lisons dans la Vulgate et" dans plusieurs manuscrits grecs. On a supposé, à tort ou à raison, que le nom de Manassé avait été substitué à celui deMoïse, par respect pour le nom du législateur qu’avaitdéshonoré la conduite de son descendant. Jonathan, eneffet, joua un rôle indigne de son origine dans l'épisodede son histoire qui nous a été conservé. Étant encorejeune, il quitta Bethléhem de Juda où il habitait eterra à l’aventure dans le pays pour y chercher fortune.Il arriva ainsi à la montagne d'Éphraim, chez Michas,homme riche de cette contrée qui s'était fait fabriquerune idole d’argent et l’avait placée dans un sanctuairedomestique. Apprenant que son hôte était lévite, Michaslui proposa de devenir prêtre de son idole, moyennantdix sicles d’argent par année et son entretien. Jonathanaccepta et demeura chez l'Éphraimite jusqu'à ce que lesDanites, ayant dérobé l’idole de Michas, l’emmenèrentavec eux à Dan, où lui et ses fils furent les prêtres del’idole jusqu'à la captivité. Il n’avait pas été étranger àtout ce qu’avaient fait les Danites en ces circonstances.Se trouvant à l'étroit dans le sud de la Palestine, cesderniers avaient envoyé cinq d’entre eux explorer le payset, au cours de leur voyage, ils avaient rencontré chezMichas Jonathan qui leur avait assuré, après avoir consulté Dieu, qu’ils trouveraient ce qu’ils cherchaient. Ilsconstatèrent, en eftet, qu’il était facile de s’emparer deLais (appelée depuis Dan), et à leur retour ils rendirentcompte de leur message. Six cents Danites partirentalors pour aller s'établir à Lais, et, sur leur route, enpassant chez Michas, ils s’emparèrent de l’idole et desautres objets du culte idolatrique, et ils déterminèrentJonathan à les accompagner pour leur servir de prêtre.C’est ainsi qu’il abandonna son ancien maître et lui futinfidèle comme il l’avait été à la loi de Dieu. Jud., xviii.L'événement raconté dans ce chapitre dut servir plustard de prétexte à Jéroboam I" pour établir à Dan leculte idolatrique du veau d’or. Voir Jéroboam I er,col. 1303.

2. JONATHAN (hébreu: Yehônâfân), fils de Samaa.frère de Jonadab et neveu de David. Il se distinguapar sa bravoure et, comme son oncle David, tua encombat singulier un géant de la race d’Arapha ou Rapha (voir Arapha, t. i, col. 878), qui avait six doigts àchaque main et à chaque pied. II Reg., xxi, 20-21;

I Par., xx, 6-7. Certains commentateurs identifient ceJonathan avec le conseiller de David du même nommentionné I Par., xxvii, 32, mais celui-ci est qualifiéd’oncle et non de neveu de David. D’après quelques commentateurs, Jonathan est le même que le prophète Nathan.Voir Isai, col. 936.

3. JONATHAN (hébreu: Yehônâfân), un des héros{gibbôrîm) de David. Dans I Par., xi, 34, il est appeléfils de Sage, Ararite (voir Arari, t. i, col. 882), et dans

II Reg., xxiii, 32, la Vulgate le donne comme fils de Jassen.Le passage semble altéré. Le texte hébreu porte: Bèuê 1615

JONATHAN — JONATHAS

-1646

YdSén; Yehônâtàn; Sammâh, etc., et non pas: FiliiJassen, Jonathan, Semma, etc., comme a traduit laVulgate; c’est-à-dire que la ponctuation massorétique nerattache pas Benê YâSen à Jonathan, ainsi que l’a faitsaint Jérôme. D’après R. Driver, Notes on the HébrewText of the Books of Samuel, in-8°, Oxford, 1890, p. 283,le texte doit être ainsi corrigé: «Jassen (ou Assem, transformationdu nom de Jassen dans I Par., xi, 33), leGunite (ou descendant de Guni, au lieu de Gézonitequ’on lit dans le texte actuel; voir Gézonite et Guni i,col. 235 et 368); Jonathan, fils de Semma.» Cf. II Reg.,uni, 32-33.

4. JONATHAN (hébreu: Yônâtân), de la tribu deJuda, second fils de Jada, père de Phaleth et de Ziza.I Par., Il, 32-33. Il était petit-fils de Jéraméel. Sonfrère Jéther étant mort sans enfants, ses deux fils représentèrenttoute la descendance de Jada.

5. JONATHAN (hébreu: Yehônàfân), fils d’Ozias, trésorierde David, chargé de la garde des biens que le roipossédait dans les champs, dans les villes, les villageset les tours ou citadelles. La Vulgate ne parle pas deschamps que mentionne le texte hébreu (sddéh). I Par.,xxvii, 25,

6. JONATHAN (hébreu: Yôndtân), oncle de David etson conseiller, qualifié de «homme sage et lettré».1 Par., xxvii, 32. Certains commentateurs confondentce Jonathan avec Jonathan 2, fils de Samaa.

7. JONATHAN (hébreu: Yôndtân), un des lévites quifurent envoyés par Josaphat, dans les villes de Juda,latroisièmeannéedesonrégne, pour instruire le peupledans la loi de Dieu. II Par., xvii, 8.

8. JONATHAN (hébreu: Yôndtân), père d’Abed, dela famille d’Adan. Abed revint, à la tête de cinquantehommes, avec Esdras, de la captivité de Babylone enPalestine. IEsd., viii, 6.

9. JONATHAN (hébreu: Yôndtân), fils d’Azahel. Ilétait probablement prêtre et fut chargé par Esdras avecJaasia, d’après la Vulgate, de dresser la liste des Israélitesqui avaient épousé des femmes étrangères. I Esd.,x, 15. D’après le texte hébreu, Jonathan s’opposa audénombrement. Voir Jaasia, col. 1053.

10. JONATHAN (hébreu: Yôndtân), fils de Joïada etpère de Jeddoa. II Esd., xii, II. Beaucoup de critiquespensent qu’il est le même que celui qui est appeléJohanan dans II Esd., xii, 22. Voir Johanan 12, col. 1592.Tout ce que le livre de Néhémie nous apprend de lui,en lui attribuant ce qui est dit de Johanan, c’est qu’àson époque on modifia la manière de conserveries listesgénéalogiques. II Esd., xii, 22. C’est peut-être ce grandprêtrequi est aussi nommé II Mach., i, 23. Voir Jona-THAS5. Josèphe parle de ce grand-prêtre sous le nom de’ItoâvvT); ou Jean. Anl jud., XI, vii, 1. Il le fait vivresous le régne d’Artaxerxès Mnémon (405-359 avant J.-C),et raconte qu’il fit périr son propre frère Jésus dans leTemple de Jérusalem, parce que Bagosès, général perse,avait promis à Jésus de lui donner le souverain pontificat.Ce crime attira beaucoup de calamités sur les Juifs.Eusèbe, dans sa Chronique, t. II, t. xix, col. 478,l’appelle Jean, et dans sa Démonstration évange’lique,vin, t. xxii, col. 616, Jonathan. Son pontificat duratrente-deux ans. Voir J. Selden, De successwne in PontificatumEbrœorum libii duo, i, 7, dans ses Opéraoninia, édit Wilkins, 3 in-f°, Londres, 1726, t. ii, col. 116.

41. JONATHAN (hébreu: Yehônâtàn), prêtre qui vivaitdu temps du grand prêtre Joacim (voir Joaciji 2,

col. 1551) et qui était le chef de la famille sacerdotalede Milicho. II Esd., xii, 14.

12. JONATHAN (hébreu: Yehônâtàn), prêtre, contemporaindu grand-prêtre Joacim. Il était le chef dela famille sacerdotale de Sémaïa. II Esd., xii, 18.

13. JONATHAN (hébreu: Yôndtân), père de Zacharie.Zacharie fut un des prêtres qui jouèrent de la trompetteà la fête de la dédicace des murailles de Jérusalem. Ilest dit lui-même fils de Séméia, pour indiquer sansdoute qu’il appartenait à la classe sacerdotale de Séméia.II Esd., xii, 34.

14. JONATHAN (hébreu: Yehônâtàn), scribe contemporainde Jérémie. Lorsque le prophète voulut sortirde Jérusalem pour aller à Anathoth, il fut accusé faussem*ntde vouloir se rendre aux Chaldéens et jeté en prisondans la maison de Jonathan qui fut son geôlier. Il oblintdu roi Sédécias de ne pas rester dans cette prison oùil serait mort, mais d’être incarcéré dans le vestibule dela prison du palais royal, où il resta jusqu’à la prise dela villeparles Chaldéens. Jer., xxxvii, 14, 19; xxxviii, 26.

15. JONATHAN (hébreu: Yôndtân), fils de Carée etfrère de Johanan. Il se rendit avec son frère à Masphathauprès de Godolias, que Nabuchodonosor avait nommégouverneur de la Judée après la prise de Jérusalem.Jer., xl, 8. Voir Johanan 1, col. 1591. Le nom de Jonathanest omis dans les Septante, de même que dansquelques manuscrits hébreux. Il n’est pas nommé nonplus dans IV Reg., xxv, 23.

16. JONATHAN BEN-UZZIEL. On lui a: tribue desTargums sur différents livres de l’Ancien Testament.Voir Targums.

    1. JONATHAS##


JONATHAS, nom, dans la Vulgate, de cinq Israélitesqui sont appelés Jonathan dans le texte original. VoirJonathan, col. 1614.

1. JONATHAS (hébreu: Yehônâtàn et Yôndtân), filsaîné de Saul et d’Achinoam. I Reg., xiv, 50. — Jonathasapparaît pour la première fois aux côtés de son pèredans la lutte contre les Philistins. Il est déjà assez habileet assez brave pour que Saul lui confie un corps deguerriers. Pendant que le roi se tenait avec deux millehommes à Machmas, Jonathas en commandait mille àGabaa de Benjamin. De là, il se porta sur Géba*, dont ilbattit la garnison. Voir Gabaa 2, col. 4. Ce fait d’armeseut pour résultat de mettre en mouvement les Philistins,qui accoururent en armes à Machmas. Ils étaient en nombretellement supérieur, que les Israélites prirent peur;les uns se cachèrent dans les cavernes, les fourrés, lesrochers et les citernes; les autres fuirent même au delàdu Jourdain, dans le pays de Gad et de Galaad. Sauln’avait avec lui que six cents hommes. Il campait avecJonathas à Gabaa, tandis que les Philistins occupaientMachmas. Les deux localités ne sont, à vol d’oiseau, qu’àune distance de quatre kilomètres; mais une vallée profondeles sépare, et l’altitude de Machmas atteint 607 mètres.Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. Du campdes Philistins sortirent trois bandes qui s’en allèrentravager les pays d’alentour. Les Israélites n’avaient aucunmoyen de les arrêter. Les Philistins les obligeaient derecourir à eux pour l’achat et l’entretien de leurs outils.Tout naturellement, ils se gardaient bien de fournir desarmes à leurs voisins. Seuls le roi et son fils en possédaient.Un jour Jonathas proposa à son écuyer de s’avancerensemble jusqu’à un poste de Philistins établi surle passage qui mené à Machmas. «Peut-être, disait-il,Jéhovah inlerviendra-t-il pour nous; il lui est facile desauver avec peu d’hommes comme avec beaucoup.»

L'écuyer accepta avec empressem*nt. Jonathas convintque si les Philistins leur disaient: «arrêtez, nous allons à vous, s ils resteraient en place; mais que s’ilsdisaient: «Montez,» ce serait le signe que Dieu étaitpour eux. L’entreprise n'était donc pas laissée à l’aventure; Jonathas, qui avait en vue le bien de son peuple,comptait que Dieu daignerait montrer sa volonté en fournissant le signe indiqué par lui. Gédéon avait agi demême avant de partir en guerre contre les Madianites.Jud., vi, 36-40. Ce n'était pas là tenter Dieu. Voir Gédéon, col. 147. Les deux jeunes gens se portèrent aussitôten avant, à l’insu de Saul. «Voici les Hébreux qui sortent des cavernes où ils s'étaient cachés,» dirent lesPhilistins en les apercevant au bas de la vallée. Ceuxdu poste avancé leur crièrent pour se moquer d’eux: «Montez donc, nous avons quelque chose à vous fairesavoir.» C'était le signe attendu de Dieu. Jonathas etson écuyer se mirent, sans être vus, à escalader les rochers, tombèrent tout d’un coup sur le poste des Philistins, qui ne s’attendaient pas à pareille audace, et leurtuèrent une vingtaine d’hommes. La panique se répanditaussitôt parmi les ennemis campés à Machmas, et gagnaceux qui pillaient dans les environs. Les sentinelles deGabaa s’aperçurent du désordre et avertirent Saul, quiconstata l’absence de Jonathas et de son écuyer. On consulta à la hâte le Seigneur; mais le tumulte augmentant dans le camp des ennemis, Saul s'ébranla avec lessiens et vit que les Philistins se combattaient les unsles autres dans une confusion extrême. Les Israélitesqui se trouvaient au milieu d’eux, peut-être à titre de serviteurs ou de marchands, se mêlèrent aux nouveaux arrivants; ceux qui s'étaient cachés dans la montagne arrivèrent à leur tour, et tous ensemble poursuivirent lesPhilistins d’abord du côté de Béthaven. Voir Béthaven, t. 1,col. 1666. La journée fut rude. Pour activer la poursuite,Saul avait fait jurer à ses hommes que personne neprendrait aucune nourriture avant que la vengeancecontre les ennemis ne fût complète. On dut passerpar une forêt dans laquelle des essaims d’abeilles avaientfait leur miel au creux des arbres et des rochers. Letrop plein des ruches coulait abondamment, mais personne n’y toucha. Jonathas, qui ne savait rien du serment imposé par son père, en prit à l’extrémité d’unbâton et le porta à ses lèvres, ce qui servit à le ranimeraprès tant de fatigues. Quelqu’un lui fit observer qu’ilcontrevenait au serment. Il répondit en blâmant l’actede Saul, qui contribuait plutôt à affaiblir les hommes età ralentir la poursuite. Les Philistins s’enfuyaient naturellement du côté de leur frontière. Quand ils furentarrivés à Aialon, à plus de trente kilomètres à l’ouest deMachmas, voir Aialon, t. i, col. 296, les Israélites, absolument exténués, tombèrent sur le butin abandonné làpar les fuyards, tuèrent les animaux et mangèrent à lahâte, sans que tout le sang eût été séparé de la chair.La loi défendait de manger le sang. Levit., iii, 17. Sanstenir compte de la nécessité extrême, Saul s’opposa àcette infraction, et obligea ses hommes à préparer leurnourriture d’une manière plus conforme à la loi. Lanuit était venue. Le roi voulait se remettre en route surle-champ pour exterminer tous les ennemis. Le Seigneurconsulté ne répondit pas. Saul interpréta ce silencecomme l’indication d’une faute commise. Il promit demettre à mort le coupable, fût-il son fils. On tira ausort. Le sort désigna Saul et Jonathas, puis Jonathasseul. Celui-ci dit aussitôt: «J’ai goûté un peu de mielau bout du bâton que j’avais à la main; me voici, jemourrai.» Saul proclama qu’il en serait ainsi. Mais alorstoute l’armée se récria, en rappelant qu'à Jonathas étaitdue la délivrance d’Israël, et que Dieu même avait combattu avec lui. Saul dut l'épargner et arrêter là sa poursuite contre les Philistins. I Reg., xiil, 2-xiv, 46. Saûlavait été souverainement imprudent en exigeant de seshommes le serment de ne rien prendre avant la victoire

complète, et la remarque faite à ce sujet par Jonathasétait fort judicieuse. Quant au silence du Seigneur, ilne pouvait accuser Jonathas qui, en réalité, n’avait commis aucune faute, puisqu’il ne connaissait pas le sermentpaternel. Ne désapprouvait-il pas, au contraire, Saullui-même dans son acharnement à poursuivre ses ennemis jusque sur leur territoire, où ils auraient pu seretourner avec avantage contre lui? Il est vrai que lesort, dirigé par le Seigneur, désigna Jonathas; maiscette désignation devait être sans conséquence, grâce àl’intervention de l’armée.

Quand le jeune David parut à la cour de Saûl, aprèsson combat contre Goliath, Jonathas s'éprit pour luide la plus vive affection: «L'âme de Jonathas s’attachaà l'âme de David, et Jonathas l’aimait comme son âme.» En preuve de son amitié, Jonathas donna à David sonmanteau, ses vêtements, son épée, son arc et sa ceinture.I Reg., xviii, 1-4. Il lui montra son dévouement dansles circonstances les plus délicates. Quand Saul, enproie à l’esprit du mal, parla de faire mourir David,Jonathas avertit son ami et réussit ensuite à changer lecours des idées de son père, de sorte que David putrevenir à la cour. I Reg., six, 1-7. Mais bientôt après,Saùl fut repris de ses accès de fureur et partit à lapoursuite de celui qu’il regardait comme un ennemi.David put joindre Jonathas, auquel il se plaignit de cettepersécution imméritée. Il lui paraissait presque impossible d'échapper à un si puissant adversaire. «Entre lamort et moi, dit-il, il n’y a qu’un pas.» On était à laveille de la néoménie, et, à cette occasion, il devaitprendre part au festin royal. Il déclara qu’il s’abstiendrait et pria Jonathas de l’avertir de l’effet que sonabsence produirait sur Saul. «Puisque nous avons contracté amitié l’un avec l’autre, ajouta-t-il, si je suiscoupable, ôte-moi la vie toi-même plutôt que de memener à ton père.» Jonathas promit de l’informer desdispositions du roi et convint avec lui d’un signal destinéà les lui faire connaître. Saul ne dit rien le jour de lanéoménie; mais le lendemain, loin de se contenter desexcuses que lui présentait son fils de la part du fugitif,il s’emporta avec violence et lui dit: «Fils pervers etrebelle, ne sais-je pas que tu as comme ami le fils d’Isaï,pour ta honte et la honte de ta mère? Envoie-le chercher et qu’on me l’amène, car il est digne de mort.» Et il s’efforça de le frapper de sa lance. Le lendemainmatin, Jonathas alla aux champs, près de l’endroit oùDavid se tenait caché. Il avait son carquois et s'étaitfait accompagner d’un enfant. «Cours, dit-il à celui-ci,et trouve les flèches que je vais tirer.» Il tira bien aude la de l’enfant et lui cria: «La flèche n’est-elle pasplus loin que toi?» C'était le signal convenu pourannoncer la colère implacable de Saul. L’enfant partisans se douter de rien, David se montra et se prosternadevant Jonathas. Tous deux s’embrassèrent et pleurèrentensemble. Jonathas protesta de nouveau de son inaltérable amitié et ensuite ils se quittèrent, l’un pour rentreren ville, l’autre pour se mettre à l’abri de la vengeancedu roi. I Reg., xx, 1-43.

Poursuivi par Saul, David se trouvait un jour dansune forêt du désert de Ziph, un peu au sud d’Hébron.Voir Ziph et la carte de Juda. Jonathas accompagnaitson père, surtout dans le dessein de veiller sur les joursde son ami. Il alla trouver David dans la forêt et, pourl’encourager au milieu de tant d'épreuves, il lui dit cesnobles paroles: «Ne crains rien, la main de Saul, monpère, ne t’atteindra pas. Tu régneras sur Israël, et moije serai le second auprès de toi. Saul, mon père, le saitbien, n Saul et Jonathas avaientils été informés dusacre de David? I Reg., xvi, 13. Il n’est pas nécessairede le supposer pour justifier les paroles de Jonathas.Samuel n’avait-il pas dit publiquement à Saul: «JéhovahI déchire aujourd’hui de sur toi la royauté d’Israël et il laI donne à un autre qui est meilleur que toi?» I Reg.,

xv, 28. La suite des éVénemenfs montrait assez que cetautre ne pouvait être que David. Jonathas, qui se rendCompte des desseins de la Providence, n’aspire pas à lasuccession de son père. Avec une abnégation qu’inspirentl’élévation de son caractère et la profondeur de sonaffection, il sera heureux d’occuper le second rang auprèsde son ami. I Reg., xxiii, 16-18. Voir David, t. ii,col. 1312-1314. Dieu ne permit pas que ce vœu fût réalisé.Dans une bataille livrée aux Philistins sur les montsde Gelboé, voir Gelboé, col. 156, Saul périt avec sestrois fils. Les habitants de Jabès en Galaad vinrentprendre les cadavres et les ensevelirent. I Reg., xxxi,1-13.

En apprenant la mort de Saul et de Jonathas, Davidéprouva la plus amère douleur. Il prit le deuil avecses compagnons et jeûna tout le jour. Il composa enl’honneur des deux héros un chant funèbre dans lequelil consacrait à Jonathas les plaintes les plus touchantes.II Reg., i, 11-27:

taine de Rogel. Ils partirent sur-le-champ. Trahis parun enfant et poursuivis par ordre d’Absalom, ils se cachèrentà Bahurim dans une citerne et purent enfin communiquerleur message au roi fugitif, qui, instruit desplans de son fils, s’empressa de traverser le Jourdain.II Reg., xvii, 15-22. —2° Jonathas reparaît dans une secondecirconstance. Le jour du sacre de Salomon, cefut lui qui annonça à Adonias et à ses partisans qui voulaientl’élever sur le trône que le peuple venait d’acclamerle nouveau roi. III Reg., i, 42-49. C’est le dernierdescendant du grand-prêtre Héli dont l’histoire fassem*ntion.

L’arc de Jonathas n’a jamais reculé,

Et l’énée de Saul ne revenait pas à vide.

Saul et Jonathas, aimables et chers pendant leur vie.

N’ont pas été séparés dans leur mort.

Ils étaient plus légers que les aigles,

Ils étaient plus lorts que les lions…

Je pleure sur toi, Jonathas, mon frère!

Toi, mes délices, toi, dont l’amour pour moi

Était plus grand que l’amour des femmes.

David ne s’en tint pas là. Devenu roi, il recherchas’il n’existait plus personne de la famille de Saul, afinde pouvoir faire du bien aux survivants, en souvenir deJonathas. Un ancien serviteur de Saul, Siba, lui dit qu’ilrestait un fils de Jonathas, appelé Miphiboseth. C’étaitun pauvre enfant qui était tombé des bras de sa nourricele jour où celle-ci, à la mort de Saul et de Jonathas,s’enfuit précipitamment en emportantMiphiboseth, alorsâgé de cinq ans. Dans sa chute, l’enfant se blessa auxdeux pieds et en demeura estropié pour toute sa vie.Il Reg., iv, 4. David le fit venir, lui annonça qu’il luirendrait tous les biens de son père et ferait de lui son- commensal. En même temps, il attacha Siba et les siensau service de l’enfant. II Reg., ix, 1-13. Voir Miphiboseth.Quand, plus tard, les Gabaonites réclamèrent la mortdes descendants de Saûl, David fit épargner Miphiboseth,toujours à cause de Jonathas. À cette occasion, il allaprendre à Jabès de Galaad les restes de Saul et de Jonathas,et les fit ensevelir dans le pays de Benjamin, àÇêia’ou Séla, Jos., xviii, 28, dans le sépulcre de Cis,père de Saul. II Reg., xxi, 7-14.

Il est peu de figures plus touchantes et plus sympathiquesque celle de Jonathas. Sa jeunesse, son intrépidité,sa loyauté, son désintéressem*nt, sa générosité,son dévouement pour le peuple, faisaient de lui déjà unprince accompli. Ses qualités de cœur et son inébranlableamitié pour David le mettent hors de pair. Cetteamitié, née au moment où le fils d’Isaf était en faveur,survécut à sa disgrâce, s’accrut avec les épreuves deDavid, brava les menaces injustes de Saul, et l’emportamême sur l’ambition légitime que pouvait avoir Jonathasde succéder à son père. Jonathas n’aimait pas pourlui-même. Sa mort tragique ne fit que rendre son souvenirplus cher à David et sa vertu plus admirable à lapostérité. H. Lesètbe.

    1. JONATHAS (hébreu Yehôndtân)##


2. JONATHAS (hébreu Yehôndtân), fils du grandprêtreAbiathar. Il fut un fidèle serviteur de David.1° Pendant la révolte d’Absalom, il fit connaître à sonmaître les projets des révoltés et contribua ainsi à lesdéjouer. David, avec beaucoup d’habileté, avait chargéJonathas et quelques autres de cette mission. II Reg.,xv, 36. Abiathar et Sadoc, que renseignait Chusaï, transmirentpar une servante les nouvelles à leurs fils, Jonathaset Achimaas, qui se tenaient cachés près de la fon3. JONATHAS (grec: ’ItovotSav 6 êroxaXou|iSvo<; ’Atiçojç; Vulgate: Jonathan qui cognominabatur Apphus;Jonathas; la Vulgate l’appelle partout Jonathas,exceptéIMach., 11, 50), Ie plus jeune des filsde Mathathias.Il portait le surnom d’Apphus, en hébreu hapsûs, c’est-à-direle rusé. I Mach., ii, 5. Voir Apphus, 1. 1, col. 799.Après la défaite et la mort de Judas Machabée, ses partisansélurent pour leur chef son lrère Jonathas. IAIach.,IX, 23-31; Josèphe, Ant.jud., XIII, I, 1. Il resta quelquetemps dans l’inaction, attendant une circonstance favorable.II chercha tout d’abord à meltre en sûreté ses,biens personnels, en les confiant à son frère Jean, quidevait les transporter dans le pays ami des Nabuthéens.Jean fut attaqué en route par les fils de Jambri (col. 1115)et mis à mort. Jonathas et Simon le vengèrent, en attaquantles fils de Jambri pendant des fêtes nuptiales. Uncertain nombre de ces brigands furent tués et le restes’enfuit dans les montagnes. Voir Jean Gaddis, col. 1153.A leur retour, Jonathas et sa troupe furent assaillis, surles bords du Jourdain, par Bacchide et une armée syrienne;ils coururent les plus grands dangers et nes’échappèrent qu’en traversant le Jourdain à la nage.I Mach., ix, 32-43; Josèphe, Ant. jud., XIII, i, 2-4.Voir Bacchide, t. i, col. 1373. — Jonathas ne putempêcher Bacchide d’établir fortement la dominationsyrienne en Judée. Le premier livre des Machabées nenous dit presque rien de Jonathas pendant cette période,qui va de l’an 160 à l’an 153 avant J.-C. Il nous apprendseulement qu’en 158 le parti juif favorable aux Grecsavertit le roi de Syrie que Jonathas et ses partisans sepréparaient à un soulèvement. Bacchide fut envoyé denouveau avec une armée nombreuse pour les détruire,Le général syrien essaya en vain d’assiéger Simon dansBethbessen, t. i, col. 1667, et il ne put empêcher Jonathasde ravager le pays. Il accepta la paix que lui offritce dernier, el regagna la Syrie. I Mach., IX, 57-72;Josèphe. Ant.jud., XIII, i, 5-6. Ce traité affermit la puissancede Jonathas qui, de Machmas où il habitait, gouvernale peuple d’Israël et extermina les impies. I Mach.,ix, 73; Josèphe, Ant. tud., XIII, i, 6. Après la mortd’Antiochus IV Épiphane, Alexandre Balas, qui se faisaitpasser pour son fils, disputa le trône à Démétrius ets’empara de Ptolémaide. Démétrius essaya de gagnerJonathas à son parti et lui promit un agrandissem*ntà sa puissance. Il lui reconnut le droit de réunir unearmée et de fabriquer des armes, deux choses absolumentinterdites jusque-là aux Juifs par les Syriens. Jonathasvint à Jérusalem; on lui rendit les otages que retenait lagarnison de la citadelle, et il les remit à leurs parents.Maître de la ville, il en restaura les murs et fortifia Sion.Les étrangers qui occupaient les places fortes bâties parBacchide s’enfuirent; quelques-uns seulement restèrentà Bethsur (t. i, col. 1746), qui leur servit de retraite.I Mach., x, 1-14; Josèphe, Ant. jud., XIII, ii, 1. Cetteplace et la citadelle de Jérusalem étaient donc désormaisles seules possessions syriennes en Judée. De son côté,Alexandre Balas se préoccupa d’attirer à lui Jonathas etles Juifs. II écrivit à Jonathas une lettre dans laquelle ill’appelait son frère, lui conférait le titre de grand-prêtreet d’ami du roi. En même temps, il lui envojait la pourC22

pre et une couronne d’or et lui demandait son amilié.I Mach., x, 16-20; Joséphe, Ant. jud., XIII, ii, 2-3.Alexandre se montrait ainsi plus libéral que Démétrius,et ce tut à lui que se rallia Jonatbas. VoirAlexandre Balas, t. i, col. 348. Il revêtit les insignesde grand-prêtre le jour de la fête des Tabernacles, lequinzième jour du septième mois de l’an 160 de l’èredes Séleucides, c’est-à-dire à l’automne de 153 avant J.-C.

I Mach., x, 21. Cette nouvelle attrista Démétrius, quirésolut de surenchérir sur les offres de son adversaire.

II promit une large exemption d’impôts, la reconnaissancede Jérusalem comme ville libre, l’abandon de lacitadelle au grand-prêtre, la liberté sans rançon de tousles Juifs faits prisonniers dans les guerres précédentes,l’exemption de taxes et de corvées pour tous les Juifstous les jours de fête et durant les trois jours qui précèdentet les trois jours qui suivent. Personne, pendantce laps de temps, ne pourra les inquiéter, c’est-à-direles traduire en justice, les faire emprisonner, etc.Trente mille Juifs seront enrôles dans les armées duroi, établis en partie dans ses forteresses et soldés parlui. Quelques-uns d’entre eux seront appelés à prendrepart à la direction des affaires du royaume et placésdans des postes de confiance. La liberté leur est assuréede pratiquer leur loi. Ainsi les édits d’Antiochus Épiphaneseront rapportés. Les trois villes de Samarie annexéesà la Judée feront partie de cette province et obéirontau grand-prêtre. Démétrius fait don de Ptolémaïdeet de son territoire au Temple de Jérusalem pour lesdépenses du sanctuaire. C’était un don précieux, maisla ville était au pouvoir d’Alexandre Balas. Démétriuspensait exciter par là les Juifs à la conquérir sur soncompétiteur. Il y ajoutait un présent annuel de quinzemille sicles d’argent, soit plus de deux millions sur lesrevenus royaux, le montant des sommes dues au trésorroyal; enfin, les cinq mille sicles d’argent prélevés jusquelàpar le roi sur les revenus du sanctuaire seront désormaisabandonnés aux prêtres. De plus, le temple deJérusalem et son territoire jouiront du droit d’asile,personne ne pourra saisir les biens de ceux qui s’y serontréfugiés tant qu’ils y demeureront; la restaurationdu Temple et des murailles de Jérusalem sera faite auxfrais du roi. I Mach., xii, 24-45; Josèphe, Ant. jud., XIII,il, 3. Ces promesses étaient magnifiques, mais Jonathasn’y ajouta pas foi, car il se souvenait du mal fait parDémétrius aux Juifs. Il se rangea au parti d’AlexandreBalas et lui resta fidèle jusqu’à la fin. Alexandre triomphade Démétrius, qui périt dans la défaite qu’il essuya.I Mach., x, 45-59; Josèphe, Ant. jud., XIII, ii, 4; Polybe,m, 5; Justin, xxxv, 1, Appien, Syriac, 67. L’annéemême de sa victoire, 150 av. J.-C, Alexandre eut l’occasionde montrer sa reconnaissance à Jonathas, etde lui accorder des honneurs. Il invita le prince juit àassister à son mariage avec Cléopâtre, fille de PtoléméeVI Philométor. Quelques Juifs renégats, mécontentsde voir Jonathas si avant dans la faveur du roi, le calomnièrentauprès de lui; mais, loin de les écouter,Alexandre lit de riches présents au prince machabée, lefit revêtir de la pourpre et asseoir auprès de lui; il luidonna le titre d’ami du roi, de stratège, c’est-à-dire dechef militaire, et de méridarque, c’est-à-dire de gomerneurcivil probablement de la province de Judée. I Mach.,x, 59-65; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 1-2. Jonathasrevint joyeux à Jérusalem, mais il fut bientôt obligé decombattre contre Apollonius, général de Démétrius II,fils de celui qu’avait vaincu Alexandre Balas. Apollonius,au nom de son maître, provoqua Jonathas à une batailledans la plaine. Celui-ci, à la tête de dix mille hommeset secondé par son frère Simon, alla camper près deJoppé et assiégea cette ville. Malgré la garnison syrienne,les habitants lui ouvrirent les portes. Apollonius furieuxse dirigea vers Azot, ville du pays des Philistins, et engageala lutte dans la plaine. Jonathas sut habilement

déjouer les embûches d’Apollonius, remporta sur luiune éclatante victoire, détruisit Azot et le temple dede Dagon, et revint à Jérusalem chargé de riches dépouilles.I Mach., x, 66-87; Josèphe, Ant. jud., XIII,iv, 34. Voir Apollonius, t. i, col. 775; Démétrius 2,t. ii, col. 1362; Azot 1, t. i, col. 1307; Dagon, t. ii,col. 1204. En reconnaissance du secours qu’il lui avaitdonné par cette campagne, Alexandre lui donna l’agrafed’or que portaient les parents du roi et la ville d’Accaronavecson territoire. IMach., x, 88-89; Josèphe, Ant.jud., XIII, IV, 4. Voir Accaron, 1. 1, col. 105.

Peu après, Ptolémée VI tenta de s’emparer duroyaume d’Alexandre Balas; il s’avança à travers laSyrie et toutes les villes lui ouvrirent leurs portes parcequ’Alexandre avait donné ordre de le bien recevoir,puisqu’il était son beau-père. Les habitants d’Azot luimontrèrent les ruines de leur cité et celles du templede Dagon, brûlé par Jonathas, afin d’exciter sa colèrecontre lui, mais Ptolémée resta indifférent. Il reçutbien Jonathas, qui vint au-devant de lui à Joppé et rentraà Jérusalem, après avoir accompagné le roi d’Egyptejusqu’au fleuve Éleuthère. IMach., xi, 1-7; Josèphe, Ant.jud., XIII, iv, 5-7. Après la défaite et la mort d’Alexandre,suivie bientôt de celle de son vainqueur, Ptolémée VI,Démétrius II régna sur la Syrie. Jonathas essaya alorsde s’emparer de la citadelle de Jérusalem. Démétrius,averti par les Juifs apostats, enjoignit à Jonathas delever le siège et devenir le trouver. Celui-ci, sans cesserl’attaque, se rendit à l’invitation du roi de Syrie, porteurde magnifiques présents et accompagné de prêtreset d’anciens d’Israël. L’entrevue eut une heureuseissue. Loin d’écouter les accusations des adversaires deJonathas, Démétrius le traita avec honneur, le confirmadans le souverain pontificat et lui donna le titre depremier des amis du roi. Le prince juif obtint de plusl’immunité de la Judée, des trois provinces annexées etde la Samarie, la promesse de trois cents talents, c’est-à-direde deux millions cinq cent cinquante mille lrancs.Le roi confirma toute ses promesses dans une lettre oùil proclamait son amitié avec les Juifs. I Mach., xi, 2037; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 9. Cette attitude deDémétrius s’explique par la crainte qu’avait ce prince deperdre son trône. Jonathas profita d’une nouvelle révoltesuscitée contre Démétrius par Diodote Tryphon pourdemander au roi de Syrie de retirer les garnisons quirestaient encore dans la citadelle de Jérusalem et dansles forteresses, parce qu’elles attaquaient souvent lesJuifs. Démétrius non seulement le lui accorda, maisencore lui promit de nouveaux honneurs, mais, en mêmetemps, il lui demanda un contingent de troupes. Jonathasenvoya à Antioche 3000 hommes qui sauvèrent leroi, lors de la révolte de cette ville contre lui, et mirenttout à feu et à sang. Ils revinrent à Jérusalem, chargésde dépouilles, après que la ville eut fait sa soumission.I Mach., xi, 41-51; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 2-3.Sorti du danger, Démétrius manqua à sa parole. Il nejouit, du reste, pas longtemps de son triomphe. Tryphonle renversa peu après du trône et le remplaça par lejeune Antiochus VI. Ce prince confirma Jonathas dansson suprême sacerdoce, dans le gouvernement des quatrenomes, la Judée, Aphæréma, Lydda et Ramathaim, ou,suivant Josèphe, Accaron. Il lui envoya, pour son propreusage, des vases d’or, un manteau de pourpre et uneagrafe d’or. Il établit son frère Simon gouverneur dupays qui s’étend depuis les limites de Tjr jusqu’auxfrontières d’Egypte. I Mach., xi, 57-59; Josèphe, Ant.jud., XIII, v, 3-4. Voir Antiochus, 5, t. i, col. 703.Jonathas traversa alors le Jourdain avec une arméegrossie des troupes syriennes. Ascalon se soumit spontanémentà lui, Gaza lui livra des otages; il parcourutainsi tout le pays jusqu’à Damas. I Mach., xi, 60 62;Joséphe, Ant. jud., XIII, v, 5. Là, il apprit que les générauxde Démétrius l’attaquaient avec une armée nom

breuse à Cadès en Galilée, et voulaient l'écarter desaffaires. Laissant son frère Simon en Judée, il marchavers le pays appelé l’eau de Génésar, c’est-à-dire vers lelac de Génésareth, et, avant le jour, pénétra dans laplaine d’Azor (ou Asor). Une partie de son armée prit lafuite, effrayée par l’apparition soudaine de troupessyriennes, placées en embuscades. Après avoir déchiré sesvêtements et mis de la terre sur sa tête, il pria, puis revintau combat, et mit les Syriens en déroute. Témoins de cesuccès, ceux des Juifs qui avaient fui revinrent sur leurspas et, tous ensemble, poursuivirent les Syriens jusqu'àCadès. Trois mille étrangers périrent ce jour-là, et Jonathas revint à Jérusalem. I Mach., xi, 63-74; Josèphe, Ant.jud., XIII, v, 6-7. Voir Asor 1, t. i, col. 1106; Cades 2,t. ii, col. 22; Génésar 1, col. 173. Jonathas, pour affirmerson indépendance, chercha à se créer des alliances. Ilenvoya une ambassade à Rome et une autre à Lacédémone. Il parait, d’après les instructions et les lettresconfiées aux ambassadeurs, que les Juifs étaient déjà enrelations d’amitié avec Rome et avec Lacédémone. L’unet l’autre pays répondirent favorablement aux avancesqui leur furent faites. I Mach., xil, 1-23; Josèphe, Ant.jud., XIII, v, 8; cf. xii, iv, 10. Voir Arius, t. i, col. 965;Rome; Lacédémoniens, t.'iv, col. 7.

Cependant, Jonathas apprit que les généraux deDémétrius rentraient en campagne avec une armée plus nombreuse, il marcha contre eux jusqu’au pays d’Amathite.Voir Amathite, t. i, col. 447. Grâce à ses espions, ilfut informé du projet qu’ils avaient de le surprendre.Le voyant sur ses gardes, les ennemis s’enfuirent. Jonathas les poursuivit, mais ils passèrent le fleuve Éleuthèresans qu’il pût les' atteindre. Voir Éleuthère, t. ii,col. 1664. Il attaqua ensuite et mit en déroute les ArabesZabadéens. Il revint à Damas chargé de leurs dépouilles.I Mach., xii, 24-33; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 10-11.Voir Arabes, t. i, col. 830. De retor- à Jérusalem, ilassembla les anciens du peuple et, de concert avec eux,résolut de bâtir des forteresses dans la Judée. Ce futalors qu’il éleva un mur d’une grande hauteur entre lacitadelle et la ville. Ce mur porta le nom de Caphététha.I Mach., XII, 35-37. Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 10-11.Voir Caphététha, t. ii, col. 210. Peu après, Tryphonrésolut de supplanter le jeune Antiochus VII, filsd’Alexandre Balas, et de s’emparer du trône. Craignantque Jonathas ne s’opposât à son dessein, il chercha às’emparer de lui pour le mettre à mort. Il se rendit pourcela à Bethsan; Jonathas vint à sa rencontre avec40000 hommes d'élite. Tryphon eut peur à la vue decette armée considérable et, changeant de tactique, ilreçut Jonathas avechonneur et ordonna à sa proprearmée d’obéir au prince juif comme à lui-même. Il fità Jonathas un reproche amical de fatiguer inutilementson peuple comme s’ils étaient en guerre l’un contrel’autre, lui persuada de renvoyer son armée en ne gardant avec lui que quelques hommes, il l’engagea à venirà Ptolémaide (voir Accho. t. i, col. 108), qu’il voulait luilivrer en même temps que les autres forteresses, lestroupes royales et les fonctionnaires de ces villes. Jonathas ajouta foi à ce langage perfide. Il retint d’abordauprès de lui 3000 hommes, puis en renvoya encore20C0 en Galilée et n’en garda définitivement que 1000.Dès qu’il fut entré à Ptolémaide, les habitants de cetteville fermèrent les portes, s’emparèrent de Jonathas etmassacrèrent son escorte. Trjphon poursuivit les2000 hommes que venait de renvoyer Jonathas, maisceux-ci, grâce à leur courage héroïque, parvinrent àrentrer en Judée. La capture de Jonathas causa danstout Israël une profonde consternation. On le crut mort,et les nations voisines s’apprêtèrent à écraser la nationprivée de son chef. I Mach., xii, 35-54; Josèphe, Ant.jud., XIII, v, 10; vi, 3. Simon, frère de Jonathas, ranimales courages et le peuple juif le choisit pour chef à laplace du prisonnier. Tryphon, apprenant que Simon

avait remplacé Jonathas, lui envoya dire qu’il ne retenaitson frère qu'à cause de l’argent que celui-ci lui devait.II demandait cent talents d’argent et ses deux fils enotage. Simon ne fut pas dupe de ce mensonge; il envoyanéanmoins l’argent pour ne pas attirer sur les Juifs lacolère du général syrien et ne pas avoir la responsabilitéde la mort de Jonathas. Tryphon manqua à sa parole,garda Jonathas et marcha contre les Juifs. Arrivé prèsde Bascama (t. i, col. 1490), il mit à mort Jonathas etses fils. Simon recueillit les ossem*nts de son frère etles ensevelit à Modin, la ville de ses pères. Les Juifspleurèrent leur vaillant chef pendant longtemps. Letombeau où reposa Jonathas avec son père et ses frèresfut digne d’eux. C'était un édifice élevé et qu’on apercevait de loin. Il était bâti avec des pierres blanches, polies de tous côtés. À l’entour, se dressaient de hautescolonnes surmontées de trophées d’armes. Près desarmes, étaient sculptés des navires, et l’ensemble pouvait se voir de la mer. Ce monument existait encore dutemps de Josèphe, c’est-à-dire au premier siècle aprèsJ.-C. I Mach., xiii, 1-30; Josèphe, Ant. jud., XIII, vi,1-5; Revue archéologique, 1872, p. 265. Cf. E. Schurer,Geschichte des Jùdischen Volkes im Zeitalter JesuChristi, in-8°, Leipzig, 1890, t. i, p. 156, 174-190.

E. Beurlier.

    1. JONATHAS##


4. JONATHAS, fils d’Absolom ou Absalom, I Mach.,xiii, 11 (voir Absalom 2, 1. 1, col. 99), et frère de Mathathias. I Mach., xi, 70. Simon Machabée l’envoya à Joppé,déjà occupée par les Juifs, I Mach., xii, 33, avec destroupes nouvelles et il y resta après avoir chassé de laville les habitants sur la fidélité desquels il ne pouvaitcompter. I Mach., xiii, 11.

    1. JONATHAS##


5. JONATHAS, prêtre qui vivait du temps de Néhémie et qui est peut-être le Jonathan de IIEsd., xii, 11.Voir Jonathan 10, col. 1615. Lorsque Néhémie eutretrouvé le feu sacré, il fit un sacrifice solennel enaction de grâces. Pendant cette cérémonie, tous lesprêtres firent des prières, «Jonathas commençait et lesautres répondaient.» II Mach., i, 23. «Ce passage, ditC. L. W. Grimm, Dàs zweite Buch der Maccabder,1857, p. 45, contient le seul exemple d’un sacrificeaccompagné d’une prière publique solennelle.»

1. JONC. 1° Hébreu: 'agmôn, Is., IX, 13; XIX, 15,lviii, 5; Septante: [it’xpo;, Is., ix, 13; tlXo;, Is., xix, 15;xpixoç, Is., lviii, 5; Vulgate: refrxiians, Is., ix, 13;xlx, 15; circulus, Is., lviii, 5. — 2° Hébreu: 'âhû, Gen.,xli, 2, 18; Job, viii, 11; Septante: à/ei, Gen., xli, 2,18; PoÛtohov, Job, VIII, 11; Vulgate: loci palustres, inpastu paludis virecta, Gen., xli, 2, 18; carectum, Job,vin, 11. — 3° Hébreu: gômé', Exod., ii, 3; Job, viii, 11;Is., xxxv, 7; Septante: Dioç, Exod., ii, 3; Is., xxxv, 7;jtâitupoç, Job, viii, 11; Vulgate: scirpea, scirpus, Exod.,il, 3; Job, viii, 11; juncus, Is., xxxv, 7. — 4° Hébreu:sûf; Exod., ii, 3, 5; Is., xix, 6; Septante: êXoç, Exod.,il, 3, 5; xâ7uupo{, Is., xix, 6. —5° Hébreu: 'ârôf; Septante: ây_i; Vulgate: nudabitur, Is., xix, 7. — L’Ecclésiastique, xl, 16, parle de mmip, mot traduit par lesSeptante ax el > (Vulgate: viriditas). — Plante herbacéecroissant dans les marais ou sur le bord des eaux.

I. Description.

Sous ce nom l’on désigne vulgairement les herbes vivaces, dures, parfois coupantes ouacérées, qui habitent les marécages. Elles appartiennentsoit au véritable Juncus, soit à la famille voisine desCypéracées. Mais tandis que les vrais joncs ont unefleur pourvue d’un périanthe régulier à six divisions,cette enveloppe florale manque aux diverses Cypéracéesou s’y trouve remplacée par de simples soies.

1° Certaines espèces de joncs sont spéciales aux bordsde la mer ou ne se retrouvent à l’intérieur des terresque près des sources salées. Elles se distinguent, enoutre, à la rigidité de leurs chaumes terminés en pointe

vulnérante: tels sont le Juncus maritimus Lamark etle J. aculus Linné, ce dernier à Heurs rapprochées entètes et entremêlées de bractées saillantes. D’autres ontleurs feuilles articulées et comme pourvues de nodosités internes le long du limbe, comme le Juncus lamprocarpus Ehrardt. Enfin les plus communs ont leursleuilles réduites à des écailles brunes tout à la base deschaumes. Ils comprennent le Juncus glaucus Linné!(fig. 277) à tige striée, de couleur glauque et que sa souplesse permet d’utiliser comme liens sans se rompre,avec les deux formes souvent confondues sous le nomde Juncus communis, mais que Linné distinguait déjàspécifiquement pour la forme de leur inflorescencelâche et étalée chez le J. effusus (fig. 278), arrondie etcontractée dans le J. canglomeratus.2° Les Cypéracées ont aussi un chaume raide et

2T7. — Juncus glaucus. 278. — Juncus effusus.

coriace, que leur pauvreté en substances alimentairesplace au-dessous de toutes les autres herbes des prairies:elles peuplent les pâturages bas et humides où leuraspect d’un vert sombre et noirâtre les fait souvent reconnaître à distance. De même que chez les Graminéesles tleurs rapprochées en épillet n’ont point d’autres enveloppes protectrices que de simples bractées ou glumes;leurs feuilles sont engainantes à la base et terminées parun limbe étroit, allongé et parcouru dans sa longueurpar de fines nervures parallèles. Mais leur chaume esttriquètre et souvent à angles coupants, leurs feuilles surtrois rangées verticales au lieu d'être distiques, avecune gaine entière, c’est-à-dire sans fente longitudinaleLes Cyperus se reconnaissent à leurs épillets distiques. Le style est bifide chez le Cyperus lœvigatusLinné, auquel on rattache comme variété le Ci distachyus d’AUioni à épillets seulement plus longs et moinsnombreux. Partout ailleurs l’ovaire est trigone et terminé par un stigmate à trois branches, notamment chezle C. Papyrus dont la tige découpée en lames mincesfournissait le papier des anciens et près duquel serangent un certain nombre de types également vivacespar leur rhizome, à chaume élancé et qui abondent de

nos jours encore dans les marais de la Palestine et del’Egypte. C. longus, fig. 279, et C. rotundus de Linné.— De ce nombre encore est le C. esculentus (fig. 280)dont le collet de la racine produit des fibres renfléesà leur extrémité, et ainsi transformées en tuberculesalimentaires de forme arrondie. — Enfin, de nombreusesespèces de Cypéracées, appartenant aux genres Scirpus,Sclttenus, Cladium et surtout Car ex, sont désignéesavec les précédentes sous le nom vulgaire de jonc pourl’aspect général, la consistance coriace de toutes leursparties, leurs mauvaises qualités comme plantes fourragères, et enfin pour leur habitation dans les lieuxhumides. À ces caractères le Scirpus Holoschœnus join',même une souplesse de tige qui ne le cède en rien auxjoncs les plus flexibles. Quant au Butomus umbellatus,vulgairement jonc fleuri, c’est une plante toute différente portant une cyme terminale, de larges fleurs roses,et qui descend à peine des régions septentrionales jusqu’aux limites de la Syrie. F. Hy.

II. Exégèse.

i. noms et identification. — Diversnoms rendent en hébreu ce que nous désignons communément sous le nom vulgaire de joncs:

1° 'Agmôn, comme l’insinue l'étymologie Çâgam,marais), est une plante de marais. Is., lvhi, 5. DansJer., li, 32, le terme 'âgammim (pluriel de 'àgam)désigne des lieux plantés de joncs ou de roseaux, juncetum, arundinetum. «Les jonchaies sont brûlées.» Cette plante des marais est une petite plante, croissantdans les lieux bas, puisqu’on la met en opposition avecles hautes branches du palmier, «Yagmôn et le palmier,» Is., IX, 13; xix, 15, pour signifier métaphoriquement les petit* et les grands. Les Septante n’ontrendu que l’idée générale, Is., ix, 13, jj.! xpo; ; pour laVulgate elle n’a pas saisi le sens et a traduit par refrsenans. Is., ix, 13; six, 15. Un passage d’Isaie, lviii, 5,nous invile à voir dans Vagmôn une plante flexibles’inclinant facilement au moindre souffle de vent. Tousces caractères marquent bien une plante comme lejonc ou le roseau, mais sans déterminer entre l’une oul’autre. Peut-être le nom convient-il aux deux. Cependant un texte de Job, xl, 26 (Vulgate, 21) fait plutôtpenser au jonc: car il s’agit d’une herbe, d’une plantepouvant servir de corde, de lien: aussi les Septanteont-ils justement rendu ici 'agmôn par sxoïvo;. 'Agmôndésigne donc plutôt le jonc.2° 'Afyâ est un mot d’origine égyptienne, d’une racine

J^ J^. ® ij|, , a/ioiFi, «verdir;» J^. ® Jt, a]}, est un

jonc, de même aussi sous une autre forme ® iii, a)}u.Le copte a conservé le mot sous la forme xi, ahi,ou plutôt xxi, ahi. Par ce nom achi, dit S. Jérôme,Comm. in h., 1. "VII, xix, 7, t. xxiv, col. 252, les Égyptiens entendent toutes les plantes vertes des marais.Cependant si ce terme peut être ainsi pris dans un sensgénéral, il a aussi le sens d’une espèce particulière deplantes, le jonc. Car il est mis dans Job, viii, 11, enparallèle avec le papyrus:

Le papyrus peut-il verdir sans humidité,Et le jonc (dhw) croître sans eau?

La Vulgate a traduit en cet endroit par carectum; lepoOtoiiov des Septante a le même sens. Si 'âhû paraîtdésigner le jonc, il en marque dans Gen., su, 2, 18,une espèce particulière pouvant servir de pâture auxbestiaux. Les sept vaches grasses dans le songe de Pharaon, paissaient dans le 'âfyû: ce que la Vulgate arendu par: in locis palustribus, in pastu paludis virecta, mais les Septante ont gardé le mot ay, 6 '- Uneespèce de jonc, le souchet comestible, Cyperus esculentus, répond à ces conditions: il était abondant enEgypte. — Un certain nombre d’exégètes, à la suite deRaschi et d’Abulwalid voient encore le mot 'dhû, mais

au pluriel D» rm, ’âl.âin (pour D’irm *â#âi; îm), dans Osée,

XIII, 15, tandis que la plupart traduisent par frères.Comme dans ce passage on ne compare pas Éphraimaux autres tribus (ses frères), mais qu’on désigne parlà Israël tout entier, le contexte paraît favoriser la traductiondes premiers. Novack, Die kleinen Prophetenûberselzt und erklârl, in-8°, Gœttingue, 1897, p. 81;Cheyne, Hosea, in-12, Cambridge, p. 125. — Le motaX" se lit dans la traduclion des Septante pour l’Ecclésiastique,xi, 16: «Il est comme un jonc ( «x el) surle bord des torrents qui se dessèche avant l’arrivée despluies. y> On s’attendait à voir inN, ’âhû, dans le textehébreu récemment découvert, mais on a trouvé un motdifférent, monp, qui n’a pas encore été expliqué d’unefaçon satisfaisante. A. E. Cowley et Ad. Neubauer, Theoriginal Rebrew of a portion of Ecclesiaslicus (xxxix,45 to xlix, il], in-4°; Oxford, 1897, p. 6; Israël Lévi,

d’une façon très différente par les exégètes. La plupartrattachent ce mot à la racine’ârâh, «vider, mettre à nu,» et y voient, les uns, un infinitif à côté duquel ils sousentendentle même verbe à un temps défini, et traduisentcomme la Vulgate, nudabitur; «tout ce qui estprès du fleuve sera mis à nu,» tandis que les autres yreconnaissent un nom, dans le sens de prairie, lieuxnets, sans arbres, libres, mais verdoyants. Fr. Buhl,Handivôrterbuch, in-8°, Leipzig, 1895, p. 603. Mais quelquesinterprètes, remarquant que les Septante ont traduitpar 2/t, et que David Kimchi regarde’drop commele nom d’une herbe verte (Celsius, Hierobotanicon,in-8°, Amsterdam, 1788, t. ii, p. 230), estiment qu’ils’agit ici d’une plante croissant sur le bord de l’eau. Lecontexte des jr. 6 et 7 favorise cette manière de voir: «Les fleuves tariront, dit le prophète, les canauxd’Egypte se videront, se sécheront: le roseau et le joncse faneront; les’àrôp sur le Nil, sur le bord du fleuve,

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279. — Cyperus longus.

289. — Cyperus esculentus.

L’Ecclésiastique, ou la sagesse de Jésus, fils de Sira,1 «partie, in-8°, Paris, 1898, p. 32.

3° Gômé’, de la racine gâmâ’, n absorber l’eau, boire,» est reconnu par tous pour une plante aquatique,le jonc du Nil, bien connu sous le nom de papjrus.Voir Papyrus, t. iv, col. 2079. x

4° Sûf a été rapproché de l’égyptien ^^ J^ * — ~- 4f,

tuf, on t=b f t | 4 *li, tufi, qui désigne le joncet en particulier le papyrus. W. Max Muller, Asienund Europa nach Altàgyptischen Denhmâlern, in-S°,Leipzig, 1893, p. 101; Frd. Delitzsch et Haupt, Beilràgezur Assyriologie, in-8°, Leipzig, 1890, t. i, p. 603. Cemot s’est conservé dans le copte jcooy^j djoouf. Lestextes marquent bien une plante d’eau, Exod., ii, 3, 5,bas-sûf, «dans les joncs.» C’est le sûf, le jonc, qui adonné le nom en hébreu à la mer désignée du tempsdes Septante et depuis sous le nom de mer Rouge: lamer de sûf. Exod., x, 19; xiii, 18; xv, 4. Max Muller,Asien und Europa, p. 42. Autrefois sans doute les bordsde cette mer étaient couverts de papyrus en telle abondanceque la pensée serait venue naturellement de lacaractériser ainsi. Dans Is., xix, 6, le sûf est une planteaquatique mise en parallèle avec le roseau: «Le roseauet le sûf se faneront.» Il s’agit ici très probablementdu jonc. Au contraire, dans Jonas, ii, 6, il est préférablede voir certains herbages de mer, comme une espèced’algue ou de varech. Voir Algue, t. i, col. 36.5°’Arôf qui ne se lit que dans Is., xix, 7, est entendu

et tout ce qui sera semé sur la rive séchera, sera emportéet ne sera plus.» On parle d’abord des canaux etdes bras du fleuve qui Se vident, puis des plantes quicroissent sur leurs rives. S’il s’agit de plantes, ’ârôpest bien placé entre les roseaux et les joncs, ꝟ. 6, et toutce qui est semé. ꝟ. 7. De plus ne pourrait-on pas rapprocherces’ârôp, croissant sur les bords du Nil, de laplante appelée en copte Apo, une espèce de souchet,le Cyperus longus, plante abondante en Egypte, puisqueles anciens habitants du pays désignaient certaines contréesmarécageuses du Delta sous le nom de champ des

aroù, * JW «ï’V. Loret, La flore pharaonique,in-8°, Paris, 1892, p. 30; et Le champ des souchels, dansle Recueil de travaux, 1890, t. xiii, p. 197-201.

II. vsages et comparaisons.

Certains joncs,comme le souchet comestible, le Cyperus esculentus etd’autres, pouvaient servir à la pâture des troupeaux surle bord du Nil. Gen., xli, 2, 18. C’est dans les joncs dufleuve que fut exposée la corbeille où la mère de Moiseavait déposé son enfant, afin qu’il ne fût pas emportépar les eaux. Exod., ii, 3, 5. On se servait.du jonc pourlier, attacher. Ainsi les Égyptiens, comme les pêcheursde nos jours, attachaient les petit* poissons avec desjoncs passés dans les ouies. En fixant une extrémité àla rive, ils rejetaient le poisson, ainsi attaché, dans l’eaupour le conserver vivant. Parlant du Léviathan, le crocodile,Dieu dit à Job, xi., 26 (Vulgate, 21): «Lui passeseras-tuun jonc dans les narines (comme s’il s’agissait

d’un petit poisson)?» — Le jonc est flexible et s’inclineau moindre souffle du vent. Reprenant l’hypocrisiedes Juifs, Dieu, par son prophète, Isaïe, lviii, 5,avertit que le jeûne qu’il approuve n’est pas celui oùl’on se borne à des démonstrations extérieures, «celui quifait pencher la tête comme un jonc.» Mis en parallèleavec les hautes branches du palmier, le jonc, qui croitdans les lieux bas et s’élève peu, est le symbole despetit* comparés aux grands. Is., ix, 13; xix, 15. —Celsius, Hierobotanicon, t. i, 310-356, 465-477; t. ii,229; H. B. Tristram, The natural history of the Bible,in-8°, Londres, 1899, p. 433-437; Fr. Wœnig, Die P flanzenim alten Aegypten, in-8°, Leipzig, 1886, p. 135; L.Fonck, Streifzûge durch die Bibhsche Flora, in-8°, Fribourg-en-Brisgau,1900, p. 32-35. E. Levesque.

était apportée sur les marchés de Tyr. D’autre part qdnéha la signitication plus étendue de roseau en général, etde là le sens de canne à mesurer.

Un certain nombre d’exégètes ou de palestinologues,sans tenir à la signitication stricte de roseau, reconnaissentdans le qânéh aromatique YAndropogon schœnanthusou jonc odorant. H. B. Tristram, The naturalhistory of the Bible, 8e édit., in-8°, Londres, 1889, p. 439;L. Cl.Fillion, Atlas d’histoire naturelle de la Bible, in-4°,Paris, 1884, p. 4. Pline, H. N., xii, 48; xxi, 72, reconnaîtles propriétés odorantes de VAndropogon schœnanthus:il dit qu’on en trouve en une contrée de la Cœlésyrie;mais que le plus estimé est celui des Nabuthéens et ensecond lieu celui de Babylone. Il ajoute que, frotté, ildonne une odeur de rose. Dioscoride, l, 16, indique

2. JONC ODORANT (hébreu: qânéh, Cant., IV, 14Is., XLHI, 24; Ezech., xxvii, 19; Septante: *àXau.oç, Cant.iv, 14; 8juta5(j.a, Is., xliii, 24; xpoxidt;, Ezech., xxvii, 19Vulgate: fistula, Cant., iv, 14; calamus, Is., xliii, 24Ezech., xxvii, 19; hébreu: qenéh bôsém, Exod., xxx.23; Septante: xaXâ|iou tiwSoviç; Vulgate, ca! amus; hébreuqânéh hattôb, Jer., vi, 20; Septante: xivà(i.ipu.ov; Vulgatecalamum suave olenlem), nom vulgaire d’une plantearomatique qui, selon quelques exégètes, serait VAndropogonschœnanthus.

I. Description.

Plusieurs graminées des régionssubtropicales, du genre andropogon, ont reçu le nomde jonc odorant à cause des principes aromatiques reniermésdans leurs feuilles ou plus habituellement dansleurs racines. Ce sont des herbes vivaces et cespiteuses,à épillets composés d’un rachis velu portant deux fleurs,dont l’intérieure, stérile, est réduite à une glumelle écailleuSe;ces épillets disposés par deux sur les rameaux dela panicule sont pourvus, en outre, de grandes bractéesimitant des spathes.

Dans cette série viennent se placer d’abord deuxespèces de l’Inde qui fournissent le parfum nommévétiver, VAndropogon rnuricatus Retz, à inflorescencesimple, et l’A. nardus Linné à ramuscules floraux plusieursfois divisés. Puis plusieurs autres dont les paniculessont resserrées en épis, telles que VA. schœnanthusLinné (fig. 281), espèce du Bengale qui se retrouveen Arabie, caractérisée par ses fleurs dépourvues d’arêtes,l’A. circinalus Hochstetter d’Arabie, remarquable par seslongues feuilles enroulées en crosse, l’A. iwarancusaRoxburg des montagnes de l’Afghanistan, à rachis hérisséde poils courts, enfin l’A. laniger Desfontaines deBarbarie, à épillets enveloppés dans un duvet laineux.

F. Hy.

II. Exégèse.

Le qânéh est mis au rang des parfumsles plus exquis, à côté du nard, du cinnamome.Cant., iv, 14. Il entrait dans la composition aromatiquebrûlée sur l’autel des parfums. Is., xliii, 24; Jer., vi, 20.Dans ce dernier passage il est mis en parallèle avec l’encensde Saba:

Pourquoi m’offrez-vous l’encens de Saba

Et le qânéh au doux parfum des terres lointaines?

Ces terres lointaines paraissent être l’Arabie, d’aprèsle parallélisme avec Saba. C’est de la même contrée qu’onl’apportait sur les marchés de Tyr. Vedan, peut-être Aden,et Javan de Huzal(col.786), tribu arabe de P^émen, venaientvendre à Tyr, avec le fer fabriqué, la casse et le qânéhodorant. Ce parfum est célèbre surtout parce qu’il entraitdans la composition de l’huile d’onction, qu’il était absolumentinterdit aux particuliers de reproduire. Exod.,xxx, 23. Ce parfum à base d’huile d’olive était un composéde myrrhe, de cinnamome, de casse et de qânéhodorant: sur 500 sicles de myrrhe et autant de casse,on mettait 250 sicles seulement de cinnamome et 250-de qânéh odorant. D’après tous ces textes le qânéh est «ne plante d’un parlum exquis qui venait d’Arabie et

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281. — Andropogon schœnanthus.

les mêmes lieux de provenance, «l’espèce de Nabathéequi est la meilleure; la seconde est celle d’Arabie qued’aucuns appellent de Babylone.» Mais au lieu de laCœlésyrie il met la Lybie, ce qui semble plus exact etconforme aux données égyptiennes. Pour lui aussi,l’odeur du jonc est comparée à celle de la rose. Traitédes Simples de Ibn el-Beithar, dans Notices et extraitsdes manuscrits de la Bibliothèque nationale, in-4°,Paris, 1877, t. xxiii, p. 35. Dans les recettes du Kyphiou parfum sacré des anciens Égyptiens nous trouvonsmentionné VAndropogon schœnanthus. Les anciensauteurs, comme Dioscoride, De mat. tnedica., i, 24,Plutarque, De Is. Osir., 80, Galien, De antidotis, ii, 2,qui s’étaient occupés de la composition de ce parfum, ledésignaient par le nom de <r/oïvo;, schœnus. Les documentshiéroglyphiques nous ont révélé les noms que lui

donnaient les Egyptiens. C’est le [ ïï i i» ^ u ament,jonc ou souchet occidental: ce qui répond bien à l’indicationde lieu donnée par Dioscoride, De mat. med.,i, 16, la Lybie. Une des recettes du Kyphi donne unéquivalent à ce premier nom: $u ament, c’est-à-dire,

, ^m

„qamKeS, oi

>*,?, =!

, qam

en-Kei, «jonc d’Ethiopie» (cf. copte kxiii, hébreu ndi,gomé’, jonc), appelé aussi dans un texte de Dendcrah

^* i i i!» 1 1 - t - Kek Nahsi, «jonc de Nigritie» oudu pays de Punt. V. Loret, Le Kyphi, parfum sacré desanciens Égyptiens, dans le Journal asiatique, juilletaoût1887, p. 76-80, 88-89, 110-112; Les fêtes d’Osirisau mois de Khoiak, dans Recueil de trav. relatifs àVarchéol. égypt., 1883, t. iv, p. 21; 1884, t. v, p. 93. LaFlore pharaonique d’après les documents hiéroglyphiques,2° édit., Paris, 1892, p. 25. Un certain nombre decaractères, comme sa provenance, son emploi dans lesrecettes les plus fameuses de parfumerie, permettentdonc d’identifier l’Andropogon schœnanthus avec leqânéh bôsém: mais ce ne sont que des ressemblancesgénérales. D’après d’autres savants, si l’on examine lenom même de qânéh et qu’on le compare avec lemême nom connu en Egypte et dans d’autres contrées, leqanéh ne doit pas être identifié avec l’Andropogonschœnanthus ou jonc odorant, mais bien avec YAcorusaromatwus ou roseau aromatique. Voir ce dernier nom.

E. Levesque.

    1. JONES John##


JONES John, théologien catholique, né à Londresen 1575, mort dans cette même ville le 17 décembre 1636.D’une famille appartenant à la religion anglicane, ilétudia à l’université d’Oxford; mais s’y étant convertiau catholicisme, il passa en Espagne et entra dansl’ordre de saint Benoit où il reçut le nom de Léandrede Saint-Marlin. Après avoir enseigné à Douai la théologieet la langue hébraïque, il revint en Angleterre oùil fut choisi pour supérieur général de son ordre ence pays. Son principal ouvrage est une édition de laBible sous le titre: Biblia cum glossa ordinaria aSlmho Fuldensi collecta, novis Patrum græcorum etlalinorum explicationibus locupletata etpostillaNicolaiLxjrani cum additiombus Pauli Burgemis ac MatthiseThoringi replias, theologorum Duarensium studioemendatis. Omnia denuo recensuit Leander a SanctoMartino adjecitque plures antiquos ac novos tractalus,analyses, parallela, tabulas chronologicas et prosographicascum indicibus copiosissimis, ut merito heecedilio dici possit theologorum et concionatorum Thésaurus,in-f», Anvers, 1634. Nous citerons en outre dece même auteur: Sacra ars mémorise ad Scripturasdivinas in promptu habendas memonterque addlscendasaccomodata, in-8°, Douai, 1623; Conciliatio locorumspecie tenus pugnantium totius iscripturse, in-8°,Douai, 1623. Ce dernier travail n’est qu’un abrégé d’unouvrage plus considérable du P. Séraphin Cumiron,religieux de l’ordre de Saint-François. — VoirD. François, Bibliothèque générale des Écrivains del’Ordre de S. Benoit, t. ii, p. 50; Ziegelbauer, Hist. reiliterarise ord. S. Benedicti, t. ii, p. 59, 149, 150; t. iv,

p. 13, 22, 58.

B. Heurtebize.

    1. JONGHEM (Henri de)##


JONGHEM (Henri de), Belge, religieux franciscain,né vers 1602 à Hasselt dans la principauté de Liège,mort à Maseick, sur la Meuse, le 20 octobre 1669. En1643 il fut chargé d’enseigner la théologie au couvent deLouvain. Nous lui devons: Brevis elucidatio htteralislibri Job ex probatis auctoribus excerpta, in-8°, Anvers,1661. — Voir Paquot, Mémoires pour servir à l’histoirelittéraire des Pays-Bas, t. xviii (1770), p. 334.

B. Heurtebize.

    1. JOPPÉ##

JOPPÉ (hébreu: Yâfô et Yâf ô"; grec: ’Iôtcoti), villemaritime de Palestine qui peut être considérée commele port ordinaire de Jérusalem. C’est aujourd’hui Jaffa(fig. 282).

I. Nom et identification.

Ce nom se lit dans leslistes géographiques des pylônes de Karnak (n» 62), écritIapû ou Iopû. Dans les inscriptions assyriennes, c’estIa-ap-pu-u, équivalant à Iappû. La signification de cenom tenue pour la plus probable est celle de «beauté»,

de la racine Yàfâh, «être beau.» Cf. Gesenius, Thésaurus,p. 612. Tout en lui reconnaissant cette étymologie,les anciens lui donnent cependant quelquefois le sensxaTa<rxo7r^, scopula, «lieu d’observation.» Cf. Origenianumlexicon nominum hebraic, Pat. lat., t. xxiii,col. 1230. Selon saint Grégoire de Nazianze, c’estxaTotcrxoTni tî)î x a P 5° > scopula gaudii. Orat. Il apolog.,t. xxxv, col. 507. La position de Joppé est égalementfavorable aux deux interprétations, mais la seconden’est pas philologiquement explicable. L’identité de Yâf a’des Arabes, notre Jaffa, et de Joppé est universellementadmise et hors de toute contestation.

II. Situation.

La position de Joppé «sur la mer»,ir iris 8aXdctr<Tï; ç, est positivement affirmée, I Mach., xiv,34, et indirectement en une multitude de passages. Cf.II Par., ii, 15; I Esd., iii, 7; Jonas, i, 3; I Mach., xiv, 5;II Mach., xii, 3-4; Act., x, 5. Elle était près de la frontièreseptentrionale de Dan, cf. Jos., XIX, 46; dans levoisinage de Lydda, Act., IX, 38, et à plus d’une journéede marche de Césarée. Act., x, 8-9; 23-24. PtoléméePhilométor se rendant d’Egypte à Ptolémaïde trouvaitJoppé sur sa route, après avoir passé à Azot. I Mach.,xi, 4-7. Ces indications bibliques sont complétées parles documents profanes. Les récits assyriens citent Joppé,avec Beth Dagon (aujourd’hui Beit-Dedjân), Benê-Barak(Ibn-lbraq) et Asor (probablement Yâsour),comme ville voisine et dépendante d’Ascalon et d’Amgaruna(Accaron). Prisme de Taylor ou cylindre G deSennachérib; Cuneiform Inscriptions, 1. 1, 38-39. Josèpheindique cette ville à cent cinquante stades (30 kilom.)d’Antipatris, Ant. jud., XIII, xv, 1; entre Jamnia, ausud, et Césarée, au nord. Bell, jud., IV, XI, 5. Elleétait entre Jamnia et Apollonia, selon Pline, H. N., v,14. Ptolémée place Joppé aux degrés 65, 20 de latitude,et 32, 30 de longitude; le port de Jamnia à 65 et 32, etApollonia à 66 et 32, 30. Géographie, xvi, DescriptioPaliestinse Judieee. — Jaffa est, en réalité, au nord-ouest,à cinq kilomètres de Yâsour, à neuf de Bexl-Ded)ân, àdix-sept de Lydd ou Lydda, à dix-huit de Ramléh, àvingt et un au nord de Yabnéh, l’ancienne Jamnia; àvingt-trois au nord-ouest de’Aqer (Accaron), à trente-troisau nord-ouest A’Esdoud (Azot); à seize au sudd’Arsouf, que l’on croit être l’Apollonia des Grecs etdes Romains, et à cinquante également au sud deCésarée. La distance entre Jaffa et Jérusalem, située àl’est-sud-est, est de soixante-deux kilomètres.

III. Description.

Jaffa ou Joppé est bâtie sur unecolline rocheuse s’élevant de trente mètres environ au-dessusde la plaine qui s’étend vers l’est, et de cinquanteau-dessus du niveau de la Méditerranée, qui baigne sabase, se développant en arc du sud au nord-est. Les maisonsde la ville, couvrant toutes les pentes de la colline,sont encore pour la plupart, aujourd’hui comme jadis,à terrasse plate. Voir Act., x, 9. Les toits de tuiles rougestendent cependant de plus en plus à lui donner un aspectmoderne. Des remparts dont elle a toujours été entouréedans le passé, il reste, le long du rivage et au sud, despans de muraille crénelée et quelques bastions, au pieddesquels gisent de vieux canons hors d’usage, débris dela dernière restauration qui en a été faite dans la premièrepartie du xixe siècle. Au sommet de la colline,on voyait, il y a peu d’années, un château-fort rebâlilui-même, sans aucun doute, à la place des anciennescitadelles, et probablement avec leurs débris; l’église deSaint -Pierre et le couvent des franciscains de TerreSainte couronnent aujourd’hui la hauteur. Les rues dela ville sont extrêmement étroites, tortueuses, obscureset sales. Le quai, peu développé lui-même, est ordinairementencombré de chameaux et d’autres bêtes desomme chargés de toutes sortes de produits et de marchandises.Les colonnes monolithes de marbre ou degranit qui forment les portiques de la principale mosquée,située au nord-est, paraissent provenir de plus

anciennes constructions; ce sont à peu près les seulsdébris offrant un certain caractère d’antiquité; encorepeuvent-elles avoir été ainsi que l’ont été une partiedes pierres des remparts et des bâtiments de la villeactuelle, empruntées aux ruines de Césarée. Le périmètrede la ville était trop étroit pour contenir la populationaugmentée depuis trente ans par une immigrationincessante d’étrangers; des rues nouvelles, des quartiersétendus et des colonies se sont élevés autour de la collineprimitive, doublant au moins l’assiette de la ville.

— Le port si célèbre de Jaffa est une anse naturelleouverte au nord, de trois cents mètres de longueur et decent de largeur, tormée par une bande de récifs, avec une

qui lui a le plus mérité son nom de Yâfâh, c’est cellede ses vergers. L’officier de Pharaon qui nous a laisséla plus ancienne relation de voyage connue, et traversaitla Palestine à l’époque de Ramsès II ou de Ménephtah,célèbre déjà les enclos verdoyants de Joppé en leurprospérité, et se laisse attirer à l’appât de leurs fruitsmûrs et savoureux. Voir F. Chabas, Voyage d’un Égyptienen Syrie, en Phénicie, en Palestine, au xiv siècleavant noire ère, Chalon-sur-Saône et Paris, 1866,p. 250, 315. De la ville haute, l’oeil embrasse un vasteespace que l’industrie des habitants plus favorisée pourraitdévelopper encore, formant un seul et uniquebosquet; c’est un fourré de figuiers, d’amandiers,

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282. — Vue de Jafla. D’après une photographie.

passe à l’ouest resserrée entre deux rochers proéminents,distants de cinq mètres à peine l’un de l’autre, danslaquelle les flots s’engouffrent en déferlant. C’est l’entréepar où passent d’ordinaire, non sans danger, les barquesamenant des navires mouillés au large les pèlerinsqui viennent visiter la Terre-Sainte; les bateaux de dimensionun peu plus grande pénètrent par le nord. Cebassin était sans doute assez vaste et assez profond pourcontenir les petit* navires de la haute antiquité, maisles grands bâtiments, ainsi que les vapeurs actuels, onttoujours dû ancrer au loin; aujourd’hui, à moitié comblépar les sables, il n’abrite plus que les barques ordinaireset les voiliers de faible tonnage. Aux regards, duvoyageur arrivant du large, Jaffa, avec ses maisons blanchessur le fond d’un bleu violacé des monts lointainsde Judée et de Samarie, s’élevant sur sa colline au-dessusde la ligne d’un gris jaunâtre des rivages palestinienset s’avançant dans la mer, se présente commeune personne amie lui tendant les mains pour l’accueilliren cette Terre Promise tant souhaitée. — La splendeur

DICT. CE LA BIBLE,

d’abricotiers et de pêchers; de gigantesques sycomores,de cocotiers, de mûriers et de citronniers chargés à lafois de fruits et de fleurs répandant au loin leur suaveparfum; d’orangers dont les branches ploient sous lepoids de leurs énormes fruits d’or; de grenadiers à lafleur écarlate, et de bananiers aux larges feuilles, pardessuslesquels le palmier élancé agite sa tête en panache.De cette verdure touffue, émergent, çà et là, de joliesvillas près desquelles l’incessante noria déverse destorrents d’eau allant de toute part entretenir cette féconditéet arroser des plants de légumes de toute sortedissimulés parmi les arbres.

IV. Histoire.

Avant les Hébreux.

Répétant

l’assertion des habitants du pays, les auteurs latins fontremonter la fondation de Joppé aux temps antédiluiiens.Cf. Pomponius Mêla, De situ orbis, i, 12; Pline, H. N.,v, 14. Elle aurait été bâtie par Jopes, fille d’Éole etôpouse de Céphée, qui lui aurait imposé son nom.Voir Etienne de Byzance, ’èv’EDvixoïc, au mot’Io’irr).Desécrivains moins anciens en attribuent l’origine à Japhet

111. - 52

4635

JOPPÉ

1636

fils de Noé, qui l’aurait bâtie avant le déluge, parce qu’ilsont cru reconnaître son nom dans celui de Joppé ou deJaffa. Cf. Adrichomius, Theatrum Terri» Sanctee, Cologne,1600, p. 23; Quaresmius, Elucidalio Terrx Sanctse,t. IV, Peregrinat. j», c. I, Anvers, 1639, t. ii, p. 4.C"est à Joppé, selon les récits de la fable, qu’Andromèdeaurait été attachée sur un rocher, exposée au monstremarin et délivrée par Persée. Au I er siècle, on prétendaitreconnaître les vestiges des chaînes qui avaient retenu laprincesse; au ive siècle, on les montrait encore à saintJérôme. Josèphe, Bell, jud., III, ix, 3; Strabon, Géographie,xvi, 759; Pline, H. N., v, 14; S. Jérôme, InJonam, i, 3, t. xxv, col. 1123. Cf. Epist. cviii, adEustochium, t. xxii, col 883. — M. Scaurus, officierde Pompée dans l’expédition de Syrie, fit transporter deJoppé à Rome les ossem*nts d’un poisson gigantesquedont la longueur était de quarante pieds et dont une descôtes était plus grande que celle d’un éléphant des Indes;il les montra au peuple, au temps de son édilité, commeétant le squelette du monstre tué par Persée. Pline,H. N., ix, 4; Solin, De mirabihbus mundi, c. xxxiv. Lemythe d’Andromède paraît être à Reland une réminiscencede Jonas et du poisson qui l’engloutit. Palœstina,p. 866. Il se pourrait qu’il se rattachât au culte deDagon et de Dercéto, son épouse, qui, encore en honneurà Joppé au commencement de l’ère chrétienne, commel’atteste Pline, H. N., v, 14, avait dû être celui desanciens temps. Ce qui est certain c’est que Joppé esttrès ancienne. Josué la cite avec les villes données à latribu de Dan. Jos., xix, 46. Avant cette époque Thothmès IIIla nomme déjà, sur un des pylônes de Karnak, parmi lesvilles conquises par lui en Syrie. Voir Maspero, Surles noms géographiques de la liste de Thotmès III,qu’on peut rapporter à la /wde’e, 1880, p. 9. Nous avonsentendu célébrer ses jardins, par un officier de Ramsèsou de Ménephtah. On a trouvé encore une lettre de cettepériode, parmi les tablettes cunéiformes de Tel el-Amarna,écrite au roi d’Egypte par son gouverneur deJoppé, pour l’informer de l’état du pays et lui demanderses ordres. Cf. Conder, The Tell Amarna Tablets, Londres,1894, p. 115-117.

2° Au temps des Israélites jusqu’après la captivité.

— Joppé, quoique attribuée par Josué à la tribu de Dan,xix, 46, ne paraît pas, non plus que les autres villesdu littoral, avoir été soumise aux Israélites avant lerègne de David, qui assujettit au tribut le pays des Philistinset toute la région maritime. Cf. Jud., i, 34; xviii,1; II Reg., viii, 1; Eccli., xlvii, 8. Elle semble avoirappartenu alors aux Amorrhéens et non aux Philistins.Cf. Jud., i, 34. Sous le règne de Salomon, elle fut le portoù les Syriens d’Hiram amenèrent les bois de cèdre,nécessaires à la construction du Temple, pour les transporterde là à Jérusalem. II Par., ii, 16. Elle dutéchapper à Juda, au temps du schisme des dix tribus,ainsi que le reste du littoral. À partir de ce momentJoppé subit l’incertitude des autres villes de ces régions.Soumises peut-être par Sésac, roi d’Egypte, lors de sacampagne contre Roboam, elles ne tardèrent pas à recouvrerleur indépendance, mais pour courber bientôtla tête devant la puissance formidable des Assyriens.Tandis qie Jéroboam II régnait à Samarie et Amasias ouson fils Ozias à Jérusalem, elles furent, une premièrefois, assujetties par RammannirarlII (812-783). WesternAsiatic Inscriptions, t. i, p. 35, 1. 11-14. C’est vers cetemps que le prophète Jonas, envoyé à Ninive, vint,pour échapper à sa mission, s’embarquer sur un navirepartant pour Tharsis. Jon., i, 3; cf. IV Reg., xiv, 25.Sous le règne d’Achaz, elles payaient encore le tribut àThéglathphalasar III. Western Asiatic Inscriptions,t. ii, p. 67; t. iii, p. 10, n. 2. Ézéchias soumit de nouveauà Juda toutes les villes, du pays des Philistins.IV Reg., xviii, 8. Joppé était de leur nombre, nous lesavons par les inscriptions de Sennachérib. Ce roi, en

effet, la 3 «année de son règne (701), qui était la 14° durègne d’Ézéchias, IV Reg., xviii, 13, entra en campagnepour châtier le roi de Juda et les villes du littoralméditerranéen qui s’étaient révoltés contre lui.Après avoir raconté la prise d’Ascalon, «poursuivantma campagne, continue-t-il, je marchai contre Beth-Dagon,Joppé, Benébaraq, Azot, les villes de Zidqa(Ézéchias) qui m’avait refusé obéissance; je les pris etj’en emmenai les habitants prisonniers.» Prisme deTajlor ou Cylindre C. de Sennachérib, col. ii, lignes 6568; West. Asiat. Inscriptions, 1, 38-39. Pendant le règnede Manassé (697-642), les expéditions d’Asarhaddon (672^ etd’Assurbanipal (668, 663 [ ?J, 647) maintinrent ces villessous le joug ou le leur imposèrent de nouveau. Voir

    1. ASARHADDON##


ASARHADDON, t. i, Col. 1059; ASSURBANIPAL, Col. 11141116. Les Chaldéens, avec Nabuchodonosor, vinrent recueillirl’héritage de l’Assyrie que l’Egypte avait un instanttenté de s’attribuer.

3° Depuis le retour de la captivité jusqu’à la dispersiondes Juifs. — Les Perses avaient remplacé lesChaldéens et les Juifs étaient revenus à Jérusalem pourrelever le Temple: Joppé fut le port désigné parCyrus, où l’on devait, comme au temps de Salomon,amener les cèdres du Liban destinés à la constructiondu second Temple (536). I Esd., iii, 7. Alexandre, ayantà son tour supplanté les Perses (333), Joppé, pendantdeux siècles, se trouva être, comme toutes les villes dulittoral syrien, le jouet des rivalités des rois grecsd’Egypte et de Syrie. Antiochus IV Épiphane, en se rendanten Palestine, débarqua à Joppé, avant de monter àJérusalem. II Mach., iv, 21. À cette époque, un certainnombre de familles juives habitaient Joppé. Les payens,dans les premiers temps de la guerre des Machabées,commirent à leur égard une des plus odieuses trahisonsque puisse enregistrer l’histoire. Affectant de vouloirentretenir des relations de l’amitié la plus étroite, ilsinvitèrent les Juifs à une promenade sur mer. Ceux-ci,ne soupçonnant aucune perfidie, montèrent avec leursfemmes et leurs enfants sur les barques qu’on leuroffrait; mais lorsqu’elles furent en pleine mer, lespayens les coulèrent. Deux cents personnes au moinsfurent ainsi noyées. Judas Machabée, en apprenant cedouble forfait, appela ses hommes d’armes et, invoquantla juste vengeance de Dieu, il marcha contre les assassinsde ses frères. Il pénétra dans le port pendant lanuit, mit le feu aux barques qui s’y trouvaient et tuatous ceux qui cherchaient à échapper aux flammes. Ils’éloigna ensuite, laissant croire aux habitants qu’il reviendraitpour les exterminer et détruire leur ville.II Mach., xii, 3-7. Les frères de Juda ne devaient pastarder à réunir Joppé à la Judée. — Demétrius II Nicator,ayant débarqué en Syrie dans l’intention de supplanterAlexandre Balas, Apollonius se déclara pourDemétrius et vint à Jamnia avec de grandes forces pourattaquer Jonathas, resté fidèle à Alexandre. Provoquépar le général syrien, Jonathas assisté deson frère Simon,avec dix mille hommes de choix, descendit devant Joppé.La ville était gardée par une garnison qu’y avait laisséeApollonius. Les Juifs commencèrent l’attaque. Les habitantseffrayés ouvrirent les portes et remirent la villeaux mains de Jonathas (147). I Mach., x, 74-76. — Peu detemps après Ptolémée VI Philométor, beau-père d’Alexandre,se rendant d’Egypte à Ptolémaide, Jonathas qui étaitretourné à Jérusalem après avoir infligé une défaitecomplète à Apollonius, descendit de nouveau à Joppé,mais en grande pompe et chargé de présents, pour venirà la rencontre du roi d’Egypte. Ils se saluèrent,passèrent la nuit ensemble et le lendemain se dirigèrentvers le fleuve Éleuthère (146). I Mach., xi, 6; Josèphe,Ant. jud., XIII, IV, 5. — Tandis que Jonathas était retenudans la Transjordane, occupé à lutter contre lesforces de Demétrius et de ses alliés, son frère Simon,ayant reçu l’avis que les habitants de Joppé voulaient

Temettre la forteresse aux gens de Démétrius, vint lui-mêmel’occuper et y établir une garnison. I Mach., xii,33-34. Jonathas ayant été perfidement retenu prisonnierà Plolémaïde, par Tryphon, nouveau compétiteur à lacouronne de Syrie, Simon prit en main le pouvoir etréunit aussitôt une armée. Soupçonnant les habitantsde Joppé d’avoir formé le dessein de remettre la placeà l’usurpateur, il s’empressa d’y envoyer, pour lesexpulser et garder la ville, Jonathas, fils d’Absalom, avecun fort détachement composé de soldats mercenaires (143).I Mach., xiii, 11; Josèphe Ant.jud., XIII, vi, 3. — Lesefforts des Machabées avaient enfin triomphé et obtenul’indépendance de leur peuple (142). Simon qui avaitsuccédé à Jonathas assassiné par Tryphon, s’occupa derechercher tout ce qui pourrait procurer la prospéritéde la nation; un de ses premiers soins fut de trouver unport pour établir des relations commerciales avec lesIles, c’est-à-dire avec l’Europe: il choisit Joppé. Ilsemble avoir agrandi ce port, l’avoir embelli et en avoircélébré l’inauguration par des fêtes splendides et solennelles(140). I Mach., Xiv, 5. Pour la protéger plusmûrement, il fit faire de nouvelles fortifications à laville. Cependant la gloire et la prospérité de Simonet spécialement l’occupation de Joppé portèrentombrage à Antiochus VII Sidètes. Il refusa le secoursd’hommes et d’argent que Simon lui envoyait contreTryphon enfermé dans Dora, rétracta tous ses engagementset réclama Joppé ainsi que Gazara et l’Acra deJérusalem, lesquelles il prétendait être sa propriété. «Nous n’avons rien pris qui ne fût à nous et l’héritagede nos pères, répondit Simon. Quant à Joppé et Gazara,ces villes ne cessaient d’exercer les plus extrêmes violencescontre notre peuple et notre pays; nous vousdonnons pour elles cent talents.» L’offre fut repousséedédaigueusem*nt et Cendebée, chef des armées de terre «t de mer, envoyé aussitôt contre les Juifs. Cendebéefut complètement défait près d’Azot et dut prendre lafuite (135). I Mach., xv, 25-41; xvi, 1-10. — Les récitsde l’Ancien Testament s’arrêtent à cette victoire, suiviede près par la mort de Simon; c’est à Josèphe que nousdevons avoir recours pour la suite de l’histoire. —L’année suivante, la première du gouvernement deJean Hyrcan (134), Antiochus brûlant de venger l’humiliationde ses armes, envahit la Judée; Joppé futTeprise. Hyrcan ne put éloigner son ennemi qu’en dépouillantle tombeau de David de ses trésors et en leslivrant à son ennemi; mais aussitôt délivré, il envoyaune ambassade à Rome renouveler l’alliance conclueavec les Romains, par son frère, et réclamer les villeset le territoire qui lui avaient été enlevés. Un décret duSénat déclara «que Joppé et son port, Gazara et sesfontaines et toutes les autres villes prises par Antiochus,lui seraient restituées» (127). Ant. jud., XIII, viii, 2-4;lx, 2. Alexandre Jannée (106-78) était encore tranquillepossesseur de Joppé; il creusa non loin de la ville,au nord, entre la mer et Antipatris, un fossé profond etconstruisit devant un mur muni de tours et de bastionsde bois, sur une longueur de cent cinquante stades,pensant arrêter Antiochus XII Dionysios qui menaçaitd’envahir la Judée. Celui-ci brûla les tours, combla lefossé et passa, pour se rendre en Arabie. Ant. jud.,XIII, xv, 1; Bell, jud., i, iv, 7. Pompée, après avoirdisposé de Jérusalem, déclara Joppé ville libre, la rattachaà la province de Syrie et l’enleva aux Juifs (63).Ant. jud., XIV, iv, 4; Bell, jud., i, vii, 7. Jules César,vainqueur de Pompée, et dictateur (48-44), décida queJoppé, qui dés le commencement, depuis qu’ils avaientlait amitié avec les Romains, a appartenu aux Juifs, seraità eux comme auparavant. Les revenus de la ville, duport et du territoire devaient être l’apanage du grandprêtreet ethnarque des Juifs, Hyrcan U, fils d’Alexandre,et de sa famille. Joppé était du reste exemptée de payerle tribut à la ville de Jérusalem. Ant. jud., XIV, x, 6.

Joppé se déclara pour Antigone quand il eut posé sursa tête la couronne royale (40), et Hérode, à son retourde Rome où il venait de se faire déclarer roi de Judéepar le Sénat, dut la prendre de force avec l’aide desRomains (37). Ant. jud., XIV, xv, 1; Bell, jud., i, xv,4. Antoine la retira des mains d’Hérode pour la donnerà Cléopâtre, mais Auguste, après la bataille d’Actium,la lui restitua, avec toutes les villes dont l’avait dépouillél’avarice de cette femme (31). Ant. jud., XV, iv, 1; vii,3; Bell, jud., i, xviii, 5; xx, 3. — Jusqu’à ce temps,mais surtout sous les princes Asmonéens et depuis Simon,Joppé, à cause de sa force, de son port et de soncommerce, devait être considérée comme la premièreville de la côte palestinienne, du moins elle étaitl’égale des plus considérables.Hérode devait la faire déchoirde ce rang. En faisant de la Tour de Straton laville de Césarée, et en y créant un port vaste et commode,le roi de Judée devait attirer vers la ville nouvelle toutle mouvement maritime; cette situation dura jusqu’à lavenue des Arabes et des Francs. Bien que déchue deson importance, Joppé demeura toutefois une des principalesvilles du littoral et le chef-lieu d’une des dix toparchiesde la Judée. Bell, jud., III, iii, 5; Pline,H. N., v, 79. — Après la mort d’Hérode, Joppé passaaux mains de son fils Archélaùs (4 avant J.-C.-6 aprèsJ.-C). Ant. jud., XVII, xi, 4; Bell, jud., II, vi, 3. À ladéchéance et l’exil de ce prince, elle fut soumise à lajuridiction de Césarée où les procurateurs romainschargés de gouverner la Judée rattachée à la provincede Syrie, établirent leur siège. Les habitants juifs deJoppé furent des premiers à accueillir le christianisme.Leur église paraît avoir été dès lors nombreuse et florissante.La résurrection de la veuve Tabitha par saintPierre contribua à l’accroître encore. Le prince desApôtres s’y arrêta longtemps chez le corroyeur Simon,dont la demeure était proche de la mer. C’est là quePierre eut la vision de la nappe remplie d’animaux detous genres, purs et impurs, et entendit la voix qui l’invitaità accueillir les gentils dans le sein de l’Église.Il réfléchissait à la signification de ce qu’il venait devoir et entendre, quand les envoyés du centurion Corneillevinrent le prier d’aller à Césarée (40). Act., ix,36-43; x et xi, 5-12. — Quand éclata le soulèvementdes Juifs contre les Romains, Cestius Gallus, gouverneurde Syrie, descendit à Césarée avec toutes ses forces.Il en envoya aussitôt, par terre et par mer, une partiecontre Joppé. Les Romains la surprirent et l’occupèrentsans combat. Tous les habitants sans distinction, aunombre de huit mille quatre cents personnes, furent,passés au fil de l’épée; la ville fut pillée et livrée auxflammes (65). Bell, jud., ii, xviii, 10. Joppé n’avait pastardé à se relever de ses ruines. Un grand nombre de-Juifsrévoltés ou échappés des villes saccagées par lesRomains, étaient venus s’y établir et s’y fortifier. Commeils ne trouvaient pas de ressources dans lepajs qui avaitété entièrement dévasté, ils fabriquèrent des navires etse mirent à exercer la piraterie sur les côtes de la Phénicie,de la Syrie et de l’Egypte. Vespasien, arrivé à Césarée,averti de ce qui se passait, expédia un détachementcomposé de cavalerie et d’infanterie. Il était nuitquand les soldats romains arrivèrent devant Joppé. Ils latrouvèrent mal gardée. Les habitants d’ailleurs effrayésn’osèrent point opposer de résistance. Ils montèrent surleurs barques et allèrent passer la nuit en pleine mer,hors de la portée des traits. Le lendemain matin, unvent violent s’étant élevé, les barques se brisèrent lesunes contre les autres ou contre les rochers du rivage;d’autres furent submergéees par les flots et les Romainsmassacrèrent impitoyablement tous ceux qui cherchèrentà gagner la rive. Quatre mille deux cents personnespérirent ainsi et la ville fut renversée de fond encomble. À la place de la citadelle, Vespasien fit établirun camp où il laissa un peu d’infanterie chargée d’em

pêcher les révoltés de venir de nouveau occuper laplace, et un groupe de cavaliers pour achever la destructiondes localités des alentours (67). Bell, jud., III,ix, 2-4.

Depuis la dispersion des Juifs.

Un ou deux

siècles après, nous trouvons Joppé rebâtie. Le christianismey a refleuri, elle est devenue le siège d’un évêchéet les noms de plusieurs archevêques subsistent parmiceux de plusieurs signataires des conciles du v «auVIIe siècle. Voir Lequien, Oriens christianus, Paris,1740, t. iii, col. 625-630. Les pèlerins, attirés par lessouvenirs bibliques de Joppé, s’écartent souvent, pour lavisiter, de la route directe deCésarée à Jérusalem. SaintePaule romaine et sa fille sainte Eustochium, accompagnéesde saint Jérôme, veulent voir le port où Jonas s’estembarqué (384). Epist. cvnr, ad Eustoch., t. xxii,col. 883. Le prêtre Virgilius, vers 500, et Théodosius, vers530, sont attirés par le souvenir de saint Pierre et de larésurrection deTabitha. Loc. cit. Saint Antonin de Plaisance,vers 570, recherche la sépulture de cette saintefemme. Itinerarium, t. lxxii, col. 915. — Avec les Arabes(637), Joppé, dorénavant appelée plus communémentlàla’ou Jaffa, redevint le port principal de la Terre-Sainte.Saint Willibald (723-726) y visita, en venant s’y embarquer, «l’église de saint Pierre l’apôtre, où il ressuscitala veuve appelée Dorcas.» Bien que la ville fûtalors assez petite, elle était cependant devenue le grandmarché de la Palestine et le port de Ramleh, capitalede la région. Yaqouby (891), Géographie, Leyde, 1861,p. 117; El-Mouqadassi (985), Description de la Syrie,Leyde, 1877, p. 174, — Pendant les croisades et depuisJaffa subit les péripéties les plus diverses. Voir Tudebod,Hist. hierosolym. itmere, t. clv, col. 813; Raymondd’Agile, Hist. hierosolym., xxxv, ibid., col. 653-654;Albert d’Aix, t. VII, c. xii et xiv, dans Recueil des historiensdes Croisades, Htstor. occidentaux, t. iv, p. 515516; Daniel, higoumène russe (1106), dans Itinérairesrusses en Orient, Genève, 1889, 1. 1, p. 52-53; de Rozière,Cartulaire du Saint-Sépulcre, Paris, 1849, n. 14,16, etc., p. 16, 19; Sebast. Paoli, Codice diplomaticodel sacro ordine gerosohrnitano, n. 173, t. i, p. 215; cf.Itinéraires français de la T. S. écrits awe xi’, xw etxiip siècles, Genève, 1880, p. 92, 181, 191, 192; Assisesde Jérusalem, édit. Beugnot, Paris, 1841, t. i, p. 262;Guillaume de Tyr, Histor. rerum transm-, t. XIV, c. xii,t. cci, col. 594; Foucher de Chartres, Historia hierosolymitana,t. II, c. xx, t. clv, col. 878; c. xxx, col. 884885; Abu’1-Feda, Annales, âansRistoriens des Croisades,Historiens orientaux, t. i, p. 56; Ibn el-Atir, Histoires,ibid., p. 691; Continuala belli sacri historia, t. CCI,i, XXIV, c. xi-xii, col. 945-946; Abu’1-Féda, ibid., p. 74;Continuata belli sacri historia, t. XXIV, c. lxxxviii,col. 1006, p. 83^; Joinville, édit. N. de Wailly, Paris,1865, c. c-cx, p. 230-252; Continuata belli sacri historia,t. XXVI, c. iii, col. 1042; Abu’1-Feda, loc. cit., p. 152;Continuata belli sacri / «sfona, I. XXVI, c. xiii, col. 1050;Abu’1-Feda, Géographie, édit. Reinaud et de Slane,Paris, 1840, p. 239; Isaac Hélo, en 1334, dans Carmoly,Itinéraires de la Terre-Sainte, Bruxelles, 1847, p. 248;le seigneur de Caumont, Voyaige d’Oultremer (1418),Paris, 1858, p. 46-47; Félix Fabri, Evagatorium TerrseSanclse, Stuttgart, 1843, t. i, p. 191; Aquilante Rochetta,Peregrinatione di Terra Santa, in-8°, Palerme,1630, p. 372-374; Mich. Nau, Voyage nouveau de laTerre-Sainte, Paris, 1679, p. 21-24; Turpetin (1715);Voyage de Jérusalem, édit’. Couret, Orléans, 1889,p. 31-32; Rich. Pockoke 1733-1738), Voyages, Paris, 1772,p. 5-6. Bonaparte l’assiégea et la prit le 3 mars 1799;Thiers, Hist. de la Révolution française, t. x, p. 291,300; Am. Gabourd, Hist. de la Révolution et de l Empire,Paris, 1847, t. v, p. 480. Ibrahim pacha s’en empara et l’occupa,en décembre 1831. De Geramb, Pèlerinage àJérusalem et au mont Sinaï, 8e édit., Paris, 1848, t. i,

p. 72-73. Un tremblemement de terre renversa, en 1838,une partie de la ville et ses fortifications.

État actuel.

Jaffa qui, il y a trente ans, comptait

à peine dix mille habitants, a aujourd’hui une populationd’environ 30000 âmes, dont 15000 musulmans,8900 chrétiens (6000 grecs, 1000 latins, 900 protestants,600 melkites, 300 maronites, 100 arméniens) et5000 Juifs. La rade de Jaffa est devenue l’une des principalesdu Levant et un des centres les plus importantsdu commerce entre l’Orient et l’Occident. Tandis quel’Europe lui envoie les produits de son industrie, Jaffaexpédie à la Grèce, la Russie, la France, l’Allemagne,l’Angleterre et jusqu’en Amérique, les fruits agricolesde la campagne des alentours, le blé, l’orge, le doura, .le sésame, l’huile d’olive, le vin des vignobles deRichon (’Aîn-Qâra’), le savon, et surtout les orangesde ses jardins. La valeur des produits exportés ences dernières années a été, en moyenne, d’après l’estimationofficielle de la douane, de treize millions de francs» La vapeur, en abrégeant les voyages, a multiplié lespèlerins et les visiteurs, et le nombre de ceux quiabordent à Jaffa est annuellement d’environ cinquantemille, tant juifs et musulmans que chrétiens. La plupart,depuis l’établissem*nt de la voie ferrée entre Jaffa etJérusalem, traversent rapidement la ville pour se rendreà la station du départ. Aux chrétiens qui ont le loisirde visiter la ville, on fait voir, non loin des restes dumur méridional et du phare, une petite mosquée quel’on dit être à la place de la maison de Simon le corroyeur.Les documents du moyen âge indiquent, en effetl’église de Saint-Pierre vers le sud de la ville et versl’angle sud-ouest. Cf. Sebast. Paoli, Codice diplomaticodel sacro rmhtare ord. gerosolym., n. 173 (ann. 1193),Lucques, 1733, t. i, p. 213. Dernièrement, le mur d’uneconstruction contigue à la petite mosquée, du côté dumidi, s’étant écroulé, laissa paraître deux absides etquelques pans de murs d’une grande église, de caractèremédiéval; cette découverte ne permet guère dedouter que la tradition actuelle ne soit la continuationde la tradition du xiie siècle. La situation de la maisonde la veuve Tabitha, si jamais elle a été connue, paraitoubliée aujourd’hui. On montre toutefois, comme il y atrois ou quatre siècles, dans les jardins, à un kilomètreet demi de la ville, vers l’est, et à un demi-kilomètre dela fontaine d’Abou-Nabbout, la grotte sépulcrale où cettesainte femme aurait été ensevelie. Elle consiste en unechambre taillée dans le tuf, dans laquelle on descendpar un escalier de six ou sept marches. Elle est pavéeen mosaïque et les fours sépulcraux ont été pratiquésdans trois de ses côtés. Les Russes, propriétaires decet hypogée, l’ont transformé en une chapelle surmontéed’une petite coupole. Les documents sont troprares et trop pauvres en données topographiques précises,pour garantir l’identité de ces tombeaux avec ceuxmontrés jadis aux pèlerins et assurer de leur authenticité.Une église dédiée à la sainte s’élève non loin dusépulcre. Quelques - uns ont prétendu, mais sanspreuves, que la demeure de cette vénérable femme setrouvait dans la même propriété. — Voir Quaresmius, Elucidât™ Terrse Sanctse, t. IV, Peregrinatio I’, c. i, Anvers,1739, t. ii, p. 1-6; Mislin, Les Saints Lieux, Paris,1858, t. ii, p. 127-140; V. Guérin, La Judée, c. i, t. i,p. 1-22; Fr. Liévin de Hamm, Guide indicateur de laTerre-Sainte, 4e édit., Jérusalem, 1897, t. i, p. 89-103.

L. Heidet.

    1. JOPPITES##

JOPPITES (grec: loizmzai; Vulgate: Joppitœ), habitantsde la ville de Joppé. Ils imitèrent les Juifs qui habitaientavec eux à une promenade en mer et en noyèrenttraîtreusem*nt deux cents. Judas Machabée les châtiasévèrement. II Mach., xii, 3-7. Voir Joppé, col. 1636.

JORA (hébreu: Yârdh; Septante: ’Iwpâ), chef d’unefamille dont les descendants, au nombre de cent douze, .

1641

JORA — JÔRAM

1642

Tevinrent de la captivité de Babylone en Palestine avecSsdras. I Esd., ii, 18. Dans II Esd., vii, 24, il est appeléHareph. Voir Hareph, col. 428. Il fut un de ceux qui-signèrent l’alliance avec Dieu du temps de Néhémie.il Esd., x, 19.

    1. JORAÏ##

JORAÏ (hébreu: Yôraï; Septante: ’Iwpsi), un deschefs de famille de la tribu de Gad qui habitèrent dansle pays de Galaad et de Basan et dont le dénombrementeut lie"u pendant le règne de Joathan, roi de Juda, et deJéroboam II, roi d’Israël. I Par., v, 13, 17.

    1. JORAM##

JORAM (hébreu: Yehôrâtn, et par contraction,Yôrâm, «Jéhovah élève;» Septante: ’Iwpâji, exceptéII Reg., VIII, 10, qui a’IsSSovipâji.; voir Joram 1), nomde quatre Israélites et d’un fils du roi d’Émath. La Vulgateécrit fautivement le nom de Joram 5 Joran.

1. JORAM (hébreu: Yôram), fils de Thoù, roi d’Émath(t. ii, col. 1718). Son père l’envoya au roi David pourle féliciter de la victoire qu’il avait remportée sur Adarézer(t. i, col. 211), roi de Soba. II Reg., viii, 10. Dansi Par., xviii, 10, il est appelé Adoram. Voir Adoram 2,t. i, col. 233. Cette dernière leçon est probablement labonne. Il est peu vraisemblable qu’un Hamathéen portâtun nom dans lequel Jéhovah entre comme élémentcomposant. Les Septante qui lisent’IsSSoupàiJi. au lieude Joram, dans II Reg., viii, 10, confirment que le nomde Joram est altéré dans ce passage du texte hébreu etde la Vulgate.

2. JORAM, roi d’Israël (896-884, selon la chronologieordinaire; 855-844, selon la chronologie assyrienne). Ilétait fils’d’Achab et succéda à son frère Ochozias, quin’avait régné que deux ans. Il fut moins impie que sonpère et que sa mère, Jézabel, et il ne craignit pas dedétruire les statues de Baal qu’ils avaient élevées. Néanmoinsil resta fidèle aux traditions schismatiques deJéroboam. Sa première campagne fut dirigée contreMésa, roi de Moab. D’après la stèle de ce dernier, Amri,roi d’Israël, avait été longtemps l’oppresseur de Moab ets’était emparé du pays de Médaba. Voir Médaba, Mésa.’Comme Moab était une région de pâturages, Amri luiavait imposé un tribut de cent mille agneaux et de centmille béliers avec leur laine. IV Reg., iii, 4. Mésa seplaint que cette oppression dura pendant le règned’Amri et celui de ses fils. À la mort d’Achab, Mésa serévolta contre la suzeraineté israélite et cessa de payerle tribut. IV Reg., iii, 5. Ochozias qui, à la suite de sachute, resta infirme pendant toute la durée de son règneéphémère, ne put songer à le faire rentrer dans l’obéissance.Joram au contraire s’en préoccupa dès son avènement;mais il comprit qu’il ne pouvait entreprendre-seul cette expédition. Le royaume de Moab occupait lesud-est de la mer Morte, et le profond ravin dans lequel-coule l’Arnon opposait aux envahisseurs du nord unebarrière infranchissable. Voir Arnon, t. i, col. 1022. Il-fallait donc passer par le sud, et pour cela contournerla mer Morte par l’ouest, traverser le Ghôr et gagner lesplateaux de Moab. Or, cette expédition n’était possible-qu’avec le concours des rois de Juda et d’Édom, dont ilfallait de toute nécessité emprunter le territoire pour-atteindre la frontière méridionale des Moabites. Joramcommença par faire le recensem*nt de ses troupes àSamarie; puis il envoya demander au roi de Juda,Josaphat, de se joindre à lui. Celui-ci avait déjà faitcampagne avec Achab, père de Joram, II Par., xviii, 134, et il s’était associé à Ochozias pour une entreprisemaritime. II Par., xx, 35-37. Il n’hésita pas à promettrele concours qui lui était demandé et, pour mieux sepréparer, voulut savoir par quelle voie l’on marcheraitcontre Moab. «Par le désert d’Édom,» lui fit répondreJe roi d’Israël. Josaphat envoya aussitôt avertir le roi

d’Édom de la campagne qni allait commencer et requitsa participation. Josèphe, Ant. jtid., IX, iii, i, dit queJoram fut splendidement accueilli à Jérusalem par Josaphatet que les alliés se résolurent à attaquer Mésa parle sud, parce que ce dernier ne pouvait se douter qu’unearmée affrontât la traversée du désert pour arriver àlui. — Ici se présente une difficulté. Depuis que Davidavait assujetti les Iduméens, II Reg., viii, 14, ceux-cin’avaient plus de roi. Sous Josaphat même, il n’y avaitpas de roi dans Édom; c’était un nissâb, un fonctionnaireroyal qui gouvernait. III Reg., xxii, 48 (hébreu).Voir Gouverneur, 12°, col. 285. Ce fut seulement sousJoram, fils de Josaphat, que les Iduméens se révoltèrentcontre Juda et se donnèrent un roi. IV Reg., viii, 20. Onne peut s’arrêter à l’hypothèse d’une erreur de copistesubstituant, d’après la recension des Septante de Lucien,le nom de Josaphat à celui de son petit-fils Ochozias,qui lui aussi fit campagne avec Joram d’Israël contre lesSyriens. IV Reg., viii, 28. Cette campagne contre lesSyriens est trop éloignée parmi les événements durègne de Joram, pour avoir interrompu son expéditioncontre Moab. À cette époque, il est vrai, il y avait un roiîduméen; mais comment le roi de Juda eùt-il lait sifacilement alliance avec un prince qui venait de serévolter contre lui? Le roi d’Édom qui part en guerreavec Joram et Josaphat est donc simplement le rm$âb.Du reste, on ne le consulte pas; du moment que Josaphatveut passer par l’Idumée, le gouverneur israélite n’aqu’à s’y prêter docilement et à fournir le contingent quilui est réclamé.

Les trois rois partirent donc pour contourner la merMorte par le sud, à travers le pays d’Édom. Mais au boutde sept jours de marche, le manque d’eau se fit péniblementsentir à toute l’armée. Les eaux abondantes quiarrosent le Ghôr viennent de l’est; on s’en trouvait encoreassez loin; leur accès était même probablement gardépar les Moabites. Dans cette détresse, Joram se mit àdésespérer, tandis que Josaphat demanda si dans l’expéditionne se trouvait pas quelque prophète qui pût intéresserle Seigneur à leur sort. Elisée était là. Les troisrois allèrent le trouver. Par égard pour Josaphat, leprophète consulta le Seigneur et rendit cet oracle: «Ainsi parle Jéhovah: Faites dans cette vallée desfosses, des fosses! Car voici ce que dit Jéhovah: Vousn’apercevrez point de vent et vous ne verrez pas depluie; et cette vallée se remplira d’eau et vous boirez,vous, vos troupeaux et votre bétail.» Il leur annonçaensuite leur victoire sur Moab. Le lendemain, dès l’aube,l’eau arriva en abondance du côté d’Édom. Un phénomène,aujourd’hui bien connu, s’était produit. Uneabondante pluie d’orage avait inondé les plateaux dudésert de Tih et l’eau déjà fortement teintée par la décompositiondes terres rouges qu’elle avait traversées,descendait en torrents par Vouadi el-Fiqréh ou Vouadiel-Djeib, qui viennent tous deux de l’Idumée. Cette eauaurait été bientôt absorbée par le sol brûlant; aussi leprophète avait-il ordonné de creuser des fosses pour larecueillir. Voir Inondation, col. 883. Les Moabites setenaient en armes à leur frontière pour arrêter les envahisseurs.Quand le soleil monta à l’horizon, ils aperçurenten face d’eux des eaux rouges comme du sang etcrurent que les rois confédérés s’étaient battus ensembleet avaient abondamment versé le sang. Ils marchèrentalors pour piller le camp ennemi. Josèphe, Ant. jud.,IX, iii, 2, observe qu’il n’y avait là qu’une colorationde l’eau en rouge, due aux rayons du soleil. «Ceux quiont visité les rives méridionales de la mer Morte saventquelles étranges couleurs changent parfois l’aspect desobjets. Nous avons vu la mer Morte vraiment rouge lesoir du 1 er novembre 1897.» Lagrange, dans la Revuebiblique, 1901, p. 542. Des colorations analogues peuventêtre constatées même sur nos côtes, au lever ou au coucherdu soleil. Les Moabites ne se seraient pas émus

d’un spectacle auquel ils étaient accoutumés, si l’apparence du sang ne se fût montrée là où d’ordinaire ils nevoyaient que du sable. La conséquence de leur erreurfut une déroute. Accourus en pillards sur un sol rugueuxou mouvant, ils furent battus par les troupes alliées. Lepays de Moab était ouvert. Les Israélites y pénétrèrentet, comme l’avait dit Elisée, ils détruisirent les villes,couvrirent de pierres les meilleurs champs, bouchèrenttoutes les sources d’eau, abattirent les arbres utiles etvinrent cribler de traits la ville principale de Mésa, Qirtfârâèét où Kérak, dont les murailles les arrêtèrent. Leroi de Moab, enfermé dans sa capitale, vit bientôt quetoute résistance était impossible. À la tête de sept centshommes d'élite, il fit une sortie et tenta de se frayer unpassage jusqu’au roi d'Édom, soit qu’il crût ses troupesplus faciles à vaincre, soit qu’il espérât pouvoir détacherde la coalition un peuple dont il n’ignorait pas les aspirations à l’indépendance. La sortie fut repoussée. Mésase tourna alors vers le dieu de Moab, Chamos. VoirChamos, t. ii, col. 528. Pour attirer sa protection, le roiprit son fils aîné, qui devait lui succéder, et l’immola enholocauste sur le haut de sa muraille. Ce rite sanguinaire était fort en usage chez les anciens Carthaginois,dans les calamités publiques. Cf. Tertullien, Apologet.,ix, 1. 1, col. 314; S. Jérôme, M 7s., xlvi, 2, t. xxiv, col.450; Dollinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P.,Bruxelles, 1858, t. ii, p. 327. Josèphe, Ant. jud., IX, iii,2, dit qu'à la vue de ce cruel sacrifice, les rois alliés,émus de pitié, abandonnèrent le siège et retournèrentchez eux. Il est plus probable que les Moabites se détendirent avec l'énergiedu désespoir, et que les Israélitesrenoncèrent à emporter la place. En somme, la campagne tourna court. Elisée n’en avait pas prédit l’issuedéfinitive et le livre des Rois se contente de dire que,dans leur indignation, les Israélites reprirent le cheminde leur pays. Cette indignation ne paraît pas avoir viséMésa, autrement ils n’en auraient été que plus animésà l’exterminer. IV Reg., iii, 1-27. Dans l’inscription desa stèle, le roi de Moab énumère tout ce qu’il fit à l’occasion de cette guerre. Naturellement, il ne parle pas desa première défaite à l’entrée du pays; mais il ne manque pas d’attribuer son salut à Chamos, auquel il bâtitun sanctuaire nouveau en témoignage de reconnaissance. Cf. Lagrange, L’inscription de Mésa, dans laRevue biblique, Paris, 1901, p. 522-545.

Battus par Achab, III Reg., xx, 29-30, dont ils avaientd’ailleurs tiré vengeance, III Reg., xxii, 31-35, lesSyriens restaient les rivaux acharnés du royaume d’Israël.Joram le savait et se tenait sur ses gardes. Peut-êtremême les appréhensions qui lui venaient de ce côtél’empêchèrent-elles de pousser à fond sa campagnecontre les Moabites. Les Syriens ne sa gênaient pas,même quand la guerre n'était pas déclarée, pour fairedes razzias sur le territoire israélite. IV Reg., v, 2. Unjour Joram reçut une lettré du roi de Syrie, lui annonçant qu’il lui envoyait Naaman, général de ses armées,pour qu’il le guérit de la lèpre. Joram eflrayé crut queson voisin lui cherchait une mauvaise querelle. Il fallutqu’Elisée le rassurât et lui fit dire de lui envoyer Naaman, qu’il guérit en effet. IV Reg., v, 5-10. Les hostilités n’en reprirent pas moins bientôt après entre lesdeux peuples. Mais il se trouva que toutes les mesuresstratégiques que prenait Bénadad II étaient aussitôtconnues de Joram, qui manœuvrait en conséquence. Leroi de Sjrie crut à une trahison de la part d’un desmembres de son conseil; on l’avertit qu’Elisée, le prophète, connaissait et divulguait tous ses secrets. Ilenvoya des hommes pour le prendre: Elisée que ceshommes ne connaissaient pas, les conduisit lui-mêmejusque dans Samarie, à la merci de Joram, qui, surl’ordredu prophète, les renvoya sains et saufs à leur maître. Ala suite de cette aventure, Bénadad, par crainte d’Elisée,raconte Josèphe, Ant. jud., IX, iv, 4, renonça à la

guerre de ruses et se crut assez fort pour attaquer defront le roi d’Israël. Joram s’enferma dans Samarie. Lesiège de la ville tut entrepris par ies Syriens; il devintsi rigoureux qu’une horrible famine en fut la conséquence et qu’une femme en vint à manger son enfant.Joram était désespéré; il se revêtit d’un cilice pourdonner, au moins extérieurement, l’exemple de la pénitence et essayer de fléchir le courroux divin. Puis safureur se tourna subitement contre Elisée. Le texte sacréne dit pas pourquoi; Josèphe prétend que le roi accusait le prophète de ne pas user de son pouvoir auprèsde Dieu pour faire cesser tant de maux. Les émissairesdu roi se rendirent à la demeure d’Elisée pour le mettreà mort: «Voici que ce fils d’assassin envoie quelqu’unpour me couper la tête,» dit le prophète, en faisantallusion au meurtre de Naboth par Achab et Jézabel.III Reg., xxi, 19. Le roi suivait son envoyé. Eliséel’avertit que le lendemain les vivres abonderaient àSamarie. La nuit suivante, en effet, les Syriens furentsaisis de panique et s’imaginèrent que des Héthéens etdes Égyptiens accouraient au secours de Joram. Ilss’enfuirent au delà du Jourdain, laissant après euxtoutes sortes de dépouilles et de provisions. Samariefut ainsi délivrée et copieusem*nt ravitaillée. IV Reg.,vi, 24-vn, 20. Voir Elisée, t. ii, col. 1694.

Quelque temps après, Elisée appelé à Damas auprèsde Bénadad, qui était malade, prédit sa mort prochaine,et annonça à Hazæl, l’un de ses principaux officiers,qu’il serait roi de Syrie à la place de son maître. Maisil fit cette annonce les larmes aux yeux, car il savaittout le mal qu’Hazæl devait causer aux enfants d’Israël.IV Reg., viii, 7-15. Voir Hazæl, col 459. Les craintes duprophète ne tardèrent pas à se réaliser. Joram paraîtavoir profité du changement de roi en Syrie pour essayerde rentrer en possession de Ramoth-Galaad. Le roiOchozias, de Juda, sur l’avis de ses conseillers, se joignità Joram d’Israël dans cette expédition. La ville fut prise,mais Joram fut blessé et s’en retourna à Jezræl pour sefaire soigner et recommencer ensuite la guerre contre lesSyriens. La ville de Ramoth-Galaad resta à la garde deJéhu, officier de Joram, qu’Elisée envoya sacrer roid’Israël. Voir Jéhu 2, col. 1245. À quelque temps de là,Ochozias se rendit à Jezræl, pour faire visite à Joram, ,qui n'était pas encore complètement guéri de sa blessure.

Jéhu s’y transporta peu après de son côté, pourexécuter les ordres qui lui avaient été donnés par Elisée.Du haut d’une tour de Jezræl, le veilleur vit arriver unetroupe. Joram envoya successivement au-devant d’elledeux cavaliers, qui ne revinrent pas. Le veilleurreconnut enfin les nouveaux arrivants: «C’est l’allure deJéhu, car il conduit comme un fou.» Joram fit aussitôtatteler pour se porter à sa rencontre avec Ochozias.Quand il fut à portée, il s'écria: «Est-ce la paix, Jéhu?» La réponse fut telle que le roi comprit le péril qui lemenaçait. Il tourna bride. Mais Jéhu lui décocha uneflèche qui l’atteignit entre les épaules et lui perça lecœur. Joram s’affaissa sur son char. Jéhu fit saisir soncadavre pour qu’on Je jetât dans le champ de Naboth.Il poursuivit ensuite Ochozias qui, blessé à son tour,s’en alla mourir à Mageddo. IV Reg., viii, 28-29; ix, 1629; II Par., xxii, 5-9; Josèphe, Ant. jud., IX, vi, 1-3.Ainsi périt le malheureux Joram. Il s'était montré énergique en plusieurs circonstances, avait rendu la justiceà ses heures, IV Reg., viii, 4-6, s'était habilement ménagé le concours des rois de Juda et, en somme, avaitprofité du crédit dont Elisée jouissait auprès de Dieu.Mais il subit le prophète et le craignit sans l’aimerjamais. Durant tout son régne, il resta soumisà l’influencenéfaste de sa mère, Jézabel, qui ne périt qu’après lui, ,et c’est à elle surtout qu’il dut d'être un roi impie, bienque moins mauvais que ses parents. Il ne régna que.

douze ans.,

H. Lesêtre.

1645

JORAM — JOSABETH

1646

3. JORAM, roi de Juda (889-881, suivant la chronologieordinaire; 852-845, selon la chronologie assyrienne).

II était le fils aîné de Josaphat, auquel il succéda à l’âgede trente-deux ans, la cinquième année de son hom*onyme,Jorarn, roi d’Israël. Il ne suivit pas les exemplesde son père. Marié à la fille d’Achab, Athalie, il obéit àl’impulsion de cette femme et se conduisit comme lespires rois d’Israël. Il commença son règne par unaffreux carnage. Il avait six frères, que son père avaitlibéralement dotés. Sitôt qu’il sentit son trône assuré, illes fit impitoyablement massacrer, et avec eux plusieurschefs du royaume, sans nul doute pour s’emparer deleurs biens. Peut-être obéissait-il aussi aux suggestionsd’Athalie, qui rêvait de régner seule un jour et qui, entous cas, n’imita que trop bien l’exemple de son mari.IV Reg., xi, 2. — De son temps, les Iduméens se révoltèrent.Ils avaient été gouvernés jusque-là par un nifàâb,fonctionnaire qui commandait au nom du roi de Juda.

III Reg., xxii, 48 (hébreu). Josèphe, Ant. jud.. IX, v, 1,dit qu’ils le tuèrent. À sa place, ils se donnèrent un roi,comme les Moabites. Joram dut partir pour les soumettre,afin de ne point perdre une suzeraineté que sonpère lui avait léguée et dont Josaphat s’était utilementservi dans la guerre contre les Moabites. Il se portaavec tous ses chars sur une localité appelée §âcir, quin’a pas encore été identifiée, cf. Buhl, Geschichte derEdomiter, Leipzig, 1893, p. 64, mais qui devait se trouverdans une plaine accessible à la charrerie de guerre. Larencontre ne fut pas heureuse. Du texte sacré, peu clairen ce passage, il semble résulter qu’il y eut une surprisede nuit tentée par Joram, que celui-ci battit lesIduméens qui l’entouraient, put s’échapper avec seschars, mais qu’ensuite son armée se débanda devant larésistance opposée par les ennemis. LTdumée gardadésormais son indépendance. À la même époque, laville de Lobna, située dans la plaine de Juda, se révoltaégalement. C’était une ville lévitique qui avait droitd’asile. Jos., xxi, 13. Voir Lobna.. — Ces défectionsn’étaient que trop méritées par la conduite impie deJoram. Il créa des hauts-lieux dans les montagnes deJuda; il s’appliqua même à introduire jusque dansJérusalem l’idolâtrie et l’immoralité qui en est la conséquence.Dans ce zèle pour le mal se reconnaît l’influencenéfaste d’Athalie. Il était dans les desseins de Dieu deconserver la lignée de David. Cependant Joram méritaitle châtiment et le prophète Élie le lui signifia par écrit.Après lui avoir rappelé ses actes d’idolâtrie et le meurtrede ses frères, «qui valaient mieux que lui,» il ajoute: «Jéhovah frappera ton peuple d’une grande plaie, tesfils, tes femmes et tout ce qui t’appartient; quant à toi,il te frappera d’une maladie violente, d’un mal d’entraillesqui s’aggravera de jour en jour, jusqu’à ce quetes entrailles sortent par suite de cette maladie.» Laprophétie ne tarda pas à s’accomplir. Des bandes dePhilistins et d’Arabes venus du sud envahirent la Palestine,purent arriver jusqu’à la maison du roi, pillèrenttoutes les richesses qu’ils y trouvèrent et emmenèrentavec eux les fils et les femmes du roi, à l’exception duplus jeune, Ochozias. Il n’est pas question de Jérusalemdans ce coup de main. Les bandes de pillards profitèrentdonc vraisemblablement d’un séjour de Joram dans unemaison de campagne, pour la garde de laquelle il n’avaitpas pris les précautions suffisantes. Les brigands arabesne se contentèrent pas d’enlever les fils du roi; ils lesmirent à mort. II Par., xxii, 1. La maladie d’entraillesse déclara la sixième année du règne de Joram, et elledura deux ans. Voir Dysenterie, t. ii, col. 1518. Le roimourut en proie à de violentes douleurs, au bout dehuit ans de règne. Il ne laissa aucun regret après lui.Ni sa femme Athalie, ni son fils Ochozias n’osèrent luidécerner des honneurs que lui refusait la réprobationpopulaire. Les funérailles solennelles avec des parfumsfurent supprimées, et si Joram tut inhumé dans la cité

de David, du moins ce ne fut pas dans le sépulcre desrois. IV Reg., viii, 16-24; Il Par., xxi, 1-20.

H. Lesêtre.

4. JORAM (hébreu: Yôrdm), lévite de la famille deGersom, fils d’Isaie, père de Zéchri et grand-père deSélémith, qui vivait du temps de David. I Par., xxvi, 25.

5. JORAM, JORAN (hébreu: Yehôrâm), un des prêtresqui furent envoyés par Josaphat dans les villes de Judapour enseigner au peuple la loi de Moïse. II Par., xvii, 8.

    1. JORIM##

JORIM (grec: ’Iwpei’n), ^ s de Mathath et pèred’Éliézer, l’un des ancêtres de Notre-Seigneur dans lagénéalogie de saint Luc, iii, 29. Son nom est probablementune altération de Joram.

JOSA (hébreu: Yôsâk; Septante’Iwofa), fils d’Amasias,un des chefs de la tribu de Siméon, du temps duroi Ézéchias. Il fut un de ceux qui se mirent à la tête desSiméonites, lorsqu’ils allèrent s’emparer de Gador.

I Par., iv, 34. Voir Gador, col. 34.

    1. JOSABA##


JOSABA, femme du grand-prêtre Joïada. IV Reg.,xi, 2. Dans II Par., xxii, 11, elle est appelée Josabeth.

    1. JOSABAD##


JOSABAD, un des meurtriers du roi Joas. Il Par.,xxiv, 26. Son nom est écrit Jozabad dans IV Reg., su,19. Voir Jozabad 1.

    1. JOSABETH##

JOSABETH (hébreu: Yehôséba’; Septante: ’Iioiraêel;Vulgate: Josaba, dans IV Reg., xi, 2; hébreu: Yehôsabe’at:Septante: ’Iwuaéeéô; Vulgate: Josabeth, dans

II Par., xxii, 11; ’I<.xra6é6ï), dans Josèphe, Ant.)ud.,IX, vii, 1), fille de Joram roi de Juda et femme dugrand-prêtre Joiada. Elle n’était point fille de la reineAthalie, d’après Josèphe, Ant.)ud., IX, vii, 1, et n’étaitpar conséquent que la demi-sœur d’Ochozias, fils etsuccesseur de Joram sur le trône de Jérusalem. Cf.Pseudo-Jérôme, Quxst. hebr. in II Par., xxi, 17,t. xxiii, col. 1393. Josabeth épousa le grand-prêtre Joiada,col. 1594. C’est le seul cas mentionné dans l’Écrituredu mariage d’une princesse royale avec un grand-prêtre,mais les rois, par suite de la polygamie, ayant de nombreuxenfants, l’union avec une des filles du roi ne devaitpas être une distinction très extraordinaire. Cf.I Reg., xviii, 19; xxv, 44; III Reg., iv, 11-15. — En dehorsde Josabeth, on ne connaît le nom que de deux autresfemmeî de prêtre, celui de la femme d’Aaron et celui dela mère de saint Jean-Baptiste qui avait épousé le prêtreZacharie. Elles s’appelaient toutes les deux Elisabeth,Exod., vi, 23; Luc, i, 5 (t. ii, coi. 1688, 1689), et, parune singulière coïncidence, leur nom est formé de lamême manière que celui de Josabeth, avec cette seuledifférence que le nom divin n’est pas le même, Josabethsignifiant «[celle dont] Jéhovah est le serment», etElisabeth «[celle dont] El (Dieu) est le serment». — LaProvidence se servit de Josabeth pour sauver la race deDavid de la destruction. Lorsque l’ambitieuse Athalie(t. i, col. 1207), à la mort de son fils Ochozias, fit massacrersa postérité pour s’emparer du trône, la femme dugrand-prêtre Joiada réussit à dérober à ses coups son neveuJoas avec sa nourrice et à le cacher dans le Temple oùelle le fit élever, pendant six ans, de concert avec sonmari, jusqu’au jour où le pontife put le faire proclamerroi. Voir Joas 3, col. 1556. Le texte sacré dit que Joas futcaché d’abord «dans la chambre des lits», c’est-à-diredans un appartement où l’on emmagasinait tout ce quiservait à la literie, et qui devait être une des dépend incesdu Temple. IV Reg., xi, 2; II Par., xxii, 11. Ces détails sontracontés en termes identiques dans ces deux passages dutexte original, quoique la Vulgate ait donné du premierune traduction un peu différente (elle fait enlever l’enfantet la nourrice de la chambre à coucher du palais royal, 1647

JOSABETH — JOSAPHAT

au lieu de dire que Josabeth les fit cacher dans lachambre des lits). Joïada avait sans doute sa demeuredans les dépendances du Temple et c’est là que la tantede Joas l’éleva jusqu’à son avènement au trône, sansdoute avec son fils Zacharie, qui succéda plus tard àson père dans le souverain pontificat.

F. VlGOL’ROUX.

    1. JOSABHÉSED##

JOSABHÉSED (hébreu: YuSab fréséd, «la miséricordeest revenue;» Septante: ’AaoêiS; Alexandrinus: ’Ao-oêaoiS), fils de Zorobabel. I Par., iii, 20. Les enfantsde Zorobabel sont partagés dans le texte sacré en deuxcatégories, la première contenant deux fils et une fille;la seconde, a cinq fils» dont Josabhésed est le dernier.Les trois premiers enfants ne sont pas comptés dans cenombre de «cinq fils». On a supposé, pour expliquercette anomalie, ou qu’ils n’étaient pas fils d’une mêmemère, ou que les trois premiers étaient nés en Babyloniependant la captivité et que les cinq autres étaientnés après le retour en Palestine. La signification du nomde Josabhésed s’accorderait assez bien avec cette dernièreexplication, mais elle ne peut suffire à la rendre certaine.

    1. JOSABI À##

JOSABI À (hébreu: Yôhbyâh, «Jéhovah fait habiter;» Septante: ’Inaët’a), père de Jéhu, de la tribu de Siméonet l’un des cheis de cette tribu. I Par., iv, 35.

    1. JOSACHAR##

JOSACHAR (hébreu: Yôzdkâr, «Jéhovah s’est souvenu;» Septante: ’IsÇip^âp; Alexandrinus: ’ItoÇa^àp),fils de Sémaath. IV Reg., xii, 21. Sémaath était unefemme ammonite. II Par., xxiv, 26. Dans ce dernierpassage, Josachar est appelé Zabad, par suite de la suppressiondu nom divin initial et de la confusion deslettres semblables 3, k, et 3, b;-i, r, et "r, d. Un manuscritde Rossi l’appelle Yôzdkâd. C’était un des serviteursdu roi de Juda, Joas, et il tua son maître dans samaison de Mello avec Jozabad, fils de Somer. D’aprèsJosèphe, Ant. jud., IX, viii, 4, les deux meurtriers voulurentainsi venger la mort de Zacharie, fils de Joïada,que le roi ingrat avait fait périr, mais le texte sacré nedit rien sur le mobile qui les poussa à commettre cecrime. Amasias, successeur de Joas, les fit mettre à mortl’un et l’autre après son avènement au trône. II Par.,xxv, 3.

    1. JOSAIA##

JOSAIA (hébreu: Yôsavyâh; Septante: ’Itouiâ), filsd’Elnæm, un des vaillants soldats de David. I Par., xi,46. Son nom est écrit au moins de huit manières différentesdans les manuscrits hébreux.

    1. JOSAPHAT##

JOSAPHAT (hébreu: YehôMfât, «Dieu juge;» Septante: ’IaxxaçctT), nom de six Israélites et d’une vallée.Le nom de Josaphat 5 est écrit dans le texte hébreuYôsâfât au lieu de Yehvsâfât.

    1. JOSAPHAT##


1. JOSAPHAT, fils d’Ahilud, annaliste ou historiographede David, II Reg., viii, 16; xx, 24; I Par., xviii,15, et de Salomon. III Reg., iv, 3. Voir Historiographe,col. 723.

    1. JOSAPHAT##


2. JOSAPHAT, fils de Pharué. Salomon le chargea deprélever les redevances de la tribu d’Issachar et de l’approvisionnerpendant un des douze mois de l’année.III Reg., iv, 17.

3. JOSAPHAT (hébreu: Yehffêâfât; Septante: ’Iw(Taçit), quatrième roi de Juda depuis le schisme (914-889avant J.-C, ou 877-853 d’après la chronologie assyrienne).

— Il était fils du pieux roi Asa, qui avait régné quaranteet un ans à Jérusalem et laissé par conséquent derrièrelui des traditions de vertu auxquelles son successeurtint à rester fidèle. Josaphat monta sur le trône à l’âgede trente-cinq ans. Il s’appliqua à faire observer partout

la loi de Dieu. II fit disparaître du pays les femmes demauvaise vie qui s’y trouvaient encore, malgré les effortsd’Asa, ainsi que les hauts lieux, II Par., xvii, 6, et lesidoles, dont le peuple avait si grand’peine à se déprendre;encore ne réussit-il pas complètement sur ce point,puisque des hauts lieux continuèrent à subsister.III Reg., xxii, 44. La troisième année de son règne, ilprit une mesure excellente. Il chargea cinq de ses principauxfonctionnaires, accompagnés de neuf lévites etde deux prêtres, d’aller enseigner au peuple ses devoirsenvers le Seigneur. Ces missionnaires avaient avec euxle livre de la loi de Jéhovah; ils parcoururent toutes lesvilles de Juda, remédièrent ainsi à l’ignorance du peupleet tâchèrent de corriger son inclination pour l’idolâtrie.II Par., xvii, 7-9. Grâce à la sagesse de sonadministration, Josaphat devint un prince riche et puissant.De tout son royaume, on lui apportait des présents.Les pays voisins le respectaient et, sauf en une seuleoccasion, n’entreprirent rien contre lui. Les Philistinslui payèrent un tribut; les Arabes lui amenèrent septmille sept cents béliers et autant de boucs. Il travaillaitd’ailleurs avec intelligence à la sécurité et à la prospéritédu pays. Il fit exécuter des travaux de toutes sortesdans les villes de Juda, et bâtit même des citadelles etdes villes servant de magasins. Son armée était tenueen excellent état. Il avait des garnisons dans les villesfortes, et en outre il disposait de trois corps de troupesdans Juda et de deux dans Benjamin, ce qui contribuaitpuissamment à affermir son autorité et à le faire respecterde tous. II Par., xvii, 5, 10-19.

Josaphat était devenu roi la quatrième année d’Achab,roi d’Israël. III Reg., xxii, 41. Il suivit une politiquetout autre que celle de ses prédécesseurs dans ses rapportsavec le royaume du nord. Depuis le schisme, Judaet Israël avaient toujours été en état d’hostilité réciproque.Josaphat, au contraire, fit alliance avec Achab.Il maria même son fils Joram avec Athalie, fille de ceprince. II Par., xxi, 6. Il ne prévoyait pas les tristesconséquences qui devaient résulter de ce mariage pourle royaume de Juda. Peut-être contracta-t-il cette allianceen vue de certains intérêts politiques dont le textesacré ne parle pas et qu’il ne permet pas de démêler.

II est regrettable que le roi n’ait pas été arrêté par cequ’il devait savoir de l’impiété d’Achab et de Jézabel, safemme, et par ce qu’il entendait dire de la conduite duprophète Élie à leur égard. Comme Ochozias, fils deJoram, avait vingt-deux ans quand il succéda à sonpère, IV Reg., viii, 26, comme avant lui Joram régnahuit ans, IV Reg., viii, 17, et Josaphat vingt-cinq ans,

III Reg., xxii, 42, il s’ensuit que le mariage de Joramet d’Athalie dut se faire vers la dixième année durègne de Josaphat. Cette alliance obligea le roi de Judaà prêter son concours au roi d’Israël dans ses guerrescontre la Syrie. La dix-huitième année de son règne,il alla visiter à Samarie le roi Achab, qui fit de grandsfrais en son honneur et lui proposa avec une certaineinsistance de venir avec lui au siège de Ramoth-Galaad.Josaphat y consentit, malgré les prédictions peu rassurantesd’un prophète nommé Michée. Voir Achab, t. i,col. 123, 124; Michée. À Ramoth, au moment de livrerbataille, Achab se déguisa pour ne pas être reconnu desSyriens, qui de leur côté avaient ordre de ne viser quele roi d’Israël. Josaphat faillit être victime de cette rused’Achab. Les Syriens le prenaient pour le roi d’Israël,et il eut grand’peine à échapper aux coups. Achab n’enfut pas moins frappé à mort. Pendant que Josaphat revenaittranquillement à Jérusalem, le prophète Jéhu vintà sa rencontre et lui dit: «Fallait-il aider l’impie, etdevais-tu aimer ceux qui haïssent le Seigneur? C’estpourquoi Jéhovah est irrité contre toi. Mais il s’esttrouvé en toi de bonnes choses, car tu as fait disparaîtredu pays les idoles et tu t’es appliqué de tout cœurà chercher Dieu.» II Par., xviii, 1-xix, 3. JOSAPHAT

1650

De retour à Jérusalem, Josaphat poursuivit son œuvrede réformes. Il voulut lui-même visiter en personne leslocalités dans lesquelles il avait précédemment envoyéses représentants. Il alla dans toutes les villes, de Bersabéeà la montagne d’Éphraim, y contrôla l’administrationde la justice et recommanda aux juges de procéderen tout avec équité et impartialité, puisque c’est aunom de Dieu qu’ils rendaient leurs arrêts. À Jérusalem,il établit un tribunal supérieur, composé de lévites, deprêtres et de chefs de famille ou anciens, pour connaîtredes causes plusgraves ou plus difficiles. À la têtede ce tribunal, il mit le grand-prêtre Amarias pour lesaffaires religieuses et Zabadias pour les affaires civiles.Il avertit également les membres de ce tribunal d’avoirà juger avec fidélité et intégrité, dans la crainte deJéhovah. II Par., xix, 4-11.

Quelque temps après, mais avant la vingtième annéede son règne, Josaphat fut informé qu’une coalition deMoabites, d’Ammonites et de Maonites (Vulgate: deAmmonilis, II Par., xx, 1) s’était formée contre lui etvenait pour le combattre. Ils arrivaient de l’autre côtéde la mer Morte, non pas de la Syrie, dind, mê’ârâm,comme le dit le texte actuel par suite d’une faute detranscription évidente, mais mra, mê’ëdôm, de l’Idumée,qui occupe tout le sud de la mer Morte. Il estvrai que les Iduméens dépendaient alors des rois deJuda, qui les faisaient gouverner par un fonctionnaireisraélite appelé nisçab. III Reg., xxii, 48. Voir Iduméens,col. 834. Les envahisseurs empruntèrent certainementleur territoire pour contourner la mer Morte par lesud. S’ils étaient arrivés par le nord pour attaquer Josaphat,on ne s’expliquerait pas qu’ils soient redescendusjusqu’à Engaddi. Les Iduméens, surpris et inférieursen forces, ne purent songer à leur disputer le passage;peut-être l’avertissem*nt donné à Josaphat venait-ild’eux. Cependant les coalisés avaient remonté la côteoccidentale de la mer Morte et campaient à Asasonthamarou Engaddi, vers le milieu de cette côte et à peuprès à la hauteur d’Hébron. Voir Engaddi, t. ii, col.1796, et la carte de Juda. Josaphat commença parprescrire un jeûne général et par convoquer son peupledans le parvis neuf du Temple pour y implorer l’interventiondu Seigneur; car il se sentait incapable de résisteraux hordes innombrables qui s’avançaient contrelui. Les femmes et les petit* enfants mêlèrent leurs supplicationsà celles des hommes de Juda. Alors l’espritdu Seigneur inspira un lévite nommé Jahaziel, col. 1106,descendant d’Asaph, qui dit au nom de Dieu: «Ne craignezpas, n’ayez pas peur en face de cette multitudenombreuse, car ce ne sera pas vous qui combattrez, cesera Dieu.» Il ordonna ensuite de marcher contre lesennemis le lendemain, parce qu’ils devaient gravir lamontée de Sis et qu’on les rencontrerait à l’extrémitéde la vallée, en face du désert de Jéruel, col. 1317. Desconcerts de louange et de reconnaissance répondirentàcette assurance du prophète. Le lendemain, de grandmatin, les guerriers de Juda se mirent en route, accompagnésde lévites qui chantaient des cantiques au Seigneur.Ils se dirigèrent vers le désert de Théeué, au sudde Bethléhem, à une vingtaine de kilomètres de Jérusalem.Arrivés sur une hauteur qui domine le désert, ilsvirent le sol couvert des cadavres de tous leurs ennemis.Une panique ou peut-être une discussion violente avaitarmé les Ammonites et les Moabites contre les Maonitesde Séir. Voir Maonites. Ceux-ci anéantis, les deuxautres tribus en étaient venues aux mains et ^avaientabouti à s’exterminer mutuellement. Josaphat et sonpeuple mirent trois jours à recueillir les riches dépouillesde leurs envahisseurs. Ils s’assemblèrent ensuitedans une vallée voisine, afin de bénir le Seigneur. Pourperpétuer leur reconnaissance, ils donnèrent à cettevallée le nom de’Éméq Berâkâh, «vallée de bénédiction.» Voir Bénédiction (Vallée de), t. i, col. 1583.

De retour à Jérusalem, ils célébrèrent encore dans leTemple la protection dont les avait favorisés le Seigneur.Cet événement contribua à fortifier la situationde Josaphat vis-à-vis des autres peuples qui voyaientavec terreur la puissance que lui prêtait Jéhovah.II Par., xx, 1-30.

Ochozias avait succédé à son père Achab, roi d’Israël,la dix-huitième année de Josaphat. Il ne régna quedeux ans. C’est dans cet intervalle que le roi de Juda,qui était toujours maitre de l’Idumée et venait d’êtredébarrassé des Maonites de Séir, tenta, à l’imitation deSalomon, d’avoir une flotte à Asiongaber pour l’envoyerchercher les denrées précieuses à Ophir. Le livre desRois ne nomme que Josaphat comme promoteur del’entreprise, mais le livre des Paralipomènes, complétantle récit précédent, ajoute qu’il y avait ententeentre Josaphat et Ochozias, et que ce dernier participaà la construction des vaisseaux. Ni l’entreprise ni l’ententeavec le roi d’Israël ne furent approuvées de Dieu.Un prophète nommé Éliézer vint dire à Josaphat: «Puisque tu t’es associé avec Ochozias, Jéhovah détruitton œuvre.» Les vaisseaux furent brisés par la tempêtedans le port d’Asiongaber. Voir Asiongaber, t. i,col. 1100. L’inexpérience des marins hébreux eut sansdoute aussi sa part dans la catastrophe. Alors Ochoziasfit à Josaphat cette proposition: «Si tu veux, meshommes iront avec les tiens sur des vaisseaux.» Le roide Juda se refusa à renouveler la tentative; l’avertissem*ntdu prophète suffisait à l’en détourner. III Reg., xxii,48-50; II Par., xx, 35-37.

Après s’être allié avec Achab et son fils aîné, Ochozias,Josaphat ne put refuser de le taire avec le secondfils, Joram. Le mariage d’Athalie et du fils de Josaphatne permettait guère à ce dernier de décliner lesavances des rois d’Israël. D’ailleurs Joram avait à châtierson tributaire révolté, Mésa, roi de Moab, et il savaitque le roi de Juda avait eu gravement à se plaindredes Moabites, au moment de leur coalition avec lesAmmonites et les Maonites. Josaphat n’hésita pas àprendre part à cette campagne, non cependant sanss’être assuré le concours d’un prophète de Jéhovah,ainsi qu’il l’avait tait avant de partir pour Ramoth-Galaadavec Achab. La campagne, commencée par unevictoire, n’aboutit pas, et les deux rois d’Israël et deJuda retournèrent dans leur pays sans avoir obtenugrand résultat. Voir Joram, col. 1641. En somme, les actionsconcertées de Josaphat avec Achab, Ochozias etJoram, ne furent jamais couronnées de succès. IV Reg.,m, 4-27. —Josaphat mourut à soixante ans, après vingt-cinqans de règne. Il fut inhumé avec ses pères dansla cité de David (cf. col. 1654). Roi d’une haute piété, d’ungrand amour pour la justice et d’un complet dévouementpour son peuple, il eût mérité tous les éloges s’iln’avait consenti au funeste mariage de son fils avec lafille de Jézabel. De cette faute, dont Josaphat n’eut sansdoute pas conscience, puisque l’historien sacré ne l’incriminepas à ce sujet, découlèrent les plus déplorablesconséquences: l’impiété de son propre fils Joram,le meurtre de tous ses autres fils par ce mêmeJoram, l’impiété d’Ochozias de Juda, fils de Joram etd’Athalie, le massacre de presque toute la race royalede Juda par Athalie, le règne de cette temme criminelle,plus tard la perversion de Joas, en un mot l’introductiondans la dynastie de David des mœurs impies etcruelles qui déshonoraient la royauté d’Israël.

H. Lesêtre.

    1. JOSAPHAT##


4. JOSAPHAT, fils de Namsi et père de Jéhu, roid’Israël. IV Reg., ix, 2, 14.

    1. JOSAPHAT le Mathanite##


5. JOSAPHAT le Mathanite, un des vaillants soldatsde David. I Par., xi, 43. Il était probablement originairede la TransJordanie, comme celui qui le précède et celuiqui le suit dans la liste des «forts» de David, mais on

ne peut faire que des hypothèses â ce sujet. Voir Mathanfte.

    1. JOSAPHAT##


6. JOSAPHAT, prêtre qui vivait du temps de David.Il fut un des sept qui sonnèrent de la trompette, lorsqu’ontransporta l’Arche de la maison d’Obédédom à Jérusalem.I Par., xv, 24.

7. JOSAPHAT (VALLÉE DE) (hébreu: ’Éméq Yehôsâfdt;Septante: KoiXàt’Iw<xa<pd<T; Vulgate: Vallis Josaphat),vallée nommée seulement dans Joël. D’après saprophétie, après le retour de Juda et de Jérusalem de

Vierge à l’angle sud-est des murs de Jérusalem et séparele Temple du mont des Oliviers (fig. 283). En l’an 333.le Pèlerin de Bordeaux dit: «Ceux qui vont de Jérusalempar la porte Orientale faire l’ascension du mont desOliviers, ont à gauche la vallée qui est appelée de Josaphat.» Patr. Lat., t. viii, col. 791. Peu après, Eusèbe.et àsa suite, saint Jérôme, répètent la même chose: «Valléede Josaphat. Elle est située, disent-ils, entre Jérusalemet le mont des Oliviers.» Onomast. sacr., 1862, p. 260,261. À partir du iv siècle, la dénomination de «valléede Josaphat», au lieu de vallée de Cédron, est d’un*usage universel. Elle est employée dans tous les récils

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283. — Vallée de Cédron. D’après une photographie.

la captivité, Dieu rassemblera en cet endroit tous lesgentils, Joël, iii, 2 (hébreu, iv, 2) et il y siégera pourjuger tous leurs méfaits contre Israël. Joël, iii, 12 (hébreu,v, 4). Deux questions se posent à ce sujet: l°Lavallée dont parle Joël est-elle une vallée réelle ou unevallée symbolique? 2° Quel est le jugement annoncépar le prophète?

Situation de la vallée.

«La vallée de Josaphat,

où Dieu… jugera les peuples, doit être prise au figuré,dit A. Neubauer, Géographie du Talmud, 1868, p. 51.Le midrasch dit: Une telle vallée n’existe pas.» Il estcertain que, en dehors de Joël, l’Écriture ne mentionneaucune vallée de ce nom; il est certain également qu’onne trouve dans aucun écrit antérieur au IVe siècle delocalisation de cette vallée; mais, à partir de cette époque,la tradition juive et la tradition chrétienne, etplus tard la tradition musulmane, s’accordent à identifierla vallée de Josaphat avec cette partie de la valléede Cédron qui s’étend à peu près du Tombeau de la

des pèlerins. Voir Pierre diacre, dans Sanctse SilvisePeregrinatio, édit. Gamurrini, in-4°, Rome, 1887, p. 120,121, etc.

Aucun auteur antérieur au rv» siècle ne donnant à lavallée de Cédron le nom de vallée de Josaphat, il estprobable que c’est seulement vers cette époque qu’ildevint en Usage. Au Ve siècle, cette identification n’étaitpas encore universellement connue, car saint Cyrilled’Alexandrie, Comm. in Joël., 38, t. lxxi, col. 388, laplace à quelques stades de Jérusalem, et dit qu’«onrapporte qu’elle est stérile et propre à l’équitation», cequi ne convient nullement à la vallée appelée aujourd’huivallée de Josaphat. — Il faut remarquer, d’ailleurs,que non seulement cette identification n’est pas trèsancienne, mais qu’elle est en contradiction avec le langagede Joël. Il appelle la vallée dont il parle por, ’éméq. Or la vallée de Cédron n’est jamais appeléedansla Bible hébraïque’éméq, mais toujours bru, .nahal, Gen., xiv, 17; II Sam., xviii, 18, ce qu’on

appelle aujourd’hui dans le pays un ouadi.’Éméq sedit d’une vallée large et importante, comme la valléed’Esdrelon et la vallée de Gabaon, tandis que nabal sedit d’une vallée étroite, d’une gorge, d’un ravin. Lesdeux termes ne sont pas synonymes et il n’existe pas unseul exemple où l’un des deux soit employé pourl’autre. — Malgré ces raisons, la tradition persiste et continueà être acceptée par de nombreux pèlerins. «Nousvoilà dans la vallée de Josaphat, dit Mislin, Les SaintsLieux, t. ii, 1858, p. 457. Aucun lieu sur la terre n’évoquede plus solennelles pensées: c’est la vallée deslarmes, du recueillement et de la mort. Rien d’animéne distrait celui qui vient méditer dans cette triste solitude:une ville ensevelie sous ses malheurs, un torrent «même manière que vous l’y avez vu monter.» Act.,1, 11. Tout cela a fait croire que c’est ici qu’aura lieu lejugement dernier. Je sais qu’on peut discuter beaucoupsur la valeur des mots; mais chacun est libre d’adopterle sentiment qui lui paraît le plus raisonnable: ce quiest de foi, c’est qu’il y aura un jugement.» Knoll, quicroit aussi que le dernier jugement sera rendu dans lavallée de Josaphat, reconnaît néanmoins que ce n’estpas certain et il ajoute dans ses Institutiones théologiestheoretiese, pars V», sectio III", c. ii, a. 1, t. vi, p. 522:Multi putant quemlibet locum, in quojudicium habetur,et boni a malts separantur, vallem Josaphatnuncupari posse. On donne aujourd’hui à l’un des quatretombeaux les plus remarquables de la vallée, le nom

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284. — Tombeau de Josaphat. D’après une photographie.

sans eau, partout des monuments funèbres, des rochesnues, quelques arbres sans verdure, des montagnesarides, des tombes brisées, le souvenir des martyrs etdes prophètes, l’agonie du Fils de Dieu et sa venue à lafin des siècles pour juger tous les hommes: voilà cequi saisit l’âme et la remplit d’émotion et d’effroi.» Mislin reconnaît d’ailleurs lui-même plus loin, p. 500,qu’il n’est pas certain que le jugement dernier doiveavoir lieu dans cette vallée. «Elle est plus communément,dit-il, appelée vallée de Josaphat, soit à cause dutombeau de Josaphat, Bède, De Locis sanctis, vi, soit àcause de sa destination future, vallée de Josaphat signifievallée du jugement. Le Seigneur a dit par la bouchedu prophète Joël: «J’assemblerai toutes les nations, et «je les ferai descendre à la vallée de Josaphat, et là «j’entrerai en jugement avec elles.» Joël, iii, 2. Et plusloin: ’«Que les nations se lèvent et montent vers la «vallée de Josaphat, parce que j’y serai assis pour «juger les nations.» Joël, v, 12. Les anges qui apparurentaux disciples, après l’ascension de notre Sauveur,leur dirent: «Hommes de Galilée, pourquoi demeurez-vouslà les yeux levés vers le ciel? Ce Jésus qui, du «milieu de vous, s’est élevé dans le ciel viendra de la

de Josaphat. Il est situé derrière le tombeau d’Abraham(voir fig. 284), et cette désignation paraît assez ancienne;mais le tombeau portait anciennement unautre nom, celui de Siméon ou de Joseph, et le textesacré dit expressément que Josaphat avait été enterréavec ses pères dans la cité de David. III Reg., xxii, 51.C’est sans doute par suite de l’application de la prophétiede Joël à la vallée de Cédron qu’on l’appela vallée deJosaphat et qu’on donna aussi le nom de ce roi à l’undes plus beaux tombeaux.

Jugement annoncé par le prophète.

Les opinions

sont très partagées sur la nature du jugementprédit par le prophète Joël. Les uns y voient une allusionaux «multitudes» d’ennemis, Joël, iii, 14, dont leSeigneur fit triompher Josaphat sans coup férir, dans ledésert de Juda. Voir Jéruel, col. 1317. II Par., XX. Leroi et le peuple remercièrent solennellement Dieu dece triomphe dans la vallée de Bénédiction (voir t. ii,col. 1583), ꝟ. 26. «C’est évidemment cette Vallée de bénédictionque Joël appelle vallée de Josaphat,» dit LeSavoureux, Le prophète Joël, in-8°, Paris, 1888, p. 132.L’allusion aux captifs d’Israël que nous lisons Joël, iii,2, n’est guère conciliable avec cette explication, mais

cet événement a pu fournir au prophète l’image qu’ilemploie. Cf.J. T. Beck, Erk lârung der Propheten M ichaund Joël, in-12, Gutersloh, 1898, p. 236. D’autres commentateursvoient là une prophétie des victoires desMachabées, sans qu’il soit possible, dans ce cas, de localiser «la vallée de Josaphat». L’opinion commune, c’estque Joél parle dans son oracle du jugement dernier,dans lequel toutes les injustices seront réparées et tousles pécheurs punis. Comme conséquence de cette interprétation,la croyance populaire a localisé la scène dujugement dernier dans la vallée qui avait reçu le nomde Josaphat; le plus vif désir d’un grand nombre demusulmans et surtout de Juifs, est d’être enterré dansla vallée même pour y attendre le jugement final et leurstombes abondent dans cet étroit espace. La coutume des’y faire enterrer est d’ailleurs très ancienne. Il y avaitdéjà un cimetière dans la vallée de Cédron du temps duToi Josias, IV Reg., xxiii, 6, mais la proximité de laville permet d’expliquer pourquoi on y ensevelissait lesmorts, sans autre raison que celle de la commoditéqu’offrait pour cela la vallée. F. Vigouroux.

    1. JOSÉDEC##

JOSÉDEC (hébreu: Yehôsâddq, «Dieu est justice;» Septante: ’Iwo-aSâx, ’IaxraSIx), descendant d’Aaron, filsdu grand-prêtre Saraias, I Par., vi, 14, et père du grandprêtreJosué ou Jésus (col, 1688). I Esd., iii, 2, 8; v, 2;x, 18; Eccli., xlix, 14; Agg., i, 1, 12, 14; ii, 3, 5; Zach.,"VI, 11. Excepté dans le premier passage, il n’est jamaisnommé que comme père de Josué. Il vivait du temps duroi Sédécias. À la prise de Jérusalem, son père Saraiasfut fait prisonnier par Nabuzardan, le chet de l’arméechaldéenne, et emmené prisonnier à Réblafha (Riblah),dans le pavs d’Émath, ou se trouvait alors Nabuchodonosor.Le roi de Babylone le fit mettre à mort, IV Reg.,xxv, 18-21; et Josédec lui succéda dans le souverain pontificat.Mais il fut aussitôt emmené lui-même en captivité,I Par., vi, 15, et il y mourut. À la fin de la captivité,son fils Josué ramena avec Zorobabel les exilés enPalestine. Voir Josué 4, col. 1688.

    1. JOSEPH##

JOSEPH (hébreu: Yôsêf, «que [Dieu] fasse croître;» Septante: ’Ioi^cp), nom de seize personnages de l’Ancienou du Nouveau Testament. La Vulgate écrit toujoursleur nom Joseph (indéclinable), excepté dans les livresdes Machabées, où elle écrit Josephus. Voir Joseph 8 et 9.

    1. JOSEPH##


1. JOSEPH, fils de Jacob et de Rachel. Ce nom lui fut

donné à cause des circonstances qui accompagnèrent sanaissance. Rachel avait été longtemps stérile. Gen.,xxix, 31; xxx, 1. À la fin Dieu fit cesser sa stérilité, etelle enfanta un fils, en disant: «Le Seigneur m’a enlevé, ’âsaf, mon opprobre.» Gen., xxx, 22-23. Elle l’appelaJoseph, disant: «Que le Seigneur ajoute, yôséf, un autrefils.» Il y a là un jeu de mots très sensible en hébreu: ’âsaf, «enlever,» ydsaf, «ajouter.» — Joseph signifiedonc «ajoutant», ou «que [le Seigneur] ajoute». Le désirde Rachel d’avoir un autre fils après Joseph se réalisa àla naissance de Benjamin. Gen., xxxv, 17, 18. — Peut-ondéterminer approximativement la date de la naissancede Joseph? La Genèse nous dit, xli, 46, que Joseph étaitâgé de 30 ans lorsqu’il devint vice-roi d’Egypte; d’autrepart il était âgé de 16 ans (hébreu et Septante, 17), versl’époque où il fut vendu par ses frères. Gen., xxxvii, 2.Jacob n’arriva en Egypte que quelques années aprèsl’élévation de Joseph, c’est-à-dire en 1923 avant J.-C.VoirChronologie, t. ii, col. 737. On peut donc placer la naissancede Joseph vers l’an 1988avant J.-C, mais cette dateest loin d’être certaine.

I. Histoire de Joseph depuis sa naissance jusqu’àson arrivée en Egypte. — I. enfance de joseph. —Joseph, fils de Rachel, l’épouse prélérée de Jacob, inspiraà son père un plus grand amour que ses autres frères,parce qu’il était l’enfant de sa vieillesse, Gen., xxxvii, 3,

et aussi probablement à cause des qualités de son caractère.Jacob avait donc pour lui une prédilection toutespéciale; c’est pourquoi il lui fit faire une robe de plusieurscouleurs, tunicam polymitam, très probablementune tunique qui descendait jusqu’aux talons, et appeléeà cause de cela kefônét passim, «tunique des extrémités» ou bien «de morceaux» divers. Cette tuniqueétait portée par les filles de rois, II Reg., xiii, 18, 19, etaussi par certains Sémites. Voir, t. ii, la figure en couleurvis-à-vis de la col. 1066. Joseph commença par meneravec ses frères la vie pastorale; tous ensemble ils paissaientles troupeaux de leur père aux environs d’Hébronet de Sichem. Il ne tarda pas à s’attirer leur haine. Troisfaits concoururent à les indisposer contre lui: 1° Josephles accusa d’un crime énorme devant son père, ce qu’ilseurent naturellement de la peine à lui pardonner. Gen.,xxxvii, 2. — 2° La prédilection de Jacob, dont nousvenons déparier, excita leur jalousie; aussine pouvaient-ilsplus lui parler avec calme et douceur. — 3° Deux songesque Joseph leur raconta mirent le comble à leurmécontentement. Une première fois, Joseph avait rêvéqu’il liait avec ses frères des gerbes dans les champs, quetout à coup sa gerbe s’était levée et s’était tenue debout,tandis que celles de ses frères l’entouraient et l’adoraient.Dans un second songe, Joseph vit le soleil, la lune etonze étoiles qui l’adoraient. Ces songes présageaientqu’il serait élevé au-dessus de ses frères. Son père cherchaà en atténuer la mauvaise impression, mais ses frères,profondément irrités, résolurent de le perdre. Gen.,xxxvii, 5-18. Un jour qu’ils faisaient paître leurs troupeauxà Sichem, Jacob envoya Joseph vers eux pouravoir de leurs nouvelles; Joseph se rendit donc de lavallée d’Hébron à Sichem, mais il n’y trouva pas ses frères.Informé par un inconnu qu’ils s’étaient proposé d’allerà Dothain, il y alla et les y rencontra. Lorsque ses frèresl’eurent aperçu de loin, ils résolurent de le tuer; ils sedisaient l’un à l’autre: Allons, tuons-le, et jetons-le dansune vieille citerne; nous dirons à notre père qu’une bêteféroce l’a dévoré. Ruben, ému de ces propos et pris decompassion, leur conseilla de ne pas verser le sang deleur frère, mais de le jeter vivant dans une citerne desséchée.Son dessein était de le sauver et de le rendre àson père. Ses frères s’arrêtèrent à ce projet; aussitôtque Joseph fut arrivé près d’eux, ils lui ôtèrent sa tuniqueet le jetèrent dans une citerne sans eau. Gen., xxxvii,12-24.

II. JOSEPB vendu PAR ses frères.

Après ce forfait,ses frères s’assirent pour manger. Pendant leur repas,ils virent des Ismaélites qui venaient de Galaad avec deschameaux chargés de parfums, de résine et de myrrhe,se rendant en Egypte. Ces Ismaélites sont aussi appelésMadianites. Gen., xxxvii, 25, 28, 36. Ces deux nomsse prennent indifféremment l’un pour l’autre, comme onle voit par le texte; on doit présumer que l’un (Ismaélites) est un nom générique et l’autre (Madianites) unnom spécifique. Juda conseilla alors à ses frères devendre Joseph à ces marchands madianites; cette propositionfut bien accueillie. Joseph fut retiré de la citerneet vendu aux Madianites pour la somme de vingt [pièces,sicles] d’argent. Dans la loi mosaïque cette somme est leprix d’un jeune esclave de cinq à vingt ans. Lev., xxvii,5. Il est impossible de déterminer d’une manière certainela valeur de la somme reçue par les frères deJoseph; en supposant qu’il s’agisse de sicles d’argent, etque le sicle eût alors la valeur qu’il avait à l’époque oùles Septante traduisirent l’Ancien Testament en grec, etdu temps de Notre-Seigneur, c’est-à-dire 2 fr. 84 denotre monnaie, Joseph fut vendu pour la somme de56 fr. 80. Les Madianites conduisirent Joseph en Égjpte.Ruben n’était pas alors avec ses frères. Sa qualité d’alné’le rendait responsable de leur conduite. Quand il retournaà la citerne, n’y ayant pas trouvé l’enfant, il déchirases vêtements et se lamenta. Mais ses frères pri&

rent la tunique de Joseph, et l’ayant trempée dans lesang d’un chevreau, l’envoyèrent à leur père. Jacob,ayant reconnu la tunique de Joseph, s’écria: a. Une bêteféroce a dévoré mon fils, une bête a dévoré Joseph.» Ildéchira ses vêtements, se couvrit d’un cilice et pleurason fils fort longtemps. Gen., xxxvii, 25-34. Arrivés enEgypte, les Madianites vendirent Joseph à Putiphar, eunuquedu Pharaon et chef de sa garde. Gen., xxxvii, 36;xxxix, 1. C’est la traduction exacte de l’hébreu, soi 1 hattabbâhim(Septante: àpxif.âY €l P 0V î «chef des cuisiniers;» Vulgate: magister militum, «chef des soldats» ). Cf. IVReg., xxv, 8; Dan., ii, 14. Désormais l’Egypte sera lethéâtre où s’exercera l’action de Joseph. Cf. Act., vii, 9.II. Joseph en Egypte.

i. date de son arrivée enEgypte. — On peut affirmer avec certitude que Josepharriva en Egypte du temps des rois Hyksôs, XVe dynastie:ainsi on ne peut contester l’exactitude du témoignagede Jean d’Antioche: 'E6a<jt>eu<jav èv Aîyû’SFtM xaioi xaXoû[j.5voi noniiveç, Fragm., 39, dans Muller, Histor.Grsec. fragm., t. iv, p. 555. Ces rois Hyksôs, de l’égyptienhiq Saousou, «chef, roi des pillards, des voleurs,» dont les Grecs ont tiré Hyksôs, Hykoussôs appliqué aupeuple, etpar suite Trotiiiveç, «pasteurs, «étaient d’origineétrangère et asiatique. Champollion, Lettres à M. de Blacasrelatives au musée royal égyptien de Turin, in-8°,Première lettre, Paris, 1824, p. 57; Rosellini, Monumentistorici, t. i, p.175-178; Brugsch, Geschichte Aegypten’s,in-8°, Leipzig, 1877, p. 173-174; Ed. Meyer, Geschichte desalten Aegyptens, in-8°, Berlin, 1887, p. 205; Maspero,Histoire ancienne, Paris, 1897, t. ii, p. 54, note 4. Ces roisHyksôs avaient dû hériter en Egypte du domaine royal telqu’il était vers la fin de la xiv» dynastie; ils devaient doncexercer une domination immédiate sur le Delta entierd’Avaris à Sais, de Memphis à Bouto. Les monumentstrouvés à Tanis et à Bubaste prouvent assez clairementque la partie orientale du Delta était sous leur autoritéimmédiate; le reste est démontré par le passage de l’inscriptionde Stabel-Antar où la reine Hâtasou dit qu’elle «releva les monuments détruits au temps où les Àmou1= Saousou] régnaient sur la terre du nord». Golénischeff,Notice sur untexte hiéroglyphique du Stabel-Antar,dans le Recueil de travaux, 1881, t. iii, p. 2-3. —Mais quel était le roi alors régnant et dont Joseph eut àexpliquer les songes? Une tradition assez ancienne affirmeque Joseph arriva en Egypte sous un roi appelé Aphophis; cette tradition nous a été conservée par George Syncelle:nâui erv|i.TOcp(ôv/]Tai Sti ètcI’AtptSçetoç *ip! ; ev’Iw^tpttjç AïfûitTou. Chronogr., édit.Dindorꝟ. 1829, p. 115. C’estsans doute l’un des Apôpi des textes égyptiens, et probablementle second, le plus célèbre, celui qui restaurales monuments des Pharaons thébains et qui grava sonnom sur les sphinx d’Aménemhât III, ou sur les colossesde Mîrmasaou. Le même historien va jusqu’à dire queles Hébreux arrivèrent enÉgyptel’anl7d’Apophis. Ibid.,p. 201. Sur la valeur de ces données chronologiques, cf.Erman, Zur Chronologie der Hyksôs, dans la Zeitschnftfur agyptische Sprache, 1880, p. 125-127; Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896,t. ii, p. 98-99.

n. joseph dans LA maison de putiphar. — Les bénédictionsde Dieu accompagnèrent Joseph dans la maisonde son maître; tout lui réussissait heureusem*nt; aussigagna-t-il la confiance de Putiphar qui lui livra le gouvernementde sa maison. Joseph fut une source debénédictions et de prospérité pour la maison de sonmaître. Gen., xxxix, 2-5. La situation de Joseph dans lamaison de Putiphar répond très bien aux coutumeségyptiennes. En Egypte toutes les familles riches avaientun intendant pour gérer leurs affaires: très souvent onvoit ces fonctionnaires représentés sur les fresques, surveillanttout ce qui se rapporte à l’agriculture, au jardinage,à la pêche, aux récoltes. «Les hôtels des différentesadministrations se pressaient dans l’enceinte avec

leurs directeurs, leurs régents, leurs scribes de touteclasse, leurs gardiens, leurs manœuvres qui portaientles mêmes titres que les employés correspondants desadministrations d’État: l’Hôtel Blanc, l’Hôtel de l’Or, leGrenier, étaient parfois chez eux, comme chez Pharaon,le double Hôtel Blanc, le double Hôtel de l’Or, le doubleGrenier. Les plaisirs ne différaient point à la cour dusuzerain ou à celle de son vassal: la chasse au désert,la chasse au marais, la pêche, l’inspection des travauxagricoles, les exercices militaires, puis les jeux, leschants, la danse, sans doute aussi les longues histoireset les séances de magie, jusqu’aux contorsions des bouffonsattitrés et aux grimaces des nains.» Maspero, Histoireonc., Paris, 1895, 1. 1, p. 298-299, description de lamaison d’un seigneur égyptien. — La Genèse, xxxix, 6,fait cette réflexion: «En sorte qu’il (Putiphar) n’avaitd’autre soin que de se mettre à table et de manger.» Cette réflexion est tout à fait égyptienne; en Egypte leseigneur se déchargeait en effet de tout sur le nombreuxpersonnel de sa domesticité. — Bientôt Joseph fut soumisà une grande épreuve. L’Écriture nous dit qu’il<c était beau de visage et très agréable». La femme dePutiphar s’éprit de passion pour lui et lui fit de coupablespropositions. La conduite de cette femme répondà ce que nous savons des mœurs de l’Egypte ancienne,les femmes n’étaient pas des modèles de moralité; elless’abandonnaient assez facilement au vice. Yigouroux,Ibid., p. 39-40. Le Papyrus Harris, n° 500, nous a conservéun’vivant souvenir de scènes analogues, pl. xii,lig. 2-11; pl. xiii, lig. 3-8; cf. Maspero, Études égyptiennes,in-8°, Paris, 1879, t. i, p. 243-249, Erman,Aegypten und àgyptisches Leben in AUerthum, Tubingue,1885, p. 518-519; Maspero, Histoire anc, 1897,t. ii, p. 503-506. — Joseph repousse les avances de lafemme de son maître, elle revient à la charge: mêmerésistance énergique de la part de Joseph. Un jour enfinJoseph se trouvant seul dans la maison, la femme deson maître le prend par le manteau et le sollicite au.crime; le jeune Hébreu indigné s’enfuit en lui laissantson manteau entre les mains. L’Égyptienne, outrée dedépit, l’accuse auprès des gens de sa maison et auprèsde son mari; celui-ci, irrité, fait saisir Joseph et le jetteen prison. Mais le Seigneur était avec Joseph; c’est pourquoiil lui fit trouver grâce devant le gouverneur de laprison, lequel lui remit le soin et la garde de tous ceuxqui y étaient enfermés. Gen., xxxix, 6-23.

III. josepe en prison.

Joseph fut d’abord traité avecdureté. Ps. Civ (hébreu, cv), 17-18. Il arriva, on ne saitpas combien de temps après, que deux eunuques duPharaon, son grand échanson et son grand boulanger,offensèrent leur maître et furent jetés dans la mêmeprison que Joseph. Les gens au service du Pharaon étaientaussi nombreux que variés; c’était une véritable hiérarchie;le Papyrus Hood et un autre document du BritishMuséum nous en ont conservé la liste. Cf. Brugsch, DieAegyptologie, in-8°, Leipzig, 1891, p. 211-227; Maspero,Éludes égyptiennes, 1888, t. ii, p. 1-66. On nous parlede «l’inspecteur des fabricants des cheveux du roi», Mariette,Les Mastabas, in-î°, Paris, 1891, p.250, 446, 447; du «directeur des fabricants des cheveux du roi», E. etJ; de Rougé, Inscriptions hiéroglyphiques recueillies enEgypte, 2 in-4°, Paris, 1879-1880, pl. lx; du «directeurde ceux qui font les ongles du roi», Mariette, Ibid.,p. 283-284; du «directeur des huiles parfumées du roiet de la reine», Mariette, Ibid., p. 298; des «cordonniersroyaux», Maspero, Ibid., t. ii, p. Il; du «directeur desétoffes du roi», Mariette, Ibid., p. 185; du «directeur dulinge blanc», Mariette, Ibid., p. 252; des «blanchisseursroyaux», Maspero, Les contes populaires, ^’édit., Paris,1889, p. 2; des «. chefs des musiciens et préposés aux divertissem*ntsdu roi». Mariette, Ibid., p. 154-155. —Plus considérable encore était le personnel occupé àl’alimentation du roi: «Le personnel de bouche dépas

sait les autres parle nombre. II n’en pouvait être autrementsi l’on songe que le maître devait le vivre non seulementà ses serviteurs réguliers, mais encore à tousceux de ses employés et de ses sujets qu’une affaire attiraità la résidence: même les pauvres diables qui venaientse plaindre à lui de quelque avanie plus ou moinsimaginaire se nourrissaient à ses frais en attendant justice.Maîtres-queux, sommeliers, pannetiers, bouchers,pâtissiers, pourvoyeurs de poisson, de gibier ou de fruits,on n’en finirait pas si l’on voulait les recenser tous l’unaprès l’autre. Les boulangers qui enfournaient le painordinaire ne se confondaient pas avec ceux qui brassaientles biscuits. Les cuiseurs des soufflés et ceux des pelotesavaient la préséance sur les galetiers et les fabricantsde confitures fines sur les simples confiseurs de dattes.Si bas qu’on descendit sur l’échelle, c’était un honneurà s’enorgueillir toute la vie et à se vanter après la mortau cours d’une épitaphe, que d’occuper un poste dansla domesticité royale.» Maspero, Histoire anc., t. i,p. 279-280. — Le gouverneur de la prison confia la gardede ces deux fonctionnaires royaux à Joseph. Gen., XL,4. Pendant qu’ils étaient en prison, le chef des boulangerset le chef des échansons eurent chacun un songela même nuit; le lendemain, Joseph, ayant connu lacause de la profonde tristesse qui régnait sur leurvisage, interpréta avec l’aide de Dieu leur songe, et soninterprétation se réalisa: le grand échanson fut délivréet rétabli dans sa charge. Joseph lui avait recommandéde se souvenir de lui après sa délivrance et d’intercéderen sa faveur auprès du Pharaon; mais le grand échanson,une fois délivré, oublia son interprète. Gen., XL, 5-23. —L’épisode des songes. rentre tout à fait dans les mœurségyptiennes. De toute antiquité l’Egypte a attaché auxsonges la plus grande importance et professé la plusgrande vénération pour ceux qui étaient capables deles interpréter. Is., xix, 3; cf. Vigouroux, ibid., p. 58.Voilà pourquoi la magie était devenue un art et avait prisbeaucoup de développement: «Les magiciens instruitsà son école (du dieu Thot) disposaient comme lui desmots et des sons qui, émis au moment favorable avec lavoix juste, allaient évoquer les divinités les plus formidables,jusque par de la les confins de l’univers: ilsenchaînaient Osiris, Sît, Anubis, Thot lui-même, et lesdéchaînaient à leur gré, ils les lançaient, ils les rappelaient,ils les contraignaient à travailler et à combattrepour eux.» Maspero, Histoire anc, t. i, p. 212, 213. Laplupart des livres magiques renferment des formulesdestinées à «envoyer des songes», tels le Papyrus3229 du Louvre, Maspero, Mémoire sur quelques Papyrusdu Louvre, pl. i-vm et p. 113-123; le Papyrusgnostique de Leyde et les incantations en langue grecquequi l’accompagnent. Leemans, Monuments égyptiens,t. i, pl. i-xiv, et Papyri grseci, t. ii, p. 16; cf. aussiRevillout, Les arts égyptiens, dans la Revue égyptologique,1880, t. i, p. 169-172; et parmi les auteursanciens: Tacite, Hist., iv, ’83; l’auteur des Homéliesclémentines, i, 5, t. ii, col. 60; Origène, Cont.Cels., i, 68° t. xi, col. 788. Sur l’art de tirer les horoscopeset le calendrier des jours fastes et néfastes, cf.Papyrus Sallieriv, pl. i, lig, 2-3, 8-9; pl. ii, lig. 4, 6-8;pi. iii, lig. 8; pl. iv, lig. 3, 8; pl. v, lig. 1, 5, 8; pl. vi,lig. 5-6; pl. vii, lig. 1-2; pi xii, lig. 6; pl. xv, lig. 2, 6;pi. xvii, lig. 2-3; pl. xviii, lig. 6-7; pl. xix, lig. 4;pi. xxiii, lig. 2-3, 8-9; S. Birch, Select Papyri, Londres,1844 t t. i, pl. CXLIV-CLXVHI; Salvolini, Campagne deRhamsèsle Grand, mS°, Paris, 1835, p. 121, note l; E.deRongé, Mémoire sur quelques phénomènes célestes, dansla Revue archéologique, l re série, 1852-1853, t. ix, p. 653691; Chabas, Le calendrier des jours fastes et néfastesde l’année égyptienne, in-8°, Paris, 1870, p.21-107.

iv. songes du pharaon. — Deux ans après, le Pharaoneut deux songes: celui des sept vaches grasses etdes sept vaches maigres, et celui des sept épis chargés

de grains et des épis maigres. Gen., xli, 1-7. — Ces deuxsonges ont une couleur absolument égyptienne: le premierreprésente une scène pastorale, le second une scèneagricole, et les deux scènes se passent sur les bords duNil. Le Nil, les génisses et le blé, c’est à peu près toutela vie matérielle de l’ancienne Egypte. Les Égyptiens enavaient tellement conscience qu’ils avaient divinisé cestrois éléments: le Nil était représenté par trois dieux:Osiris du Délia, Khnoum de la cataracte, HarSâfit d’Hêracléopolis;la déesse Naprît représentait l’épi mûr,Hâthor était la vache nourricière; quant aux génisses,elles étaient consacrées à la déesse Isis, épouse d’Osiris,qui représentait la plaine grasse du Delta. — À sonréveil, le Pharaon s’adressa à tous les «magiciens»,hartumîm, et à tous les sages d’Egypte pour avoirl’explication de ses songes, mais aucun ne put les expliquer.Gen., xli, 8. — En Égjpte, les magiciens et lessages de la maison royale formaient une caste influenteet privilégiée; ils étaient les conseillers mêmes du roi.Les hommes au rouleau, khri-habi, n’avaient pas seulementpour rôle d’initier le Pharaon à la connaissancedes rites et des formules religieuses, mais ils étaientaussi chargés d’expliquer les secrets de la nature: onappelait les «maîtres des secrets du ciel» ceux quivoient ce qu’il y a au firmament, sur la terre et dansl’Hadès, ceux qui savent toutes les recettes des devinset des sorciers. Tenti est «homme au rouleau en chef, …supérieur des secrets du ciel qui voit le secret du ciel».Mariette, Les Mastabas, p. 149. «Le régime des saisonset des astres n’avait plus de mystère pour eux, niles mois ni les Ijours et les heures favorables aux entreprisesde la vie courante ou au commencement d’uneexpédition, ni les temps durant lesquels il fallait éviterde rien faire. Ils s’inspiraient des grimoires écrits parThot, et qui leur enseignaient l’art d’interpréter lessonges ou de guérir les maladies, d’évoquer les dieux etde les obliger à travailler pour eux, d’arrêter ou deprécipiter la marche du soleil sur l’océan céleste. Onen citait qui séparaient les eaux à volonté et les ramenaientà leur place naturelle rien qu’avec une courteformule. Une image d’homme ou d’animal, fabriquéepar eux avec une cire enchantée, s’animait à leur voixet devenait l’instrument irrésistible de leur vengeance…Les grands eux-mêmes daignaient s’initier aux sciencessurnaturelles et recevaient l’investiture de ces pouvoirsredoutables. Un prince magicien ne jouirait plus cheznous que d’une estime médiocre: en Egypte, la sorcelleriene paraissait pas incompatible avec la royauté, etles magiciens de Pharaon prirent souvent Pharaon pourélève.» Maspero, Hist. anc, t. i, p. 281-282; Id., Lescontes populaires de l’Egypte ancienne, 2e éd., p. 67,60-63, 175, 180-181; Ad. Erman, Die Mdrchen des PapyrusWestcar, in-f», Berlin, 1890, pl. viii, lig. 12-26. — Le grandéchanson se souvint alors de Joseph et raconta au Pharaonque cet esclave hébreu avait interprété son propre songeet celui du grand pannetier. Gen., xli, 9-13. Le roi faitimmédiatement appeler Joseph; celui-ci se rase, changede vêtements et se présente devant le Pharaon. Gen., xli,14. — Ce détail correspond aussi à merveille aux coutumeségyptiennes. Hérodote nous apprend que les Égyptiensse rasaient complètement, ii; 36; cette coutume étaitpratiquée surtout par les grands personnages et dansles circonstances solennelles, comme lorsqu’ils étaientreçus par le Pharaon; les monuments nous les montrentalors le visage complètement rasé et portant des perruquessur la tête. Voir, fig. 285, un ministre d’AménothèsIII (xviii «dynastie) reçu à l’audience royale. Le Pharaonen Egypte, en tant que fils de Ra, était un être au-dessusdes mortels; aussi l’abordait-on comme on abordeun dieu, les yeux bas, la tête ou l’échiné pliée, on «flairait le sol», sonù-to, devant lui, on se voilait laface de ses deux mains pour la protéger contre l’éclat deson regard, on récitait enfin une formule d’adoration

avant de lui exposer l’objet de sa visite. Voir Maspero,ibid., t. i, p. 265. Les précautions prises par Josephfaisaient donc partie des formalités du protocole royalégyptien. — Le Pharaon raconte à Joseph ses deuxsonges. Joseph explique au Pharaon ses deux songes. Les

réserve, pendant les années de fertilité, la cinquièmepartie des fruits de la terre afin de pourvoir aux besoinsdes sept années de famine; le roi agrée ce conseil, et,convaincu que Joseph était l’homme le plus apte àremplir une telle charge, il l’établit premier ministre;

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285. — Le roi Aménothès III donnant audience à un de ses ministres. D’après Lepsius, Denkmàler, Abth. III, Bd. 77.

sept vaches grasses et les sept épis pleins annonçaientsept années d’abondance: les sept vaches maigres et lessept épis vides annonçaient sept années de disette. Enprévision de la famine qui ravagera l’Egypte il conseilleau roi de confier l’administration de tout le rojaume àun homme prudent et habile, pour qu’il établisse desofficiers dans toutes les provinces chargés de mettre en

en même temps il ôta son anneau et le mit dans lamain de Joseph, et lui mit au cou un collier d’or. Gen.,xli, 25-42. — Ici nous rencontrons de nouveau plusieursindices des coutumes égyptiennes. Les vaches et les épisétaient le symbole ordinaire des années d’abondance et dedisette. R. S. Poole, Ancient Egypt, dans la ContemporavyReview, mars 1879, p. 752; l’anneau était le signe -1663

JOSEPH

166-ï

de l’autorité, parce qu’il servait en même temps de sceaupour les actes publics; ce que les égyptisants appellentaujourd’hui le cartouche, dans lequel le roi insérait sesnoms et prénoms, n’est qu’un anneau dans lequel lagravure remplaçait le chaton moderne; cet usage existeencore de nos jours dans la chancellerie pontificale:c’est avec Vanneau du pêcheur que le Souverain Pontifemarque toutes ses encycliques et ses bulles; le collierétait l’ornement de tous les grands personnages. Voir lacollation du collier, t. ii, col. 837, fig. 308. Les Égyptiensavaient du reste une vraie passion pour les bijoux: «Hommes et femmes aimaient les bijoux et se chargeaientle cou, la poitrine, le haut des bras, les poignets,la cheville, de colliers et de bracelets à plusieurs rangs.C’étaient des files de coquillages perforés, mêlés à desgraines, à de petit* cailloux brillants ou de formebizarre. On substitua, par la suite, des imitations en terrecuite aux coquilles naturelles et des pierres précieusesaux cailloux, ainsi que des perles d’émail, les unesrondes, les autres allongées en poires ou en cylindres:plusieurs plaquettes en bois, en os, en ivoire, en faïence,enterre colorée, percées de trous où passer les fils, maintenaientl’écart entre les rangs et fixaient les extrémitésdu collier.» Maspero, Histoire anc, t. i, p. 57-58. Cf. Rosellini,Monumenli storici, pl. v, 18; Schweinmrth, Lesdernières découvertes botaniques dans les ancienstombeaux de l’Egypte, dans le Bulletin de VInslitutégyptien, 2 «série, 1886, t. vi, p. 261; Maspero, Guidedu visiteur, in-16, Boulaq, 1883, p. 270-271, n. 4129,4130; p. 276, n. 4160; E. B. Tylor, Primitive Culture,2 in-8°, Londres, 1891, t. ii, p. 189, 205. — Après luiavoir remis l’anneau et le collier, le Pharaon changeason nom et lui lit épouser Aseneth, fille de Putiphar,prêtre d’Héliopolis, Gen., xli, 45. Voir ces noms.

y. joseph premier MINISTRE. — Joseph avait doncsubi une épreuve de treize ans. Dieu venait de récompensersa foi et ses vertus; il était âgé de trente anslorsqu’il fut élevé à la seconde dignité du royaume.Gen., xli, 46. Désormais savie se résume dans deuxgrands faits: son administration et sa conduite à l’égardde ses frères et de son père.

Administration de Joseph.

Joseph commença.

par visiter toute l’Egypte, l’inspection des provincesétait encore un devoir des ministres du roi. Arriventles sept années de fertilité pendant lesquelles on entassedans les greniers royaux de grandes provisions de hlé.Gen., xli, 45-49. — Quiconque a étudié l’égyptologien’a aucune peine à comprendre l’exactitude de ces détails.La culture du blé était une des principales occupationset des principales ressources des Égyptiens;elle absorbait toute une armée d’ouvriers, qui se partageaientles différentes besognes. Dans la cité royale, il yavait un bâtiment appelé la «Maison des grains», Pahabou,Brugsch, Dictionnaire hiéroglyphique et démotique,7 in-4°, Leipzig, 1880-1882* Supplément, p. 749750, au mot À ri; dans toutes les villes, presque dans toutesles maisons il y avait des greniers, sennou, pour recevoirle blé. Les greniers «étaient de vastes réceptaclesen briques, ronds, terminés en coupoles, accotés par dixet plus, mais sans communication de l’un à l’autre. Onn’y voyait que deux ouvertures, l’une au sommet par laquelleon introduisait le grain, une au niveau du sol parlaquelle on le retirait: un écriteau affiché au dehors,souvent sur le volet même qui fermait la chambre, annonçaitl’espèce et la quantité des céréales. La garde etla gestion en étaient confiées à des troupes de portiers,de magasiniers, de comptables, de primats (hhorpûû)qui commandaient les manœuvres, d’archivistes, de directeurs(mirou).» Maspero, Histoire anc, t. i, p. 285,286. Voir Grenier, fig. 76-78, col. 344-345. Cf. Maspero,Trois années de fouilles, dans les Mémoires de la missionfrançaise, Paris, 1889, 1. 1, pl. m; Études égyptiennes,t. ii, p. 181-182; Rosellini, Monumenti civili, pl. xxxiv, I

2; Newberry, Béni Hasart, t. i, pl. xiii. Sur ces entrefaitesJoseph eut deux fils qu’il appela Manassé etÉphraim d’une manière symbolique. Gen., xli, 50-52.Aux années de fertilité succédèrent les sept années dedisette: de tout côté on se rendit en Egypte pour seprocurer du blé; mais les provisions de blé mises enréserve sur toute la surface du territoire ne tardèrentpas à s’épuiser. L’Egypte elle-même fut affamée; on s’adressaau Pharaon pour lui demander de quoi vivre;le Pharaon se contenta de renvoyer le peuple à Joseph.Durant ces jours de détresse, Joseph fut la providencede l’Egypte et de beaucoup d’autres régions: il fit ouvrirtous les greniers et vendit du blé aux Égyptiens. Gen.,xli, 53-56.

2° Conduite de Joseph à l’égard de ses frères et deson père. — La famine avait dépassé les frontières del’Egypte et envahi le pays de Chanaan: de partout onse rendait en Egypte pour acheter des subsistances. Lepatriarche Jacob, ayant entendu dire qu’on vendait dublé en Egypte, ordonna à ses enfants de s’y rendre poury acheter le nécessaire et échapper ainsi à la mort.Les enfants de Jacob, à l’exception de Benjamin, serendirent donc en Egypte pour y acheter du blé; ils seprésentèrent à Joseph et se prosternèrent devant lui.Celui-ci les reconnut et fit semblant de les traiter unpeu durement: il feignait de les prendre pour des espions;ses frères se défendirent contre une pareilleimputation. Joseph insista et les soumit à une épreuve:après les avoir gardés trois jours en prison, il les remiten liberté et leur ordonna de retourner chez eux et derevenir en Egypte en amenant avec eux leur dernierfrère Benjamin: en attendant leur retour, il gardaSiméon comme otage. Les frères partirent avec leursânes chargés de blé, et racontèrent à Jacob ce qui s’étaitpassé. Cependant la famine continuait à ravager lepays de Chanaan; le blé du premier voyage étant consommé,Jacob ordonna à ses fils de retourner enEgypte avec des présents pour le gouverneur et, sur lesinstances de Juda, après avoir longtemps résisté, ilconsentit à laisser partir Benjamin. Gen., xlii-xliii,1-14. — La scène des dons, des présents et des tributs esttout à fait conforme aux habitudes des peuples orientaux;on la trouve fréquemment représentée dans laplupart des tableaux thébains de la xviip dynastie, voirt. ii, col. 1067, fig. 384, les présents offerts par les Amou.Voir aussi t. i, col. 715. fig. 179. — Les frères de Josephretournèrent donc en Egypte. Joseph ordonna à sonintendant de les faire entrer dans sa maison et de préparerun festin pour midi; l’intendant s’acquitta de sacommission, et en même temps remit Siméon en liberté.Joseph étant entré, ses frères lui offrirent leurs présents,et, selon la coutume orientale, ils le saluèrenten se baissant jusqu’à terre. Joseph leur demanda desnouvelles de leur père, et, ayant aperçu Benjamin, ilfut ému. Après être sorti pour pleurer, il resta pourdîner avec ses frères qu’il traita avec la plus grandedéférence, surtout Benjamin. Gen., xliii, 15-34. — Leverset 32 contient un détail tout à fait égyptien. Hérodote,H, 41, nous apprend qu’il n’était pas permis auxÉgyptiens de manger avec des étrangers; nous savons,d’autre part, qu’aux repas des Égyptiens, chaque conviveavait sa table. Wilkinson, Manners and Customs, 1878,t. ii, p. 391, 393; Lepsius, Denkmàler, X. IV, pl. xcvi;Rosellini, Monumenti civili, pl. lxxix. Le repas fini,Joseph ordonna à son intendant de remplir de blé lessacs de ses frères et d’y déposer l’argent de chacun: ilfit de plus cacher sa coupe d’argent dans le sac de Benjamin.Ses frères partirent le lendemain. Joseph envoyason intendant pour les arrêter sous prétexte qu’ilsavaientvolé sa coupe; on examina les sacs et l’on trouvala coupe dans celui de Benjamin. Ses frères revinrenttristement dans la ville, Gen., xliv, 1-13, et Joseph leurdéclara qu’il garderait comme esclave celui dans le sac

duquel on avait trouvé sa coupe d’argent. Juda le priad’une manière touchante de le retenir comme esclave àla place de Benjamin. Joseph ne put plus se contenir:il fit sortir tous les Égyptiens et, resté seul avec sesfrères, il se fit reconnaître: «Je suis Joseph.» Puis illeur dit que Dieu l’avait conduit en Egypte pour leursalut. Il les renvoya alors auprès de leur père Jacobpour lui dire de venir s’établir en Egypte. Gen., xlivxlv,1-15. Le Pharaon lui-même, ’ayant su que les frèresde Joseph étaient en Egypte, leur avait témoigné beaucoupde bienveillance et les avait engagés de son côtéà revenir s’établir en Egypte avec toute leur famille.Jacob fut rempli de joie en apprenant que son filsJoseph vivait encore. Gen., xlv, 21-28.

Arrivée de Jacob en Egypte.

Jacob se rendit en

Egypte avec les siens. Averti par Juda de l’arrivée deson père, Joseph alla à sa rencontre et l’embrassa enpleurant; ensuite il avertit Pharaon de l’arrivée dessiens, après avoir recommandé à ses frères et à touteJa maison de son père de dire au Pharaon qu’ils étaientpasteurs, afin de demeurer dans la terre de Gessen.Le roi la leur donna en effet. Voir Gessen, col. 218. C’étaitla région la plus fertile de l’Egypte. Gen., xlvi, 1-xlvh,41.

Dernières années de Joseph.

La famine continuait

de sévir; tout le monde s’adressait à Joseph pouravoir du blé. Joseph en vendit à tous les Égyptiens, soità prix d’argent, soit en échange de leurs troupeaux, soitenfin en échange de leurs terres; il acquit ainsi auPharaon toutes les terres d’Egypte, à l’exception de cellesdes prêtres. Gen., xlvii, 13-22. — Deux détails égyptiensméritent d’être signalés. Au verset 20, nous constatonsune aliénation de toutes les propriétés privées au profitde l’État. C’est là un fait qui n’avait rien d’anormal dansl’ancienne Egypte. En Egypte en effet, on admettait enprincipe que le sol entier appartenait au Pharaon, maisdes circonstances de diverse nature l’empêchaient degouverner immédiatement par lui-même toutes lesprovinces du royaume. Le verset 22 nous apprend quele domaine des prêtres fut respecté; les terres des prêtres,regardées comme sacrées, étaient exemptes de toutesles charges. Les Égyptiens, et spécialement les princeset les seigneurs, faisaient de grandes donations auxtemples; les textes ne laissent aucun doute sur ce sujet;la grande Inscription de Siout nous a conservé unexemple de ce genre, lig. 24, 28, 41, 43, 53; un personnagedu nom de Hàpizaoufi y fait mention des revenusqu’il attribue aux prêtres «sur la maison de son père»,c’est-à-dire sur son bien patrimonial, et «sur la maisondu prince», c’est-à-dire sur le domaine princier. Cf. Maspero,Études de mythologie et d’archéologie égyptiennes,in-8°, Paris, 1893, 1. 1, p. 53-75; Erman, Zehn Vertrâgeaus dem mittleren Reich, dans la Zeitschrift fur dgyptischeSprache, 1882, p. 159-184. «Ces donations au dieu{nutir hotpuu) étaient régies, ce semble, par desconventions analogues à celles qui gouvernent les biensde mainmorte de l’Egypte moderne; jointes au temporelprimitif du temple, elles formaient dans chaquenome un domaine considérable, sans cesse élargi dedotations nouvelles. Les dieux n’avaient point de fillesqu’il fallût pourvoir, ni de fils entre qui diviser leurhéritage. Tout ce qui leur échéait leur restait àjamais et des imprécations insérées dans les contratsmenaçaient de peines terribles en ce monde et ailleursquiconque leur en déroberait la moindre parcelle.» Maspero, Histoire anc., t. i, p. 303. Cf. S. Birch.Sur une stèle hiératique, dans les Mélanges égyptologiquesde Chabas, 2 «sér., in-8°, Paris, 1862, p. 324-343.Le domaine des temples était tellement considérable qu’ilcouvrait un tiers environ du territoire. Diodore de Sicile,i, 21, 73. Voir, dans le Grand Papyrus Harris, l’énumérationdes biens que le seul temple d’Amon Thébainpossédait sous Ramsès III. — Joseph fournit aux Égyp

tiens de la graine pour ensem*ncer leurs champs, à lacondition qu’ils donneraient la cinquième partie desrevenus des terres, ce qui fut accepté avec joie. Gen.,xlvii, 23-26. — Ce fait est aussi parfaitement égyptien.L’étendue du domaine royal «demeurait assez considérablepour que le souverain n’en exploitât que lamoindre portion au moyen des esclaves royaux, et fûtobligé de confier le reste à des fonctionnaires d’ordresdivers: dans le premier cas, il se réservait tous lesbénéfices, mais aussi tous les tracas et toutes les charges;dans le second cas, il touchait sans risque une redevanceannuelle dont on fixait la quotité sur place, selon lesressources du canton». Maspero, Histoire anc., t. i, p.283. Cf. Lepsius, Denkniàler, ii, 107. — Les terres desprêtres furent de nouveau et pour le même motif exceptéesde cette charge.

Mort de Jacob et de Joseph.

Jacob, sur le point

de mourir, fit promettre à Joseph de ne pas l’enterreren Egypte, . mais de transporter ses ossem*nts dans lesépulcre de ses ancêtres. Gen., xlvii, 29-31. Il lui témoignaune dernière fois sa prédilection en lui attribuantune double part d’héritage, Tune pour son fils Éphraimet l’autre pour son fils Manassé, Gen., xlviii, 9-22;Ezech., xlvii, 13, et lui donna sa bénédiction suprême.Gen., xlix, 22-26. Après la mort de son père, Josephfit embaumer son corps et, avec la permission du Pharaon,on le transporta au pays de Chanaan pour êtreenterré à Hébron auprès de ses pères. Gen., l, 1-13. —Joseph continua à traiter ses frères avec bonté; il leurfit aussi promettre par serment, à l’exemple de Jacob,de transporter ses restes en Palestine. Il mourut à l’âgede cent dix ans, son corps fut embaumé, Gen., L, 14-25,et plus tard enseveli près de Sichem, où l’on voit encoreaujourd’hui un monument (fig. 286) qui rappelle le lieude sa sépulture, non loin du Puits de Jacob, probablementdans le champ que son père lui avait donné.Joa., iv, 5; Exod., xiii, 19; Jos., xxiv, 32. — Sur l’usageégyptien de l’embaumement des cadavres, voir t. ii, col.1724. Quant à l’âge de cent dix ans, il est curieux deremarquer que les Égyptiens souhaitaient d’atteindrecet âge. Voir Goodwin, dans Chabas, Mélanges égyptologiqv.es, 1° série, p. 231-237; Maspero, Histoire anc,t. i, p. 214. L’auteur de l’Ecclésiastique, xlix, 16-17, afait l’éloge de Joseph, «cet homme de miséricorde,qui a trouvé grâce aux yeux de toute chair,» et qui «naquit pour le salut de ses frères et l’appui de safamille». Saint Paul a loué sa foi. Heb., xi, 21-22. Voiraussi Sap., x, 13-14.

III. Authenticité de l’histoire de Joseph. — On n’arien découvert dans les textes égyptiens qui se rapportedirectement à l’histoire de Joseph; nos meilleurs exégètesle reconnaissent. Vigouroux, op. cit., p. 4. Une liste deTothmès III rappelle seulement les noms de Joseph etde Jacob, Yoseph-el, Yakob-el, mais ils s’appliquent àdes tribus. Cf. W. N. Grofl, Lettre à M. Revillout surle nom de Jacob et de Joseph en égyptien, in-4°, Paris,1885; MaxMuller, Asien und Europa, 189’A, p. 164. — Adéfaut de preuves directes et positives, on a du moins despreuves indirectes. Si l’égyptologie n’établit pas, à elleseule, la réalité de l’histoire de Joseph, elle montrequ’elle est en parfait accord avec tout ce que nous savonsde l’Egypte, de ses usages et de ses coutumes.

La couleur locale.

Cette histoire présente une

couleur locale frappante, comme nous l’avons déjàremarqué. Les écrivains rationalistes eux-mêmes ontreconnu ce fait: «La peinture des mœurs égyptiennespar cet écrivain est généralement très exacte.» Evvald,Geschichte des Volkes Isræls, 3e édit., 1864, t. i,p. 599. Aux traits déjà cités, il faut en ajouter un autre:la famine. Les famines sont fréquentes dans les contréesorientales; elles ont pour cause principale le manque depluie et la sécheresse qui détruit presque complètementles récoltes. La Genèse nous raconte des faits analogues

III. - 53

antérieurs à l’histoire de Joseph, xii, 10; xxvi, 1. Tousceux qui connaissent tant soit peu l’Orient, sont, pourainsi dire, familiarisés avec un pareil phénomène. Qu’ilme suffise de rappeler le dernier fait dans cet ordred’idées. En 1890, M. Wilbourg découvrit dans l’île deSehel une inscription connue sous le nom de «stèlede la famine». Cf. H. Brugsch, Die biblischen siebenJahre der Hungersnoth, in-8°, Leipzig, 1891.Cette inscription atteste qu’en l’an xviii de sonrègne, le roi Zosiri, de la 111° dynastie, avait expédiéle message suivant à Madir, sire d’Éléphantine: «Jesuis accablé de douleur pour le trône même et pourceux qui résident dans le palais, et mon cœur s’afflige

thèse, cette inscription serait presque un décalque dela description de la Genèse.

Les mots égyptiens.

L’histoire de Joseph contient

un certain nombre de mots égyptiens: — 1. Nomspropres. — Le Nil est appelé en égyptien aur; on letrouve dans l’hébreu biblique sous la forme yeor, quisignifie la «rivière», le «fleuve». Gen., xli, 1. — Lenom donné à Joseph par le Pharaon reconnaissant estégyptien. Ce nom est dans le texte hébreu sdfenatpa’enêah. Gen., xli, 45. La Vulgate latine a traduit par «sauveur du monde». En égyptien ce nom signifie littéralement «celui qui approvisionne (soutient) la vie»,djfen pa-ankh. — Joseph prit pour épouse une femme

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286. — Tombeau de Joseph, près de Balata et de Naplouse. D’après une photographie de M. L. Heidet (1899).

et souffre grandement parce que le Nil n’est pas venuen mon temps, l’espace de huit années. Le blé est rare,les herbages manquent et il n’y a plus rien à manger;quand n’importe qui appelle ses voisins au secours, ils sehâtent de n’y pas aller. L’enfant pleure, le jeune hommes’agite, les vieillards leur cœur est désespéré, les jambesrepliées, accroupis à terre, les mains croisées, lescourtisans n’ont plus de ressources; les magasins quijadis étaient bien garnis de richesses, l’air seul y entreaujourd’hui et tout ce qui s’y trouvait a disparu. Aussimon esprit se reportant aux débuts du monde, songeà s’adresser au Sauveur qui fut ici où je suis pendantles siècles des dieux, à Thot-Ibis, ce grand savant, àImhotpou, fils de Phtah Memphite. Quelle est la placeoù naît le Nil? Quel est le dieu ou quelle est la déessequi s’y cache? Quelle est son image?» Maspero, Histoireanc, t. i, p. 240-241. Cet auteur y voit une piècefabriquée, vers le milieu du m» siècle avant notre ère,par les prêtres de Khnoumou, Anoukit et Satit, jalouxde l’influence prise en Nubie par la déesse Isis dePhilæ grâce aux troupes grecques; dans cette hypoégyptienne appelée Aseneth, Gen., xli, 45; ce nom estégyptien: as, «siège, demeure,» et Neitli, nom d’unedéesse égyptienne; la signification du nom est donc: «siège, demeure de [’a déesse] Neith.» Voir Aseneth,1. 1, col. 1082. L’eunuque du Pharaon s’appelle Putiphar,Gen., xxxix, 1; c’est encore un nom égyptien qui se décomposeen quatre mots: pa, «le,» tu, «donner,» pa, «le,» Ra, «Ra,» le dieu Soleil; le nom entier signifie «le donné à Ra». — 2. Noms communs. — a)’Abrêk, Gen., xli, 43. Voir Abrek, t. i, col. 90; — 6) lesbœufs que le Pharaon vit en songe, paissaient dans les’âhû, Gen., xli, 2; il n’est pas difficile de reconnaîtredans ce mot l’égyptien akh qui veut dire «verdoyer» et «verdure, roseau»; — c) le mot êefaf, Gen., xli, 17,qui désigne les «bords» [du Nil] est aussi égyptien,spet en égyptien signifie rigoureusem*nt «lèvre»; —d) le mot sêë, Gen., xli, 42, que la Vulgate a traduitpar stola byssina, «robe de fin liii,» vient de l’égyptienSes, qui veut dire «tisser», d’où «tissu,étoffe». Cf. V. Ermoni, L’ugyptologie et la Bible,dans les Annales de philosophie chrétienne, 1900,

p. 500-501; K. Levesque, Les mots égyptiens dans l’histoirede Joseph, dans la Revue biblique, juillet, 1899,p. 412-419.

La littérature romanesque.

Il existe dans la littérature

égyptienne un roman connu sous le nom deConte des deux frères, qui présente la plus grande analogieavec l’épisode de la vie de Joseph, où le jeunehébreu est tenté par la femme de Putiphar et repousseses avances. Deux frères, Anoupou et Bitiou, vivaienten paix au fond d’une ferme: un jour la femme del’aîné, Anoupou, s’éprend du cadet, Bitiou, et s’offre àlui; Bitiou refuse, et la femme d’Anoupou se plaint àson mari de ce qu’il lui ait fait violence; ses bestiauxavertissent Bitiou du danger, et Phrâ-Harmakhis l’entoured’une eau pleine de crocodiles au moment dudanger, et le fait triompher à la fin de ses persécuteurs.Cf. Papyrus d’Orbiney, n. 10183 du British Muséum;Birch, Select Papyri, t. ii, pl. ix-xix; E. A. W. Budge,An egyptian reading book, Londres, 1888, p. 1-25;Groff, Étude sur le Papyrus d’Orbiney, Paris, 1888;E. de Rougé, Notice sur un monument égyptien enécriture hiératique, dans l’Atheneum français, 1852,et dans la Revue archéologique, i" sér., t. viii, p. 30;Goodwin, Cambridge Essays, p. 382; H. Brugsch,Aus dem Orient, Berlin, 1864, p. 7; Lepage-Renouf,Records of the past, t. ii, p. 137; Maspero, Les contespopulaires de l’Egypte ancienne, 2e édit., Paris, 1889,p. xii-xiv, 1-32; Pétrie, Egyptian Taies, 2e sér.,p. 36-86; Ebers, Aegypten und die Bûcher Moses,p. 314, 315; cf. aussi Brugsch, Steininschrift und Bibelwort,in-8°, Berlin, 1891, p. 77-103; Vigoureux, op.cit., p. 42-55; Heibert, Vont Parodies bis zum Schilfmeer,Géra, 1877, p. 61-96. Certains ont pensé quel’histoire de Joseph avait fourni le point de départde cette histoire. On ne peut l’établir, mais elle nousmontre du moins que l’histoire de la femme de Putipharne paraissait pas invraisemblable aux Égyptiens.

IV. Joseph figure de Notre-Seigneur.

Tous lesPères se sont accordés à voir dans Joseph une figure deNotre-Seigneur Jésus-Christ, persécuté lui aussi par sesfrères, vendu à prix d’argent, humilié sur la croix etexalté dans sa Résurrection et son Ascension et sauvantson peuple de la mort du péché. Voir Caron, Essai surles rapports entre le saint patriarche Joseph et Notre-SeigneurJésus-Christ, in-4°, 1825. — Beaucoup dePères aussi ont célébré ses vertus et particulièrement

sa charité. Cf. S. Ambroise, De Josepho patriarcha,t. xiv, col. 641-672; Pseudo-Augustin, Sermo cccxuii,De Susanna et Joseph, t. xxxrx, col. 1505-1511. — L’Églisea vu dans le Joseph de l’ancienne loi la figure duJoseph de la nouvelle loi; bréviaire romain, au 19 mars.

V. Bibliographie.

Outre les ouvrages cités aucours de cet article, voir: A. H. Niemeyer, Charakteristikder Bibel, 5 in-8°, 5e édit., Halle, 1795, t. ii, p. 326426; Th. Smith, The History of Joseph, 5e édit., Edimbourg,1875; Fr. Lenormant, Histoire ancienne del’Orient, 9e édit., t. vi, Paris, 1888, p. 153-158; Robiou,Les Pasteurs en Egypte et le ministère de Joseph,dans la Revue des questions historiques, juillet 1869,p. 212-220; A. H. Kellogh, Abraham, Joseph andMoses m Egypt, in-8°, NewYork, 1887, p. 52-81;H. G. Tomkins, The Life and Times of Joseph in thelight of. Egyptian Lore, in-12, Londres, 1891. Pourl’histoire légendaire de Joseph, voir le Koran, chapitrede Joseph; d’Herbelot, Bibliothèque orientale, p. 496,à l’article ïousoûf ben Jacob; F. G. Robles, Legéndasde José, hijo de Jacob, sacadas de dos manuscritosmorinos de la Bibliotheca nacional de Madrid, in-f°,Saragosse, 1888. On peut voir aussi Testamenta duodecimpatriarcharum, dans Migne, Patr. gr., t. ii,col. 1037-1149; cf. Vigouroux, Manuel biblique,11e édit., t. i, n. 62, p. 129-130; Apocryphes, t. i,>co*k 771. V. Ermoni.

    1. JOSEPH##


2. JOSEPH, nom ethnique. Le nom de Joseph, fils deJacob, est employé comme un nom de tribu ou de peuplepour désigner: 1° les deux tribus issues de lui parses deux fils, Éphraïm et Manassé. Sa descendance estalors appelée simplement «Joseph», Deut., ixini, 13,16; Ezech., xrvu, 13, ou bien benê Yôsêf, jfilii Joseph, «les fils de Joseph,» Num., i, 10; xxvi, 28; Jos., xvi, 1;xvii, 14, etc., ou enfin bêt Yôsêf, domus Joseph, «lamaison de Joseph.» Jos., xviii, 5; Jud., i, 22, 35;II Reg., xix, 20, etc. — 2° «Joseph, la maison de Joseph» s’entendent de tout le royaume d’Israël, parceque la tribu d’Éphraim en était la principale. Ezech.,xxxvii, 16, 19; Amos, v, 6; Abd., 18, Zach., x, 6. —3° Dans le Psaume lxxx (hébreu, lxxxi), 6, «Joseph» désigne poétiquement tout le peuple d’Israël.

    1. JOSEPH##


3. JOSEPH, père d’Igal, de la tribu d’Issachar. Sonfils fut un des douze espions envoyés par Moïse pourexplorer la Terre Promise. Num., xiii, 8.

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4. JOSEPH, lévite, fils d’Asaph, qui vivait du tempsde David. Il fut désigné par le sort pour être à la tête dupremier chœur de chantres sur les vingt-quatre entrelesquels les trois familles d’Asaph, d’Héman et d’Idithunavaient été partagées pour le service du sanctuaire.I Par., xxv, 2, 9.

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5. JOSEPH, Israélite de la famille de Bani. Il avaitépousé une femme étrangère et Esdras l’obligea de laquitter. I Esd., x, 42.

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6. JOSEPH, prêtre et chef de la famille sacerdotalede Sébénias après le retour de la captivité de Babylone.II Esd., xii, 14.

    1. JOSEPH##


7. JOSEPH, fils d’Ozias, ancêtre de Judith. Judith,vin, 1.

8. JOSEPH (grec: ’IiÔ7 «pos; Vulgate: Josephus), filsde Zacharie, un des chefs de l’armée juive qui fut battuepar Gorgias (col. 277), vers 164 avant J.-C., pendantque Judas Machabée était allé faire une campagne dansle pays de Galaad. I Mach., v, 18, 56-60.

9. JOSEPH (grec: ’Itào-eçoç; Vulgate: Josephus), nomd’un des fils de Mathathias, dans II Mach., viii, 22; x19. Il paraît être le même que Jean. Voir Jean Gaddis,col. 1153.

10. JOSEPH, époux de la sainte Vierge. Il était filsd’Héli et descendait de David. Luc, iii, 23; Matth., i, 20;Luc, I, 27; ii, 4. Il habitait Nazareth et était artisan deson état, Jésus estappelé fils d’un artisan, Matth., xiii, 55,ou artisan lui-même. Marc, vi, 3. Suivant la traditionla plus commune, il exerçait le métier de charpentier,comme le dit saint Justin, Dial. cum Tryph., 88, t. vi,col. 688. L’Écriture nousle représente comme un hommejuste, c’est-à-dire fidèle à l’observance de la loi mosaïque.Matth., i, 19. Cf. Luc, i, 6; ii, 25.

I. Mariage de Joseph et de Marie.

Joseph devintl’époux de la sainte Vierge. Matth., i, 18; Luc, l, 27;il, 5. Quoiqu’ils gardassent la virginité, ils avaient contractéun vrai mariage. Voir S. Thomas, III», q. xxix, a.2, concl.; ’S. Augustin, De cons. Evangel., ii, c. i,t. xxxiv, col. 1071, 1072; Benoît XIV, Délie Feste dxGesù Cristoe délia B. Vergine Maria, in-8°, Venise,1792, p. 212-215; Vacant, Dictionnaire de théologie, articleAntidicomarianites, t. i, col. 1378-1382. C’est à causede ce mariage que Joseph est appelé «père s de Jésuset Jésus «fils» de Joseph. Luc, ii, 33, 41, 48; iii, 23. Onse demande si le mariage fut contracté avant ou aprèsl’Incarnation. Ce qui a donné lieu à cette question c’estl’expression desponsata de Matth., i, 18. Faut-il traduire

cette expression par «mariée» ou par «fiancée»? LesPères ne sont pas d’accord. Saint Thomas pense que lemariage était contracté, mais que la célébration solennellen’avait pas encore eu lieu; il croit que Matth., i, 20: «Ne crains pas de recevoir Marie ton épouse,» doit s’entendrede la célébration solennelle du mariage, quoiqueMarie fût déjà dans la maison de Joseph. Sans rejetercomme impossible l’autre interprétation, il déclare quecelle-ci s’accorde mieux avec le texte évangélique: Prirtiumtamen, magis consonat Evangelio. III», q. xxix,a. 2, ad3° m. — De nos jours l’opinion que le mariage nefut contracté qu’après l’Incarnation compte beaucoup departisans: on en donne les raisons suivantes: 1° L’impressiongénérale du récit. Matth., 1, 18-25. La lecture dece passage, laite sans idée préconçue, porte naturellementà y voir la relation du mariage de Marie et de Joseph. —2° Le vrai sens de desponsari, desponsata, [ivyjcttsusîv,n’est point «épouser», mais «se fiancer»; c’est tellementvrai, que Luc, i, 27, unit desponsata à virgo: or on ditbien une «vierge fiancée», mais on ne peut pas direune «vierge mariée». — 3° Chez les Juifs les fiançaillessolennelles précédaient le mariage, qui n’était célébréordinairement qu’un an plus tard: la grande cérémonieconsistait à conduire la fiancée dans la maison de sonépoux. Deut., xx, 7. C’est ainsi qu’il paraît plus natureld’entendre antequam convertirent, Matth., i, 18; àcette époque Joseph et Marie n’habitaient pas dans lamême maison; par conséquent ils n’étaient pas mariés.Cf. Patrizi, De prima Angeli ad Josephum Mantesponsum legalione Comment., Rome, 1876; Id., De Evangfliislibri 1res’, Fribourg, 1855, t. ii, p. 123-124; Fillion,Evangile selon saint Matthieu, Paris, 1889, p. 41, 42. Ilfaut remarquer d’ailleurs qu’en soi la question n’a pasune grande importance, les fiancés ayant les droits desépoux. J. Knabenbauer, Comment, in Matth., 1892,p. 17-18.

II. Marie devient mère de Jésus.

On peut conjectureravec assez de fondement que Joseph était établidepuis longtemps à Nazareth avec Marie quand eutlieu le mystère de l’Annonciation. Luc, i, 26-27. — Josephne tarda pas à être soumis à une rude épreuve: la sainteVierge avait conçu du Saint-Esprit. Matth., i, 18; Luc., i,35. Saint Joseph ignorait complètement le secret dumystère de l’Incarnation; Marie ne lui avait rien dévoilé.Quand le saint patriarche s’aperçut qu’elle allait devenirmère, il ne voulut pas la diffamer et la dénoncer pabliquement;il songea à la répudier en secret, sans bruit,c’est-à-dire, en se tenant à la teneur même de la loi mosaïque,sans mentionner dans le document, le libellusrepudii, les motifs du renvoi. Matth., i, 19. — Commeil méditait ce projet, l’ange du Seigneur lui apparut ensonge, le rassura et lui fit connaître le mystère de la conceptionvirginale: Marie enfantera un fils, et Joseph devral’appeler Jésus, parce qu’il sauvera son peuple deses péchés. Matth., 1, 20-21. Joseph, rassuré par ce songe,fit comme l’ange lui avait prescrit. Matth., i, 24.

III. Voyage a Bethléhem.

Joseph résidait à Nazareth,lorsque fui publié le décret de César Auguste, prescrivantle dénombrement des habitants de l’empire dansleur lieu d’origine. Il fut ainsi obligé de se rendre àBethléhem, pour se (aire inscrire avec Marie, son épouse,qui était enceinte. Luc, ii, 1-5. Pendant qu’ils étaientdans cette ville, Marie enfanta son fils premier-né. Luc,h, 6-7. Les bergers des alentours, prévenus par l’angedu Seigneur, se rendirent à Bethléhem pour voir le mystèrequi s’y était accompli, t. 8-15; ils y trouvèrent MarieJoseph et l’enfantcouché dans une crèche.^. 16. — Lorsqueles Mages vinrent adorer l’enfant dans la crèche, il n’ya pas de doute que Joseph ne fût présent, quoique letexte ne le mentionne pas. Matth., ii, 11. — Les jours dela purification prescrite par la loi pour la femme quirelevé de ses couches étant accomplis, Joseph et Marie,se rendirent à Jérusalem pour y présenter l’enfant au

Temple et faire les offrandes légales. Luc, ii, 21-24. Levieillard Siméon, homme juste et craignanfDieu, pritl’enfant dans ses bras, le bénit, et chanta un cantiquede joie et d’action de grâces, Luc, ii, 25-32; le pèreet la mère de Jésus furent dans l’admiration: Siméonles bénit et annonça à Marie que l’enfant était établipour la ruine et la résurrection d’un grand nombre enIsraël. Luc, ii, 33-34. Il est difficile de déterminer sile voyage à Jérusalem eut lieu avant ou après la visite,des Mages.

IV. Fuite en Egypte.

Après le départ des Mages,sans qu’on puisse préciser le temps, l’ange du Seigneurapparut en songe à Joseph, il lui prescrivit de seretirer en Egypte avec la mère et l’enfant, et d’y resterjusqu’à nouvel ordre, parce qu’Hérode méditait la pertede l’enfant. Joseph obéit immédiatement et se rendit enEgypte, Matth., ii, 13, 14; il y resta jusqu’à la mortd’Hérode. Matth., ii, 15. À la mort de ce monarque, l’angelui apparut de nouveau en songe et lui dit de retournerdans la terre d’Israël. Joseph se leva aussitôt, prit l’enfantet sa mère et se mit en route pour son pays. Mais,apprenant qu’Archélaùs régnait en Judée, à la place deson père, il craignit d’y aller, et, averti pendant son sommeil,il se retira en Galilée dans la ville de Nazareth.Matth., ii, 19-23.

V. Joseph a Jérusalem.

Saint Luc, ii, 40, raconteque chaque année les parents de Jésus allaient à Jérusalempour la célébration de la Pâque. À l’âge de douzeans Jésus monta avec eux à Jérusalem. Après la fête, Marieet Joseph repartirent sans se douter que l’enfant ne lessuivait pas. En chemin, ayant constaté que Jésus n’étaitpas avec les pèlerins, ils retournèrent à Jérusalem et,après trois jours de recherches, ils le trouvèrent dans leTemple discutant avec les docteurs. Aux questions desa mère, Jésus répondit en disant qu’il devait vaqueraux affaires de son père. Il descendit alors avec eux àNazareth et il leur était soumis. Luc, ii, 42-51.

VI. Mort de Joseph.— Les Évangiles ne nous apprennentplus rien sur la vie du saint patriarche. On peutinduire seulement qu’il était mort avant la Passion dufait que Notre-Seigneur sur la croix confia sa mère auxsoins de l’apôtre saint Jean. Joa., xix, 27. Cf. Act., i, 14.Comme il n’est pas nommé non plus, quand il est ditque Jésus était cherché par sa mère et ses frères, Matth.,xii, 46; Marc, iii, 31; Luc, viii, 19, on conclut généralementde cette omission que le saint patriarche n’étaitplus vivant. L’opinion commune qu’il était mort avant*le commencement de la vie publique du Sauveur estprobablement fondée. Quant à la durée de sa vie, ellen’est mentionnée que dans les Évangiles apocryphes.L’Histoire de Joseph le charpentier, 10, le fait mourir à1Il ans. Evangelia apocrypha, 2e édit., Tischendorꝟ. 1876,p. 126. Il finit probablement ses jours à Nazareth et c’estlà qu’il dut être enterré. Les plus anciens monumentsfigurés représentent saint Joseph encore jeune au momentde son mariage avec la sainte Vierge; ce n’est queplus tard, sous l’influence des légendes des Évangilesapocryphes, qu’on l’a représenté comme déjà vieux à cetteépoque. De Waal, dans F. X. Kraus, Encyklopadie derchristlichen Alterlhhmer, 1886, t. ii, p. 73.

VII. Prérogatives de saint Joseph.

Les prérogativesde saint Joseph ont été clairement énurnérées etexpliquées par Suarez. — 1° Joseph fut vraiment l’épouxde la sainte Vierge. — 2° De là il mérita d’être appelé etd’être regardé comme le père de Jésus-Christ. — 3° Josephn’eut pas seulement le nom de père, il en eut aussi l’affection,la sollicitude et, s’il est permis de parler ainsi, l’autorité.— 4° Pour le même motif, Joseph fut en quelquesorte le chef et le supérieur de la sainte Vierge, et mêmede Jésus-Christ en tant qu’homme. — 5° Enfin Joseph futuni à Marie et à Jésus par un lien tout spécial d’amour,et de parfaite amitié, qui résultait de sa grande dignité,Opéra, Paris, 1860, t. xix, Disp. Ylll, De sancto Joseph

healæ YxrginU sponso, sect. i, p. 122. Le pape Pie IXa ajouté un nouveau titre à la gloire du saint patriarcheen le proclamant patron de toute l’Église, parun décret du 8 décembre 1870.

VIII. Saint Joseph dans les Évangiles apocryphes. —Il se forma dans les premiers siècles de l’Église touteune littérature légendaire sur la vie de saint Joseph. Lesprincipaux écrits apocryphes, sur la vie du saint patriarche,sont: le Protévangile de Jacques; dans Tischendorf.Evangelia apocrypha, p. xii-xxii, 1-50; Pseudo-Matt}iseiEvangelium, ibid., p. xxii-xxix, p. 51-112; Denativitate Mariée, ibid., p. 113-121; Historia Josephifabri lignarii, ibid., p. xxxm-xxxvi, p. 122-139. V. Hrit,Anthologia arabica, Iéna, 1774, p. 41, contient l’originalarabe et la traduction latine avec des notes deYHistoria Josephi fabri hgnarii. La vie de la Vierge etla mort de Joseph, dans F. Robinson, Coptic ApocryphalGospels, in-8°, Cambridge, 1896, p. 2-41, 130-159.Voir Évangiles apocryphes, t. ii, col. 2115. Ces récitssont remplis de légendes et de fables, dont quelques-unessont devenues populaires. Notre-Seigneur, dans l’Histoirede Joseph le charpentier, est censé raconter à ses disciples,sur le mont des Oliviers, la vie de son père nourricier.Joseph était de Bethléhem. Il se maria à quaranteans avec une femme appelée Melcha ou Escha d’aprèsles uns, Salomé d’après les autres, il vécut quarante-neufans avec elle. Il en eut quatre fils et deux filles. Lamère mourut lorsque Jacques était encore jeune. Josephdemeura avec ce dernier, ses autres enfants s’étantmariés. Il vivait ainsi depuis un an, continuant toujoursson métier de charpentier, lorsque les prêtres firentpublier dans la Judée qu’ils cherchaient un vieillard dela tribu de Juda pour le faire épouser ^ Marie qui demeuraitdans le Temple depuis l’âge de trois ans et quien avait maintenant douze ou quatorze. Joseph se rendità Jérusalem et trouva là plusieurs autres concurrents.Le grand-prêtre prit la baguette de chacun d’eux et aprèsavoir prié dans le Temple la leur rendit. Quand Josephreçut la sienne, une colombe en sortit et se reposa sursa tête. Raphaël a représenté la scène des baguettes dansson célèbre tableau du mariage de la sainte Vierge:on y voit les prétendants éconduits briser la baguettequi ne leur a servi de rien. Deux ans après eut lieu lemystère de l’Annonciation. Des apocryphes reproduisentalors les scènes connues des Évangiles, en les défigurantplus ou moins, le voyage à Bethléhem, la fuiteen Egypte, le retour à Nazareth. Joseph meurt enfinle 20 juillet. Jésus promet de bénir ceux qui célébrerontl’anniversaire de la mort de son père nourricier.Les différents récits ne s’accordent pas d’ailleurs entreeux et sont pleins de contradictions, sur lesquelles il estinutile d’insister. Ce qu’il importe de relever dans cesfables, c’est qu’elles sont la source de l’opinion adoptéepar quelques Pères et anciens écrivains ecclésiastiques,d’après laquelle saint Joseph aurait eu une premièrefemme qui lui aurait donné plusieurs enfants. Les auteursde ces productions apocryphes ont voulu expliquerainsi à leur manière comment les Évangiles donnaient des «frères» à Notre-Seigneur, ne se rendant pas compteque ce titre signifie simplement «cousins» ou «parents».Voir Frères de Jésus, t. ii, col. 2404. Leur autorité historiqueest nulle, et ce n’est pas assurément par leur témoignagequ’on peut établir que saint Joseph eut une autreépouse que Marie. Saint Jérôme, Adv. Helvidium, 17,t. xxiii, col. 201-202, atteste que saint Ignace, saint Pplycarpe,saint Irénée et saint Justin martyr avec beaucoupd’autres enseignèrent que le Sauveur n’avait point eude frères proprement dits.

IX. Bibliographie.

Tillemont, Mémoires, Paris,1701, t. i, p. 73-79; Acta sanctorum, martii t.-m, 1668,p. 4-25; Benoît XIV, De canoniz., t. IV, p. 2, c. xx,n. 7-58; A. M. Affaitati, Patriarca davidico, spiegatonella vitae santità eminente di S. Giuseppe, in-8°, Milan, 1716; Calmet, Dissertation sur saint Joseph, dansses Nouvelles dissertations, in-4°, Paris, 1720, p. 253-272;A. Sandini, Historia’familise sacrée ex antiquis monumentiscollecta, in-8°, Padoue, 1734; Analecta jurisPontifiai, Rome, 1860, p. 1509; J.-J. Bourassé, Histoirede saint Joseph, in-8°, Tours, 1872; E. H. Thomson, TheLife and Glones of St. Joseph, 1891. V. Ermoni.

11. JOSEPH, père de Janné et fils de Mathathias, lemoins ancien des ancêtres de ce nom dans la généalogiede Notre-Seigneur. Luc, iii, 24.

12. JOSEPH, père de Séméi et fils de Juda, le seconddes ancêtres de Notre-Seigneur portant ce nom dans sagénéalogie. Luc, iii, 26.

13. JOSEPH, fils de Juda et père de Jona, un destrois ancêtres de Notre-Seigneur qui ont porté ce mêmenom. Luc, iii, 30.

14. JOSEPH (’iMcrric), fils de Marie, femme de Cléophas,frère de saint Jacques le Mineur et cousin deNotre-Seigneur, un de ceux qui sont appelés ses trères.Voir Frères de Jésus, t. ii, col. 2404. Matth., xiii, 55;xxvii, 56; Marc, vi, 3; xv, 40, 47. On ne sait rien decertain sur l’histoire de ce Joseph. Voir Vigoureux, LesLivres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. v.p. 407-420.

15. JOSEPH d’Arimalhie, disciple de Notre-Seigneur,qui l’ensevelit et le fit enterrer dans son propre tombeau.Il est surnommé d’Arimathie pour le distinguer deses hom*onymes qui étaient nombreux de son temps.Voir Arimathie, t. i, col. 958. C’était un homme riche,Matth., xxvii, 57, juste et pieux. Luc, xxiii, 50. Il étaitmembre du sanhédrin: c’est le sens du titre de «conseiller» que lui donnent saint Marc et saint Luc (sù^iripLioiiPouXaUniç, nobilis decurio, Marc, xv, 43; pouXevrriç,deatrlo, Luc, xxiii, 50). «Il attendait le royaume deDieu,» annoncé par les prophètes, Marc, xv, 43, et iln’avait point donné son consentement aux actes du sanhédrinqui avait condamné Jésus, Luc, xxiii, 51, mais, «parcrainte des Juifs,» il n’avait pas osé se déclarer publiquementson disciple avant sa mort. Joa., xix, 38. Quandle Sauveur eut été crucifié, son courage se réveilla et «il osa (toXiit|(ioc?, audacter) aller trouver Pilate et luidemanda le corps de Jésus». Marc, xv, 43. Le gouverneurromain fut surpris d’apprendre que le crucifiéétait déjà mort, mais le centurion lui ayant confirmé lefait, il accorda à Joseph sa requête. Marc, xv, 44-45.Celui-ci enveloppa alors de fin fin et de parfums qu’ilacheta exprès, la dépouille sacrée et la déposa, aidépar Nicodème, dans le tombeau qu’il s’était fait taillerpour lui-même dans le roc, et qui était situé dans sonjardin près du Calvaire. Le corps du Sauveur fut lepremier qui y fut enterré et le tombeau que «l’hommeriche» d*Arimathie s’était préparé devint ainsi le Saint-Sépulcre.Matth., xxvii, 59-60; Marc, xv, 46; Luc, xxiii,53; Joa., xix, 38-42. Isaïe avait annoncé dans le chapitreoù il décrit à l’avance la passion du Messie, que «sontombeau serait avec le riche». Is., lui, 9. Voir Sépulcre(Saint:).

Les Évangiles ne nous apprennent plus rien sur Josephd’Arimathie et c’est tout ce que nous savons de certainsur son compte. L’Église grecque célèbre sa fête le31 juillet et l’Église romaine le 17 mars; il ne figuredans le martyrologe romain que depuis 1585. On prétendque sous Charlemagne son corps fut apporté de Jérusalemà Moyenmonster, dans le diocèse de Toul, maisqu’il en fut enlevé depuis par des moines étrangers.Tillemont, Mémoires, 2e édit., Paris, 1701, t. i, p. 81;Acta sanctorum, martii t. n. 1668, p. 507-510. Unelégende fabuleuse fait venir Joseph d’Arimathie en Gaule

et de là en Angleterre. Ibid., p. 509; Fabricius, Codexapocryphus Novi Testamenti, t. i, p. 270; W. Smith etH. Wace, Diclionary of Christian Biography, 1882,t. iii, p. 439. F. Vigouboux.

16. JOSEPH, appelé Barsabas (t. i, col. 1470) et surnomméle Juste. Voir Juste. Act., i, 23. Ce fut un desdeux disciples qui furent présentés après l’Ascension,par les premiers membres de l’Église, comme étantdignes de prendre la place d’apôtre laissée vacante parla trahison de Judas Iscariote. Dans l’embarras où l’onétait de choisir entre lui et Matthias, on s’en rapportai au sort qui désigna le second. Joseph, nous pouvons enêtre assurés, dit saint Jean Chrysostome, Hom., iii, 4;iv, 1, In Act., t. lx, col. 38, 45, ne s’en offensa point,puisque l’Écriture, qui ne dissimule point ces sortes defautes, n’en a rien dit. Act., i, 15-26. Il résulte du récitdes Actes que Joseph Barsabas s’était attaché à Notre-Seigneurau commencement de son ministère. Act., i,21-22. C’est donc avec raison, selon toutes les vraisemblances,qu’il est mis au nombre des soixante-dix disciples.Eusèbe, après Clément d’Alexandrie, H. E., i, 12,t. xxi, col. 117. Papias, qui vivait immédiatement aprèsles Apôtres, raconte que Joseph Barsabas, ayant bu dupoison, n’en ressentit aucun mal. Eusèbe, H. E., iii,39, col. 297. Les martyrologes d’Usuard et d’Adon, quiplacent sa fête au 20 juillet, disent qu’il se livra auministère de la prédication, qu’il souffrit beaucoup depersécutions de la part des Juifs et qu’il mourut enJudée. Tillemont, Mémoires, Paris, 1701, t. i, p. 119;Acta sanctorum, julii t. v, 1727, p. 22-24.

17. JOSEPH, nom de saint Barnabe. Act. iv, 36. VoirBarnabe, t. i, col. 1461.

18. JOSEPH BEN-CHIYAH (a» n "O «p> n), célèbrerabbin, appelé aussi Joseph l’aveugle (m>3* Tria, nihôriaggi’, qui signifie «le très éclairé» et est en mêmetemps un euphémisme pour «aveugle» ), né à Babjlonevers 270, mort vers 333. Le Talmud le nomme simplementRabbi Joseph. Il fut l’élève de Juda ben-Yecheskel, lefondateur de la célèbre école de Pumbadita, et le condiscipleet ami de Rabba ben-Nachmani, l’auteur duMidrasch Rabba, auquel il succéda vers 330 commedirecteur de l’école de Pumbadita. Joseph ben-Chiyahtraduisit de l’hébreu en chaldéenles Psaumes, les Proverbeset Job. On lui a attribué même une version complètede l’Ancien Testament en chaldéen. Il s’occupa aussibeaucoup de théosophie kabalistique. La paraphrasedes Psaumes, des Proverbes et de Job qui porte son nomse trouve dans les Bibles rabbiniques et dans les Polyglottesd’Anvers, 1572, de Paris, 1645, et de Londres, 1657.Voir Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopadie, sect. ii,t. xxxi, p. 75; Grœtz, Histoire des Juifs, trad. Bloch,in-8°, Paris, 1888, t. ht, , p. 212. D’après L. Wogue,Histoire de l’exégèse biblique, in-8°, Paris, 1881, p. 151,il est fort douteux que les paraphrases de Joseph ben-Chiyahnous soient parvenues, parce que le style et lecaractère de celles qui portent son nom sont si différentsqu’il est difficile de les attribuer à un seul auteur.On peut supposer cependant qu’il a inspiré ses élèvesqui seraient les vrais auteurs de ces ouvrages conçusselon son enseignement.

19. JOSEPH BEN-GORION, appelé aussi JOSIPPON(]inu p ps’DV), auteur de la chronique appelée isdiïnn, Sêfér hay-yâéâr, «Livre du Juste,» et aussi SêférYôsippôn, «Livre de Josippon,» ou Yôsîppôri hà’îbri,t Josippon l’Hébreu.» L’auteur se donne comme vivantau premier siècle de notre ère, du temps de Titus, etsemble vouloir se faire passer pour Flavius Josèphe. Sachronique commence à Adam et finit à la ruine de Jérusalempar les Romains. Les uns en placent la composition au IXe siècle, les autres au x*. La première éditionen fut publiée à Mantoue en 1476-1479; elle a été souventréimprimée depuis et on l’a traduite en latin et enallemand. Voir Furst, Bibliotheca judaica, t. ii, p.111-114; G. Karpeles. Gescliichte der judischen Literatur,in-8°, Berlin, 1886, p. 534, 1017.

20. JOSEPH BEN-SCHEMTOB, commentateur juifespagnol, qui vivait vers le milieu du xv siècle. Parmises œuvres, on remarque un Commentaire sur lesLamentations, composé à Médina del Campo en 1441; unCommentaire sur la Genèse, l-vi, 8, et une Exposition,du Deutéronome, xv, 11, On a aussi de lui des écrilsphilosophiques et polémiques contre le christianisme.Voir Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopadie, sect. ii,t. xxxi, p. 87-93; G. Karpeles, Gescliichte der jud. Lit.,p. 818-820; L. Wogue, Hist. de l’exégèse biblique, p. 281.

    1. JOSÈPHE Flavius##


JOSÈPHE Flavius, historien juif, du premier sièclede l’ère chrétienne.

I. Sa vie.

Josèphe naquit à Jérusalem, la premièreannée du règne de Caligula, par conséquent l’an 37-38après J.-C. Sa vie nous est connue par les détails qu’ilen donne lui-même dans ses propres écrits. Son père,Matthias, occupait un rang distingué dans la classe sacerdotale.Cf. Vita, 1; Bell, jud., proœm., 1; Ant. jud.,XVI, vii, 1. Josèphe acquit de bonne heure une tellescience à l’école des rabbins qu’à quatorze ans, prétend-il,il discutait sur la loi avec les principaux personnagesde la ville. À seize ans, il possédait à fond les doctrinesdes pharisiens, des sadducéens et des esséniens.Mais, avant de faire son choix entre les trois sectes, ilalla passer trois ans au désert, sous la direction d’unsolitaire nommé Banus. À dix-neuf ans, il revint àJérusalem pour s’agréger à la secte des pharisiens. Vita,2. Sept ans après, il se rendit à Rome afin d’y tirvaillerà la libération des prêtres que le procurateur Félixavait fait déporter. Il réussit dans sa mission, grâce àl’intervention de l’impératrice Poppée, avec laquelle ilavait été mis en rapport par un acteur juif du nomd’Alityrus. Peu après son retour en Judée, la guerreéclata entre les Juifs et les Romains (66). Josèphe partagead’abord l’avis des pharisiens modérés, qui inclinaientà la soumission. Mais, les hostilités une foiscommencées, il se mit en avant et fut chargé de présiderà la résistance de la Galilée. À l’arrivée de Vespasien,la province se soumit. Josèphe s’enferma dans laplace forte de Jotapata, s’y défendit d’abord, puis, resté ledernier parmi ses officiers qui s’étaient tués, les unsaprès les autres, dans l’ordre désigné par le sort, il serendit aux Romains. Vita, 7; Bell, jud., III, viii, 7-8.Conduit à Vespasien, il prédit au général son élévationà l’empire. Bell, jud., III, viii, 9; Suétone, Vespas.,5; Dion Cassius, lxvi, 1. Cette prédiction valut au prisonnier- d’être traité avec égards. Vita, 75. Quand,deuxans plus tard, en 69, les événements la réalisèrent,le nouvel empereur rendit la liberté à Josèphe; eureconnaissance, celui-ci ajouta à son nom celui de Flavius,qui était le nom de famille de son libérateur. Ilsuivit d’abord ce dernier à Alexandrie, puis revintauprès de Titus, dans l’entourage duquel il resta jusqu’àla fin de la guerre de Judée. Pendant le siège de Jérusalem,il fut employé souvent comme parlementaire.Mais ses compatriotes le regardaient comme un traître etl’accueillaient à coups de pierres; il fut même une foisgravement atteint. Bell, jud., V, iii, 3; vi, 2; vii, 4;IX, 2-4; xiii, 3; VI, ii, 1-3; ii, 5; vii, 2. Après la prise dela ville, il fut autorisé à emporter ce qu’il voulait, maisne prit que quelques livres sacrés, et profita de soncrédit pour arracher au supplice de la croix un bonnombre de ses amis. Il accompagna Titus à Rome, ets’y fixa définitivement. Vespasien lui accorda une habitationdans son palais, avec le droit de citoyen romain

et un subside annuel. Vita, 76; Suétone, Vespas., 18.Titus et Donatien lui conservèrent les mêmes faveurs.On ne sait en quelle année mourut Josèphe. Il survécutà Agrippa II, qui mourut la troisième année de Trajan(100). Vita, 63. Il s’était marié trois fois, d’abord avecune Juive qu’il épousa à Césarée, pendant sa captivité,et qu’ensuite il répudia, puis avec une Juive d’Alexandrie,quand il vint dans cette ville à la suite de Vespasien,eniin, après un second divorce, avec une Juive deCrète qui lui donna plusieurs enfants. Eusèbe, H. E.,ni, 9, t. xx, col. 241, dit que Josèphe eut l’honneur d’unestatue à Rome.

II. Ses œuvres. — C’est à Rome que Josèphe écrivitles livres qui nous sont restés de lui. Ses ouvrages sontau nombre de quatre: 1° Histoire de la guerre de Judée,IleplToO’IouSaixoû îto>.é|Jou, divisée en sept livres. Aprèsavoir résumé, dans les deux premiers livres, l’histoiredes Juifs depuis Antiochus Épiphane (175 avant J.-C.) jusqu’àla fin de la première année de la guerre, il traitedans le troisième de l’insurrection de Galilée, et, dansles quatre autres, de tous les événements qui se sont accomplisjusqu’à la conclusion définitive de la campagne.Après avoir composé cette histoire en araméen, Josèphela traduisit lui-même en grec. À partir du troisièmelivre, il écrit en témoin oculaire. L’ouvrage fut terminésous Vespasien, puisque l’auteur suppose achevé letemple de la Paix, qui fut terminé en 75. Dion Cassius,lxvi, 15; Bell, jud., VII, v, 7. Josèphe présenta sonhistoire à Vespasien, à Titus et au roi Agrippa II, quilui accordèrent leurs suffrages. — 2° Les Antiquitésjudaïques, ’Iou8aïxr| àpxaioXofïa. Cet ouvrage, diviséen vingt livres, raconte l’histoire du peuple israélite desorigines au commencement de la guerre de Judée. Lesdix premiers livres suivent, pas à pas, les récits bibliquesjusqu’à la captivité de Babylone. Du onzième au quatorzième,l’histoire est conduite depuis le règne de Cyrusjusqu’à celui d’Hérode. Les quinzième, seizième et dixseptièmelivres ont pour objet le règne d’Hérode, et lestrois derniers vont de la mort de ce prince au début de laguerre. Josèphe se propose dans cette œuvre de relever,aux yeux du monde romain et grec, le prestige de lanation juive, en montrant qu’elle aussi remonte à unehaute antiquité et ne manque pas de grands hommes.Ant. jud., XVI, vi, 8. Dans la partie biblique de sonOuvrage, il atténue certains traits qui auraient pu choquerdes lecteurs de la gentilité, en fait valoir d’autres,mais altère les récits sacrés par son trop grand nombred’emprunts aux traditions rabbiniques, particulièrementdans l’histoire des patriarches et de Moïse: Pourla période qui va de Néhémie à Antiochus Épiphane(440-175), il n’utilise guère que des sources légendaires,se montrant ainsi fort mal renseigné sur une époquedont il est seul à parler. Il écrit l’histoire des Asmonéensà l’aide du premier livre des Machabées et des historiensprofanes Polybe, Strabon et Nicolas Damascène.Il suit encore ce dernier pour le règne d’Hérode, quiest raconté avec détail; mais ensuite il se montre moinsheureux dans l’histoire de ses successeurs, sauf celledes deux Agrippa. Il enregistre avec soin la successionet les principaux actes des grands-prêtres depuis le retourde la captivité. Voir col. 305-307. Il écrivit cet ouvrage,ainsi que les deux suivants, à la requête d’unpersonnage appelé Épaphrodite. Ant. jud., proœm., 2;Cont. Apion., ii, 41; Vita, 76. Les Antiquités judaïques,-à la suite d’un travail intermittent, proœm., 2, ne furentterminées que la treizième année deDomilien (93-94), l’auteurayant alors cinquante-six ans. XX, xi, 2. Sur le passagede cet ouvrage relatif à Jésus-Christ, voir col. 1516. —3° h’Autobiographie (Vita) ne donne de la vie de Josèpheque quelques courts détails, au commencement (1-6) età la fin (75-76). Le reste du livre n’est qu’une apologiede la conduite de l’auteur pendant son commandementen Galilée. Cette apologie est dirigée contre Juste de

Tibériade, qui avait écrit une histoire de la guerre deJudée dans un sens qui ne convenait pas à Josèphe.L’ouvrage est postérieur à la mort d’Agrippa (100). —4° Contre Apion ou De l’antiquité des Juifs. C’est unplaidoyer assez taible, écrit postérieurement à l’an 93,contre un auteur égyptien qui avait contesté l’anciennetéde la religion juive. — Le quatrième livre des Machabées,intitulé IIep ceJToxpokopoç Xoy’o’e.oû, «de l’empirede la raison,» et attribué a Josèphe par quelquesPères, n’est pas de lui. Par contre, il avait composéune histoire des Séleucides à laquelle il renvoie plusieursfois, Ant jud., VII, xv, 3; XII, v, 2; XIII, ii, 1,2, 4; iv, 6; v, 11, etc., et qui ne nous est point parvenue.III. Sa valeur historique.

Dans l’antiquité chrétienneet au moyen âge, l’œuvre de Josèphe a joui de laplus grande estime. Saint Jérôme, Ep.xxii, ad Eusloch.,35, t. xxii, col. 421, appelle cet écrivain «un Tite-Livegrec». Mais depuis lors, des études critiquesplus précises ont conduit à le juger moins favorablement.Josèphe a un caractère peu honorable. Il songeavant tout à sa gloire et à son intérêt personnels. Sansdoute, il ne renie pas ses ancêtres, mais, dans ses récitsde la guerre de Judée, il méconnaît gravement le côtéhéroïque et grandiose de la lutte soutenue contre lesRomains, et se montre admirateur trop servile de cesderniers. Il attribue la résistance à quelques fanatiques,alors qu’il sait bien qu’elle est le fait de tout un peuple,dans les rangs duquel il a lui-même combattu. Sesrécits de la guerre sont en général exacts; autrementil n’aurait pas osé en appeler au témoignage de Vespasienet de Titus. Cf. de Champagny, Rome et la Judée,Paris, 1876, t. i, p. 150-154. Cependant ses préventionsou savanité le font parfois tomber dans d’assez graveserreurs. Cf. de Saulcy, Les derniers jours de Jérusalem,Paris, 1866, p. 59, 64, 91, 99, 228, 229, 287, 291, 327,343, 419, 423. Les longs discours qu’il met sur les lèvresde ses héros ne sont que des exercices de rhétorique.Les À ntiquités judaïques sont l’ouvrage de Josèphe quiprésente le plus d’importance au point de vue biblique.Il est composé avec beaucoup plus de négligence que laGuerre de Judée; la lassitude de l’auteur est sensibledans les derniers livres. Le but principal que se proposeJosèphe, la glorification historique de son peuple,fausse encore souvent son jugement. D’autre part, ilne veut rien dire qui puisse être désagréable aix Romains.Ainsi, par exemple, passe-t-il complètementsous silence tout ce qui avait trait aux espérances messianiquesou à leur réalisation. Les réticences sont manifestes,quand il parle de la sentence portée au paradisterrestre», Ant. jud., i, i, 4, de la prophétie de Jacob,II, viii, 1, de celle de Daniel, X, xi, 7, etc. Il sait queles Juifs attendaient le Messie, mais que, dans leuridée, ce Messie devait être un libérateur et un conquéranttemporel. Cette attente était connue du mondepaïen. Tacite, Hist., v, 13; Suétone, Vespas., 4. Josèphe,pour excuser ses compatriotes, dit qu’ils se sont soulevéssur la foi d’un «oracle ambigu», yj>tiup.0Q ànçîëolo;.Bell, jud., VI, v, 4. Il n’est pas sûr même qu’il ait seulementfait mention de Jésus-Christ (voir coꝟ. 1516),et, de tout le mouvement causé en Palestine et dansle monde romain par la prédication de l’Évangile, ilsemble ne rien savoir. Toujours pour cacher les passionspolitiques de ses compatriotes et s’efforcer d’assimilerles institutions juives à celles des Romains et desGrecs, il fait des pharisiens, des sadducéens et des esséniens,les membres de simples sectes philosophiques,semblables à celles des stoïciens ou des épicuriens. —Il faut se défier des modifications que Josèphe apporteaux récits bibliques dans les dix premiers livres desAntiquités. Ses additions ne sont parfois que l’écho desrêveries rabbiniques. La manière dont il parle deslois et des coutumes mosaïques représente plus exacte-;ment l’interprétation et l’application qui s’en faisaient

de son temps. À ce point de vue, il est utile à consulter.Dans les livres suivants, Josèphe cite assez souventses sources, mais il les utilise parfois beaucoup troplibrement, ainsi qu’on peut s’en convaincre lorsque lecontrôle est possible. Cf. Grimm, Dos erste Buch derMaccabâer, Leipzig, 4853, p. xxviii. Il fait pourtant quelquefoisœuvre de critique. Ant. jud., XIV, i, 3;XVI, vii, 1; XIX, i, 10, 14. Du reste, la valeur des différentesparties des Antiquités dépend à la fois des sourcesque Josèphe a consultées et de la manière dont il lesa utilisées. En somme, sans être un écrivain nî un historiende premier ordre, Josèphe fait bonne figure parmiles auteurs de son époque. Il n’a ni plus de défauts nimoins de qualités que la plupart des historiens grecs oulatins qui ont écrit au premier et au iie siècle. —Les œuvres de Josèphe ont été traduites d’assez bonneheure en latin. Saint Jérôme ne voulut pas se charger decette traduction. Epist. lxxi, ad Lutin., 5, t. xxii, col.671. Cassiodore l’exécuta. Le institut, div. lit., xvil,t. lxx col. 1133. La première traduction imprimée est deJ. Striussler, Augsbourg, 1470. Plusieurs autres ont élédonnées depuis. Le texte a été reproduit, avec la traductionou avec appareil critique, par Hudson, Oxford,1720; Havercamp, Leyde, 1726; Oberthûr, Leipzig, 17821785; B. Nfese, Berlin, 1887-1895, etc. R. Arnauld d’Andillya publié une traduction française, Paris, 16671668. Une nouvelle traduction française a élé commencée,sous la direction de Th. Reinach, par J. Weill, Paris,1900. Cf. Ceillier, Hisl. gén. des auteurs sacrés etecclés., Paris, 1729, t. i, p. 552-580; Jost, Geschichle derIsræliten, Berlin, 1821, t. ii, Anhang, p. 55-73; Chasles,De l’autorité historique de Flavius Josèphe, Paris,1841; Niese, Der judische Historiker Josephus, dans laHistorische Zeitschrift, Berlin, 1896, p. 193-237; et surtoutSchùrer, Geschichte des judischen Volkes im Zeitalt.J. C, Leipzig, 1901, t. i, p. 74-106.

H. Lesêtre.

    1. JOSIAS##

JOSIAS (hébreu; Yo’Siyâhû, «Jéhovah guérit;» Septante: ’Iwalaç), nom d’un roi de Juda et d’un Israéliterevenu de la captivité.

X. JOSIAS (hébreu: Yo’Uydhû; Septante: ’IwaJaç), undes rois de Juda (639-608). — Il était fils d’Amon, mortà vingt-quatre ans, après deux ans de règne seulement,et petit-fils de Manassé, roi de Juda pendant cinquante-cinqans. L’impiété de Manassé, imitée d’ailleurs par sonfils, avait été telle, que l’historiensacré la signale commeune des causes déterminantes de la destruction du royaumede Juda. IV Reg., xxiii, 26; xxiv, 4. Manassé s’était convertiavant sa mort, mais le peuple ne l’avait pas imité.II Par., xxxiii, 12-16. C’est donc après cinquante-septans d’infidélité officielle au Seigneur que Josias arrivaitau trône, et il n’avait que huit ans! IV Reg., xxii, 1;Par., xxxiv, 1. Il semblait voué presque fatalement auxinfluences pernicieuses qui pervertissaient le royaumedepuis plus d’un demi-siècle. Cependant Josias fut un desprinces les plus religieux qui aient occupé le trône deDavid. Il marcha dans la voie droite, sans jamais s’écarterd’un côté ni de l’autre. Cet éloge est d’autant pluscaractéristique, de la part de l’auteur sacré, qu’il n’estappliqué en ces termes à aucun autre roi. De quelletutelle Dieu se servit-il pour élever le jeune roi dansl’amour exclusif du bien? Est-ce celle de sa mère Idida,celle de Jérémie qui commença à prophétiser la treizièmeannée de Josias, Jer., i, 1; xxv, 3, celle de Sophoniequirendit ses oracles sous le même règne, Soph., i, 1, celledu grand-prêtre Helcias, qui auraitété pour Josias ce queJoïada avait été pour Joas? Aucun document ne permetde le dire. Peut-être toutes ces influences se sont-ellesconcertées pour préparer une réaction salutaire dans leroyaume. Toutefois aucune affirmation n’est possible surce sujet. Dès la huitième année de son règne, alors qu’iln’avait que seize ans Josias fit œuvre d’initiative personnelle et «commença à rechercher le Dieu de David,son père». II Par., xxxiv, 3. À vingt ans, il exerça sonautorité royale en entrant personnellement en lutte contrel’idolâtrie qui faisait loi dans tout le royaume, depuisque Manassé l’avait installée partout. Il s’occupa toutd’abord de Jérusalem et de Juda, qui le touchaient deplus près. Les hauts-lieux, les idoles de toute nature,sculptées ou fondues, les autels des Baals, les statues dusoleil, tout fut renversé et détruit; la poussière des idolesfut répandue sur les sépulcres de ceux qui les avaientadorées et les ossem*nts de leurs prêtres furent brûléssur leurs autels. On saitque le simple contact des ossem*ntshumains constituait une souillure. Num., xix, 1122. La destruction des hauts-lieux est d’autant plus remarquableque des rois pieux comme Asa, II Par., xv, 17Josaphat, III Reg., xxii, 44; Joas, IV Reg., xii, 3; Ozias,IV Reg., xv, 4, n’avaient pas réussi à supprimer cesrepaires idolâtriques. Ezéchias seul, IV Reg., xviii, 4,les avait anéantis de son temps. Quand Juda et Jérusalemfurent purifiés, Josias étendit son action aux provincesde l’ancien royaume d’Israël, Manassé, Ephraim,Siméon et mêmeNephthali. Au milieu des ruines de cestribus, il détruisit les symboles de l’idolâtrie, particulièrementles statues du soleil. Il retourna ensuite à Jérusalem,renseignement qui prouve que le jeune roi présidade sa personne à toutes ces destructions. II Par., xxxiv,3-7. L’auteur des Paralipomènes observe d’ailleurs qu’il «commença» ces purifications à sa vingtième année.Cette observation donne à penser que la tâche que Josiass’était imposée ne fut pas accomplie tout entière cettepremière année. Elle l’occupa pendant presque tout sonrègne. C’est pourquoi l’auteur des livres des Rois, qmparle de ce sujet avec beaucoup plus de détails, ne racontece qu’il a à en dire qu’à la fin de sa notice sur Josias.On remarque aussi que le roi étend son action purificatricemême sur l’ancien royaume d’Israël, qui alorsformait une simple province de l’Assyrie. Le roi d’Assyrieen effet n’était guère en mesure, à cette époque, de surveillerce qui se passsait dans cette province éloignée deson empire. Menacé par Cjaxare, roi des Médes, quiassiégeait Ninive, le roi d’Assyrie fit appel à des barbaresdu nord-ouest, les Scythes, qui obligèrent Cyaxareà lever le siège de Ninive pour aller défendre ses propresÉtats, et ensuite ne se gênèrent pas pour dévastertout le domaine assyrien, jusqu’aux confins de l’Egypte.Voir t. i, col. 1168. Cette invasion se produisit précisémentvers la douzième année de Josias. Cf. Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient classique, Paris,1899, t. iii, p. 477. À Babylone, Napobolassar, gouverneurde la ville au nom du roi assyrien, s’était déclaréindépendant et avait même pris le nom de roi; à titrede révolté contre Ninive, il pouvait compter sur l’appuide Cyaxare. Enfin, le pharaon d’Egypte, Psammétique I er,avait profité de l’affaiblissem*nt de l’Assyrie pour étendrela main du côté de la Phénicie, et s’était emparéd’Azot, qui pouvait être regardée comme la clef de laprovince syrienne. Voir Azot, t. i, col. 1308; Maspero,Histoire ancienne, t. iii, p. 484, 505, 506. Josias garda laneutralité au milieu de tous ces conflits; mais on comprendque, de son temps, la Samarie ait été quelquepeu à l’abandon et que l’autorité assyrienne n’ait pasété en mesure de s’opposer efficacement à son intervention,qui ne revêtait d’ailleurs qu’un caractère religieux.La dix-huitième année de son règne, Josias, à l’exempled’un de ses prédécesseurs, Joas, s’occupa des réparationsà exécuter dans le Temple. Il chargea le scribeSaphan, le chef de la ville Maasia, et l’archiviste Joha,de s’entendreavec le grand-prêtre Helcias, afin d’employerà ces travaux l’argent que les portiers du Temple avaientreçu et celui que les lévites avaient recueilli, tant dansle royaume que parmi les Israélites demeurés dans Manassé,Ephraïm et les autres tribus. On consacra ces*sommes à l’achat du bois et des pierres nécessaires et

au. salaire des charpentiers et des maçons. Les conducteursdes travaux, Johath, Abdias, Zacharie etMosollam,étaient des hommes de zèle et de confiance; on crut inutilede leur demander des comptes. Des lévites, choisisparmi les plus habiles musiciens, surveillaient les ouvriers.IV Reg., xxii, 3-7; II Par., xxxiv, 8-13. Cetteentreprise de Josias fut l’occasion d’un incident desplus importants. «Au moment où l’on sortait l’argentqui avait été apporté dans la maison de Jéhovah, le prêtreHelcias trouva le livre de la loi de Jéhovah par lamain de Moise.» II Par., xxxiv, 14. Ces expressionsexcluent formellement l’hypothèse d’une trouvaille antérieure,dont le grand-prêtre aurait réservé la révélationà un moment favorable. Elles ne vont pas cependantjusqu’à l’aire du rouleau en question un autographe deMoise; c’est la Loi de Jéhovah «par la main de Moïse»,c’est-à-dire la Loi que Moise avait jadis écrite et promulguéeau nom du Seigneur. Mais les paroles de l’historienrestent justes même s’il s’agit d’une copie plus ou moinsancienne; c’est toujours «la Loi de Jéhovah par la mainde Moise». Helcias remit le volume à Saphan, qui leporta au roi et le lui lut. Après cette lecture, le roi déchirases vêtements et ordonna de consulter Jéhovah. Ilredoutait la colère du Seigneur, parce qu’on n’avait tenuaucun compte des paroles contenues dans lelivre. Saint Jérôme,!» Ezech., i, i, t. xxv, col. 17, et saint Jean Chrysostome,In Matth., ix, t. lvii, col. 180, disent que ce livren’était pas le Pentateuque, mais seulement le Deutéronome.Le Pentateuque ne pouvait en effet être entièrementinconnu de Josias, qui venait de prendre tant demesures contre l’idolâtrie. Il s’agissait du Deutéronome,spécialement de la partie v-xxviii, qui répète le décalogueetcontient les malédictions contre les transgresseurs.Depuis cinquante-sept ans, les cultes idolâtriques étaientinstallés officiellement à Jérusalem et dans tout le royaume.Il n’est donc pas étonnant que cette partie des ancienslivres ait échappé à la mémoire de beaucoup d’Israélites,et à la connaissance de Josias et des hommes les plusjeunes parmi son peuple. On ne peut dire cependantjusqu’à quel point Helcias, les prêtres et les lévites partageaientl’ignorance générale. Voir Pentà.teuque, Deutéronome.

Helcias et les envoyés du roi allèrent consulter la prophétesseHolda. Voir Holda, col. 727. Celle-ci annonçaque le Seigneur allait déchaîner sur le royaume les malédictionsécrites dans le livre qu’on venait de trouver.Ces malédictions étaient méritées par l’idolâtrie persistantedu peuple. Quant au roi, parce qu’il s’était humiliédevant Dieu, il ne verrait pas de son vivant les calamitésannoncées et serait placé dans le sépulcre de ses pères.IV Reg., xxii, 8-20; II Par., xxxiv, 14-28. — Il ne semblepas qu’on ait eu besoin de lire à Holda l’écrit trouvédans le Temple. Elle en connaissait le contenu, ce quitendrait à démontrer que le Deutéronome était encoreconnu d’un certain nombre d’Israélites fidèles. — Aprèsavoir reçu la réponse de la prophétesse, le roi fit rassemblerle peuple dans le Temple, lut en public le livre del’alliance qu’on avait trouvé et fit jurer fidélité au Seigneurpar tous les hommes de Jérusalem et de Benjaminqui étaient réunis. Il voulut que la Pàque suivante fûtCélébrée solennellement selon toutes les règles. Ces régies,formulées par Moise, furent observées sans hésitation,ce qui prouve qu’on les connaissait bien. IV Reg.,xxiii, 21-23; II Par., xxxv, 1-19. Josias prescrivit auxlévites de mettre dans le Temple l’arche qui en avait étéretirée; il leur rappela qu’ils n’avaient plus à la portersur leurs épaules, puisqu’elle devait toujours rester dansle Saint des saints, et leur recommanda de se consacrertout entiers à leur ministère, selon les classifications établiespar David et par Salomon. II Par., xxxv, 3, 15. Surses propres biens, il donna au peuple trente milleagneaux ou chevreaux pour la Pâque et trois millebœufs pour les sacrifices. Sa libéralité fut imitée par

Helcias et d’autres chefe, qui donnèrent de leur côté-septmille six cents agneaux et huit cents bœufs. Jadis,sous David, I Par., xvi, 1-3, et Salomon, I Par., vii, 8,on avait offert de solennels sacrifices; sous Asa, II Par.,xv, 11, 12, et sous Joas, II Par., xxiii, 16-20, on avaitrenouvelé officiellement l’alliance avec le Seigneur; sousÉzéchias, il y avait eu à la fois renouvellement de l’alliance,purification du Temple et célébration de la Pâque,II Par., xxix, 10, 17; 1-27; mais, en cette dernière occasion,les prêtres étaient en petit nombre. II Par.,xxix, 34. Sous Josias, au contraire, tout se réunit pourdonner à la triple solennité un éclat extraordinaire, cequi permet à l’historien sacré de dire: «Aucune Pâquepareille à celle-là n’avait été célébrée en Israël depuisles jours du prophète Samuel; aucun des rois d’Israëln’avait célébré une Pâque comme celle de Josias, avecles prêtres et les lévites, tout Juda et ce qui s’y trouvaitd’Israël, et les habitants de Jérusalem.» II Par., xxxv,18; IV Reg., xxiii, 22. Le retour à Dieu fut sincère etdurable de la part d’un certain nombre d’Israélites. Quantà Josias, «il n’y eut pas de roi qui, comme lui, revînt àJéhovah de tout son cœur, de toute son âme et de toutesa force, selon toute la loi de Moïse, et après lui on n’envit pas de semblable.» IV Reg., xxiii, 25.

Le roi, après ces grandes solennités, ne continuaqu’avec plus d’ardeur le travail commencé la douzièmeannée de son règne pour extirper de partout les tracesde l’ancienne idolâtrie. L’historien des Rois, IV Reg.,xxiii, 4-20, fait l’énumératiou des mesures qu’il prità cet égard et dont beaucoup sont antérieures à lagrande Pâque. Cette énumération constitue l’inventairede tout l’attirail idolâtrique introduit dans le royaumepar Manassé. Le pieux roi fit donc enlever du Templetout ce qui servait au culte de Baal, d’Astarthé et del’armée des cieux; il brûla tous ces objets hors de Jérusalem,dans la vallée de Cédron, en fit porter la cendreà Béthel, où se trouvait l’autel idolâtrique de Jéroboam,et la répandit sur les tombes du peuple. Il abattit lesdemeures des courtisanes qui avaient été édifiées dansle Temple même, et dans lesquelles les femmes tissaientdes tentes pour Astarthé. Il fit disparaître des dépendancesdu Temple les chevaux consacrés au soleil parses prédécesseurs et en brûla les chars; les autels élevéspar Manassé dans les parvis du Temple furent réduitsen poussière. Il supprima les hauts-lieux qu’on avaitcréés à deux portes de la ville, et tous ceux qui existaientdans le pays, de Gabaa à Bersabée; il souillaceux qui avaient été établis au mont des Oliviers sousSalomon, en l’honneur d’Astarthé, de Chamos et deMoloch, et mit des ossem*nts sur leur emplacement. Ilsouilla également Topheth, dans la vallée de Géennom,où l’on passait les enfants par le feu en l’honneur deMoloch. Voir Moloch. Il chassa de partout les prêtres desidoles, les devins, et tous ceux qui exerçaient des professionsidolâtriques. Les prêtres lévitiques qui avaient exercéun ministère dans les hauts-lieux furent déchus de leuremploi et ne purent plus servir dans le Temple de Jérusalem.L’autel de Béthel eut le sort qui lui avait étéprédit jadis, au moment où Jéroboam relevait, un prophèteétait venu dire: s Autel, autel, il naîtra un fils àla maison de David; son nom sera Yo’Sîydhû, Josias; ilimmolera sur toi les prêtres des hauts-lieux qui brûlentsur toi des parfums, et l’on brûlera sur toi des ossem*ntshumains. >/ III Reg., xii, 2. Josias accomplit la prophétie.Il fit les mêmes exécutions dans les villes de Samarie.

IV Reg., xxiii, 4-20, 24.

Tant de zèle ne put cependant conjurer la ruine deJuda, irrévocablement décrétée par le Seigneur. Lemalheureux royaume, coupable de tant d’infidélités,n’avait plus même un quart de siècle à subsister. Lesfils de Josias, qui vont lui succéder les uns après lesautres pendant ce court espace de temps, ne tiendrontaucun compte des réformes religieuses opérées par leur

père et entraîneront de nouveau leur peuple auxdésordres qui avaient caractérisé le règne de Manassé.Josias semble avoir été envoyé par la Providence, à laveille même du grand châtiment de Juda, pour montrerune dernière fois à son peuple ce qu’il aurait dû êlreet lui faire comprendre la proportion qui existait entrela grandeur de sa ruine et celle de son apostasie. Son rôleaccompli, Josias, encore jeune, allait périr victimed’une catastrophe qui, selon l’oracle de la prophétesseHolda, lui épargnerait la douleur de voir le châtimentsuprême de sa patrie. Ninive était alors sur le pointde succomber sous les efforts des Mèdes. La successionassyrienne allait donc s’ouvrir. Le fils de PsammôtiqueI er, Néchao II, résolut d’en prendre la part qu’ilconvoitait et se mit en route, à la tête d’une forte armée,pouroccuperla Syrie. En apprenant son approche, Josiasse disposa à lui barrer le passage. Docile aux avertissem*ntsdes prophètes, il ne croyait pas que le salut de Judapût venir de l’Egypte; il pensait d’ailleurs, dans son loyalismeenvers son suzerain d’Assjrie, que le devoir luicommandait de prendre les armes pour la cause de cedernier. Néchao lui envoya dire aussitôt: «Qu’y a-t-ilentre toi et moi, roi de Juda? Ce n’est pas contre toi queje viens aujourd’hui, mais contre une maison avec laquelleje suis en guerre. Dieu m’a dit de me hâter; ne t’opposepas au dieu qui est avec moi, de peur qu’il ne tedétruise.» II Par., xxxv, 21. Ce message n’arrêta pasJosias, qui prévoyait trop bien le sort qui serait fait àson rojaume, si l’Egypte triomphait. L’armée égyptiennes’avançait par la route qui longe la Méditerranée, pouratteindre la plaine d’Esdrelon. Josias suivit une marcheparallèle et se posta devant elle au débouché des gorgesdu Carmel, à Mageddo. Voir la carte d’Issachar, col. 1008.Dès le premier choc, il fut atteint par les archers égyptienset dit à ses gens: «Emportez-moi, je suis gravementblessé.» On le plaça sur un char plus commode et onle transporta à Jérusalem. Il expira en chemin; soncadavre seul arriva dans la capitale. On l’ensevelit dansle tombeau de ses pères. Tout le royaume le pleura.Jérémie, plus que les autres, déplora la perte d’unprince si religieux et en même temps si courageux. Ilcomposa sur lui une lamentation qui ne nous est pointparvenue; des complaintes furent longtemps chantéesen Israël sur Je sort du malheureux Josias. — Le souvenirde ce prince occupe la place la plus honorable dansl’histoire du peuple de Dieu. Quatre siècles plus tard,le fils de Sirach faisait son éloge en ces termes: «Lamémoire de Josias est comme un mélange odorant composépar le parfumeur; son souvenir est doux à toutesles bouches comme le miel, et comme la musique dansun festin où l’on boit du vin. Il fut suscité de Dieupour porter la nation à la pénitence et fit disparaîtreles abominations de l’impiété. Il dirigea son cœur versle Seigneur et affermit sa piété dans un temps depécheurs. Hormis David, Ezéchias et Josias, tous ontcommis le péché.» Eccli., xlix, 1-5. D’autres rois, citéspour leur piété, comme Asa et Josaphat, n’avaient pascomplètement fait disparaître les vestiges de l’idolâtrie;les hauts-lieux n’étaient pas supprimés de leur temps.II Par., xv, 17; xx, 33. C’est une gloire pour Josias depouvoir ainsi être mis en parallèle avec deux roiscomme David et Ezéchias. Cf. Josèphe, Ant. jud., X, iv,

I. Quand il mourut (608), il n’avait que trente-neuf anset régnait depuis trente et un ans à Jérusalem. IV Reg.,xxiu, 29-30; II Par., xxxv, 20-25. Voir Néchao.

H. Lesêtre.

    1. JOSIAS##


2. JOSIAS, fils de Sophonie. Il était revenu de lacaptivité de Babjlone et le prophète Zacharie reçut deDieu l’ordre d’aller prendre dans sa maison, avec Holdaï,Tobie et Idaîa, l’or et l’argent nécessaires pour faire lescouronnes symboliques destinées à être placées sur latête du grand-prêtre Josué, fils de Josédec. Zach., vi, 9II. Cette circonstance a fait conjecturer qu’il était ou

bien orfèvre ou bien un des gardiens du trésor duTemple. Voir Holdaï 2, col. 728, el Idaïa 4, col. 806.’JOSPHIA (hébreu: Yôsifyâh, «Jéhovah ajoute; sSeptante: ’Iaxrecpia), père de Salomith qui retourna dela captivité de Babylone avec cent vingt hommes, dutemps d’Esdras. I Esd., viii, 10. Le verset paraît tronqué.Les Septante lisent: «Des fils de Baani (Baavî), Salomith,fils de Josphia.»

    1. JOSUÉ##

JOSUÉ (hébreu: YehôSua’, sous sa forme complète),nom de quatre Israélites dans la Vulgate. Elle a transcritquelquefois ce nom par Jésus. Voir Jésus, col. 1421.

i. JOSUÉ, successeur de Moïse dans la conduite et legouvernement du peuple juif.

I. Avant la mort de Moïse.

Il était de la tribud’Ephraïm, Num., xiii, 9, petit-fils d’Elisama, chef decette tribu, I Par., vii, 26, 27, fils de Nun, selon l’hébreu,ou de Navé, selon les Septante. Exod., xxxiii, 11;Num., xiii, 17; xiv, 30, etc. Son premier nom étaitHôSêâ’, Osée, «salut.» Num., xiii, 9; Deut., xxxii, 44(hébreu). Moïse le changea en YehôSua* ou YehôSùa’,Deut., iii, 21; Jud., ii, 8, ou YêSâ’a, II Esd., viii, 17, «Jéhovah est salut.» ’I^aoO;, dans les Septante, Josue,le plus souvent dans la Vulgate, ou Jésus, Eccli., xlvi, 1;I Mach., ii, 55; II Mach., xii, 15; Hab., iv, 8; Act., vii,45. Cf. Talmud de Jérusalem, Schebhth, vi, 1, trad.Schwab, Paris, 1878, t. ii, p. 376. Ce changement denom, mentionné, Num., xiii, 17, à l’occasion de l’envoides espions au pays de Chanaan, aurait eu lieu, soit àla suite de la victoire remportée par Josué sur les Amalécites,soit plus tôt même, lorsque Josué devint leserviteur de Moise. Si le récit biblique l’a employé auparavant,c’est par prolepse ou anticipation. Crelier,L’Exode et le Lévitique, Paris, 1866, p. 146; Trochon,Les Nombres et le Deutéronome, Paris, 1887, p. 75;F. de Hummelauer, Numcri, Paris, 1899, p. 106-107. Maisle nom d’Osée n’est probablement qu’une contraction ouabréviation du nom de Josué. Vigouroux, Manuel biblique,11 «edit., Paris, 1901, t. ii, p. 11.

Josué apparaît soudain sur la scène historique, peuaprès l’entrée des Hébreux dans le désert, lorsque lesAmalécites s’opposèrent à leur passage à Raphidim.Moïse, qui connaissait sa bravoure et son habileté, luiordonna de combattre avec une troupe d’élite et par sesprières lui obtint une victoire complète, dont il écrivitle récit. Exod., xvii, 8-14. On retrouve ensuite plusieursfois Josué aux côtés de Moise. Il est avec lui et commeson serviteur sur le Sinaï, et il semble même qu’il l’accompagneau sommet du Sinai, Exod., xxiv, 13, sanstoutefois jouir comme lui de la vision et des révélationsde Dieu. À la descente de la montagne, il entendit le premierles cris que poussait le peuple en adorant le veaud’or, et comme il en ignorait la cause que Dieu avaitmanifestée à Moïse, il les prit pour un bruit de combat.Moïse y reconnut des chants de joie et détrompa Josué.Exod., xxxii, 17, 18; Talmud de Jérusalem, Taanilh,iv, 5, trad. franc., Paris, 1883, t. vi, p. 184. Moïse ayanttransporté le tabernacle de l’alliance hors du camp àcause de cette idolâtrie des Hébreux, Josué, son serviteur,qui était encore un jeune homme, demeuraitauprès du tabernacle pour le garder, quand Moïse allaitau camp. Exod., xxxiii, 11. Il ne remonta pas au Sinaïavec Moïse pour y recevoir les nouvelles tables de laloi; il continuait probablement à veiller sur le tabernacle.Au moment du choix des soixante-dix anciens pouraider à gouverner le peuple, Josué intervint, pria Moise,son maître, d’empêcher Eldad et Médad de prophétiser.Il se montrait l’ardent défenseur de l’autorité de Moïse,qui l’en reprit et lui fit observer que le Seigneur pouvaitcommuniquer son esprit à qui il lui plaisait. Num.,xi, 27-29. Voir t. ii, col. 1648. Josué intervient ici au

titre de serviteur de Moïse et «choisi dans le grandnombre». Cette seconde épithète peut aider à déterminercomment Josué était le serviteur de Moise. D’aprèsExod., xxiv, 13, on a pu conclure que Josué servaitMoïse dans sa mission sainte. Mais comme l’expressionhébraïque désigne des jeunes gens, surtout des guerriers,Is., IX, 16; xxxi, 8; Jer., xviii, 21, il paraît préférablede dire que Josué était le chef des gardes ducorps de Moïse. Il veillait de même sur le tabernacled’alliance, et pendant que Moise remontait au Sinai, ildemeura au camp pour empêcher par sa présence unenouvelle sédition. F. de Hummelauer, Exodus et Leviticus,Paris. 1897, p. 256; Numeri, 1899, p. 95.

Il fut du nombre des espions que Moïse envoya enexploration dans le pays de Chanaan. Num., xiii, 9, 17.Mais, au retour, il s’efforça avec Caleb de calmer l’effervescencedu peuple soulevée par le récit exagéré de sescompagnons. Déchirant ses vêtements, il vanta la fertilitéde la Terre Promise et excita dans la foule la confianceen Dieu, sans crainte d’être lapidé. Num., xiv,6-10. Voir t. ii, col. 57-58. Cette fidélité et cette fermetélui méritèrent la faveur d’entrer, seul avec Caleb detous les Israélites ayant alors vingt ans et au-dessus,dans le pays de Chanaan. Num., xiv, 30-38; xxvi, 65;xxxii, 12. Durant les trente-huit années des pérégrinationsd’Israël dans le désert, Josué ne paraît pas; d’ailleurs,nous ignorons complètement l’histoire de toutecette période.

Quand Dieu avertit Moïse’que sa fin est proche, il désignecomme son successeur Josué, «homme en qui résidel’esprit,» l’esprit de prudence et de force, nécessaire auchef d’un peuple, et il lui ordonne de lui imposer lesmains en présence du grand-prêtre et de la multitude,en signe de la transmission de pouvoir. Moïse doit luicommuniquer dès lors une part de sa gloire, c’est-à-direde sa dignité et de son autorité. Josué ne sera plus unsimple ministre de Moise; il aura droit de commanderet le peuple devra lui obéir. Plus tard, dans l’exercicede son pouvoir, il ne jouira pas de toutes les prérogativesde Moïse; il n’entrera pas comme lui directementen communication avec le Seigneur. Le grand-prêtreÉléazar consultera Dieu, et Josué, à la tête du peuple,exécutera les ordres reçus. Josué fut intronisé dans sesfonctions selon le rite indiqué et conformément à lavolonté divine. Num., xxvii, 18-23; F. de Hummelauer,Numeri, p. 328-329. Moïse demeure cependant jusqu’àsa mort le chef suprême des Hébreux; il règle les conditionsdu placement des tribus de Ruben et de Gad,et Josué, qui aura la mission de faire le partage de laTerre Promise, Num., xxxiv, 17, devra tenir compte desdécisions de son prédécesseur. Num., xxxii, 28. D’ailleurs,la délégation de Josué au gouvernement du peuplejuif a pu être racontée par anticipation. Num., xxvii,18-23. Dans cette hypothèse, elle n’aurait eu lieu qu’aujour même de la mort de Moïse. F. de Hummelauer,Beuteronomium, Paris, 1901, p. 497. Quoi qu’il en soit,Dieu lui-même, ce jour-là, fortifia Josué et lui assura lesuccès dans sa mission qui était d’introduire les Israélitesdans la Terre Promise. Deut., xxxi, 14, 23. Josuéétait auprès de Moïse, tandis que celui-ci adressa aupeuple ses derniers avis. Deut., xxxii, 44. Moïse mort,Josué fut rempli de l’esprit de sagesse, nécessaire aubon gouverment, par l’effet de l’imposition des mainsde son prédécesseur. Deut., xxxiv, 9. Il devint dès lorsun véritable chef, hardi et entreprenant, et il remplitparfaitement les desseins de Dieu sur lui. Le peuple,habitué à l’obéissance par la vie nomade du désert, semontra plus docile à sa voix que la génération précédentene l’avait été à celle de Moïse. Deut., xxxiv, 10.

II. Après la. mort de Moïse. — Une double tâche incombaitau nouveau chef d’Israël: conquérir par lesarmes le pays de Chanaan et en faire le partage. Jos.,.1, 1-6.

1. Conquête de la Terre Promise.

Josué se mitimmédiatement à l’œuvre. Sur l’ordre de Dieu et avecses encouragements, il ordonna les préparatifs pour lepassage du Jourdain et rappela aux tribus de Ruben etde Gad et à la demi-tribu de Manassé les conditions fixéespar Moïse au sujet de leur territoire sur la rive gauchedu fleuve. Jos., i, 1-18. Il envoya à Jéricho, ii, 1, deuxespions qui, de retour, lui rendirent compte de leurmission, ii, 23-24. Devant le camp, il donna des instructionssur la manière de traverser le fleuve, iii, 1-13.Le passage opéré, deux monuments de pierre furentélevés sur la rive droite et au milieu du Jourdain ensouvenir du prodige, iv, 1-25. «Encejour-là, le Seigneurglorifia Josué devant tout Israël, afin qu’ils le craignissentcomme ils avaient craint Moïse, pendant sa vie,» iv, 14. Sur l’ordre divin, Josué fit circoncire tous lesHébreux qui ne l’avaient pas été dans le désert, v, 1-9.Voir col. 84-85 et t. ii, col. 774-776. Un ange apparut àJosué, v, 13-16, et le Seigneur lui indiqua par sa boucheles moyens de prendre Jéricho. Josué les communiquaaux prêtres et les fit exécuter, vi, 1-27. Voir col.1232-1293. Dans la prise miraculeuse de cette ville, le Seigneurfut avec Josué, dont le nom devint célèbre danstout le pays de Chanaan, vi, 27. Ce prodige avait pourbut de prouver à Josué que Dieu, selon sa promesse,était avec lui, et de lui donner courage et confiance.C’est par la ruse et la force que Josué s’empara d’Haï.Voir col. 398-399. Une première tentative ajant échouéà cause de la désobéissance d’Achan, voir t. i, col. 128130, Josué s’en plaint au Seigneur, qui lui fit connaîtrela raison de l’échec. L’expiation accomplie, Josué semit à la tête de toute l’armée et s’empara de la ville,après avoir tendu une embuscade aux habitants, vii, 2;vm, 29. Conformément aux ordres de Moïse, Deut.,xxvii, 1-8, Josué éleva sur le mont Hébal un autel depierres, sur lequel il fit offrir des sacrifices, et une stèlesur laquelle on grava une partie de la loi mosaïque,non pas le Pentateuque entier, comme l’ont pensé lesrabbins, ni même le livre du Deutéronome, mais seulementsoit un résumé de la législation proprement dite,Fillion, La sainte Bible, Paris, 1888, t. i, p. 639, soitles malédictions contenues, Deut., xxvii, 15-26; Clair,Le livre de Josué, Paris, 1883, p. 54, soit les discours deMoise, Deut., v-xi, avec les malédictions et les bénédictions.Deut., xxvii, 15-xxviii, 68. F. de Hummelauer,Beuteronomium, p. 438-440. Voir col. 46L. Quoi qu’ilen soit, le peuple étant disposé comme Moïse l’avaitordonné, Josué lut certainement les malédictions et lesbénédictions précitées, viii, 33-35. Trompé par un audacieuxstratagème, Josué conclut alliance avec les Gabaonites;la fraude découverte, il resta fidèle à la convention,malgré les murmures du peuple, mais il soumitces alliés au service du culte, îx, 1-27. Voir col. 19-20.Il vint à leur secours et remporta sur les rois chananéensligués contre eux la célèbre victoire, favorisée parune grêle extraordinaire, voir t. i, col. 1703; t. iii, col.337, et par l’arrêt du soleil et la prolongation du jour.Voir t. i, col. 297. Josué prit ensuite plusieurs placesfortes du sud de la Palestine, Macéda, Lebna, Lachis,Églon, Hébron, Dabir, Asédoth. Par cette série d’heureuxcoups de force il fut maître de toute la partie méridionaledu pays de Chanaan, x, 28-43. Les rois dunord, ligués à l’instigation de Jabin, furent défaits prèsdes eaux de Mérom, xi, 1-15. Josué poursuivit ses conquêtesdans le nord, xi, 16-23. On trouve, xii, 7-24,l’énumération de tous les rois que Josué a vaincus dansl’intervalle de la conquête, ordinairement évalué à septannées.

On a souvent reproché à Josué l’extermination destribus chananéennes, dont il avait conquis le territoire.Mais il faut observer qu’il ne l’a fait que sur l’ordre deDieu, Num., xxxiii, 50-56, qui voulait par là les punirde leurs crimes. Théodoret, Quxst. xxi in Jos., t. lxxx,

col. 474. C’était, d’ailleurs, alors la conséquence dudroit de conquête, et Josué n’appliquait parfois que lapeine du talion. Jud., i, 7. Vigouroux, Manuel biblique,11e édit., Paris, 1901, t. ii, p. 25-26; Les Livres Saintset la critique, 5e édit., t. iv, p. 454.

Partage du pays conquis.

Josué, déjà avancé en

âge, reçut de Dieu l’ordre d’accomplir enfin la secondepartie de sa mission, le partage de la Palestine entreles tribus d’Israël, xiii, 1-8. L’attribution faite par Moïseétant maintenue, les districts cisjordaniens furent partagéspar le grand-prêtre Eléazar et par Josué, d’abordaux tribus de Juda, de Manassé et d’Éphraim, xiv, 1-xvii,13. Josué accorda à Caleb le territoire que Moïse luiavait assigné, xiv, 6-13; xv, 13. II permit aux fils deJoseph d’étendre par la conquête la part qui leur étaitéchue, xvii, 14-18. Avant de déterminer l’héritage dessept dernières tribus, il envoya une commission de vingtet un membres, non pas sans doute, comme on l’a faussem*ntprétendu, faire le cadastre des contrées nonencore conquises, mais seulement examiner sur placela disposition topographique, les ressources et les villesde chaque région pour en former sept lots qui furenttirés au sort, xviii, 1-xix, 48. Thamnath-Saraa lui futoctroyée comme part, xix, 49, 50. Par ordre de Dieu,Josué désigna des villes de refuge, xxi, 1-9, et les villesqu’habiteraient les lévites, xxi, 1-40. Le partage ainsiterminé, il renvoya dans leurs possessions au delà duJourdain les guerriers des tribus de Ruben et de Gadet de la demi-tribu de Manassé, xxii, 1-9.

Derniers discours et derniers actes.

Retiré dans

son héritage à Thamnath-Saraa, Josué y passa tranquillementle reste de ses jours. Longtemps après que leSeigneur eut donné la paix aux enfants d’Israël et quetoutes les nations environnantes eurent été soumises,xxiii, 1, vingt-cinq ans étant écoulés selon l’historienJoséphe, Ant. jud., V, i, 29, et Clément d’Alexandrie,Strom., i, 21, t. viii, col. 833, vingt-sept d’après Théophiled’Antioche, Advutol., iii, 24, t. vi, col. 1157, et,Eusèbe, Chronic, i, 27, t. xix, col. 166, ou trente selonEusèbe, Præp. ev., x, 14, t. xxi, col. 837. Josué, parvenu àun âge très avancé, rassembla tous les anciens et les chefsdu peuple et leur recommanda avec instance de demeurerconstamment fidèles à Dieu et à sa loi, leur annonçantle bonheur qui les attendait s’ils persévéraient et, lesmalheurs qui les frapperaient, s’ils devenaient prévaricateurs,xxiii, 1-16. Il réunit encore à Sichem les représentantsde toutes les tribus et leur fit renouvelersolennellement l’alliance avec Dieu. Rappelant les bienfaitsreçus, il les invita à choisir entre Jéhovah et lesfaux dieux. Dans un dialogue émouvant avec son ancienchef, le peuple promit une inviolable fidélité au Seigneuret dressa un double mémorial du renouvellement del’alliance, xxiv, 1-27. Josué congédia l’assemblée et,bientôt après, il mourut à l’âge de cent dix ans. Onl’ensevelit à Tamnathsaré dans les limites de sa possession,xxiv, 29-30. V. Guérin a cru retrouver, en 1863,le tombeau de Josué à Kharbet-Tibnéh. Revue archéologique,février 1865, p. 100-108; Description de la Palestine,Samarie, Paris, 1875, t. ii, 89-104; F. de Saulcy,Voyage en Terre-Sainte, 1865, t. ii, p. 226-238; Vigouroux,La Bible et les découvertes modernes, 6e édit.,Paris, 1896, t. iii, p. 17-29. Le Père Séjourné a contestécette identification et a placé le tombeau de Josué aucentre d’une vaste nécropole judaïque située entre lesdeux villages actuels de Serka et de Berukin. Revuebiblique, 1893, t. ii, p. 608-628. Voir t. ii, col. 775-776.III. Caractère.

Josué est un des rares personnagesà qui la Bible n’ait aucun reproche à adresser; et l’auteurde l’Ecclésiastique, xlvi, 1-10, a fait son éloge.

Rôle public.

S’il a été l’assistant de Moïse, son

serviteur dans sa mission prophétique, Eccli., xlvi, 1(texte hébreu), il fut, au cours de sa mission personnelle,un chef militaire plutôt qu’un prophète. Il reçut de Dieu I tout le peuple s’associa à ces louanges et prit part à ces

moins de communications directes et celles dont il a étél’objet se rapportaient à la conquête ou au partage de laTerre Promise. Les prodiges accomplis par Dieu à sonsujet ont été moins nombreux et moins étroitement liésà sa personne que ceux de l’exode à la personne deMoïse; c’est l’arche, ce sont les trompettes des prêtres,qui ouvrent les eaux du Jourdain et font tomber lesmurs de Jéricho. Cependant la parole de Josué produitla prolongation du jour à la bataille de Gabaon. Demême encore, dans l’administration, le partage et lerenouvellement de l’alliance, il agit de concert avec legrand-prêtre et les chefs des tribus. Son rôle principalest donc militaire. Dans la conquête du pays de Chanaan,il commande et agit seul. Or, dans l’accomplissem*ntde sa mission propre, il est plein de cœur et de courage,hardi, entreprenant et il se montre à la hauteur desévénements. L’auteur de l’Ecclésiastique, xlvi, 1-8,loue surtout ses exploits guerriers.

Figure de Jésus-Christ.

Les Pères ont généralement

considéré Josué comme une figure de Jésus.Josue fuit typus Domini non solum in gestis sed etiamin nomine. S. Jérôme, Epist. lui, n. 8, t. xxii, col. 545. «Il a été grand par le nom de sauveur qu’il portait et ila eu la puissance de sauver les élus de Dieu.» Eccli.,xlvi, 1-2. Parce qu’il devait sauver son peuple, il eutl’honneur de porter d’avance le nom du véritable Jésus,du Sauveur de l’humanité entière. Il a introduit lesHébreux dans la Terre Promise, comme Jésus a ouvertle ciel à tous les hommes. Bossuet, Elévations sur lesmystères, ix» sem., 10e élevât., Œuvres, Besançon, 1836,t. iii, p. 73. Voir Haneberg, Histoire de la révélationbiblique, trad. franc., Paris, 1856, t. i, p. 187-202;Danko, Historia revelatwnis divinse V. T., Vienne,1862, p. 192-198; Pelt, Histoire de l’Ancien Testament,3e édit., Paris, 1901, t. i, 327-332; Vigouroux, Manuelbiblique, 11e édit., Paris, 1901, t. ii, p. 10-26.

E. Mangenot.

2. JOSUÉ (Septante: ’ûd/js; Alexandnnus: ’Ir^oS),habitant de Bethsamés, dans le champ duquel s’arrêta lechar philistin qui, du temps de Samuel, ramena d’Accaronà Bethsamés l’arche d’alliance. I Reg., vi, 14. VoirArche d’alliance, t. i, col. 920.

3. JOSUÉ (Septante: ’Ir)<roi{), gouverneur (iâr, princeps) de Jérusalem, près de la maison duquel étaientdes hauts-lieux consacrés au culte des idoles et que leroi Josias fit détruire. IV Reg., xxiii, 8.

4. JOSUÉ (hébreu: Yêsûa’et YehôSua’; Septante: ’Iy)<xo0ç), fils de Josédec, premier grand-prêtre après lacaptivité de Babylone. Josué était très probablementné, comme son contemporain et associé Zorobabel, àBabylone, où son père Josédec avait été déporté en captivitépar Nabuchodonosor. I Par., VI, 15. Son pèreétant mort en exil, Josué lui succéda dans la charge degrand-prêtre. À la suite de l’édit de Cyrus, il retournaà Jérusalem avec Zorobabel, la première année du règnede ce roi, et il s’appliqua avec beaucoup d’ardeur à releverles ruines des temps passés. Il releva immédiatementl’autel des holocaustes et rétablit le sacrifice quotidieninterrompu depuis une cinquantaine d’années.Zorobabel fut son fidèle et infatigable collaborateur; ilscommencèrent par relever l’autel et par restaurer lesacrifice quotidien, ainsi que toutes les grandes solennités.I Esd., iii, 2-6. Il eut la consolation de poser lesfondements du nouveau Temple, le second mois de ladeuxième année de son retour à Jérusalem (536 avantJ.-C). I Esd., iii, 8-9. Cet événement fut célébré par degrandes démonstrations de réjouissance; les prêtres,avec leurs ornements et les trompettes, les Lévites, filsd’Asaph. avec les cymbales, louèrent Dieu, selon lesprescriptions du roi David, et chantèrent des hymnes;

réjouissances; cependant, ceux qui avaient connu l’ancienTemple, ne pouvaient cacher leur douleur, de sorteque, dans cette fête, la tristesse des anciens jours semêla à la joie des jours nouveaux. I Esd., iii, 10-13. —Les Samaritains, ennemis de Juda et de Benjamin,ayant appris qu’on réédiflait le Temple, allèrent trouverZorobabel et offrirent leur concours. Zorobabel, Josuéet les autres chefs refusèrent leurs services. Les Samaritains,irrités, suscitèrent toute espèce d’obstacles, etgagnèrent à leur cause de mauvais conseillers: Bésélam,Mithridate, Thabéel et d’autres, qui arrachèrent au roiArtaxerxès un édit suspendant les travaux. Les travauxfurent ainsi interrompus jusqu’à la deuxième année durègne de Darius, fils d’Hystaspe, roi des Perses, c’est-à-direenviron l’espace de quatorze ans. La deuxièmeannée du règne de ce roi (516 avant J.-C), on reprit lestravaux. I Esd., iv, 1-24. Stimulés par les prophétiesd’Aggée, i, 1, 12, 14; ii, 1-9, et de Zacharie, i-viii, Zorobabelet Josué poussèrent les travaux avec vigueur.1 Esd., v, 1-2. Dieu couronna leurs eflorts; le Templefut achevé le troisième jour du mois d’Adar (mars),la sixième année du règne de Darius. On célébra engrande pompe la dédicace du temple; on oflrit, à ceteflet, cent veaux, deux cents béliers, quatre centsagneaux et douze boucs selon le nombre des douze tribusd’Israël. I Esd., vi, 14-17. — Josué est loué par l’auteurde l’Ecclésiastique, xlix, 14, pour son zèle et son empressem*ntà relever le Temple de Dieu. Sa piété et sesvertus le rendirent digne d’être une figure de Notre-Seigneur.Le prophète Zacharie dit en parlant de Josué: «Je ferai venir mon serviteur.» Sémafy, «le Germe» (Vulgate: Oriens), iii, 8, et «son nom est Germe», vi,12. Levéritable «Germe» c’est Jésus-Christ. Ces parolesont été appliquées expressément par le Zacharie de lanouvelle Loi, le père de saint Jean-Baptiste, à Notre-Seigneur.Luc, 1, 78 (Septante: ’AvatoXifj; Vulgate: Oriens).A partir de la septième année du règne de Darius, onne sait plus rien de Josué; on ne connaît ni la date nile lieu de sa mort, quoiqu’on pense communémentqu’il finit ses jours à Jérusalem. V. Ermoni.

    1. JOSUÉ (LIVRE DE)##


5. JOSUÉ (LIVRE DE), sixième livre de l’Ancien Testamentselon l’ordre du canon du concile de Trente, lepremier de la seconde classe des livres de la Bible hébraïque,c’est-à-dire des nebi’îm ou prophètes. Il est intitulédans l’hébreu Yehosua’, dans les Septante’I» )<toO;Nocuvi ou’IrjtroC; uib; Nauirç et dans la Vulgate LiberJosue.

I. Contenu.

Ces titres désignent, sinon avec uneentière certitude l’auteur du livre, du moins son hérosprincipal. L’écrit ne renferme pas toutefois une biographiecomplète et suivie du successeur de Moïse dans legouvernement du peuple juif, il contient plutôt l’histoirede ce peuple lui-même, sous la conduite de Josué,depuis l’entrée en fonctions de ce nouveau chef jusqu’auxpremiers temps qui ont suivi sa mort. Le sujetdu livre est indiqué par les paroles de Dieu, qui sont rapportées,I, 1-9, et qui assignent à Josué la double missionde conquérir et de partager la Palestine. Ces versetsforment comme l’exorde du livre. La suite est consacréeau récit de l’accomplissem*nt de cette mission. L’ouvragese divise donc naturellement en deux parties:1° la conquête, i, 10-xii, 24; 2° le partage de la TerrePromise, xiii, 1-xxii, 34. La première partie, qui décritla conquête, peut se subdiviser en deux sections: l’unementionne les préparatifsde la guerre, i, 10-v, 12, etl’autre,les triomphes successifs et rapides des Hébreux au sud,puis au nord de la Palestine et l’extermination de la plupartdes tribus auparavant maîtresses de tout le pays,v, 13-xii, 24. La seconde partie, le récit du partage, comprendaussi deux sections distinctes: 1° l’une rappellele partage, opéré par Moïse, des régions situées à l’estdu Jourdain, xiii, 1-33; 2° l’autre expose la distribution

par le sort des districts, placés sur l’autre rive du fleuveet récemment conquis, xiv, 1-xxii, 34. Cette histoire setermine par un appendice ou supplément, qui relate lesdernières paroles et les derniers actes de Josué, XXIII,1-xxrv, 33. Pour une analyse plus détaillée, voir JosuÉ,col. 1686-1688, et R. Cornely, Introductio specialis inhistoricos V. T. libros, Paris, 1887, 1. 1, p. 171-175; Synopsisomnium librorum sacrorum utriusque Testamenti,Paris, 1899, p. 35-40. La première partie est complètementhistorique; la seconde, quoique rédigée sous latorme historique, est surtout géographique et partiellementlégislative pour le fond. Les événements racontésse sont produits durant une période qu’il est difficiled’évaluer en chiffres exacts, à cause de la rareté desdates mentionnées, et qui s’étend à une trentaine d’annéesenviron. D’après les calculs généralement acceptés,la conquête de la Terre Promise aurait duré sept anset Josué aurait vécu vingt-cinq ans au total depuis sonentrée au pays de Chanaan. Il faut joindre à ce derniernombre la durée des faits indiqués dans les derniersversets du livre.

II. Unité et indépendance.

La plupart des critiquescontemporains tiennent le livre de Josué pour un «sixième tome», qui primitivement n’a fait qu’un avecle Pentateuque. Ils l’englobent donc dans leurs théoriessur la composition de l’Hexateuque. Selon eux, il est dumême âge que les cinq livres, attribués à Moïse, et il aété rédigé dans sa forme actuelle, à l’aide des mêmessources par le même rédacteur définitif. Cette conclusioncritique a passé par des phases diverses. L’hypothèsecomplémentaire a succédé à l’hypothèse fragmentaire.Voir Vigouroux, Les Livres Saints et la critique,5e édit., Paris, 1901, t. iv, p. 437. Nous avons maintenantl’hypothèse documentaire. Le livre de Josué n’apas été écrit d’un seul jet ni par une seule main; unrédacteur définitif a puisé à des sources différentes deséléments divers qu’il a fondus, non sans laisser toutefoisdes sutures qui permettent à des yeux exercés dediscerner les morceaux primitifs, assez mal joints d’ailleurs.La connexion du livre de Josué avec le Pentateuquene se discute plus; c’est, dit-on, une conclusioncertaine de la critique négative. Tout le travail actuelse porte à déterminer avec le plus de précision possibleles sources ou documents dont le rédacteur définitifa fait usage. Voici les résultats auxquels on croit êtreparvenu:

La première partie du livre de Josué, i-xii, formedans son ensemble un tout bien caractérisé, qui paraitêtre la continuation de je, c’est-à-dire du rédacteur qui,vers 650, a fondu ensemble l’écrit jéhoviste J, qui est de850 environ, et l’écrit élohiste e, postérieur d’un siècleau jéhoviste. Toutefois, on discute la question de savoirsi le dernier rédacteur, qui écrivait entre 440 et 400,s’est servi directement des sources i et E, ou bien s’iln’a pas eu plutôt à sa disposition un travail intermédiaire,dans lequel j ete étaient déjà réunis et combinés.Le Code sacerdotal, p, qui daterait de l’époque de lacaptivité, a été très peu utilisé; il a fourni de rares éléments,et quelques fragments seulement lui ont été empruntés.Dans la seconde partie, xm-xxiv, le partage dessources est bien différent. Tous les détails géographiquesdérivent du Code sacerdotal et les passages empruntésà JE sont moins nombreux que dans la premièrepartie. Mais il y intervient un élément nouveau. Avantque je n’ait été combiné avec p, il avait été complété endifférents endroits par un écrivain, dont l’esprit estétroitement apparenté à celui de l’auteur du Deutéronomeet que, pour cette raison, on désigne par le sigled 2. Les additions, provenant de cet écrivain, sont pourla plupart faciles à- reconnaître au style, semblable àcelui duDeutéronome, et elles comprennent notammentles parties législatives du livre de Josué et le renouvellementde l’alliance. On y rattache aussi tout ce qui cou

cerne les parts de territoire, accordées sur la rive gauchedu Jourdain aux tribus de Ruben, de Gad et à lademi-tribu de Manassé. Nous renonçons à suivre les critiquesdans la détermination détaillée des divers passagesde Josué qu’ils rapportent à ces différentes sources.On peut consulter leurs ouvrages, qui sont loin de s’accordersur les détails. Voir J. Wellhausen, Die Compositiondes Hexateuclis und der historischen Bûcherdes A. T., 2e édit., Berlin, 1889, p. 118-136; Cornill,Einleitung in dos A. T., 4e édit., Fnbourg-en-Brisgau etLeipzig, 4896, p. 79-83; Driver, Einleitung in die Litteraturdes A. T., trad. Rothstein, Berlin, 1896, p. 108121; Smith et Fuller, À Diclwnary of the Biblc, 1e édit.,Londres, 1893, t. i, part. II, p. 1811-1815; A. Hauck,Itealencyklopâdie fur protestant. Théologie und Kirche,3e édit., Leipzig, 1900, t. ix, p. 390-392; W. H. Bennett,The book of Joshua, Leipzig, 1895, édition critique etcoloriée, dans laquelle la différence des couleurs indiqueles emprunts à des documents différents.

Que faut-il admettre de ces conclusions? Que faut-ilpenser de ces hypothèses? Il est d’abord constant queles Juifs n’ont jamais connu l’étroite connexion du livrede Josué avec le Pentateuque dans un seul ouvrage,divisé plus tard en six tomes. Aussi haut que l’on peutremonter à l’aide des documents et sans recourir auxhypothèses, on voit qu’ils ont fait des livres de Moïse etde Josué deux ouvrages complètement distincts. Les auteursdu Canon hébraïque, quels qu’ils soient d’ailleurs,ont classé le Pentateuque dans une catégorie à part etrangé le livre de Josué dans une série différente, celledes prophètes, dans laquelle il occupe la première place.Le traducteur grec de l’Ecclésiastique mentionne déjàdans sa préface la division de la Bible hébraïque en troisclasses d’écrits et il sépare la «loi» des «prophètes».Quelques critiques reconnaissent, du reste, que le livrede Josué a été séparé du Pentateuque avant Esdras. Ilssont obligés d’avouer aussi que les Juifs n’ont gardéaucun souvenir de la prétendue unité primitive del’Ilexateuque, et ils ont recours à des arguments internes,à la ressemblance de fond et de forme, pour prouvercette unité originale. Ces raisons sont-elles valables- et suffisent-elles à ébranler la croyance traditionnelle àl’indépendance du livre de Josué? «Le livre de Josuése rattache étroitement au Pentateuque, il est vrai, parcequ’il prend l’histoire du peuple hébreu au point où s’arrêtela conclusion du Deutéronome. Les tribus queMoïse avait emmenées d’Egypte ne moururent pasavec lui; leur histoire ne finit pas avec celle de leur libérateur;elles continuèrent sans lui ce qu’elles avaientfait jusqu’alors avec lui; elles étaient déjà sur les bordsdu Jourdain; il n’y avait plus qu’à le franchir pour entreprendrela conquête de cette Terre Promise, depuis silongtemps l’objet de leurs vœux et de leurs désirs. L’écritqui porte le nom xle Josué nous raconte l’histoire decette conquête; il a, par là même, avec les livres quile précèdent le lien qu’ont entre eux les événements.Mais là se borne la connexion: il est la continuationdes écrits de Moïse; il n’en est pas une partie.» Vigouroux,Les Livres Saints et la critique, t. iv, p. 441.

D’autre part, il forme en lui-même un tout complet etindépendant. Par sa composition, il présente, malgré desressemblances nécessaires avec le Pentateuque, une véritableoriginalité de fond et de forme. Il a un plan qui luiest propre et qui lui donne une visible unité. Son sujetest la conquête et le partage de la Palestine par Josué.Son but est manifeste. L’auteur ne se propose pas seulementde continuer l’histoire du peuple juif après la mortde Moïse; il veut surtout montrer par son récit la fidélitéavec laquelle Dieu a tenu ses promesses faites aux patriarcheset renouvelées à Moïse. Il raconte la façon prodigieusedont le Seigneur a mis son peuple en possessionde la Terre Promise. Les événements qu’il rapportetendent tous à faire voir l’intervention divine dans la

conquête. Les détails du partage aboutissent â la mêmefin, et l’auteur en termine la relation par ces parolessignificatives: «Et le Seigneur Dieu donna à Israël toutela terre qu’il avait juré de livrer à leurs pères… et pasune des paroles qu’il avait promis d’accomplir ne demeurasans effet, mais toutes furent réalisées par lesévénements,» xxi, 41, 43. Dans ses deux discours, Josuétire les conclusions pratiques qui découlent de cettefidélité de Dieu à tenir ses promesses: les Israélites doiventde leur côté être fidèles à observer les préceptesdivins; sinon, ils attireront sur eux les malédictions quele Seigneur a portées contre les prévaricateurs. À cepoint de vue, on peut dire que le livre de Josué complètele Pentateuque, mais comme les Actes des Apôtrescontinuent les Évangiles. Le récit de l’accomplissem*ntdes promesses divines à l’égard d’Israël n’est pas nécessairementl’œuvre du rédacteur du Pentateuque; un autreécrivain, imprégné de l’esprit de Moïse comme l’étaitJosué, a fort bien pu l’écrire après les événements. Sile rédacteur définitif de l’Hexateuque avait combiné habilementles sources du livre de Josué, il aurait dû rattacherce récit de l’accomplissem*nt des promesses auxNombres et ne pas intercaler entres les deux parties desa narration un ouvrage législatif tel qu’est le Deutéronome.Enfin, la forme du récit est elle-même différente.Le livre de Josué n’est pas, comme l’Exode et les Nombres,une sorte de journal écrit au fur et à mesure desévénements, iii, comme le Lévitique, un code de législation,ni, comme le Deutéronome, une série de discours.Il présente donc une physionomie à part, et les critiquessont obligés d’avouer que les sources qu’ils admettenty sont mêlées et combinées d’une autre façonque dans le reste de l’Hexateuque.

Assurément, il existe entre lui et certaines parties duPentateuque de grandes ressemblances de fond et deforme. Il n’y a en cela rien d’étonnant, puisque le livrede Josué est la suite immédiate de l’histoire, racontéedans le Pentateuque. Des divergences notables seraient,au contraire, surprenantes. Le peuple juif venait de recevoirau Sinaï sa législation; il devait la suivre et l’appliquerautant que les circonstances le permettaient. Iln’avait pas en si peu de temps changé d’esprit ni de caractère;il réalisait, sous la conduite de Josué, ce queDieu avait promis à Moise. Josué avait été longtemps leserviteur de Moïse, avant de devenir son successeur. IIs’était préparé à sa mission sous les yeux et par les conseilsde son prédécesseur. Il avait les mêmes idées et iln’est pas étonnant que ses derniers discours reproduisentles mêmes enseignements que ceux de Moïse dansle Deutéronome. Le style est semblable en bien despoints à celui du Pentateuque. Cela doit être; la languehébraïque, au temps de Josué, n’avait pas beaucoupchangé depuis l’Exode. Néanmoins, on constate dans celivre des particularités linguistiques. Nous ne feronspas trop fends sur l’absence de certains archaïsmes, ,qu’on observe dans la Genèse. Outre qu’ils manquentdéjà dans les autres livres de Moïse, on nous répondraitqu’ils proviennent simplement d’une divergence orthographiquede points-voyelles chez les Massoreles ou dansles manuscrits, différence dont on ne peut d’ailleurs donnerl’explication. Nous raisonnerons de même au sujetde la prononciation différente du nom de Jéricho:Yerêhô, onze fois dans le Peutateuque, Yerîlio, vingt-septfois dans le livre de Josué. Voir Jéricho. Mais ilest d’autres locutions plus caractéristiques. Dieu estnommé, iii, 11, 13, «le Seigneur de toute la terre,» dénomination qui n’apparaît jamais dans le Pentateuque.Il y est appelé encore t Dieu d’Israël» vingt-quatre fois,alors que ce nom n’est employé que deux fois dans lePentateuque. Exod., v, 1; xxxii, 27. On lit quatre fois, i,14; vi, 2; viii, 3; x, 7, l’expression b>n niaa, gibbôrê

l.taïl, qu’on ne rencontre nulle part, sinon dans le.

Deutéronome, iii, 18, sous la forme approchante Vn >33,

T ":

benê bâti, dans un récit de même nature. La formulennnSn ny, ’ani milhâmdh, employée viii, 1, 3, il;

tt:

x, 7; xi, 7, ne se représente plus une seule fois dansl’Ancien Testament et ne se lit que-quatre fois dans lePentateuque en termes analogues: nnnSa >wi «, ’anse

t t: " milhdmâh. Le verbe pyt, s’âaq, usité au niphal, viii, 16,

n’est pas employé dans les livres précédents. Ces particularitéslexicographiques font supposer aux critiques quirefusent toute originalité au rédacteur de l’Hexateuque,le recours à des sources particulières dont rien neprouve l’existence. Realencyklopddie fur protest. Théologieund Kirche, t. ix, p. 390. La façon de racontern’est pas dans le livre de Josué la même que dans leslivres historiques du Pentateuque. Enfin l’uniformitédu style dans tout cet écrit est un indice frappant del’unité de rédaction: c’est partout la même élocution,l’emploi des mêmes formes grammaticales, des mêmestours de phrases et des mêmes constructions. VoirL. Konig, Altestamentliche Studien, fasc. 1 er, Authentiedes Bûches Josua, Meurs, 1836, p. 36-62, 122-125.

Pour compléter la démonstration de l’unité et de l’indépendancedu livre de Josué, il faudrait réfuter endétail tous les arguments par lesquels les critiques prétendentprouver la pluralité des sources et des documentsamalgamés dans ce livre. Cette réfutation a étéfaite par Himpel, Einheit und Glaubwùrdigkeit desBûches Josua, dans la Theologische Zeitschnft, 1864,p. 385-448; 1865, p. 227-307. Cf. Kônig, op. cit., p. 34;Keil, Einleitung, 1859, p. 143-149; Cornely, lntroductiospecialis in historicos V. T. hbros, Paris, 1887, t. i,p. 180-187. Voir t. i, col. 130, ce qui concerne l’emploide sébét et de mattéh pour désigner les tribus d’Israël.La répétition, par exemple, de l’attribution du paystransjordanien, faite par Moïse aux tribus de Ruben, deGad et à la demi-tribu de Manassé, Num., xxxii, 1-42,s’explique fort bien dans le livre de Josué, xiii, 7-33.L’auteur voulant exposer dans tout son ensemble le partagede la Terre Promise, rappelle les dispositions prisesantérieurement par son prédécesseur et les confirme.La même remarque explique la répétition de ce qui concerneles villes de refuge dans cette contrée. Deut., iv,41-43; Jos., xx, 8. On comprendrait moins ces répétitionsdans l’hypothèse d’un rédacteur dernier, qui auraitformé l’Hexateuque.

III. Date.

Le livre de Josué étant une œuvre à part,indépendante du Pentateuque, il n’a pas, par le fait même,été établi dans son état actuel postérieurement à la rédactiondernière de l’Hexateuque, telle que la fixent les critiques.Puisqu’il forme, d’autre part, un ouvrage ordonnésuivant un plan très net, cette unité de composition est àelle seule un indice de l’unité d’auteur. Avant de déterminer,si faire se peut, la personnalité de cet auteur, ilfaut rechercher, à l’aide du contenu, la date d’apparitiondu livre. Nous procéderons dans cette recherche parapproches successives. — Josué ayant brûlé la ville deHaï, viii, 28, et cette ville étant signalée sous le nom deAiath, par Isaie, x, 28, le livre de Josué, qui ne mentionnepas sa réédification, est donc antérieur au prophète.Voir col. 399. Josué avait laissé les Chananéens àGazer et s’était contenté de les rendre tributaires desIsraélites, xvi, 10. Or, sous le règne de Salomon, le roid’Egypte s’empara de cette ville, en tua les habitants etla donna en dot à sa fille qu’avait épousée le roi desIsraélites. III Reg., ix, 16. Voir col. 131. L’ouvrage, quiaffirme encore l’existence des Chananéens à Gazer, adonc été composé avant le règne de Salomon ou au plustard au début de ce règne. D’autres indices font remontersa composition avant le règne de David. Lorsqu’il a étérédigé, le Jébuséen était encore à Jérusalem, xv, 63.Or, c’est la huitième année de son règne que David

s’empara de cette ville et en fit sa capitale. II Reg., v,6-10. Voir t. ii, col. 1315. Bethléhem, le patrie de David,n’est pas énumérée parmi les villes de Juda, sinondans le texte grec des Septante, xv, 60, tandis qued’autres villes, moins importantes, le sont. Un écrivain,postérieur au règne de ce prince ou son contemporain,l’aurait certainement mentionnée. Sidon y est encoreappelée g. la grande ville», xi, 8; xix, 28. Or, Sidon futruinée par les Philistins au temps des Juges d’Israël, etTyr eut dès lors la prépondérance et mérita seule lenom de grande ville des Phéniciens. Ces détails montrentbien la haute antiquité du livre qui les reproduit.Il est vrai, dit-on, que le livre des Justes, cité x, 13,aurait contenu l’élégie de David sur Saul et Jonathas,II Reg., i, 18, et serait postérieur à l’époque de la mort deces héros. Mais on peut penser que ce recueil de poésies,commencé sous Josué, s’est enrichi successivement denouvelles pièces. On a dit aussi, et non sans raison,que la locution «jusqu’aujourd’hui», répétée quatorzefois dans le texte hébreu, iv, 9; v, 9; vi, 25; vii, 26 (deux fois);vm, 29; ix, 27; x, 27; xiii, 13; xiv, 14; xv, 63; xvi, 10;xxii, 3, 17, laissait entendre qu’il s’était déjà écoulé uncertain intervalle entre les événements racontés etl’époque du récit; autrement le narrateur n’aurait paseu de motif de signaler la persévérance de la circonstancequ’il relatait. De la plupart des cas, on ne peutrien conclure pour la détermination précise de l’intervalle;cette locution n’exige pas nécessairement unelongue durée, et les vingt-cinq ans écoulés entre ledébut de la conquête et la mort de Josué peuvent justifiercette remarque de l’écrivain. D’ailleurs, comme laVulgate contient, xiv, 10, cette locution, sans que le textehébreu ait aucune expression correspondante, certainscritiques admettraient facilement qu’en plusieurs endroitsla même locution pourrait être une glose, ajoutée pluslard à la première rédaction du texte. De même, lesmontagnes de Juda et d’Israël, mentionnées, xi, 21, nesupposent pas la séparation des deux royaumes sousRoboam. Il s’agit de la défaite et de la ruine des Énacitesqui habitaient la partie méridionale du pays deChanaan et en particulier le territoire dévolu à la tribude Juda. L’expression «toute la montagne de Juda etd’Israël» désigne seulement le pays montagneux qu’ilsoccupaient dans le territoire de cette tribu et dans lereste d’Israël, sans distinction de deux royaumes séparés,et elle marque leur disparition complète.

IV. Auteur.

On ne connaît pas d’une manière certainequel a été l’auteur du livre de Josué, et il s’estproduit de tout temps, même chez les catholiques,des opinions divergentes à ce sujet. Théodoret,In Josue, quæst. xiv, t. lxxx, col. 473-476, trompé parune leçon singulière de son manuscrit: Où; ;) toûto fÉf pairratêir m ê16X! ov tô eûpeôèv, x, 13, en concluait quel’auteur avait puisé ce renseignement dans un ancienouvrage et était par conséquent bien postérieur auxévénements qu’il racontait. L’écrivain qui a rédigé laSynopsis S. Scripturss attribuée à saint Athanase,t. xxviii, col. 309, expliquait le titre du livre dans ce sensseulement que Josué était le héros principal du récit.Au rapport de Richard Simon, Histoire critique du VieuxTestament, t. I, c. viii, Rotterdam, 1685, p. 53, IsaacAbarbanel, rabbin du xve siècle, pensait que Josué n’étaitpas l’auteur du livre qui porte son nom, et qu’une partieau moins avait été écrite quelque temps après lesévénements. Alphonse Tostat, In Josue, c. i, quæst. xiii;c. vii, quæst. ix, Opéra, Cologne, 1613, t. v, p. 22, 208-209,rejette successivement l’opinion qui attribue ce livre àun écrivain anonyme contemporain de Josué, et cellequi prétend qu’il est l’œuvre du prophète Isaie, et il l’attribueà Salomon. A. Mæs, Josue imperatons historiaillustrataatque explicata, Anvers, 1574, comment, præt.,p. 2, estimait qu’Esdras, seul ou avec l’aide d’autresscribes, avait compilé ce livre et en avait extrait les

récits d’anciennes annales hébraïques. Un inconnu, dontl’opinion est mentionnée par Serarius, Josue, Mayence,1609, t. i, p. 211, l’attribuait au grand-prêtre Éléazar.Dans des temps plus rapprochés, des catholiques ontpensé que ce livre se compose de documents contemporainsde Josué reliés ensemble dans un récit continuet recueillis parun écrivain ignoré, plas ou moins postérieuraux événements. Haneberg, Histoire de la révélationbiblique, trad. franc., Paris, 1856, 1. 1, p. 223-225;Herbst-Welte, Einleitung, t. ii, p. 96; A. Scholz, Einleitung,t. ii, p. 245-265; Himpel, dans la TubingerQuartalschrift, 1864, p. 448. Danko, Historia revelationisdivin» V. T., Vienne, 1862, p. 200-201, fixe la datede la composition avant celle du livre des Juges et avantla septième année du règne de David. Le cardinalMeignan, De Moue à David, Paris, 1896, p. 335, note,croit que l’auteur vivait peut-être au temps de Salomon,en tout cas, bien avant l’exil. Le principal argument deces critiques est que le livre de Josué contient le récitd’événements postérieurs au temps du conquérant de laPalestine.

Mais d’autres critiques, mettant de côté la finale, xxiv,29-33, qui raconte la mort de Josué et d’Eléazar et quia été ajoutée après coup, et même certains récils d’événementspostérieurs, l’occupation de Dabir, xv, 15-19,l’expédition des Danites, xix, 47, et quelques gloses,insérées plus tard, attribuent la composition de l’ensembledu livre à Josué lui-même. Ils appuient leur sentimentsur la tradition juive, consignée dans le Talmud, BabaBathra, voir t. n col. 140, et acceptée par la grandemajorité des rabbins. D’après ceux-ci, Josué écrivit sonlivre et huit versets de la Loi, c’est-à-dire ceux quiracontent la mort de Moïse. Deut., xxxiv, 5-12. L. Wogue,Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique, Paris,1881, p. 24-25. Quelques-uns pensent trouver dans Eccli.,xlvi, 1, un indice que Josué est l’auteur du livre quiporte son nom. Josué y est dit êiaSo^oç Muniarj iv npo(p/]T£îat;, c’est-à-dire successeur de Moïse, non pas seulementdans sa mission prophétique, mais encore dans lacomposition de livres inspirés, puisque le prologue,placé par le traducteur grec en tête de sa version del’Ecclésiastique, appelle irpoipYjTeîat les livres écrits pardes prophètes. Le texte hébreu, aujourd’hui connu, présentemoins clairement le même sens. M. Israël Lévi,L’Ecclésiastique, Paris, 1898, p. 109, traduit nNiana ïwdrnwo, «assistant de Moïse dans sa mission prophétique.» Mais le mot nxia: signifiant «livre prophétique»,II Par., ix, 29, il pourrait avoir ici cette signification, quipermettrait d’attribuer à Josué la rédaction d’unlivre inspiré, si le contexte n’exigeait plutôt le sens de «mission prophétique», dans l’accomplissem*nt delaquelle Josué a aidé Moise. Quelques Pères de l’Égliselatine ont affirmé que le titre désignait Josué, non passeulement comme le héros, mais aussi comme l’auteurdu livre, ou du moins, ils se sont exprimés de manièreà montrer qu’ils tenaient Josué pour l’écrivain de l’ouvragequi porte son nom. Lactance, Divin, instil., I. IV,c. xvii, t. vi, col. 500; S. Isidore de Séville, De Eccl.officiis, 1. 1, c. xii, t. lxxxiii, col. 747.

Les partisans de l’attribution du livre à Josué confirmentleur sentiment par des arguments internes. Il estdit de lui, xxiv, 26, qu’«il écrivit toutes ces choses dansle volume de la loi du Seigneur». Ces paroles, disent-ils,ne se rapportent pas seulement aux derniers discoursde Josué qui les précèdent immédiatement, et en particulierau renouvellement de l’alliance du peuple avecDieu; elles s’entendent plus naturellement du livreentier, qui est présenté comme la suite de la Loi ou duPentateuque. Ils font valoir aussi l’emploi de la premièrepersonne qui décèle un témoin oculaire, en troisendroits du teite hébreu, iv, 23; v, 1, 6. Dans les deuxpremiers passages, on lit: ’obrênû, «le passer de nous,» et dans le dernier: lânû, «à nous, s II faut remarquer

toutefois que, v, 1, le qeri et les versions ont la leçon: «le passer d’eux.» De nombreux indices trahissentl’acteur ou le témoin oculaire. La précision des détailshistoriques et topographiques, la manière dont l’histoirede Josué est racontée incidemment au milieu du récit desévénements auxquels il a été mêlé, le ton lui-même durécit semblent indiquer la main de Josué. Les discoursde ce héros sont pénétrés du même esprit qui a animél’écrivain et qui lui a fait disposer les matériaux de sonhistoire en vue du but signalé plus haut. Enfin, on netrouve pas dans tout le livre un mot d’éloge de Josué.Tandis que le narrateur de sa mort le qualifie de «serviteurde Dieu», xxiv, 29, lui-même se nomme toujoursseulement «le fils de Nun».

Cependant, plusieurs faits racontés dans le livre deJosué paraissent n’avoir eu lieu qu’àl’époque des Juges,à savoir, la prise de Cariath Sépher par Othoniel, xv,13-19, et celle de Lésem par les Danites, xix, 47, rapportéesaussi Jud., i, 10-19; xviii, 1-12. Quelques critiquescatholiques, Kaulen, Einleitung, 2e édit., Fribourgen-Brisgau,1890, p. 177; Zschokke, Historia sacra V.T., p. 163; Clair, Le livre de Josué, Paris, 1883, p. 5;Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1889, t. ii, p. 9, concèdentque ces récits ont été ajoutés ou, au moins, ont pul’être après la mort de Josué. Voir t. ii, col. 1239. Maisil n’est pas certain que ces événements ne datent pointdu vivant de Josué. La prise de Lésem a dû avoir lieudans les derniers temps de la vie de ce chef d’Israël.Quant à celle de Cariath-Sepher, elle a eu lieu plus tôt.Voir t. ii, col. 58. Si l’auteur du livre des Juges la mentionneaprès la mort de Josué, il le fait seulement pourrappeler les exploits d’Othoniel, dont il va raconter lajudicature. Dans son récit, les verbes auraient dû probablementêtre mis au plus-que-parfait, si ce tempsavait existé dans la langue hébraïque. Vigouroux, Manuelbiblique, 11e édit., Paris, 1901, t. ii, p. 7, note 1; Cornely,Introductio specialts in historicos V. T. hbros,Paris, 1887, t. i, p. 195-198; Pelt, Histoire de l’AncienTestament, 3e édit., 1901, t. i, p. 333.

V. Intégrité du texte.

Le texte du livre de Josuéne nous est pas parvenu en très bon état. Pour le constater,il suffit de comparer le texte hébreu actuel avecla version grecque des Septante. Un autre moyen deconstatation des altérations du texte est sa comparaisonavec des passages parallèles des autres Livres Saints.I Des noms et des chiffres, si nombreux dans les listestopographiques, paraissent avoir souffert des injures dutemps et nous sont parvenus estropiés au point de vueorthographique ou modifiés. Ainsi le personnage nomméAchan, vii, 1, est appelé Achar par les Septante, laPeschito et dans I Par., ii, 7. Voir t. i, col. 128. Ilexiste d’autres fautes orthographiques de même genredans la transcription des noms propres de villes ou delieux. D’autres changements de lettres se sont produitsdans leâ noms communs ou dans les verbes. Dans lesSeptante, xv, 60, il y a un verset presque entier, quimanque dans le texte hébreu et dont la disparitionpeut s’expliquer par éjioioTsXsutov. Le nombre des villesde la tribu de Nephthali, xix, 36, doit être incomplet,si on compare ce passage avec xxi, 34, et I Par., vi, 61.Il manque dans les manuscrits et les éditions impriméesun membre de phrase, xxi, 36, qui se trouve dansles Septante, la Vulgate et I Par., vi, 63. Il est probablequ’il s’est perdu, XXII, 34, un mot que le sens exige etqui se lit dans la Peschito et le Targum. Parcontre,Dinnii, xv, 36, est une glose sur le nom précédent

rmim, qui de la marge des manuscrits s’est glissée

dans le texte, car elle n’existe pas dans les Septante etelle rend fautif le nombre total des villes, «un, xix, 2,

parait être la répétition de yatf-wa, qui précède

immédiatement, comme il résulte de I Par., iv, 28, ’et

du total donné, nx, 6; 6e nom est absent, d’ailleurs,de la version des Septante, mwai, xix, 34, doit être

fautif, si on en juge d’après les données topographiqueset l’absence de ce mot dans les Septante. Le chiffre 29, dansxv, 32, résume une liste de 36 noms; il est évidemmentfautif. Le nombre des soldats de Josué est de 30000,"vin, 3, et seulement de 5000, viii, 12; le premier chiffredoit être corrigé d’après le second. Eaulen, Einleitung,p. 175-176. D’autre part, le teite grec des Septantediffère souvent du texte massorétique, et si parfois il peutservir à rétablir la leçon originelle, d’autres fois, il estlui-même visiblement altéré. Ainsi, il contient, xvi, 10,au sujet de Gazer, une glose, dont parle saint Augustin,Qusest. in Beptat., t. VI, t. xxxiv, col. 784-785. Onconnaît les additions faites, xxiv, 30, 33. Cf. Hollenberg,Die alexandrinische Uebersetzung des BûchesJosua, Meurs, 1876; H. B. Swete, An introduction tothe Old Testament in greek, Cambridge, 1900, p. 236237, 244.

VI. Vérité des récits.

Si le livre de Josué a pourauteur son héros principal, Josué lui-même, témoin etacteur des faits, si, du moins, il a été composé à uneépoque assez rapprochée des événements, il raconte,non pas, comme le prétendent les critiques rationalistes,les légendes d’Israël sur Jdsué, mais bien l’histoireTéelle et véridique de la conquête et du partage de laPalestine. Les faits relatés par un écrivain contemporainsont dignes de foi et le récit mérite créance, parce quece sont des faits publics, connus de tous, qu’on n’inventepas. Ils sont, d’ailleurs, exposés H’une manièresimple et avec un accent de vérité qui entraîne la con--viction.Les critiques rationalistes déclarent impossiblesles miracles du passage du Jourdain, de la prise deJéricho et de la bataille de Béthoron. Ils prétendentrelever des contradictions dans le récit lui-même oudes oppositions inconciliables avec le livre des Juges ausujet de la conquête. Ils affirment que le partage de laTerre Promise répond, non à la réalité, mais à une conceptionidéale de la prise de possession de cette terrepar les tribus d’Israël. Realencyklopâdie fur protest.Théologie und Kirche, 3e édit., Leipzig, 1900, t. ix, p.392-393. Ils supposent à tort que la conquête du paysde Chanaan a été complète, que Josué a pris toutes lesvilles et exterminé tous les habitants, et ils s’étonnentde retrouver plus tard certaines localités en la possessiondes tribus chananéennes, qui n’en avaient pas été dépossédéesou qui les avaient reprises. Vigouroux, Manuelbiblique, 11e édit., Paris, 1901, t. ii, p. 9; Les Livressaints et la critique, 5e édit., Paris, t. iv, p. 453. L’abbéPaulin Martin, Introduction à la critique générale del’A. T., De l’origine du Pentateuque (lithog.), Paris,1888-1889, t. iii, p. 546-606, a longuement réfuté lesobjections de Reuss sur le partage de la Palestine entreies tribus et sur les villes lévitiques.

Les écrivains sacrés qui sont postérieurs au livre deJosué lui rendent témoignage en mentionnant certainsfaits dont il contient le récit. Les premiers motsdu livre des Juges, i, 1, considèrent Josué comme ayantété le chef des Israélites dans la guerre contre les Chananéens.Le récit de la prise de Cariath-Arbé, Jud., i,10-15, si on met les verbes au plus-que-parfait, n’est quela répétition de Jos., xv, 13-19. Sauf pour le nom de latribu, il y a accord entre Jos., xv, 63, et Jud., i, 21.L’héritage de Manassé est le même, Jos., xvii, 11-13, etJud., i, 27-28. Le sort des habitants de Gazer est racontéde la même manière, Jos., xvi, 10, et Jud., i, 29. Lerésumé de l’histoire des Juges, ii, 11-m, 6, supposel’existence des tribus chananéennes que Josué n’avaitpas exterminées, xiii, 2-6. L’alliance avec les Gabaonitesest rappelée, II Reg., xxi, 2, aussi bien que le séjour del’arche à Silo, Jud., xviii, 31; Ps. lxxvii, 60, l’exterminationdes Chananéens, Jud., ii, 2; III Reg., xiv, 24;


IV Reg., xxi, 2, la destruction de Jéricho, III Reg., xvi,34, les conquêtes et le partage de la Terre Promise, Ps.lxxvii, 54-55, et le passage miraculeux du Jourdain. Ps.lxv, 6; Ps. cxiii, 3, 5; Habac, iii, 8. L’éloge de Josué etde Caleb, Eccli., xlvi, 1-12, résume l’œuvre du hérostout entière, telle qu’elle est exposée dans le livre quiporte son nom. Le diacre Etienne attribue à Josué laconquête de la Palestine. Act., vii, 45.

Sans confirmer directement la vérité du livre de Josué,les monuments contemporains de l’Egypte la justifientindirectement, en nous faisaut connaître la situationpolitique du pays de Chanaan, conforme à celleque suppose le récit sacré. D’autre part, les explorationsgéographiques ont constaté l’exactitude des donnéestopographiques de ce livre. Vigouroux, La Bibleet les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii,p. 3-16. Procope, De bello vandalico, t. III, c. xx, rapportequ’il y avait à Tigisis, dans l’Algérie actuelle,deux stèles sur lesquelles les habitants avaient faitgraver en langue phénicienne cette inscription qu’ilreproduit en grec: ’H[j, eïç è<j|j.ev oî epÛY 0VT£ 5 " 7C <* ^pourâtiou’Iïi<toû toû).» ]<rTOÛ, uioû Nauïj. Cf. Verdière, Émigrationdes Chananéens chassés de Palestine enAfrique, dans les Comptes rendus de l’Académie desInscriptions et Selles-Lettres; Journal officiel, 1 er et14 juillet 1874, p. 4561, 4912-4913; M. Budinger, De coloniarumquarumdam phœniciarum primordiis cumDebrseorum exodo conjunctis, dans les Sitzungsberichlcder Akademie der Wissenschaften in Wien. Philos. -Bistor.Classe, t. cxxv, 1891, x, p. 30-38.

VII. Commentaires.

Des Pères.

Origène,

Eclecta in Jesum Nave; Homilise m librum Jesu Nave,t. iii, col. 819-948; S. Éphrem, In Josue, Opéra syriaca,Rome, 1737, t. i, p. 292-307; Théodoret, Qusestiones inJosuam, t. lxxx, col. 457-486; S. Augustin, Locutionesin Heptateuchum, t. VI, t. xxxiv, col. 537-542; Qusestionesin Heptateuchum, t. VI, ibid., col. 775-792; Procopede Gaza, Comment, in Josue, t. lxxxvii, col. 9911042; S. Isidore de Séville, Qusestiones m librum Josue,t. lxxxiii, col. 371-380, ou V. Bédé, Qusestiones superJesu Nave librum, t. xciii, col. 417-422; Raban Maur,Comment, in librum Josue, t. cviii, col. 999-1108,Rupert, In librum Josue, t. clxvii, col. 999-1024. Laplupart des Pères ont recherché le sens allégoriqueplutôt que le sens littéral. — 2* Au moyen âge. —Hugues de Saint-Cher, Postilla, Venise, 1754, t. i; Nicolasde Lyre, Postilla, Venise, 1588, t. n; Denys leChartreux, Opéra, Cologne, 1533, t. n; Tostat, Opéra,Venise, 1728, t. v. — 3° Dans les temps modernes. —1. Catholiques.

Cajetan, Comment, m hb. Josue, etc.,Rome, 1533; Vatable, Annotationes m V. T., Paris,1545; édit. expurgée, Salamanque, 1584; Clarius, Scholia,Venise, 1542; A. Mæs, Josuse imperatoris historiaillustrata atqueexplicata, Anvers, 1574 (dans Migne, Cursuscompletus Sac. Script., t. vu-vin); Arias Montanus,De optimo imperio seu in libr. Josue comment., Anvers,1583; Serarius, Josue, 2 in-f°, Mayence, 16094610;Bonfrère, Josue, Judices et Ruth, Paris, 1731; C. Magalian,Comment, m Josuse historiam, 1611; Marcellius, Comment,in l. Josue, 1661; Calmet, Commentaire littéral,2e édit., Paris, 1724, t. ii, p. 1-143; J. Félibien, Pentateuchushistoricus seu libri quinque historici, Josue, etc,Paris, 1704; Hellbig, In libros Josue, Judicum, Ruth,Cologne, 1717; Monterde, Comment, theol. in. hb. Josue,Ruth, Valence, 1702; Clair, Le livre de Josué, Paris,1877. — 2. Protestants. — Sans parler des anciens commentateurs,Drusius, 1618, Osiander, 1681, SébastienSchmidt, 1693, Le Clerc, 1708, citons Maurer, Commentarïiber dos Buch Josua, Stuttgart, 1831; Rosenmuller,Scholia in V. T., Leipzig, 1833; Keil, BïblischerKommentar ûber das A. T., 2e édit., Leipzig, 1874,t. n; Espin, Joshua, dans le Speaker’s Commentary,Londres, 1872; Fay, Das Buch Josua, Bielefeld, 1870,

III. - 51

Holzinger, Josua, dans Hand-Commentar zum A. T.,Tubingue; Œttli, Deuteronomium, Josua und Richter,Munich, 1893; Dillmann, Numeri, Deuteronomiumund Josua, 2e édit., Leipzig, 1886; Budde, Richter undJosua, 1887; Black, The book of Josua, Cambridge,1891; Fr. de Hummelauér, Josue, Paris, 1903.

E. Mangenot.

6. JOSUÉ (hébreu: YêSûa’; Septante: ’Ioiroué), chefde famille descendant de Phahath-Moab. I Esd., ii, 6;II Esd., vii, 11. Voir Phahath-Moab, t. iv, col. 182.

7. JOSUÉ (hébreu: Issiyâh, «Yah aide»; Septante: ’Iso-ia), descendant d’Hérem, qu’Esdras obligea à renvoyerune femme étrangère. I Esd., x, 31. Voir col. 1399.

8. JOSUÉ (hébreu: YêSûa’; Seplante: ’Ii]<toïî), chef

à la Bastille, pour avoir témoigné trop d’attachementaux doctrines des jansénistes. Il vécut à Montpellier,puis à Troyes, et enfin à Paris, où il mourut. Il a laissédes commentaires de différentes parties de l’ÉcritureSainte: Explication de l’histoire de Joseph selon diverssens que les saints Pères y ont donnés, in-12, Paris,1728; Éclaircissem*nt sur les discours de Job, in-12;Traité du caractère essentiel à tous les prophètes dene rien dire que de vrai, in-12, Paris, 1741; Observationssur Joël, in-12. Avignon, 1733; Lettres sur l’interprétationdes Écritures, in-12, Paris, 1744; Concordanceet explication des prophéties qui ont rapport àla captivité de JBabylone, in-4°, Paris, 1745; Explicationdes principales prophéties de Jérémie, d’Ezéchielet de Daniel, disposées selon l’ordre des temps, 5 in-12,Paris, 1749 (ce n’est qu’une nouvelle édition du précé287. — Joug étrusque. Bronze du musée Kirclier, à Rome. Réduit d’un tiers. D’après Micsdi, Antichi monumenti,

in-fv Florence, 1810, pl. L.

d’une famille de lévites qui revint de la captivité avecZorobabel. Elle comptait 74 membres en y comprenantles fils de Cedmihel qui descendaient d’Odovia commeles fils de Josué. I Esd., ii, 40. Tous ces lévites furentdes auxiliaires actifs d’Esdras et de Néhémie dans leurœuvre de restauration, I Esd., iii, 9; viii, 33; II Esd.,m, 9 (Azer, fils de Josué); viii, 7; ix, 4, 5; x, 9; xii, 8,24. Sur ces deux derniers passages, voir Jésua 3,col. 1403. Josué et Cedmihel étaient l’un et l’autre desdescendants d’Odovia, I Esd., ii, 40, mais Odovia étaitleur ancêtre, non leur père; celui-ci s’appelait Azanias,comme il résulte de II Esd., x, 9, où Josué est désignécomme fils d’Azanias.

JOTA, aujourd’hui Yutta, ville de Juda. Jos., xv,55. Elle est appelée Jeta par la Vulgate dans Jos., xxi,18. Voir Jeta, col. 1517.

    1. JOUBERT François##


JOUBERT François, théologien catholique français,né à Montpellier le 12 octobre 1689, mort à Paris le23 décembre 1763. Avant d’entrer dans les ordres, il futquelque temps syndic des états de Languedoc, chargequi avait été exercée par son père. Devenu prêtre en1728, il fut, en 1730, enfermé durant quelques semaines

dent); Commentaires sur les douze petit* prophètes, 6in-12, Avignon, 1754 et années suivantes; Commentairesur l’Apocalypse, 2 in-12, Avignon, 1762.

A. Régnier.

JOUE (hébreu: lehî, raqqâh; Septante: o-iayiiv,Vulgate: gêna, maxilla), partie du visage qui recouvreles mâchoires entre les yeux et le menton. — Les jouessont comparées, pour leur fraîcheur et leur coloration,à un parterre d’aromates, Cant., i, 9; v, 13, et à la moitiéd’une grenade. Cant., iv, 3; vi, 6. Voir Grenade,col. 340. — Dans tous les autres passages où il est parlédes joues, c’est à l’occasion des soufflets et des coupsqu’elles reçoivent, III Reg., xxii, 24; Job, xvi, 11; Is., l,6; Mich., v, 1, ou des larmes qui les mondent. Lam., i,

2. Voir Larmes, Soufflet.

H. Lesêtre.

JOUG (hébreu: mot oumôtâh, ’ol ou’ôl; Septante:,Çvyôv, r.Xoi<S; ; Vulgate: jugum), pièce de bois servant àassujettir ensemble deux bœufs par la tête, et au moyende laquelle ils tirent une charrue, un chariot, etc. (fig.287). Par extension, on donne le nom de joug à l’attelaged’autres animaux réunis deux à deux, chevaux, ânesmulets, etc. La forme était diverse en Egypte (fig. 288;voir aussi fig. 71, t. i, col. 335; fig. 214, t. ii, col, 603),

en Ghaldée (fig. 213, t. ii, col. 602), en Grèce (fig. 289),à Rome (fig. 290). Pour les jougs actuellement en usageen Syrie et en Egypte, voir fig. 75, t. i, col. 327; fig. 215et 216, t. ii, col. 605.

Au sens propre.

On ne met le joug aux animaux

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283.

Joug égyptien, en bois, de 1°30 de longueur.Musée du Louvre.

que quand ils ont un certain âge et que leur force s’estdéveloppée. Dans les sacrifices, on n’admettait que desanimaux n’ayant point porté le joug. Num., xix, 2;Deut., xxi, 3; I Reg., vi, 7. Le joug fait plier le cou.

289. — Joug grec. D’après Smith, Dict. of Greek and Romanantiquities, 3e édit., 1. 1, p. 1035.

Eccli., xxxiii, 27. — L’animal mis au joug est appeléOitoÇiifioç, subjugalis. Matth., xxi, 5. — Jérémie reçutl’ordre de se mettre des jougs au cou, pour symboliserl’asservissem*nt qui menaçait certains peuples.

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290. — Jougs romains. D’après d’anciens manuscrits.

Jer., xxvii, 2; xxviii, 10, 12. —Comme les animaux sontattachés au joug deux à deux, un joug désigne souventune paire. L’hébreu emploie alors le mot séméd, et legrec le mot Çïùyoî. I Reg., xi, 7; III Reg., xrx, 19, 21;Eccli., xxvi, 10; Luc, xiv, 19. Cette expression estusitée même quand il s’agit de mulets, IV Reg., V, 17,ou de chevaux. IV Reg., ix, 25; Is., xxi, 7. — En hébreu,on donne encore le même nom au lot de terre qu’une

paire de bœufs peut labourer en un jour. I Reg., xiv,14; Is., v, 10.

Au sens figuré.

Le joug symbolise toute obligation

pénible imposée d’une manière constante à la volontéde l’homme. Telle est tout d’abord la loi de Dieu,Jer., ii, 20; Judith, v, 24; Ose., xi, 4; Eccli., ii, 34;Lara., iii, 27. Notre-Seigneur a rendu ce joug doux etaimable, Matth., xi, 29, 30; il ne convient donc pas dereprendre le joug plus dur de la loi ancienne. Act., xv,10; Gal., v, 1; I Tim., vi, 1. Se mettre sous le mêmejoug que les Gentils serait adopter leur genre de vie,marcher de concert avec eux, comme deux bœufs quitirent la même charrue. II Cor., vi, 14. — Le joug désignesouvent la servitude imposée par une nation àune autre nation, par un homme à un autre homme. IIIReg., xii, 4, 9-11; Is., ix, 4; x, 27; xiv, 25; xlvii, 6;Jer., v, 5; xxvii, 8, 11, 12; xxviii, 2, 4, 11; I Mach.,VIII, 18, 31; xiii, 41. — Un joug de fer est une servitudetrès dure. Deut., xxviii, 48; jJer., xxviii, 14. — Êtredélivré de la servitude, c’est enlever le joug, Is., lviii,6, 9, ou le briser. Gen., xxvii, 40; Lev., xxvi, 13; Jer.,II, 20; Ezech., xxx, 18; xxxiv, 27; Nah., i, 13. — C’estencore un joug pesar.l. iue le châtiment, Lam., i, 14;la misère, Eccli., xl, 1, et la méchante langue. Eccli.,

xxviii, 24.

H. Lesêtre.

1. JOUR (hébreu: Yemîmâh, «colombe;» Septante: ’H(i£pa; Vulgate: Dies, e Jour» ), la premièredes trois filles qui naquirent à Job après son épreuve.Job, XLH, 14. Les Septante et la Vulgate ont traduit cenom proprecomme dérivant du mot yôm, «jour,» maisil est plus probable qu’il est le même que l’arabe yama’mâh, «colombe.» Les Orientaux donnent volontiers àleurs filles des noms d’animaux, comme abeille, gazelle,etc. Voir Débora, Dorcas.

2. JOUR (hébreu: yôm; grec: rifiipa; Vulgate, dies),espace de 24 heures. — 1° Les Hébreux comptaient lesjours d’un coucher de soleil à l’autre. Cela apparaît trèsclairement dans les indications relatives à la célébrationdu sabbat. Lev., xxiii, 32. C’était l’usage suivi chezplusieurs peuples anciens et en particulier chez lesAthéniens. Pline, H. N., ii, 79 (188); Macrobe, i, 3; Saturn., i, 3; Aulu-Gelle, Noct. attic., m. 2. C’est encorel’usage que suit l’Église pour l’office divin. C’est pourquoile jour de 24 heures est souvent indiqué dans laBible par l’expression’éréb bôqér, «soir (et) matin,» que les Septante traduisent par le mot vu-/91îu.spov.Dan., viii, 14. Cf. II Cor., xi, 25.Le mot yôm, comme lesmots-fiiiépa et dies, est cependant employé pour désigner:

— 1. tantôt le jour de 24 heures, Gen., viii, 3, 4, 12;vin, 3; xvii, 12; Exod., vii, 25, xii, 3; Lev., vii, 17;xiii, 5; Jos., i, 11; ii, 16, etc.; — 2. tantôt le tempspendant lequel la terre est éclairée par le soleil, paropposition à la nuit, Gen., i, 5; Amos, v, 8; Ps., xix(xviii), 3; Job, iii, 4; xvii, 12; Jon., ii, 1; Matth., xir,40; xx, 12, etc. — 3. Sur le sens du mot «jour» dansle récit de la création, Gen., i, 5, etc., voir Cosmogonie,t. ii, col. 1051.

2° Tout en admettant, conformément à l’opinion générale,que le jour ordinaire des Hébreux commençait lesoir, Ideler, Handbuch der mathematischen und technischenChronologie, in-8°, Berlin, 1825, t. i, p. 482-484,pense que le point de départ était non le coucher dusoleil, mais la nuit complète. Il invoque en faveur deson opinion le texte relatif au Jour des Expiations, quiétait le dixième jour du septième mois. «Dès le soir duneuvième jour jusqu’au soir suivant, vous célébrerez votresabbat.» Lev., xxiii, 32. Voir Expiation (Fête de l’),t. ii, col. 2136.

Si le jour civil, dit-il, avait commencé au coucher dusoleil, le législateur aurait dit au soir du dixième jour. IIne peut parler du neuvième jour qu’en supposant que

le mot’éréb désigne la dernière partie de l’après-midi etappartient au jour précédent. Ideler voit une confirmationde sa manière de voir dans l’expression: «entreles deux soirs,» qui désigne le temps où doivent êtrecélébrés la pâque et le sacrifice du lendemain. Exod.,xii, 6; Num., ix, 3; xxviii, 4. Sur le sens de cetteexpression, les sectes juives différaient. Les pharisiens,dont les Juifs d’aujourd’hui suivent encore l’interprétation,pensaient que le temps ainsi désigné étaitcelui qui s’écoule entre la neuvième et la onzièmeheure, c’est-à-dire, d’après notre manière actuelle decompter, entre 3 heures et 5 heures de l’après-midi. LesSamaritains, au contraire, pensaient qu’il s’agissait dutemps compris entre le coucher du soleil et la nuitnoire. Us s’appuyaient sur un passage parallèle, Deut.,xvi, 6, où le coucher du soleil est indiqué commel’heure de la Pâque. Les Caraites comptaient commeles Samaritains. A. Reland, Dissertationes Miscellanex,t. ii, De Samaritanis, 22, in-8°, Utrecht, 1707;J. Trigland, De Karseis, iv, in-8°, Leyde, 1703. Cependanttous ces passages peuvent très bien s’accorder avecl’opinion qui fait commencer le jour hébraïque au coucherdu soleil. L’expression «entre les deux soirs» désignait très probablement le temps très court quis’écoule en Orient entre le coucher du soleil et la nuitcomplète. Peut-être aussi faisait-on commencer un peuplus tôt la fête des Expiations, à cause des longs préparatifsque nécessitaient les sacrifices. On trouve aussil’expression renversée ïjjj.spovôxTiov, Ps. I, 2, pour indiquerle jour et la nuit pendant lesquels on doit invoquerle Seigneur.

3° Les jours de la semaine n’étaient pas désignés pardes noms spéciaux, on comprend aisément pourquoi.Chez tous les peuples où existent ces noms, ils sontempruntés à des divinités à qui ces jours sont consacrés.Pareilles dénominations ne pouvaient exister chez lepeuple hébreu qui adorait le Dieu unique. Les joursotaient numérotés de façon à ce que le sabbat fût leseptième. Les fêtes étaient indiquées par le mot «jour» suivi d’un autre mot qui rappelait la nature de la fête.C’est ainsi qu’on disait: «le jour des Sorts,» Esth.,ix, 28, 31; «le jour de la Purification, des Tabernacles,des Azymes, de la Préparation, de l’Expiation, de la Pâque,de la Pentecôte,» etc. Num., xxviii, 26; xxix, 1; xxxiii,3; Lev., xvi, 29, ’xxvi, 21; II Mach., i, 9; x, 5; Luc,xxii, 1, 7; xxiii, 54; Act., ii, 1; xx, 16, etc.

4° Le jour servait d’unité pour mesurer la longueurdu chemin. Exod., iii, 18; v, 3; Jon., iii, 3, 4; Luc, ii,44. Il était divisé en parties portant des noms particulierset en heures. Voir Heure, t. iii, col. 683.

5° Le mot jour suivi d’un génitif indique un événementmémorable, une bataille, un désastre. Ps. cxxxvi(cxxxvii), 7; Is., ix, 4; Ezech., xxx, 9; Ose., ii, 3 (hébreu,i, 11); II Mach., xv, 37. C’est ainsi que Jérémie, l, 27,31, appelle le jour où Dieu châtiera ses ennemis: «leurjour.»

6° Au pluriel, le mot jour désigne une époque de l’année,les jours du printemps, de l’été, de la moisson, dela vendange. Eccli. L, 8, 9; xxiv, 35; Judith, ii, 17;vin, 3; Prov., xxv, 13, etc. Il est également employé poursignifier l’ensemble de la vie, l’époque, la période d’activité,etc. Dans ce sens, on le trouve même quelquefoisau singulier. Gen., xxxv, 28, etc.; xlvii, 9; jud., v, 6;xvii, 6; xviii, 1; I Reg. (I Sam.), xvii, 12; II Reg.(II Sam.), xxi, 1. De là, l’expression «les jours anciens»,pour dire l’antiquité. Amos, IX, 11. De là aussi la longueur,la brièveté ou la rapidité des jours pour celle dela vie. Ps. xx (xxi), 5; xxii (xxm), 6; xxxviii (xxxix),6; Job, ix, 25; xiv, 5; xvii, 1. Les annales dans lesquellessont racontées l’histoire des rois de Juda et celle desrois de Jérusalem sont appelées le Livre des paroles(actions! t’es jours des rois de Juda ou de Jérusalem.III ^I) Reg., xiv, 19, 20, 29; xv, 7, 23, 31; xvi, 5, 14, etc.

7° Pour exprimer l’avenir d’une manière indéfinie lesprophètes se servent de l’expression: «en ce jour-là.» Is., ii, 11, 17; vii, 18, x, 27; Jer., iv, 9; Amos, ii,16, etc. — La fin des jours désigne le moment où s’accomplirala prophétie et par conséquent s’applique à despériodes différentes, spécialement aux temps messianiquesou à la fin du monde. Gen., xlix, 1; Deut., iv,30; Dan, iv, 31; Ose., iii, 5; Mich., iv, 1, etc.

8° Le jour du Seigneur est tantôt le temps de sa colère,Is., xiii, 13; Joël, ii, 11, 31; Amos, v, 18, 20; Sophon., i,14-16; le temps de sa vengeance, du jugement ou ducarnage. Is., xxx, 25; xxxiv, 8; Lam., i, 12; ii, 1.Cependant c’est quelquefois le jour de la consolationou du salut. Is., xlix, 8; Lam., i, 21.

9° Dans le Nouveau Testament, pour dire vers cetteépoque, on trouve souvent les mots: t en ces jours-là.» Luc, i, 39; ii, 1; Act., iii, 24, etc. Le jour du Christ estparfois son avènement sur la terre, le temps de sonincarnation. «Abraham a tressailli de joie de ce qu’ilverrait mon jour.» Joa., viii, 56. «Il faut que je fasse mesœuvres tandis qu’il fait jour,» Joa., ix, 18, c’est-à-dirependant que je suis sur la terre. Ailleurs ces mots signifientle dernier avènement, le jour du jugement dernier;Phil., 1. 10. La fin du monde, le jour où le Christ viendrajuger les vivants et les morts, est encore désigné parces mots: «le jour, ce jour,» Heb., x, 25; Matth., vii,22; II Tim., i, 12; «le dernier jour,» Joa., vi, 39, 40,44; xi, 24; «le jour du jugement,» Matth., xi, 22; Joa.,iv, 17; «le jour de la colère,» Rom., ii, 5; «le jourdu Seigneur,» II Thess., ii, 2; cf. Luc, xvii, 22, 24, 30;Act., ii, 20; Rom., ii, 16; II Cor., i, 14; Apoc, vi, 17,etc.; «le jour de Dieu.» II Pet., iii, 12. C’est évidemmentpar allusion au «jour du Seigneur», dans le sensde jour du jugement, que saint Paul, I Cor., IV, 3, emploiel’expression «le jour de l’homme»,-jm> àvôpwm’vï];TjHÉpaç, pour signifier un jugement humain.

10° Le contraste entre le jour et la nuit a donné lieuà certaines expressions métaphoriques. Les chrétiens sont «les enfants du jour», c’est-à-dire de la vérité et desbonnes œuvres, tandis que l’erreur et le mal sont «lesœuvres de la nuit». I Thess., v, 5, 8. Cf. Rom., xiii, 13.Le jour est le temps du travail. Joa., ix, 4; xi, 9. Parcontre la vie présente avec ses obscurités, au milieudesquelles la prophétie luit comme un flambeau, estcomparée à la nuit, la réalisation de la prophétie sera lalumière du jour, II Pet., i, 19; le jour c’est le tempsdu salut qui approche. Rom., xiii, 12. «Tel fait unedistinction entre les jours. Celui qui distingue les joursagit ainsi pour le Seigneur,» dit saint Paul. Rom., xiv,5, 6. Enfin, dans Matth., VI, 34, se trouve le proverbe: «À chaque jour suffit son mal.» E. Beurlier.

    1. JOURDAIN##

JOURDAIN (hébreu: hay-Yardên; Septante: ’Iop-Sâvïi «; Vulgate: Jordanis), fleuve de Palestine (fig.291).

I/Nom. — Son nom, en hébreu, est toujours précédéde l’article, excepté dans deux passages, dans Ps.xlii (xli), 7, et Job, xl, 23 (Vulgate, 18). En ce dernierendroit, il désigne, non pas le Jourdain proprementdit, mais un cours d’eau impétueux en général. Hay-Yardênest dérivé du verbe yârdd, «descendre,» etsignifie «le descendant», sans doute parce que la pentede son cours est très considérable et qu’il «descend» avec beaucoup de rapidité. Cette étymologie est aujourd’huigénéralement admise. Voir Gesenius, Thésaurus,p. 626. D’après saint Jérôme, Yardên serait composé dedeux mots. «Le Jourdain, dit-il, Comment, in Matth.,t. III, xvi, 13, t. xxxi, col. 114-115, prend naissance aupied du Liban, et il a deux sources, l’une appelée Joret l’autre Dan, lesquelles réunies forment le nom deJordanis.» Cette explication fut universellement acceptée,sur l’autorité du saint docteur, par les ancienspèlerins et par les commentateurs de l’Ecriture; maiselle est certainement inexacte, comme l’a démontré

Adrien Reland, Palœstina, Utrecht, 1714, p. 271. SaintJérôme suppose que Yardên est composé des deuxmots IN’, Yê’ôr, et yi, Dan. L’une des sources du Jourdainse trouve en effet à Dan, mais la ville de Dan neprit ce nom qu’à l’époque des Juges, auparavant elles’appelait Lais, Jud., xviii, 29; or, le Jourdain portaitdéjà ce nom à l’époque d’Abraham. Gen., xiii, 10. Onpourrait répondre, il est vrai, quoique ce soit invraisemblable,que ce fleuve est appelé ainsi dans l’Écriturepar anticipation, ou, comme on dit, par prolepse; cequ’on ne peut, en tout cas, contester, c’est que la premièresyllabe de Yar-dên est totalement différente deYe’ôr, ce second mot rentermant un aleph qui n’est pasdans Yar-dên. Ce qui a induit saint Jérôme en erreur,c’est qu’il a cru que Jor signifiait en hébreu «fleuveou rivière». «Jor quippe, dit-il, peïBpov, id est fluviumSive rivutn Hebrsei vocant.» Onomasticon, édit. Larsow

lequel il est désigné aujourd’hui par les Arabes. On yajoute quelquefois l’épithète A’el-qébîr, «le grand,» pour le distinguer de son affluent l’Hiéromax ou Yarmouk,connu des indigènes sous le nom de Scheriat eJ-Menadhiréh.Voir Newbold, The Lake Phiala; theJordan and ite sources, dans le Journal of the RoyalAsiatic Society, t. xvi, 1856, p. 13.

II. Historique de l’exploration du Jourdain. — LeJourdain, au point de vue physique et au point de vuereligieux, occupe une place à part dans la géographie etdans l’histoire. Aucun autre fleuve du monde n’estsacré comme lui pour les Juifs et les chrétiens et, surtoute la surface du globe, aucun cours d’eau ne présentedes caractères aussi extraordinaires et aussi singuliers.Cependant, jusqu’au XIXe siècle, il est resté unedes rivières les plus mal connues, quoique son nomfût dans toutes les bouches et que des milliers de pieux

201. — Le Jourdain personnifié. Arc de triomphe de Titus, à Rome. D’après J. P. Bellori et J. J. de Rubeis,Veteres Arcua Augustorum, in-f 1, Rome, 1690, pl. 6.

et Parthey, 1862, p. 169. Or, les Israélites n’appelaientpas un cours d’eau ye’ôr. Ce mot est égyptien et désignele Nil, et il n’est employé dans l’Ancien Testament quecomme appellation du grand fleuve d’Egypte. Le nom

du Jourdain, ’i «± 1 - Irduna, se lit enégyptien sur le papyrus Anastasi l (23, 1), publié parFr. Chabas, Voyage d’un Égyptienen Syrie, in-4°, Paris,1866, p. 206. Ct. W. Max Muller, Asien u.nd Europa, Leipzig,1893, p. 97, 196. —Il est d’ailleurs à remarquer quel’Ecriture, qui fait précéder ordinairement les noms descours d’eaux du mot nâhâr, «fleuve ou rivière» qui netarit point, ou bien nafral, s’il s’agit d’un torrent quine coule qu’après les pluies et tarit une partie du temps,sur les 198 fois qu’elle nomme le Jourdain, ne le qualifiejamais de nâhâr, et le nomme toujours simplement «le Jourdain» dans l’Ancien Testament. Dans le Nouveau,saint Marc seul l’appelle une fois, I, 5, itoxanôc,fluvius. La Vulgate traduit Jordanis fluvius, Jos., vii, 7;xili, 23; xv, 5; xxii, 25; flumen, Judith, I, 9, et fluentaJordanis, Num., xiii, 30 (hébreu, yad, «rive» ); Jos., v, 1(maim, «eaux» ); xiii, 8; Jud., vii, 25, mais c’est toujoursune addition au texte original. — Dans les ancienneschroniques arabes, le Jourdain est appelé e-Vrdunn,défiguration de son nom hébreu. Reland, Palœstina,p. 271. Après les croisades, il reçut dans lepays le nom A’escli-Scherïah, «l’abreuvoir,» sous

pèlerins se fussent baignés dans ses eaux. La Bible nenous en a laissé aucune description. On ne savait guèrede lui que ce que nous en apprend Josèphe. Les auteursprolanes l’avaient à peine connu de nom. Strabon, XVI,II, 17, édit. Didot, p. 642-643, s’est complètemeut méprisdans les deux lignes qu’il lui consacre dans sa Géographie.

Pendant les dix-huit premiers siècles de l’ère chrétienne,personne n’avait songé à l’étudier. Les innombrablesrelations de voyages en Terre Sainte étaientmuettes sur tout ce qui regarde son cours et le régimede ses eaux. Beaucoup de pèlerins nous parlent du lieutraditionnel du baptême de Notre-Seigneur, où ils sontallés se baigner par dévotion, mais presque aucun n’asongé à parcourir les rives du fleuve, encore moins àles décrire. À la fin du vie siècle, Antonin le Martyr etsaint Willibald, évêque d’Eichstadt, dans la premièremoitié du viii s siècle, descendirent toute la vallée duJourdain depuis Tibériade jusqu’à Jéricho; en 1100, leroi de Jérusalem Baudouin I er suivit la même route ensens inverse avec une petite troupe de cavaliers; maisde leur voyage nous n’avons que la mention.

Seetzen fut le premier qui découvrit de nouveau en1806 les sources du Jourdain, et ce n’est qu’en 1852 queEd. Robinson et Smith décrivirent le véritable cours destrois sources du fleuve. Le rabbin Joseph Schwarz,Tebu’ôp hd-’Arés, Jérusalem, 1845 (nouvelle éditionpar Luncz, Jérusalem, 1900), les aait décrites un peu 1707

JOURDAIN

avant eux, mais son livre avait eu peu de publicité,quoiqu’il fût traduit en anglais. La première tentatived’exploration du cours même du Jourdain fut faite enjuillet 1835 par l’Irlandais Costigan; il le descendit enbateau depuis le lac de Tibériade jusqu’à la mer Morteinclusivement; il mourut de fatigue à son retour àJérusalem. Douze ans plus tard, en août 1847, le lieutenantanglais Moljneux renouvela avec un petit bateaucet essai d’exploration et il eut le temps d’écrire unebrève notice de son voyage, mais il mourut égalementde l’excès de fatigue bientôt après. Molyneux, Expéditionto the Jordan and the Dead Sea, dans le Journalof the Royal Geographical Society of London,t. xviii, 1848, p. 104-130.

1708

1850; 9e édit., 1853. L’important rapport du D’H. J. Andersonsur la géologie de la Palestine fait partie deYOfficial Report. — Les officiers anglais, A. Conder etKitchener (devenu plus tard lord Kitchener), envoyés enTerre-Sainte par la société du Palestine ExplorationFund, ont continué et complété les travaux des Américains,de 1872 à 1878, depuis Banias jusqu’à la merMorte. Voir Survey of Western Palestine, Memoirs,3 in-4°, Londres, 1881-1883.

III. Géologie du Jourdain.

D’après les géologues,la Palestine, pendant la période géologique appeléeéocène, était complètement couverte par la mer. Elleémergea graduellement avec ses montagnes pendant lapériode miocène, et dans la seconde partie de cette

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292. — Coupes de terrain de la vallée du Jourdain. D’après Mac Coun, The Holy Land, caite i.

Les premières notions rigoureusem*nt scientifiquessur le Jourdain, depuis sa sortie du lac de Tibériade jusqu’àson embouchure, nous ont été fournies par l’expéditionque le gouvernement des États-Unis envoya enPalestine en 1848 sous la direction de W. F. Lynch.Elle descendit le fleuve en avril sur deux bateaux de métalconstruits exprès en aval du lac de Génésareth. Ladescente dura huit jours et demi. Voir Officiai Reportof the United States’Expédition to explore the DeadSea, and the River Jordan, by Lieut. W. F. Lynch,published at the National Observatory, Lieut. M. F.- Maury, Superintendent, in-4°, Baltimore, 1852. Cf. Ritter,Die Jordan and die Beschiffung des Todten Meeres,Berlin, 1850; Ed. Robinson, Physical Geography of theHoly Land, in-12, Londres, 1865, p. 153-156; Narrativeof the late Expédition to the Dead Sea, frotn a Diaryby one of the Party, edited by Ed. P. Montague, in-12,Philadelphie, 1849; W. F. Lynch, Narrative of the UnitedStates’Expédition to the River Jordan and theDead Sea, in-8°, Philadelphie, 1849; 1? édit. Londres,

période, il se produisit, du nord au sud, une grande fissureou faille qui subsiste encore, malgré des révolutionspostérieures plus ou moins importantes, et qui estconnue aujourd’hui sous le nom de Vallée du Jourdainet d’Arabah. Pendant la période pluviale, la dépressionde cette faille augmenta; elle descendit au-dessous duniveau de la Méditerranée et la vallée du Jourdain,inondée par la fonte des glaciers et des neiges du Libanet de I’Hermon et par des pluies torrentielles, forma unvaste lac d’environ 3220 kilomètres de longueur. «Versla fin de l’époque pluviale, dit M. Ed. Hull, Metnoir onthe Geology and Geography of Arabia Petrœa, Palestine,in-4°, Londres, 1886, p. 115, les eaux du lac intérieuratteignirent leur niveau le plus élevé, et commeles glaciers et les neiges disparurent du Liban et queles conditions physiques plus modernes s’établirent, leschutes de pluie diminuèrent en amont, et la superficiedu grand lac s’amoindrit peu à peu, jusqu’à ce que lavallée du Jourdain devînt le lit de deux lacs de dimensionsrelativement petites et d’un cours d’eau qui les

onit» (fig. 292). Cf. T. Mac Coun, The Holy Land inGeography and History, 2 in-16, New-York, 1897,p. 1-3. La mer Morte ou lac Asphaltite est un reste du.grand lac ou de la mer primitive. On a calculé, d’aprèsles dépôts de sable et les couches de coquillages fossilesqui se trouvent étagées dans les côtés de la vallée, que leniveau du grand lac était plus élevé de 425 mètres quela mer Morte actuelle et se trouvait ainsi de 30 mètresplus haut que celui de la Méditerranée. Fr. Buhl, Geographiedes alten Palâstina, 1896, p. 35. On suppose,Hull, Geology, p. 112, que c’est à la fin de la périodemiocène ou au commencement Je la période pliocèneque la mer Morte atteignit son nheau actuel et que, par

trois heures de marche au sud de la mer Morte. Là unseuil sépare le Ghôr de l’Arabah qui s’étend au sudjusqu’au golfe d’Akaba. Les eaux du Ghôr se déversentdans le Jourdain et dans la mer Morte, celles de l’Arabahse jettent dans la mer Rouge. L’Arabah atteint unehauteur de 240 mètres au-dessus du niveau de la merMéditerranée.

Le bassin proprement dit du Jourdain comprend, àl’ouest, un peu moins de la moitié orientale du paysmontagneux de Chanaan, d’une largeur de 22 à 29 kilomètres;à l’est, tout le pays de Moab et de Galaad jusqu’àla frontière du désert d’Arabie, d’une largeur d’environ60 kilomètres; enfin, au nord-est, tout le pays de Basun

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293. — Les terrasses du Jourdain. D’après une photographie.

conséquent, le cours du Jourdain, dans ses traits caractéristiques,n’a subi aucun changement important pendantla période historique. Voir aussi Louis Lartet, Explorationgéologique de la nier Morte, in-4°, Paris,(1878); Palestine (Géologie). — La dépression extraordinairede la vallée du Jourdain n’a été découverte qu’en1836-1837 par Henri von Schubert et Rofh, Reise in derMorgent and, 1836 and 1837, 3 in-8°, Erlangen, 1840,t. iii, p. 86. L’impossibilité de faire leurs observationsbarométriques révéla à ces deux savants, à leur grandesurprise, que la mer Morte et le Jourdain à son embouchuresont bien au-dessous du niveau de tous les autresamas d’eau de notre globe.,

IV. Bassin du Jourdain.

La grande faille qui creusala vallée du Jourdain se prolongeait jusqu’au golfe Élanitiquedans la mer Rouge; mais elle est divisée aujourd’huien deux parties très distinctes qu’on appelle ElrGhôr, «terre basse, crevasse,» et El-Arabah. Voir t. i,col. 820-828. Le Ghôr comprend toute la partie de lavallée qui s’étend depuis le lac de Tibériade jusqu’à

jusqu’à l’Hermon et aux montagnes du Hauran, surune étendue de plus de 100 kilomètres. Le bassin dufleuve, dans sa totalité, et en y comprenant les affluentsde la mer Morte, embrasse ainsi une superficie de30 à 40000 kilomètres carrés, à peu près comme laMoselle, près de trois fois moins que l’Euphrate, quatrefois moins que l’Elbe, huit lois moins que le Rhin.Tous les affluents du bas Jourdain se déversent dansle Ghôr.

V. Vallée du Jourdain.

1° Description du Ghôr.

— La vallée du Jourdain, appelée A-iXiiv en grec,Eusèbe, Onomasticon, 1862, p. 80; V. Devit, Onomasticon,1859-1867, t. i, p, 593, et nommée aujourd’huiel-Ghôr, par les Arabes, est unique au monde parsa dépression. Sa pente est presque uniforme du nordau sud, à raison d’un mètre et demi environ parkilomètre. La chaîne orientale et la chaîne occidentaledes montagnes de la Palestine dont les sommets atteignentde 900 à 1 350 mètres (600 à 1050 mètres au-dessusde la Méditerranée), forment les limites de la

vallée généralement plate du Jourdain. Elle a au-dessousdu lac de Tibériade une largeur de près de 6 kilomètres;au nord de Bethsan, elle n’en a plus que 2; àBethsan, elle a environ 13 kilomètres. Au sud de Bethsan,elle se rétrécit de nouveau et est réduite à 3 kilomètres.Elle s’élargit enfin en se rapprochant de la merMorte où elle a de 19 à 23 kilomètres.

Terrasses du Jourdain.

Entre autres caractères

distinctifs de cette vallée, il faut signaler la formationparticulière des berges du fleuve. Celui-ci avait autrefois,comme il résulte de ce que nous avons dit plus haut,col. 1708, un volume d’eau beaucoup plus considérablequ’aujourd’hui, lorsque le climat de la Syrie était plus

Voir Faune, col. 1737. Sur les terrasses, voir Ed. Hull,Memoir on the Geology (Survey), p. 14-15, 79-81.

Zç Zôr.

La plaine même où coule le Jourdain

est appelée par les Arabes ez-Zôr, «coupure, courant.» Elle paraît avoir été formée par les déplacements du litdu fleuve, qui a rongé les flancs du Ghôr, tantôt àdroite et tantôt à gauche, et en a emporté les débrisdans son cours. La largeur du Zôr varie de 400 mètresà 3 kilomètres. Dans sa partie septentrionale, il estde 6 mètres à peu près au-dessous du Ghôr, de 15 à30 mètres en aval du pont de Mudjamtéh et de60 mètres du côté de la mer Morte. Le sol en esttrès fertile, excepté dans la partie méridionale où, à

294. — Oasis dans le Ghôr. Keraùa, arrosée par l’ouadï el-Farah, sur la route de Naplouse à es-Salt. Au milieu, v,un campement de Bédouins. D’après Van de Velde, Le pays d’Israël, 1857, pl.75.

humide qu’il ne l’est maintenant. L’ancien cours adonné naissance à des falaises, formées de sables d’unblanc jaunâtre, auxquelles on a donné le nom de terrasses(en arabe, fabaqât). — Dans la partie inférieuredu cours du Jourdain, on remarque dans la vallée troisétages très distincts (fig. 293). L’ancien lit du fleuve,comme on peut en juger à l’extrémité septentrionale dela mer Morte par les couches de limon qu’on observeencore aujourd’hui sur le versant des montagnes, étaitlarge de plus de 20 kilomètres. — La plaine du secondétage, qui, aujourd’hui encore, ist très rarement inondée,n’est couverte que de quelques broussailles et de maigresherbes. — Si l’on descend sur la rive actuelle, dix-septmètres plus bas, on rencontre de véritables fourrés detamaris, de peupliers blancs, de saules, de térébintheset d’autres arbres aux’formes gracieuses, au milieudesquels pullulent’les joncs ef lés Mantes aquatiques(fig. 294). Pour pénétrer dans ces épa; s’, fouillis, il’n’ya point d’autres sentiers que ceux quf oné été tracés parles sangliers qui vivent en troupes dans ces repaires.

quatre kilomètres en amont de l’embouchure du fleuve,il est rendu stérile par les matières salines qui y sontmêlées. On moissonne déjà en avril dans la plaine deBethsan et dans celle de Jéricho. Dans sa partie inférieure,le Zôr est appelé par l’Écriture Kikkâr hay-Yardên,ou simplement hak-Kikkdr. Kikkdr signifie «rond, cercle», et, par extension, «district.» (Vulgate, .ordinairement: regio.) Dans l’Ancien Testament, prisdans cette acception particulière, il désigne: — 1° Laplaine du Jourdain en général, II Reg., xtiii, 23 (Vulgate:via conipendii; voir Achimaas 2, t. i, col. 140);II Esd., iii, 22; xii, 28 (Vulgate, dans ces deux passages,campestria); — 2° l’oasis particulièrement fertile oùflorissaient les villes de la plaine (huit fois),: Gen.,xin, 10, 11, 12; xix, {%’25, 28,.29; Deut., xxxiv, 3(Vulgate: ’latitudo). — 3° La partie de la plaine du Jourdaincomprise ent^e ëochoth et’Sarthan, où se trouvait’le terrain argileux ilpiii se’servit HitanV pour fendre lesvases en métal du’ié’mp’îé’çlç Salomon. Iil Reg., vii, 46;II Par., iv, 17. — La partie stérile des bords du Jour

dain porte dans l’Ancien Testament le nom de’Ardbâh.Ce mot signifie «désert» et, précédé de l’article,il devient le nom propre de la région stérile et désertequi s’étend à partir de quelques kilomètres au-dessusde Jéricho jusqu’à Akaba, en y comprenant la mer Mortequi est pour cette raison appelée plusieurs fois «merd’Arabah». Deut., iii, 17, etc. Voir Ababah, t. i, col. 820.

— La plaine située à l’est du Jourdain, entre l’ouadiNimrin (voir col. 1736) et la mer Morte, portait le nomde Sittîm, «les Acacias» (Vulgate: Setim et Settim).Voir Sétim. Elle a environ 24 kilomètres de long sur 10à 12 de large. Voir S. Merrill, Modem Researches inPalestine, dans le Palestine Exploration Fund. Quarde leur vêtement humide, les immenses réservoirs accumulésdans les anfractuosités des rochers et dans lesdéchirures de la montagne n’en fournissent pas moinschaque jour leur contingent au Jourdain, sans tarir jamaisavant le retour de l’hiver. Ces eaux fondues coulentdans les vallées avoisinantes ou bien pénètrent dans lescanaux souterrains cachés dans les flancs de l’Hermon,pour apparaître au bas de ses pentes en ruisseauxjaillissants. Les sources qui sortent de la montagne etforment le Jourdain par la réunion de leurs eaux sontnombreuses, depuis le village d’Hasbeya au nord-ouestjusqu’au nord-est de Banias, mais il y en a trois principalesauxquelles on réserve le nom de sources du Jour295. — Cours du Nahr el-Hasbani. D’après de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, pl. 58.

terly Statement, 1879, p. 143-144. Sur tout le Ghor,voir Ed. Robinson, Physical Geography of the HolyLand, p. 66-95, 116-129. — Plusieurs explorateurs pensentque la vallée du Jourdain pourrait être cultivée etirriguée dans les parties qui sont maintenant stériles;mais, comme le lit du Jourdain est plus bas que le sol,il faudrait pour y réussir, entreprendre des travauxconsidérables qui n’ont même pas été tentés jusqu’ici., , VI. Sources du Jourdain. — On peut dire que l’Her, mon est le père du Jourdain. L, es neiges éternelles quile couvrent (voir pol.. 634) alimentent, sans s’épuiserjamais, le fleuve de la Terre-Sainte. À l’époque mêmeoù, touj le pays qui l’entoure çst désolé et brûlé par lesarflejurs du soleil d’Orient, le Dje’bel eschScheiJsfi, i la, montagne du, Scheikh ou le, mont du Vieillard,» comme! l’appellent, e$ Arabes, , conserve sa couronne d’argent,.qui lui a yalu aussi, l’autre nom que lui donnent les anciensécrivains arabes’; ' Djebel et-Teldj, " «. Mont des i, ]}ïeîgeç. |i)» ’| Le’s., rayons du soleil.fondent.tous’.les joursjCesf.amas d’ejaux cpngejées, mais au plus fort même de, l’été, si les trois cimes qui le dominent çont dépouillées

dain: celle d’Hasbeya, celle de Tell el-Qadi et celle deBanias.

1° Source d’Hasbeya, — La première source duJourdain, qui n’a pas été connue de l’antiquité (Furerde Haimendorf est le premier qui ait signalé la fontaineen 1566), se trouve près du village d’Hasbeya, situéà 670 mètres d’altitude dans une des vallées latérales del’ouadi et-Teim. Bâti en amphithéâtre sur les deux penchantsde la vallée, Hasbeya est entouré d’une couronnede verdure, car la vigne et l’olivier y croissent jusqu’ausommet de la montagne. Le raisin y abonde et sert aux’habitants à fabriquer ce sirop, si estimé des Arabes, qui’porte le nom de dibs ou «miel», parce qu’il en a ladouceur. C’est à une demi-heure au, nord et au-dessousd’Hasbeya que prend naissance la source la plus septentrionaledu Jourdain. Elle sort au baq dit flanc occidentalde l’Hermon, à 563 mètres au-dessus du niveau de lamer, du pied d’un rocher, dé basalte, d’où elle se précîpiteen formant lune cascade très pittoresque (voir t. ii,fig’. 98, col. 327)’, qui dévient un large ruisseau sous lenom de Nahr el-Hasbani (fig. 295), Ses eaux coulent avec

impétuosité, à travers la gorge profonde et étroite del’ouadi et-Teim, pour se diriger vers la plaine fertilequ’il arrose au pied des montagnes de la Galilée septentrionale.Il reçoit dans sa course le tribut des sourcesnombreuses qui jaillissent de l’Anti-Liban et de l’Hermon.A neuf kilomètres environ au-dessous d’Hasbeya, leTuisseau de’Aïn Seraiyib, qui sort de l’Hermon, lui fournit,à l’est, l’appoint considérable de ses eaux. Voir Ed.Robinson, Later BiblicalResearches, p. 415. Un peu plusbas, à peu près vis-à-vis de Khiyam, les rangées de collinesde l’ouadi et-Teim disparaissent et la vallée s’élargitde manière à former une plaine large et assez unie. LeNahr Hasbani, en sortant de la gorge pour pénétrerdans la plaine volcanique qui se dirige vers le Bahr el~Hûléh, ne suit pas la partie la plus basse de cetteplaine, mais continue son cours dans un lit qu’il s’estcreusé dans le basalte à travers le plateau occidental quiest plus élevé. À un kilomètre et demi environ au-dessousd’el-Ghadjar, il y a un pont à trois arches sur larivière. Le Nahr Hasbani reçoit encore plusieurs affluentsavant de disparaître dans les marécages du Bahr el-Hûléh,entre autres le Nahr Bareighit, qui est formépar les sources de l Am Derdârah et de’Ain Hôs, prèsde Kuleiyéh, dans le Merdj’Ayùn. Son embouchure estsur la rive droite. Il est presque à sec en automne. —Sur le Nahr Hasbani, voir Newbold, dans le Journalof the Asiatic Society, t. xvi, 1856, p. 13-15; Ed. Robinson,Physical Geography of the Holy Land, in-12,Londres, 1865, p. 133; G. H. Whitney, Hand-Book ofBible Geography, 2e édit., in-12, Londres, 1872, p. 199200; L. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, in-4°, Paris,1884, p, 560; Survey of Western Palestine, Memoirs,t. i, p. 97.

2° Seconde source du Jourdain, le Leddan. — C’estla source que Josèphe appelle «le petit Jourdain».Bell, jud., IV, 1, 1 (tbv nwpbv xa>oû|AEVov’IopSâvrjv, intocov Tîiç XpuariS ^ oa i vec&v). Elle prend naissance à145 mètres d’altitude à Tell el-Qadi, l’ancienne ville deDan. Le nom actuel de Tell el-Qadi n’est que la traductiondu nom ancien, car Qadi et Dan signifient l’unet l’autre «juge», le premier en arabe, le second enhébreu; Tell veut dire «monticule». Tell el-Qadi esten effet une petite éminence, voir fig. 471, t. ii, col.1243, qui émerge de la plaine entre deux plateaux et qui,au nord, la domine seulement de 10 à 12 mètres,tandis que, du côté du sud, elle s’élève de plus de 20mètres. Elle est de forme oblongue et irrégulière, sedirigeant d’est en ouest; de 320 mètres de long et de250 de large; elle forme la ligne de séparation entre leterrain de formation volcanique et le terrain calcaire.La plaine septentrionale est d’origine volcanique; toutela plaine du Bahr el-Hûléh, au midi, est calcaire. Surle Tell s’élevait autrefois la ville de Lais, connue plustard sous le nom de Dan. Voir Dan 3, t. ii, col. 1240.

— Quand on arrive à Tell el-Qadi du côté de l’ouest,le premier objet qui frappe la vue est une grande sourced’eau claire et limpide qui jaillit de l’extrémité occidentalede la petite colline entre des rochers basaltiques.Voir t. ii, fig. 470, col. 1241. C’est une des plusabondantes du monde entier. On l’a comparée à la célèbrefontaine de Vauctuse. L’eau s’écoule de là avecimpétuosité, écumeuse et bouillonnante, dans un litescarpé, et forme aussitôt un ruisseau deux fois plusconsidérable que le Nahr Hasbani. Cependant toutesles réserves d’eau ccrtenues dans le Tell ne s’échappentpoint par cette seule Issue. Sur le Tell même, plus hautque la grande source, en jaillit une seconde, voirt. ii, col. 1243, dans une cavité assez considérable etelle donne naissance à un autre ruisseau qui s’écoulepar une fissure sur le bord de la colline et se précipitepar le côté sud-ouest en faisant marcher des moulins.Les deux ruisseaux s’unissent aussitôt après et reçoiventle nom de Nahr el-Leddan. Le Leddan continue son

cours à l’ombre des arbustes épais qui croissent surses rives et au bout de huit kilomètres, il mêle seseaux à celles du. Nahr Banias. À sa source, il est à154 mètres au-dessus du niveau de la mer, il n’est plusqu’à 45 mètres à son confluent. Sa pente est donc enmoyenne de quatorze mètres par kilomètre. Voir TheSurvey of Western Palestine, Memoirs, t. i, p. 85,139-142.

Troisième source du Jourdain à Banias.

La

troisième et dernière source du Jourdain est celle deBanias, ainsi appelée parce qu’elle prend naissance àBanias, l’ancienne Panéas ou Césarée de Philippe, à369 mètres d’altitude. Voir t. ii, col. 450. C’est la plusorientale, la plus pittoresque et la plus-célèbre dessources du Jourdain, à quarante minutes environ de Tellel-Qadi. Banias est situé dans une gorge tranquille, aupied des dernières pentes méridionales de l’Hermon,dans un nid de verdure où la fraîcheur des eaux faitprospérer, avec les joncs et les plantes vivaces, l’olivier,le peuplier, le noyer et le laurier-rose. Au nord-ouestdu village, à une petite distance, se dresse à pic ungrand rocher calcaire, de trente mètres de hauteur. Asa base s’ouvre une large caverne nommée Moghareter-Râs en-Neba, aujourd’hui obstruée par les énormesblocs de pierre qu’un tremblement de terre a violemmentdétachés de, la partie supérieure. On voit encore lesrestes de niches et d’inscriptions qui consacraient lagrotte au dieu Pan. Voir t. ii, fig. 153, col. 451. Cf.Survey of Western Palestine, Memoirs, 1. 1, p. 109-113;Victor Guérin, Galilée, t. ii, p. 310. Au-dessous, nonplus de la caverne même, comme autrefois, mais enavant, les eaux sourdent de divers côtés, au milieu desrochers et des arbres, abondantes, claires, fraîches etdélicieuses, visitées souvent par les troupeaux de brebisqui viennent s’y abreuver et auxquelles ce qui resteencore de la grotte sert d’étable. Voir, t. ii, fig. 154,col. 454. La fontaine donne aussitôt naissance à un ruisseau,qui s’unit au Nahr Banias et en prend le nom(fig. 296). Il se précipite en écumant et en mugissant aumilieu des débris de rochers et des ruines amonceléesd’antiques édifices et il se dérobe bientôt au regardderrière le rideau d’épaisse végétation dont il couvre sesrives. Le volume de ses eaux est moindre que celui duNahr el-Leddan, mais il est supérieur à celui du NahrHasbani et c’est pour cette raison sans doute que Josèpheet.les anciens n’ont connu que deux sources duJourdain, celle de Dan et celle de Césarée de Philippe.L’historien juif s’est d’ailleurs trompé sur la véritablesource du Nahr Banias. Il raconte, Bell, jud., III, x, 7,que le Panium ou la grotte de Pan n’est que la sourceapparente du fleuve, mais que ses eaux viennent en réalité,par une voie souterraine, du lac Phiala, à cent vingtstades de Césarée; d’après lui, c’est ce qu’aurait démontréune expérience faite par Philippe, tétrarque de Trachonitide:ce prince fit jeter, dit-il, dans le lac Phialade la paille et elle vint sortir à Panium. Cette fable,longtemps accréditée, est aujourd’hui reconnue fausse.Voir Survey of Western Palestine, Memoirs, t. i, p. 85,109-113.

4° Confluent des trois sources du Jourdain dans leMerdj el-Hûléh. — Le confluent des trois rivières quiforment le Jourdain a été déterminé en 1852 par EdouardRobinson. «Jusqu’en 1852, dit-il, Physical Geographyof the Holy Land, p. 138-139, on ignorait si les troisprincipales sources du Jourdain entraient séparémentdans le lac Hûléh ou bien mêlaient leurs eaux au-dessusdu lac. Pour résoudre le problème, au mois de maide cette année, nous partîmes de Tell el-Qadi dans ladirection du lac Hûléh à l’est du Leddan. Après avoirdescendu un certain nombre de terrasses, à travers deschamps très fertiles et bien arrosés, sans aucune tracede marécage, nous arrivâmes en une heure du Tell auNahr Banias. Il coulait là avec rapidité dans une vallée

profonde, mais ouverte. Nous montâmes alors vers uneplaine un peu plus haute à droite et bientôt nous tombionssur le Leddan, dont les eaux coulaient avec unegrande rapidité, dans un lit profond et étroit, à quinzeou vingt pieds (^JSO à 6 mètres) au-dessous du niveaude la plaine. Il était presque caché par les roseaux etles arbustes qui bordent ses rives. Cinq minutes plusloin, nous étions au confluent des deux rivières, dansun endroit large et plat où s’étalent leurs eaux. Noustraversâmes alors le Leddan; l’eau arrivait presque auventre de nos chevaux. Dix minutes plus bas nous rencontrâmesle Bûreidj, très trouble, et nous le passâmesfacilement. Enfin, à environ un mille (1600 mètres) du

une pente moyenne de 28 mètres par kilomètre. Pendantles six premiers kilomètres de son cours, cette pente estde 40 mètres. — Les trois rivières réunies se dirigentdirectement vers le sud et atteignent le lac Hûléh, l’antiqueMérom, à peu près à quinze kilomètres plus loin.VII. Cours dd Jourdain.

1° Cours supérieur duJourdain, depuis la réunion de ses trois sources jusqu’aulac de Tibériade. — Le Jourdain, grossi par laréunion de toutes ses sources, ne tarde pas à atteindrela plaine de Mérom ou Hûléh. Il pénétre dans uneplaine qui a 25 kilomètres dans sa plus grande longueuret 10 kilomètres en moyenne de largeur. Çà et là jaillissentde petites fontaines. Lu Bahr el-Hûléh est au sud

296. — Source du Jourdain à Banias. — À gauche, peupliers bordant la source au nord. En haut, rochers détachés pour la plupartde la voûte de la grotte. L’eau jaillit du pied de la montagne sur une étendue de plus de vingt mètres au milieu des pierres etde plantes aquatiques, de joncs, de menthe, de ronces. L’eau coule par trois canaux qui sont couverts par les broussailles et vontse rejoindre un peu en amont du vieux pont donnant accès à Banias. — D’après une photographie de M. L. Heidet.

premier confluent, nous arrivâmes à YHasbani, à sonconfluent avec les deux autres sources déjà réunies. Cetendroit est à peu près à cinq milles (huit kilomètres etdemi) de Tell el-Qadi, à un tiers de mille au nord deTell Scheikh-Yûsef, le Tell le plus méridional au milieude la plaine. — Nous estimâmes comme suit la valeurrelative des trois rivières: celle de Banias est deuxfois aussi grande que YHasbani, celle de Leddan, en ycomprenant son tributaire le Bûreidj, est deux fois,sinon trois fois plus grande que celle de Banias. Audessousdu confluent, le Jourdain paraît aussi largequ’au pont situé au-dessous du lac. Dans la basse plaine,le ruisseau de Banias est le plus clair, parce qu’il sertmoins à l’irrigation; l’eau du Leddan est d’une couleurtrouble cendrée; celle de YHasbani est boueuse et d’unjaune sombre.» Cf. Ed. Robinson, Later Biblical Researches,p. 393, 395. — Le Nahr Banias est, à sa source,élevé de 330 mètres au-dessus du niveau de la mer. À sonpoin*, de jonction, il ne l’est plus que de 45, ce qui donne

de la plaine. Il a, en réalité, 6 kilomètres de long, et,en moyenne, autant de large, mais sa longueur paraitbeaucoup plus considérable. Cette illusion d’optiqueprovient de ce que, à son extrémité septentrionale,s’étend un vaste terrain marécageux, qui semble en êtreun prolongement, parce qu’il est recouvert de joncs etde roseaux verdoyants, au milieu desquels serpententde petit* ruisseaux, formant par places de petit* étangs.La végétation y est si touffue qu’il est impossible de pénétrerdans ce fouillis. Le papyrus d’Egypte y croit enabondance. Nulle part, ailleurs, on ne trouve desoiseaux en aussi grand nombre: toutes les espèces deSyrie y sont réunies.

Le véritable lac a la forme d’un triangle, dont les deuxpointes septentrionales regardent l’est et l’ouest; la troisièmeest tournée vers le sud. Les savants anglais quiont mesuré la Palestine ont constaté que ses eaux nesont élevées que de deux mètres environ au-dessus duniveau de la mer; c’était à tort qu’on les croyait aupara

vant plus hautes. Leur profondeur est médiocre, ellevarie entre 3 et 5 mètres. Sur le lac Hûléh, voir J. luacGregor, The «Rob Roy» on the Jordan, Londres,1869; 5e édit., 1880.

Du lac de Mérom au lac de Tibériade, la distanceest d’environ 16 kilomètres. Quoiqu’il n’y ait aucunechute, la pente du fleuve est très rapide. Élevé d’environ2 mètres au-dessus du niveau de la Méditerranée, auBahr-el~Hûléh, comme on vient de le voir, au DjisrBenat-Yakûb, «Pont des filles de Jacob,» il est à13 mèlres au-dessous et au lac de Génésareth, à 208.Saunders, An Introduction to the Survey of WesternPalestine, p. 144, 177. Au sud du Bahr el-Hûléh, le

se ralentit et devient sinueuse jusqu’à ce qu’il entre,du côté de l’est, dans le lac rendu si célèbre parl’Évangile, le lac de Génésareth ou de Tibériade. C’estlà que finit le cours supérieur du Jourdain. Son coursmoyen et son cours inférieur comprennent l’espace quis’étend entre ce lac et la mer Morte. Dans la plained’el-Bafihah, il est guéable en plusieurs endroits, ainsiqu’à son embouchure dans le lac, où il est aussi particulièrementpoissonneux.

2° Cours moyen du Jourdain. Du lac de Tibériade àQum Sartabéh. — Le Jourdain, en entrant dans le lacde Tibériade (fig. 297), semble continuer d’abord sa coursesans mêler ses eaux troubles et torrentueuses avec celles

297. — Entrée du Jourdain supérieur dans le lac de Tibériade. — À l’arrière-plan, les montagnes a l’ouest du lac, au pied desquelles,sur le rivage, sont les ruines d’El-Kérak’(Tarichée), Senn-en-Nibréh (Sennobri), Tibériade et Magdala. À droite, l’extrémité durivage nord-est bordantla rive gauche du fleuve. Plus à gauche, ruines — D’après une photographie de M. L. Heidet.

Jourdain coule au milieu d’une petite plaine cultivée, àtravers laquelle passe la route des caravanes qui deSaint-Jean-d’Acre et de Caïpha conduit à Damas. C’estl’antique voie de communication entre les pays qu’arrosentl’Euphrate et le Nil, la via maris du moyen âge.II y avait là un gué au temps des Croisades. On y voitaujourd’hui le Pont des filles de Jacob, construit probablementau IVe siècle, d’après Ed. Robinson, Geography,p. 141. Il se compose de trois arches en basalte. Lefleuve, à cet endroit, a environ 25 mètres de largeur. Apartir de là, la dépression s’accentue. Immédiatementaprès, les montagnes de Safed à l’ouest et de la Gaulonitideà l’est se rapprochent tellement qu’elles nelaissent au Jourdain qu’un étroit passage pour continuersa marche vers le sud. Mugissant, écumant, il se précipiteavec une rapidité extraordinaire le long de cettegorge resserrée et impraticable qui a environ 10 kilomètresde longueur, jusqu’à ce que, trois kilomètresavant d’arriver au lac dé Génésareth, il entre dans laplaine fertile d’el-Bafihah on de Bethsaïde. Là, sa course

du lac, ce qui a donné naissance à la fable qu’il le traversaitintact; mais le mélange ne tarde pas cependantbien longtemps à s’opérer. À l’époque de la fonte desneiges, il élève le niveau du lac d’environ quinze centimètres.Le lac lui-même a une superficie de 170 kilomètrescarrés; sa plus grande profondeur est de 47mètres, d’après les constatations certaines. Voir Barrois,Compte rendu des séances de la Société de Géographie,1893, p. 453; Buhl, Géographie, p. 37. Sa longueur estde 21 kilomètres; sa largeur de 9 kilomètres et demi.Voir Tibériade (Lac de). Le fleuve sort du lac à sonextrémité sud-ouest (fig. 298). Son cours moyen s’étendde là à Qurn Sartabéh. Il se dirige d’abord vers l’ouestet ensuite vers le sud. Il coule maintenant dans la valléeappelée le Ghôr, au milieu d’une double chaîne quis’étend à l’est et à l’ouest, en laissant entre elle, unespace, tantôt large, tantôt étroit. Jusqu’à la mer Morte,il lait de nombreux détours. C’est comme l’appelle Pline,H. N., v, 15 (71), l’amnis ambitiosus ou sinueux, quisemble, ajoute-t-il, ne se rendre que malgré lui à la mer

Morte, velut invitas Asphaltiten lacutn dirum naturapetit. La distance qu’il parcourt, depuis sa sortie dulac jusqu’à la mer Morte qui l’absorbe, est, en lignedroite, de 104 kilomètres, mais ses méandres sont sinombreux qu’ils font plus que tripler la longueur deson cours. Ses eaux agitées et toujours plus ou moinslimoneuses se précipitent avec rapidité, surtout ausortir des coudes de la route qu’elles sont forcées desuivre. Quand les détours sont trop brusques, ellesforment des remous qu’il est fort dangereux d’essayerde franchir à la nage et que l’on ne peut passer à gué,parce que leur profondeur est d’ordinaire de troismètres. «Du lac de Tibériade à la mer Morte, lisons-nousdans Montague, Narrative of the Expédition tothe Dead Sea, p. 182-183, il y a en droite ligne

Officiai Report, p. 19, 50. À part certaines parties où leJourdain est resserré, la vallée est plus ou moins large.La rivière ne coule pas d’ordinaire au milieu du Ghôr,mais plus du côté oriental que du côté occidental.

Peu après sa sortie du lac de Tibériade, le fleuvetraverse la route qui fait le tour de cette partie du lac.On le franchissait autrefois en cet endroit, au moyend’un pont de dix arches, le Djisr es-Semàkh, «Pont deSemakh» (du nom d’un village voisin, situé à un kilomètreet demi au sud du lac). On en voit encore les ruines(fig. 299), désignées sous le nom AeUmm el-Qanatir, n. lamère des arches.» Lortet, Syrie, p. 515. Un peu moinsd’un kilomètre plus loin se trouvent les ruines d’unsecond pont, appelé Djisr es-Sidd, dont il reste encoreune partie des piles. La traversée du Jourdain est du

298

Le Jourdain au-dessous du lac de Tibériade et ruines de Djisr-es-Sidd. — À droite, rive orientale; à gauche, rive occidentaleSix piles du pont, en pierres de basalte et ciment très dur. — D’après une photographie de M. L. Heidet.

soixante milles, mais nous avons parcouru entre cesdeux points, en suivant le cours du Jourdain, une distancede deux cents milles. Le fleuve fait tant de circuitsque, à certains jours, après une dure journée detravail, nous étions encore presque en face de notrepoint de départ. Quelquefois nous étions enfermésentre des montagnes hautes et stériles, quelquefois nousvoguions doucement au milieu d’une vallée luxuriante,là où le fleuve a ses détours brusques et dangereux, ouau milieu de fourrés qui nous obligeaient à nous coucherà plat ventre sur le bateau pour ne pas être prisdans les branches qui se croisaient au-dessus de nouset que la rapidité et l’impétuosité du courant ne nouslaissaient pas le temps de couper. D’autres fois, la hacheà la main, nous nous frayions en taillant notre route.Puis nous étions de nouveau emportés par de terriblesrapides et lancés dans des chutes à pic de douze àquinze pieds de haut, dont nous n’échappions qu’àmoitié noyés.»

Les rapides commencent aussitôt après avoir passé leDjisr es-Semakh, ils sont fort nombreux et quelques-unstrès dangereux, comme on le verra plus loin. Voir

reste facile dans ces parages, parce qu’il y a plusieursgués.L’un d’eux se trouve près du Djisr es-Semakh; il yena un autre immédiatement au-dessous du village d’Abebdisréh.On remarque là plusieurs rapides. Yoir Lynch,Officiai Report, p. 16, 17; Narrative, 1849, p. 156. À cepoint, le volume d’eau diffère notablement selon lessaisons. Quand Lynch descendit le Jourdain au moisd’avril, il coulait là à pleins bords. Quand Molyneux levisita aux derniers jours d’août, on aurait pu en beaucoupd’endroits passer le fleuve à pied sec en sautant derocher en rocher. Molyneux, dans le Journal of theGeogr. Society, t. xviii, p. 108, 109, 115.

A huit kilomètres environ au-dessous du lac, le Yarmoukou Hiéromax, appelé aujourd’hui Scheriat el*Menadhiréh, presque aussi grand que le Jourdain, sejette dans le fleuve, dont il est le plus grand affluentoriental. Le Yarmouk n’est pas nommé dans l’Écriture,mais seulement dans le Talmud, Mtichna, Parah, viii,9, et dans Pline, H. N., v, 16. Cf. V. De-Vit, Onomasticon,t. iii, 1883, p. 391. Son nom actuel de Scheriatel-Menadhiréh, «l’abreuvoir des Menadhiréh,» lui vientd’une tribu qui campe sur ses rives. Le pays de Galaad>

sur la rive orientale du Jourdain, est plus riche ensources que le pays à l’ouest du fleuve. Le Yarmoukest formé par l’affluence d’un grand nombre de ruisseauxqui prennent la plupart naissance dans les montagnesdu Djolan. L’un de ces ruisseaux est nommédans l’Écriture, c’est le torrent de Raphon. I Mach., v,37, 39, 40, 42. Voir Raphon. À quatre kilomètres environen amont de son confluent, l’Hiéromax reçoit les sourcesthermales d’Amatha (el-Hamméh). Les eaux chaudesd’Amatha, de hamaf, «chaleur,» dans le voisinage deGadara, ne sont pas mentionnées dans l’Écriture, maisseulement dans le Talmud de Jérusalem, Erubin, v, 7;dans Josèphe, Bell, jud., 1, vi; dans Eusébe et saint Jéqui vient du mont Thabor, et l’oicadi eVArab, qui vientdu pays de Galaad, se jettent dans le Jourdain, le premiersur sa rive droite, le second sur sa rive gauche.Le Nahr Djalùd, qui prend sa source au pied du Gelboéet près de Jezraél (voir Harad, col. 421), apporte letribut de ses eaux au fleuve au-dessus de Bethsan.Dans les environs de Bethsan étaient des gués très fréquentés.Un peu au-dessus du confluent du Nahr Djalâdet du Jourdain, on remarque celui qui porte lenom d’Abârah, «passage,» et qui, d’après certains interprètes,serait l’endroit où baptisait saint Jean-Baptiste.Voir Béthabara, t. ii, col. 1647.

Le Jourdain, en continuant sa course, rencontrait

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290. — Pont en ruines de Semakh. D’après Lynch, Narrative of the United States’Eocpedition, p. 176.

rôme, Onomast., édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 26,27. — Sur quelques autres affluents du Jourdain moinsimportants, voir Buhl, Géographie, p. 38-39.

A un kilomètre et demi environ au-dessous de l’embouchuredu Yarmouk se trouve un pont en pierresvolcaniques qui date de 1 époque sarrasine. Il est encorepraticable. C’est le Djisr-el-Mudjàmiéh, ou «Pont desRéunions (du marché)». Il se compose d’une grandearche en pointe et de deux plus petites; ces dernièressupportent chacune trois petites arches (%. 301). Le fleuveest moins large en cet endroit qu’au pont placé au-dessousdu Bahr el-Hûléh. C’est là que passe la route descaravanes qui conduit de Bethsan à Damas. Molyneux,Journal, p. 112; Lynch, Officiai Report, p. 20;Éd. Robinson, Geography, p. 144. À partir de là, leJourdain continue sa route, grossi par l’apport de l’Hiéromax,mais moins rapide, jusqu’à Sakût et à VouadiMaléh. Depuis Abârah jusqu’à Vouadi Maléh, la valléedu Jourdain ou Ghôr supérieur est large et très fertile,surtout dans la plaine de Bethsan. Au-dessusd’Abârah, deux torrents de montagne, Vouadi el-Biréh,

une Sochoth, située probablement sur sa [rive droite, IIIReg., vii, 46, puis il recevait le Jaboc sur sa rive gauche.Voir Jaboc, col. 1056. — Près de l’embouchure decette rivière, il y avait, selon toute vraisemblance, uneautre Sochoth, Gen., xxxiii, 17; Jud., viii, 4-5, etc., dansle voisinage de la route qui allait directement deSichem, par le Ghôr, à Ramoth-Galaad r J’es-S’a£< d’aujourd’hui.A une centaine de pas du ht actuel du Jourdain,à l’est, on voit les ruines d’un vieux pont romain,le Djisr-Dàmiéh. S. M.errill, dans le Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1879, p. 138-139.Ce pont fournit la preuve palpable d’un fait constatéen plusieurs autres endroits: c’est que le fleuve a souventchangé son cours dans le Ghôr. — Il y a non loinde là, un peu au-dessous, vis-à-vis de l’embouchure deVouadi Farah, un gué, peut-être celui où les Éphraïmiteslurent massacrés du temps de Jephté par les habitantsde Galaad. Jud., xii, 5. À l’époque de Notre-Seigneur,les pèlerins de la Galilée qui, pour éviter la Samarie,faisaient un détour par la vallée du Jourdain, traversaientsans doute le fleuve par ce gué ou par le pont

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300. — Carte du cours du Jourdain.

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voisin de Damiéh. Il y a là aujourd’hui un bac, exceptéau moment de l’inondation, Survey, Memoirs, t. ii,p. 385. — L’ouadi Far’ah ou Farah est un des principauxaffluents occidentaux du Jourdain; il prend sasource au nord-est de PHébal et du Garizim et coulesans jamais tarir au milieu des lauriers-roses, jusqu’àce qu’il se jette dans le fleuve, un peu au-dessous duJaboc.

Au sud du Djisr Dâmiéh, les montagnes se resserrentaussitôt à l’est et à l’ouest et rétrécissent considérablementla vallée. Un contrefort montagneux s’élance, enforme de promontoire (Survey, Memoirs, t. ii, p. 381),du haut plateau de la Samarie et s’avance dans la vallée

lement, dans le voisinage des sources, il y a quelquesoasis. Les nombreux replis que dessine le fleuve sontaussi marqués par une bande verte de roseaux et d’arbres,mais elle est plus étroite et moins luxurianteque dans la partie septentrionale.

Le cours du Jourdain continue à être très rapidejusque proche de son embouchure. Â mesure que sonlit s’élargit, les remous diminuent. Il est de 37 à38 mètres au sud de Qurn Sartabéh, et de 75 mètres àson embouchure, avant de se diviser en deux branches.La profondeur de l’eau diminue de plus en plus auxabords de la mer Morte, où elle n’a plus qu’un mètreenviron. En même temps les montagnes se reculent de

301. — JJjisr el-Muâjamiéh, ancien pont sur le Jourdain. — À droite, rive orientale; à gauche, rive occidentale. Au fond, lesmontagnes du côté ouest de la vallée du Jourdain (Basse Galilée). À gauche, au haut de la berge, un khan abandonné. Autour,ruines des dakâkim ou boutiques pour les marchands venant au marché. Sur les rives, lauriers-roses et joncs. — D’après «nephotographie de M. L. Heidet.

d’ouest en est. Il porte le nom de Qurn Sartabéh. C’estun des points les plus élevés de la Palestine; il a unehauteur de 379 mètres au-dessus du niveau de la mer etde 626 mètres au-dessus du Jourdain. D’après le Talmud,c’est sur le sommet du Qurn Sartabéh, que des feuxallumés comme signaux annonçaient aux Juifs l’apparitionde la nouvelle lune. Voir Neubauer, Géographiedu Talmud, p. 42; Survey of Western Palestine, Memoirs,t. ii, p. 381, 388; Fr. Buhl, Géographie, p. 25,103. Plusieurs pensent que lajville de Sarthan, où Salomonfit fondre les vases sacrés destinés au service duTemple, III Reg., vii, 46, était située un peu au nordde la montagne. Le terrain marneux et argileux duGhôr se prêtait avantageusem*nt à cette opération.

Cours inférieur du Jourdain.

Le cours intérieur

du fleuve, commençant à Qurn Sartabéh et finissant àla mer Morte, a une longueur d’environ 22 kilomètres.Le caractère de la vallée s’altère d’une manière notable.Jîlle devient plus sauvage et plus stérile. Çà et là seuchaqug côté et la vallée s’agrandit, surtout à l’ouest.

L’Écriture donne à la partie occidentale de la valléele nom de’arbôf Yerihô (Vulgate: campestria Jéricho), «plaine ou désert de Jéricho, '> dans Jos., iv, 13; v, 10, etplanifies Jéricho, dans IV Reg., xxv, 5. La plaine pluspetite, à l’est du fleuve, est appelée aussi’arbôt Mô’âb(Vulgate: campestria Moab). Num., xxii, l, etc.; Deut.,xxxiv, 1, 8; Jos., xiii, 32. Sur le sens précis du mot’arbôt, voir Arabàh, t. i, col. 820-821.

Prés de son embouchure, les bords du Jourdain sontstériles et dénudés. Pendant les quatre derniers kilomètresde son cours, la végétation disparaît. On voitseulement surgir çà et là, de la vase, des troncs d’arbresmorts avec leurs branches décharnées. Pendant la saisonchaude, cette vase se couvre d’une croûte de sel etde gypse. On y rencontre aussi des couches de soufre etd’oxyde de fer, ce qui en explique la stérilité. — Les débrisd’arbres qu’on rencontre partout sont le butin recueillipar le fleuve dans sa course. «Les bords du Jourdain,

dans presque toute la vallée du Ghôr, sont taillés à picet formés par une glaise jaunâtre, molle et peu résistante;aussi, tous les printemps, au moment des crues violentes,les arbres placés trop près du fleuve sont-ils entraînésen quantité considérable; quelques-uns, flottant au filde l’eau, parviennent sans encombre jusqu’à l’estuaire.Beaucoup, au contraire, s’entassent les uns sur lesautres, s’enchevêtrent d’une manière inextricable etforment des îles, hautes de plusieurs mètres, qui peuventrésister pendant plusieurs années à la force des flots.Ces épaves sont ensuite reprises et charriées au lac.Ainsi s’expliquent les digues de bois flottés que l’ontrouve sur tous les rivages de la mer Morte.» L. Lortet,La Syrie d’aujourd’hui, 1881, p. 447.

Le Jourdain, dans la dernière partie de son cours,reçoit comme affluents, sur sa rive droite, Vouadi Fasaïl,dont le nom’rappelle celui de la ville hérodienne dePhasæl, Vouadi el-Aûdjéh, Vouadi en-Nûaiméh, quiprend sa source à l’Ain ed-Dùq (voir Doch, t. ii, col.4455) et Vouadi el-Qelt que beaucoup croient être letorrent de Garith, Voir Carith, t. ii, col. 286. Lesaffluents principaux de la rive gauche sont VouadiNtmrin, dont le nom conserve le souvenir de la Bethnemrabiblique (t. i, col. 1697), Vouadi Ke frein et VouadiHesbân qui prend sa source dans les collines voisinesd’Hésébon dont il porte le nom (col. 659).

Le cours inférieur du Jourdain possède, "en dehors del’époque de la crue, un certain nombre de gués qu’il est, facile de passer. Voir Gués du Jourdain, col. 1734.

Les rapides du Jourdain.

Comme nous l’avons

remarqué, col. 1721, les rapides sont nombreux dans lecours moyen et dans le cours inférieur du Jourdain.L’expédition américaine en compta vingt-sept dangereuxet plusieurs autres de moindre importance, sans parlerdes brisants et des écueils qui sont très multipliés etde l’impétuosité du courant qui aggrave le péril. Lynchne réussit qu’avec la plus grande difficulté à le descendredans ses deux barques construites exprès, l’uneen fer, le Fanny Mason, et l’autre en cuivre, le FannySkinner. On peut juger des obstacles qu’il dut surmonterpar la description qu’a faite cet officier du passagedu rapide situé en amont de l’embouchure duYarmouk. On songea d’abord à transporter les canotsau-dessous du rapide par terre, en suivant les rives dufleuve, mais la rivière étant encaissée entre deux hautescollines, il fallut y renoncer. La cascade avait onzepieds (3 mètres 35) de hauteur. «À cet endroit, raconteLynch, Narrative, 1850, p. 189-190, il y avait une espècede promontoire d’un angle d’environ soixante degrés,avec un rocher renflé en avant et menaçant, à ses pieds,juste dans le passage. Il était donc nécessaire de tournerpresque à angle aigu en descendant, afin d’éviter d’êtrebrisé en morceaux. Ce rocher était à l’extrémité extérieured’un gouffre, véritable chaudière écumante,dans laquelle l’eau roulait en remous circulaires. Audessous, il y avait deux rapides violents, d’environ centcinquante yards (137 mètres) de longueur chacun, avecdes pointes de rochers noirs émergeant au-dessus de lasurface blanche et agitée. Au-dessous de ceux-là encore,à un mille (1600 mètres), deux autres rapides plus longsmais en pente plus douce et moins difficile. Heureusem*nt,il y avait sur la rive gauche un grand arbusted’environ cinq pieds (l m 65) de haut, là où le travaildes eaux avait formé une espèce de promontoire. Ennageant obliquement à quelque distance en amont, undes hommes prit l’extrémité d’une corde et l’attachasolidement autour des racines de l’arbuste. Il était biendouteux que les racines fussent assez fortes pour supporterla pression, mais il n’y avait pas d’autre alternative.Afin de ne pas risquer la vie de mes hommes, je meservis de quelques-uns des Arabes les plus vigoureux ducamp et je les fil nager à côté des bateaux pour les guideret les sauver, s’il était possible, du péril. Ayant donc

DICI. DE LA BIBLE.

débarqué les hommes et ayant halé le Fanny Mason,nous le lançâmes et, relâchant la corde, nous le dirigeâmesau bord de la cascade, où il trembla et s’inclinasous la force et la violence du courant qui l’emportait.Ce fut un moment de vive anxiété. Les matelots avaientgrimpé maintenant le long des berges et s’étaient échelonnéspour nous venir en aide, si nous étions jetéshors du bateau et emportés vers eux. Un homme étaitavec moi dans le bateau et tenait la corde. Des Arabesnus se tenaient sur les rochers et dans l’eau écumante,faisant des gestes sauvages et poussant de grands crisqui se mêlaient au bruit des rapides grondants…; quatrede chaque côté étaient dans l’eau, s’accrochant aubateau et prêts à l’écarter, s’il était possible, du rocher,qui le menaçait. Le Fanny Mason, pendant ce temps,bondissait d’un côté à l’autre du torrent furieux, commeun cheval affolé, tendant la corde qui le retenait. Surveillantle moment où son avant serait dans la positionconvenable, je donnai le signal de lâcher la corde. Ils’élança avec impétuosité, plongea, rebondit en l’air; lerocher était évité; le gouffre, franchi; le bateau, moitiéplein d’eau; et avec une vitesse à perdre haleinp,nous étions emportés sains et’saufs par le rapide. Quelscris et quels hourras! La joie des Arabes semblaitplus grande que la nôtre, mais elle consistait pour eux enmanifestations extérieures, tandis que la nôtre étaitintime et profonde. Deux des Arabes perdirent pied etfurent emportés au loin au-dessous de nous, mais ilsfurent sauvés, avec une légère blessure-pour l’und’eux.»

Embouchure du Jourdain.

À une heure et demie

au sud A’eUHenu (col. 1736), le Jourdain déverse seseaux dans la mer Morte, par deux bras marécageuxdivisés par un delta. Ces deux bras, lorsqu’ils entrentdans la mer, ont chacun une cinquantaine de mètresde large, sur une profondeur d’un mètre environ.Le delta est aujourd’hui recouvert par les eaux. Cependant,quoique l’eau soit peu profonde, il n’est pas possiblede passer à gué en cet endroit, à cause du limondans lequel bêtes et gens seraient rapidement engloutis.Le site lui-même est malsain. La chaleur dégage de lavase des vapeurs pest-ilentielles qui engendrent aisémentdes fièvres pernicieuses. — D’après des calculs plus oumoins approximatifs, l’apport du fleuve à la mer Morteest de six millions de litres par jour. Fr. Buhl, Geographie,p. 40.

A son embouchure, le Jourdain est à 392 mètres au-dessousdu niveau de la Méditerranée. Comme nousl’avons vii, ses eaux, depuis la source de l’Hasbani jusqu’aulac Houléh, descendent de 437 mètres; du lac Houléhjusqu’au lac de Tibériade, de 274 mètres, et du lacde Tibériade au lac Asphaltite, de 203 mètres. Sa chutetotale est donc de 914 mètres, dont 520 seulement au-dessusdu niveau de la Méditerranée. Lortet, Syrie, p.451; Survey, Memoirs, t. iii, p. 169-170. C’est là unphénomène unique au monde.

On peut dire que la mer Morte est comme le tombeaudu Jourdain. Il y disparait et n’en est jamais sorti pourcontinuer sa course et aller déverser ses eaux dans le golfeÉlanitique, comme on l’a quelquefois supposé. Voir Morte(Mer). La masse d’eau que le fleuve apporte tous lesjours dans cette dépression profonde est absorbée parl’évaporation, qui est très grande au fond de cette cuvettesurchauffée.

VIII. L’eau du Jourdain. — «Le Jourdain est décritbien diversem*nt par les voyageurs qui l’ont vu de près:les uns le disent clair et limpide, presque azuré; lesautres affirment que c’est une rivière de boue, charriantà la mer Morte des ondes jaunâtres, tenant en suspensionbeaucoup de substances terreuses. Les uns et lesautres ont raison. Au printemps et au commencement del’été, le fleuve, enflé rapidement par la fonte des neigesduGrandHermon, des montagnes volcaniques du Djaûlan

III. - 53

et par les pluies diluviennes qui onl versé une immensequantité d’eau dans tous les ouadis qui aboutissent auGhôr, devient trouble, élève son niveau de plusieursmètres, ronge l’argile de ses bords, déracine les plusgros arbres et transporte à la mer une masse énorme dedébris. En été, au contraire, à partir du mois de juin,lorsque les neiges ont disparu et que les pluies ontentièrement cessé, les eaux sont presque limpides, jamaisentièrement claires cependant, car elles emportenttoujours les limons déposés sur ses rives. Mais, à cetteépoque, elles sont d’un vert foncé, très agréables à boire,et proviennent surtout des sources qui se déversent aunord du lac de Tibériade, des torrents Zaaréh, YarmoukJabbok, qu’il reçoit de l’est, et des rivières Derdârah,Djaloud. Faria et Kelt, qui lui arrivent de l’ouest dans

Densité: iOOO.

Résidu salin laissé par un litre 0, 873

Eau 999, 127

Composition.

Chlore 0, 425

Acide sulfurique 0, 034

Acide carbonique traces

Soude 0, 229

Chaux 0, 060

Magnésie 0, 065

Potasse traces

Silice, aluminium, fer traces

Matière organique traces

Total 0, 873

[[File: [Image à insérer]|300px]]
302. — Passage à gué du Jourdain.

la partie inférieure de son cours.» L. Lortet, La Syried’aujourd’hui, p. 417-418.

L’eau du Jourdain est célèbre à cause de son excellentgoût. Un voyageur italien dit qu’elle est dolce si corneil zuccaro. Tous les voyageurs s’accordent avec raisonà reconnaître qu’elle est agréable à boire. Quoiqu’on lapuise souvent trouble, elle se clarifie rapidement à l’air.Beaucoup de pèlerins et de voyageurs ont prétenduqu’elle ne se corrompait point, quelque long temps qu’onla conservât, mais la vérité, c’est qu’il faut la fairebouillir avec soin, pour détruire les germes de corruptionqu’elle renferme, si l’on veut la garder. Du reste,quoiqu’elle soit très potable, l’eau du Jourdain diffèrepar sa nature chimique, et spécialement par sa salure,de celle des autres fleuves, dans la dernière partie deson cours. En voici la composition, d’après l’analysequ’a fait faire M. Lartet sur des échantillons puisés le21 avril 1864 à douze kilomètres en amont de l’embouchure,au gué d’el-Ghôranyéh: «Cette analyse, dit M. Lartet, montre bien qu’à l’exceptiondu brome, dont on n’a pu y constater la présence,les eaux de ce fleuve, dont le volume doit égalercelui de la masse déversée par tous les affluents’réunis,contiennent les mêmes éléments salins que la merMorte. On ne doit point s’étonner de ce fait et en tirerune conclusion trop hâtive et trop absolue à l’égard del’origine de la salure de la mer Morte… Le Jourdaincoule longtemps au milieu des sédiments que nousavons considérés comme ayant dû être déposés autrefoispar la mer Morte, alors qu’elle s’élevait à un niveau debeaucoup supérieur, et qui sont restés imprégnés dematières salines en rapport avec la composition actuelledes eaux du lac. Il n’est donc pas étonnant, malgré lasécheresse du pays et l’interposition de limon déposépar le Jourdain sur ses propres bords, que ce fleuve,drainant pendant les trois quarts de son cours ces dépôtsencore imprégnés de leur salure originelle, leuremprunte une forte proportion des sels qu’il restitue

journellement à cette mer.» L. Lartet, Recherches sur lesvariations desalure del’eaudelamerMorte, danse Bulletin de la Société géologique de France, 2e série, t. xxiii,1866, p. 748. Cf. Ed. Hull, Memoir on Geology, p. 121.IX. La crue du Jourdain.

Le fleuve grossit périodiquement tous les ans et, à l'époque de la moisson del’orge, il remplit ses rives. Jos., iii, 15; Eccli., xxiv, 36.La moisson de l’orge, dans la vallée du Jourdain, où lachaleur est très forte, commence vers la fin de mars ouen avril. Le premier livre des Paralipomènes, xii, 15,place expressément le commencement de l’inondation «au premier mois», c’est-à-dire aux derniers jours demars, mais elle commence en janvier et février. D’aprèscertains interprètes, le prophète Jérémie parle trois

lement selon les années, en raison de la chute et de lafonte plus ou moins abondantes des neiges et des pluies.Voir Ed. Robinson, Biblical Researches, 1™ édit., t. i,p. 540-542. Elle peut être assez considérable pour éleverde quatre mètres environ le niveau de la mer Morte.

X. Gués du Jourdain.

Gomme le Jourdain n’ajamais eu de ponts avant l'époque romaine et qu’il n’ajamais été navigable, comme on ne semble point s'êtrejamais servi de bateaux pour le traverser (excepté dansun cas peut-être, voir col. 1745), et qu’on avait cependant fréquemment besoin de passer d’une rive à l’autre,les gués du fleuve (fig. 302) tiennent une place importantedans son histoire. Ils sont nommés dans le Voyage d’unÉgyptien publié par Chabas, p. 206. L'écriture les men303. — Gué d’et-Ghoranyéh. Au fond, collines marneuses du côté ouest du Zâr. À droite, le pont de bois moderne derrière un bouquetde tamaris. Sur la rive gauche, tamaris, peupliers, acacias, ricins, etc. — D’après une photographie de M. L. Heidet.

fois, xii, 5; xlix.19, et L, 44, etZacharie, xi, 3, une foisde la crue du Jourdain, sous le nom de ge'ôn hay-Yardên; Vulgate: superbia Jordanis, «l’orgueil du Jourdain.» Mais ce terme désigne la végétation de ses rivesqui fait sa gloire, son orgueil et non la crue du fleuve.Cette crue est produite par la fonte des neiges de l’Hermon et du Liban. Quand elle atteint son plein, elle remplit tout le Zôr (col. 1712), et a, par conséquent, de400 mètres à 3 kilomètres de large. Les pluies abondantes qui tombent d’ordinaire en décembre n’influent.guère sur le régime du fleuve: elles trouvent la terredesséchée et crevassée par la chaleur et elles sont ainsirapidement absorbées. C’est la fonte des neiges de l’Hermon, jointe aux pluies de janvier et de février, quiproduit la crue. Il est rare, d’ailleurs, qu’elle dégénèreen inondation, parce que le lac Houléh et le lac deTibériade servent comme de régulateurs et retiennentle trop plein des eaux en l'épanchant sur leur surface.La crue du Jourdain ne commence que lorsque le lacde Tibériade a élevé suffisamment son niveau et elle neremplit les rives du fleuve au-dessous du lac que quelque temps après. La hauteur de la crue varie natureltionne plusieurs fois expressément, Jos., ii, 7; Jud.,m, 28; vii, 24; xii, 5, 6; II Reg., xix, 18; Jer., li, 32;cf. Gen., xxxii, 10; Num., xxxiii, 51, etc., et elle a occasion de parler assez souvent du passage du fleuve. Voircol. 1744, Ces gués servent encore aujourd’hui presquecomme autrefois (pour les ponts, voir col. 1737) et lescaravanes les traversent maintenant comme aux tempsantiques. Les chameliers et les voyageurs indigènes sedépouillent de leurs vêtements et entrent dans l’eau,poussant leurs bêtes devant eux. C. Stangen, Palâstina und Syrien, in-12, Berlin, 1877, p. 40. Les bergesde la rivière, qui sont généralement à pic, sont enpente douce à l’abord des gués, par suite même dupassage. Survey, Memoirs, t. iii, p. 169. Quoique lesgués soient nombreux entre le lac de Tibériade et lamer Morte, on ne peut pas les franchir sans danger pendant la crue du Jourdain, parce que le volume d’eau et laviolence du courant sont trop considérables. Du tempsde Vespasien, des milliers de Juifs y périrent en essayantde le traverser pour échapper aux Romains. Josèphe,Bell, jud., IV, vii, 50. Même aux basses eaux, il n’estpas facile à une grande multitude d’hommes de traverser

ces gués, de sorte que le Jourdain a été de tout tempsun obstacle sérieux à l’envahissem*nt de la Palestinepar une armée ennemie. I Mach., îx, 4448. Il eût empêché les Israélites de pénétrer dans la Terre Promise,si les Chananéens en avaient gardé les passages et siDieu n’avait pas opéré un miracle pour lever cette barrière devant le peuple élu. Jos., iii, 1-17. — Les grandesvoies de communication entre le pays de Damas et laPalestine transjordanique et cisjordanique passaientnaturellement par les gués les plus commodes et, encas de guerre, on avait soin de les occuper, comme nousle verrons dans l’histoire biblique du Jourdain. — Nousen avons déjà nommé quelques-uns dans la description

dessous le Makkadet esch-Scheikh Busein. Plus bas» vis-à-vis de Klrirbet Fahib (Pella), est le gué de NukbFaris. Le gué de Damiéh est à l’embouchure du Jaboc.— «Il y a trois ou quatre gués dans le fleuve au-dessousde Qurn Surtabéh (voir Survey, Memoirs, t. iii, p. 170),mais à certaines époques, quand la rivière est pleine,les Arabes sont forcés de la faire passer à la nage parleurs chevaux. Un des gués principaux est à l’embouchure de ï'ouadi Sehaîb ou Nimrin, à l’est-nord-est deJéricho; là on passe ordinairement à la nage à cheval. Legué d’el-Hélu, qui est plus bas, n’est jamais franchiqu'à la nage.» Ed. Robinson, Geography, p. 146. — Lesofficiers anglais comptent quatre gués et cinq avec celui

304. — Makkadet el-Hadjla. — À gauche, rive orientale, couverte de tamaris, d’acacias, etc. Cours du fleuve en aval à pleins bordsSur la rive droite, la petite plage où descendent les pèlerins et où ils se préparent à se baigner dans le fleuve. Les Grecs célèbrentsolennellement en cet endroit la fête du jour de l’Epiphanie.. — D’après une photographie de M. L. Heidet.

du cours du fleuve. Les officiers du Palestine Exploration Fund en ont compté cinquante dans les 42 milles(67 kilom. 500) que parcourt le Jourdain du lac de Tibériade au Djisr Damiéh et seulement cinq dans les23 milles (37 kilom.) qu’il parcourt au-dessous de cepont. Il n’y en a pas moins de vingt-six entre Ï'ouadiel-Djalûd et Youadi el-Malêh, qui marquent l’un lafrontière septentrionale et l’autre la frontière méridionale de la plaine de Bethsan. Survey of western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 79, 385; t. iii, p. 170. C’est cequi explique comment les Bédouins et les nomadesenvahissaient ordinairement la Palestine en passant parBethsan et la plaine de Jezræl, comme ils faisaient dutemps de Gédéon. Cf. Jud., vii, 8, 12, 23. Il y a toujourseu vis-à-vis de Bethsan des gués faciles à franchir.Ed. Robinson, Geography, p. 144. Le plus importantest, au nord de Bethsan, celui A’Abarah, que les explorateurs anglais identifient avec le Béthabara de saintJean-Baptiste. Mac Coun, The Roly Land, t. i, p. 50.au-dessus est le Makkadet Umm el-Keranis, et auA’el-Renu dans le cours inférieur du fleuve: el-Ghoranyéh, où il y a aujourd’hui un pont, el-Mûdési, Makkadet el-Hadjla, appelé aussi el-Meschra, el-Henu ouMaktaa el-Henu (appelé el-Hélu par Robinson etquelques autres), rendu aujourd’hui à peu près impraticable parles roseaux, et enfin Umm Enkhola. Survey,Memoirs, t. iii, p. 170. Le Makkadet el-Ghôranîyéh(fig. 303) est vis-à-vis de Tell es-Sultan, au-dessous del’embouchure de Youadi Nimrin (voir F. de Saulcy,Voyage en Terre-Sainte, 1865, t. i, p. 203-205). À cet endroit le fleuve fait un coude vers l’ouest, laissant unelangue de terre du côté opposé. Au nord du gué, à l’ouest,sont plusieurs vieux tamaris fort beaux. La rivière estlà, découverte, et sans broussailles dans le voisinage immédiat. Le cours de l’eau est très rapide, la rive orientale, raide et escarpée, et le lit, profond de ce côté, tandisqu’il est en pente douce à l’ouest.Le gué est impraticable enhiver. Survey, Memoirs, t. iii, p. 170. À 500 mètres au sud,il y avait autrefois un pont. Terre-Sainte, 1902, p. 167,Vel-Meschra est appelé plus communément Makkadet

el-Hadjla. «le gué de Hadjla (fig. 304), parce qu’il est enface et non loin de Qasr Hadjla (Hagla),» près de l’embouchure de Youadi Kelt. Survey, Memoirs, t. iii,p. 170. — Depuis 1885, il existe, sur le Jourdain, aunord-est de Jéricho, un pont payant en bois de trentecinq mètres de longueur et de trois mètres de largeur,el-Djisr ou Djisr el-Scheriat el-Djisri, «le pont parexcellence» (fig. 305). Il est situé près de l’embouchurede Vouadi en-Naûdiméh, sur la route de Jéricho à es-Salt.XI. Histoire naturelle de la. vallée dit Jourdain.— Le climat de la vallée du Jourdain et de la merMorte diffère notablement de celui de la partie montagneuse de la Palestine et de la plaine maritime. Celuidu Ghôr est tropical; celui des bords de la mer Morte

appartient à un genre strictement éthiopien. Voir H. B.Tristram, Fauna and Flora, p. vi-vih. Les principauxanimaux sauvages de la vallée du Jourdain sont lechacal, le renard, le sanglier, l’ibex (beden), l’hyène, leléopard. Une espèce de léopard, le guépard (felis jubata),se trouve sur les hauteurs; il est apprivoisé par les indigènes qui habitent la partie orientale du Jourdain,leur sert, comme dans l’Inde, à chasser la gazelle. Contrairement à ce que dit M. Tristram, qui n’avait pas puconstater cet usage, Natural History of the Bible, 1889,p. 114, un Père jésuite missionnaire dans le pays, leP. Merle, nous a raconté en Syrie (en mai 1899) que lachasse à la gazelle au moyen du guépard est communedans le Hauran, où il en a été témoin. — La panthère se

305. — Le pont de bois moderne. D’après une photographie du P. Séjourné. «st équatorial et [peut-être le plus chaud qu’il y ait aumonde, à cause de la dépression de ce bassin, enfermé àl’est et à l’ouest par de hautes montagnes. En janvier etfévrier, la température du Ghôr est tempérée, chaude lejour et fraîche la nuit où elle peut descendre à cinq degrés au-dessus de zéro, mais en été, elle devient excessive et presque meurtrière. Le P. Séjourné, 0. P., a eu leIl mai 1885, à Ain es-Sûltan, 46° à l’ombre. Le soir à8 heures, la nuit étant déjà tombée, il y avait encore 39°.Le Frère Liévin, Guide de Terre-Sainte, 4e édit., 1897,t. i, p. 56, dit qu’il s'élève jusqu'à 60 degrés. Sur leclimat du Ghôr, voir Survey, Spécial Papers, p. 201.Il résulte de là qu’on trouve dans cette région, spécialement dans les parties les plus basses du Ghôr, unefaune et une flore qui ressemblent à celles de l’Ethiopieet de l’Inde. Voir Tristram, Survey of Western PalesUne, Fauna and Flora, p. vi.

I. FAUNE.

Mammifères.

Parmi les mammifères, sur 118 espèces, on en compte 55 qui sont paléoarctiques, 34 qui sont éthiopiennes, 16 indiennes,

"13 propres au pays. Le lièvre du bassin de la mer Morte,Lepus Judœse, diffère par la conformation du crâne duSièvre européen et du lièvre syrien. VRyrax syriacus

rencontre encore souvent dans les roseaux et les taillisimpénétrables des bords du Jourdain, où elle se tientcachée pendant le jour. La nuit elle va chasser, quelquefois à de grandes distances, et est un véritable fléaupour les Arabes dont elle ravage les troupeaux. Lortet,La Syrie d’aujourd’hui, p. 440. Le P. Séjourné a vu àMadaba la peau d’une panthère que l’on venait de tuer:elle mesurait de l’extrémité du museau au bout de la queue2 m 40. Le lion était assez commun autrefois dans les jungles qui bordent le fleuve. Jer., XLix, 19; l, 44; Zach., xi,3. On l’y trouvait encore au xiie siècle, au témoignage deJean Phocas, Descript. Terrse Sanctse, 23, t. Cxxxiii,col. 952. Il a disparu aujourd’hui de la Palestine. Lessangliers sont encore nombreux dans ces parages. Lortet, La Syrie, p. 466.

Oiseaux.

On en connaît 348 espèces, dont

271 paléoarctiques, 40 éthiopiennes, 7 indiennes et30 propres à la Syrie, parmi lesquelles seize n’ont ététrouvées que dans la vallée du Jourdain et sur les bordsde la mer Morte. Tristram, Fauna, p. viii-X. Les oiseauxchanteurs et surtout les bulbuls, rossignols de la Syrie(Ixos xanthopygius), y abondent. On y voit aussi unsuperbe colibri, le Nectannia osea, vif, léger, orné à la gorge de plumes d’un bleu-vert métallique aux refletsles plus brillants, et de taches rouges aux épaules. Maisil n’est pas propre à la vallée du Jourdain, c’est unoiseau migrateur. L. Lortet, La Syrie, p. 463.

Reptiles.

On compte 91 espèces de reptiles, chélonia

et amphibies en Palestine. Les serpents abondentdans les fourrés du Jourdain. «Ces fourrés recèlentplusieurs animaux peu agréables à rencontrer, surtoutdes vipères (Echis arenicola) fort redoutables… Cesserpents qui, dans d’autres contrées, s’enterrent ordinairementdans les sables arides, étant ici sans cesseexposés à être noyés par les crues subites du Jourdain,ont pris la singulière habitude de s’enrouler aux branchesà une assez grande hauteur, et de se cacher surle tronc des arbres.» Lortet, La Syrie d’aujourd’hui,p. 448. Sur les reptiles de la vallée du Jourdain, voirTristram, Fauna, p. x-xi; F. de Saulcy, Voyage en Terre-Sainte,1865, t. i, p. 202.

Poissons.

L’ichthyologie est la partie de la

faune jordanique qui présente les caractères les plusparticuliers. Voir Tibériade (Lac de); Tristram, Fauna,p, xi-xii. Nous remarquerons seulement ici que lespoissons sont très nombreux dans le Jourdain. Lynch,Narrative, p. 181. N’étant pas péchés par les nomades,ils pullulent. À l’embouchure du Jourdain, on rencontreune multitude de cadavres de poissons, appartenantpresque tous aux différentes espèces de Chromis (fig. 306).

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806. — Chromis nilotica.

C’est un des poissons qui se trouvent en plus grand nombre danstout le bassin du Jourdain. Il est également commun dans leNil. En Egypte, on l’appelle bolti; les pêcheurs de Tibériadel’appellent moucht. — D’après Tristram, Fauna and Flora,pi. xviii. «Ces genres paraissent délicats et sensibles aux atteintesdes eaux salées et bromurées. Dès que ces animauxsont entraînés par les courants, à l’endroit où commencele mélange des nappes douces et des couches saumâtres,ils nagent à la surface, tournent bientôt le ventre enl’air, périssent rapidement et sont rejetés à terre, surle sable et les îlots formés par les arbres entassés pendantles crues du fleuve. Ces poissons morts, qui pourraientse compter par milliers, attirent beaucoup d’oiseauxde proie, de vautours et de corbeaux.» L. Lortet,La Syrie d’aujourd’hui, p. 444. Vivants, ils ont aussi àredouter les oiseaux qui leur font la guerre. «Ils sontpourchassés par des martins-pêcheurs bleus et jaunes,d’une grande richesse de plumage (Alcyon Smyrnensis),qui rasent la surface avec une vitesse sans égale, oubien qui restent perchés sur les branches basses et lesracines des arbres, longtemps immobiles, leurs grosyeux fixés sur les flots. Lorsqu’ils aperçoivent une proie,ils plongent avec la rapidité d’une flèche, et sortent del’eau en tenant toujours un petit poisson entre les fortesmandibules de leur bec conique.» lbid., p. 448. Lesprincipales espèces de poissons sont des silures (Clariasmacracanthus), des barbeaux qui atteignent une assezgrande taille et sont pourvus de longs tentacules dechaque côté du museau; des Capocta, poissons argentésqui ressemblent aux truites de nos montagnes; desCyprinidon Cypris, petite espèce qui n’a que cinq centimètres de longueur, mais dont la hauteur du corps estrelativement considérable, etc. Voir Lortet, La Syrie,p. 448. Depuis quelque temps, les Grecs de Qasrel-Yehûdont commencé à se livrer à la pêche dans le bas Jourdain;ils apportent plusieurs fois par semaine le poissonà Jérusalem, sauf en été, à cause de la chaleur.

II. flore.

La flore de la Palestine comprend troismille espèces de plantes phanérogames appartenantpour la majeure partie aux formes communes de larégion méditerranéenne. La plupart se trouvent danstoute la Terre-Sainte; il y en a cependant qui sont particulièresà la vallée du Jourdain, comme il y en aqui sont propres au Carmel et au Liban. Surl62 espècesqu’on trouve dans l’ouadi SuûeiréK, au sud-ouest

307. — Pommier de Sodome. D’après de Luynes,Voyage d’exploration à la mer Morte, pl. 27.

de la mer Morte, 27 se retrouvent en Europe, 135 sontafricaines. Le papyrus (Cyperus papyrus), qui a disparudepuis longtemps de l’Egypte où l’on en faisait autrefoissi grand usage, abonde dans la vallée du Jourdainet dans les marécages du lac Houléh, limite orientaleaude la de laquelle on ne le rencontre plus. Tristram,Fauna and Flora, p. xiv-xv; Lortet, La Syrie, p. 543. — «On trouve à Jéricho une quantité de plantes à facièsafricain et indien: l’indigo, le myrobalanum (Eleagnusangustifolius), appelé zaqqùm par les Arabes (voirfig. 229, col. 1295), le solanum melongena, le grenadier,l’Asclspias gigantea ou procera (fig. 223, col. 1287),l’oscher des Arabes, qui se rencontre aussi dans laNubie… Les cannes à sucre ne sont jdIus cultivéesaujourd’hui comme autrefois au temps des croisades.L’indigo (Indigofera tinctoria) se rencontre aussi dansun certain nombre de jardins; il sert aux femmes fellahinesà teindre en bleu les vêtements pleins de grâcedont elles se couvrent. Le tabac est planté dans de petit*espaces circulaires, protégés par des enceintes depierres dressées.» Lortet, La Syrxe, p. 463-464. Cesdeux dernières cultures ont été récemment abandonnées.Un arbre commun dans toute la vallée du Jourdain

est le Zizyphus Spina Christi, espèce de Séder, appelépar les Arabes nubk ou dôm; ce dernier nom désignesurtout le fruit (fig. 308). Le Zizyphus a de longuesépines, et l’on croit que c’est avec ses rameaux armés

308. — Zizyphus Spina Chnsti. D’après Lortet,La Syrie d’aujourd’hui, p. 402.

de pointes aiguës que fut tressée la couronne d’épinesde NotreSeigneur (t. ii, col. 1087). Cette sorte de jujubierproduit un petit fruit acidulé, agréable au goût.Les Bédouins forment avec ses branches des haies infranchissablespour garantir leurs campements et aussi leursprovisions de grains. Il peut atteindre une grande hauteur,comme celui de la fontaine de’Ain Dùk près deJéricho qui a disparu depuis 1898. H. B. Tristram, NaturalHistory of the Bible, 1889, p. 428-430. — Le peuplier(Populus euphratica) y devient gigantesque; lestamaris croissent partout en abondance, ainsi que lesacacias de toute espèce, les Agnus casti (espèce de bambou),les câpriers, etc. Les chardons y.atteignent de 3 à5 mètres. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. ii,p. 78. La végétation est tellement vigoureuse sur les rivesdu Jourdain (voir col. 1711) que les tamaris et les roseauxqui les couvrent en cachent presque partout entièrementle cours. Survey, Memoirs, t. iii, p. 169. Cf. Conder,dans Survey, Spécial Papers, 1881, p. 201-202.

XII. Histoire du Jourdain dans l’Écriture. —L’histoire du Jourdain dans l’Écriture est relativementcourte. Les caractères extraordinaires qui le distinguentphysiquement de tous les autres fleuves du monde sontprécisément la cause pour laquelle il ne joue pas dansia vie du peuple de Dieu le même rôle que les autresgrands fleuves, tels que le Nil, l’Euphrate ou le Tigredans l’histoire de l’Egypte, de la Chaldée ou de l’Assyrie.Il n’a pas été un moyen de communication entre lespeuples; il était au contraire un obstacle à leurs rapports,n’ayant jamais été navigable et étant toujoursditticile à franchir; il n’a pas été un élément de civilisationet de progrès dans la vie des nations, n’ayant

jamais pu servir aux échanges et au commerce, aboutissantà une mer qui mérite à plus d’un titre son nomde Morte, car elle ne possède pas un seul port; non seulementaucun navire, mais même la plus petite barque nefend ses ondes, malgré quelques tentatives récentes;si, à l’époque romano-byzantine et pendant les croisades,elle a été sillonnée par quelques bateaux, commenous le voyons sur la partie en mosaïque de Madabaet comme nous l’apprenons par des Chartres des croisés,elle n’a, en aucun temps, servi de route maritime et ellene peut pas même fournir ce que fournissent tous lesautres cours d’eau, du poisson aux habitants de ses rives.Par un phénomène plus singulier encore peut-être etunique dans l’histoire des fleuves, le Jourdain n’a jamaisvu fleurir une seule ville, petite ou grande, sur ses rivages.Césarée de Philippe et Dan se sont élevées à sessources et plusieurs villes ou villages ont animé les bordsdu lac de Géni’sareth, mais le cours supérieur, aussi bienque le cours moyen et le cours inférieur du fleuve, onttoujours été solitaires et sans habitants. Les villes duGhôr, à l’ouest, comme à l’est, Bethsan, Phasæl, Jérichon’étaient point sur ses rives, ni près de ses eaux, maissur des sites plus élevés, au pied des montagnes. Socoth(Sakût) fit peut-être seule exception, étant bâtie sur unesorte de promontoire de la terrasse supérieure qui dominaitla vallée. De nos jours, il y a trois misérablesvillages près du Jourdain entre sa sortie du lac et l’embouchuredu "Yarmouk; un autre petit village vient des’établir près du pont A’el-Medjamiéh, et c’est tout. Dece point à la mer Morte, la solitude est complète.Ed. Robinson, Geography, p. 150. (Les Septante et laVulgate, Jud., xi, 26, parlent des villes qui étaient «près du Jourdain», mais le texte hébreu porte avecraison; «près de l’Arnon.» )

La Providence n’avait pas créé le Jourdain pour servirde trait d’union aux hommes, mais pour séparer lesmonothéistes des païens, pour être la frontière de sonpeuple; aussi est-ce surtout à ce titre qu’il est mentionnédans les Livres Saints. Gen., l, 10; Num., xiii,29(30); xxxii, 5; xxxiv, 12; Deut., n. 29; iv, 21; Jos., iii,1-17; iv, 1-23; xiii, 1-27; I Reg., xiii, 7; II Reg., ii, 29;Is., ix, 1; Judith, i, 9; Ezech., xlvii, 18; Matth., iv, 15,25; xix, 1; Marc, iii, 8; x, 1; Joa., i, 28; iii, 26; x,40, etc. Quoique les tribus de Ruben et de Gad et lademi-tribu de Manassé habitassent à l’est du Jourdain,le fleuve formait pour le gros de la nation une barrièrepuissante, qui le mettait à l’abri de tout contact dangereux,comme les déserts de sa frontière méridionale,ses montagnes au nord et la Méditerranée à l’ouest. LaTerre-Sainte était ainsi, selon l’expression du’prophète, «une vigne entourée d’une haie,» Is., v, 2, à l’abri desdéprédations, où Dieu pouvait conserver en sécurité laplante précieuse du monothéisme en attendant le jour oùil pourrait la transplanter et la faire croître dans l’universentier. Voir Manuel biblique, 11e édit., t. i, n° 345, p.661667. Aussi le Jourdain était-il cher aux Hébreux et unPsalmiste, éloigné de sa patrie, la nomme avec tendresse: «la terre du Jourdain.» Ps. xlii (xli), 7.

I. HISTOIRE DU JOURDAIN DANS L’ANCIEN TESTAMENT.—

1° La première fois que le Jourdain est nommé dansl’Ancien Testament, c’est à l’époque de la séparationd’Abraham et de Lot. Le neveu d’Abraham, des hauteurssituées entre Béthel et Haï, admira toute la Kikkar(voir col. 1712), ou plaine du Jourdain, qui était partoutbien arrosée avant que Jéhovah eût détruit Sodome et Gomorrhe, «semblable au jardin de Jéhovah,» Gen., xiii, 10,et il alla s’y établir, ꝟ. 11. La fertilité du pays y avaitattiré depuis longtemps les Chananéens, Gen., x, 19; elle yattira aussi alors par sa richesse le roi d’Élam, Chodorlahom*or,et ses alliés, Gen., xiv, 10; ils la pillèrent etLot ne leur échappa que grâce à la vaillance d’Abrahamqui le délivra à Dan, probablement près de la secondesource du Jourdain. Gen., xiv, 14-15 (voir col. 1715). Quel

que temps après, la catastrophe qui engloutissait Sodomeet Gomorrhe faisait disparaître cette partie si fertile etsi riche de la Kikkar. Gen., xix, 24-25. VoirMoRTE (Mer).

2° Jacob traversa le Jourdain pour se rendre en Mésopotamieet il le rappelle dans une prière qu’il adresseà Dieu. Gen., xxxii, 10. Le gué par lequel il passa n’estpas indiqué; nous savons seulement qu’il avait pris laroute de Béthel. Gen., xxviii, 19. On peut supposerqu’il prit le gué voisin de l’embouchure du Jaboc, dansles environs de Damiéh (col. 1724), comme il le fit probablementà son retour. Cf. Gen., xxxii, 22.

3° Sur le point d’aller conquérir la Terra Promise àl’ouest du Jourdain, les tribus de Buben et de Gaddemandèrent à Moïse de les autoriser à ne.pas franchirle fleuve avec leurs familles, mais à s’établir sur sarive gauche, et il y consentit, à la condition néanmoinsqu’elles aideraient leurs frères à s’emparer du pays deChanaan. Num., xxxii, 5-32.

4° Il fut accordé à Moïse de voir la Terre de promission,mais non de passer le Jourdain. Deut., iii, 25-27;iv, 21; xxxi, 2.

5° Le passage du fleuve était l’obstacle le plus graveà la conquête de la Palestine par les Hébreux (col. 1734),aussi en est-il souvent question dans le Deutéronome,iv, 26; ix, 1; xi, 31; xii, 10; xxvii, 2-4; xxx, 18; xxxi,13; xxxii, 47, et il fallut un grand miracle pour queJosué pût franchir cette barrière naturelle. C’est l’événementle plus important de l’histoire du Jourdain pendantla période de l’Ancien Testament. À cause de laroute que Moïse avait fait suivre à son peuple pour serendre dans la terre de Chanaan, il n’y avait aucuneautre voie pour y pénétrer que celle du fleuve. LesIsraélites ne pouvaient ignorer combien le passage enserait difficile et ils en étaient nécessairement préoccupés;ce qui explique pourquoi, dans ses discours duDeutéronome, Moïse leur donne si souvent l’assurancequ’ils «traverseront le Jourdain». Ils campèrent longtempsauprès du fleuve, dans la plaine de Sétim, avantde rien entreprendre. Enfin, le moment venu, Dieucommanda à Josué de «passer le Jourdain». Jos., i, 2,et il excita leur courage en assurant à Josué que «personnene pourrait lui résister». Jos., i, 3. Le successeurde Moise donna donc ses ordres aux chefs dupeuple: «Dans trois jours, vous passerez le Jourdain.» Jos., i, 11. Aucune époque ne pouvait être plus défavorable,puisque c’était celle de la crue du fleuve (col. 1733).Jos., iii, 15. Si quelques hommes robustes pouvaientréussir alors à le traverser, comme les espions envoyés àJéricho par Josué, ii, 23, le passage était tout à fait impossiblepour une multitude encombrée de femmes,d’enfants et de troupeaux. Les habitants de Jérichodevaient le considérer naturellement comme impraticable,car autrement, après avoir envoyé, comme ilsl’avaient fait, des émissaires au gué du Jourdain poursaisir les espions hébreux, Jos., ii, 7, ils auraient occupéfortement ce gué et forcé Israël à rester sur l’autre rive;mais rassurés par l’état actuel du fleuve, ils ne prirentaucune précaution. Josué dit alors au peuple ces parolesremarquables, qui attestent que le miracle qui va s’accomplirest la marque de la mission que Dieu lui a confiée, lagarantie de la protection efficace que le Seigneur accordeà son peuple et de la conquête de la terre qu’il leur apromise: «Josué dit aux enfants d’Israël: Approchez etécoutez les paroles de Jéhovah, votre Dieu. Et Josué dit:C’est à ceci que vous reconnaîtrez que le Dieu vivant estau. milieu de vous et qu’il chassera certainement devantvous les Chananéens, les Héthéens, les Hévéens, les Phérézéens,les Gergéséens, les Amorrhéens et les Jébuséens.» La solennité de ce langage montre que l’historiensacré est tout pénétré de la grandeur du miraclequ’il va raconter, et qu’il rapporte ces paroles, parce quel’importance du but à obtenir est la raison et l’explicationdu prodige. Josué continue ainsi son discours: «Voici l’arche de l’alliance. Le maître de toute la terreva passer devant vous dans le Jourdain. Et maintenantprenez douze hommes parmi les tribus d’Israël, un dechaque tribu. Et lorsque les prêtres qui portent l’archede Jéhovah, le maître de toute la terre, poseront laplante des pieds dans les eaux du Jourdain, les eauxdu Jourdain seront coupées et les eaux qui descendentd’en haut s’arrêteront en un monceau.» Jos., iii, 9-13.Et le miracle s’accomplit comme Josué l’avait annoncé.Un monument, érigé à Galgala (col. 84) et formé de douzepierres prises du milieu du lit du fleuve, conservapour les générations futures le souvenir de cet événementmémorable. Jos., iv, 1-8, 20-24. Douze autrespierres furent également dressées au milieu du Jourdainet marquèrent l’endroit du passage. Jos., IV, 9. Aujourd’hui,on ne peut déterminer le point précis où ils’opéra. Tout ce que nous savons, c’est que le passageest bien vis-à-vis de Jéricho.

Le dessèchement du lit du Jourdain sous Josué nenous est connu que par l’Écriture, mais l’histoire profaneenregistre un fait extraordinaire analogue, quoiquenaturel, qui eut lieu sous le règne de Bibars. L’histoirede ce sultan rapporte qu’en 1257, pendant qu’on réparait.le pont appelé Djisr Damiéh (col. 1724), il se produisitdans une partie étroite de la vallée, à quelques kilomètresau-dessus de ce pont, un éboulement si considérablequ’il barra le cours du fleuve, de telle sorte que,pendant plusieurs heures, son lit fut à sec depuis cepoint jusqu’à la mer Morte. Voir Smith, Diclionary ofthe Bible, 2e édit., 1893, t. i, part, ii, p. 1787-1790. Lamanière dont est raconté le miracle dans le livre de Josuéexclut une explication de ce genre, mais on peutobserver que, si Dieu s’était servi d’un moyen analoguepour ouvrir à son peuple l’accès de la Terre Promise, lepassage n’en aurait pas moins été miraculeux, parceque la Providence se serait servie d’un mojen naturelpour exécuter ses desseins au moment précis qu’ilavait annoncé à Josué et à Israël.

6° À partir de Josué, le Jourdain n’apparaît plusqu’épisodiquement dans l’histoire du peuple d’Israël.Du temps des Juges, Aod, après avoir tué Églon, roi deMoab, occupa les gués du fleuve au-dessus de la merMorte et fit périr ainsi, avec l’aide des Israélites quis’étaient rendus à son appelles Moabites qui voulurentquitter la rive droite du Jourdain pour se réfugier dansleur pays. Jud., tu, 28-29.

7° Débora, dans son cantique, nous apprend que lestribus transjordaniques, pendant l’oppression des tribusdu nord par les Chananéens, restèrent tranquilles aude la du fleuve qui leur servait d’abri, sans porter secoursà leurs frères. Jud., v, 17.

8° Du temps de Gédéon, les Madianites, les Amaléciteset d’autres Bédouins traversèrent le Jourdain auxgués de Bethsan (col. 1735) pour aller ravager la Palestineet campèrent dans la vallée de Jezræl. Jud., vi, 33.C’était la route quils suivaient depuis sept ans pourporter de là leurs ravages jusqu’à Gaza. Jud., vi, 1, 4.Gédéon les battit dans leur camp (col. 148), et, pourcompléter leur défaite, il fit occuper les gués du Jourdain,afin d’empêcher les vaincus de lui échapper. Jud.,vu, 24. Voir Bethbéra, t. i, col. 1667. Ces gués devaientêtre ceux de Bethsan et du voisinage. Gédéon traversalui-même le fleuve à la poursuite des ennemis, Jud.,vin, 4, et il ne revint qu’après les avoir atteints et misà mort leurs chefs Zébée et Salmana.

9° Quelque temps après, à l’époque de Jephté, lesAmmonites, pendant qu’ils tenaient sous le joug le paysde Galaad, passèrent le Jourdain pour piller les habitantsde Juda, de Benjamin et de la tribu d’Éphraim,Jud., x, 8-9, Jephté ayant battu les enfants d’Ammon, lesÉphraïmites se plaignirent de n’avoir pas été appelés àprendre part à la guerre. La querelle s’envenima, et onen vint aux mains; les Éphraïmites furent vaincus et s’en»

fuirent du côté des gués du Jourdain, probablement ducôté deDamiéh (col. 1724), pour rentrer dans leur territoire.Mais arrivés aux gués qui étaient occupés par les€alaadites, leur mauvaise prononciation de la lettreschin les trahissait; ils prononçaient sibboleth au lieude schibboleth et étaient impitoyablement massacrés surplace. Jud., xii, 4-6. Voir Éphràïm 2, t. ii, col. 1877.

10° Au commencement du règne de Saul, des Israélitesavaient passé le Jourdain pour se réfugier dans le paysdeGad et échapper aux exactions des Philistins. I Reg.,zxiii, 7. Voir aussi, xxxi, 7.

11° C’est probablement pendant les dernières années deSaûl, que les Gadites qui s’unirent à David pendant qu’ilétait persécuté par le roi d’Israël, avaient accompli unexploit difficile en traversant le Jourdain au momentmême de la crue et en.razziant les habitants des deuxcôtés du fleuve. I Par., XII, 15.

12° Pendant les premières années du règne de David,lorsqu’il était à Hébron, le général de l’armée d’Isboseth,Abner, après son échec de Gabaon, t. i, col. 20, passale Jourdain pour aller se réfugier à Mahanaim (voir cemot). II Reg., ii, 29. Voir Béthoron 2, t. i, col. 1705.13° David lui-même le passa une première fois pourallerbattre les Syriens à Hélam. II Reg., x, 17; I Par.,xix, 17. — Il le passa une seconde fois dans une circonstancedouloureuse, probablement par un des gués de laplaine de Jéricho, avec tous ceux qui lui étaient restésfidèles, lors de la révolte de son fils Absalom. II Reg.,XVH, 22. Absalom le passa aussi peu après, >. 24. Quandcelui-ci eut été tué et son parti dissous par suite de samort, David repassa le Jourdain vis-à-vis de Galgala, oùles hommes de Juda étaient venus à sa rencontre.II Reg., xix, 15. Plusieurs Benjamites traversèrentmême le fleuve pour aller sur la rive gauche se /airepardonner l’infidélité qu’ils avaient à se reprocherenvers le roi. II Reg., xix, 17; III Reg., ii, 8. Afin defaciliter le passage de la maison de David, on se servitd’un radeau ou d’un bac (hâ-âbârâh Septante: Sidêamç)sur lequel on la transporta. C’est l’unique exemplementionné dans l’Écriture, II Sam. (Reg.), xix, 17 (hébreu),d’un passage du Jourdain opéré de cette manière,(La Vulgate a traduit ce passage d’une façon vagueet sans précision.) Josèphe, Ant. jiirf., VII, xi, 2, a renduhâ-’âbarâh par yitfvpo!, «pont,» ce qui n’est pasadmissible, car, en supposant même, par une hypothèseinvraisemblable, qu’on eût conçu l’idée de construire unpont, on n’aurait pas eu le temps de l’exécuter avantl’arrivée de David sur le bord du fleuve. Ce qu’on peutaccepter dans le Técit de Josèphe, c’est que les gens deJuda et de Benjamin préparèrent, non le pont, maisle radeau ou le bac pour laire leur cour au roi. Cetteexplication convient parfaitement au texte sacré.

14° Avant la fin du règne de David, Joab et ceux quil’accompagnaient passèrent le Jourdain pour aller fairele dénombrement, prescrit par le rôi, des tribus transjordaniques.II Reg., xxiv, 5.

15° Ce lut dans le Ghôr, près des rives du Jourdain,entre Sochoth et Sarthan (voir ces noms), que l’architectedu Temple, Hiram, fit fondre les deux colonnesBooz et Jachin, et les vases d’airain destinés au servicedu sanctuaire. Cet endroit fut choisi, parce que laterre argileuse de la vallée convenait parfaitement pourla fabrication des moules destinés à recevoir le métalfondu. III Reg., vil, 41-46; II Par., iv, 11-17. Voir col. 46.16° Le Jourdain, depuis Salomon, n’est plus mentionnédans l’histoire sainte qu’à l’époque du prophète Élie. Aucommencement de la grande famine qui désola Israëlpendant tro’s ans, Dieu l’avait envoyé se cacher dans letorrent de Carith, «qui est en face du Jourdain.» IIIReg., XVII, 3, 5. Il devait aussi être enlevé de la terredans le voisinage de ce fleuve, après l’avoir passé miraculeusem*ntavec son disciple Elisée. IV Reg., II, 6, 8. Cet.événement eut lieu vis-à-vis de Jéricho. IV Reg., ii, 4-5.

17° Le Jourdain fut également le théâtre de plusieursmiracles d’Elisée. Après l’enlèvement d’Élie, il repassale fleuve en frappant, à son exemple, les eaux avec lemanteau que son maître avait laissé tomber. IV Reg.,n, 13-14. — Plus tard, il guérit de la lèpre Naaman,chef de l’armée du roi de Syrie, en le faisant baignersept fois dans les eaux du Jourdain. IV Reg., v, 10, 14.Le Syrien avait dû se rendre à Samarie par un desgués de Bethsan ou par celui qui est voisin du Djisrel-Mudjemiéh, et c’est là peut-être qu’il alla aussi se baigner(voir Naaman). — L’Écriture mentionne un autremiracle opéré par Elisée dans le Jourdain, mais sansdonner aucune indication de la partie du fleuve où ils’accomplit. Un des fils des prophètes, pendant qu’ilcoupait du bois pour construire des cabanes dans lavallée, laissa tomber dans l’eau une hache qu’il avaitempruntée. Le prophète la fil surnager, de sorte quecelui qui l’avait perdue la recouvra de cette manière.IV Reg., vi, 1-7.

18° Ce prodige fut suivi de la défaite des Syriens duBénadad qui, ayant été saisis d’une terreur paniquecomme l’avait prédit Elisée, s’enfuirent précipitammentvers les gués du Jourdain pour rentrer dans leur pays.IV Reg., vii, 15. C’est dans le voisinage de l’embouchuredu Yarmouk qu’ils durent chercher à traverser le fleuve.19° Le successeur de Bénadad, Hazæl, se renditmaître de toute la partie du royaume d’Israël située àl’est du Jourdain. IV Reg., x, 33.

20° L’Ancien Testament parle pour la dernière fois dupassage du Jourdain à l’époque des Machabées. Judaset son frère Jonathas franchirent le fleuve pour allerdans le pays de Galaad et pour en revenir. I Mach., v,24, 52. Au retour, le texte dit expressément qu’ils passèrentpar un des gués de Bethsan. Après la mort deJudas, son frère Jonathas, lui ayant succédé, envoya unautre de ses frères, Jean, au delà du Jourdain chez lesNabuthéens afin de leur confier ce qu’il avait de précieux,mais Jean tomba sous les coups d’une bande depillards à Madaba. Voir Jean Gaddis, col. 1153. Jonathasvengea sa mort en allant surprendre les fils deZambri (col. 1115) au moment où ils célébraient unmariage; il se retira ensuite sur les bords du Jourdain.I Mach., ix, 35-42. Le général syrien Bacchide (t. i,col. 1373), qui était alors avec son armée à l’est dufleuve, vint l’y attaquer un jour de sabbat. La positionétait critique. Jonathas dit à ses compagnons: «Levons-nousmaintenant et combattons pour notre vie; car iln’en est pas aujourd’hui comme les jours précédents.Voilà que la guerre est devant nous et derrière nous;nous avons d’un côté l’eau du Jourdain, de l’autre desmarais et des bois, et il n’y a pas d’issue par où nouspuissions nous échapper. Maintenant donc, criez auciel, afin que nous soyons sauvés des mains de nosennemis. Et la bataille s’engagea. Et Jonathas étenditla main pour frapper Bacchide, mais celui-ci l’évita etse retira en arrière. Alors Jonathas et ses compagnonsse jetèrent dans le Jourdain et ils le passèrent à la nageet leurs ennemis ne passèrent pas le Jourdain aprèseux. En ce jour-là, Bacchide perdit environ millehommes.» I Mach., ix, 44-49. Le fleuve, en empêchantles Syriens de poursuivre les Juifs, préserva ces derniersd’être accablés par le nombre. C’est par le récitde cet exploit d’une poignée de braves que se clôt l’histoiredu Jourdain dans l’Ancien Testament.

II. HISTOIRE DU JOURDAIN DANS LE NOUVEAU TESTA-MENT.— 1° Le Jourdain doit sa plus grande célébrité aubaptême que Notre-Seigneur daigna y recevoir de lamain de son Précurseur. Saint Jean-Baptiste (col. 1156)prêchait la pénitence en conférant le baptême «etJérusalem et toute la Judée et toute la région (icâra t71ep£; c>poç) autour du Jourdain allaient à lui» pour sefaire baptiser. Matth., iii, 5-6; Marc, i, 5; Joa., i, 28.Jésus lui-même s’y rendit; le Précurseur lui conféra le :

baptême, sur la rire gauche du fleuve, Joa.. iii, 28, ets aussitôt les deux s’ouvrirent et [Jean] vit l’Esprit deDieu descendant sur [Jésus] sous la forme d’une colombe.Et une voix du ciel dit: Celui-ci est mon fils bien-aimé,en qui j’ai mis ma complaisance». Matth., iii, 16-17. Cefut la révélation de la mission messianique de Jésus.En mémoire de ce grand événement, de nombreusestroupes de pèlerins vont tous les ans se baigner dansles eaux du fleuve sanctifié par le baptême du fils deDieu. — Malheureusem*nt l’endroit précis où se passacette scène divine n’est pas certain. Les synoptiquesne l’indiquent que d’une manière générale. «Jean baptisadans le désert,» dit saint Marc, i, 4; «dans ledésert de Judée,» dit saint Matthieu, iii, 1; «danstoute la région du Jourdain, x dit saint Luc, iii, 3. Lesexpressions des deux premiers peuvent s’appliquer àtoute la vallée méridionale du Jourdain; celles du troisièmesont plus étendues encore. Saint Jean, I, 28, détermine,il est vrai, le lieu où se trouvait Jean-Baptistelorsqu’il reçut les envoyés du sanhédrin. «Leschoses se passèrent à Béthanie (ou Bethabara, commeportent certains manuscrits), au delà du Jourdain, oùJean baptisait,» dit l’Évangéliste; mais la situation decette Béthanie est elle-même un sujet de controverse.Voir Béthanie 2, t. i, col. 1661. De plus, le Précurseurne baptisait pas toujours au même lieu. C’est ainsi qu’iladministrait son baptême a Ennon, près de Salira, quandil rendit un dernier témoignage au Messie. Joa., iii,23. Voir Ennon, t, ii, col. 1809. (On se faisait baptiserpar dévotion à Ennon du temps de sainte Silvie, SilvixPeregrinatio, édit. Gamurrini, in-4°, Rome, 1887, p.5960.) — D’après la tradition, le baptême du Sauveur auraiteu lieu dans la dernière partie du cours du Jourdain,vis-à-vis de Jéricho; mais il est possible qu’elleait fixé la scène sacrée dans ces parages pour la commoditédes pèlerins qui, par esprit de piété, voulaientaller se baigner dans le fleuve, parce que c’est là que leJourdain est le’plus accessible. Des sanctuaires, aujourd’huiruinés, avaient été bâtis là dés les premiers sièclesde l’Église. Les fidèles commencèrent en effet de bonneheure à aller se baigner par dévotion dans l’eau duJourdain en souvenir du baptême de Notre-Seigneur.Antonin de Plaisance, Itiner., 14, t, lxxii, col. 903-904,raconte que, de son temps (vie siècle), une foule infinie(populus mfinitus) se rendait sur les bords du fleuve laveille de l’Epiphanie et se plongeait dans l’eau le lendemaindès le point du jour. Il raconte qu’il y avait unecroix de bois au milieu du fleuve et que les deux rivesétaient recouvertes de marbre. Chacun y entrait revêtud’un linceul (induti sindones) qu’il conservait ensuitepour servir à sa sépulture. Arculphe et Adamnandonnent des détails analogues. Adamnan, De locis sanctis,il, 16, t. lxxxviii, col. 800. Au vie siècle, Grégoirede Tours, De glor. martyr., 17, t. lxxi, col. 721, racontaitque les lépreux s’y rendaient pour se guérir.D’après les renseignements fournis par les pèlerins^Wilhbaldi vita, 12, Acta Sanctorum, julii t. ii, p. 5C6,l’endroit désigné était dans le voisinage du monastèrede Saint-Jean-Baptiste.

Les ruines de ce monastère subsistent encore (voir 1. 1,col. 1649). Elles sont appelées par les Arabes Qasr el-Yehûd,a château des Juifs,» et par les chrétiens DeirMârHanna, m couvent de Saint-Jean.» Plusieurs anciens pèlerinsont cru qu’il avait été bâti à l’endroit même où Jeanbaptisait; mais il est plus probable qu’il l’avait été àquelque distance, les bords immédiats du Jourdain étantimpropres à porter une construction solide. V. Guérin,Samarie, t. i, p. 111-114. L’endroit du fleuve visité parles pèlerins a lui-même changé par la suite des temps. «Au XVIe siècle, dit M. Guérin, ioid., p. 114, les pèlerinsallaient se baigner dans le Jourdain à l’est-nord-estdu Qasr el-Yehûdi, et probablement au gué actuellementconnu sous le nom de Makkadet el-Ghoranyéh; aujourd’hui, au contraire, ils sont conduits au sud-sud-estde ces mêmes ruines, au Maqqadet el-Hadjla ou el-Meschra.Ce gué pourrait bien être effectivement leBethabara où Jean baptisait, et, par conséquent, il seraitpermis de penser que ce serait là que Notre-Seigneuraurait lui-même reçu le baptême des mainsde son saint précurseur… Si, depuis, les pèlerins latinsne vont plus se baigner au gué appelé Makkadet el-Ghoranyéh,c’est que leur itinéraire est, en général,combiné avec une excursion au bord de la mer Morte,et que, pour ne pas trop allonger leur course, leursguides les mènent de préférence à un endroit du Jourdainmoins éloigné de la mer Morte.» Les plus ancienstémoignages placent le lieu du baptême vis-à-visde la Jéricho romaine, en face de Qasr el-Yehûdi queles Grecs appellent Saint-Jean IIp<SSpo[io «. Le Pèlerin deBordeaux, en 333, Itiner., Patr. lat., t. viii, col. 792,le marque sur la rive orientale, à cinq milles au-dessus,de la mer Morte, près de la colline d’où Elisée avait étéenlevé. Saint Jérôme, Peregrin. sanct<e Paulæ, Epist.cw/, 12, t. xxii, col. 888, paraît indiquer le même site etsuppose que c’est là que les Hébreux avaient passé leJourdain sous Josué, et que l’avaient aussi passé plustard Élie et Elisée. La tradition est la même dans Antoninde Plaisance, 9, t. lxxii, col. 902; Arculphe, ii, 16,t. lxxxviii, col. 800. — On peut voir la description dupèlerinage dans Montague, Narrative of the expéditionto the Bead Sea, 1849, p. 169-177; Stanley, Sinai andPalestine, 1877, p. 314-316; G. Ebers et H. Guthe,Palastma in Bild und Wort, 2 in-4°, Stuttgart, 1883,t.i. p. 177-180; J. Fahrngruber, Nach Jérusalem, in’-12,Wurzbourg (sans date), p. 298-299.

Le Jourdain figure souvent dans les premières œuvrerde l’art chrétien, à cause du baptême qu y reçut Notre-Seigneur,sur les sarcophages, dans les verres à fondd’or, dans les mosaïques. La mosaïque du baptistère deSaint-Jean in fonte, à Ravenne, qui date de 425 à 430, lereprésente (fig. 309) à demi plongé dans ses propres309. — Le Jourdain figuré dans le baptême du Christ.D’après Garrucci, Storia deW arte cristiana, pl. 227, fig. 1*

ondes avec un sceptre de roseau à la main et contemplantle baptême du Sauveur. Son nom Jordann est écrit au-dessusde sa tête. Voir J. Ciampini, Vêlera Monumenta,2 in-f", Rome, 1690, 1. 1, pl. lxx, et p. 235. D’autres lois,il est figuré tenant à la main une urne dont il fait coulerles eaux. L’art chrétien emprunta ainsi à l’art païensa manière de représenter les fleuves, Voir W. Smith et

t. Cheetham, Dictionary of Christian antiquities, t. i,1875, p. 890; Kirsch, dans Kraus, Real-Encyklopadie,t. ii, p. 832; J. Strzygowski, Ikonographie der TaafeChristi, Munich, 1885; H. Detzel, Christliche Ikonographie,2 in-8°, Fribourg-en Brisgau, 1894-1896, t. i,p. 242-255.

2° Notre-Seigneur traversa plusieurs fois le Jourdainpendant sa vie publique, puisqu’il alla de la Galilée àJérusalem par la Pérée, Matth., xix, 1; Marc, x, 1, etqu’il se trouvait à l’est du fleuve à l’époque de la mortde Lazare, Joa., x, 40, mais les Évangiles ne mentionnentpas explicitement ces passages. Il est probable,néanmoins, que c’est par les gués de Bethsan que Jésusallait dans la Pérée et que c’est par les gués situés visà-visde Jéricho qu’il se rendait dans la capitale dela Judée et à Béthanie. F. "ViGOUROUX.

JOYAU. Voir Bijou, t. ii, col. 1794.t

    1. JOZABAD##

JOZABAD (hébreu: Yehôzâbdd, et par contractionYôzâbâd, «Jéhovah a donné s), nom de dix Israélites.La Vulgate appelle sept d’entre eux Jozabad et les troisautres Jozabed.

1. JOZABAD (hébreu: Yehôzâbdd; Septante; ’IsÇsêoùO,IV Reg., xii, 21; ’IwÇaêéS, II Par., xxiv, 26), fils d’unefemme moabite appelée Somer. Avec Josachar, qui étaitcomme lui serviteur du roi de Juda Joas, il assassinason maître et fut mis à mort par Amasias, fils et successeurde Joas. IV Reg., xii, 21; II Par., xxiv, 26. VoirJosachar, col. 1647.

JOZABAD (hébreu: Yôzâbâd; Septante: ’lutun des chefs de Manassé qui alla rejoindre David àSiceleg. I Par., xii, 20.

3. JOZABAD (hébreu: Yôzâbâd; Septante: ’Wa6a(6),autre chef de Manassé qui, avec le précédent, se rendità Siceleg auprès de David et l’aida à poursuivre et àbattre les Amalécites. I Par., xii, 20-21.

4. JOZABAD (hébreu: Yehôzâbdd; Septante: ’IwÇaêâô),lévite de la famille de Coré, second fils d’Obédédom,qui vivait du temps de David. Il fut un des portierschargés de la garde de la porte méridionale du Templeet du Beth Asuppim. (Voir Asuppim, t. i, col. 1197.)I Par., xxvi, 4; cf. ꝟ. 15.

5. JOZABAD (hébreu: Yehôzâbdd; Septante: ’IwÇaêdiS), de la tribu de Benjamin. Il fut un des générauxde l’armée de Josaphat, roi de Juda; il avait sousses ordres 180, 000 hommes. II Par., xvii, 18. Cf.Johanan 8, col. 1592.

6. JOZABAD (hébreu: Yôzâbâd; Septante: ’ItoÇaêdcS),lévite qui vivait du temps d’Ezéchias, roi de Juda. Ilétait chargé avec quelques autres de veiller, sous ladirection de Chonénias et de Séméi, sur les offrandesqui étaient faites au Temple. II Par., xxxi, 13.

7. JOZABAD (hébreu: Yôzâbâd; Septante: ’IwÇaêàS),un des chefs des lévites. Il fit des offrandes avec d’autresmembres de sa tribu pour la célébration de la Pâquesolennelle qui eut lieu sous Josias, roi de Juda. II Par.,Xxxv, 9.

    1. JOZABED##


JOZABED, nom, dans le Vulgate, de trois lévitesqui, dans le texte original, sont appelés Yôzâbâd, commeles précédents. Voir Jozabad.

1. JOZABED (hébreu: Yôzâbâd; Septante: ’IwîaêâS),lévite, fils de Josué. Il aida Esdras et Mérémoth, avecquelques autres lévites, à compter et à peser l’or et

l’argent et les vases précieux du Temple qui avaientété rapportés de la captivité de Babylone. I Esd., viii,33-34.

2. JOZABED (hébreu: Yôzâbâd; Septante: ’IioÇotgâS),prêtre, de la famille de Pheshur. Il avait épousé unefemme étrangère et Esdras l’obligea de la quitter. I Esd.,x, 22.,

3. JOZABED (hébreu: Yôzâbâd; Septante: ’IwÇaéâS),lévite qui, du temps d’Esdras, avait épousé une femmeétrangère et dut la répudier. I Esd., x, 23. Ce lévite estprobablement le même que celui qui est nommé deuxfois dans Néhémie, comme ayant aidé Esdras à expliquerla loi au peuple, II Esd., viii, 7, et comme étantun des chefs chargés de surveiller les travaux extérieursde la maison de Dieu. II Esd., xi, 16.

    1. JOZACHAR##

JOZACHAR (hébreu: Yôzâkâr; Septante: ’Is^ipxtép),nom, dans IV Reg., xii, 21 (hébreu 22), d’un des assassinsdu roi Joas, qui est appelé Zabad dans II Par., xxiv,26. Son nom s’écrit aussi Josachard. Voir Josachar, col.1647.

    1. JUBAL##

JUBAL (hébreu: Yûbâl; Septante: ’Iou6xX), fils deLamech et d’Ada, inventeur des instruments de musiqueappelés en hébreu kinnôr et’ûgâb (Vulgate:cithara et organum), c’est-à-dire, probablement, d’uninstrument primitif à cordes (kinnôr) et d’un instrumentà vent, sorte de flûte rudimentaire (’ugâb), commeen fabriquent les bergers avec des roseaux. Voir Harpe,col. 434, et Flûte, t. ii, col. 2291. Jubal menait la viepastorale avec son frère Jabel, Gen., iv, 20-21; or detout temps et en tout lieu, les bergers ont aimé à fabriquerde grossiers instruments de musique et à enjouer. Les Grecs attribuaient aussi à deux gardiens detroupeaux, à Apollon et à Pan, l’invention de la lyre etde la ilûte. Pline, H. N., vii, 57, 13. Le nom de Jubal,Yûbâl, rappelle le mot hébreu yôbal, qui signifiebélier et la trompette qu’on fabriquait avec la corne du.bélier.

    1. JUBILAIRE##

JUBILAIRE (ANNÉE) (hébreu: Sénat yôbêl; Septante:ïttti àyiaswç, afsdiç; Vulgate: annus jubilsei,jubilmus), chaque cinquantième année, dont le débutétait annoncé au son du yôbêl. Voir Jubilé.

I. Sa fixation.

1° Le Lévitique, xxv, 8-10, portaitla loi suivante: les Israélites devaient compter sept semainesd’années, soit quarante-neuf ans, puis sanctifierla cinquantième année, en s’abstenant de semer, demoissonner et de vendanger, abstention déjà prescritepour les années sabbatiques. Voir Sabbatique (Année).Quelques-uns ont pensé cependant que l’année jubilairen’était autre que l’année sabbatique de la septième semained’années, c’est-à-dire la quarante-neuvième.Mais la manière dont s’exprime le Lévitique est lamême que celle qu’emploie le Deutéronome, xvi, 9,pour fixer la Pentecôte immédiatement après les septsemaines qui commencent à la Pâque, par conséquentau cinquantième jour. D’autre part, si l’année jubilairese confondait avec la quarante-neuvième année, qui estune année sabbatique, il n’y aurait pas lieu de prohiberspécialement la culture et la récolte, puisque l’annéesabbatique comportait déjà cette prohibition. Josèphe rAnt. jud., III, xiii, 3, dit positivement que l’année jubilaireétait la cinquantième. C’est à cet avis que serangent à peu près tous les auteurs. — 2° On a objectéque, cette fixation adoptée, on se heurtait à deux annéesconsécutives sans semailles et sans récolte, l’annéesabbatique et l’année jubilaire. Mais ce repos de laterre n’avait pas d’inconvénient sérieux dans un paysaussi fertile que la Palestine. Il va de soi d’ailleursqu’on ménageait des réserves sur les récoltes précé

dentés en vue de ces deux années improductives, ouqu’on achetait dans les pays voisins ce qui pouvaitmanquer dans celui des Israélites. Il faut se souveniraussi que le Seigneur avait promis de bénir la sixièmeannée, de manière qu’elle donnât des récoltes pour troisans. Lev., xxv, 21. L’année jubilaire était donc prévue,et rien ne devait manquer jusqu’à la récolte qui suivaitcette année. Nulle part nous ne voyons trace d’uneplainte des Israélites à ce sujet. —3° Quelques auteursjuifs ont prétendu que les semaines d’années se succédaientsans interruption, de telle sorte que l’annéejubilaire tombait successivement à chacune des annéesdu cycle sabbatique. Aucune donnée historique ne permetsoit de soutenir, soit de combattre péremptoirementcette idée. En s’en tenant au texte de la loi, laplupart des auteurs pensent que les années jubilairesrestaient en dehors du cycle sabbatique et qu’ainsichaque demi-siècle se terminait par une année jubilaire,à la suite de laquelle venait la première annéed’une nouvelle période sabbatique. Il suit de là que sil’on voulait compter les années par semaines, commepar exemple dans la prophétie de Daniel, ix, 24, il faudraitajouter une année à chaque période de septsemaines. Il est vrai qu’au dire des rabbins, on auraitcessé de tenir compte des années jubilaires à partirde la destruction du Temple de Salomon. Ézéchiel, vii, 1213, semble le donner aussi à entendre, au moins pourle temps de la captivité. — 4° L’année jubilaire étaitannoncée par des sonneries du sôfar le dixième jour duseptième mois. Ce jour était celui de la fête de l’Expiation.Lev., xxiii; 27. Voir Expiation (Fête de L’), t. ir, «ol. 2136. Il convenait en effet que les Israélites réglassentleurs comptes avec le Seigneur avant de lesrégler avec leurs semblables. Ce septième mois étaitcelui de tischri, correspondant à septembre-octobre, etle premier de l’année civile. L’année était donc commencéedepuis dix jours; mais ce retard ne tirait pas àconséquence et l’on comprend que la fête de l’Expiationeût été singulièrement compromise si elle avaittrouvé les Israélites au milieu des changements qu’entraînaitl’année jubilaire. À pareille époque, toutes lesrécoltes étaient terminées et les semailles n’avaient pasencore été faites, surtout à la veille d’une année jubilaire.Du reste, le premier jour du septième mois étaitun jour de repos solennel annoncé par le son destrompettes. Lev., xxiii, 24. On n’aurait pu ce mêmejour publier l’année jubilaire. Quelques-uns ont penséque le septième mois dont il est question ici était celuide l’année civile, le mois de nisan, qui correspond àmars-avril. Il n’a certainement pu en être ainsi. Enparlant du septième mois, le législateur n’a pas eu envue tantôt celui de l’année religieuse et tantôt celui del’année civile. Les dates sont toujours fixées par luid’après le calendrier religieux. Lev., xxiii, 5, 6, 24,27, etc. De plus, l’année jubilaire commencée en nisann’aurait permis de faire ni les récoltes déjà voisines dela maturité, ni les sem*nces de l’année suivante, ce quieût imposé deux annés d’abstention tandis que la loin’en prévoit qu’une. L’année jubilaire commençait doncavant l’époque des semailles et finissait après celle dela récolte.

II. Les effets.

1° Il était prescrit tout d’abord de «sanctifier la cinquantième année». Lev., xxv, 10.Cette sanctification ressemblait à celle du sabbat.Exod., xx, 8-11. Elle ne comportait point d’oeuvres proprementreligieuses, mais seulement l’abstention detous les travaux agricoles. Cette mesure facilitait les mutationsprescrites dans l’année jubilaire. Cependant onpouvait manger le produit spontané des champs, maisen le recueillant au jour le jour, sans faire de récolteni amasser dans les greniers comme les années ordinaires.Sous ce rapport, l’année jubilaire ressemblait detout point à l’année sabbatique. Il est à noter cependant

que, dans le chapitre xxv du Lévitique, plusieurs auteurssoupçonnent une interversion des textes. Les ꝟ. 1-7,19-22 traitent de l’année sabbatique et du repos qu’elleentraîne pour l’agriculture; les ꝟ. 8-18, 23-55 se rapportentau jubilé et aux différentes libérations qu’ilcomporte. Le ꝟ. 11, qui prohibe les semailles et les récoltesl’année du jubilé, serait une répétition des ꝟ. 4 et 5qui concernent l’année sabbatique. Cette répétitionserait, dit-on, l’œuvre d’un copiste trop zélé. Ct. B.Bæntsch, Dos Heiligkeits-Gesetz, Erfurt, 1893, p. 59-60.Cette affirmation demanderait à être prouvée. Le ꝟ. Ilreproduit l’idée, mais nullement les fermes des j^. 4 et 5.Josèphe, Anl. jud., III, xii, 3, après avoir dit que Moïseimposa la cessation des travaux agricoles pendant lesannées sabbatiques, ajoute: «Il voulut qu’il en fût demême après la septième semaine d’années, ce qui estle cas pour chaque cinquantième année.» Il est à peineconcevable que l’auteur juit se soit mépris sur unequestion d’importance pratique aussi grave, et que lesautres écrivains de la nation aient admis la mêmeerreur. Le texte législatif est donc à conserver dans sateneur actuelle. Cf. Munk, Palestine, Paris. 1881,p. 185; De Hummelauer, /n£’a! od. et Levit., Paris, 1899,p. 530. — 2° Chacun retournait dans sa propriété, s’ill’avait aliénée, ou dans sa famille, si, pour une raisonquelconque, il était tombé en esclavage. La loi prévoyaitainsi un retour périodique des propriétés et des personnesdans leur état primitif, de telle manière que nil’indigence absolue ni l’esclavage ne puss*nt devenirle lot définitif d’aucune famille ni d’aucun Israélite.Tous les cinquante ans, chaque portion du sol revenaità la famille qui la possédait originairement. Il suit delà que, chez les Hébreux, la propriété foncière étaitinaliénable et que l’usufruit seul pouvait en être cédépour un temps. Le texte législatif explique dans quellemesure devaient se traiter les transactions en matièrede propriété. «Tu achèteras de ton prochain en comptantles années depuis le jubilé, et il te vendra en comptantles années de rapport. Plus il y aura d’années, plustu élèveras le prix, et moins il y aura d’années, plustu le réduiras, car c’est le nombre des récoltes qu’il tevend.» Lev., xxv, 15-17. Ce qui déterminait; la valeurd’une terre, c’était donc le nombre d’années qui séparaitla vente de l’époque du jubilé. Josèphe, Ant. jud.,III, xii, 3, donne le renseignement suivant sur la manièredont se réglait le retour d’un, champ à son propriétaireprimitif: «À l’approche du jubilé, mot quisignifie liberté, le vendeur du champ et l’acheteur seréunissent et font ensemble l’estimation des fruits etdes dépenses opérées dans le champ. Si les fruits sonten excédent, le vendeur reprend le champ; si au contrairece sont les dépenses, l’acheteur est indemnisé dela différence avant de se dessaisir du champ. Quandles iruits et les dépenses se balancent, le champ retourneaux antiques possesseurs.» Ceci revient à dire probablementque quand l’acheteur avait fait dans le champdes dépenses qui en amélioraient le rendement, maisdont les récoltes recueillies par lui ne l’avaient pas suffisammentindemnisé, le propriétaire légal devait lui entenir compte, tandis que l’acheteur restait en possessiondes bénéfices que lui avaient procurés les travauxexécutés par ses soins. L’indication que donne Josèphereprésente vraisemblablement ce que la tradition luifournissait sur la pratique des anciens Israélites. —3° Les Israélites devenus esclaves recouvraient la libertéet retournaient dans leurs familles. Voir Esclave, t. ii,col. 1922. — 4° Le jubilé n’avait point d’effet sur lesmaisons bâties dans des villes entourées de murs. Si lamaison n’était pas rachetée par le vendeur dans l’annéequi suivait la vente, elle restait à perpétuité la propriétéde l’acheteur. Mais dans les villes non entourées demurs, par conséquent aussi dans les bourgs et les villages,les maisons étaient considérées comme des anri 753

    1. JUBILAIRE##

JUBILAIRE (ANNÉE) — JUCADAM

1754

nexes des champs et soumises aux mêmes conditionsqu’eux. Si le vendeur ne les avait pas rachetées avantle jubilé, il rentrait de plein droit en leur possessionà cette époque. La raison de cette différence entre lesmaisons des villes à enceinte et les autres se conçoit.Pour rester fixées au sol attribué à leur ancêtres, lesfamilles avaient besoin de recouvrer périodiquementleurs champs et leurs maisons. Dans les villes importantes,au contraire, le lotissem*nt par famille n’existaitpas et la perpétuité des achats favorisait l’établissem*ntd’habitants capables d’assurer le bon état desconstructions et de contribuer ainsi à la prospérité dela cité. Les anciens auteurs juifs ont prétendu qu’on neconsidérait comme villes entourées de murs que cellesqui étaient telles au temps de Josué. Il y en avait alorssi peu que la loi n’aurait eu guère de raisons d’être.Rien ne prouve qu’il en ait été ainsi. La loi prévoyaitune exception en faveur des lévites. Leurs champs nepouvaient jamais être vendus, leurs maisons pouvaienttoujours être rachetées par eux et, si elles ne l’étaientpas, elles devaient leur être remises à l’époque du jubilé.Il fallait éviter en effet que les lévites fussent évincésdes propriétés et des maisons qui leur étaient spécialementattribuées. Lev., xxv, 29-34. — 5° Quand Josèphe,Ant. jud., III, xii, 3, dit que l’année du jubilé les débiteursétaient délivrés de leurs dettes, il faut restreindrecette affirmation générale à ce sens que ceux quiavaient aliéné leur champ ou leur maison pour obtenirune somme d’argent rentraient en possession de cechamp ou de cette maison, sans avoir rien à rendre. Ilest trop clair que si les débiteurs ordinaires avaient étélibérés par le jubilé, ils n’auraient jamais trouvé de prêteurs.Voir Dette, t. ii, col. 1394. — 6° Sur les observationsd’une famille de Manassé, Moïse régla que lesfilles héritières ne pourraient se marier hors de leurtribu, afin que leur héritage, même racheté par desparents, ne passât pas à une tribu étrangère en vertudu jubilé. Num., xxxvi, 3-6.

III. La pratique.

Les textes, Lev., xxvii, 16, etNum., xxxvi, 4, montrent que dès l’origine on se préoccupadu jubilé et des conséquences qu’il entraînait.D’autres passages font allusion à la partie de la loi dujubilé qui concerne le rachat des propriétés de famille.Ruth, iv, 1-8; Jer., xxxii, 7; xxxiv, 8; Ezech., vii, 12;xlvi, 16. Ézéchiel, xlvi, 17, appelle l’année jubilaireSénat had-derôr, «année de la liberté.» Isaie, lxi, 1, 2,parle de l’année de grâce et de la liberté rendue auxcaptifs comme de symboles de la rédemption messianique.Luc, iv, 19. Néanmoins la loi n’était pas toujoursrespectée. Achab ne se fit pas scrupule de prendrela vigne de Naboth, qui faisait partie d’un domainefamilial inaliénable. III Reg., xxi, 2-16. Isaie, v, 8, etMichée, ii, 2, 4, parlent de ceux qui ajoutaient maisonà maison, champ à champ, et occupaient tout un pays,au mépris par conséquent de la loi jubilaire. Ces excèsappelaien! la vengeance de Dieu, même quand ils étaientcommis contre Israël par des peuples étrangers. Isaïe,xxxiv, 8, semble bien songer à l’année jubilaire quandil prédit conlre les Iduméens l’année de représailles,Senaf sillûm, pour la cause de Sion. — Au retour dela captivité, la condition sociale des Juifs de Palestinese trouva si profondément modifiée que la loi de l’annéejubilaire cessa d’être applicable. Les livres d’Esdras,qui parlent de l’année sabbatique, II Esd., x, , 31, nefont aucune mention de.l’année jubilaire. Parmi lesinscriptions du Sinaï, on en a trouvé une datant de 189après J.-C, qui mentionne 1’«année dans laquelle lespauvres du pays ont le droit de faire la cueillette (desdattes)», ce qui suppose chez les Nabuthéens une coutumeanalogue à celle de l’année sabbatique des Juifs.Cf. Clermont-Ganneau, Comptes rendus de l’Académiedes Inscriptions et Belles-Lettres, 3 avril 1901, p. 206.Rien de semblable n’a été rencontré nulle part au sujet

de l’année jubilaire. Il y a donc lieu d’admettre, avecles auteurs juifs, que la loi a cessé d’être observée surce point à partir de la captivité. — Cf. Reland, Antiquitatessacrse vet. Hebrseor., Utrecht, 1741, p. 266-268;Carpzov, De anno jobelseo sec. discipl. Hebrseor., Leipzig,1730; Bahr, Symbolik des mosaischen Cultus,Heidelberg, 1839, t. ii, p. 572-576, 603-612; P. Schmalzl,

Das Jubeljahr, Eichstatt, 1889.

H. Lesêtre.

    1. JUBILÉ##

JUBILÉ (hébreu: yôbêl; Septante [Ambrosianus]:t(*6ïjX; Vulgate: jubilæus), nom de l’instrument quiservait à annoncer l’année jubilaire. Le yôbêl avait retentien deux circonstances mémorables: autour deSinaï, pour indiquer au peuple le moment d’en approcher,Exod., xix, 13, et autour de Jéricho, pour enfaire tomber les murs. Jos., vi, 5. En dehors de ces deuxtextes, le yôbêl n’est plus mentionné qu’au sujet del’année jubilaire. Théodotion et la Vulgate se contententde reproduire phonétiquement le mot hébreu. Les Septantetraduisent par açeuic, «remise.» Aquila, le Syriaqueet plusieurs autres versions ont une traductionanalogue. Josèphe, Ant. jud., III, xii, 3, dit que le motsignifie èXeviŒpïa, «liberté.» Ces dernières traductionsprêtent à yôbêl un sens en rapport avec l’effet produitpar l’année jubilaire, h’hiphil du verbe ydbal, quiveut dire «conduire, présenter», se prête difficilementà justifier cette étymologie. Plusieurs autres explicationsont été cherchées, mais elles ne sont pas plus satisfaisantes.Les Talmudistes avaient traduit yôbêl par «bélier», d’après le sens que le mot possède en arabe.Cf. Robertson, Thésaurus linguse sanctx, Londres, 1680,p. 282. C’est cette dernière traduction qui se trouveconfirmée par une inscription phénicienne, Massil.,lin. 7, Corp. Inscr. semit., 1881, part, i, t. i, p. 224,dans laquelle se lit le mot yôbêl avec le sens de i bélier». Cf. A. Bloch, Phônizisches Glossar, 1891, p. 32.Dans Josué, vi, 5, qërén hay-yôbêl, veut dire «cornede bélier», ce que VAmbrosianus traduit par aiXmyi tovÎ(i)6ï|>, et la Vulgate par vox tubse longior. Dans l’Exode,xix, 13, yôbêl est employé seul avec le sens de «trompette», crâXmYl, buccina. Nous sommes donc ici en faced’un mot archaïque et étranger, qui cessa d’être enusage après le livre de Josué. Par une suite de métonymies,le yôbêl, nom du bélier, est devenu successivementcelui de la corne de l’animal, du son qu’on en tire et enfinde la solennité dontce son donne le signal. Cf. Corne,t. ii, col. 1011. De là le nom de l’année jubilaire, sénathayyôbêl, «année du yôbêl,» Lev., xxv, 13, ou simplementle yôbêl, «jubilé.» Lev., xxv, 10. En français, le motolifant a désigné successivement, par une métonymieanalogue, l’éléphant ou oliphant, l’ivoire, la corne faiteavec l’ivoire et même toute espèce de cornes. Au yôbêls’attachait une idée joyeuse, à cause des transformationssociales qu’entraînait l’année jubilaire. Il est donc àcroire qu’en se servant, pour le traduire, du mot jubilæus,saint Jérôme a voulu se rapprocher du mot jubilum,qui désigne les cris de joie que poussent les gensde la campagne. Silius Italicus, xiv, 475; Calpurnius,Eclog., i, 80. — Le yôbêl ne constituait pourtant pas uninstrument spécial; ce n’était vraisemblablement qu’unecorne ou trompette ordinaire, comme le montre l’emploiqui en fut fait au Sinaï et à Jéricho. D’ailleurs leLévitique, xxv, 9, dit que pour annoncer l’année jubilaireon faisait retentir le ëôfaron trompette, hesôfardevenait donc yôbêl soit par une sonnerie particulière,soit simplement en raison de la circonstance.

H. Lesêtre.

    1. JUBILÉS (LIVRE DES)##


JUBILÉS (LIVRE DES). Voir Genèse (Petite), col.180.

    1. JUCADAM##

JUCADAM (hébreu: Yoqde’âm; Septante: ’Apmâu.’;Alexandrinus: ’UvSa&y.), ville des montagnes de Juda.Jos., xv, 56. Elle fait partie du groupe de Maon, da

Carmel, de Ziph, de Jota, de Jezræl et de Zanoé etdevait être par conséquent dans le voisinage du désertde Juda, au sud-est d’Hébron, mais elle n’a pas été jusqu’iciidentifiée.

    1. JUCHAL##

JUCHAL (hébreu: Yehûkal et, par abréviation,Yûkal; Septante: ’ItaâxaX, Jer., xliv, 3; xlv, 1), fils deSélémias, contemporain de Jérémie. Il fut envoyé à ceprophète par le roi de Juda, Sédécias, avec Sophonie,fils de Maasias, afin de lui demander ses prières. Jer.,xxxvii, 3. Juchai entendit avec plusieurs autres la prophétieque fit alors Jérémie et dans laquelle il annonçaitla prise de Jérusalem par le roi de Babylone. Jer.,xxxviii, l.Cet oracle, rapporté à Sédécias, fut cause quele prophète fut jeté en prison. Jer., xxxviii, 2-6.

JUD (hébreu: Yehud; Septante: ’AÇtip; Alexandrinus: ’IoiSfl), ville de la tribu de Dan, nommée seulementune fois dans Josué, xix, 45. Elle figure dans la listedes possessions de Dan entre Baalath et Bané-et-Barach(Benë-Beraq, aujourd’hui Ibn-Ibraq, voir 1. 1, col. 1428).C’est actuellement el-Yehûdiyéh, à quatorze kilomètresenviron à l’est de Jaffa, à cinq kilomètres à l’est à’Ibn-Ibraq;à neuf kilomètres au nord de Lydda. — «La population(de ce village) dépasse mille habitants. Les maisonssont bâties en briques crues; elles sont dominées,sur plusieurs points, par des palmiers. Je remarque,près d’un puits à norias, la cuve d’un antique sarcophage,placée là en guise d’auge. En outre, deux bassinspeu profonds, non construits et consistant en unedépression elliptique du sol, servent à recueillir leseaux pluviales et à abreuver les animaux. Près du village,un oualy surmonté de trois coupoles est consacréà Neby-Yehouda ou «prophète Juda», l’un des fils deJacob, dont les cendres y reposeraient et qui auraientdonné son nom à la localité.» V. Guérin, Judée, t. i,p. 321-322. Juda dut mourir et être enseveli en Egypte.C’est plutôt le nom de la localité qui aura fait supposerqu’il avait été enterré en ce lieu. — Parmi les villes conquisesen Judée par Sésac et énumérées par ce pharaonsur les murs du temple de Karnak, on remarquecelle qui est appelée Yutah malek. "Voir F. Vigoureux,La Jhble et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii,p. 420-421. Quelques exégètes ont supposé que ce nomhiéroglyphique désigne la ville de Yehûd ou Jud. VoirSésac et Roboam. Cr. Ed. Robinson, Biblical ResearchesinPalestine, 1841, t. iii, p. 45; Survey of WesternPalestine, Memoirs, t. ii, 1882, p. 258, 278.

F. Vigouroux.

JUDA (hébreu: Yehûdâh; Septante: ’IoôSa;), nomde nombreux Israélites. La Vulgate les appelle tantôtJuda, tantôt Judas.

1. JUDA, le quatrième fils que Lia donna à Jacob.Gen., xxix, 35. Son nom, comme celui de ses frères, estune paronomase basée sur l’exclamation de sa mère aumoment de sa naissance: «Elle conçut une quatrièmefois et enfanta un fils, et elle dit: Maintenant je louerai(miN, ’ôdéh) le Seigneur. C’est pourquoi elle l’appeladu nom de Juda (rmflt, Yehûdâh).» Gen., xxix, 35.

Le même jeu de mots se retrouve dans la prophétie deJacob. Gen., xlix, 8: «Juda, tes frères te loueront(ïpiV, yôdûhâ).» Ce nom est donc un dérivé verbalde m», yâdâh, «louer,» à l’imparfait hophal. PerTT

sonnellement, ce patriarche nous est connu par plusieurstraits de l’Écriture. Seul avec Ruben, il cherche à sauverla vie de Joseph, et, pour éviter un fratricide, ilpropose de vendre son jeune frère aux Ismaélites. Gen.,xxxvii, 26, 27. Sans être l’aîné, il prend dans la famillede Jacob un rôle prépondérant, avec un caractère pleinde décision, de noblesse et de force. Au moment dusecond voyage en Egypte, quand il s’agit d’emmener

Benjamin, il fait valoir devant l’affliction de’son père,avec autant de ménagement que de fermeté, les raisonsqui doivent décider celui-ci à laisser partir l’enfant. Ily ajoute un engagement empreint de la plus grande générosité,qui détermine enfin le consentement de Jacob.Gen., xliii, 3-10. Après s’être porté garant pour Benjamin,il le défend admirablement devant Joseph, dansl’histoire de la coupe. La nécessité, le sentiment dudevoir et le dévouement lui donnent une hardiesse quisait néanmoins se contenir dans les bornes du respect.Son cœur le rend éloquent, et son discours, dans sasimplicité, est un des plus beaux, des plus touchantsde l’Ancien Testament. «Que je sois plutôt votre esclave,dit-il en terminant, moi qui me suis fait sa caution... car je ne puis retourner vers mon père en l’absencede l’enfant, de peur que je ne sois témoin dumalheur qui accablera mon père.» C’est après cesparoles que Joseph, ne pouvant retenir ses larmes, sefit reconnaître. Gen., xliv, 14-34. La fidélité, la prudenceet l’éloquence dont Juda avait donné des preuves siéclatantes le désignaient naturellement au choix de sonpère pour le précéder et annoncer son arrivée enEgypte. Gen., xlvi, 28. Sa prépondérance parmi sesfrères se reflète dans la prophétie relative à la tribudont il fut le chef. Gen., xlix, 8-12. Voir Juda (Tribude). — Juda eut cinq fils: trois, Her, Onan et Séla, deson mariage avec la fille de Sué, et deux, Phares etZara, de son inceste avec Thamar. Gen., xxxvin. C’estpar Phares que se continua la lignée messianique.

Matth., i, 3.

A. Legendre.

2. JUDA (hébreu: Yehûdâh; Septante: ’Ioûêa), lévite,ancêtre de Cedmiel qui, avec ses fils, s’occupa de lareconstruction du temple de Jérusalem, après le retourde la captivité de Babylone. I Esd., iii, 9. Plusieurscommentateurs croient que ce Juda est le même quel’Odavia nommé I Esd., ii, 40, etl’Oduia nommé II Esd.,vu, 43.,

3. JUDA (hébreu: Yehûdâh; Septante: TovSa;),lévite qui avait épousé une femme étrangère; Esdrasl’obligea à la renvoyer. I Esd., x, 23. C’est probablementle Juda (Septante: ’IwSâe) qui était revenu de lacaptivité avec Zorobabel, II Esd., xii, 8, et qui prit partcomme chantre à la dédicace des murs de Jérusalemdu temps d’Esdras. II Esd., xii, 36.

4. JUDA (Ioû8a), fils de Joanna et père de Joseph, undes ancêtres de Notre-Seigneur dans la généalogie desaint Luc, iii, 26.

5. JUDA (grec: ’IoôSa), fils de Joseph et père deSiméon, un des ancêtres de Notre-Seigneur dans lagénéalogie de saint Luc, iii, 30.

6. JUDA, une des douze tribus d’Israël.

I. Géographie.

La tribu de Juda occupait un assezvaste territoire au sud de la Palestine. Elle était bornéeau nord par celles de Dan et de Benjamin, au bud parcelle de Siméon, à l’est par la mer Morte, et à l’ouestpar la plaine des Philistins. Voir la carte. Avant dedécrire la région sur laquelle elle s’étendait, nous avonsà mentionner ses villes principales et à tracer seslimites.

I. villes principales.

Les principales villes deJuda sont énumérées dans Josué, xv, 21-62. La listecomprend celles qui furent plus tard attribuées à Siméon.Jos., xix, 1-7. Pour plus de clarté et de conformité avecle texte biblique, nous la prendrons telle qu’il la donne,complète, nous permettant d’estimer ainsi l’étendueprimitive de la tribu. L’auteur sacré suit dans cetteénumération un ordre remarquable. Il adopte quatregrandes divisions: les villes du midi ou du négéb, sur

les frontières d’Edom, ꝟ. 21-32; celles de la plaine oude la Séfélah, J. 32-47; celles de la montagne, jL 4860; celles du désert ou midbâr, jr. 61-62. Les trois premièressont subdivisées en groupes, qui sont d’un prévieuxsecours pour l’identification. Puisque, en effet,l’écrivain, au lieu de jeter les noms au hasard, s’est astreintà une méthode exacte, nous n’avons pas le droitde négliger ce fil conducteur pour nous laisser guideren plus d’un cas par une onomastique plus ou moinsspécieuse. C’est une règle que nous aurons occasiond’appliquer. Elle n’est pas absolue sans doute; maispour les localités peu souvent citées, lorsque les donnéesde la Bible font défaut et que les traditions anciennesn’ont rien que de vague, elle peut avoir un trèsgrand poids. Pour les détails, voir les articles qui concernentchacune de ces villes.

I. villes du midi.

Le texte hébreu nous permetde distinguer ici quatre groupes, d’après la manièredont les noms sont unis par la conjonction vav, «et.» Malheureusem*nt l’identification de la plupart de cesvilles est restée jusqu’ici impossible. Voir la carte,lig. 310.

i" groupe. — 1. Çahséel (hébreu: Qabsëêl, Jos., xv, 21;II Reg., xxiii, 20; I Par., xi, 22; Yeqabse’êl, II Esd., xi,25; Septante: Codex Vaticanm, BaureXs^X; Cod.Alexandrinus,KaoôsvjX, Jos., xv, 21; KaSs<isï)X, II Reg., xxiii,20; Ka6a<ra-nX, I Par., xi, 22; Kaêtre^X, II Esd., xi, 25).Inconnue.

2. Éder (hébreu: ’Êdér; Septante, Cod. Vat.; "Apa;Cod. Alex.: ’ESpoti). Inconnue.

3. Jagur (hébreu: Yâgâr; Septante, Cod. Vat.: ’A<r<ip;Cod. Alex.: ’Iayovp). Inconnue.

4. Cina (hébreu: Qînâh; Septante, Cod. Vat.: ’Lcàn;Cod. Alex.: Kivà). Inconnue.

5. Dimona (hébreu: Dîmôndh; Septante, Cod. Vat.: ’PeYnà; Cod. Alex.: Aijxwvà). Inconnue.

6. Adada (hébreu: ’Ad’âdâh; Septante, Cod. Vat.’’Apouï|X; Cod. Alex.: *’A6a61), retrouvée de nos joursdans les ruines du même nom, ’Ad’adah, à l’ouest de lamer Morte, à la hauteur de la pointe méridionale de laLtsân. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Nantesand Places in the Old and New Testament, Londres,1889, p. 4.

7. Cadès (hébreu: QédéS; Septante, Cod. Vat.: Ka8Vi «;Cod. Alex.: Ké8s «), peut-être la même que Cadèsbarné,Jos., xv, 3, ’Ain Qadis, à 80 kilomètres au sud deBersabée.

8. Asor (hébreu: ffâsôr; Septante: ’Ao-opiwvàiv).Inconnue. Peut-être le Djebel Hadîréh, au nord-estd’Ain Qadis, en rappelle-t-il le souvenir.

9. Jethnam (hébreu: Yfnân; Septante, corrompu parunion avec le mot précédent ou le mot suivant; Cod.Vat.: ’Affopiwvàiv; Cod. Alex.: ’ISvaÇîç). Inconnue.

3 «groupe. — 10. Ziph (hébreu: Zîf; Septante,Cod. Alex., uni au mot précédent: *I9va$i<p), distinct dela ville du même nom mentionnée plus loin, ji 55.Inconnue.

11. Télém (hébreu: Télém; Septante, Cod. Alex.:TeXén). Inconnue.

12. Baloih (hébreu: Be’dlôf; Septante, Cod. Alex.:BaXûO). Inconnue.

13. Asor la Neuve (hébreu: Bidsôr hâdatfâh; Septante:omis). V. Guérin, La Judée, t. ii, p. 67, croit lareconnaître dans le village de Yâzûr ou Yâsûr, situédans la plaine de Séphélah, à l’est à’Esdûd, l’ancienneAzot. La placer si haut et si loin est contraire à l’ordred’énumération suivi par Josué.

14. Carioth (hébreu: Qeriyôf; Septante, Cod. Vat.:al iidXst; ; Cod. Alex.: nôXi;). Il est plus naturel, peut-être,de l’unir au mot suivant, Hesron, pour former unnom composé, hébreu: Qeriyôt #ésrôn; Septante, Cod.Vat.: al itiXetç’A<repù>v; Cod. Alex.: irôXi; ’A<repû|i..Cette ville subsisterait alors dans le Khirbet el-Quérir

téin, au" sud d’IIébron. Cf.Robinson, BiblicalResearchesin Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 101, note 1; V. Guérin,Judée, t. iii, p. 180. «C’est la même qu’Asor.» Letexte veut-il dire qu’elle s’appelait primitivement Asor,ou qu’elle n’est autre que l’une des deux localités de cenom, précédemment indiquées? Impossible de trancherla question.

3’groupe. — 15. Amant (hébreu: ’Amâm; Septante,Cod. Vat.."Sïjv; Cod. Alex.: ’Apâp.). Inconnue.

16. Sama (hébreu: èemâ’; Septante, Cod. Vat.:SaXpuxa; Cod. Alex.: Sàp-aa), peut-être la même queSabée (hébreu: Séba’; Septante, Cod, Vat.: Sâptaa;Cod. Alex.: Sâêse). Jos., xix, 2. On pourrait alors l’identifieravec Tell-es-Séba’, à l’est et non loin de Bersabée.

17. Molada (hébreu: Môlâdâh; Septante, Cod. Vat.:MwXaSâ; Cod. Alex.: MtiSaSa). On la place généralementà Khirbet el-Mïlh, à l’est de Bersabée. Cf. Robinson,Bibhcal Researches in Palestine, t. ii, p. 201,V. Guérin, Judée, t. iii, p. 184. D’autres la chercheraientplutôt au nord-ouest d’Arad, sur le chemind’Hébron à El-Milh, par exemple, à Déreidjât. Cf.F. Buhl, Géographie des alten Paldstma, Leipzig,1896, p. 183.

18. Asergadda (hébreu: Ifâsar Gaddâh; Septante,Cod. Vat.: Sepel; Cod. Alex.: ’AcrspyaSSâ). Inconnue.

19. Hassemon (hébreu: Jfésmôn; Septante: omis).Inconnue.

20. Bethphéleth (hébreu: Bêf pélét; Septante, Cod.Vat.: BaiçâXocS; Cod. Alex.: BcaOçaXéô). Inconnue.

21. Hasersual (hébreu: Biâsar Sû’âl; Septante, Cod.Vat.: XoXao-ewXâ; Cod. Alex.: ’AffocpsouXi). Inconnue.

22. Bersabée (hébreu: Be’êr Séba’; Septante, Cod.Vat.: Bï)p<ràëee; Cod. Alex.: Br]p<7â6e6). Le nom asubsisté jusqu’à nos jours dans celui de Bir es-Séba’,à 10 ou Il lieues au sud-ouest d’Hébron.

23. Baziothia (hébreu: Bizyôfyâh; Septante, atxû>t « «aÙT&v). Inconnue.

4e groupe. — 24. Baala (hébreu: Ba’âlâh; Septante,Cod. Vat.; BaXâ; Cod. Alex.: BaaXdc), appelée aussiBala, Jos., Xix, 3 (hébreu: Bâlâh; Septante: B<oXâ), etI Par., iv, 29 (hébreu: Bûkâh; Septante: BaXaâ).Inconnue.

25. Iim (hébreu: ’Iyyîm; Septante, Cod. Vat.: Bax<ix;Cod. Alex.: Aùetjj.). Inconnue.

26. Esem (hébreu: ’Asém; Septante, Cod. Vat.; ’Aai|i.;Cod. Alex.: ’A «ré|i.), appelée ailleurs Asem (hébreu: ’Asém; Septante, Cod. Vat.: ’Iâoov; Cod. Alex.: ’Auôt*), Jos., xix, 3, et Asom (hébreu: ’Ésém; Septante:AlaéiJ.). I Par., iv, 29. Inconnue.

27. Eltholad (hébreu: ’Éltôlad; Septante, Cod. Vat.: ’EX6wv8àS; Cod. Alex.: ’EX8w6a8), appelée aussi Tholad(Tôlad; Septante, Cod. Vat.: ©ouXâefi; Cod. Alex.:QtoXâS). I Par., iv, 29. Inconnue.

28. Césil (hébreu: Kesil; Septante, Cod. Vat.: Ba18ï)X;Cod. Alex.: Xa<ieép), appelée ailleurs Béthul (hébreu:Betûl; Septante, Cod. Vat.: BouXâ; Cod. Alex.:BocOoijX), Jos., xix, 4, et Bathuel (hébreu: Betû’êl; Septante:BaôouïjX). I Par., iv, 30. La forme Béthul ouBathuel est probablement la vraie. V. Guérin, Judée,t. iii, p. 346-347, a cru retrouver cette localité dans levillage actuel de Bett Via, au nord-ouest d’Hébron. Cetteidentification n’est pas conforme à l’énumération deJosué et fait remonter beaucoup trop au nord la tribude Siméon, à laquelle cette ville fut cédée.

29. Harma (hébreu: Bîormâh; Septante, Cod. Vat.: ’Epjiâ; Cod. Alex.: ’Ep|iâX), appelée Eorrna, Num.,xxi, 3; Jud., i, 17; Herma, Jos., xii, 14, est identifiéeavec Sébaita, à environ 40 kilomètres dans la directionnord-nord-est d’Ain Qadis et 26 kilomètres au sudd’Élusa. Cf. Palmer, Désert of the Exodus, Cambridge,1871, t. ii, p. 373-380.

30. Sicelêg (hébreu: $iqlag; Septante, Cod. Vat.:SexeXdx; Cod. Alex.: ScxeXéy). On la cherche généra

lement maintenant à Khirbet Zuheïliqéh, à l’est-sud-estde Gaza. Cf. F. Buhl, Géographie des alten Palâstina,p. 185.

31. Médémena (hébreu: Madmannâh; Septante,Cod. Vat.: Maxapeiji; Cod. Alex.: BsSsê^va). Le siteest incertain. On a proposé Umm Deimnéh, au nord-estde Bersabée. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder,Names and Places in the Old and New Testament,p. 119. Comme Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 139, 279, identifient Medeniana,Mï)8eërivà avec M^vossç, près de Gaza, on acherché la localité en question dans les environs decette dernière ville, soit à Khirbet Ma’an Yûnés, à quatreheures de marche vers le sud, soit à El-Minyây, mentionnéepar Robinson, Bibltcal Researches, t. i, p. 602.Rien de plus douteux. La liste parallèle de Jos., xix, 5,donne Bethtnarchaboth, ou «la maison des chars».C’était peut-être un autre nom de la même ville. Quelquesauteurs identifient ce nom avec Merqeb, à l’ouest de lapointe méridionale de la mer Morte.

32. Sensenna (hébreu: Sansannâh; Septante, Cod.Vat.: Ssôevviix; Cod. Alex.: 2av<ravvâ). Inconnue. Ontrouve dans la liste parallèle de Jos., xix, 5, Hasersusa(hébreu: Blàsar Sûsdh, et Ifâsar Sûsîm, «le villagedes chevaux, s I Par., iv, 31). Si c’est la même ville, onpourrait la chercher à Khirbet Sûsiyéh, au sud d’Hébron,ou à Susîn, Beit Susîn, sur la route des caravanes de

i Gaza en Egypte. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 172;G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and Places,p. 82.

33. Lébaoth (hébreu: Lebd’ôt; Septante, Cod. Vat.:AaSûç; Cod. Alex.: Aa6w6), appelée Bethlebaoth(hébreu: Bê{ Lebâ’ôf, «la maison des lionnes» ), Jos.,xix, 6, et Bethbérai (hébreu: Bêf bir’î, «maison de lagraisse» ). I Par., iv, 31. Inconnue.

34. Sêlim (hébreu: Silhîm; Septante, Cod. Vat.:SaWi; Cod. Alex.: SsXesi’ia), appelée Sarohen (hébreu:Sârûhén), Jos., xix, 6, et Saanm (hébreu: Sa’âràim).I Par., IV, 31. On a pensé à Tell esch-Scheri’ah, aunord-ouest de Bersabée. Cf. G. Armstrong, W. Wilsonet Conder, Names and Places, etc., p. 161. Elle est mentionnéedans les inscriptions hiéroglyphiques sous lamême forme, Sarahan. Elle devait donc se trouver dansla partie ouest ou sud-ouest du négéb. Cf. W. MaxMùller, Asien und Europa nach altàgyptischen Denkmàlern,Leipzig, 1893, p. 158-161.

35. Aen (hébreu: ’Ain; Septante: le nom est, parcorruption, uni au suivant, ’EpoijjLwô). Il faut peut-êtrelire ici comme II Esd., XI, 29: Ên-Rimmôn, en joignantl’état construit de’Ain au nom de la ville suivante, demême que l’on trouve’En Gédi, Engaddi, Jos., xv, 62; ’En Gannîm, Engannim. Jos., xix, 21. Si Aen est unelocalité distincte, il faut la chercher dans les environsde l’ancienne Remmon.

36. Remmon (hébreu: Rimmôn; Septante, Cod. Vat.: ’Eptojiwf); Cod. Alex.: ’Pe[i(i.wv), généralement identifiéeavec Khirbet Umm er-Rummâmîn, au nord deBersabée. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder,Names and Places, p. 59.

II. VILLES BE LA PLAINE OU DE LA SÉPBÉLAH.

groupe.

37. Estaol (hébreu: ’ESfd’ôl; Septante,

Cod. Vat.: ’A<rra<£X; Cod. Alex.: ’EcrôaoXQ. Le nomest écrit Esthaol, Jos., xix, 41; Jud., ira, 25; xvi, 31;xviii, 2, 8, 11. Cette ville, qui fut plus tard donnée àDan, Jos., xix, ’41, se trouvait, par là même, à la limiteseptentrionale de la tribu. Elle est généralement et justement,croyons-nous, identifiée avec le village actueli’Eschu’a ou Aschu’a, à l’ouest de Jérusalem. Cf. Surveyof Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883,t. iii, p. 25.

38. Saréa (hébreu: Sor’âh; Septante, Cod. Vat.:

  • Paà; Cod. Alex.; Sapaâ), appelée Saraa, Jos., xix, 41;

Jud., xiii, 2; xviii, 2, 8, 11, et donnée plus tard, comme

la précédente, à la’tribu de Dan. Jos., xrx, 41. Elleporte encore aujourd’hui exactement le même nom,Sar’a ou Sara’a, au sud-ouest et tout près d’Eschu’a.Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 15-17. Elle est mentionnéedansles tablettes de Tell el-Amarnasous la forme Sihraou Sarha. Cf. H. Winckler, Die Thôntafeln von Tellel-Amarna,Berlin, 1896, p. 86-87, lettre 28, ligne 11.

39. Aséna (hébreu: Asnâh; Septante, Cod. Vat..*’A<r<xâ; Cod. Alex.: ’Auvâ). Position douteuse. On la>cherche à’Aslin, village formant triangle, vers le nord,avec Eschu’a et Sara’a, ou à Khirbet Hasan, situé unpeu plus au nord-ouest. Cf. G. Armstrong, W. Wilsonet Conder, Names and Places, p. 18.

40. Zanoê (hébreu: Zânôah; Septante, Cod. Vat.:Tavti; Cod. Alex.: Zavii), a subsisté jusqu’à nos jourssous le même nom, Zânu’a, et se trouve au sud deSara’a. Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 23; G. Armstrong,W. Wilson et Conder, Names and Places, p. 180.

41. Engannim (hébreu: ’En Gannîm, «source desjardins;» Septante, omis ou méconnaissable). Il est permisde la reconnaître dans Umm Djina, village situé unpeu au sud-ouest de Sara’a. Cf. Survey of WesternPalestine, Memoirs, t. iii, p. 42.

42. Taphua (hébreu: Tappûah; Septante: omis). Inconnue.

43. Ënaim (hébreu: Hâ’Ênâm; Septante, Cod.Vat.: Maiocvet; Cod. Alex.: ’Hvasïn). C’est Ênaîmde Gen., xxxviii, 14 (texte hébreu), dans le voisinage deThamna (Khirbet Tibnéh). On a proposé de la reconnaîtredans Khirbet Uadi’Alîn, à l’est et tout prèsd"Umm Djina. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder,Names and Places, p. 57. C’est douteux.

44. Jérimoth (hébreu: Yarmûf; Septante, Cod. Vat.: ’IeppioûO; Cod. Alex.: ’Ispi(j.o09), aujourd’hui Khirbet)

Yarmûk, au sud-ouest de Khirbet Zanû’a. Cf. V. Guérin,Judée, t. ii, p. 372.

45. Adullam (hébreu: ’Adullâm; Septante, Cod.Vat.: ’OSoXXâp.; Cod. Alex.: ’OSoXXâ), appelée ailleursOdullam, Jos., xii, 15, Odollam. I Reg., xxii, 1;II Reg., xxiii, 13; I Par., xi, 15. On l’a d’une manièreprobable identifiée avec’Id-el-Miyé ou’Aîd-él-Mâ,ruines situées au nord-est de Beit-Djibrin. Cf. Surveyof Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 311, 361;

F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, p. 193.

46. Socho (hébreu: Sôkôh; Septante, Cod. Vat.:Sato^tô; Cod. Alex.: Sto^û), existe encore aujourd’huisous le nom de Sûéikéh, au nord-ouest de la précédente.Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 332. Les monumentségyptiens en ont conservé le souvenir sous laforme de Sauka. Cf. G. Maspero, Sur les noms géographiquesde la Liste de Thoutmos III, qu’on peut rapporterà la Judée, extrait des Transactions of the VictoriaInstitute, or philosophical Society of Great Britain,Londres, 1888, p. 1.

"47. Azéca (hébreu: ’Azêqâh; Cod. Vat.: ’IaÇïjwi; :Cod. Alex.: ’AÇy]x «), peut-être Tell Zacharia, au nordouestde Sûeikéh. Cf. G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and Places, p. 20.

48. Saraim (hébreu: Sa’âràim, «les deux portes;» Septante, Cod. Vat.: EaxapEt’fi; Cod. Alex.: 2apyapsi|j.),peut-être Khirbet Sa’îréh, au nord-est de Zanû’a. Cf.

G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and Places,p. 159.

49. Adithaim (hébreu: ’Adlfaîm; Septante, omis).Inconnue.

50. Gédéra (hébreu: hag-Gedêrâh, avec l’article, «leparc de troupeaux;» Septante: râ6° ip «), plus probablementQatrah, à l’extrémité nord-ouest de la tribu. Ct.V. Guérin, Judée, t. ii, p. 35; F. Buhl, Géographie desalten Palâstina, p. 188.

51. Gédérothaïm (hébreu: Gedérôtdtm, «les deuxparcs à troupeaux;» Septante: xaï ai èiiaûXeiî a-ji%).Inconnue.

2e groupe, — 52. Sanan (hébreu: Senân; Septante,Cod. Vat.: Ssvvâ; Cod. Alex.: Sevvâ(i). Inconnue.

53. Hadassa (hébreu: HâdâSâh, «neuve [ville];» Septante, Cod. Vat.: ’Aôao-âv; Cod. Alex.: ’ASaai).Les explorateurs anglais proposent de l’identifier avecEbdis ou’Eddis, à l’est d’El-Medjdel, l’ancienne Magdalgad,qui suit. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs,t. ii, p. 409; G. Armstrong, W. Wilson et Conder,Names and Places, p. 76. C’est possible, mais nonCertain.

5t. Hagdalgad (hébreu: Migdal-Gâd; Septante, Cod.Vat.: MayaSà TâS; Cod. Alex.: MaYSàX TiS), probablementEl-Medjdel, près d’Ascalon. Cf. V. Guérin,Judée, t. ii, p. 131. On croit que c’est l’ancienne Magdiludes inscriptions hiéroglyphiques. Cf. G. Maspero, Surles noms géographiques de la Liste de Thoutmos UT,extrait des Transactions of the Victoria Institute, p. 5.

55. Déléan (hébreu: Dil’ân; Septante, Cod. Vat.:àxkxk; Cod. Alex.: AaXaœ). Inconnue.

56. Masépha (hébreu: ham-Mispéh, avec l’article, «l’observatoire,» ou lieu élevé d’où l’on observe; Septante:Mao-fâ), aujourd’hui, Tell es-Safiyéh, au nordouestde Beit-Djibrîn. C’est l’ancienne Alba Spécula, «Blanche-Garde,» des croisés. Cf. V. Guérin, Judée,t. ii, p. 93.

. 57. Jecthel (hébreu: Yoqte’êl; Septante, Cod. Vat.: ’IaxaperjX; Cod. Alex.: ’tyfiix.-rK). Inconnue.

58. Lachis (hébreu: LdkîS; Septante, Cod. Vat.:Majçnc î Cod. Alex.: Aa^eiç). On la reconnaissait autrefois,en raison même du nom, à Umm Lâqis, au nordestde Gaza. Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 299. Mais lesfouilles pratiquées par les Anglais à Tell el-Hésy, collinesituée un peu plus bas, vers le sud-est, la fixentplutôt aujourd’hui à ce dernier point. Cf. Flinders Pétrie,Tell el-Hesy (Lachish), Londres, 1891. Elle estmentionnée dans les tablettes de Tell el-Amama sousla forme La-kv-si, La-ki-êa, et dans les inscriptions assyriennessous celle de La-ki-su. Cf. H. Winokler, DieThontafeln von Tell el-Amama, Berlin, 1896, p. 306,310, 338, 340; E. Schrader, Die Keilinschriften unddas Alte Testament, Giessen, 1883, p. 287, 317.

59. Bascath (hébreu: Bosqaf; Septante: Ba<rr)80>6),appelée Bésécath, IV Beg., xxii, 1. Inconnue.

60. Églon (hébreu: ’Èglôn; Septante, omis ou méconnaissable),généralement identifiée avec Khirbet’Adjlân,à l’est de Umm Lâqis. Cf. Ed. Robinson, Biblical Researchesin Palestine, t. ii, p. 49; G. Armstrong, W.Wilson et Conder, Names and Places, p. 54. CependantFlinders Pétrie, Tell el-Hesy, p. 18-20, la chercheplutôt à Tell NedjiÙh, au sud-est de la colline où l’ona retrouvé Lachis.

61. Chebboa (héoreu: Kabbôn; Septante: Xaêpi),probablement El-Qubéibéh, au sud-ouest de Beit-Djibrîn.

62. Léhéman (hébreu: Lahmâs; Septante: M*xU),aujourd’hui Khirbet el-Lahm, à l’est A’El-Qubéibéh.

63. Gethlis (hébreu: Kiflîi; Septante, Cod. Vat.:Maax<">5> £<"* Alex.: XaSXwç). Inconnue.

64. Gidéroth (hébreu: Gedêrôf, «parcs à brebis;» Septante: reSSdp), appelée Gadéroth, Il Par., xxviii,18. On a voulu l’identifier avec Qatrah, au sud-est deYebna. Cf. Survey of West. Palestine, Memoirs, t. ii,p. 410. C’est, croyons-nous, la chercher trop haut.

65. Bethdagon (hébreu: Bêf-Dàgôn, «maison deDagon;» Septante, Cod. Vat.: B «Tf «SiïjX; Cod. Alex.:By1960ïwv). Quelques auteurs l’assimilent à Beit Dedjanou iDddjùn, deux localités voisines, situées au sud-estde Jaffa. Cf. B. von Riess, Bibel-Atlas, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau,1887, p. 5; G. Armstrong, W. Wilsonet Conder, Names and Places, p. 29. Ces deux pointsappartiennent à la tribu de Dan.

66. Naama (hébreu: Na’dmâh; Septante: Nwuâv).On a proposé de la reconnaître dans le village actuel


de Na’anéh, au sud de Ramléh. Cf. Survey of West.Palestine, Memoirs, t. ii, p. 408. C’est encore trop dansla tribu de Dan.

67. Macéda (hébreu: Maqgêdé.h; Septante: Maxï)îâv).Est-ce le village A’El-Mughâr, au nord de Qatrah, surla limite de Juda et de Dan? Cf. Survey of West. Pal,Memoirs, t. ii, p. 411. Il n’y a rien de certain.

3e groupe. —68. Labana (hébreu: Libnâh; Septante,Cod. Vat.: Ae|tvâ; Cod. Alex.: Ae6vô), n’a pas été retrouvée,mais devait être, comme les suivantes, dans lesenvirons de Beit-Djibrîn.

69. Ether (hébreu: ’Êfér; Septante, Cod. Vat.: "I8ax;Cod. Alex.: ’A8£p), appelée Athar, Jos., xix, 7. C’estpeut-être Khirbet el-’Atr, village ruiné, situé à peu dedistance au nord-ouest de Beit-Djibrîn. Cf. Survey ofWest. Pal., Memoirs, t. iii, p. 261, 279.

70. Asan (hébreu: ’ÂSdn; Septante: ’AvcSx)- Conderpropose de la placer à Aséiléh, site peu distant à’Ummer-Rumamin, à l’est. Cf. Palestine Exploration Fund,Quarterly Statement, 1876, p. 150. Ce point s’éloignetrop du groupe dont la ville fait partie.

71. Jephtha (hébreu: Iffdh; Septante, Cod. Vat.:omis; Cod. Alex.: *Ie ?8dt). Inconnue.

72. Esna (hébreu: ’ASnâh; Septante, Cod. Vat.: ’Iavoi;Cod. Alex.: ’A<rcvvâ), aujourd’hui Idhna, au sud-est deBeit-Djibrîn.

73. Nésib (hébreu: Nesib; Septante, Cod. Vat..’Sa.ailê;Cod. Alex.: Nsc16), est bien identifiée avec Beit-Nusîb,à l’est de Beit-Djibrîn. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii,p. 343.

74. Céila (hébreu: Qe’îlâh; Septante, Cod. Val.:KeeiXâp; Çod’Alex.: KesiXi), généralement reconnuedans Khirbet Qîla ou Kîla, au nord-est de la précédente.Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 341. Elle est mentionnéedans les tablettes de Tell eUAmarna sous la formeKî-il-tî. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell et-’Amarna,p. 292, 294, 312, 314.

75. Achzib (hébreu: ’Akzîb; Septante, Cod. Vat. i’Axisje/; Cod. Alex.: ’A^fix), peut-être’Ain el-Kezbéh,près de Beit-Nettif. Cf. G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and Places, p. 3.

76. Marésa (hébreu: Mdrè’Sâh; Septante, Cod. Vat.:B «9ï)<i<xp; Cod. Alex.: Mapï]<roi), aujourd’hui Khirbet’Mer’asch ou Merâsch, tout près et au sud-ouest de Beit-Djibrîn.Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 323.

4e groupe. — 77. Accaron (hébreu: ’Éqrân; Septante: ’Axxipwv), est maintenant encore un grand villagenommé’Aqir, situé à l’est de Yebna. Cf. V. Guérin,Judée, t. ii, p. 36. C’est YAm-qar-ru-na des monumentsassyriens. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und dasAlte Testament, p. 164. Elle fut plus tard donnée à latribu de Dan. Jos., xix., 43. Elle fut en réalité aux mainsdes Philistins, et paraît avoir été la plus septentrionalede leurs cinq satrapies. I Reg., v, 10; xvii, 52, etc.

78. Azot (hébreu: ’Aidôd; Septante: ’A<r/)î159, ’AæieSûe, ailleurs, "AÇwtoc, I Beg., v, 1, 3, etc.), actuellementEsdûd, au sud-ouest de Yebna. Cf. V. Guérin,Judée, t. ii, p. 70. Elle porte le même nom dans les inscriptionsassyriennes: As-du-du. Cf. E. Schrader, DieKeilinschriften und das Alte Testament, p. 162. Ce futégalement une des cinq grandes villes des Philistins.Jos., xiii, 3.

79. Gaza (hébreu: ’Azzâh, «la forte;» Septante:riïa), une des plus anciennes villes du monde encoreexistantes, s’appelle actuellement en arabe Ghazzéh.Elle se trouve dans l’angle sud-ouest de la Palestine, ausud d’Asqaldn (Ascalon). Cf. V. Guérin, Judée, t. ii,p. 178. Elle est mentionnée dans les tablettes de Tell el-Amamasous la forme Ra-za-ti, dans les inscriptionségyptiennes sous celle de Ga-za-tu, et dans les inscriptionsassyriennes sous celle de Ha-zi-ti, Haz-za-tu. Cf.H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amama,p. 314; W. MaxMûller, Asien undEuropa nach altâgypIII. -50

tischen Denkmâlern, p. 159; E. Schrader, DieKeilinschnftenund dos Aile Testament, p. 161, 255. Ce lutune des cinq principautés phiiistines. Jos., XIII, 3.

C. VILLES DE LA MONTAGNE.

groupe.

80. Samir (hébreu: Sâmir; Septante:

ïajjieip), peut être reconnue dans Khirbet Sômerah ouSômara, au sud-ouest d’Hébron. Cf. F. Buhl, Géographiedes alten Palâstma, p. 164.

81. Jéther (hébreu: Yaftîr; Septante: ’Iedsp), aujourd’huiKhirbet’Attîr, au sud-est de la précédente. Cf. V.Guérin, Judée, t. iii, p. 197.

82. Socoth (hébreu: èôkôh; Septante, Cod. Vat.:Ewyâ; Cod., Alex.: Su/ià), actuellement KhirbetSchuéïkêh, au nord de Khirbet’Attir. Cf. V. Guérin,Judée, t. iii, p. 201.

83. Danna (hébreu, Dannâh; Septante: ’Pevvâ). Inconnue.

84. Cariathsenna (hébreu: Qiryat-Sannâh; Septante:jtôXi; y patijiârav), la même que Dabir (hébreu: Debir;Septante: Aoeêeip), appelée aussi Cariath-Sépher (hébreu:Qiryat-Sêfér, «ville du livre;» Septante: rcôXiçYpJHJ-H.âT( «)v). Son nom de Dabir permet de la placervraisemblablement à Edh-Dhâheriyêh, au nord-estA’Unim er-JRummâmîn. Cf. F. Buhl, Géographie desalten Palastina, p. 164. __

85. Anab (hébreu: ’Ânâb; Septante, Cod. Vat.: ’Aviiv; Cod. Alex.: ’Av<î>6), existe encore aujourd’huiexactement sous le même nom, ’Anab, au sud-ouest dela précédente. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 362-364.

86. Istemo (hébreu -.’Éspemôh; Septante, Cod. Vat.: ’E<rxou|jiâv; Cod. Alex.: ’E<r8e[i.w), appelée ailleurs Esthèmo,Jos., xxi, 14; I Par., VI, 58; Esthamo, I Reg.,xxx, 28; I Par., iv, 17, 19. Elle est justement identifiéeavec Es-Semu’a, à l’est de Khirbet Schuéïkêh. Cf. Robinson,Biblical Researches in Palestine, t. i, p. 494.

87. Anim (hébreu: ’Anîm; Septante, Coji. Vat.: ’Aiffocpi; Cod. Alex.: ’Avscjjl), doit correspondre auxruines actuelles de Ghuuein, au sud i’Es-Semu’a. Cf.G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Nantes and Places,p. 11.

88. Gosen (hébreu: GôSén; Septante! rw<5|i). Inconnue.

89. Olon (hébreu: ffôlôn; Septante, Cod. Vat.: XaXoû;Cod. Alex.: XiXouw). On a proposé de l’identifier avecBeit’Alâm, au sud-est de Beit-Djibrîn. Cf. G. Armstrong,W. Wilson et Conder, Nantes and Places,p. 87. Ce point est trop en dehors du groupe dont laville fait partie.

90. Gilo (hébreu: Gilôh; Seprante: rvjXtôn; Cod. Alex.:TriXœv). Les explorateurs anglais proposent de l’identifieravec Khirbet Djâld, au nord d’Hébron. Cf. Survey ofWest. Palestine, Memoirs, t.m, p. 313. L’identification,très acceptable au point de vue onomastique, a le tortde nous transporter dans un groupe différent de celui-ci..

2e groupe. — 91. Arab (hébreu: ’Ardb; Septante,Cod. Vat.: Alpéjj.; Cod. Alex.: ’Epéê), aujourd’hui Khirbeter-Rabiyéh, au sud-ouest d’Hébron. Cf. G. Armstrong,W. Wilson et Conder, Names and Places, p. 12.

92. Ruma (hébreu: Dûmâh; Septante: ’Pe(xvâ), maintenantDauniéh, à l’ouest à’Er-Rabiyéh. Cf. V. Guérin,Judée, t. iii, p. 359.

93. Ésaan (hébreu: ’És’ân; Septante, Cod. Vat.:Soiaô; Cod. Alex.: ’Eddtv). En s’appuyant sur le grecSofia, quelques auteurs ont donné comme possiblel’identification avec Es-Simid, à peu de distance au sudà’Er-Rabiyéh. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder,Names and Places, p. 62. L’emplacement répondbien aux données scripturaires, mais la base de l’identificationest très fragile.

94. Januin (hébreu: Yânîm, au Ketib; Yânûtn, auqerî; Septante, Cod.Vat.: ’Ienâs-.v; Cod. Alex.: ’Iavoûji).inconnue.

95. Beththaphua (hébreu: Bêt Tappûah, c maison de

la pomme;» Septante, Cod. Vat.: BaiQayot; Cod. Alex.:BsOBaitçjoué), se retrouve aujourd’hui dans le village deTaffûh, à cinq kilomètres-à l’ouest d’IIébron. Cf. Surveyof West. Palestine, Memoirs, t. iii, p. 310.

96. Aphéca (hébreu: ’Afêqâh; Septante, Cod. Vat.:$axouâ; Cod. Alex.: ’Açaxoî), peut-être Fûkîn, à l’ouestde Bethléhem, peut-être aussi l’Apuken des listes deKarnak. Cf. G. Maspero, Sur les noms géographiquesde la Liste de Thoutmos 1Il qu’on peut rapporter à laJudée, extrait des Transactions of the Victoria Institute,p. 4.

97. Athmatha (hébreu: Ifumtâh; Septante, Cod,Vat.: Eûp.à; Cod. Alex.: Xaiiuarâ). Inconnue.

98. Cariath-Arbé ou Hébron (hébreu: Qiryap’ArbahV Biébrôn; Septante: ttôXiç’Apêbx, ccût<| l<n Xeëptiv),la ville bien connue à’EUKhalîl, au sud de Bethléhem.

99. Sior (hébreu: Si’ôr; Septante, Cod. Vat.: Swp6;Cod. Alex.: Stwp), aujourd’hui Sa’ir, au nord d’Hébron.Cf. Survey of West. Pal., Memoirs, t. iii, p. 309.

3e groupe. — 100. Maon (hébreu: Ma’on; Septante,Cod. Vat.: Mocwp; Cod. Alex.: Matôv), bien identifiéeavec Khirbet Ma’in, au sud d’Hébron. Cf. V. Guérin,Judée, t. iii, p. 170.

101. Carme 1 (hébreu: Karmél; Septante: XeptiiX). Lenom reste encore attaché à des ruines appelées KhirbetKermel, à environ quinze kilomètres au sud d’Hébron.Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 166.

102. Ziph (hébreu: Zif; Septante, Cod. Vat.: ’OÇec’6;Cod. Alex.: Z! <p), représentée aujourd’hui par les ruinesde Tell Zif, entre Kermel et Hébron. Cf. V. Guérin,Judée, t. iii, p. 166.

103. Jota (hébreu: Yûtâh; Septante, Cod. Vat.: ’Itâv;Cod. Alex.: ’Uttô), appelée Jeta, Jos., xxi, 16, subsistesous le même nom de Yuttâ, au sud-ouest de Zîf. Cf.Survey of West. Pal., Memoirs, t. iii, p. 310.

104. Jezraël (hébreu: Yzre"él; Septante, Cod. Vat.: ’IapcT|X; Cod. Alex.: ’lEÇSpaIX). Inconnue.

105. Jucadam (hébreu: Yoqde’âm; Septante, Cod.Vat.: ’Iapeixâjj.; Cod. Alex.: Isx8aoqi). Inconnue.

106. Zanoé (hébreu: Zânoah; Septante, Cod. Vat.:ZaxavaEtpi; Cod. Alex.: Zav&>), aujourd’hui Khirbet Zanûtâ,au sud de Khirbet Schuéikéh. Cf. V. Guérin, Judée,t. iii, p. 200.

107. Accaïn (hébreu: Haqqaîn; Septante, Cod. Vat.:Zaxavâeijj., corruption des deux mots Zanoéet Accam;Cod. Alex.: ’Axéifi), actuellement Khirbet Yaqîn, ausud-est d’Hébron. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder,Names and Places, p. 39.

108. Gabaa (hébreu: Gib’âh; Septante: Tagaâ). Laplupart des auteurs la placent à Bjeba’a, au sud-ouestde Bethléhem. Cf. V. Guérin. Judée, t. iii, p. 382. Lacorrespondance onomastique’est parfaite; ce qui manque,c’est la conformité avec le groupement méthodiquede Josué.

109. Thamna (hébreu: Timnâh; Septante, Cod. Vat.:0ajji.va9di; Cod. Alex.; ®a>.và). On trouve au nord-ouestde Djeba’a une localité, Tibnéh, dont le nom répondbien à celui de Timndh, mais la situation s’écarte encorede ce troisième groupe.

4e groupe. — 110. Halhul (hébreu: Ifalhûl; Septante,Cod. Vat.: ’AXouà; Cod. Alex.: ’AXoûX), subsiste encoreexactement sous le même nom, Ifalhûl, au nord d’Hébron.Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 284.

111. Bessnr (hébreu: Bêf-Sûr, «maison du rocher;» Septante, Cod. Vat.: BaiOsoûp; Cod. Alex.: BeOcoûp), .appelée plus exactement Bethsur, lPar., ii, 45; II Par.,xi, 7, etc., a gardé jusqu’à nos jours la même dénomination,Beit Sûr, et se trouve tout près, au nord-ouestde flalfrûl. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 288.

112. Gédor (hébreu: Gedôr; Septante, Cod. Vat.:TsSStôv; Cod. Alex.: TsScip), aujourd’hui JOjedûr, à cinqkilomètres au nord de Beit Sûr. Cf. V. Guérin, Judée>t. iii, p. 380.

113. Mareth (hébreu: Ma’âràf; Septante, Cod. Vat.:MayapwO; Cod. Alex.: Mapw6). On a proposé de la reconnaîtredans Beit Vmmar, entre Beit Sûr etDjedûr.Cf. Survey of West. Pal., Menioirs, t. iii, p. 303. L’emplacementconvient, le rapprochement onomastique estinsuffisant.

114. Bethanoth (hébreu: Bêt-Anôf, Septante, Cod.Vat.: BaiOstvâu.; Cod. Alex.: BaCSavtàv), bien identifiéeavec Beit’Anân, au nord-est d’Hébron. Cf. V. Guérin,Judée, t. iii, p. 151.

115. Eltécen (hébreu: ’Élteqôn; Septante, Cod. Vat.:6sxoû|i; Cod. Alex.: ’EXOcxév). Inconnue.

5e groupe. — D’après les Septante; manque dansl’hébreu et la Vulgate.

116. Théco (@sx(i). C’est la ville quiestappelée ailleursThécué (hébreu: Jeqôa’; Septante: ©exovié), patried’Amos.Am., i, l.Ellesubsisteencoresous le même nom,Teqû’a, et est située au sud de Bethléhem. Cf. V. Guérin,Judée, t. iii, p. 141.

117. Êphratha ou Bethléhem (’Eçpiôa, aG-tr] l<rrlvBatO>ls(t), la ville bien connue qui porte aujourd’hui encorele nom de Beit Lakm, et se trouve au sud de Jérusalem.

118. Phagor ( «Êa-ftvp). C’est le Khirbet fa*ghûr, ausud-ouest de Bethléhem. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii,p. 313.

119. Aitan (Cod. Vat.: Al-rav; Cod. Alex.: Alzâ^.), nomméeailleurs btam (hébreu l’Étdm; Septante: ’Htâji).Jud., XV, 8, 13; II Par., xi, 6.Le nom en a été gardé parla fontaine’Aïn-’Etân, située à quatre kilomètres ausud-ouest de Bethléhem, près de l’ouadi Urtâs. Laville devait être dans le voisinage. Cf. V. Guérin, Judée,t. iii, p. 106.

120. Coulon (KouXiv), actuellement Qolûniyéh, à sixkilomètres et demi à l’ouest de Jérusalem. Cf. V. Guérin,Judée, t. i. p. 257.

121. Tatam (Taxai*). Inconnue.

122. Sorès (Cod. Vat.: ’Etoêri; ; Cod. Alex.: SwpVjç),correspond à Sdris, à l’ouest de Qolûniyéh. Cf. V. Guérin,Judée, t. i, p. 281.

123. Carem (KapÊ(ji), aujourd’hui le petit villageà."Am Karim, à six kilomètres à l’ouest de Jérusalem.Cf. V. Guérin, Judée, t. i, p. 83.

124. Gallim (Cod. Vat.: TaXâtI.; Cod. Alex.: TaXXi»,peut-être le gros village de Beit Djdlâ, au nord-ouestde Bethléhem. Cf. Survey of West. Pal., Memoirs, t. iii,p. 20.

125. Béther (Cod. Vat.: ©eWjp; Cod. Alex.: BaiOrip),se retrouve dans Bittir, au nord-ouest de Bethléhem.Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 387.

126. Manocho (Mavox< «). Est-ce la Manahath (hébreu:Mdnâhat) de I Par., viii, 6, et le village actuel de Malhah,au sud-ouest de Jérusalem? On l’a Supposé. Cf.Survey of West. Pal., Memoirs, t. iii, p. 21.

6 «groupe. — 127. Cariathbaal ou Cariathiarim (hébreu:Qiryat-Ba’al, hV Qiryaf Ye’àrim; Septante:Kocpia86âaX, ajT<] y| itôXtç’Iapei’îi), généralement identifiéeavec Qariet el-’Enab, village situé sur la route carrossablede Jérusalem à Jaffa, àtreize kilomètres environde la ville sainte. Cf. Robinson, Bibhcal Researches,t. ii, p. 11-12.

128. Arebba (hébreu: Hâ-rabbdh, avec l’article, «la grande;» Septante, Cod. Vat.: Swbrjëi; Cod. Alex.: ’Apsêëà), peut-être Khirbet Rebba, au nord-est de BeitDjibrin; ce qui, cependant, reste douteux. Cf. V. Guérin,Judée, t. iii, p. 336.

D. VILLES DU DÉSERT.

129. Betharaba (hébreu: Bêt hâ-Ardbâh, «la maisonde l’Arabah» ou «. de la plaine déserte s; Septante, Cod.Vat.: ©apaoaàu.; Cod. Alex.: Bifiaanêâ). Inconnue.

130. Heddin (hébreu: Middîn; Septante, Cod. Vat.:Aîvwv; Cod. Alex.: MaSciv). Inconnue.

131. Sachacha (hébreu: Sekdkâh; Septante, Cod.

Vat.: MyioÇi; Cod. Alex.: Soyo^a). On a proposé del’identifier avec Khirbet ed-Dikkéh, appelé aussi Kh.es-Sikkhéh, au sud-est de Béthanie. Cf. G. Armstrong,W. Wilson et Conder, Names and Places, p. 157.

132. Nebsan (hébreu: Hannibsdn; Septante, Cod.Vat.: NaçXotÇâv; Cod. Alex.: Neguâ). Inconnue.

133. La ville du Sel (hébreu: ’îr-ham-mélah; Septante,Cod. Vat.: ai iroXetç SaSwp.; Cod. Alex.: ai jràXstîàXwv), probablement vers l’extrémité sud-ouest de la merMorte, dans la vallée des Salines. II Reg., viii, 13;IV Reg., xiv, 7.

134. Engaddi (hébreu: ’hn Gédî, «source du chevreau;» Septante, Cod. Vat.: ’AvxâSïi; ; Cod. Alex.: ’Hv-j-aSSi). Le nom a subsisté jusqu’à nos jours exactementsous la même forme et avec la même significationdans l’arabe’Ain Djédî, oasis située vers le milieu dela rive occidentale de la mer Morte.

Comme on le voit, l’Écriture nous a conservé les nomsdes principales villes de Juda d’une manière aussi complèteque possible, mieux, en tout cas, que dans la plupartdes tribus. Si quelques-unes seulement du Négébsont connues aujourd’hui, celles de la plaine et de lamontagne ont presque toutes subsisté, et souvent gardéà peu près intacte l’antique dénomination chananéenne.Dans l’ensemble, la moitié de ces localités ont une identificationqui laisse peu de doutes.

II. limites.

L’auteur sacré a pris soin de nous tracerlui-même avec une rigoureuse exactitude les limites de latribu de Juda. Jos., xv, 1-12. Il commence par la frontièreméridionale, qui s’étendait vers le pays d’Edomet le désert de Sin. «Elle part, dit-il, de l’extrémité dela mer de Sel (mer Morte), de la langue tournée vers lemidi, et elle passe au sud de la montée du Scorpion(hébreu: ma-’âlêh’Aqrabbim, aujourd’hui le défiléà’Es-Safah), par Sin (hébreu: Smnâh); puis elle monteau sud de Cadésbarné (hébreu: Qâdvs Barnê’a, actuellement’Ain Qadîs), passe à Esron (hébreu: IJesrôn),monte à Adar (hébreu: Addârâh), et se tourne versCarcaa (hébreu: haq-Qarqâ’âh; de là elle passe à Asémona(hébreu: ’Asmônâh), parvient au torrent d’Egypte(nahal Misraim = ouadi el-Ansch), et aboutit à lamer.» Si plusieurs noms de ce tracé sont restés inconnus,il n’en est pas moins facile de voir que la frontièresud de Juda formait un arc de cercle dont les pointsextrêmes étaient, à l’est, la Sebkah; au sud, ’Ain Qadvs,et à l’ouest, l’embouchure de Vouadi el-Ansch dans lamer Méditerranée. — L’historien continue en disant: «La frontière orientale, c’est la mer de Sel jusqu’àl’embouchure du Jourdain. — La frontière septentrionalepart de la pointe du lac où finit le Jourdain; puiselle monte à Beth-Hagla (hébreu: Bêt Hogldh, aujourd’huiQasr Hadjla), passe lu nord de Beth Araba (hébreu:Bêf hâ-’Arabâh), et monte à la pierre du Boen, fils deRuben (hébreu: ’Ében Bûhan ben Re’ûbên). La frontièremonte ensuite vers Debéra (hébreu: Debirâh; «versDebir,» probablement Thoghret ed-Debr), depuis lavallée d’Achor (hébreu: ’Eméq’kkôr, peut-être l’ouadiel-Kelt), et, dans la direction du nord, elle regarde Gaigala(hébreu: hag-Gûgal), qui est en face de la montéed’Adommim (hébreu: ma’âlêh’Adummîm, aujourd’huiTala’at ed-Demm), au sud du torrent. Puis elle passeaux eaux de la fontaine du Soleil (hébreu: Ên-Semés,maintenant’Ain et Haûdh), et aboutit à la fontaine deRogel (hébreu: ’En Rôgêl, le Bir Eyûb, au sud de Jérusalem).De là, elle remonte la vallée de Ben Hinnom(Vouadi er-Rebâbi, au sud et à l’ouest de Jérusalem),au côté du Jébuséen, c’est-à-dire Jérusalem, vers le sud;elle s’élève vers le sommet de la montagne qui dominela vallée de Hinnom, dans la direction de l’ouest, laquelletouche à l’extrémité nord de la plaine de Rephaim (lavallée d’el-Beqa’a, au sud-ouest de Jérusalem). Puisla frontière est tracée depuis le sommet de la montagnevers la source des eaux de Nephtoa (hébreu: mê Néffôab

actuellement Lifta); elle va vers les villages du montÉphron (hébreu: har’Éfrôn, probablement la chaîne decollines où se trouvent Qastal, Qolûniyéh), et se dirigevers Baala, qui est Caria thiarim (hébreu: Qiryat Ye’ârim,maintenant Qarlyet el-’Ènab). De Baala, elletourne à l’ouest vers le mont Séir (hébreu: har Sê’ir,peut-être le plateau escarpé où se trouve le village deSârîs), passe sur le flanc du mont Jarim (hébreu: harYëârîm) au nord, c’est-à-dire Cheslon (hébreu: Kesâlôn,aujourd’hui Kesla); puis elle descend à Bethsamès (hébreu:Bê( Semés =’Ain Schems) et passe à Thamna(hébreu: fimnâh = Tibnéh). Puis elle s’étend à la hauteurd’Accaron (hébreu: ’Êqrôn =’Aqir) au nord, etse dirige vers Sechrona (hébreu: Sikrônâh), passe aumont Baala, va à Jebnéel (hébreu: Yabne’êl = Yebna)et aboutit à la mer,» Cette ligne septentrionale correspondaux limites méridionales de Benjamin, Jos., xviii,15-19, et de Dan. Jos., XIX, 40-46. — «La frontière occidentale,c’est la grande mer (la Méditerranée).» Cettedernière délimitation est plutôt idéale, car la plainemaritime fut occupée par les Philistins.

m. description. — Le territoire primitivement destinéà la tribu de Juda comprenait donc, comme le textesacré lui-même nous l’indique, quatre parties topographiquementdistinctes: le négéb ou «la contrée méridionale»,la sefêlâh ou «la plaine», le har ou «la montagne», lemidbarou <c le désert». La première fut cédée à Siméonjusqu’à la hauteur de Bersabée, Sabée et Molada, etmême de Sicéleg et de Remmon. Jos., xix, 2, 5, 7. C’est,suivant la signification du mot, un «pays desséché», larégion des nomades; aussi plusieurs des localités qui ysont mentionnées empruntent-elles leur dénominationau mode de campement des tribus pastorales: Asar,Asergadda, Hasersual, Hasersusa. L’hébreu Hdsâr, Hàsêr,signifie «lieu entouré de clôtures», et correspondau douar des Arabes d’Afrique. C’est une série de plainesélevées, de plateaux coupés de ravins, accidentés çà etlà de groupes de rochers et de chaînes de hauteurs,une succession de cantons verdoyants et de contréesstériles. Pour les détails, voir Siméon (Tribu de). Leterritoire proprement dit de Juda se réduisait donc à la. partie méridionale de l’arête montagneuse qui formel’ossature de la Palestine, depuis la plaine d’Esdrelonjusqu’aux derniers contreforts qui, au-dessous d’Hébron,s’abaissent peu à peu vers le Négéb. La plaine côtière,avec les cinq villes qui constituaient les satrapies philistines,bien qu’attribuées aux enfants de Juda, ne futjamais en leur possession, au moins d’une manière durable.Nous n’avons donc pas à la décrire. Voir Philistins.On aurait tort, par là même, de limiter la Séfélahà la plaine proprement dite, qui s’étend de la mer auxpremiers chaînons de la contrée montagneuse. Presquetoutes les villes que le livre de Josué place bas-Sefêlâhappartiennent à une région moyenne de collines séparéespar de larges vallées, et située entre la partie basse etplate qui avoisine la mer, et le plateau élevé qui formele faîte du pays.

Réduit à ces strictes limites, le territoire de Juda comprend,dans son ensemble, le double versant qui, deJérusalem, se prolonge jusqu’au groupe de torrents dontles ramifications, partant des derniers échelons de lamontagne, composent Vouadi es-Séba’, Vouadi esch-Schéri’âhet Vouadi Ghazzéh. Le plateau central, quiconstitue la ligne de partage des eaux, s’élève jusqu’àHébron aux plus grandes hauteurs de la chaîne: BeitDjala, 820 mètres; Kh. Tequ’a, 850; Halhûl, 997;Hébron, 927; Yutta, 837. Le terrain s’abaisse graduellement,etn’aplusque 482 kKhirbet Umm er-Rummanun,369 à Kh. el-Milh, et 290 à Bir es-Séba’. Le versantoriental descend rapidement vers la mer Morte; les torrents,comme le Cédron ou ouadi en-Nâr, s’y sontcreusé des lits profonds dans les parois des rochers nuset abrupts. Cette contrée pierreuse, la plus désolée de

la Palestine, s’appelle dans l’Écriture le désert de Juda.Voir Juda. (Désert de), col. 1774. Le versant occidental ades pentes moins rapides. Les ouadis qui, à la partiesupérieure, découpent le terrain en nombreux fossés,finissent par s’unir en plusieurs vallées qui s’élargissentpeu à peu, Vouadi es-Surâr, Vouadi es-Sam t, Vouadiel-Ghuéit, Vouadi el-Hésy, pour ne citer que les principales.Tous ces cours d’eau se déversent dans la Méditerranéepar trois canaux, qui sont, en allant du nord ausud, le nahr Rûbîn, le nahr Sukréir etl’ouadi el-Hésy. Larégion moyenne, qui est la partie haute de la Séphélah,forme comme le premier étage du massif orographique.Elle se compose de collines plus ou moins élevées,séparées par de grandes plaines et admirablement disposéespour servir de forteresses. C’est un terrain d’embuscades,de surprises, où tout l’art de la guerre consisteà se cacher, à grimper avec l’agilité des chèvres.Les vallées peuvent être considérées comme les voiesnaturelles de communication entre la côte et la montagne,donnant accès au cœur du pays. Cette contréefut, on le comprend, le théâtre des combats qui eurentlieu entre les Philistins et les enfants de Juda. Aujourd’huiles sentiers connus qui servent de roules sillonnentla région en passant par les points les plus importants.Signalons celle qui part de Gaza pour aller àBeit Djibrin, et de là passe à Beit Nettif, Bittîr, etaboutit à Jérusalem, ou se dirige plus bas vers Bethléhemou vers Hébron; celle qui part de Bersabée pourremonter vers Gaza, ou Khirbet Umm er-Rummamm,ou Dhâheriyéh et Hébron. Le chemin de fer de Jaffa àJérusalem traverse un coin du territoire de Juda ensuivant les contours des vallées. L’aspect général nousoffre une série de collines couvertes d’herbes et defleurs au printemps, mais nues et arides le reste del’année, de champs cultivés ou hérissés de ronces, devallons où s’épanouit parfois une belle végétation. Dansles endroits où se trouvent des sources, autour de certainsvillages, on rencontre des plantations d’orangers,de grenadiers, de figuiers, de citronniers. Les flancs descollines portent par-ci par-là des jardins ou des vignesdisposés en terrasses. Le sol est, en plusieurs endroits,percé de grottes qui forment de vrais labyrinthes et ontautrefois servi d’habitation ou de refuge temporaire auxhommes. On en trouve de semblables dans les environsde Beit Djibrin, de Deir Dhibbân, comme à KhirbetKhoréitùn, au sud de Dethléhem. Le plateau supérieurest, nous l’avons dit, un des plus élevés de la Palestine.Une route carrossable va aujourd’hui de Jérusalem àHébron. Elle se déroule le plus souvent sur un terrainrocailleux et aride, où les arbres sont remplacés par desbroussailles rabougries, où croissent çà et là de maigrestaillis de chêne vert épineux. Quelques champs de blé,quelques bouquets d’oliviers et de figuiers apparaissentdans les fonds. Au milieu de ces montagnes dénudées, ontrouve cependant des vallées fertiles, bien arrosées, descoteaux plantés de vignes. Hébron est bâtie dans une deces gracieuses vallées, entre deux chaînes de collinesverdoyantes. Rethléhem est elle-même située sur deuxcollines, qui descendent par une suite de terrasses couvertesde vignes et d’oliviers jusqu’aux profondes valléesqui les entourent de trois côtés. L’ouadi Urtâs formecomme une oasis au milieu de cette contrée pierreuseet rappelle la beauté des jardins de Salomon. Un destraits les plus caractéristiques de la tribu de Juda, cesont ses vignobles. Il y en avait de célèbres à Escol,Num., xiii, 23, 25, à Engaddi. Cant., i, 13; II Par., xxvi,10. Aujourd’hui encore, malgré l’état de délabrementdans lequel est tombé le-pays, on trouve là, plus quepartout ailleurs en Palestine, les flancs des collines tapissésde vignes avec leurs tours de garde et leurs murssoutenant les terrasses. Le terrain pierreux, l’altitudedes coteaux et des plateaux, la chaleur du climat, toutfavorise l’entretien et la beauté des vignobles. La pro

phétie de Jacob, Gen., xlix, 11-12, marque nettementcette étonnante fertilité du territoire de Juda, dans lesderniers versets qui concernent la tribu:

Attachant à la vigne son ânon,

Et au cep le petit de l’ânesse,

U lave, dans le viii, son manteau,

Son vêtement, dans le sang de la grappe.

Par ïe vin ses yeux étincellent,

Et ses dents sont blanches de lait.

Les vignes étaient donc en telle quantité que l’onfaisait peu de cas même des plus excellentes, commeleiôrêq, et qu’on attachait son âne, comme on le fait à unehaie ou à un arbuste ordinaire. Le vin était si communqu’on y aurait pu laver ses habits, comme ailleurs onles lave dans l’eau. Le dernier trait fait allusion auxgras pâturages qui, autrefois surtout, nourrissaient denombreux troupeaux. Cf. I Reg., xxv, 2; Am., i, 1-2.

II. Histoire.

La prédominance de la tribu de Judas’affirme, dès le début, par le nombre. Au sortir del’Egypte, c’était de beaucoup la plus grande de toutes.Au premier recensem*nt, elle comptait 74 600 hommesen état de porter les armes, alors que Dan, qui venaitaprès, n’en avait que 62 700, et la plus petite, Manassé,32200. Num., i, 26-27, 38-39, 34-35. Dans les campementset la marche au désert, elle se trouvait placée,avec Issachar et Zabulon, à l’orient du tabernacle. Num.,il, 3-9. Elle avait pour chet Nahasson, fils d’Aminadad,un des ancêtres du Christ, Num., i, 7; ii, 3; Ruth, iv,20; Matth., i, 4, et ce fut par ses mains qu’elle fitl’offrande de ses dons, à la dédicace du tabernacle et del’autel. Num., vii, 12-17. Parmi les explorateurs dupays de Chanaan, elle eut pour représentant Caleb, filsde Jéphoné. Num., xiii, 7. Au second dénombrement,dans les plaines de Moab, elle comptait 76500 hommes,avec un accroissem*nt de près de 2000. Num., xxvi, 22.Ses principales familles sont énumérées Num., xxvi,19-21, et plus complètement I Par., n. Celui de seschefs qui devait travailler au partage de la Terre Promisefut Caleb. Num., xxxiv, 19. Elle fut désignée, avecSiméon, Lévi, Issachar, Joseph (Éphraim-Manassé) etBenjamin, «pour bénir le peuple, sur le mont Garizim,après le passage du Jourdain.» Deut., xxvii, 12. Pendantla conquête du pays de Chanaan, les seuls incidents relatifsà la tribu sont la prévarication d’Achan, Jos., vii,1, 16-26, et la prise de possession du district montagneuxd’Hébron par Caleb. Jos., xiv, 6-15; xv, 13-19.Nous avons vu plus haut la part qui lui échut dans leterritoire conquis. Après la mort de Josué, la tribu deJuda fut choisie pour diriger l’attaque contre les Chananéens.Cet honneur lui était réservé non pas tantpeut-être à cause de sa puissance que des promessesqui lui avaient été faites, Gen., xlix, 8, 9, et de ses destinéesfutures. Jud., i, 1, 2. Elle fit appel à l’aide deSiméon, et les deux tribus réunies tournèrent leursarmes contre Jérusalem, dont elles s’emparèrent, contredifférentes villes de la montagne, du midi et de laplaine. Mais les habitants de cette dernière contrée nepurent être détruits ou chassés, grâce à leurs chariotsde fer, qui leur permettaient d’offrir aux envahisseursune sérieuse résistance. Jud-, i. 3-19. Juda fut encorechoisi par l’oracle divin pour conduire les Israélites aucombat contre Gabaa et les Benjamites. Jud., XX, 18.L’isolement de son territoire, la pauvreté de plusieursde ses cantons, les barrières naturelles qui en rendaientl’attaque difficile, le mirent plus que les tribusdu nord à l’abri des invasions. Voir Judée. Il eut cependantà subir celles des Philistins et des Ammonites.Jud., x, 9; xv, 9; I Reg., xvii, 1. La persécution de

Saul contre David ne fit que susciter dans la tribu dessentiments de fidélité et de dévouement à l’égard dujeune Bethléhémite. Aussi, après la mort du premierroi, s’em pressat-elle de reconnaître pour chef le filsd’Isaï, qui reçut l’onction royale à Hébron, II Reg., ii,

4, 7, 10, et y régna sept ans. II Reg., v, 5. Cependantaprès la révolte et la mort d’Absalom, elle se laissa devancerpar les autres tribus pour rappeler le monarqueexilé. Émue des reproches de celui-ci, elle se transportaau-devant de lui jusqu’aux bords du Jourdain et le ramenaà Jérusalem. II Reg., xix, 11-15; xx, 2. Au momentdu schisme, elle resta seule, avec la tribu deBenjamin, fidèle à la maison de David. III Reg., XII,20. Elle donna son nom au royaume du sud, et son histoirese confond désormais avec l’histoire de celui-ci,bien qu’elle garde comme Benjamin, sa propre individualité.Voir Juda. (Royaume de). — Après la captivité,les enfants de Juda reprirent des premiers le cheminde Jérusalem, pour rebâtir le temple. I Esd., i, 5; iii,9. Ils rentrèrent dans leurs anciennes possessions. II Esd.,xi, 25-30. Leur nom, Judsei, «Juifs,» fut celui queportèrent principalement depuis lors les descendantsd’Abraham.

III. Caractère et mission providentielle.

La tribude Juda tient sans contredit la première place parmicelles qui sont issues de Jacob. Le patriarche en a tracéd’avance le caractère et les glorieuses destinées dans safameuse prophétie, Gen., xlix, 8-10 (traduction d’aprèsl’hébreu):

Juda, tes frères te glorifieront:

Ta main sera sur le col de tes ennemis;

Les fils de ton père se prosterneront devant toi.

Juda est un lionceau,

Après avoir pillé, mon fils, tu remontes;

Il s’étend, il se couche comme un lion,

Comme une lionne; qui [osera] le faire lever?

Le sceptre ne sortira pas de Juda,

Ni le bâton de commandement d’entre ses pieds,

Jusqu’à ?e que vienne Schilôh (ou «celui auquel il appartient» )

A lui l’obéissance des peuples.

Gloire, force et souveraineté, telles sont donc, ensomme, les prérogatives de Juda. Les aînés de la familleont, par leurs crimes, perdu leur droit de primogéniture.Juda, bien que coupable, lui aussi, de plusieursfautes, est, par une secrète disposition de la Providence,substitué à leur place. Il sera le premier entreses frères, comme il sera triomphateur de ses ennemis.Sa gloire vient sans doute de sa force et de ses victoires,mais elle tient surtout à ses destinées: de sa race naîtrale Messie. C’est là la raison de sa prééminence. Le premierdans l’ordre des campements et de la marche destribus, Num., Il, 3; x, 14, il se présente le premier àl’offrande dans les sacrifices. Num., vii, 12. Le premierlot lui est réservé dans le partage de la Terre Promise,Jos., xv, 1, et c’est à lui que revient l’honneur de conduireses frères au combat. Jud., i, 1, 2. Les progrès deson influence et les vicissitudes de sa domination sontcomme le fond de l’histoire du peuple de Dieu. Sa forcevictorieuse s’incarne principalement en David, à qui ila été donné de réaliser cette parole: «Ta main sera surle col de tes ennemis.» Le lion de Juda a promenéautour de lui sa terrible puissance, puis, chargé de butin,il est remonté dans le repaire de ses montagnes. Là,il s’est longtemps couché au sein d’une paix noblementconquise et puissamment garantie. Tel est comme lerésumé des deux règnes de David et de Salomon. Il n’enest pas moins vrai, cependant, que le véritable «lion dela tribu de Juda», c’est le Christ, «rejeton de David,» Apoc, v, 5, qui, après avoir vaincu le démon, a établi,dans la richesse et la force, le royaume de la paix.C’est «à lui qu’appartient» le sceptre royal dont parlela prophétie de Jacob, et qui courbera sous l’obéissancetous les peuples de la terre. Jusqu’à sa venue, il étaitresté, bien qu’avec de nombreuses vicissitudes, auxmains de la tribu de Juda. Après les privilèges de prééminencedont nous avons parlé, et qui ne faisaient deJuda qu’un «lionceau», sa race est montée sur le trôneavec David, pour y demeurer jusqu’à la captivité. Si, à

ce moment, l’autorité royale tombe de ses mains, latribu n’en conserve pas moins une prééminence d’honneurou de juridiction qui suffît à l’accomplissem*nt dela prédiction patriarcale. Pendant la captivité de Babylone,les juges du peuple continuèrent à être choisisdans la tribu de Juda, comme on peut le croire d’aprèsl’histoire de Susanne. Dan., xiii, 56. Daniel, qui exerçaà Babylone une si glorieuse influence, était issu de sangroyal et, par conséquent, appartenait à la tribu de Juda.Dan., i, 3, 6. Après la captivité, l’autorité et le gouvernementfurent principalement dévolus à la même tribu.Zorobabel, fils de Salathiel, était un prince de Juda.Agg., i, 1; ii, 3. Les Machabées, il est vrai, étaient de latribu de Lévi; mais ne peut-on pas les considérercomme parlant et agissant au nom de la tribu de Juda,à laquelle les autres avaient été comme incorporéesaprès la captivité? On peut donc dire que Juda conservesa prééminence d’un bout à l’autre de l’histoireijusque dans la liste des élus marqués du sceau de Dieu.

Apoc, vii, 5.

A. Legendre.

    1. JUDA (ROYAUME DE)##


7. JUDA (ROYAUME DE). En tant que distinct duroyaume d’Israël, il fut constitué au début du règne deRoboam par la scission politique et religieuse des tribus.Voir col. 999-1000, 1301-1302. II est appelé «Juda»,III Reg., xii, 23; xiii, 4, 12, 14, 21; xvi, 21, etc.; IIPar.,xiii, 13-16, par opposition à Israël, xiv, 4-8, ou «maisonde Juda», Is., xxii, 21; Jer., iii, 18; v, 11; xi, 10,17, etc., souvent par opposition à la «maison d’Israël»,parce que la tribu de Juda en formait le noyau principal.D’après le récit du IIIe livre des Rois, xi, 13, 32,36, il semblerait même qu’il ne comprenait que cetteseule tribu; mais cette mention, III Reg., xii, 20, estcomplétée au t. 21, qui nous apprend que l’armée deRoboam comptait aussi des soldats de la tribu de Benjamin.II Par., xi, 1, 3. De fait une grande partie des villesde cette tribu appartinrent au royaume de Juda, dont lacapitale, Jérusalem, était située sur les confins des deuxtribus. Voir t. i, col. 1597-1598. L’union de Juda et deBenjamin sous le sceptre de Roboam est explicitementaffirmée II Par., xi, 10, 12, 23; xv, 2, 8, 9; xxv, 5. Leterritoire de Juda fut agrandi plus tard par la conquêtede quelques districts du royaume d’Israël. Juda, en outre,conserva sur l’Idumée la suzeraineté que David avaitétablie. Voir col. 834-835. Comme les tribus de Juda etde Benjamin habitaient au sud de la Palestine, onappelle souvent le royaume de Juda royaume du Sud et leroyaume d’Israël royaume du Nord. Jérusalem demeuratoujours la capitale du royaume de Juda. Sauf à l'époquede l’usurpation d’Athalie, le trône de David fut constammentoccupé par des descendants de la dynastie légitime.Cetfe succession régulière de vingt rois par voie defiliation écarta de Juda les révolutions si fréquentes dansle royaume d’Israël. De plus, Jérusalem, sa capitale,était, par le Temple, le centre religieux de tout Israël. Lacélébration du culte y attirait donc les plus fervents desIsraélites. Quoique les rois aient laissé subsister leshauts-lieux, le peuple de Juda fut dans l’ensemble plusfidèle à son Dieu que la population d’Israël. Les princespieux s’efforçaient d'établir le monothéisme et luttaientpar leurs réformes religieuses contre l’invasion envahis,santé du polythéisme dans leur royaume, qui était «leroyaume de Dieu». HPar., xiii, 8. Les prophètes rappelaientles rois impies au devoir et faisaient observer parle peuple la loi mosaïque. — L’histoire du royaume deJuda peut se diviser en deux périodes; 1° depuis leschisme jusqu'à la ruine d’Israël (975-721); 2° depuisla ruine d’Israël jusqu'à la captivité de Babylone (721587).

I. Depuis le schisme jusqu'à la ruine d’Israël. —L’histoire de cette période se partage elle-même en troisparties. — 1° Lutte entre Juda et Israël. — Les deuxroyaumes séparés restèrent en guerre l’un contre l’autre

jusqu'à l’avènement d’Achab. Roboam, dont l’imprudenceet la dureté avaient provoqué la scission, prit desmesures pour se maintenir à Jérusalem et reconstituer,s’il était possible, l’unité rompue par sa faute. Il recrutaune armée pour marcher contre Israël, mais le prophèteSéméia lui délendit, au nom du Seigneur, d’entreprendreune guerre fratricide. III Reg., xii, 21-24.

II releva les murailles des villes de Juda et de Benjaminqui lui pétaient demeurées fidèles, II Par., xi,5-12, et il fortifia les places qui le défendaient contreIsraël. Son idolâtrie attira, la cinquième année de sonrègne, l’invasion de Sésac, roi d’Egypte. Jérusalem futprise et son roi dut payer au vainqueur une forte rançon.

III Reg., xiv, 21-28; II Par., xi, 48-xii, 12. Voir Sésac.Juda ne succomba pas à ce désastre et il se maintint enface d’Israël. La guerre fut continue entre Roboam etJéroboam. III Reg., xiv, 30; II Par., xii, 15. Il en futde même entre Abia, fils de Roboam, et Jéroboam,III Reg., xv, 7; II Par., xiii, 2, entre Asa et Baasa.III Reg., xv, 16, 32. C'était une guerre d’escarmoucheset de pillages, avec quelques rencontres en règle, desdeux côtés de la frontière et notamment autour de laville de Rama. G. Maspero, Histoire ancienne despeuples de l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 776.Abia remporta contre Jéroboam une grande victoire.

II Par., xiii, 3-20. Voir t. i, col. 42-43. Le pieux roiAsa éleva des forteresses et augmenta son armée; il futvainqueur de Zara, roi d’Ethiopie, II Par., xiv, 6-15. Ilemploya aux réformes religieuses la paix que lui laissale royaume d’Israël. III Reg., xv, 9-15; II Par., xv. CependantBaasa entreprit d’entourer Rama de murailles.Asa fit alliance avec Bénadad I' r, roi de Sjrie, quiattaqua Israël. Baasa interrompit les travaux de fortificationsde Rama et les habitants de Juda employèrentles matériaux abandonnés à fortifier Gabaa et Maspha.

III Reg., xv, 16-22; II Par., xvi, 1-6. Voir t. i, col. 1053,1344, 1573.

Alliance de Juda et d’Israël.

Sous le règne du

pieux roi Josaphat, un grand changement d’esprit et depolitique s’accomplit à Jérusalem. Trois ans après laseconde campagne de Bénadad II contre Israël, Josaphat,qui levait tribut sur les Philistins et les Arabes, II Par.,xvii, 10, 11, alla trouver Achab et fit alliance avec lui.Il l’accompagna au siège de Ramoth de Galaad occupéepar les Syriens. Achab y fut tué et Josaphat revint àJérusalem. III Reg., xxii, 1-38; II Par., xviii. Le prophèteJéhu reprocha au roi de Juda son alliance avec leroi d’Israél. II Par., xix, 1-3. Josaphat avait lait épouserà son fils Joram Athalie, fille d’Achab. IV Reg., viii, 18;II Par., xxi, 6. Voir t. i, col. 123-124. Après sa victoiresur les Moabites, II Par., xx, 1-30, il resta en paix avecIsraël. III Reg., xxii, 45. Cependant il refusa d’unir saflotte avec celle d’Ochozias. III Reg., xxii, 50; II Par.,xx, 35-37, après un premier insuccès permis par leSeigneur. Joram, roi d’Israël, successeur d’Ochozias,demanda à Josaphat d’unir leurs eflorts contre le roide Moab. Les deux alliés attaquèrent l’ennemi parl’Idumée et infligèrent aux Moabites une défaite complète.IV Reg., iii, 7-27. Voir Josaphat 3, col. 1649. Joramremplaça Josaphat, son père, sur le trône de Juda; ilimita la conduite idolâtrique des rois d’Israël, ses ancêtres;par punition de ses crimes, le Seigneur permitque les Iduméens se rendissent indépendants de Judaet que les Philistins et les Arabes ravageassent sonroyaume. IV Reg., viii, 16-24; II Par., xxi. Voir Joram 2,col. 1641. Son fils Ochozias suivit, lui aussi, les exemplesd’Achab et il fit, avec son oncle Joram d’Israël, la guerrecontre Hazæl, roi de Syrie, pour reprendre Ramoth-Galaad.Il alla à Jezrahel voir le roi d’Israël blessé, et ilfut tué par les soldats de Jéhu, révolté contre Joram.

IV Reg., viii, 25-29; ix, 16, 27-29; II Par., xxii, 1-9. VoirOchozias.

Nouvelles luttes entre Juda et Israël.

Athalie, 

afin de s’assurer la possession du trône, fit périr tous lesmembres de la famille royale de Juda. Voir t. i,col. 1207-1208. Joas, enfant, fut sauvé, et, dix ans après,proclamé roi. IV Reg., xi, 1-16; II Par., xxii, 10-xxtn, 21.Il fut fidèle à Dieu, tant que vécut le grand-prêtre Joïadaqui l’avait élevé. Son idolâtrie lui attira un châtimentdivin: Hazaël envahit la Palestine et marcha sur Jérusalem.Voir col. 460. Joas, qui avait acheté la paix enpayant le tribut, fut assassiné. IV Reg., xii; II Par., xxiv.Voir Joas 3, col. 1556. Son fils Amasias eut de bons débutset battit les Iduméens. Il défia à la guerre Joas, roid’Israël; son armée fut battue et lui-même fait prisonnier.Plus tard, une conjuration s’éleva contre lui à Jérusalemet il fut tué à Lachis où il s’était enfui. IV Reg.,xiv, 1-20; II Par., xxv, 1-28. Voir t. i, col. 443-446.Azarias, que le livre des Paralipoménes appelle Ozias,suivit d’abord les conseils du prophète Zacharie et gouvernason peuple avec sagesse et fermeté. Il soumit lesAmmonites, les Iduméens, les Philistins et les Arabes,répara et fortifia Jérusalem. À la fin de sa vie, il futfrappé de la lèpre pour avoir usurpé les fonctions sacerdotales.IV Reg., xv, 1-7; II Par., xxvi. Voir Ozias. Sonfils Joatham, qui avait déjà gouverné la maison royalependant sa maladie, imita la piété de son père et obligeales Ammonites à lui payer tribut. Rasin, roi de Syrie,et Phacée, roi d’Israël, se coalisèrent contre Juda. IV Reg.,xv, 32-38; II Par., xxvii. Ce fut seulement sous le règnede l’impie Achaz que les deux confédérés vinrent assiégerJérusalem. Inaugurant une funeste politique, blâméepar les prophètes, Achaz appela à son secours le roid’Assyrie Théglathphalasar III. Il obtint son alliancemoyennant un tribut très élevé; il alla le voir à Damaset introduisit à Jérusalem les idoles assyriennes. IV Reg.,xvi; II Par., xxviii. Voir t. i, col. 130-136. Son fils, lepieux roi Ëzéchias, refusa de payer le tribut aux Assyrienset reçut l’ambassade de Mérodach-Baladan, roi deBabylone. Ce fut la sixième année de son règne, en 721,

que Sargon prit la ville de Samarie et ruina le royaume

d’Israël. IV Reg., xviii, 1-12. Voir col. 1001 et t. ii,col. 2144-2146.

II. Depuis la ruine d’Israël jusqu’à la captivité deBabylone. — Tant qu’Israël était resté debout, il avaitservi de boulevard à Juda et avait supporté les premiers’coups des invasions assyriennes. Quand Samarie futtombée, Jérusalem fut directement exposée à la convoitisede l’Assyrie. Sennachérib fit une expédition contrel’Asie occidentale et l’Egypte; un de ses desseins était deramener à la vassalité Ëzéchias, roi de Juda. Il attaquaet prit toutes les villes fortes de Juda. Ézéchias consentità payer un lourd tribut de guerre, mais refusa de rendreJérusalem. Une intervention divine le délivra du périlqu’il courait et Sennachérib retourna à Ninive. IV Reg.,xviii-xix; II Par., xxxii. Voir t. ii, col. 2146-2148. Sonfils Manassé ne marcha pas sur ses traces. Il fut déportéÀ Babylone en punition de ses crimes. Cependant ilrentra en grâce et fut ramené à Jérusalem. IV Reg., xxii,1-18; II Par., xxxiii, 1-20. Voir Manassé. Amon, sonémule dans l’idolâtrie, fut assassiné par les gens de samaison. IV Reg., xxi, 19-26; II Par., xxxiii, 21-25. Voirt. i, col. 503. Le règne de Josias fut réparateur pourJuda; mais le pieux roi périt à la bataille de Mageddo,en essayant de barrer le passage à Néchao II, roid’Egypte qui voulait reprendre la Syrie. IV Reg., xxiii,1-30; II Par., xxxiv, xxxv. Voir Josias l, col. 1679. Ce princeavait trois fils, qui régnèrent succesivement sans imiterla piété de leur père. Joachaz, après trois mois de règne,fut déposé par Néchao et emmené captif en Egypte.IV Reg., xxiii, 31-33; II Par., xxxvi, 1-3. Voir Joachaz 2,col. 1549. Son frère Éliacim fut mis sur le trône à sa placepar le pharaon et prit le nom de Joakim. Il paya tributà l’Egypte. IV Reg.. xxiii, 34-37; II Par., xxxvi, 4-8. Cefut sous son règne que Nabuchodonosor, roi de Babylone,intervint pour la première fois en Juda et asservit

Joakim. Après trois années de vassalité, Joakim serévolta et sa révolte attira dans son royaume des bandesennemies qui le ravagèrent. IV Reg., xxiv, 1-5. VoirJoakim 1, col. 1551. Dès lors le roi de Babylone dominades rives de l’Euphrate jusqu’aux frontières de l’Egypte.lVReg., xxiv, 7. Joachin ou Jéchonias, fils de Joakim, n’eutqu’une royauté nominale et, au bout de trois mois, il futdéporté à Babylone. IVReg., xxiv, 6-16; II Par., xxxvi,8-10. Voir JéchomasI, col. 1210. Son oncle Matthanias,fils de Josias, lut mis à sa place sur le trône de Juda parNabuchodonosor, qui lui donna le nom de Sédécias. Il serévolta contre le puissant monarque qui l’avait instituéet provoqua par cette révolte la ruine complète de sonpeuple. Jérusalem fut prise et détruite, et les habitantsde Juda furent transportés en masse en Babylonie. Voirt. ii, col. 229-238, et Sédécias. Quelques-uns seulementdemeurèrent dans le pays pour cultiver les terres etfurent placés sous la conduite de Godolias. IV Reg.,xxiv, 17-xxv, 7; II Par., xxxvi, 10-21. Voir col. 259-260,1261-1262. Vingt rois s’étaient succédé sur le trône deDavid depuis le schisme des dix tribus, et quatre seulementavaient été fidèles. La dynastie légitime se maintintmalgré les fautes de la plupart des rois, à cause despromesses que Dieu avait faites à David. Juda, qui suivitles mauvaises voies d’Israël, finit par subir le mêmesort. Dieu détourna de lui son visage et le livra auxmains des envahisseurs. IV Reg., xvii, 19, 20. Voir Vigouroux,Manuel biblique, il’édit., Paris, 1901, t. ii, p. 130137; Pelt, Histoire de l’Ancien Testament^» édit., Paris,1902, t. ii, p. 95-97, 107-111, 121-128, 255-258. Pour unebibliographie plus complète, voir col. 1004-1005.

E. Mangenot.

8. JUDA (MONTAGNE DE) (hébreu: har Yehûdâh;Septante: ôpo; ’loùSa), district le plus élevé de la tribude Juda, et dont la ville principale était Hébron. Jos.,xi, 21; xx, 7; xxi, 11; II Par., xxvii, 4. Il s’agit ici dela partie méridionale de la chaîne de montagnes quitraverse la Palestine du nord au sud. Elle en renfermeles plus hauts plateaux et forme une des quatre divisionsdu territoire de Juda. C’est dans cette région, ’svtï] ôptv» ) tyjç’Iou5aia{, «dans les montagnes de Judée,» voir Jeta, col. 1518, que se trouvait la demeure de Zacharieet d’Elisabeth. Luc, I, 39, 65. Voir Juda (Tribu

de), col. 1767.

A. Legendre.

9. JUDA (DÉSERT DE) (hébreu: midbar Yehûdâh;les Septante et la Vulgate ont faussem*nt mis en têtedu Ps. lxii (hébreu, lxiii): èprj|ji.o; ttiç’ISoujiaiaç, «desertumIdumæse» ), district sauvage et en grande partieinhabité qui comprend le versant oriental des montagnesde Juda, à l’ouest de l’Arabah, de la mer Morte et duJourdain, jusque vers Jéricho. Jos., xv, 61; Jud., i, 16;Ps. lxii (hébreu, lxiii), 1 (fig. 310). Il est appelé «désertde Judée» dans l’Evangile. Matth., iii, 1. Il nereprésente pas une contrée absolument stérile ni complètementprivée d’habitants. Voir sur le sens des motsnudbâr, yeiimôn, l’article Désert, t. ii, col. 1387;Jésimon, col. 1400. Il renfermait, en effet, un certainnombre de villes: Betharaba, Meddin, Sachacha,Nebsan, la Ville du sel, et Engaddi. Jos., xv, 61, 62.Voir Juda (Tribu de), col. 1765. Il se subdivise en plusieursparties, qui portent le nom des cités voisines:ce sont les déserts de Jéricho, Jer., xxxix, 5; de Thécué,II Par., xx, 20; de Jéruel, III Par., xx, 16; de Ziph,I Reg., xxiii, 14. 15; de Maon, I Reg., xxiii, 24, 25, etd’Engaddi. I Reg., xxiv, 2. Il forme une des quatregrandes divisions du territoire de Juda, et comprenddans son ensemble la longue bande de terre qui descenden pentes abruptes vers la mer Morte. Lorsqu’on aquitté les champs cultivés des hauts plateaux, on tombepeu à peu dans un dédale de collines déchiquetées pardes ouadis presque toujours desséchés, de vallées dontle fond, après les pluies seulement, s’enrichit d’une

maigre végétation. Avec les sommets dénudés, les flancspierreux des rochers, les espaces couverts de genêts, debuissons rabougris et d’herbe que paissent les troupeauxde chèvres et de moutons, c’est la succession de la mortet d’une apparence de vie. Près du lac, la verdure disparait,la désolation est absolue, le regard ne rencontreque des ondulations semblables à des amas de cendres.Le désert de Juda n’est cependant pas, comme on voit,une sorte de Sahara, domaine absolu du sable et descailloux, c’est un midbar, une région qui tient, parendroits, du sleppe, de la lande, du maquis. Davidpouvait y chercher un refuge, avec ses compagnons;les forêts de ce temps, d’épais fourrés, les nombreuses

révoquée en doute. D’après les uns, ce sont les villes deJaïr, Havoth Jaïr (col. 457), qui sont ainsi désignées,parce que Jairappartenait à la tribu de Juda. Voir Jaïr 1,col. 1109. Cf. K. Keil, J’osua, 2e édit., 1874, p. 160.D’après d’autres (Conder, dans le Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1883, p. 183), il faudrait lireun r, au lieu d’un d, et un ii, au lieu d’un ii, min,hûrâh, au lieu de rrnn, hûdàli, et ce mot désignerait leGhôr ou vallée du Jourdain. Voir Jourdain, col. 1710.Mais aucune des explications données jusqu’ici n’estpleinement satisfaisante. L’omission du mot Juda dansles Septante rend la leçon de l’hébreu suspecte et il estfort probable que le texte original est ici altéré.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
310. — Vue générale du désort de Juda. Vue prise au-dessus de Mar-Saba. D’après de Luynes, Voyage à la mer Morte, pl. 25.

grottes qui percent le sol, leur offraient un abri. I Reg.,xxiii, xxiv. Saint Jean s’y retira pour faire entendre lavoix qui crie dans le désert: «Préparez les voies duSeigneur; rendez droits ses sentiers.» Joa., i, 23; cf.Is., XL, 3. «Ces ravins infranchissables, ces montagnesse dressant de toute part pour arrêter la voie, cessentiers que les rochers et les précipices obligent àdes détours infinis, Jean les avait devant les yeux, etpour lui comme pour Isaie, ce n’était qu’une image del’àpreté des âmes dans lesquelles il devait frayer la routeau Messie.» C. Fouard, La vie de 2V.-S. Jésus-Christ,2 in-8°, 1880, t. i, p. 142. C’est dans la partie septentrionaledu désert, aux environs de Jéricho, que demeurale saint Précurseur. Sa nourriture se réduisait à dessauterelles et à du miel sauvage. Matth., iii, 1-4. Cf. Conder,Tent Work in Palestine, Londres, 1889, p. 260-272.

A. Legendre.

10. JUDA DU JOURDAIN (hébreu: Yehûdâh hay-Yardên; omis dans les Septante), localité située à la frontière

orientale de la tribu de Nephthali. Jos., xix, 34. Son

identification est incertaine et son existence est même

11. JUDA (VILLE de) (hébreu: Hr Yehûdâh), nomdonné à Jérusalem, II Par., xxv, 28, où il est dit qu’Amasiasayant été tué à Lachis, on le ramena et on l’ensevelitavec ses pères dans la ville de Juda. Jérusalempeut être ainsi appelée comme capitale du royaume deJuda, mais il est possible que ce nom se lise ici parerreur, car les Septante et la Vulgate portent «cité deDavid», au lieu de «cité de Juda».

12. JUDA (VILLE-DE-JUDA) (grec: IIôXiç’IojSa; Vulgate:Civitas Juda), ville où habitaient Zacharie et Elisabeth,parents de saint Jean-Baptiste. Luc, I, 39. VoirJeta, col. 1517.

13. JUDA HALLÉVI, ben Samuel, en arabe Abou’l-Hassân,né vers 1086 dans la vieille Castille. Il est peut-êtrele plus grand poète juif, et en même temps théologien,grammairien et exégète de valeur. Dans un ouvragecomposé en arabe et traduit en diverses langues,appelé le Khozari, il cherche à défendre le judaïsmerabbanite contre les objections soulevées par la philoso

phie, le christianisme, l’islamisme et le caraïsme. Pourétablir la vérité du judaïsme et en montrer la sagesseet la valeur, il parcourt l’histoire d’Israël, en étudie leslois. Dans une importante digression du II" livre (paragr.70 à 80) sur la grammaire et la prosodie hébraïque,digression souvent invoquée par les meilleurs hébraïsants,il montre, une grande pénétration et sagacité.Dans cet ouvrage il est aussi exégète de mérite; il suitle sens littéral et le sens allégorique, avec une prédilectionmarquée cependant pour ce dernier sens. Il s’embarquavers 1141 pour l’Egypte, de là il passa en Palestineoù il visita Jérusalem, il alla ensuite à Damas. Onignore le lieu et la date de sa mort. L. Wogue, Histoirede la Bible et de l’exégèse biblique, in-8°, Paris, 1881,p. 231; Grætz, Histoire des Juifs, trad. Bloch, Paris,t. iv, 1893, p. 86-97. Pour les éditions du Khozari, voirJ. Furst, Bibliotlieca judaica, in-8°, Leipzig, 1863, parꝟ. 2,p. 36-38. E. Levesque.

14. JUDA HAN-NÂSI’, «le prince ou patriarche, «appeléaussi Babbênu haqqâdôs, «notre saint docteur,» ou simplementRabbi, comme s’il eût été le représentant par excellencede la Loi, était fils de Siméon et descendant deHillel l’ancien. Né vers l’époque de la mort d’Akiba (vers135 après J.-C), il mourut vers 210, renommé par sapiété, son savoir et son immense fortune. Grâce à sesrichesses et à sa science, il fil conférer au nâsV oupatriarche une autorité sans contrôle, réunissant danssa main tous les pouvoirs qu’avait autrefois le Sanhédrin. «Depuis Moïse, dit le Talmud, jusqu’à Rabbi,on n’a pas vu réunies à un si haut degré dans une seuleet même personne, la Thorah et les grandeurs.» Il eutla plus grande part à la rédaction de la Mischna: il pritpour base de son travail la compilation d’Akiba, complétéeet mise en ordre par Meir. Dans sa pensée, sontravail n’était pas destiné à devenir le code définitil dela tradition, il l’avait composé pour faciliter son enseignementoral. Mais la considération dont il jouissaitrejaillit sur son œuvre, et lit tomber dans l’oubli toutesles autres compilations de ce genre. La Mischna deRabbi Juda devint bientôt la Mischna par excellence,il ne la rédigea pas d’une façon définitive: car elle futcomplétée par ses disciples et successeurs immédiats etne reçut sa forme dernière que vers le milieu dun s siècle. Il avait fixé sa résidence à Beth-Schearim aunord-est de Sepphoris, puis à Sepphoris, renommée parson air pur et son climat salubre, et c’est là qu’il mourut.Voir Mischna. Cf. L. Wogue, Histoire de la Bibleet de l’exégèse biblique, in-8°, Paris, 1881, p. 183;Grætz, Histoire des Juifs, traduct. Bloch, Paris, t. iii,1888, p. 124-136. E. Levesque.

45. JUDA (Léon de), théologien luthérien, né en 1482 àRibeauvillé en Alsace, mort à Zurich le 19 juin 1542.S’étant rendu à Bâle en 1502 pour y terminer sesétudes, il s’y lia avec Zwingle d’une étroite amitié. Dixans plus tard, il obtenait une cure en Alsace; mais nerestait que peu dans son pays. Il retournait en Suisseà Bâle et à Einsiedeln où il retrouvait Zwingle. Tousles deux se mirent alors à prêcher contre l’Église romaine.En 1522, Léon de Juda était curé de Saint-Pierrede Zurich et, rompant entièrement avec Rome,il se maria et poussa à la guerre contre les cantonssuisses demeurés catholiques. Il ne négligea rien pourfaire triompher les erreurs nouvelles et, dans ce but, traduisitet vulgarisa les livres de Luther et de Zwingle.Parmi les ouvrages qu’il composa ou auxquels il collaboranous citerons: Biblia in. linguam Superioris Germaniseseu helveticam conversa juxta hebraicam etgrsecam fidem, in-f», Zurich, 1525; Annotationes inGenesim et Exodum usque ad caput xxiv ex ore Zwingliiexcerptm, in-8°, Zurich, 1527; Novum TestamentumGermanicum cum Erasmi Roterodami paraphrasibus

per Leonem Judas toanslatis, in-f°, Zurich, 1542; Bibliae sacra Hebrseorum lingua Grsecorumque fontibus,consultis simul orthodoxis interpretibus religiosissimetranslata in sermonem latinum per theologos tigurinos,in-f°, Zurich, 1543; Annotationes in 1 VEvangelistas,in Passionis dominicse historiam, in Epistolas Pauli adRomanos, Corinlhios, Philippenses, Colossenses, Thessalonicenseset in Jacobi Epistolam, ex ore Zwingliiexcerptse, in-f°, Zurich, 1581. — Voir Pestalozzi, LéoJudse, in-8°, Elberfeld, 1860; Dupin, Bibl. des auteursséparés de l’Église romaine du xvw siècle (1719),t. i, p. 569; Rich. Simon, Hist. critique du Vieux Testament,p.338; Græsse, Trésordes livres rares, X. iii, p. 494.

B. Heurtebize.

    1. JUDAÏA##

JUDAÏA (hébreu: hay-Yehudiijyâk; Septante: ’Agi’a),mère de Jared, d’Héber et d’Icuthiel. I Par., iv, 18. Lepassage dans lequel elle est nommée semble altéré et aété expliqué des façons les plus diverses. Judaïa paraitêtre un surnom plutôt qu’un nom, parce qu’il est précédéde l’article et signifie «la Juive» ou «de la tribude Juda». Dans le ꝟ. 19, c’est elle qui, d’après plusieurscommentateurs, est appelée Odaia par corruption. Lenom de son mari n’est pas désigné clairement. De làvient que les uns la font femme de Caleb, fils de Jéphoné,les autres d’Ezra, d’Esthamo ou de Méred, ꝟ. 15,17-18. Dans l’état défectueux du texte, il est difficile dedémêler la vérité. On peut cependant supposer qu’elletut une des femmes de Méred et reconstituer avec quelquevraisemblance de la manière suivante le, texte original. «Ceux-ci furent les fils de Béthia (t. ii, col. 1686),fille du Pharaon, qu’épousa Méred, et les fils de sa(seconde) femme, Judaïa (ou la Juive), sœur de Naham,lequel fut père (ou fondateur) de Céila, dont les habitantssont Garmites, et d’Esthamo, dont les habitants sontMaachatites.» La femme «juive» est ainsi distinguéepar sa nationalité de la femme égyptienne. Voir Frd.Keil, Chronik, 1870, p. 64-65.

JUDÀiSANTS.—I. Définitions. —D’après l’analogie, «judaïser» devrait signifier «imiter les mœurs ou lesmanières juives, sans être Juif soi-même». Et c’est en cesens que le mot est employé dans Esther, viii, 17: Beaucoupde Perses, par crainte des Juifs, se faisaient circoncireet judaisaient (mityahâdim, participe hithpaheld’un verbe dénominatif de ydhad; Septante: ïou8aiÇov; laVulgate paraphrase). Dans le même sens, saint Paul reprocheà saint Pierre de forcer les gentils à judaiser,Gal., ii, 14, c’est-à-dire à recevoir les pratiques judaïquesrelatives aux aliments, aux purifications légales, etc. Lemot ne se trouve pas ailleurs dans la Bible. L’usage moderneest moins rigoureux. On appelle en général «judaïsants» les membres de l’Église primitive, qu’ils fussentJuifs ou gentils d’origine, qui regardaient l’observationtotale ou partielle de la Loi mosaïque comme nécessaire auchrétien. Naturellement, ces lausses doctrines avaientdesdegrés et les judaisants pouvaient se diviser en catégoriesdistinctes, sinon nettement tranchées: 1° ceux quiconcevaient le christianisme comme une secte juive,analogue aux pharisiens ou aux disciples de Jean-Baptiste,n’admettant par suite les non-Juifs qu’en vertude la circoncision, moyen ordinaire d’incorporation aupeuple élu; — 2° ceux qui, regardant la circoncisioncomme obligatoire pour les Juifs d’origine, admettaientcependant les gentils dans l’Église, mais à un ranginférieur comparable à celui des prosélytes de secondordre ou <reë<5(j.svoi (timentes, metuentes Deum); — 3°ceux qui, sans croire la circoncision nécessaire au salut,la jugeaient imposée par les circonstances, pour ne paséloigner les Juifs de l’Église et pour faciliter les rapportsentre les deux portions de la communauté chrétienne;

— 4° ceux enfin qui, n’ayant pas d’idées bien précisessur l’obligation de la Loi mosaïque, continuaient àl’observer par habitude, par piété, par scrupule de

conscience et se scandalisaient de la voir violer autourd’eux. — Les deux premières catégories étaient formellementhérétiques; la troisième commettait une erreurd’appréciation que saint Paul se fait un devoir de combattre;la quatrième méritait l’indulgence et parfoissaint Paul lui-même trouva bon de la ménager.

II. Histoire.

I. assemblée de Jérusalem. —La première levée de boucliers des judaisants amena laréunion de ce qu’on a nommé le concile apostolique,vers l’an 50. Nous admettons avec la presque totalité desauteurs que les récits de Gal., ii, 1-10, et d’Act., xv,1-31, ont trait aux mêmes événements; seulement saintPaul insiste davantage sur les faits qui le touchent personnellement,tandis que saint Luc rapporte de préférenceles délibérations pu bliques et les décisions d’intérêtgénéral. Les judaisants venus de Judée à Anlioche soutenaientexpressément que les Grecs convertis ne pouvaientse sauver sans la circoncision. Act., xv, 1. La circoncisionassujettissait les nouveaux chrétiens à toute la Loimosaïque; et c’est bien ainsi que l’entendaient lesjudaisants de Jérusalem qui, avant leur conversion,avaient appartenu à la secte des pharisiens. Act., xv, 5.Les Apôtres et les anciens de la ville sainte, réunispour cet objet, après avoir entendu Paul, Barnabe etles autres envoyés d’Antioche, Act., xv, 4, 12, déboutèrentles judaisants de leurs prétentions. Pierre rappelala conversion de Corneille et de sa famille, conversionsanctionnée par le Saint-Esprit lui-même, sans qu’il eûtété question d’imposer aux néophytes le fardeau de laLoi. Pourquoi accabler les gentils d’un poids qu’eux,les Juifs, avaient été impuissants àporter? Act., xv, 7-10.Jacques fut du même avis et il appuya son sentiment surle témoignage de l’Écriture. Cependant il apportait à laliberté des gentils quatre restrictions que l’assembléeapprouva. Act., xv, 13-20. Le motif qu’il en donnaitreste assez obscur pour nous, ꝟ. 21, mais les décisionsprises par le concile sont parfaitement claires: 1° LesApôtres et les anciens de Jérusalem délèguent auprèsdes chrétiens d’Antioche, Judas, Barnabe et Silas. Act.,xv, 22, 27. — 2° Ils désavouent les judaisants qui, entroublant les églises, ont agi sans aucun mandat, xv, 24.

— 3° Des préceptes de Moïse, les gentils n’ont à retenirque les quatre points suivants dont l’observation estseule nécessaire (èracvaY*s;): abstention des viandesimmolées aux idoles, du sang, de la chair des animauxétouffés et de la fornication, 28-29. — 4° Cedécret concerne les chrétiens d’Antioche, de Syrie et deCilicie, les seuls qui soient en cause, xv, 23. — SaintPaul profita d’une occasion si favorable pour faire approuverson évangile et obtenir une déclaration solennellequi, à l’avenir, fermât la bouche aux judaisantstoujours prêts à le calomnier. Il nous fait connaîtredans l’Épltre auxGalates les résultats de ses démarches:1° Les colonnes de Jérusalem, Jacques, Céphas (Pierre)et Jean, ne trouvent rien à reprendre ou à compléter(oùSèv icpO(rav£8evTo) dans la prédication de Paul. Gal.,il, 2-6. — 2° Ils lui tendent la main droite en signed’alliance et l’on convient que Paul et Barnabe porterontl’Évangile aux incirconcis, comme ils le prêcheronteux-mêmes aux circoncis, 8-10. — 3° Paul, pressé parles judaisants de faire circoncire Tite qui l’avait accompagnéà Jérusalem, s’y refuse énergiquement. End’autres circonstances, il aurait pu consentir à cettepratique indifférente; mais il résista cette fois à causedes faux frères dont les manœuvres sournoises avaientpour but d’asservir à la Loi Paul et ses disciples. Uneconcession, en pareille occurrence, aurait compromis lavérité de l’Évangile, car on n’eût pas manqué d’y voirune obligation au lieu d’un acte de pure condescendance.Gal., ii, 3-5. Le cas de Timothée, à la circoncisionduquel Paul se prêtera plus tard, est tout différent.Act., xvi, 3.

II. incident d’antiocbe. — Après cette décision qui

semblait devoir terminer à jamais les débats, les judaisantsne désarmèrent pas, et l’incident d’Antioche vinttout remettre en question. Nous admettons avec la presqueunanimité des commentateurs: 1° que l’incident eutlieu peu de temps après la réunion de Jérusalem etavant le départ de Paul pour sa seconde mission;2° que le Cephas avec lequel Paul a une discussion estbien Pierre lui-même. Voir Céphas, t. ii, col. 429-430.

Attitude de Pierre.

1. Avant l’arrivée à Antioche

des gens de Jérusalem, qui venaient d’auprès de Jacques(iirô’Iax<160v) et qui peut-être se disaient envoyés parlui, il fréquentait librement les Grecs convertis et vivaitcomme eux, sans s’astreindre à la Loi (i; f|ç, Gal., ii, 14,ne peut être qu’un présent d’habitude; car, à l’instant oùPaul parle, Pierre a cessé de vivre à la grecque, I8vixw;,et s’est remis à vivre à la juive, lou8atxà>{)- — 2. À partirde ce moment il s’éloigna et se sépara des gentils(àcpciptCsv êautdv), non par un changement quelconqued’idées, mais par crainte des Juifs circoncis (cpoëoùnevoçtous ix itepiTO|j.îi{), comme saint Paul le dit expressément.Gal., Il, 12. — 3. Le résultat de ce recul fut déplorable.Les autres Juifs imitèrent Pierre, et Barnabe lui-mêmese laissa entraîner, ꝟ. 13. Bien plus, les Grecs,pour ne pas briser les rapports avec leurs frères de racejuive, étaient moralement contraints de judaiser et d’abdiquerles privilèges que leur avait conférés le décretdu concile.

Attitude de Paul.

1. Il reproche à Pierre et à

ses imitateurs non pas un défaut de doctrine, mais unefaute de conduite (oùx opGouoSoOut, «ils ne marchentpas droit selon la vérité de l’Évangile» ). Gal., Il, 14. Tertulliena trouvé le mot juste: Vtique conversationis fuitvitium non prædicatwnis. De prsescript., 23, t. ii,col. 36. — 2. Il accuse Pierre, non d’erreur, mais d’inconséquence.En effet, Pierre professe, comme Paul, quel’homme n’est pas justifié par les œuvres de la Loi, maispar la toi de J.-C, Gal., ii, 16; tout Juif qu’il est, il ne sefait pas scrupule, à l’occasion, de vivre à la grecque(è9vtxK>;); il est donc déraisonnable d’obliger moralementles Grecs à judaiser, c’est-à-dire à suivre les coutumesjuives auxquelles rien ne les astreint. Gal., ii, 14.L’argument est sans réplique et le récit que fait saint Paulde toute cette affaire suppose que saint Pierre en compritle bien fondé et y conforma sa conduite.

Causes de la divergence.

Le décret de Jérusalem,

tout clair qu’il est, laisse, par sa concision, la porteouverte à plusieurs doutes. 1. Rien n’est réglé au sujetdes Juifs. Participent-ils à la liberté accordée aux gentils?Les Juifs de Jérusalem continuent à observer exactementla Loi; leurs frères de la dispersion n’y sont-ils pastenus eux aussi? — 2. Désormais les gentils sont déclarésexempts de la Loi, à l’exception de quatre articles; maisne sont-ils pas libres de l’observer tout entière? Et n’yaurait-il point pour eux plus de perfection dans cetteobservation intégrale? — 3. Les quatre articles qu’onleur impose par nécessité (râivayxeç), sans spécifier lanature de cette nécessité, les assimilent aux prosélytesde second rang qu’on soumettait seulement aux préceptesdits de Noé. Mais cette mesure ne les constituet-ellepas dans un état d’infériorité par rapport aux Juifsde race? Et cette inégalité ne serait-elle pas levée parl’observation intégrale de la Loi? — Ces causes, nous leverrons, agiront plus tard dans tous les troubles suscitéspar les fauteurs de désordre.

/II. LUTTES DE PAVL CONTRE LES JUDAISANTS. —

1° Première phase. Période des grandes Épîtres. —1. L’église de Corinthe.— Les Corinthiens disaient: «Moije relève de Paul, moi d’Apollos, moi de Céphas, moidu Christ.» I Cor., 1, 12. On a écrit des volumes sur cesquelques mots pour aboutir aux résultats les plus contradictoires.Tandis que le Pseudo-Ambroise, saint Chrysostomeet son école, Théodoret, Œcuménius et Théophylacte,s’appuyant sur I Cor., iv, 6, se refusent à voir

dans ce verset la mention de partis réels, Banr trouvedans les sectateurs de Pierre et du Christ des judaïsantsproprement dits, dont les plus fanatiques sont les derniers.Tout au contraire, pour Lisco, Paulus Antipauhnus,Berlin, 1896, les sectateurs du Christ sont favorablesà Paul et aux fidèles de la gentilité, tandis queRabiger, Die beiden Briefe des Paulus an die korinth.Gemeinde, Breslau, 2e édit., 1886, revient à l’opiniondes anciens Pères, Clément de Rome, Origène, Augustin,Chrysostome, au gré desquels il n’y avait point àCorinthe de parti du Christ. Voir Corinthiens (PremièreÉpître aux), t. ii, col. 985; cf. Rohr, Paulus und die Gemeindevon Korinth, Fribourg-en-Brisgau, 1899, 5e section:Parteiungen undParteien, p. 70-149. — De quelquenom qu’on les appelât, les judaïsants étaient très actifsà Corinthe. Des esprits brouillons, des cerveaux étroits yavaient organisé une véritable contre-mission pour ruinerle prestige et l’œuvre entière de Paul. On lui contestaitson titre d’apôtre, II Cor., xi, 5; xii, 11-12; ons’autorisait contre lui de lettres de recommandationvraies ou supposées, II Cor., iii, 1; cf. xi, 13-15; onfaisait sonner bien haut, pour le rabaisser, la prééminencedes Douze, I Cor., ix, 1-5; il semble qu’on luireproche aussi des variations de doctrine, de la légèreté,de la vaine gloire, qu’on se fait une arme de samodestie, de sa condescendance, de son humble extérieur.II Cor., xi, 7-12, 16-18; x, 10-13; i, 17-20, etc.Ces attaques, qui obligent Paul à de longues apologies,

Cor., ii, 1-ni, 3; ix; II Cor., x-xii, etc., trahissent laprésence de ses adversaires acharnés, les judaïsants.Cependant il ne paraît pas [que le mal fût encore consommé.Les ennemis semaient l’ivraie, la mauvaiseherbe commençait à lever et menaçait d’étouffer le bongrain, mais il était encore temps de l’arracher. Il estextrêmement important de remarquer que l’unité n’étaitpas rompue, que les partis, si l’on peut leur donner cenom, ressemblaient plus à des coteries qu’à des schismes.Tout porte à croire que les deux lettres de l’Apôtre etla longue visite dont il les fit suivre suffirent à extirperle mal.

2. Églises de Galatie.

Nous pensons que l’Épitreaux Galates fut écrite peu après les deux Epitres auxCorinthiens et avant l’Épitre aux Romains. Sur les destinatairesde l’Épitre, voir Lightfoot, Eptstle to the Galatians,2e édit., Londres, 1892, p. 1-35; Sieffert, DerBnef an die Galater, 9e édit., Gottingue, 1899, p. 1-17(en Javeur des Celtes ou Galates du Nord); Ramsay,Church in Rom. Empire, p. 74-111; Cornely, Conimentar,Paris, 1892, p. 359-363; Introductio, t. iii, p. 415422 (en faveur des Galates du Sud ou Pisidiens etLycaoniens). — La situation morale ressort assez clairementdu texte lui-même. Les judaïsants allaient répétantpartout que Paul n’était pas un véritable apôtre comparableaux Douze, qu’il n’avait pas connu le Christ et, parsuite, ne pouvait tenir de lui sa mission, qu’il prêchaitun évangile humain. Cf. Gal., 1, 1, 7, etc. Ils enseignaientla nécessité de la circoncision même pour les gentils, v,2; vi, 12, sans peut-être insister beaucoup sur l’obligationd’observer toute la Loi qu’entraînait la circoncision,obligation que Paul ne manquera pas de rappeler, v, 3;VI, 13. On a aussi l’impression qu’ils accusaient samorale de laxisme. Cf. Gal., v, 13. — Les agitateursétaient certainement d’origine juive, v, 12; vi, 13; cf. iii,28; v, 6; vi, 15; ils judaïsaient au moins autant que leparti pharisien lors de l’assemblée de Jérusalem, Act., xv,1, 5; Gal., ii, 4; eux aussi se réclamaient de l’autoritédes vrais, des * grands Apôtres» (ol ûirepXfav àTrôatoXoi,II Cor., xi, 5; iii, 11), des «colonnes» de l’Église. Gal.,n, 6, 9. Ils avaient déjà fait quelques progrès, iv, 9-10, «t séduit plusieurs âmes, iii, 1; v, 7. Néanmoins, le maln’était pas sans remède; le pas décisif n’était pas fait «ncore, v, 2; iv, 21, et l’Apôtre espérait toujours pré--serverses chers Galates de la perversion, v, 1, 10, mais

c’était un espoir mêlé de crainte, iv, 11. Nous ne connaissonspas le résultat de sa lettre, mais tout nouspersuade qu’elle eut un plein succès.

3. Église de Rome.

L’école de Tubingue voyaitdans l’Épitre aux Romains un manifeste dirigé contreles judaïsants. On regardait comme incontestable que lamasse des chrétiens étaient des Juifs convertis. Or, s’ilest un fait certain, c’est que l’église de Rome était uneéglise mixte, mais où les gentils prédominaient de beaucoup.Cf. Rom., i, 5-7, 13-15; xi, 13; xv, 14-16. On netrouve pas dans l’Épitre la moindre trace de polémiquedirecte. Si, comme il est probable, les faibles, xiv, 1, quifont des distinctions entre les jours et les aliments, xiv,2-10, sont des judéo-chrétiens, ce ne sont pas les judaïsants,puisque l’Apôtre les tolère et ordonne aux fidèleséclairés, qui sont la majorité, de les supporter patiemment.— Ce n’est pas l’imminence du péril judaisantqui poussa l’Apôtre à écrire son Épître aux Romains.Après les désordres qui venaient d’agiter si violemmentles églises de Galatie et de Corinthe, saint Paulvoulut faire un large exposé doctrinal de son enseignementqui, désormais, couperait court aux chicanes etpréviendrait de nouveaux troubles. Il adressa ce traité àl’église qu’il allait bientôt visiter en personne et dont ilprévoyait sans doute les glorieuses destinées.

Deuxième phase.

Les Epitres pastorales. —

Après l’Épître aux Romains, la question judaisante traversaune période d’accalmie. Les Epitres de la captiviténe conservent presque aucune trace de ces controverseset s’attaquent à un ennemi tout différent, un fauxmysticisme philosophique où nous apercevons les germesde la gnose. L’Épitre aux Philippiens renferme une vivesortie contre les docteurs judaïsants, «ces chiens, cesouvriers pervers, qui se glorifient dans la chair.» Cf.Phi!., i: i, 2-4. Mais il ne semble pas qu’ils fussent actifsen ce moment dans l’église de Philippes. Ce n’estqu’un souvenir du passé, tout au plus une allusion àquelque fait éloigné. — Au contraire, dans les Epitrespastorales nous trouvons deux mentions des judaïsants.On ne peut les méconnaître dans ces vains discoureurs «qui veulent être docteurs de la Loi et qui ne saventni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment avec tant d’assurance». I Tim., i, 7 (vo|io8181%(7xaXoi). On les reconnaîtaussi aisément dans ces «querelles et disputes au sujetde la Loi». Tit., iii, 9 (votnxi;). Cf. J. Thomas, L’Égliseet les judaïsants à l’âge apostolique, dans les Mélangesd’histoireetdelittératurereligieuse, Psirïs, 1899, pA-l%.

IV. DERNIERS VESl’IGESDES JUDAÏSANTS. — L’histoire

des judaïsants, après le siècle apostolique, devient assezobscure. Les écrivains ecclésiastiques n’ayant pas tousune connaissance personnelle des diverses sectes, dontles dogmes ont pu et dû changer avec le temps, en parlentsouvent d’après leurs prédécesseurs; quelques auteursvont jusqu’à confondre les sectes juives avec lessectes chrétiennes et rangent les pharisiens, les sadducéens,les esséniens, parmi les hérésies primitives. Il nefaut pas perdre de vue que les premiers hérésiarques,bien que Juifs ou plutôt Samaritains d’origine, commeSimon le Magicien, Dosithée et Ménandre, ne peuventpas être comptés au nombre des judaïsants. Leur doctrineest un mélange bizarre et monstrueux d’élémentspaïens, juifs et chrétiens, avec une tendance aux spéculationscosmogoniques qui les feront considérer plus tardcomme les pères du gnosticisme. Les vrais judaïsants, cesont les judéo-chrétiens restés obstinément attachés à lalettre morte de la Loi. Déjà saint Ignace s’élève fortementcontre ces pratiques sans raison d’être: «Pour quiconquecroit à Jésus-Christ, dit-il, il est absurde de judaiser.» Magnes., x, 3; cf. viii, 1; Philad., vi, 1, dans Funk,Patres apostol, 2e édit., 1901, t. i, p. 238, 236, 268.Saint Justin est moins sévère. «À son avis,» les observateursde la Loi peuvent se sauver, pourvu qu’ils nel’imposent pas aux gentils convertis comme si elle était

nécessaire au salut. Dial. cum Tryphon., b7, t. vi, col.576. Mais cette restriction <oç l^oi Soxeî montre assezque ce n’était pas alors l’avis de tout le monde et saintJustin le déclare expressément un peu plus loin. Verscette époque commençait à paraître, sous le nom de Clémentde Rome, toute une littérature judaïsante dont denombreux spécimens, quelquefois retouchés dans unsens orthodoxe, sont parvenus jusqu’à nous. Cf. Bardenhewer,Geschickte der altchr. Litter., Fribourg-en-Brisgau,1902, t. i, p. 351-363. Cependant les représentantsclassiques du judaïsme sont les Ébionites. Aprèssaint Irénée, qui, le premier, nous en parle, ils continuaientà observer toute la Loi mosaïque et regardaientPaul comme un apostat, Hser. i, xxvi, 2, t. vii, col.687, niaient la conception virginale de Jésus, User., iii,xxi, 1, col. 946, et sa divinité. Hser. v, i, 3, col. 1123.Seul, l’Évangile de saint Mathieu, qu’ils recevaient, lesrattachait au christianisme. Hser. iii, xi, 7, t. vii, col.884. Saint Épiphane nous parle longuement de deux hé.ésies judaisantes très distinctes. La première est celledes Nazaréens (NaÇcopatoi), les héritiers et successeurs deces judéo-chrétiens qui s’étaient retirés au delà du Jourdain.Ils diffèrent des Juifs ordinaires par leur toi auChrist; ils diffèrent des chrétiens par l’observation entièrede la Loi mosaïque. Hser. xxix, t. xli, col. 388405. La seconde est celle des Ébionites apparentés auxNazaréens, comme origine et comme enseignement,mais poussant plus loin l’erreur. Pour eux, Jésus-Christn’est qu’un homme, né comme les autres d’un père etd’une mère. Ils ajoutent à la Loi de Moïse des pratiquessingulières. Hær. xxx, t. xli, col. 405-473. Saint Épiphaneen connaît deux sectes dont l’une dérive d’un certainElxai, l’autre, très peu différente, ne nous est connueque de nom, Ea^aïoi. Hser. LUI, 1, t. xli, col. 900.Saint Jérôme mentionne fréquemment les Nazaréens etles Ébionites et les considère comme également hérétiques.L es Nazaréens en particulier croient en Jésus-Christfils de Dieu et né d’une vierge, mais en voulantêtre à la fois juifs et chrétiens, ils ne sont ni juifs nichrétiens. Epist. ad August. cxii, 13, t. xxii, col. 924.Les auteurs plus récents ne font guère que répéter lesrenseignements recueillis dans leurs devanciers. — L’étudela plus complète sur les sectes judaisantes est cellede A. Hilgenfeld, Die [Ketzergesch. des Urchristenthums,Leipzig, 1884, avec le supplément, Judenthumund Judenchristenthum, Leipzig, 1886. F. Prat.

    1. JUDAÏSME##


JUDAÏSME. — I. Définition. — 1° Usage biblique. —Le mot îou8aï<7(i.6; est employé quatre fois dans le secondlivre des Machabées dont le grec est la langue originale.Il est rendu en latin parjudaismus, II Mach., viii, 1; xiv, 38;par Judsei, II Mach., ii, 21 (22), et n’est pas traduit dansII Mach., xiv, 38 (seconde fois). Dans tous ces cas, «judaïsme» signifie «la cause des Juifs» ou «les coutumesdes Juifs» et se trouve en opposition avec «hellénisme» dans le sens de «mœurs ou cause des Grecs».

— Saint Paul se sert deux fois de ce même mot: «Voasavez entendu (raconter) mes déportements dans lejudaïsme,» Gal., i, 13; «Je surpassais en zèle, dans lejudaïsme, la plupart de mes contemporains.» Gai, i, 14.Ici, évidemment, «judaïsme» est pris au sens religieuxplutôt que politique et a pour terme corrélatif «christianisme».

i’Vsage moderne. — On est maintenant convenu d’appeler «judaïsme» l’ensemble des lois, des institutions,des mœurs, des coutumes propres aux Juifs à partir dumoment où les enfants d’Israël commencent à s’appelerJuifs, c’est-à-dire à partir de la destruction de Samarie,ou même, pratiquement, à partir de la captivité de Babylone.Le judaïsme ainsi entendu est «la communautéreligieuse qui survécut au peuple anéanti par les Assyrienset les Chaldéens». Wellhausen, Prolegomena zurGeschichtelsræls, ’à° édit., 1886, p. 1. — De la sorte l’histoire d’Israël se partage en trois époques à limites assezindécises: le mosaïsme, le prophétisme et le judaïsme.A son tour, le judaïsme se subdivise en trois périodessans lignes de démarcation bien accusées: le judaïsmeancien, jusqu’à l’incendie du Temple, l’an 70 de notreère; le judaïsme intermédiaire ou rabbinisme, qui élaborela Mischna et le Talmud; enfin, le judaïsme moderne,depuis le moyen âge. Ce dernier tombe entièrementhors de notre cadre. Pour le second, voir Talmud.

II. Caractères du judaïsme.

À partir de la captivité,le judaïsme est caractérisé par des institutions nouvelles(sanhédrin, synagogues, scribes) et par une évolutiondogmatique très marquée (portant principalementsur les intermédiaires entre Dieu et l’homme, sur lesanges et les démons, sur les fins dernières); ces caractèresvont s’accusant de plus en plus à mesure qu’on serapproche des temps évangéliques.

i. institutions NOUVELLES. — 1° Sanhédrin. — LesPerses laissaient d’ordinaire aux peuples soumis unelarge part de liberté, n’exigeant que le payement régulierde l’impôt, avec la reconnaissance officielle d’unesuzeraineté qui n’était ni trop lourde ni trop tracassière.Cependant il ne pouvait être question de rétablir laroyauté, surtout dans la maison de David, sans éveillerles susceptibilités du vainqueur. Toute l’autorité dontjouissait encore la nation juive fut confiée à une hauteassemblée dont le grand-prètre avait la présidence. Cefut l’origine du sanhédrin: son nom primitif de sénat(Yepouofa), le nombre restreint de ses membres (70, plusle président), son caractère aristocratique très nettementaperçu par Josèphe (izoXnda àpiatoxpceroci) [iet’ôXe^oco-Xaç> Ant. jud., XI, iv, 8) nous reportent naturellementà l’époque persane. Sous le régime grec, le sanhédrinaurait été plutôt formé à l’imitation de la $ovlr,démocratique et généralement fort nombreuse. La compétencedu sanhédrin était universelle; c’était à la foisun tribunal suprême et sans appel, une assemblée politiquedans la mesure de l’autonomie laissée au peuple,un pouvoir exécutif, un conseil d’État. Sa juridiction,d’abord restreinte à la Judée, s’étendit peu à peu avecl’accession graduelle d’autres villes, avec les conquêtesdes Asmonéens, avec l’acceptation volontaire des Juifsde la diaspora. Voir Sanhédrin.

Synagogues.

Les Juifs de la captivité, privésdes sacrifices, des pèlerinages, de tout ce qui stimulaitla piété et alimentait la vie religieuse, y suppléèrent deleur mieux en destinant des endroits spéciaux à la prièrepublique et aux assemblées, où ils s’instruisaient de leurfoi et de leurs devoirs, sous la présidence des prêtres etdes prophètes. Cet usage, adopté plus tard dans toutesles villes de la diaspora ainsi qu’en Palestine, surtoutdans les provinces les plus éloignées, mais aussi en Judéeet même à Jérusalem, opéra une révolution d’uneincalculable portée. Partout les Juifs prirent l’habitudede se réunir chaque sabbat, quelquefois plus souvent,pour faire ensemble la lecture de la Loi et des Prophèteset en entendre l’explication ou tnidrasch. À la synagoguese rattachait généralement une école, où l’on apprenaità épeler les Livres Saints et à chanter les Psaumes. Ainsi,malgré l’exil et la dispersion, malgré leur contact forcéavec les infidèles, les Israélites restaient groupés, leurfoi en Jéhovah était sauvegardée, l’étude des Livres inspirésabsorbait toute leur vie intellectuelle, leur caractèrenational s’élaborait et recevait cette forte et originaleempreinte que rien ne fut plus capable d’effacer. VoirSynagogues.

Scribes.

Le personnel des synagogues, du sanhédrinet des tribunaux secondaires, se recrutait depréférence dans la classe des scribes. Avant la captivité,les scribes n’apparaissent qu’en qualité de hauts fonctionnaires,conseillers et ministres des rois ou chefsd’armée, au sens égyptien du mot. Après l’exil, leur rôlechange: les scribes sont des lettrés ayant les attribu

tions les plus diverses. Peut-être leur fonction premièrefut-elle de transcrire les livres sacrés: de là viendraitleur nom (sôferîm, scnbæ ou numeratores), car il estdifficile de le dériver, avec les rabbins, du soin qu’ilsmirent plus tard à compter les versets et jusqu’aux lettresde la Bible. Quoi qu’il en soit, les scribes faisantune étude particulière de la Loi qui, pour les Juifs, résumaittoute la science, devinrent "juristes, avocats, professeurs,prédicateurs, propres enfin à remplir toutesles fonctions publiques, depuis celle de juge au sanhédrinjusqu’à celle d’instituteur dans les écoles annexéesà la synagogue. Notez les noms qu’ils portent dans leNouveau Testament: Ypapiurret;, «scribes ou lettrés,» vojio8180tiTxaXoi, «docteurs de la Loi,» voji.ty.oi, «juristesou jurisconsultes;» et, de plus, dans Josèphe: îepoypaix(laTeïç, ê ?r)Y ?jTcii vôfjuov rætpi’wv, ao<fi<rzai. — Leur influencedevint universelle comme leurs aptitudes etils formèrent un des traits les plus saillants de la physionomiedu judaïsme. Voir Scribe.

II. évolution du dogme.

Trinité.

Dans las

plus anciens livres de la Bible, apparaît l’Ange duSeigneur. Cet être mystérieux, distinct de Jéhovah etdoué néanmoins d’attributs divins, revêt une personnalitéde plus en plus accentuée. Plus tard, il reçoit depréférence le nom de Sagesse, dont l’éloge remplit deschapitres entiers. Prov., viii-ix; Eccli., xxiv; Sap., x. VoirSagesse. Le judaïsme postérieur développa ces doctrines,mais en les dénaturant, dans ses spéculations sur leVerbe de Dieu, Memra, sur la Gloire, Aô5 «, ou Présencesensible de Dieu, Sekînâh, sur le Metatron quifait fonction de médiateur attitré entre Dieu et leshommes et semble être quelque chose de plus qu’unange créé. — L’Esprit de Dieu apparaît dès le premierchapitre de la Genèse et sa personnalité devient de plusen plus distincte. Si l’esprit qui remplit les prophètespeut n’être qu’un don créé, l’esprit de Dieu, qualifiéde bon, qui instruit les Israélites, Esd., IX, 20, l’espritde Dieu qui doit habiter au milieu d’eux, Agg., ii, 5,et l’esprit saint que Dieu envoie du plus haut des cieuxen même temps qu’il donne la sagesse, Sap., IX, 17,font penser au Saint-Esprit dont ils offrent les caractères.Voir Weber, Jùdische Théologie, 2e édit., Leipzig,1897, c. xiii, Mittlerische Hypostasen, p. 177-195.

Angélologie et démonologie.

D’un bout à l’autre

de l’Écriture, on constate l’existence et l’action des bonset des mauvais anges. Cependant, avant la captivité, nianges ni démons ne sont désignés par des noms propres,la hiérarchie des puissances infernales n’apparaît pasencore et celle des esprits bienheureux est plutôt insinuéequ’affirmée par les noms de milice céleste, d’armée duSeigneur, et.par les appellations diverses d’anges, dechérubins, de séraphins. Ces doctrines se précisent et se.complètent à partir de la captivité. Nous apprenons lesnoms de Gabriel, Dan., viii, 16; ix, 21, de Raphaël,ïob., iii, 25, etc., de Michel, Dan., x, 13, 21, xii, 1, dudémon Asmodêe. Tob., iii, 8. Satan, qui désignait autrefoisun adversaire quelconque, mais que l’auteur de Jobemploie déjà par antonomase pour signifier l’ennemiinfernal, devient désormais un terme courant. Zach., iii,1, 2; cf. I Par., xxi, 1; II Reg. xix, 22; III Reg., v, 4.Nous voyons maintenant une hiérarchie dans le ciel,Dan., x, 13, 21; xii, 1, et la croyance à l’ange gardien desindividus et des peuples que les écrits antérieurs, Gen.,xlviii, 16; Jud., xiii, 20, avaient déjà indiquée, se révèleavec une clarté toujours croissante. Mais c’est dans leslivres apocryphes composés aux approches de notre èreque l’angélologie et la démonologie prennent des proportionsdémesurées. Les imaginations échauffées sedonnent libre carrière. Le Livre d’Hénoch, le Livredes Jubilés, V Apocalypse de Baruch sont remplis desrêveries les plus extravagantes. Nous y trouvons, avecl’ange de la face et l’ange de la sainteté, les anges (ougénies) de la tempête, des ténèbres, du tonnerre, de la

grêle, du froid et du chaud, de l’hiver et de l’été, de laterre et du ciel, du matin et du soir, etc. Livre desJubilés, ii, 1-2, dans Kautzsch, Die Apocryphen undPseudepigraphen des A. T., 1900, t. ii, p. 41. Unesection très considérable du Livre d’Hénoch, vi-xxxvi,a pour thème l’histoire des anges et des démons. On y litpar exemple le nom des vingt décurions, placés à la têtedes deux cents anges déchus, qui enseignèrent auxhommes l’impiété et les sortilèges, péchèrent avec lesfemmes dont ils eurent des enfants de trois centscoudées, etc. Kautzsch, t. ii, p. 238-257.

Eschatologie.

La théologie des fins dernières

était peu développée chez les anciens Hébreux. Le schéoln’offrait à leur esprit que des idées vagues: c’est qu’ilsle concevaient à la fois comme le lieu des âmes et celuides corps, comme un séjour commun aux bons et auxméchants. Le sche’ôl était en même temps ou tour àtour l’enfer et les limbes. — Les livres prophétiques sontpleins de descriptions terribles du jour du Seigneur,mais il est difficile de dire si ce jour représente unjugement des vivants ou un jugement des morts, unemanifestation particulière de la justice de Dieu ou unesérie graduée de vengeances divines s’étendant à plusieurssiècles. — Enfin, pour des raisons qu’il n’y a paslieu d’étudier ici, l’immortalité de l’âme que les patriarchesne pouvaient ignorer, vu leurs rapports avec laChaldée et l’Egypte, n’a pas grand relief dans les écritsantérieurs à la captivité. — Sur tous ces points lalumière augmente graduellement au sein du judaïsme.Voir Ame, t. i, col. 461-464; Enfer, t. ii, col. 1792-1795.

III. Origine du judaïsme.

I. sfsteme rationaliste.— Selon la formule de Wellhausen, le judaïsmese distingue de l’ancien Israël par l’intrusion subrepticede la loi dite mosaïque: Lex autem subintravit.Voici les points fondamentaux du système. — 1. Centans après la ruine de Samarie, il y eut une tentativede centralisation du culte autour du Temple de Jérusalem,amenée par la découverte c’est-à-dire la compositiondu Deutéronome; mais cette tentative ne réussitqu’à moitié, malgré la connivence des prêtres et desprophètes et l’appui du pouvoir civil. — 2. C’est pendantla captivité de Babylone que s’élabora l’unification. Leprojet de réforme du prêtre-prophète Ézéchiel ne futpas adopté; mais le Code sacerdotal faussem*nt attribuéà Moïse et promulgué par le prêtre-scribe Esdras,vers 444, eut plus de succès. — 3. En même temps,l’histoire sainte fut racontée dans les Paralipomènes demanière à faire croire à l’origine mosaïque de la nouvellelégislation; les anciens livres furent remaniés dansle même sens, par suppressions, changements, interpolations.— 4. Le judaïsme ainsi constitué donnait au clergénon seulement la prépondérance, mais une influenceà peu près exclusive: — a. Le temple de Jérusalem estreconnu comme centre unique du culte. — b. Le rituelétablit d’innombrables sacrifices, dont les prêtres ont lacharge et le profit. — c. Des fêtes périodiques rassemblenttout le peuple autour du sanctuaire et le tiennent sousla main du clergé. — d. Les prêtres sont désormaisdistingués des lévites et forment une aristocratieinfluente et riche. — e. Les dîmes et autres revenus considérablesprévus par la Loi achèvent de faire du clergéune institution puissante. — 5. Le judaïsme ainsi forméalla se développant peu à peu sous l’action des influencesétrangères. L’influence persane est sensible dans ladémonologie et l’angélologie, dans la morale, dans ledogme de la résurrection. L’influence grecque se manifestepar le scepticisme, par la philosophie et par lesspéculations sur la Sagesse. — En un mot, développementnaturel activé par de pieuses fraudes, syncrétismed’éléments divers venus du dehors, " voilà comments’explique tout le judaïsme. Pour l’appréciation dupremier point, voir Pentateuque. Nous n’avons à parlerici que des influences étrangères.

il. influence persane. — «L’influence de la Perseest la plus protonde qu’Israël ait subie. Elle dura mêmeaprès la fin de l’empire perse. L’influence grecque,pourtant si forte, n’empêcha pas l’influence iraniennede se continuer, au IIIe, au IIe siècle.» Renan, Hist. dupeuple d’Israël, 1893, t. iv, p. 156. En principe, onaurait peu de chose à objecter à ces théories; mais voyonssi elles sont confirmées par les faits. Le lexique donneassez exactement la mesure de l’influence morale etreligieuse d’un peuple sur un autre. Qu’on examine levocabulaire hébreu (en y comprenant l’araméen biblique)on sera surpris du peu qu’il doit au persan. Deux nomsd’emploi: ’âhas’darpenîm «satrapes» avec son adjectifâhasterdnîm (kSatrapâwan, racine ksatra, «noble» )et gizbdr ou gidbdr «trésorier» (jienjiver); quatretermes d’administration: pifgdm «édit» (ancien persanpratigama, persan moderne paigâm); dât «droit,ordre» (data); nityevdn «écrit» (nuwistan), sansdoute aussi patSégén ou parségén «copie»; enfin lesdeux mots’appédén «palais, forteresse» (appadan), etganzak ou genâzîm «trésor» (ganj, persan moderneganjah). C’est tout; car’ëgôz «noix», qu’on fait venirquelquefois du persan, est du sémitique pur; birdh «forteresse» et’iggéréf «missive», bien que communsau persan et à l’assyrien, dérivent plutôt de cette dernièrelangue (birtu et egirtu) dont ils sont beaucoupplus rapprochés que du persan (bâru et engdrê). Cetteliste est fort instructive et montre dans quel ordred’idées ont lieu les emprunts. — Quand on compare laBible et l’Avesta, on remarque, dans la morale commedans le dogme, dès similitudes frappantes. Mais, poursavoir de quel côté est l’imitation, il faudrait d’abordrésoudre la question de priorité; puis tenir compte desdivergences, presque aussi curieuses que les points decontact; enfin peser les vraisemblances pour ou contrel’originalité. Or ce travail est à peine ébauché. On saitcombien la date de l’Avesta est incertaine. Sans vouloir,comme Darmesteter, le faire descendre jusqu’à l’époqued’Alexandre, on doit accorder qu’il se compose decouches successives dont plusieurs ne sont pas anciennes.C’est un fait très remarquable que ni Ctésias, ni Xénophon,ni Hérodote, ne font mention de Zoroastre et queleur description des idées religieuses des Perses neressemble guère à l’avestisme. Les Persans atteignirentau dualisme, mais ne surent pas s’élever jusqu’au monothéismevéritable. Leur Ahura-Mazda, accablé de 99 999maux, ressemble peu au Dieu des prophètes. Le satanbiblique, qui ne peut rien sans la permission de Dieu,et l’Ahriman mazdéen, incréé et indépendant, sont auxantipodes. Les «sept anges qui se tiennent en présencede Dieu», Tob., xii, 15, ne sont pas une conceptionéramenne. Ei effet, les Amschaspands ne sont passept, mais six seulement. Pour obtenir le nombre sept,il faut leur adjoindre Ahura-Mazda lui-même. Quant àla résurrection, elle n’est formellement enseignée quedans les parties les plus récentes de l’Avesta. Et si l’onveut à tout prix que les Juifs aient pris au dehors ledogme de l’immortalité et de la résurrection, ils n’avaientpas besoin d’aller jusqu’en Perse: l’Égjpte étaità leurs portes. Un emprunt que nous serions disposésà admettre, c’est le nom d’Asmodée. Nous ne connaissonset ne nommons les anges ou les démons que parleur mode d’action et de manifestation extérieures. Or,le nom d’Asmodée, s’il dérive du persan Aêsma-daêva, «le démon de la concupiscence,» convenait parfaitementà l’être que l’auteur de Tobie voulait mettre enscène. Voir Asmodée, t. i, col. 1103-1104. Cf. de Harlez,La Bible et l’Avesta, dans la Revue biblique, 1895,p. 161-172. — M. Nicolas, Des doctrines religieuses desJuifs pendant les deux siècles antérieurs à l’ère chrétienne,Paris, 1867, ne fait commencer l’influence persanequ’au IIe siècle avant J.-C. et la réduit à peu dechose; Soderblom, La vie future d’après le mazdéisme,

Paris, 1901, s’attache surtout à montrer les différencesdu judaïsme et du mazdéisme; il répond à Stave, Ueberden Evnfluss des Parsismus auf dos [Judentum, 1898,lequel défend la thèse opposée. — Dans le sens durationalisme allemand et hollandais: A. Réville, Lejudaïsme depuis la captivité de Babylone, d’aprèsKuenen, dans la Revue des Deux Mondes, mars 1872.

/II. influence grecque. — De prime abord, on pourraitpenser qu’elle fut beaucoup plus profonde. LesGrecs possédaient à un degré prodigieux l’art de fondreet d’assimiler les éléments hétérogènes avec lesquels itevenaient en contact. C’étaient des colonisateurs de premierordre, et les Romains, pour prendre pied enOrient, durent commencer par se faire Grecs. La Palestinen’échappa point à l’hellénisme. Voir Hellénisme,col. 575-579. Avant l’époque des Machabées on était déjàentiché des coutumes grecques, etsousHérode, l’engouementne fit qu’augmenter. Mais les Juifs furent toujoursextrêmement réfractaires aux idées religieuses importéesde l’étranger. Us se plièrent aux usages des Grecs,adoptèrent souvent leur langue, mais restèrent obstinémentJuifs d’esprit, de tendance et de religion. Celuiqu’Aristote aurait rencontré en Asie Mineure et dontl’âme était grecque comme la langue (Cléarque dansJosèphe, Cont. Apion., i, 22) doit être regardé commeune exception singulière. Les poètes juifs écrivant engrec (rédacteurs des livres sibyllins, Ézéchiel le tragique,Philon et Théodote, auteurs d’épopée) ont pour butunique d’édifier les païens, d’en faire des prosélytes, deglorifier leur propre nation et de la venger des calomniesauxquelles elle était en butte. Ils prennent leurs sujetsdans l’histoire sainte et impriment à leur œuvre uncachet judaïque très marqué. De même les historiens:ils sont tous apologistes. Leur nom est souvent grec,Démétrius, Cléodème, Eupolème, Aristée, Jason deCyrène, Thallus le chronographe; leur langue est hellénique:mais leur âme reste juive et l’hellénisme nel’entame pas. Ils répudient le panthéon païen avec sesmythes puérils et son culte sensuel, ils n’ont aucunpenchant pour le tranquille scepticisme de leurs contemporains,ils sont monothéistes résolus et, au delà del’horizon israélite, ils ne regardent rien. Les philosophes,fait étrange trop peu remarqué, font comme lesautres. Parmi eux on cite un adepte d’Aristote, Aristobule,un sectateur du Portique, l’auteur du quatrièmelivre des Machabées, un platonicien fervent, Philond’Alexandrie. En réalité, ils ne sont qu’éclectiques, tourà tour pythagoriciens, stoïciens, disciples du Lycée ou del’Académie, empruntant à tous les systèmes, avec laterminologie, sans laquelle ils ne pourraient écrire engrec, les éléments qui cadrent avec leurs idées juives.Aristobule ne cache pas son dessein: il veut montrerque les philosophes païens ont tiré da la Bible leursmeilleures inspirations, et que la loi de Moïse estconforme à toutes les données acceptables de la sagesseprofane. Si l’auteur du quatrième livre des Machabéesdoit au Portique quelques définitions(raison, intelligence,sagesse, science, etc.) et quelques divisions (vertus cardinales),le Juif perce à tout moment sous cette écorcestoïcienne par les autorités alléguées, les exemplescités. L’apologétique de Philon, plus déguisée, est parlà même plus habile et plus efficace. Presque partout, ilglisse une idée juive sous un terme hellénique. SonXo’yoç, par exemple, a beaucoup moins de rapports avecleXôyo; platonicien qu’avec la Sagesse des livres sapientiaux.— Tout cela explique pourquoi l’hellénisation,partout ailleurs si rapide et si facile, a échoué enPalestine.

IV. véritables origines.

Sans vouloir méconnaîtrel’action très réelle des influences extérieures, nouscroyons être plus près de la vérité en faisant dujudaïsme un produit autochtone. Plus on en étudiera lestraits les plus saillants, comme l’obsenation scriipu

leuse de la loi et des traditions, le prosélytisme ardent,les espérances messianiques alliées à un patriotismeexalté, plus on se convaincra qu’il a bien ses racinesdans le sol même et qu’il n’est pas importé du dehors.Le légalisme farouche des pharisiens est le fruit deslectures et des prédications dont retentissent les synagogueset aussi une réaction contre la mondanité scandaleusedes sadducéens. Les idées messianiques ne sontque la conclusion et le développement naturel des prophétiesaatiques, à un moment où les temps marquéspar lesvojants d’Israël sont accomplis et où l’heure durelèvement semble avoir sonné. Quant au prosélytisme,ce caractère si particulier du judaïsme contemporain duChrist, il s’explique suffisamment par la profondeur dusentiment religieux des Juifs et par la conviction queleur Dieu est le Dieu unique de tous les hommes, leseul Dieu sauveur, surtout si on ajoute des motifs moinsnobles, le désir d’étendre leur influence, le besoin des’assurer des protecteurs et la vanité de faire école. — Onsait quel futtoujours le mépris intense des Juifs pour leculte et les croyances des autres hommes, combien ilsse montrèrent constamment réfractaires aux idées religieusesvenues du dehors, enfin comment leurs écrivainsles plus hellénistes de langue et d’usages, restent, ’invariablementjuifs de tendances et ne veulent être qu’apologistes.Tous les traits essentiels du judaïsme existenten germe dans les écrits anciens de la nation et biensouvent il est facile d’en suivre pas à pas le développementprogressif. En descendant le cours de cette évolutionininterrompue, on ne peut qu’admirer la conduitede la Providence préparant par degrés insensibles lesvoies au christianisme.

IV. Bibliographie.

En dehors des Histoires d’Israël,des Théologies bibliques et des Introductions à l’Ancienou au Nouveau Testament, on peut signaler comme serapportant directement à l’histoire, aux idées, aux institutionsdu judaïsme, les ouvrages suivants: E. Schurer,Geschichte des judischen Volkes im Zettalter JesuChnsti, 3° et 4e édit., Leipzig, 1901 (très au courant pourla bibliographie); Langen, Das Judenthum in Palàstinazur Zeit Christi, Fribourg-en-B., 1866; Weber,Jûdiscfie Théologie auf Grund des Talmud, 2e édit.,Leipzig, 1897; F. de Saulcy, Sept siècles de l’histoirejudaïque, Paris, 1874; Id., Histoire t£ Rérode, Paris,1867; îd., Histoire des Machabées, Paris, 1880; de Champagny,Rome et la Judée, Paris, 1865; Stanley, Lectureson the History of the Jewish Church, 3° série,Londres, 1876, Latimer, Judsea frora Cyrus to Titus,Chicago, 1899; Cheyne, Jewish réligious Life after theExile, Londres, 1898; Biggs, History of the Jewishpeopleduring the Maccabean and Roman periods, NewYork,1900; Stapfer, Les idées religieuses en Palest. àl’époquede J.-C., Paris, 2e édit., 1878; là., La Palestine au tempsde J.-C., Paris, 2 S édit. 1885; Edersheim, La Sociétéjuive à l’époque de J.-C, Paris, 1896 (traduit de l’anglaisThe Life and Times of Jésus the Messiah, Londres,1883; édit. abrégée 1890). — Les auteurs suivantssont Israélites: Jost, Geschichte der Isræliten seit derZeit der Makkabær, 9 in-8°, Berlin, 1820-1829; ld.,Geschichte des Judenthums und seiner Sékten, 3 in-8°,Leipzig, 1857-1859; Herzfeld, Geschichte des VolkesJisræl (de la captivité aux Machabées, résumé d’unouvrage plus étendu), in-8°, Leipzig, 1870; Ab. Geiger,Das Judenthum und seine Geschichte, Breslau, 18641871, 3 in-8° (t. i, Judaïsme proprement dit; t. ii, Babbinisme;t. iii, Judaïsme moderne). F. Prat.

    1. JUDAS##

JUDAS, forme grécisée du nom hébreu de Yehûdâh(voir Juda, col. 1765) qui a passé telle quelle des livresdes Machabées et du Nouveau Testament dans le latinde la Vulgate et dans le français. La Vulgate a écritordinairement Juda le nom des personnages mentionnésdans les livres écrits en hébreu, et Judas le nom de

ceux qui figurent dans les livres écrits en grec; il y anéanmoins quelques exceptions. En français, on a coutumed’appeler Jude: 1° l’apôtre Judas qui est l’auteurd’une des Épitres catholiques, et 2° Judas le disciple surnomméBarsabas ou Barsabé.

1. JUDAS (hébreu: Yehûdâh; Septante: ’Io-jSæ; Vulgate:Judas), Benjamite, fils de Sénua, «second chef» de la ville de Jérusalem, après le retour de la captivitéde Babylone. II Esd., xi, 9.

2. JUDAS (hébreu: Yehûdâh; Septante: ’loiSa), undes chefs du peuple qui assista, du temps d’Esdras, à ladédicace des murs de Jérusalem. II Esd., xii, 33 (hébreu,34).

3. JUDAS MACHABEE (grec: ’IoûSaç 6 êmxaXo’Juevo;Maxa6aîo; ; Vulgate: Juda qui vocabatur Machabseus),le troisième des cinq fils du prêtre Mathathias,qui donna Je signal de la révolte contre Antiochus IVEpiphane, roi de Syrie, lorsque ce prince voulut obligerles Juifs à pratiquer l’idolâtrie. I Mach., ii, 4; Josèphe,Ant. jud., XII, vi, 1. En mourant, son père ledésigna comme chef des troupes juives, parce que, dèssa jeunesse, il s’était montré fort et vaillant. 1 Mach.,h, 66; Josephe, Ant. jud., XII, vi, 4.

I. Origine du nom de Machable.

Le surnom deMachabée, donné à Judas, a été expliqué de différentesfaçons. Les uns ont voulu voir dans ce nom un motformé par le commencement des mots de la phrase:Mi Kdmôkd Bâ’élim Yehôvah, MKBI, «Qui est commetoi parmi les dieux, ô Jéhovah!» Exod., xv, 11. Cettephrase, disent les partisans de cette interprétation,était inscrite sur les étendards juifs. Cette assertion estune conjecture dont on n’a aucune preuve. Il en est demême de l’opinion qui donne pour origine à ce nomles premières lettres de la phrase Matîtteyâh KôliênBen-Yofyândn, «Mathathias, prêtre, fils de Jean.» Lesurnom de Machabée était personnel à Judas et c’estde lui qu’il passa à toute sa famille. Cf. Conrad Iken,De Juda Maccabeo Symboles litterarise, X. i, part, i,Brème, in-8°, 1744, p. 170-194. J. Curtiss, The NameMachabée, in-8°, Leipzig, 1876; cf. Theologische Lileraturzeitung,1876, p. 436, croit que ce surnom vientde la racine kâbâh, «éteindre,» et signifie <t exterminateur». Cf. Is., xlhi, 17. La plupart des modernesle font venir du mot chaldéen maqqâbâ,: < marteau,» de la même façon que Charles Martel, parce que l’unet l’autre écrasèrent les ennemis de leur nation. Lesens, dans ces deux dernières explications, est le même.On ne peut du reste, pour décider de l’étymologie, sefixer sur l’orthographe du mot hébreu qui est perdu,les textes modernes rabbiniques écrivent tantôt avec un3, k, tantôt avec un p, q. Curtiss fait remarquer que maqqâbâdans les passages où il se rencontre, Jud., iv,21; I (III) Reg., VI, 7; Is., xiiv, 12; Jer., x, 4, désigneun marteau ordinaire et non la masse d’armes quiaurait mieux symbolisé la force de Judas, mais cette remarqueest loin d’être décisive. Cf. F. Vigouroux, Manuelbiblique, 11e édit., t. ii, p. 221. —Dans le Talmud,dans Josèphe, Ant. jud., XIV, xvi, 4;. XX, viii, 11, etdans beaucoup d’historiens modernes, Judas et lesautres descendants de Mathathias sont appelés Asmonéens,du nom de leur ancêtre Asamôn. Josèphe, Ant.jud., XV, vi, 1.

H. Judas Machabée affranchit son peuple du jougsyrien. —Judas délivra Israël de la tyrannie des Syrienspar sa vaillance et sa foi. Le portrait que le I or livredes Machabées, iii, 3-9, nous trace de sa personne estcelui d’un héros digne des temps de la chevalerie: «Judas... se revêtit de la cuirasse comme un géant, il seceignit de ses armes guerrières dans les combats et ilprotégeait le camp avec son épée. Il devint semblable à

un lion dans ses actes, etc.» Sous sa direction, la révolteprit les proportions d’une grande guerre. Il eut d’abordà lutter contre Apollonius, gouverneur de Samarie, aunom d’Antiochus, qui avait rassemblé une armée considérable.Il le défit, le tua, s’empara des dépouilles del’armée syrienne et en particulier de, l’épée d’Apolloniusdont il se servit désormais dans les combats.

I Mach., iii, 10-12; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 1. VoirApollonius 3, 1. 1, col. 777. Séron, gouverneur de Gœlésyrie,s’apprêta à venger son collègue, escomptant paravance la gloire qu’il aurait à vaincre Judas. Il s’avançaavec des troupes nombreuses jusqu’à Béthoron. VoirBéthoron 1, t. i, col. 1699. Judas n’avait qu’un petitnombre d’hommes, découragés et fatigués par le jeûne.

II ranima le moral de ses soldats en leur promettantl’appui de Dieu de qui seul dépend la victoire. Séronfut écrasé, huit cents ennemis périrent et le reste s’enfuitdans le pays des Philistins. I Mach., iii, 13-24; Josèphe,Ant. jud., XII, vii, 1. L’effet produit par cettedouble victoire fut immense et le roi lui-même commençaà redouter Judas. I Mach., iii, 25-27. Dans sacolère, il eût voulu exterminer immédiatement les rebelles,mais l’état de ses finances ne lui permit pas deréaliser ses projets de vengeance. Il envahit la Persepour rançonner le pays et y trouver l’argent dont ilavait besoin. En même temps, il confia à Lysias, gouverneurdu pays qui s’étend de l’Euphrate à la frontièred’Egypte, une seconde armée et des éléphants, avecordre d’écraser les Juifs, de détruire Jérusalem et d’établirdes colons étrangers au lieu et place de la nationexterminée. Ce fut en l’an 147 de l’ère des Séleucides,166-165 avant J.-C, qu’Antiochus prit ces mesures.I Mach., iii, 27-37; Tacite, Hist., v, 8. Lysias envoya seslieutenants Ptolémée, fils de Dorymine, Nicanor etGorgias en Judée avec 40000 fantassins et 7000 cavaliers.Philippe, gouverneur syrien de Jérusalem, demanda àPtolémée, gouverneur de Cœlésyrie et de fhénicie, dese hâter. Celui-ci fit partir en avant Nicanor avec20000 hommes. Nicanor voulait surtout fournir au roide Syrie, par la vente des captifs juifs, la somme dç,2000 talents montant du tribut que ce prince devaitaux. Romains. Il promit aux marchands d’esclaves deleur en livrer quatre-vingt-dix pour un talent. Lesmarchands accoururent à Emmaus où campait l’arméesyrienne avec une grande quantité d’or et d’argentpour profiter de l’offre. I Mach., iii, 38-41; [II Mach.,vin, 8-11; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 3. Lorsque Judasapprit les ordres d’extermination donnés par Antiochus,il rassembla le peuple pour se préparer à combattre etpour implorer la miséricorde divine. Jérusalem étaitalors en la possession des Syriens, c’est pourquoi laréunion du peuple eut lieu à Maspha non loin de laville sainte. Les Israélites jeûnèrent et supplièrent leSeigneur, puis Judas organisa l’armée en établissant unehiérarchie militaire. Ses trois frères et lui furent placésà la tête de quatre divisions; au-dessous d’eux furentétablis des chefs commandant, selon leur grade, à1000, 100 et 10 hommes. I Mach., iii, 55; II Mach.,vm, 22. Voir Armées, t. i, col. 671. Puis il renvoya chezeux tous ceux qui venaient de bâtir des maisons, deplanter des vignes ou de se marier, pour ne garder,conformément à la loi, Deut., xx, 5-8, que ceux quiétaient complètement libres. Il partit avec eux pourcamper au sud d’Emmaus. I Mach., iii, 42-60; Josèphe,Ant. jud., XII, vii, 3. Tandis que le corps principal desSyriens restait au camp d’Emmaus, Gorgias sortit aveccinq mille fantassins et mille cavaliers d’élite pour surprendreles Israélites. Des habitants d’Emmaus lui servaientde guides. Judas, informé de cette sortie, alla deson côté attaquer le gros de l’armée royale à Emmaus,où elle n’était pas encore organisée dans le camp, maisdispersée aux alentours. Gorgias ne trouvant personneau camp Israélite crut que Judas et les siens avaient

pris la fuite. Le matin, Judas parut dans la plaine avec3000 hommes en face du camp de Nicanor. L’arméejuive n’avait ni boucliers ni épées, les Syriens portaientdes cuirasses et étaient protégés par de la cavalerie,mais Judas rappela à ses compatriotes que Dieu avaitdélivré leurs ancêtres du Pharaon et leur promit qu’ilserait encore cette fois le libérateur de son peuple. Ilsmarchèrent avec courage et furent vainqueurs. LesJuifs poursuivirent les fuyards jusqu’à Gézéron et jusqu’auxcampagnes d’Idumée, d’Azot et de Jamnia. Troismille Syriens périrent. I Mach., iv, 1-16; Josèphe,Ant. jud., XIII, vii, 4. Sur l’ordre de Judas, les Juifs,ne s’occupèrent pas du butin pour être prêts à combattreGorgias avant le sabbat. I Mach., IV, 17-18;II Mach., viii, 25-28. En effet Gorgias parut bientôt: ilvit la déroute des siens, le camp en flammes et les Juifsprêts à livrer bataille. Il s’enfuit hors de Judée. I Mach.,iv, 19-22. Les Juifs pillèrent alors le camp syrien et enretirèrent des richesses considérables en or, en argent,en hyacinthe et en pourpre. Ce fut une grande joiedans toute la Judée. I Mach., tv, 23-25. L’armée juive,continuant ses triomphes, tua dans les combats successifsqu’elle livra aux Syriens plus de 20000 hommes destroupes de Timothée et de Bacchide, s’empara de nombreusesforteresses, partagea un butin considérableentre les malades, les orphelins, les veuves et les vieillards,prit une grande quantité d’armes qu’elle déposadans les arsenaux et porta le reste des dépouilles à Jérusalem.Philarque, conseiller de Timothée et qui avaitfait beaucoup de mal aux Juifs, fut mis à mort; Callisthènes,qui avait mis le feu aux portes sacrées, fut brûléen punition de son crime. Nicanor humilié s’enfuit parla Méditerranée, sous un déguisem*nt, et arriva seul àAntioche. II Mach., viii, 30-36. L’année 166-165 avaitété une série de victoires pour Judas.

L’année suivante, 148 de l’ère des Séleucides, 165-164,à l’automne de l’an 165, Lysias vintlui-même en Judée,à la tête de 60000 fantassins d’élite et de5O00 cavaliers.Il campa à Béthoron et Judas vint à sa rencontre avec10 000 hommes seulement. Il pria le Seigneur et n’hésitapas à attaquer Lysias; 5000 hommes de l’armée syriennetombèrent sous les coups des Israélites et Lysias s’entuità Antioche pour y rassembler une armée plusnombreuse et venger sa défaite. I Mach., IV, 28-35;Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 5. Après sa victoire sur Lysias,Judas se préoccupa de purifier le Temple. L’armée setransporta à la montagne de Sion et la profanation dusanctuaire lui apparut dans toute son horreur. LeTemple était désert, l’autel souillé, les portes brûlées,les cours envahies par la végétation, les chambres desprêtres détruites. Les Juifs déchirèrent leurs vêtementset se couvrirent la tête de cendres, puis ils sonnèrentles trompettes et poussèrent de grands cris. Après avoirdétaché une partie de ses hommes pour se protégercontre les Syriens qui occupaient toujours la citadelle,Judas choisit, parmi les plus vénérables, des prêtresauxquels il confia le soin de purifier les lieux saints.Ceux-ci accomplirent leur mission, emportèrent lespierres profanes, c’est-à-dire celles qui avaient servi àla construction de l’autel païen, et les placèrent dans un, lieu impur. Il y eut un moment d’hésitation sur le partià prendre à l’égard de l’autel des holocaustes; on se décidaà le détruire, on en mit les pierres sur la montagnedu Temple, dans un lieu convenable, en attendantqu’un prophète indiquât ce qu’on devait en faire. Puis,conformément à la loi, ils en bâtirent un nouveau avecdes pierres entières. Ils reconstruisirent également lesanctuaire et sanctifièrent les parois. D’après la traditionrabbinique, c’est à l’angle nord-ouest du sanctuaire,dans une chambre appartenant au grand-prêtre, quefurent placées les pierres de l’ancien autel. Mischna,Middoth, I, 6. Cf. H. Derenbourg, E’ssai sur ^histoire etla géographie de, 1a Palestine, in-8°, Paris, 1867, 1. 1,

p. 60-61. Puis ils firent de nouveaux vases sacrés etapportèrent dans le Temple le chandelier, l’autel desparfums et la table des pains de proposition. Ils mirentl’encens sur l’autel, allumèrent les lampes et placèrentles voiles. Le matin du vingt-cinquième jour de Gasleu,de l’an 148 des Séleucides, c’est-à-dire en décembre 165avant J.-C, au jour anniversaire de celui où, trois ansauparavant, l’autel avait été profané, le sacrifice du matinfut offert selon les rites et l’autel dédié de nouveauau son des instruments. La dédicace dura huit jours etfut l’occasion d’une fête qui fut renouvelée chaque année.Il en est fait mention dans Joa., x, 22; I Mach.,iv, 36-59; II Mach., x, 1-8; Josèphe, Ant. jud., XII,vu, 6-7. Voir Dédicace, t. ii, col. 1339. Les Juifs la célèbrentencore aujourd’hui sous le nom de Hannoukah.Judas prit des mesures pour défendre le Temple purifié,il fortifia le mont Sion, en l’entourant de murailles etde tours. Une garnison y fut établie et en même tempsil fortifia Bethsur, pour protéger le pays du côté del’Idumée. La purification du Temple marque la fin dela première période de la vie de Judas et de la révoltedes Machabées contre les rois de Syrie. I Mach., iv,60-61.

III. Victoires de Judas Machabée sur les peuplesvoisins ennemis des Juifs. — Pendant un an et demiaprès la purification du Temple, Judas resta maître incontestéde la Judée. Il en profita pour châtier lespeuples païens du voisinage qui avaient fait tant demal à ses compatriotes. —1° Les Iduméens, les Béanites(voir Béan, t. i, col. 1528), les Ammonites furent successivementdéfaits. Gazer et les villes qui en dépendaientfurent prises. I Mach., v, 1-9; Josèphe, Ant. jud., XII,vin, l.~La plupart des commentateurs identifient cescampagnes avec celles qui sont décrites par II Mach., x,15-38. D’après ce dernier passage, le général syrienGorgias combattait avec les Iduméens, et Timothée avecles Ammonites. Timothée fut tué à la prise de Gazer,ainsi que son frère Chæréas qui commandait la place.

— 2° Les habitants de Joppé, ville qui était demeuréeau pouvoir des Syriens, cf. I Mach., x, 75, se livrèrentà un attentat d’une perfidie et d’une cruauté inouïes.Feignant de convier les Juifs à une promenade en mer,ils les firent monter avec leurs femmes et leurs enfantssur des barques, et ils les noyèrent, au nombre de plusde deux cents. Judas, apprenant ce forfait, marcha contreles meurtriers, brûla le port, mit le feu aux embarcationset fit périr par l’épée ceux qui échappèrent auxllammes. Il partit après cet acte de vengeance, résolu àrevenir bientôt et à exterminer tous les habitants deJoppé. II Mach., xii, 4-9. — 3° Il apprit alors que leshabitants de Jamnia avaient l’intention de massacrer demême les Juifs qui habitaient leur ville, il les surpritpendant la nuit et brûla leur port et leurs vaisseaux. L’incendiefut tel qu’il s’apercevait de Jérusalem, située à243 stades, environ 45 kilomètres, de Jamnia. II Mach.,XII, 8-9. — 4° Les habitants du pays de Galaad opprimèrentà leur tour les Israélites établis sur leur territoire.Ceux-ci s’enfuirent dans la forteresse de Dathéma(t. ii, col. 1309) et implorèrent le secours de Judas,contre une nouvelle attaque dirigée par un autre Timothée.I Mach., v, 9-11. Cette armée s’était emparée delàrégion de Tubin, y avait massacré les hommes, réduitles femmes et les enfants en esclavage et pillé tout.I Mach., v, 12-13. Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 1-2. Aumoment même où arrivaient ces lettres, d’autres messagersaccouraient de Galilée, les tuniques déchirées,portant de semblables nouvelles. Les gens de Tyr et deSidon unis à la population païenne qui habitait le nordde la Galilée avaient envahi toute la région. I Mach.,v, 14-15. Judas réunit une assemblée du peuple pourdélibérer sur ce qu’il y avait à faire en.faveur de sescompatriotes. Il laissa le gouvernement de la Judée àJoseph, fils de Zacharie, et à Azarias, avec ordre d’admiDICT. DE LA. BIBLE.

nistrer le pays et de commander les troupes laissées àsa garde, mais avec défense formelle de prendre l’offensivecontre les païens. Simon, à la tête de 3000 hommes,tut envoyé en Galilée et Judas, accompagné de Jonathas,conduisit une armée de 8 000 hommes dans le pays deGalaad. Voir Galaad 6, t. iii, col. 49; I Mach., v, 17-20;Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 2. Judas et Jonathas traversèrentle Jourdain. À peine avaient-ils parcouru9 stades et demi, c’est-à-dire près de 1 700 mètres,qu’ils furent attaqués à l’improviste par une bande d’Arabes,forte de 5000 fantassins et de 500 cavaliers. Aprèsun rude combat, les Arabes furent défaits et implorèrentla paix, promettant au vainqueur de lui donner despâturages et de lui rendre toutes sortes de services.Judas pensant qu’en effet ils pouvaient lui être utilesconclut alliance avec eux. II Mach., XII, 10-12. Un peuplus loin, à trois journées de marche, ils rencontrèrentune autre tribu arabe celle des Nabuthéens. Ceux-ci, quine partageaient évidemment pas l’hostilité des autrespeuples païens contre tes Juifs, firent bon accueil à Judaset lui racontèrent tout ce qui était arrivé à ses frèresdans le pays de Galaad. Un grand nombre de Juifsavaient été obligés de s’enfermer dans les villes fortesde Barasa, de Bosor, d’Alimes, de Casphor, de Magethet de Carnaim. Les noms de ces villes sont assez difficilesà établir, Barasa est probablement Bosra, capitaledu Hauràn, Alimes ou Alema est inconnue, Bosor estprobablement Beser; cf.Deut., iv, 43; Jos., xx, 8, dans lepays de Moab; Casphor peut être identifiée à Casbon ouCasphonou Casphin, I Mach., v, 36; II Mach., xii, 13;Mageth est inconnue, Carnaim est la même ville queCamion. II Mach., xii, 21. Voir ces noms. Les ennemisdes Juifs avaient décidé pour le lendemain un assautgénéral contre ces places et le massacre de tous ceuxqui y étaient renfermés. Judas se hâta de prendre lechemin de Bosra, s’en empara, massacra tous les non-Juifset brûla la ville. Le lendemain il se dirigea versune autre place forte, probablement Dathéman. Il parvintauprès de cette forteresse au moment même où lespaïens en commençaient l’assaut. Il prit les assiégeantspar derrière et l’armée de Timothée, mise en pleinedéroute, perdit près de 8000 bonimes. I Mach., v, 2134. Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 2-3. Il prit ensuiteMaspha dont il tua tous les habitants mâles et qu’ilbrûla. I Mach., v, 35. Les d’eux livres des Machabéesmentionnent la prise d’un certain nombre d’autresplaces fortes; il est difficile de fixer exactement l’ordredans lequel eurent lieu ces assauts, nous avonsadopté celui qui nous a paru le plus vraisemblable, encomparant les récits de ces deux livres. — Après la prisede Dathéman, ce fut probablement vers Casbon ou Casphinque se dirigea Judas. I Mach., v, 36. La ville étaitentourée de remparts, et défendue par des ponts-levis.Elle était habitée par une population très mélangée.Les habitants, confiants dans leurs remparts, insultaientJudas et blasphémaient. Celui-ci invoqua le Seigneurqui avait fait tomber les murs de Jéricho, prit la villeet fit un tel carnage que l’étang voisin, large de deuxstades, soit près de 400 mètres, semblait un lac de sang.II Mach., xii, 14-16. Il prit ensuite Mageth, Bosor et lesautres villes du pays de Galaad. I Mach., v, 36; Josèphe,Ant. jud., XII, viii, 3-4.

IV. Victoire de Judas sur Timothée.

Le généralsyrien Timothée avait rassemblé une autre armée aveclaquelle il était campé en face de Raphon, près d’un torrent.I Mach., v, 37. Judas marcha contre lui. Il franchit750 stades à partir de Casphin, c’est-à-dire 136 kilomètres,environ quatre jours de marche, et arriva àCharaca dans le pays de Tubin. Timothée avait abandonnécette région après avoir laissé une garnison dansune ville dont nous ignorons le nom. Dosithée et Sosipater,lieutenants de Judas, tuèrent dix mille homme destroupes syriennes. II Mach., xii, 17-19. Judas envoya une

III. - 57

reconnaissance pour découvrir l’armée de Timothée.Ceux qu’il en avait chargés lui rapportèrent que lestroupes du général syrien étaient très nombreuses.Toutes les peuplades environnantes s’étaient jointes à luiet en particulier desvrabes. À la nouvelle de l’approchede Judas, Timothée harangua ses soldats. «Si Judas,leur dit-il, traverse le torrent et passe vers nous le premier,nous ne pourrons lui résister, car il aura l’avantagesur nous. S’il craint, au contraire, de passer le torrentet campe au delà du fleuve, passons et nous auronsl’avantage.» Judas plaça les scribes du peuple près dutorrent et leur donna ordre de ne laisser aucun hommeen arrière, puis il passa le premier et tout le peupleaprès lui. L’armée de Judas comptait 6 000 hommes,celle de Timothée 120000 fantassins et 2 500 cavaliers.Cependant dès que Timothée avait appris l’arrivée deJudas, il avait renvoyé les femmes, les enfants et lereste des bagages dans la ville de Carnaïm ou Camion,tant était grande la terreur qu’inspirait le chef juif.Dès que la première colonne des Israélites parut, lesennemis furent frappés de terreur; ils se renversèrentles uns les autres et périrent sous les coups de leurspropres épées. Judas les poursuivit et en tua 30000. Timothéetomba entre les mains de Dosithée et de Sosipateret les supplia de lui laisser la vie, leur promettanten échange de leur rendre les Juifs qu’il retenait prisonniers.Un accord fut conclu sur ces bases et il futlaissé en liberté. II Mach., xii, 20-25. Judas retourna ensuiteà Carnion où s’étaient enfuis les Syriens quiavaient échappé au combat. Il prit la ville, brûla letemple et tousceux qui étaient dedans; 25 000 hommespérirent dans le massacre. I Mach., v, 43-44; II Mach.,m, 26. Après cette victoire, il rassembla tous les Israélitesqui étaient dans le pays de Galaad, pour les rameneren Judée. La route qu’ils étaient obligés de suivrepassait par le milieu d’Éphron, ville habitée par des gensde nationalités diverses, défendue par de nombreux etvaillants guerriers et très approvisionnée d’armes et demachines de guerre. I Mach., v, 46; II Mach., xii, 27.Les habitants d’Éphron fermèrent leurs portes et lesbarricadèrent. Judas leur demanda le libre passage,promettant de les laisser en paix et de passer à pied.Ils refusèrent d’ouvrir leurs portes. Judas ordonna alorsl’attaque de la ville. L’assaut dura un jour et une nuit;les habitants mâles furent passés au fil de l’épée et laville fut détruite jusqu’aux fondements. Les Juifs la traversèrentau milieu des cadavres. Les morts étaient aunombre de 25000. I Mach., v, 46-51; II Mach., xii, 27;Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 5. Les Juifs traversèrentle Jourdain en face de Bethsan ou Scythopolis, à600 stades, environ 1Il kilom., au nord de Jérusalem.Les habitants de cette ville s’étaient toujours montréssympathiques aux Juifs. Judas les remercia et se dirigeavers Jérusalem, où il arriva avec ses troupes, au tempsde la fête de la Pentecôte. I Mach., v, 52-53; II Mach.,xii, 30-31. Le retour de l’expédition fut célébrée parune grande fête et des sacrifices. I Mach., v, 54.

V. Défaite de Gorgias.

Après la Pentecôte, Judasentreprit une nouvelle expédition contre Gorgias, gouverneurde l’Idumée, Il s’empara de Chébron ou Hébronet des villes qui en dépendaient et les brûla. I Mach.,v, 65; II Mach., xii, 32. Dans une bataille de cettecampagne, les Juifs essuyèrent un léger échec, maisun cavalier de cette nation se saisit de Gorgias dont ilvoulait s’emparer vivant, un cavalier thrace de l’arméesyrienne fendit d’un coup d’épée l’épaule du Juif etGorgias put s’enfuir à Marésa. I Mach., XII, 34-36.Judas prit cette ville, car c’est le nom de Marésa ouMarissa qu’il faut lire dans I Mach., v, 66, au lieu deSamarie. Cf. Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 6. Dans cettemême campagne, se plaça l’épisode si connu du sacrificeoffert pour les morts. Le septième jour de l’arrivéede Judas à Odollam, les Juifs se purifièrent et célébrèrent

le sabbat. Le lendemain, Judas vint avec les siens pouremporter les cadavres des morts et les ensevelir dans lestombeaux de leurs pères. Or ils trouvèrent sous lestuniques de ceux qui avaient été tués, des amulettes enl’honneur des divinités de Jamnia; il parut évident àtous que ces actes d’idolâtrie avaient été la cause deleur mort. Ils se mirent alors en prière, afin que lesfautes des victimes fussent oubliées, et Judas exhorta lepeuple à se préserver de l’idolâtrie que Dieu avait ainsipunie. Il fit une collecte: elle rapporta 12000 drachmesqui furent envoyées à Jérusalem et un sacrifice expiatoirefut offert à l’aide de cette somme. II Mach., xii,38-46. — Judas entreprit ensuite une guerre contre lesPhilistins, il prit Azot, renversa les autels, brûla lesstatues des dieux, pilla les villes et rentra en Judée.

I Mach., v, 68.

VI. Campagne de Judas contre Lysias.

1° Défaitede Lysias. — En l’an 149 de l’ère des Séleucides, 164163 avant J.-C., Antiochus IVÉpiphane mourut à Tabès,ville de Perse, située entre Ecbatane et Persépolis. Latristesse qu’il éprouva en apprenant que ses générauxavaient été battus par Judas s’ajouta à celle qu’il éprouvaitde ses propres échecs en Perse, et une affreusemaladie le conduisit au tombeau. I Mach., vi, 1-16;

II Mach., ix, 1-29. Voir Antiochus 3, t. I, col. 693.Son fils Antiochus V Eupator, encore enfant, lui succédaet malgré la volonté de son père qui lui donnaitPhilippe pour tuteur, Lysias s’empara de la tutelle etde la direction du gouvernement. I Mach., vi, 14-17;II Mach., x, 10-11; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 1; Polybe,xxxi, 11. Lysias assembla aussitôt une armée de80000 hommes, toute la cavalerie et 80 éléphants, pourmarcher contre les Juifs, s’emparer de Jérusalem et enfaire une ville grecque. Il comptait tirer de l’argent duTemple et vendre le sacerdoce juif, comme il faisaitdes sacerdoces païens. Il commença par mettre lesiège devant Bethsur, place forte située à 160 stades,environ 27 kilom. au sud de Jérusalem. II Mach.,xi, 5. Le texte dit 5 stades mais c’est évidemment uneerreur de copiste. Voir Bethsur, t. i, col. 1746. Judasinvoqua le Seigneur et s’avança au-devant des Syriens.L’armée juive avait demandé à Dieu de lui envoyer unange. La prière de ces hommes vaillants fut exaucée etils virent marcher devant eux un cavalier habillé deblanc, protégé par des armes d’or et brandissant unelance. Comme des lions ils s’élancèrent sur l’ennemiet lui tuèrent 11000 fantassins et 1600 cavaliers. Lysiass’enfuit honteusem*nt avec le reste de ses soldats.II Mach., xi, 6-12. Hors d’état de continuer la guerre,le général syrien proposa à Judas un traité de paix, sefaisant fort de faire accepter par le roi les conditionsque demanderaient les Juifs. En effet le roi consentit àtout. Une lettre de Lysias l’apprit bientôt à Judas etl’invita à nommer des plénipotentiaires pour régler lesdétails de la convention. À la lettre de Lysias étaientjointes deux lettres d’Antiochus V Eupator, l’une adresséeà Judas, l’autre au sénat des Juifs, c’est-à-dire auconseil des anciens et à tout le peuple. Dans la premièrele roi concédait aux Juifs le droit de vivre selon leurslois et usages et leur garantissait la possession duTemple. Dans la seconde, il annonçait qu’il avait reçuleur ambassadeur Ménélas et qu’il donnerait des saufsconduitsà tous les Juifs qui voudraient descendre deJérusalem dans toutes les autres régions du pays. Enmême temps les Juifs recevaient des légats romains,Q.Memmius et T. Manlius ou Manilius, qui confirmaientles promesses de Lysias et demandaient aux Juifs d’envoyerquelqu’un auprès du roi afin que les envoyés deRome puss*nt appuyer leurs demandes. Toutes ces lettresétaient datées du 15 xanthique de l’an 148 (163 avantJ.-C), suivant la manière de compter du second livre desMachabées, II Mach., xi, 13-38; de l’an 149 suivant la manièrede compter del’auteur du premier livre. E. Frohlich,

Annales compendiarii regum et rerum Syrise numisveteribus illustrati, Vienne, 1744, p. 24. Cf. F. Vigouroux,Les Livres Saints et la critique rationaliste,5e édit., in-12, Paris, 1902, t. iv, p. 661-666. Après laconclusion de ce traité les Juifs vécurent tranquilles etse livrèrent à l’agriculture, non sans être inquiétéscependant quelquefois par les chefs syriens laissés à latête des garnisons du pays, après le retour deLysiasauprès du roi. Ces chefs, c’est-à-dire Timothée, Apollonius,fils de Gennæus, Jérôme, Démophon et Nicanor leCypriarque, continuèrent à tracasser le peuple d’Israël.II Mach., xii, 1-2.

2° Reprise des hostilités entre les Juifs et les Syriens,— En 163-162, c’est-à-dire l’année qui suivit lamort du roi, Judas tenta de s’emparer de la citadelle deJérusalem, toujours occupée par une garnison syrienne.Il construisit, pour l’assaut, des balistes et d’autres machinesde guerre. Cependant quelques-uns des assiégésauxquels se joignirent des impies d’Israël, c’est-à-diredes Juifs gagnés à l’idolâtrie hellénique, parvinrent àsortir et allèrent demander secours au roi de Syrie. Ilsfirent valoir au prince qu’ils s’étaient engagés à servirson père et à obéir à ses édits et qu’à cause de celaplusieurs des leurs avaient été mis à mort et leurs héritagesconfisqués. Us annonçaient en même temps l’attaquede la citadelle et la mise en état de défense parJudas de la ville de Belhsur. Bientôt, ajoutaient les renégats,ils feront pire encore et il sera impossible deles assujettir. I Mach., vi, 17-27; Josèphe, Ant. jud., XII,ix, 3. Profondément irrité, Antiochus convoqua sesamis et les chefs de son armée, il prit à sa solde desmercenaires des royaumes voisins et des îles. Son arméecomptait plus de 10000 fantassins, plus d’unevingtaine d’éléphants, une nombreuse cavalerie et deschars armés defaux.I Mach., vi, 28-30; II Mach., xiii, 2.Les chiffres varient dans les deux passages, les différencessont évidemment dues à la négligence des copistes.Dans l’armée syrienne se trouvait Ménélas,l’ancien grand pontife, célèbre par tant de crimes et desacrilèges. Cf. II Mach., iv, 17-50. Il avait excité Antiochusà entreprendre cette expédition dans l’espoir dereprendre le pouvoir en Judée. Ménélas, sans qu’onsache comment, avait gravement mécontenté Ljsiasqui insinua au roi que le renégat était la cause de toutle mal. Antiochus le fit arrêter et précipiter dans unamas de cendres suivant la coutume de Bérée, ville oùse trouvait alors le roi. II Mach., xiii, 3-8. Judas et sescompatriotes invoquèrent le Seigneur et jeûnèrentpendant trois jours, puis ils s’avancèrent au-devant desSyriens, dans la pensée de les arrêter avant leur entréeen Judée. Ceux-ci marchèrent vers l’Idumée en partantdu littoral de la Méditerranée. Une première bataillefut livrée près de Modin, à mi-chemin entre Joppé etJérusalem. Pendant la nuit les Juifs surprirent le campsyrien et tuèrent 4000 hommes et un grand nombred’éléphants. II Mach., xiii, 14-17. Un second combateut lieu à Bethzachara, entre Jérusalem et Bethsur, àenviron 70 stades, 12 kilomètres au nord de Bethsur,près de Bethléhem. I Mach., vi, 32; Josèphe, Ant. jud.,XII, ix, 4. Antiochus comptait beaucoup sur ses éléphants,il avait groupé autour de chaque bête 1 000 fantassins,munis de cottes de mailles et de casques d’airainet 500 cavaliers d’élite. Un Indien conduisait l’éléphantqui portait sur son dos une tour où étaient placés 2 ou3 hommes. Le reste de la cavalerie avait été placé endeux divisions sur les ailes, l’infanterie était formée enphalanges. I Mach., vi, 34-38. Cf. Vigouroux, Les LivresSaints et la critique rationaliste, 5e édit., t. iv,p. 629-637. Voir Éléphant, t. ii, col. 1658. L’éclat desboucliers d’or et d’airain frappés par le soleil levant, lebruit produit par la marche de cette armée qui s’avançaiten ordre, partie sur les collines et partie dans laplaine, frappa de terreur la population du pays. Cependant Judas marcha à la rencontre des Syriens et mit600 hommes hors de combat. C’est alors qu’Éléazar,frère de Judas, se sacrifia pour son peuple. Il courutau-devant d’un éléphant, se plaça sous lui, le tua etmourut écrasé par le poids de la bête. Ce dévouementn’empêcha pas les Juifs d’être obligés de se retirer devantles Syriens. I Mach., vi, 43-48; Josèphe, Ant. jud.,XII, 3-5; Bell, jud., i, i, 5. Voir Éléazar 8, t. ii,col. 1651. Antiochus détacha une partie de son arméecontre Jérusalem et avec le reste alla mettre le siègedevant Bethsur. La ville résista vaillamment et Judasenvoya des vivres aux assiégés. Un traître nommé Bhodocuslivra aux Syriens le s secrets de la défense. Judasle fit mettre en prison. Cependant les habitants deBethsur manquèrent bientôt de vivres, car on étaitdans l’année sabbatique pendant laquelle les champsrestaient sans culture et les provisions étaient rares;ils furent donc obligés de se rendre. I Mach., VI, 49-50;II Mach., xiii, 19-22; Josèphe, Ant. jud., XII, IX, 5; Bell,jud., i, I, 5. Antiochus rejoignit alors le corps quicampait devant Jérusalem. Il entreprit un siège en règle,à l’aide de machines de tous genres, lançant despierres, des dards et du feu. Les Juifs avaient des machinessemblables et firent une résistance énergique,mais comme les habitants de Bethsur, ils manquèrentde vivres à cause de l’année sabbatique et dd surcroîtde population amenée par Judas et par Simon de diversesparties de la Palestine. La famine [ obligea ungrand nombre d’entre eux à quitter la ville.

Traité de paix d’Antiochus V avec les Juifs.


Cependant la Providence vint au secours des Juifs.Philippe, revenu de Perse et de Médie, à la tête d’unearmée, voulait prendre possession de la tutelle d’AntiochusV pour laquelle l’avait désigné le père du roi, etpar le fait même, la direction des affaires du royaume.Lysias, à cette nouvelle, rassembla les chefs de l’armée,leur montra la difficulté de s’emparer de la cité sainteet l’utilité de faire la paix avec les Juifs pour combattrele nouvel ennemi. La paix fut en effet conclue à la conditionqu’Antiochus laisserait au peuple d’Israël touteliberté de suivre ses lois. Le roi partit alors pour Antioche,après avoir offert un sacrifice et des dons auTemple et donné à Judas le titre de gouverneur de toutle pays qui s’étend de Ptolémaide jusqu’à Gérar. Avantde partir, il viola cependant une des clauses du traité etdétruisit une partie des fortifications qui entouraient lacolline du Temple. I Mach., 56-62; II Mach., xiii, 23-24.Sur la route, Lysias rassura les habitants de Ptolémaide,émus de la convention. Philippe qui s’était emparéd’Antioche fut battu et Antiochus reprit sa capitale.I Mach., vi, 63; II Mach., xiii, 26; Josèphe, Ant. jud.,XII, ix, 6-7. Le traité conclu entre Lysias, Antiochus Vet les Juifs, fut respecté en tout ce qui touchait la loireligieuse. Aucun roi syrien ne renouvela la folle tentatived’Antiochus Épiphane et ne tenta d’imposer leculte païen aux Israélites. L’année 162 est donc la finde la guerre religieuse, les conflits qui suivent sontsurtout des luttes entre les deux partis juifs, le partides amis des Grecs et le parti national. On en revientà la situation antérieure à la révolte des Machabées.Sans doute les premiers sont plus enclins à favoriserles institutions helléniques, les seconds plus attachésaux coutumes et à la foi nationale, mais les pointsessentiels demeurent hors de conteste; les premierssont les Sadducéens, les seconds, les Pharisiens.J. vVellhausen.XKe Phartsâer und die Sadducâerfin-S",Greifswald, 1874, p. 84.

VIL Guerre de Judas contre les généraux de DémétriusI er Soter. — Peu après leurs succès contrePhilippe, Lysias et Antiochus Eupator eurent à combattreun autre adversaire plus redoutahle que le premier,c’était Démétrius I er Soter, fils de Séleucus IVPhilopator, neveu d’Antiochus Éphiphane et cousin "

d’Antiochus Eupator. Ce dernier fut vaincu et Démétriusle remplaça sur le trône de Syrie. Voir Démétrius1, t. n col. 1358.

Intrigues et échec d’Alcime.

Dès les débuts du

nouveau règne, le parti hellénique, qui avait à sa têteun ancien grand-prêtre du nom d’Alcime (t. i, col. 338),s’efforça de gagner le prince. Alcime qui avait pactiséavec l’idolâtrie au temps d’Épiphane et qui voulaitrecouvrer son titre accusa Judas auprès de Démétriusde persécuter ses amis. Démétrius chargea Bacchide,gouverneur des provinces situées au delà de l’Euphrate,de voir l’état des choses et réserva à Alcime le grandpontificat. Tous deux marchèrent vers la Judée avec unearmée et essayèrent d’abord d’entrer en pourparlersavec Judas. Celui-ci ne se laissa pas prendre à cetteruse, mais quelques scribes du parti des Assidéens serendirent auprès d’Alcime et de Bacchide. Ils ne pouvaientcroire qu’un prêtre de la race d’Aaron put lestromper. Ils furent égorgés au nombre de soixante.Bacchide, qui était venu camper en face de Jérusalem,ne tarda pas à lever le camp pour se rendre près deBethzécha où il massacra un grand nombre de ceuxqui avaient quitté son parti et jeta leurs cadavres dansun puits. Il confia ensuite le pays à Alcime et retournaauprès de Démétrius. Alcime se démena pour s’assurerle souverain sacerdoce et groupa autour de lui tous lesfauteurs de troubles qui se rendirent maîtres de la Judéeet y causèrent de grands maux. Judas se remit encampagne, fit périr un grand nombre de ces misérableset força les autres à demeurer en paix. I Mach., vil,1-25; II Mach., 1-2; Josèphe, Ant. jud., XII, IX, 7-x, 3.Voir Alcime, t. i, col. 338; Assidéens, t. i, col. 1131;Bacchide, t. i, col. 1374. Alcime, voyant que Judas et sonparti l’emportaient, retourna auprès du roi et renouvelases accusations contre le Machabée. Pour se taire bienvenir de Démétrius, il lui offrit une couronne, unepalme et des rameaux d’or dérobés au Temple. Appeléau conseil du roi, il profita de l’occasion pour lui représenterque Judas et les Assidéens excitaient des séditionset troublaient la paix du royaume. Tant que vivraitJudas, la tranquillité ne serait pas assurée. Les membresdu conseil, ennemis de Judas, abondèrent dansle même sens et décidèrent Démétrius à envoyer unenouvelle armée.

Nicanor en Judée.

Nicanor, commandant des

éléphants, fut mis à la tête des troupes envoyées contreJudas. Le roi lui donna ordre de s’emparer de Judas,de disperser ses partisans et d’établir Alcime dans lesouverain sacerdoce. Tous les païens qui avaient fui laJudée se joignirent à Nicanor, regardant la défaite desJuifs comme le rétablissem*nt de leur propre prospérité.Les Juifs, en apprenant l’arrivée de Nicanor et lacoalition de leurs ennemis, se couvrirent de poussièreen signe de deuil et prièrent le Seigneur de les sauver.Puis, sur l’ordre de Judas, ils se réunirent près de laplace forte de Dessau (t. ii, col. 1393). Simon, frère deJudas, avait engagé le combat avec Nicanor, mais ilavait été effrayé par l’arrivée soudaine des ennemis.Cependant Nica, nor, quand il connut la valeur descompagnons de Judas, craignit une lutte sanglante; ilpréféra un traité. Il envoya donc Posidonius, Théodotiuset Matthias pour conclure la paix avec Judas.Celui-ci soumit les propositions à son armée et, aprèsune longue délibération, celle-ci fut d’avis d’accepter.Le jour où eut lieu la conférence qui devaitdécider des conditions, Judas prit ses précautions pouréviter une surprise. Il plaça des hommes armés dansles environs, avec ordre d’intervenir si les Syriens tentaientquoi que ce soit contre lui. L’accord conclu,Nicanor demeura à Jérusalem *t y eut l’attitude laplus pacifique. Il renvoya les foules hostiles aux Juifset se montra très sympathique à Judas. La paix semblaitsi bien établie que Nicanor engagea Judas à se marier.

Celui-ci célébra, ’en effet, ses noces et vécut en paix eten amitié avec Nicanor. Cette affection réciproque nefaisait pas les affaires d’Alcime. Il revint auprès de Démétriuset accusa Nicanor de favoriser les intérêts des-Juifset de travailler à se donner comme successeurdans le gouvernement de la Judée, l’adversaire desSyriens. Exaspéré par les calomnies d’Alcime, le roiécrivit à Nicanor pour blâmer le traité et lui ordonnad’envoyer au plus tôt à Antioche Judas Machabée enchaîné.Nicanor lut consterné à la réception de cetordre. Son honnêteté se révolta d’abord à la pensée devioler sa parole et de traiter en ennemi Judas qui nel’avait offensé en rien. Mais il lui parut impossible derésister au roi et il chercha une occasion favorable.II Mach., xiv, 3-29. Il essaya de surprendre Judas dansune entrevue, mais celui-ci avait remarqué le changementd’attitude de Nicanor’; il avait du reste reçu avisdu dessein secret du général syrien, il se déroba àl’embûche. I Mach., vii, 28-30; II Mach., xiv, 30-31. Laruse ayant échoué, Nicanor recourut à la force, il attaquaJudas près de Capharsaloma. Les Syriens perdirent5 000 hommes et le reste de l’armée se réfugia dans lacitadelle du mont Sion. I Mach., vii, 31-32. Nicanorrentra furieux à Jérusalem. À son arrivée, des prêtreset des anciens du peuple sortirent du Temple pour lesaluer dans un esprit pacifique et’pour lui montrer lesholocaustes qui étaient offerts pour le roi. Il les reçutavec mépris et insulta le Temple. Il jura avec colèrequesi Judas n’était pas livré entre ses mains avec touteson armée, il incendierait le Temple lorqu’il reviendraitvictorieux, le raserait et élèverait un sanctuaire à Bacchus.Les prêtres rentrèrent et, devant le Temple etl’autel, ils supplièrent le Seigneur de défendre la demeurequ’il s’était choisie et de tirer vengeance de l’insulteur.I Mach., vii, 33-38; II Mach., xiv, 31-36. Nicanorvoulut alors s’emparer de Razias, un des anciensde Jérusalem, homme de grande réputation. Raziaslui échappa en se tuant lui-même. II Mach., xiv, 37-46.Voir Razias. Nicanor apprit que Judas et son armée setrouvaient en Samarie ou plus exactement sur la frontièreméridionale de ce pays. Il résolut, pour triompherplus facilement, d’attaquer les Juifs les jours de sabbat.II Mach., xv, 1. Il ignorait que ceux-ci avaient résolu delivrer bataille même en ce jour. I Mach., ii, 41. LesJuifs qui avaient été incorporés de force dans son arméele supplièrent de respecter le jour du Seigneur.Il leur répondit en leur demandant avec ironie s’il yavait au ciel un maître qui eût commandé de célébrer lejour du sabbat. «Je suis moi-même maître sur la terre,ajouta-t-il, et j’ordonne de prendre les armes pourdétendre les intérêts du roi.» Il pensait pouvoir éleverbientôt un trophée de ses victoires sur Judas. Celui-ci,de son côté, avait une entière confiance dans le Très-Haut;il exhortait avec éloquence ses compatriotes àavoir courage et leur raconta un songe qu’il avait eu.Le grand-prêtre Onias III lui était apparu en compagniedu prophète Jérémie. Ce dernier lui avait remis,au nom de Dieu, un glaive d’or avec lequel il devait’terrasser les ennemis du peuple d’Israël. Ces paroles,relevèrent l’enthousiasme des jeunes gens et tous résolurentde combattre avec ardeur pour la défense dirTemple et de la ville sainte. Dans la ville on attendaitavec non moins d’anxiété l’issue de la lutte. II Mach.,xv, 7-19. Nicanor vint camper près de Béthoron et futrejoint en cet endroit par un autre corps venant deSyrie. Judas campa à Adarsa ou Adasa (t. i, col. 213)avec 3 000 hommes. Il pria Dieu de lui donner la victoire,comme il l’avait donnée autrefois à ceux quiavaient combattu Sennachérib. Les deux armées en vinrentaux mains le 13 du mois d’Adar, c’est-à-dire à lafin de février ou au commencement de mars de l’an 161avant J.-C. Les Syriens perdirent plus de 35 000 hommeset Nicanor tomba frappé mortellement. Sa mort

détermina la déroute complète de son armée. Les Juifs.poursuivirent les fuyards jusqu’à l’entrée de Gazara. Auson des trompettes, tous les hommes des villages environnantssortirent en armes et le massacre fut général.Judas ordonna de couper la tête de Nicanor et sonbras avec l’épaule et de les porter à Jérusalem. Il fitcouper la langue de l’impie en petit* morceaux et ordonnade la jeter en pâture aux oiseaux. La main futsuspendue devant le Temple, et la tête au sommet de la.citadelle. Une fête solennelle tut instituée en souvenirde cet événement, au jour anniversaire de la victoire, ’la veille du jour de Mardochée. I Mach., vii, 39-50;II Mach., xv, 20-40; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 5;H. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographiede la Palestine, Impartie, p. 63. Judas était désormaismaître de la Judée. Josèphe, Ant. jud., XII, x, 6; xi, 2,place à cette époque la mort d’Alcime et reconnaît dèslors Judas comme grand-prêtre, mais d*après I Mach.,lx, 54-56, Alcime mourut plus tard, sous Jonathas, enTan 159. De plus il est inadmissible qu’un homme aussipieux que Judas ait usurpé une dignité à laquelle iln’avait aucun droit. Josèphe se contredit du reste lui-même,car il affirme qu’après la mort d’Alcime la dignitéde grand-prêtre demeura vacante pendant septans. Ant. jud., XX, x. Cf. Wieseler, dans les Studienund Kritiken, 1877, p. 293-298; Grætz, dans le Monatsschriftfur Geschichie und Wissenschaft des Jùdenthums,1883, p. 1-6.

VIII. Traité avec les Romains.

Pour l’indépendancede son pays, Judas pensa qu’il n’y avait rien demieux à faire que de lui assurer l’amitié et l’alliancedes Romains. Ceux-ci étaient intervenus à plusieursreprises dans les affaires des rois de Syrie et il étaitévident que Démétrius n’oserait pas aller contre leurvolonté*. La renommée de la grandeur romaine étaitparvenue en Judée, grossie, comme il arrive toujours,par l’imagination populaire. Aux exploits réels des Romainsla rumeur publique en ajoutait d’autres; on leurprêtait toutes les vertus et on les croyait maîtres dumonde. Deux faits surtout avaient frappé Judas: leurforce et la bienveillance qu’ils témoignaient à ceux quise joignaient à eux. La description de la puissance etl’esquisse des institutions de Rome qui se trouve dansI Mach., viii, 1-16, est très curieuse surtout en ce qu’ellemontre quelle était sur ce point l’idée que les Juifs avaientde la grande république. Cf. F. Vigouroux, Les LivresSaints et la critique rationaliste, t. iv, p. 621-625.Judas envoya à Rome deux ambassadeurs, Eupolème etJason. Ils devaient solliciter du Sénat une allianceoffensive et défensive et sa protection contre les rois deSyrie. En d’autres termes, ils demandaient à être admisau nombre de ceux que le peuple romain appelait sesalliés, socii. La proposition plut au Sénat, le traité fut.conclu et gravé sur des tables d’airain, suivant l’usagede Rome. Il était rédigé dans les termes ordinaires.Chacun des deux peuples s’engageait à venir en aide àl’autre et à ne fournir à ses ennemis ni blé, ni armes,ni argent, ni vaisseaux; les Juils s’engagaient en plus àne pas fournir des troupes auxiliaires. Toute additionau traité devait être faite d’un commun accord. I Mach.,VIII, 17-29; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 6. Les termesdans lesquels est rapportée la convention sont exactementles mêmes que ceux dans lesquels est conçu un traitéavec Astypalace et daté de l’an 105 avant J.-C. Co/pusÀnscript. græcarum, n° 2485. Cf. E. L. Hicks, Af Manualofgreek hxstorical Inscriptions, in-8°, Oxford, 1882,p. 347-349; Mommsen et Mendelssohn, dans les ActaSocietatis philolog. Lipsiensis, t. v, 1875, p. 91-100.IX. Mort de Judas Machabée.

L’intervention desRomains vint trop tard. Démétrius, dés qu’il avait apprisla mort de Nicanor et la défaite de son armée, avait-chargé Bacchide et Alcime de les venger. Ils suivirentla route qui conduit à Galgala, campèrent à Masaloth

qui est en Arbelles et prirent cette ville, après avoir tuéun grand nombre d’hommes. On n’est pas parvenu àidentifier ces localités. Toujours est-il qu’au mois dûNisan de l’an 152 des Séleucides, c’est-à-dire en marsavril160 avant J.-C, ils approchèrent de Jérusalem.L’armée syrienne comprenait 22 000 fantassins et2000 cavaliers. Quand elle parvint à Bérée, près deJérusalem, Judas avait établi son camp à Laïsa avec3000 hommes. Le nombre desennemis effraya les Juifs,la plupart s’enfuirent et il ne resta à Judas que 800 hommes.Il ne perdit pas courage, malgré les instances deceux qui étaient restés avec lui et qui le suppliaientd’éviter le combat. L’armée syrienne sortit de son camp;les cavaliers étaient divisés en deux corps, les frondeurset les archers marchaient en tête; Bacchide commandaitl’aile droite. Le combat fut acharné. Judas attaquale corps à la tête duquel était Bacchide, il l’écrasa et lepoursuivit jusqu’à Azot. L’aile gauche syrienne fit alorsun mouvement tournant et Judas fut pris entre lesdeux corps. Le combat fut très vif, un grand nombre deJuifs succombèrent et parmi eux Judas. Le reste s’enfuit.Jonathas et Simon emportèrent le cadavre de leurfrère et l’ensevelirent dans le tombeau de leurs pères àModin. Tout le peuple porta le deuil du grand hommeet de toutes parts on entendait cette exclamation douloureuse: «Comment est-il tombé, le héros qui sauvaitle peuple d’Israël?» «Un grand nombre des actionsd’éclat du glorieux Machabée n’ont pas été conservées;elles étaient trop nombreuses pour qu’on pût gardermémoire de toutes.» Ces paroles qui terminent son histoiresont le plus bel éloge que l’écrivain sacré puisse fairede ce grand homme. I Mach., ix, 1-22; Josèphe, Ant.jud., XII, xi, 1-2. Sa vaillance et son génie apparaissentencore mieux quand on voit comment, après samort, le parti des renégats releva la tête. Les Juifs fidèlesétaient sans chels; les amis de Judas furent livrésà Bacchide qui fut maître absolu du pays. Il y eut dansIsraël une tribulation telle qu’on n’en avait pas vu depuisle jour où il n’avait plus paru de prophète dansIsraël. I Mach., IX, 23-27.

Bibliographie. — E. Schùrer, Geschicl*te des JudischenVolkes ifa Zeitalter Jesu-Crisli, 2 S édit., t. i,in-8°, Leipzig, 1890, p. 157-173; Cl. Régnier Conder, JudasMaccabœus and the Jewish war of indépendance, in-16.Londres, 1894; H. Weiss, Judas Makkabaus, Ein Lebenbildaus den lelzten grossen Tagen des IsrælitischenVolkes, in-8°, Fnbourg-en-Brisgau, 1897; B. Niese,Krilik der beiden Makkabâerbùcher, in-8°, Berlin, 1900.

E. Beurlier.

4. JUDAS (grec: ’IouSaç), fils de Calphi, général juifqui tut un des chefs de l’armée de Jonathas Machabée.I Mach., xi, 70. Il échappa avec Mathathias, fils d’Absalom,à une embuscade qui avait été tendue aux troupesjuives dans les environs du lac de Génésareth. VoirGénésar 1, col. 173.

5. JUDAS (grec: ’Io’jSa;), fils de Simon Machabée,frère de Jean Hyrcan et de Mathathias, et neveu de JudasMachabée. I Mach., xvi 2, 14. Simon, devenu vieux, lechargea, avec Jean, de combattre contre Cendébée, quicommandait l’armée syrienne du littoral. Il confia auxdeux frères une armée de 20 000 fantassins et un corpsde cavalerie. Les deux jeunes gens passèrent la nuit àModin près de Gédor ou Cédron. Cendébée tut mis endéroute, mais Judas fut blessé dans le combat. I Mach.,xvi, 3-9; Josèphe, Ant. jud., XIII, vii, 3. L’an 167 de l’èredes Séleucides, au mois de Sabalh, c’est-à-dire en janvierou février 135 avant J.-C, Judas se rendit à Jérichoavec son père et Mathathias. Ptolémée, fils d’Abobus,gouverneur de la plaine de Jéricho, les reçut perfidementdans une petite forteresse appelée ûoch, où il avaitcaché des soldats. Il leur donna un grand festin etlorsque Simon et ses fils furent enivrés, il se leva, s’em-.

para de leurs armes et les fit égorger. I Mach., xvi, 11-17;Josèphe, Ant. jud., XIII, vii, 4. Voir Jean Hyrcan, t. ii,col. 1154; Cemdébée, t. ii col. 406; Doch, t. n.col. 1454.

E. Beurlier.

6. JUDAS (grec: ’louStiç), personnage dont le nomfigure en tête de la lettre adressée par les Juifs de Jérusalemà Aristobule (voir 1. 1, col. 964) et aux Juifs d’Egypte.II Mach, , i, 10. D’après les uns, ce Judas était un Esséniendont parle Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 2; Bell, jud., i,m, 5, et qui fut célèbre par le don de prophétie. D’aprèsd’autres, c’est un Judas inconnu qui n’est mentionné quedans ce passage. D’après d’autres, enfin, c’est le mêmeque Judas Machabée, mais cette dernière identificationn’est pas sans grandes difficultés. Voir Vigouroux, LesLivres Saints et la critique rationaliste, 5 S édit., t. v,p. 657-659. La première opinion est la plus probable.

7. JUDAS ISCARIOTE (grec: ’Io-58ac ô’IoxaptiitY): ;,ou simplement sans article, ’Io-iSaç’Isxapitixf,?; Vulgate:Judas Iscariotes, Matth., x, 4; Marc, iii, 19; Luc, vi,16; Joa., vi, 72; xiii, 2, 26, etc.), un des douze Apôtresqui trahit son Maître. Sur son surnom d’Iscariote, voirIscariote, col. 987, et Carioth 1, t. ii, col. 282.

Judas dans le collège apostolique.

Nous ne

savons de la vie de Judas que ce que nous en apprennentles Évangiles. Saint Jean nous apprend, vi, 72;

311. — Le baiser de Judas. Sarcophage chrétien de la cryptede Saint-Maximin (Var). D’après une photographie. Voir Faillon,Monuments inédits sur l’apostolat de sainte MarieMadeleine en Provence, 2 in-4°, Paris, 1848, t. i, p. 463.

xiii, 2, 26, qu’il était fils de Simon, également deCarioth (’Ioxapioii’cov). Il fut choisi par Notre-Seigneurpour être du nombre de ses Apôtres. Dans les trois listesdes Douze, Matlh., x, 2-4; Marc, iii, 16-19; Luc, vi, 1416, il est toujours nor~.mé le dernier, et les évangélistesn’oublient jamais d’ajouter à son nom la note infamantede son crime: «celui qui le (Jésus) trahit.» La clémencede Jésus à son égard ne connut pas de bornes;il en fit non seulement un disciple, mais aussi son économe,bien qu’il connût dès le commencement, Joa.,vu, 65, qu’il devait le trahir. Jésus avait recommandéauxDouze de ne posséder ni or, ni argent, Matth., x, 9,10; Marc, vi, 8; Luc, x, 4; il vivait des offrandes quelui faisaient les saintes femmes. Luc, x, 3. Les Apôtresdurent mener pendant quelque temps ce genre de vie;dans leurs courses apostoliques, ils recevaient desdons et des offrandes pour les distribuer aux pauvres.Le moment arriva où il devint nécessaire de chargerun membre du collège apostolique d’être l’économede la petite communauté: cet office fut confié à Judas,

Joa., xii, 6 b; xiii, 29°, et en l’exerçant, son cœur commençaà se détacher de l’affection de son Maître pours’attacher à l’argent dont il avait la garde. Jésus avaitdéjà dévoilé sa perversion en le comparant au diable.Joa., VI, 71. Son avarice se manifesta à Béthanie, Matth.,xxvi, 6-13; Marc, xiv, 3-9; Luc, vii, 37-38; Joa., xi, 2jxii, 3-6, lorsque, dans la maison de Simon le lépreux,une femme, Marie, sœur de Marthe et de Lazare, Luc,x, 39, ayant un vase d’albâtre plein d’un parfum précieux,le versa sur la tête du Sauveur pendant qu’il étaità table. Saint Matthieu, xxvii, 8-9, et saint Marc, xiv,4-5, qui, selon leur habitude, résument et abrègent,rapportent que certains d’entre les disciples dirent qu’ileût mieux valu vendre ce parfum et en distribuer leprix aux pauvres; mais saint Jean, xii, 4-6, spécifie et metcette réflexion dans la bouche de Judas et ajoute que lemotif qui le porta à parler ainsi, ce n’était pas l’amourdes pauvres, mais la cupidité, parce qu’il était voleur,avait la bourse et portait l’argent.

Trahison de Judas.

Jésus, étant encore dans la

maison de Simon le lépreux, avait manifesté l’intentionde célébrer la Pâque. Dâjà les sanhédrites etles prêtresconspiraient contre lui et cherchaient à le perdre. Judasse rendit chez les princes des prêtres et leur demandace qu’ils lui donneraient s’il leur livrait Jésus. Lesprinces des prêtres lui assurèrent trente pièces ou siclesd’argent (environ 85 francs). Matth., xxvi, 14-15; Marc,xiv, 10-11°; Luc, xxii, 3-5. C’était le prix d’un esclave.Exod., xxi, 32. Le honteux marché fut conclu; à partirde ce moment Judas ne cherchait que l’occasionopportune d’accomplir son forfait. Matth., xxvi, 16;Marc, xiv, Il b; Luc, xxii, 6. — L’occasion ne tarda pasà se présenter. Le premier jour des Azymes, Matth.,xxvi, 17-19; Marc, xiv, 12-16; Luc, xxii, 7-13, Jésuscélébra le soir la dernière cène avec ses Apôtres, et,pendant qu’ils mangeaient, leur annonça qu’un d’entreeux le trahirait. Les disciples attristés demandèrent: «Est-ce moi, Seigneur?» Jésus répondit que celui quimettrait la main avec lui dans le plat le trahirait; Matth.,xxvi, 20-23; Marc, xiv, 17-20; Luc, xxii, 21-23, et ilajouta: «Malheur à l’homme par qui le Fils de l’hommesera livré! il eût mieux valu pour lui qu’il ne fût jamaisné.» Matth., xxvi, 24; Marc, xiv, 21 b; Luc,xxii, 22 b. Judas osa demander si ce serait lui qui le trahiraitet Jésus lui répondit: «Tu l’as dit.» Matth., xxvi,25. Cette demande et cette réponse ne durent pas probablementêtre entendues des Apôtres. Saint Jean, xiii,1-30, donne sur cette scène des détails complémentairesqui ne se trouvent pas dans les autres évangélistes.Après le lavement des pieds, Jésus annonça, en citantle Ps. xl, 10, la trahison de l’un d’entre eux. Les Apôtres,se regardèrent étonnés, se demandant de qui il voulaitparler. Jean reposait sur le côté du Sauveur; Pierre, sepenchant vers le disciple bien-aimé, lui demanda à quile maître faisait allusion. Jean à son tour interrogeaJésus qui lui répondit: «C’est celui à qui je donneraiun morceau de pain trempé.» Et ayant trempé un morceaude pain, il le donna à Judas. Lorsque celui-ci eutreçu le morceau de pain, Satan s’empara de lui. Jésus luidit: «Ce que tu fais, fais-le vite.» Personne ne compritle sens de ces paroles; Judas ayant la garde de l’argent,les uns pensèrent que Jésus lui avait ordonné d’acheterce qui était nécessaire à la célébration de la fête, ou dedonner quelque chose aux pauvres. Le traître sortit aussitôt;il était déjà nuit. Judas avait-il participé à la cèneou avait-il quitté le cénacle avant la communion eucharistique?La plupart des Pères et des commentateursdu moyen âge ont cru qu’il avait fait une communionsacrilège; la majorité desexègétes modernes soutiennentl’opinion contraire. Voir Cl. A. Fillion, Judas assistait-ilà l’institution de la sainte Eucharistie, dans ses Essaisd’exégèse, in-12, Paris et Lyon, 1884, p. 311-326.Après la célébration de la Cène, Jésus et les Apôtres

sortirent du cénacle où ils étaient réunis et se rendirentvers la montagne des Oliviers, Matth., xxvi, 26-30, au jardinde Gethsémani. Après avoir prié à trois reprises différentes,Jésus s’approcha de ses Apôtres et leur dit: «Levez-vous,allons, car celui qui doit me livrer s’approche.» Matth., xxvi, 39-46; Marc, xiv, 35-42. Saint Jean observe,xviii, 2, que Judas connaissait l’endroit, parce que Jésuss’y rendait fréquemment avec ses disciples. — Le Sauveurparlait encore avec ses disciples, lorsque Judas arrivasuivi d’une troupe envoyée par les princes des prêtreset les anciens, et armée de glaives et de bâtons. |Matth., xxvi, 47; Marc., xiv, 43; Luc., xxii, 47; Joa., xviii,3. Judas avait dit à ses sicaires: «Celui que je baiserai,c’est lui-même [Jésus], saisissez-le.» Et aussitôt il s’approchade Jésus et lui dit: «Salut, maître.» Et il lebaisa. Jésus lui dit: «Ami, qu’es-tu venu faire?» Alorsles sicaires s’avancèrent et saisirent Jésus, Matth., XXVI,48-50; Marc, xiv, 44-46; Luc, xiii, 48; Joa., xviii, 4-8.Judas avait consommé son crime,

Repentir et mort de Judas.

Lorsque Jésus eut

été condamné, Judas, saisi de remords, mais désespéré,rapporta les trente pièces d’argent aux princes desprêtres et aux anciens, en disant: «J’ai péché enlivrant le sang innocent.» Mais eux répondirent: «Que nous importe? C’est à toi de voir.» À ces parolesil jeta les pièces d’argent dans le Temple, s’éloigna etalla se pendre. Matth., xxvii, 3-5; Act., i, 18. Les princesdes prêtres, ayant pris les pièces d’argent, dirent: «Il n’est pas permis de les mettre dans le trésor, carc’est le prix du sang.» Ayant tenu conseil, ils en achetèrentle champ d"un potier pour la sépulture desétrangers; ce champ fut appelé Haceldama (voirHaceldama, col. 386), c’est-à-dire le champ du sang.Matth., xxvii, 6-8; Act., i, 19. Ainsi finit «le fils de laperdition». Joa., xvii, 12.

Bibliographie.

Saint Irénée, Adv. hxr., i, 31,

t. vii, col. 704; Pseudo-Tertullien, De prxscript., 47,t. ii, col. 65, Eusèbe, H. E., ii, 1, t. xx, col. 133; iii,39, col. 297-300; v, 16, col. 469; Tillemont, Mémoires,in-4°, Bruxelles, 1732, p. 14-16, 191 (note xxix); Sepp,Vie de N.-S. Jésus-Christ, trad. franc, de Ch. Sainte-Foi,in-12, Paris 1861, t. ii, p. 367-369, 385-388; LeCamus, Vie de N.-S. Jésus-Christ, 3 in-12, Paris (sansdate), t. i, p. 426-429; t. iii, p. 33, 151, 186, 271, 369;Diion, Jésus-Christ, ^ in-8°, Paris, 1891, t. ii, p. 256-299.

Y. Ermoni.

8. JUDAS, frère de Jacques. Voir Jude 1, col. 1806.

    1. JUDAS BARSABAS##


9. JUDAS BARSABAS, voir Jude 2, col. 1807.

37, mais il se survécut dans la secte des Zélotes dontJosèphe lui attribue la fondation. Cette secte fut la plusfanatique et la plus violente de toutes celles qui parurentparmi les Juifs, et ses excès, sous le gouvernement deGessius Florus (64-66) hâtèrent la guerre avec les Romains.Les fils de Judas se distinguèrent en particulier par leurhaine contre les Romains. Deux d’entre eux, Jacques etJean, excitèrent une nouvelle sédition sous le procurateurTibère Alexandre, vers l’an 47; ils furent pris etmis en croix. Josephe, Ant. jud., XX, v, 2. — Unevingtaine d’années plus tard, en 66, leur plus jeunefrère, Manahem, se mit à la tête d’une autre révolte.Avec les sicaires qui se joignirent à lui, il pilla l’arsenald’Hérode àMasada, près d’Engaddi, et marcha contreJérusalem, s’en empara et y commit toute sorte d’excès.Les partisans du grand-prêtre Éléazar se saisirent enfinde sa personne pendant qu’il se rendait au Temple et lemirent à mort (66). Josèphe, Bell, jud., II, xvii, 8-9;Vita, 5. Un autre membre de la même famille, Éléazar,défendit la forteresse de Masada après la prise de Jérusalempar Titus et décida ses compagnons à se tuer avecleurs femmes et leurs enfants plutôt que d’accepter lejoug des Romains. Josèphe a longuement raconté ceterrible épisode de la guerre. Bell.)ud., II, xvii, 9; VII,viu-ix. — Voir Origene, In Matth., tom. xvii, 25, t. xiii,col. 1552; Hom. m Luc., xxv, t. xiii, col. 1866; E.Schurer, Geschichte desJudischen Volkenim ZeitalterJesuCkristi,2e édit.,1. 1, 1890, p. 406, 446.

F. VlGOUROUX.

12. JUDAS (grec: ’IoûSa;), hôte de saintPaul à Damas, à l’époquede la conversion de l’Apôtre.Sa maison était situéedans «la rue droite» de cette ville. Act., ix, 11.C’est dans cette maisonqu’Ananie, sur l’ordre duSeigneur alla baptiser lenouveau converti. VoirAnanie 7, t. i, col. 541.

JUDE, nom d’un apôtreet d’un disciple du Sauveur,Voir Judas, col.17891790.

10. JUDAS (grec: ’IoûSa?); frère, c’est-à-dire parentde Notre-Seigneur. Marc, vi, 3. C’est le même quel’apôtre saint Jude, frère de Jacques le Mineur, et l’undes douze Apôtres, Luc, vi, 16; Act., i, 13, l’auteur d’unedes Épltres catholiques, quoique certains exégètesveuillent en faire un personnage différent. Voir Jude 1,col. 1806.

11. JUDAS LE GALILÉEN (grec: ’IcjSïÇ 6 T/a^aio; ;Vulgate: Judas Gahlxus), fauteur d’une révolte populaireà l’époque du recensem*nt sous Cyrinus. Act., v, 37.Josèphe l’appelle une fois le Gaulonite, Ant. jud.,XVIII, i, 1, parce qu’il était de Gamala, dans la Gaulonitide,à l’est de la Galilée, mais il l’appelle partoutailleurs & le Galiléen», Ant. jud., XVIII, i, 6; XX, v, 2;Bell, jud., II, viii, 1; xvii, 8, 9; VII, viii, 1, comme lefait Gamaliel dans les Actes. Gamala était peut-être regardéecomme appartenant à la Galilée, ou bien Judas reçutce surnom, qui le distinguait des autres Judas ses contemporains,parce que la sédition qu’il fomenta éclata enGalilée. Quoi qu’il en soit, le mouvement qu’il excitaparait avoir été assez considérable. Il périt lui-mêmedans la lutte et ses adhérents furent dispersés, Act., v,

1. JUDE (grec: ’Ioiaa;),

Matth., xiii, 55; Marc, vi,

3, un des douze Apôtres

(fig. 312). C’est le même

personnage que Jude,

[frère] de Jacques [le

Mineur], ’loûSas’Iaxciëou, dont il est question,

Luc, vi, 16; Act., i, 13;

car Matth., xiii, 55, et

Marc, vi, 3, en disant que

Jacques, Joseph, Simon et

Jude étaient «. frères»,

c’est-à-dire cousins du

Seigneur, nous laissent

clairement entendre que

ces quatre personnages

étaient frères selon la

chair. Voir Alphée, t. i,

col. 418; Frères, iii, t. ii,

312. — Saint Jude, apôtre.D’après les Acîfi sanctorum,mali 1 1. Planches des Éphéméndesmoscovites, n. 19,p. xxxi. Les caractéristiquesde cet apôtre sont mal déterminées.Voir Grimouard deSaint-Laurent, Guide de VArtchrétien, t. v, 1874, p. 230231; P. Durand, Manuel d’iconographiechrétienne, in-8°Paris, 1845, p. 306.

col. 2403-2404. Jude est

aussi appelé, Matth., x, 3; Marc, iii, 18, Lebbée ou Thaddée «le courageux» (AiêêaXoq 6 imiù, rfits 0aS8aîoi;), cequi fait dire à saint Jérôme, In Matth., x, 4, t. xxvi,col. 61, qu’il devait être tnnomius, «à triple nom.»

On ne sait presque rien de la vie de cet apôtre. Dansl’Évangile il ne paraît qu’une fois pour adresser unequestion au Sauveur. Joa., xiv, 22. Saint Jean le désignesous le nom de «Judas non l’Iscariote». Il estl’auteur d’une des Lpitres catholiques. Voir Jude (Épitrede). Comme son Épitre combat les mêmes hérétiquesque la seconde lettre de saint Pierre, il y a lieu depenser qu’après l’Ascension il évangélisa les contréesadjacentes à celles où avait prêché le prince des Apôtres.Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’était plus en vie àl’époque de la persécution de Domitien; car Eusèbe,H. E., iii, 19, suivant une vieille tradition (jiaXoctôçxate’x" Xôyoc), et Hégésippe, ibid.^ iii, 20, t. xx, col. 252,253, nous apprennent que cette persécution mit àl’épreuve les descendants de Jude. Cf. aussi iii, 32,col. 284. Les auteurs ont enregistré diverses traditionssur la vie et les travaux de Jude: d’après NicéphoreCalliste, H. E., ii, 40, t. lxxiii, col. 693, il aurait d’abordévangélisé la Judée, la Galilée, la Samarie et l’Idumée,et ensuite l’Arabie, la Syrie, la Mésopotamie et la Perse;quelques auteurs syriens, mentionnés par J. S. Assemani,Biblioth. orient., Rome, 1719-1728, t. i, p. 318;t. iii, part. i, p. 299, 302, affirment que l’apôtre Thaddéeprêcha l’Évangile à Édesse; mais cette tradition, déjàconsignée dans saint Jérôme, In Matth., x, 4, t. xxvi,col. 61, dérive, par le changement d’Addai en Thaddée,de la Doctrine d’Addai; voir Abgar, t. i, col. 37-41, etAddaï, t. i, col. 214; c’est à ce document qu’Eusèbe,H. E., 1, 13; ii, 1, t. xx, col. 120-129, 133-140, a empruntésa relation. Ces traditions sont communémentrejetées. Cf. Tillemont, Mémoires, Bruxelles, 1732, t. i,p. 279. D’après le bréviaire romain, au 28 octobre, ilévangélisa la Mésopotamie et la Perse et mourut martyr.Les descendants de saint Jude furent recherchés sousDomitien, comme appartenant à la famille du Christ,mais on les laissa en paix. Eusèbe, H. E., iii, 17-20, t. xx,col. 249-256. D’après un fragment d’Hégésippe, conservedans Philippe Sidète, l’un des descendants de l’apôtreJude s’appelait Zocer (Zwxrip) et un autre Jacquesflàxtoëoç). C. de Boor, Neue Fragmente des Papias,Hegesippus, dans les Texte und Untersuchungen, t. v,Heꝟ. 2, 1888, p. 169. V. Ermoni.

2. JUDE BARSABAS (grec: ’Ioû5a; o È7nxa).o’j(ievoçB «p<ja6î{), un des premiers chrétiens de Jérusalem.Act., xv, 22. Il était probablement prêtre, c’est ce quesemble indiquer le titre d’ïiyoûjjiEvoç qui lui est donné.Il fut chargé, avec Silas, d’accompagner Paul et Barnabeà Antioche pour porter aux chrétiens de cette villeune lettre des Apôtres contenant les décisions du concilede Jérusalem. Jude et Silas étaient «prophètes»,ꝟ. 32, et par leurs paroles, ils confirmèrent les fidèlesdans la foi. Leur mission remplie, Jude retourna àJérusalem, tandis que Silas, d’après la Vulgate et d’autresmanuscrits, demeura à Antioche, mais la leçon[jlôvo; MoûSa; es èm>pe-j9ï], Judas autem solus abiit Jérusalem,ne se lit pas dans d’excellents manuscrits. Act.,xv, 22-34. — On range communément Jude Barsabasparmi les soixante-dix disciples du Sauveur. Tillemont,Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, 1701,t. i, p. 27. Son surnom de Barsabas ou «fils de Sabas» a fait supposer qu’il était frère de Joseph Barsabas. Act.,i, 23. Voir Barsabas, t. i, col. 1470. C’est sans raisonqu’on a essayé de le confondre avec l’apôtre saint Jude,car le langage de l’auteur sacré montre que Jude Barsabasn’avait pas le rang d’apôtre.

    1. JUDE (ÉPITRE DE SAINT)##


3. JUDE (ÉPITRE DE SAINT). — I. Auteur. — L’auteurse désigne lui-même sous le nom de Jude, frère deJacques, et la plupart des commentateurs, depuis Origèneet saint Jérôme, sont d’accord à reconnaître dans ceJude l’un des douze Apôtres. Voir Jude 1. Ct. les témoignagesd’Origène et de saint Jérôme, dans P. G., t. xiii,

col. 1520, note 57. Voir aussi Adumbrationes in Epist.,Judse, dans les œuvres de Clément d’Alexandrie, t. ix,col. 731; voir plus loin § vi.

II. Occasion et but.

L’Épltre fut écrite à l’occasionde doctrines dangereuses répandues au milieu desfidèles par les faux docteurs. L’auteur caractérise entermes énergiques ces faux docteurs: ce sont des hommesdont la condamnation est depuis longtemps portée, desimpies, qui changent la grâce de Dieu en libertinage etrenient Notre-Seigneur Jésus-Christ, ꝟ. 4; ils méprisentl’autorité, blasphèment la majesté, et tout ce qu’ilsignorent, ꝟ. 8; ils paraissent faire encore partie del’Église, mais en réalité ce sont des membres morts, desarbres déracinés et desséchés, des astres errants, jr. 12-13;des esprits inquiets, turbulents, orgueilleux, ꝟ. 16; ilscherchent à égarer les autres et suivent leurs inclinationsimpies, ꝟ. 18; leur immoralité est scandaleuse; ilsobéissent aux impulsions de la chair, ꝟ. 4, 8, 10, 12, 16,23; ils se sont séparés eux-mêmes [du reste des fidèles],ce sont des psychiques, tyv£ixo{, qui n’ont pas l’esprit[de Dieu], uveû[jia [iï| é’xovteç, ꝟ. 19. Ces dernières paroles,où il est question des psychiques et des pneumatiques,nous indiquent clairement que ces faux docteursavaient à tout le moins des tendances gnostiques; leurimmoralité notoire nous porte à penser qu’ils appartenaientà cette classe d’hérétiques, connus par leur antinomisme,dont Carpocrate sera plus tard le plus célèbrereprésentant. Ct. S. Irénée, Adv. hær., i, 25, 26, t. vii,col. 680-687; Clément d’Alexandrie, Strom., ii, 20; iii,2, 4, t. viii, col. 1048-1072, 1104-1113, 1129-1144. —Le butde l’Épitre est de prémunir les fidèles contre les erreurset les lausses doctrines dont ils étaient menacés; il leurrecommande, ꝟ. 3, de rester fermement attachés à la foiqu’ils ont reçue.

III. Destinataires.

L’Épitre est adressée, ꝟ. 1, àceux qui ont été appelés, qui sont sanctifiés en Dieu lePère et conservés pour Jésus-Christ. On peut donc conclurequ’il s’agit de chrétiens en général, venus dujudaïsme; l’Épitre n’est pas adressée à une église particulière,ni à un individu quelconque, et c’est pourcela qu’elle est à bon droit dite «catholique». La conclusion,ꝟ. 25, est marquée du même caractère. VoirCatholiques (Épures), t. ii, col. 350. L’expression «nosbien aimés», ꝟ. 3, 17, 20, pourrait faire penser à uncercle plus restreint; mais elle a en réalité une significationgénérale"; elle s’applique à tous les chrétiens quel’auteur aime en Jésus-Christ. Cf. Julicher, Einleitungm das Neue Testament, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1894,p. 145. Rien n’oblige pourtant à y voir une lettre «encyclique», dans la plus large signification du mot. Kaulen,Einleitung in die heilige Schmft, 3e édit., in-8°,Fribourg-en-B., 1893, p. 678.

IV. Analyse.

Outre la suscription, la salutation etune courte introduction, ꝟ. 1-4, l’Epitre embrasse deuxparties, J. 5-19, 20-23, et se termine par une doxologie,ꝟ. 24-25. — Dans l’introduction, l’auteur commence pardéclarer, j^. 3, que sa sollicitude pastorale l’a porté àécrire cette lettre; son intervention a été rendue nécessairepar, la prédication des faux docteurs, ꝟ. 4. — Lapremière partie, ꝟ. 5-19 est plutôt descriptive. Pourmontrer le châtiment qui menace les faux docteurs,l’auteur rappelle l’exemple des mauvais anges, de Sodomeet de Gomorrhe, ꝟ. 6-7; à cause de leurs crimes, les sectairessubiront le même sort; ils sont tellement coupablesque l’archange saint Michel lui-même n’ose pasprononcer leur jugement, ꝟ. 9; ils ont marché sur lestraces de Caïn, de Balaam et de Coré, j^. Il; aussi doivent-ilss’attendre au même châtiment, ꝟ. 13; déjà lepatriarche Enoch avait prédit leur sort, jr. 14-15; lesApôtres du reste avaient annoncé leurs manœuvres,ji. 17-18. — La seconde partie, 20-23, est parénétique;l’auteur exhorte les fidèles à rester fermes dans la foi,l’amour de Dieu et l’attente de la miséricorde de Jésusil 809

JUDE (ÉPITRE DE SAINT)

1810

Christ pour la vie éternelle, ꝟ. 20-21; qu’ils jugent avecmiséricorde certains des faux docteurs, t- 22; qu’ilssauvent les autres de la crainte en les arrachant au feu,mais qu’ils haïssent la tunique souillée par la chair, ꝟ. 23.—Enfin conclusion doxologique, jꝟ. 24-25.

V. Date et lieu de la composition.

Date.

Il

n’est pas possible de fixer d’une façon absolument précisela date de cette Épître. Renan, qui la regardaitcomme un écrit anté-paulinien, suppose qu’elle futécrite à Jérusalem en l’an 54. Credner, partant de cefait que saint Jude était mort à l’époque de la persécutionde Domitien. et s’appujant sur le martyre de Siméon,évêque de Jérusalem, qui eut lieu sous Trajan,date PÉpltre de l’an 80; Volkmar, Mangold, Volter etDavidson la placent quelque temps après l’an 140. Cf.Davidson, An Introduction to the study of the NewTestament, 2 in-8°, Londres, 1894, t. ii, p. 342. Julicher,Einleitung, p. 147, la place entre 100 et 180. Nousne pouvons qu’assigner une date approximative. L’Épitrea été écrite avant la ruine de Jérusalem (70), autrementl’auteur, outre les exemples cités ꝟ. 6-7, n’eût pas manquéde mentionner cette grande catastrophe. En admettantque la seconde Épltre de saint Pierre dépende del’Épitre de Jude, ce que nous regardons comme plus probable,et en supposant que saint Pierre ait écrit sa lettreen 66, nous arrivons à cette conclusion que l’Épitre deJude a été écrite entre 62 et 66. La principale raison qu’onallègue pour abaisser la date de la composition de l’Épitreest tirée du t. 17 où l’auteur, prétend-on, se distinguedes Apôtres: on en conclut qu’il écrivait à une époqueoù tous les Apôtres étaient morts. Mais on peut répondreque rien n’oblige à prendre ce pluriel «par les Apôtresde Notre-Seigneur Jésus-Christ» dans toute son étendue;on peut le restreindre à quelques Apôtres; de plus,l’auteur peut faire allusion à deux passages des Pastorales,I Tim., iv, 1; iii, 1, ce qui serait suffisant pouremployer le pluriel; enfin, saint Jude n’était qu’unApôtre; il peut donc se distinguer des onze autres.

Lieu de la composition.

On peut dire que l’Épitre

fut écrite en Orient; il serait difficile de préciser davantage.Davidson, Introduction, p. 342, pense qu’elle pourraitavoir été écrite à Alexandrie, parce qu’elle vise,d’après lui, les erreurs de Carpoerate et de son filsÉpiphane, qui vivaient en Egypte. Mais rien ne prouveque l’Épitre vise particulièrement les erreurs de Carpoerate;comme nous l’avons déjà dit, ce qu’on peutaffirmer c’est qu’elle vise des doctrines gnostiques etantinomistes; or ces doctrines eurent de nombreux représentantset de nombreuses ramifications, à commencerpar Simon le Magicien et les nicolaites.

VI. Authenticité.

I. preuves de l’authenticité.

— Les critiques libéraux rejettent l’authenticité del’Épitre; pour eux, elle ne saurait être l’œuvre d’unapôtre. Julicher. Einleitung, p. 147, pense que l’auteurest un chrétien d’Egypte. Cf. Davidson, Introd., p. 335.L’authenticité de l’Épitre repose cependant sur despreuves solides: 1° Les mots de la suscription: «Jude,serviteur de Jésus-Christ, frère de Jacques;» commele fait remarquer Kaulen, Einleitung, p. 679, ce Judene peut être que l’apôtre de ce nom; il tàut écarterJude de Damas, Act., ix, 11, et Jude compagnon desaint Paul, Act., xv, 22-32, 34, parce que le premier n’alaissé aucune trace dans l’histoire, et le second esttoujours surnommé Barsabas; on ne peut pas sorigerdavantage à Jude le Galiléen, Act., v, 37, ni à JudasIscariote, ni aux deux Jude de la table généalogique deLuc, iii, 26, 30, qui appartiennent à l’ancien Testament; ilne reste donc que Jude l’apôtre. — 2° Les témoignages:1. De l’Église romaine: le canon de Muratori; l’auteurdu De consummat. tnundi, parmi les œuvres d’Hippolyte,n. 10, t. x, col. 913; S. Jérôme, De vir. illustr.,4, t. xxiii, col. 613, 615; In Tit., i, 12, t. xxvi, col. 574;

.Prol. in Epist. cathol., t. xxix, col. 825; — 2. de

l’Église d’Afrique: Tertullien, De cultu fœm., 3, t. i,col. 1308; l’auteur du De Script, canone, t. iii, col. 192; —3. de l’Église d’Alexandrie: Clément d’Alexandrie,Strom., iii, 2, t. viii, col. 1113; Adumbr. in.Jud., t. ix,col, 731-734; Origène, InJos. hom. vii, 1, t. xii, col. 857;In Matth., x, 17, t. xiii, col. 877; et. aussi Periarcfwn,m, 2, t. xi, col, 303; In Rom., v, 1, t. xiv, col. 1016.Didyme, Enarrat. in Epist. Jud., t. xxxix, col. 18111818; — 4. de l’Église d’Antioche: la lettre des évêques,des prêtres et des diacres de Sjrie au pape Denis contrePaul de Samosate, paraît contenir une allusion à Jud.,t. 3-4; et. Eusèbe, H. E., vii, 30, t. xx, col. 712; 5. de l’Église de Constantinople: Palladius, Dialog., 18,t. xlvii, col. 63; — 6. de l’Église de Chypre: S. Épi-’phane, Hier, xxvi, 11, t. xii, col. 348. Cf. Arnaud,Recherches critiques sur l’Épitre de Jude, Strasbourg,1851, p. 21; Rampt, Der Brief Judà, Sulzbach, 1854,p. 129.

II. objections et réponses.

1° Nous avons déjàrépondu à l’objection tirée du ꝟ. 17, qui prétend quel’auteur de l’Épitre ne peut pas être un apôtre. — 2° Laprincipale objection visant directement l’authenticitéest tirée du contenu même de l’Épitre: On dit que leserreurs, qui y sont combattues, sont postérieures àl’âge apostolique; les taux docteurs ne pourraient êtreque les gnostiques antinomistes de l’école de Carpoerate;or cette école n’apparaît qu’au 11e siècle. — Maisil s’agit de savoir si Carpoerate a semé les premiersgermes de l’antinomisme, ou s’il n’a fait tout simplementque les développer; rien ne prouve que la nuancegnostique, dont il fut le plus brillant champion, n’existâtpas avant lui; or l’histoire atteste que les premiersgermes de l’antinomisme sont antérieurs à Carpoerate.Aussitôt après la mort de Jacques le Mineur, à l’occasiondu choix de son successeur Siméon, un schisme éclata àJérusalem, provoqué par l’orgueil et l’ambition de Thébutis;l’hérésie de Simon le Magicien ne tarda pas àparaître; or on sait que Simon le Magicien niait la divinitéde Jésus-Christ, se donnait lui-même comme leMessie et enseignait l’émancipation de la chair. Cf. I Joa.,h, 22, 23; S. Irénée, Adv. hier., i, 23, t. vii, col.670-673; Pseudo-Tertullien, De præscript., 46, t. ii,col. 61; S. Épiphane, Hxr. xxi, t. xli, col. 285-296. Lesdisciples de Ménandre et les dosithéens marchèrent surles traces de Simon; S. Justin, Apol. i, 26, t. vi, col. 368;S. Irénée, Adv. hær., i, 23, t. vii, col. 673; Origene, Cont.Ces., yi, 11, t. xi, col. 1305-1308; S. Épiphane, Hser.xiii,et xxil, t. xli, col. 237, 296, 297. Cf. Rampf, Der BriefJudâ, p. 45-128. Vers la même époque les nicolaites professaientles mêmes doctrines; S. Irénée, Adv. hxr., i,26, t. vii, col. 687; S. Épiphane, Hier, xxv, t. xli, col.320-329.

VII. CANONICITÉ.

I. PREUVES DE LA CANONICITÉ. —

Dès les premiers siècles il y eut des hésitations au sujetde la canonicité de l’Épitre de Jude. À cause des ꝟ. 9 et14, quelques auteurs la rejetèrent. Cf. S. Jérôme, De vir.illustr., 4, t. xxiii, col. 613, 615. La Peschito ne la contientpas. Eusèbe la range parmi les Anlilegoumena, H. E.,m, 25; vi, 13, 14, t. xx, col. 269, 548, 549; cf. aussi ii,23, ibid., col. 205; Didyme, Enarrat. in Epist. Jud.,t. xxxix, col. 1815. Aujourd’hui même elle est rangéeparmi les deutérocanoniques. Cependant sa canonicité nepeut être contestée, parce qu’elle a trop d’attaches dansla tradition. À propos de l’authenticité, nous avons citéles témoignages des Pères, col. 1809. Voir Canon, t. il (col. 170 (canon de Muratori), 176-177 (Codex Claromontanus),179-182 (citations des Pères). Cf. aussi l’auteurde l’écrit Adv. Novat. hæret., 16, t. iii, col. 1266.

il. objections et réponses. — Les objections contrela canonicité sont loin d’être décisives: 1° Si l’Épitre nese trouve pas dans la Peschito, c’est que probablementelle n’était pas connue en Syrie au moment où fût faitela version syriaque. — 2° Les paroles du ꝟ. 6: * quant f

4811

JUDE (ÉPITRE DE^SAINT)

1842

aux anges qui n’ont pas conservé leur dignité, mais ontquitté leur séjour,» permettent de conclure qu’elles nesont nullement un emprunt à un apocryphe, mais unesimple conclusion tirée par l’auteur de Gen., VI, 1, 2. —3° Quant au t- 9, Origèney oyait, De princ, iii, 2, t. xi,col. 803, un emprunt à l’apocryphe, l’Ascension deMoïse; mais il semble plus exact de dire que 9 l est unemprunt à cet apocryphe ou à une tradition orale, et9 b un emprunt à Zach., iii, 2; d’ailleurs un livre apocryphepeut contenir des choses vraies. — 4° Le ꝟ. 14no tire pas non plus à conséquence; en admettant quel’auteur cite le Livre d’Hénoch on peut dire qu’il le citeuniquement comme un argument ad hominem contre leshérétiques qu’il a en vue; de plus ce livre, comme beaucoupd’autres apocryphes, contenait des traditions juives;des lors Judea pu utiliser ces traditions, comme IITim.,m, 8; mais rien ne prouve qu’il ait puisé à cet apocryphe;certains auteurs pensent que Jude et l’auteurde V Assomption de Moïse ont puisé à une source commune.Cf. Rampf, Der Brief Judâ, p. 201-332; Bacuez,Manuel biblique, 10e édit., t. IV, p. 536-538.

VIII. Rapports de l’Épitre de Jude avec la secondeÉpitre de Pierre. — Il existe beaucoup de ressemblancesentre ces deux Épitres. En ce qui concerne II Pet.,toutes les ressemblances importantes sont dans le chapitren, comme on peut le constater par le tableau ci-dessous:

Jude.3.

II Pet.

…. ii, 21.

4 ii, l-3.

6 ii, 4.

7 ii, 6.

7, 8 ii, 10.

9 ii, 11.

Jude.

10…

11…

12…12, 13;16…

II Pet.

. ii, 12.

. ii, 15.

. ii, 13.

. ii, 17.

. ii, 18.

17, 18 iii, 1-3.

A côté de ces rapports très clairs, on constate aussides allusions ou des réminiscences:

24 iii, 14.

25 ni.18.

1, 2 I, 2.

3 1, 5, 15.

Pour expliquer ces rapports on a fait deux hypothèses:

I. HYPOTHESE DE LA DÉPENDANCE DE JUDE PAR RAP-PORTA la II pétri. — Les raisons dç cette hypothèsesont: «1° Il n’y a pas de parité entre les allusions quesaint Pierre a pu faire dans sa première Épître à certainspassages de saint Paul et un emprunt si littéral etsi étendu, qui comprendrait la plus grande partie del’Épitre de saint Jude. — 2° Saint Pierre n’avait pasd’intérêt à s’approprier la lettre de saint Jude. SaintJude, au contraire, trouvait un avantage à citer saintPierre: il ajoutait à sa considération et à son autoritépersonnelle celle du prince des Apôtres et du chef del’Église. — 3° L’Épitre de saint Pierre paraît avoir étéécrite la première; elle parle au futur, elle prédit leshérésies qui vont paraître, II Pet., ii, 1-3; celle desaint Jude parle au passé, elle donne les faits qu’elle décritpour l’accomplissem*nt des prophéties faites parles Apôtres. Sans réfuter les sectaires, comme saintPierre, saint Jude les attaque avec plus de force et lescaractérise d’une manière plus précise. — 4° Le style desaint Jude est meilleur, plus soigné, plus soutenu. On yvoit moins de répétitions. — 5° Saint Jude paraît commentersaint Pierre. Au ꝟ. 10, il développe et éclaircitce que saint Pierre avait laissé dans l’ombre. II Pet., ii,14, 15. — 6° La citation du livre de l’Assomption deMoise, faite par saint Jude au t. 9, semble n’avoirpour but que d’éclairer et de confirmer ce qu’a avancésaint Pierre, ii, 11. L’Épitre de saint Jude nous sembleraitdonc postérieure à la IIe de saint Pierre, et d’unedate assez rapprochée de la ruine de Jérusalem.» Bacuez,Manuel biblique, t. iv, p. 535-536.

SI. HYPOTHESE DE LA DÉPENDANCE DE LA SECONDEÉPITRE DE PIERRE PAR RAPPORT À JUDE. — Elle est plus

probable et plus communément suivie; elle s’appuie surles raisons suivantes: 1° Dans l’Epitre de Jude, le développementest plus détaillé et la pensée contient plus departicularités, tandis que dans II Pet., les idées sont pluscondensées et d’un caractère général; cf. Judæ 6, 7, etII Pet., ii, 4, 6; Juda;, 9 et II Pet., ii, 11; Judæ, 12, 13 etII Pet., ii, 17; dès lors il est facile de voir que les considérationsde Jude s’adressent à un milieu juif, tandis queces mêmes considérations, exprimées dans une tormeplus concise dans II Pet., pouvaient être utiles même à desethno-chrétiens. — 2° II Pet. accuse un développementde la pensée, et cela provient de ce qu’elle exprime denouvelles idées, qui sont en germe dans Jude, mais quiavaient besoin d’un autre document pour être explicitementformulées. Cf. II Pet., 2, 7-8 et Judse, 20-22;II Pet., iii, 2, et Judæ 17. — Si Jude emploie le passéet II Pet. le futur, cela ne prouve nullement queII Pet. soit antérieure; car ces futurs: ïuovcai, «ilsseront,» napeia-âloiHxtv, «ils introduiront,» II Pet., ii,1, l[iitopeij(jovTai, «ils marchanderont,» ii, 3, êXeiiuovcai, «ils viendront,» iii, 3, sont des maximes générales quiembrassent tous les temps, comme le passé de Jud., 4:îcapenrÉSuirav, «ils se sont introduits;» d’ailleurs II Pet.emploie aussi le présent et quelquefois dans les mêmespassages: âpvoû[j.evot, «reniant,» êTOCYovxeç, «emmenant,» ii, 1; cf. aussi, ii, 10, 12, 18, et le passé: oru(*glër)xev, «il [leur] est arrivé,» ii, 22. Cf. Rampf, BriefJuda, p. 129; Hundhausen, Bas zweite Pontificalschreibendes Apostelfursten Petrus, Mayence, 1878, p. 102112; Kaulen, Emleitung, p. 662; Juhcher, Einleitung,p. 150, 151; Batiffol, Études d’histoire et de théologiepositive, in-12, Paris, 1902, p. 293.

IX. Style et langue.

Le style de l’Épitre est dénuéde tout ornement et de toute recherche. Au point devue de l’art littéraire il ne présente rien de particulier;la phrase est lourde et embarrassée, quoiqu’elle se dislinguepar une certaine abondance d’expressions et unegrande hardiesse, par exemple, ji. 4, 7, 8, 10, 12,13, 16; on devine un écrivain qui a de la peine à exprimerses idées, mais qui les exprime avec force et énergie.L’auteur n’est pas un hellène, parce que la languegrecque manque d’élégance et de pureté; c’est un sémitequi écrit en une langue étrangère. — Quoique le langagesoit généralement énergique et sec, on rencontrepourtant certains passages touchants et pleins d’émotion:Judæ ꝟ. 22-23 (grec). Commeumque exemple de"beauté littéraire,on peut citer l’admirable doxologie, ꝟ. 24-25, quiparaît être une imitation ou un écho de Rom., xvi, 25, 27.

X. Texte.

1° L’original est grec; l’Épitre se trouvedans presque toutes les versions, à l’exception de laPeschito. — 2° Variantes du texte: la suscription: nBont: toviSoc, ACK: iov>8a erau’uoXiî,; et çe touSa to’j arcoirtoXoveTOdtoXï) xaOoXix/]: — $. 1. N AB ont: riYcnjfiivoiç, «aimés,» au lieu de: ^Yiact|xévotç, «sanctifiés;» —ꝟ. 3. après <rwTir)pfa{, «salut,» N ajoute: Çur|ç, «vie;»

— ꝟ. 4. AB ont: xâpiTa, au lieu de: x «P' v > «grâce;» —ꝟ. 5. ABC omettent: ûu, â;, «vous,» après eîSétaç, «sachant;» N ADC ont: rcâvTa, «tout,» au lieu de: toûto, «cela;» d’autres manuscrits ont: Trima;, «tous» [voustous]; — ꝟ. 7. nABC ont: tov o(i.oiov Tpôitov toûtoi;, aulieu de: tov Su-oiov toûrot; Tpouov; — ꝟ. 8. N a: xvpiéTj)Ta?, «pouvoirs,» au lieu de: xuptoVirra, «pouvoir;»

— ꝟ. 12. x* C 2 construisent ce verset: ovtoi duiv y°yy, j ~or «t, (ie[ii}; [’[it)pot «axa Taç [C 2 ajoute îoïaç] Émèvjisaço-jtov iuopeud(i£vot, comme le verset 16 à l’exception dela forme anormale [lEjuJHMYpot; — ꝟ. 15. N a: itaoav^jj(r è v, «toute âme,» au lieu de: uâvcaç toù; àaeêsîç, «tous les impies;» — ꝟ. 18. Xe AC 2 ont: èXev<rovTot!, «viendront,» au lieu de: ëcbvtoci, «seront;» — t- 20.nAB placent: è7rot<o80|io0vTC{éajToù{ avant: ttj «y"""*’™! :

— ꝟ. 22. AC ont: iXif^eie, «reprenez,» au lieu de’:ÈXesÎTE, «ayez pitié;» — ꝟ. 23. hÀB omettent: èvo66(j), «dans la crainte;» — ꝟ. 24. À a ont: f.jiâ;, «nous,» et; : «xùtoÙç, «eux,» au lieu de: 0[15?, «vous;»

— ꝟ. 25. çomet: Sià IiQaoO Xpcaroû toOxupîou tj(i£>v, «parJésus-Christ Notre-Seigneur;» a* omet: itpô racvTài; toûaîûvoç, «avant tout siècle.» Cf. Tischendorf, NovumTestamentum grsece, édit. crit. min., Leipzig, 1877,p. 677-681; Ose. de Gebhardt, 1 Novum Testamentumgrisée, 12e édit. (stéréotypée), in-8°, Leipzig, 1891, p. 285287. — 3° Divergences entre le grec T ( = textus receptus) et le latin. Il existe entre les deux textes quelquesdivergences qui méritent d’être signalées, parce quedans ces passages le grec est plus clair: jf.5. latin: quoniamJésus populum de terra Mgypli salvans etc., «parce que Jésus sauvant le peuple de la terre d’Egypte;» grec: on à Kûpioç Xabv Ix yr { ç AtyijîtTOO <ja>(7aç x.t.X., «parce que le Seigneur sauvant le peuple de la terred’Egypte etc.;» — ꝟ. 12. latin: Ri sunt in epulis suismaculæ, etc., «ils sont des souillures dans leurs repas,etc.;» grec: Ornai eïctcv èv tocî? àfdbtaïc 0[it3vOTiiXâSe; x.t.X., «ils sont des taches dans vos agapes, etc.;»

— ꝟ. 22. latin: Et hos quidem arguite judicatos, «reprenez-lesquand ils auront été jugés;» grec: xix’i oO? jièv

-iXcefte 81axpivô(jievoc, «en les jugeant ayez pitié de certainsd’entre eux;» — ꝟ. 23. latin: odientes et eam, qusscarnalis est, maculatam tunicam, «haïssant la tuniquesouillée, qui est charnelle;» grec: [ikjoGvte; xai tôv à™tîjç aapy.oç è<TireX<o[j.évov x [ ™ v <*> «haïssant la tuniquesouillée par la chair.»

XI. Bibliographie. — Pour le texte grec, voir B.Weiss, die katholischen Brtefe, textkrttische Untersuchungenund Textherstellung, dans Texte und Vntersuchungen,t. viii, Heꝟ. 3, 1892. — Pour les commentaires,Didyme d’Alexandrie, In Epist. B. Judm, t. xxxix, col.1811-1818; Œcumenius, Epist. Judse, t. exix, col. 704721; Théophylacte, Expos, in Epist. Judse, t. cxxvi,col. 85-104; Bède, In Epist. Judse, t. xciii, col. 123130. — Les principaux parmi les modernes sont R. Stier,Der Brief Judd, in-8°, Berlin, 1850; M. F. Rampf, DerBrief Juda, in-8°, Sulzbach, 1854; * Frd. Gardiner,Commentary on theEpistle of St. Jude, in-12, Boston,1856; * J. E. C. Fronmuller, Der Brief Judâ, dans leBibelwerk de Lange, in-8°, Bielefeld, 1859; 4e édit., 1890;

  • J. T. A. Wiesinger, dans H. Olshausen, Biblischer

Commentar, t. iii, Kœnigsberg, 1862; * J. E. Hulther,dans H. A. W. Meyer, Dos Neue Testament, t. xii, Gœttingue,1852; * Th. Schott, Der zweite Brief Pétri undder Brief Judà, in-8°, Erlangen, 1863; J. C. K. Hofmann,Der zweite Brief Pétri und der Brief Judd, in-8°,Nordlingue, 1875; * C. F. Keil, Commentar uber dieBriefe des Petrus und Judas, in-8°, Leipzig, 1883;

  • Frd. Spitta, Der Brief des Judas, in-8°, Halle, 1885;

A. F. Maunoury, Commentaire sur les Épîtres catholiques,in-8°, Paris, 1888; E. Kuhl, dans Weiss-Meyer,Kommentar uber das Neue Testant., t. XII, 1887, Gœttingue;6e édit., 1897; von Soden, dans le Hand-Kommentar,Fribourg-en-Brisgau, 1890; 2e édit., 1892;

  • A. Vieljeux, Introduction à l’Épître de Jude, in-8°,

Montauban, 1894; * H. Cousin, Introduction à l’Épîtrede Jude, in-8°, Paris, 1894; * K. Burger, dans Strack-Zockler,Kurzgefasster Kommentar, t. iv, in-8°, 2e édit.,Munich, 1895; * G. Wandel, Der Brief des Judas, in-8°,Leipzig, 1898. — Voir aussi * E. Arnaud, Essai critiquesur l’authenticité de l’Épître de Jude, in-8°, Strasbourg,1835; Id., Des citations apocryphes de Jude,in^8°, Strasbourg, 1849; Id., Recherches critiques surl’Épître de Jude avec commentaires, in-8°, Strasbourg,1851; F. Brun, Introduction critique à l’Épître deJude, Strasbourg, 1842; * Jessien, De aùûevTÏa Episto-UbJudæ, Leipzig, 1821; *A. Ritschl, Uebèr die imBriefe des Judas characterisirten Antinomisten,dans les Studien und Kritiken, 1861, p. 103-113;

  • B. Weiss, Die Petrinische Frage, Das Verhàltniss

zum Judasbrief, dans les Studien und Kritiken, 1866,p. 256-274. V. Ermoni.

! JUDÉE (hébreu: Yehûdâh, l Reg., xxiii, 3; II Par.,xxxvi, 23; I Esd., i, 2, 3; H Esd., ii, 7; vi, 7, 18; vii, 6;Ps. lxxv (hébreu, lxxvi), 1; cxin (exiv), 2; Jer., xiv, 2;xl, 11; Joël, iii, 20; Yehûd, I Esd., v, 8; vii, 14; Dan.,v, 13; Septante: rj’Iouêaîa, I Reg., xxiii, 3; II Par.,xxxvi, 23; I Esd., i, 2, 3; v, 8; vii, 14; Ps. lxxv, 1;cxiii, 2; Jer., xiv, 2; Dan., v, 13; Joël, iii, 20; ’IoOSa,II Esd., ii, 7; vi, 7, 18; vii, 6; Jer., xl, 11; dans leslivres des Machabées et le Nouveau Testament, ’IouSocta),province méridionale de la Palestine, une des trois qui,avec la Samarie et la Galilée, divisaient le pays autemps de Notre-Seigneur. Luc, ii, 4; Joa., iv, 3, 4. Ellen’exista qu’après l’exil. Le mot «Judée» employé parles Septante et la Vulgate pour rendre l’hébreu Yehûdâh,dans certains livres de l’Ancien Testament, ne représentedonc pas la province proprement dite, mais tantôtla nation israélite tout entière, comme au Ps. cxiii(hébreu, exiv), 2, tantôt le territoire de la tribu de Juda,comme I Reg., xxiii, 3, d’autres fois le royaume deJuda, comme au Ps. lxxv (hébreu, lxxvi), 1 (de mêmeTob., i, 18). Voir la carte de la tribu de Juda.

I. Géographie.

Limites.

Le territoire de la

Judée fut, d’une manière générale, celui de l’ancienroyaume de Juda, mais avec des limites variables et qu’ilest, à certaines époques, extrêmement difficile de préciser.Ainsi, au temps des Machabées, Hébron était auxmains des Iduméens, qui comptaient même parmi leursforteresses frontières Bethsura (aujourd’hui Beit Sûr),éloignée seulement de 27 kilomètres de Jérusalem.I Mach., v, 65; lv, 61. D’autre part, vers le nord, lestrois nomes d’Aphseréma ou Éphrem (aujourd’huiTayibéh), de Lydda et de Ramatha appartenaient à laSamarie, dont ils furent détachés, au temps de JonathasMachabée, pour être réunis à la Judée, I Mach., xi, 34.Mais plus tard la province s’étendit. Josèphe, Bell, jud.,III, iii, 5, en fixe la limite septentrionale à AnualhBorkeos, ’Avouà8 Bopxlw; représenté aujourd’hui pardeux localités voisines, Amah et Berqît, au sud deNaplouse. Ailleurs, Ant. jud., XIV, iii, 4; Bell, jud.,I, vi, 5, il cite parmi les places du nord Corea, Kopéat,que les uns identifient avec Quriyut, auprès des deuxprécédentes, mais que d’autres cherchent plutôt àQuràua, dans la vallée du Jourdain, au nord de QurnSartabéh. Cf. G. A. Smith, The historical geographyof the Holy Land, Londres, 1894, p. 353. Nous savonspar le même historien, Bell, jud., III, iii, 5, que l’Akrabatèneétait une des toparchies de la Judée. Or, l’anciennecapitale de ce district subsiste encore aujourd’huidans Aqrabéh, au sud-est de Naplouse. Le Talmud,de son côté, nous apprend qu’Antipatris (probablementQala’at Râs-el-’Ain) était une ville frontière de Judée,à l’ouest. Githn, 76 a; Sanhédrin, 94 b. La Mischnah,Menakhoth, IX, 7, mentionne aussi quelques villes dontle vin pouvait être employé par les Juifs, et qui parconséquent n’étaient pas dans la Samarie. Il y avaitentre autres Beth Rima (Beit Rima) et Beth Laban(El-Lubbân). La limite indiquée par ces différents pointslaisse donc la ligne principale de partage des eaux àl’extrémité méridionale de la plaine d’El-Makhnah;elle suit une grande vallée, l’ouadi Deir Ballût, quicommence à Aqrabéh, et se dirige vers la plaine deSaron, dans laquelle elle débouche auprès de l’ancienneAntipatris. C’est comme un fossé naturel de délimitation.Josèphe, Bell, jud., III, iii, 5, prétend que laJudée comprenait toute la côte maritime jusqu’à Ptolémaide(Saint-Jean-d’Acre). Il semble pourtant, d’aprèsAct., xii, 19; xxi, 10, que Césarée était distincte de cetteprovince. La frontière méridionale, selon l’historienjuif, Bell, jud., III, iii, 5, s’arrêtait à un village voisindes Arabes, appelé Yardas, ’lapSâc, qu’on suppose,mais d’une façon problématique, être Tell Arad, l’ancienneArad, sur la limite de Juda et de Siméon. Cependant,à certaine époque, elle ne descendait pas si

bas, puisque le nord de l’Idumée pouvait être représentépar une ligne partant d’Ascalon, passant parBeit Dpbrin, puis se dirigeant vers l’est par les collinesqui sont au-dessus d’Hébron. Voir Idumée, t. iii,col. 830. Il y a donc eu de ce côté des variations qui empêchenttoute délimitation certaine. — En largeur, laJudée s’étendait de la Méditerranée au Jourdain. Allait-elleau delà du fleuve? Quelques-uns l’ont cru. Cf. Reland,Palsestina, Utrecht, 1714. 1. 1, p. 32. Ils s’appuientsur Jos., xix, 34, où il est dit que la tribu de Nephthaliavait ses limites «vers Juda du Jourdain au soleillevant», et sur Matth., xix, 1, où nous lisons que leSauveur, quittant la Galilée, «vint aux confins de laJudée, au delà du Jourdain.» Mais le premier passage,difficile à expliquer littéralement, doit renfermer unefaute, car les Septante ne font pas mention de Juda etdonnent simplement le fleuve comme frontière, ce quiest plus naturel. Quant au récit évangélique, il faut l’entendreen ce sens que Notre-Seigneur vint en Judée enpassant par la Pérée (au delà du Jourdain). Du reste, lepassage parallèle de saint Marc, x, 1, coupe court à toutedifficulté avec la conjonction xai: ioyEztx: et; ta ôptaTrj;MouSaîaç xa’i itépav toû MopSâvou, «il vint sur les confinsde la Judée et au delà du Jourdain.» Cependant,d’après Ptolémée, V, xvi, 9, quelques places, à l’est dufleuve, appartenaient à la Judée. En résumé, la province,dans sa plus grande étendue, comprenait le territoiredes anciennes tribus de Juda, de Benjamin, deDan, et une partie de celui d’Éphraim.

Divisions.

La Judée était divisée en toparchies,

qui devaient être les suivantes, si nous combinons lestémoignages de Josèphe, Bell, jud., III, iii, 5, et dePline, H. N., v, 14:

1° Jérusalem; 2° Gophna (aujourd’hui Djifnëh);3° Akrabatta (Aqrabéh); 4° Thamna (Tibnéh); 5° Lydda(Ludd); 6° Emmaus (Amuds); 7° Bethleptepha; 8° l’Idumée;9° Engaddi (’Ain Djidi); 10° Herodium (DjebelFuréidis); 11° Jéricho (Er-Rihâ). Josèphe ajoute Pella,on ne sait pourquoi, et il donne à Jamnia (Yebna) et àJoppé (Jaffa) une certaine prééminence sur les citésvoisines. Pline, de son côté, ajoute VOnne, ’Opetvyj, lapartie montagneuse «où se trouvait Jérusalem». Cf.Retond, Palœstina, t. i, p. 176.

Outre cette division administrative, il y avait unedivision naturelle que les écrivains rabbiniques et lesauteurs ecclésiastiques ont mentionnée après les LivresSaints. Voir Juda (Tribu de), col. 1760. La Mischnah,Schebiith, ix, 2, distingue trois districts: «la montagne» ou «la montagne royale», har ham-mélék; «la plaine» ou «les basses collines», sefëlâh, et leDarôm, «la vallée» ou «le midi». On peut en ajouterun quatrième, le midbar, ou «le désert». Matth., iii, 1.Voir Juda (Désert de), col. 1744. Le Darôm ou Darômâéquivaut au Négéb hébreu, qui désigne la partie méridionalede la Palestine. Voir Darom, t. ii, col. 1307.Eusèbe et saint Jérôme emploient souvent ce terme. Cf.Onomastica sacra, Gœttingue t 1870, p. 93, 116, 119, 221,243, 246, etc. Le Talmud, Sanhédrin, 2, distingue leDaroma supérieur, qui renfermait la ville de KefarDikhrin (aujourd’hui Dhikrin), à l’est d’Ascalon, ets’étendait jusqu’à Lydda, et le Daroma inférieur ou leNégéb proprement dit. La partie méridionale de laPhilistie, aux environs de Gérar (Khirbet V-mrn Djerrâr),s’appelait Gerariqû ou région gérarittque. Schebnth,VI, 1. Au nord du Daroma supérieur, depuis Joppéjusqu’à Césarée, s’étendait la région de Sarona ou Saron.Voir Saron (Plaine de). Pour la Séphélah, voir Juda(Tribu de) et Séphélah (Plaine de). Cf. A. Neubauer,La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 59-67.

3° Description; caractères topographiques. — Ladescription complète de la Judée serait la répétition desdétails qui concernent chacune des tribus dont elleoccupait le territoire. Voir Juda, col. 1767; Benjamin 4,

t. i, col. 1593; Dan 2, t. ii, col. 1236; Éphraïm 2, t. ii,col. 1875. Un aperçu général suffira, avec l’indication decertains caractères particuliers, qui la distinguent desdeux autres provinces palestiniennes. Le sol de la Judée,nu et rocailleux, domaine des buissons et des chardons,contraste étrangement avec celui de la Galilée, et, si lecontraste est frappant aujourd’hui, il devait l’être plusencore au ie siècle de notre ère. Dans la Galilée, lanature était partout riche et luxuriante, la terre trèsfertile, l’eau abondante, les champs bien cultivés, lepays bien boisé. Dans la Judée, les montagnes dominaientet dominent encore, abruptes, arides, incultes,et l’impression générale est celle de la sécheresse et dela désolation. S’il est un coin à l’aspect maudit dans laTerre Sainte, c’est bien celui que baignent à l’est leseaux de la mer Morte, et qui, au sud, plonge ses racinesjusqu’au désert, n’ayant une longue bande de verdureque du côté de l’ouest. Le centre est un plateau dontl’altitude moyenne va de 600 à 800 mètres, parsemé decollines, et d’où descendent de tous côtés, excepté aunord, des pentes plus ou moins raides et plus ou moinsdécoupées. Autrefois cependant, il y avait, dans cettecontrée, des vignes renommées, de bons pâturages. LesTalmuds, dans leur style exagéré, racontent qu’à Lod ouLydda on enfonçait jusqu’aux genoux dans le miel desdattes. Talmud de Babylone, Ketuboth, 1Il a.

Le trait caractéristique de la Judée, c’est qu’elle estun pays fermé, et c’est en cela que consiste sa force. LaGalilée a été la grande route des nations, la Samarieune contrée ouverte, principalement du côté du nord,la Judée est comme une province isolée du reste dumonde. Au point de vue stratégique, elle a tous lesavantages d’une péninsule. Elle se rattache, par sapartie septentrionale, à la chaîne montagneuse de laPalestine, mais, à l’est, un immense fossé la sépare desplateaux de Moab; au sud, le désert l’enferme comme unocéan de mort; la Méditerranée et la plaine maritimeforment la barrière occidentale. Au-dessus de cettetriple enceinte, le massif judéen élève son amas compliquéde collines, de vallées et de torrents. La grandevoie militaire et commerciale qui traverse la Séphélah,pour aller d’Egypte en Assyrie, passe assez loin deshauteurs qui la dominent à l’est pour ne pas laissersoupçonner la vie et les forces cachées au sein de cetterégion. La Judée n’avait donc rien pour attirer l’attention,la convoitise des conquérants. Elle ressemblait àces montagnes que le voyageur aperçoit de la plaine, àces îles dont il longe les bords, mais dont la natureintime échappe à son regard. L’accès, du reste, en étaitdifficile de trois côtés. Le Jourdain même une foispassé, comment arriver au plateau central, au cœur dupays? Il fallait escalader une hauteur de 1 000 à 1 200 mètres,par les sentiers que les torrents ont creusés.De Jéricho, qui est la clef du massif, du côté de l’est,trois routes montent vers le centre. La première, dansla direction du nord-ouest, va vers Machmas, Ai et Béthel.C’est celle que suivirent les Israélites dès le débutde la conquête. Jos., vu. La seconde, vers le sud-ouest,est la fameuse «c montée d’Adommim», que les Arabesappellent aujourd’hui’aqabet er-Riha, «la montée deJéricho.» Elle suivait autrefois une voie antique, auxpavés disjoints, et qui, par intervalles, s’élevait enescalier; elle est davenue carrossable de nos jours. VoirAdommim, t. i, col. 222. C’est la route mentionnée dansla parabole du bon Samaritain, Luc, x, 30, celle queprenaient ordinairement les gens de la Pérée ou lespèlerins galiléens qui, pour éviter le territoire samaritain,venaient à Jérusalem par la vallée du Jourdain.Notre-Seigneur la suivit plus d’une fois. La troisième,plus au sud, après avoir longé le pied des montagnes,s’engage dans un dédale de ravins sauvages, et sebifurque pour aller, d’un côté vers Jérusalem, de l’autrevers Bethléhem. Dans le désert, les voies historiques

sont marquées par certaines oasis, et l’on n’en rencontreque deux sur le bord occidental du lac Asphaltite.Vers le nord, est une belle source, appelée Ain eï-Feschkhah,d’où part une route qui rejoint et suit assezlongtemps le torrent de Cédron.Plus bas, se trouve Engaddi,d’où l’on monte par divers sentiers vers le plateausupérieur, et qui servit parfois de point de ralliementaux bandes pillardes venant de Moab pour envahir la Palestineméridionale. Au sud, Bersabée (Bir es-Sébâ) etKhirbet el-Milh sont les deux grands carrefours par oùpassent les voies qui vont du Négéb à Hébron et auxpays environnants. Cette frontière offre un accès plusfacile que celle de l’orient, mais elle est fermée par leschaînes et plateaux dont le Négéb est parsemé, par lescontrées arides et nues qui la rendent inhabitable enbeaucoup d’endroits; en un mot, elle est défendue parsa pauvreté même. Enfin, du côté de l’ouest, la Judéea pour barrière protectrice la partie haute de la Séphélah,c’est-à-dire une région moyenne de collines quis’étend entre l’arête montagneuse proprement dite et laplaine côtière. C’est une série de défilés qui forme unvrai terrain d’embuscades. Plusieurs larges vallées pénètrentle massit et semblent des voies naturellementouvertes vers le cœur du pays, mais faciles à défendre.

La Judée est donc une forteresse, sinon imprenable,au moins très difficile à prendre. Une armée a-t-elleréussi à franchir les étroits défilés, les passes montueusesqui conduisent au plateau supérieur, que va-t-elletrouver? Une ville bâtie elle-même sur une presqu’îlede rochers, attaquable seulement par le nord.Enfermée dans de solides murailles, Jérusalem forceral’ennemi à entreprendre un long siège, et l’étrangern’aura pour s’élablir qu’un désert sans eau. Il est curieuxdo constater comment les plus grandes invasions de laJudée ne se sont faites que par des marches bien calculéeset d’habiles précautions. Les envahisseurs ne sesont pas aventurés sur l’arête centrale avant d’en avoirbien occupé tous les abords, avant même de s’êtrerendus maîtres du reste de la Palestine. C’est ainsi queVespasien commença par s’emparer de la Galilée et dela Samarie, puis il dépensa près d’un an à prendre, àfortifier Jamnia, Azot, Hadida à l’ouest, Béthel etGophna au nord, Jéricho à l’est, Hébron et les autresforts au sud. Ce n’est qu’après avoir établi cette largeligne de circonvallation qu’il lança sur Jérusalem seslégions impatientes.

Ces montagnes, ces rochers, ce désert de Judée ontdonc leur muette éloquence. Cette contrée si singulièredevait produire dans l’âme de ceux qui l’habitaient dessentiments tout particuliers, celui de l’isolement, d’oùle particularisme qu’on remarque chez les Juifs, celuid’une certaine sécurité qui n’exclut cependant ni la vigilance,ni la discipline, ni la valeur, caractères essentielsd’une nation. À côté de la force est la poésie. C’est enJudée surtout que se développa la vie pastorale chez lesHébreux; le terrain s’y prêtait. C’est parmi les pâtres deJuda que Dieu prit des rois et des prophètes, David,Amos, etc. Cf. G. A. Smith, The historical Geography ofthe Holy Land, p. 259-320.

Population.

La Judée était un pays très peuplé.

Ses villes principales sont les plus connues des différentestribus dont elle occupait le territoire. Il nous suffitde rappeler les plus importantes en dehors de Jérusalem,en y ajoutant quelques-unes mentionnées par lesTalmuds et par Josèphe. À l’ouest, dans la plaine, Yabnéh(aujourd’hui Yebna/, l’ancienne Jebnéel ou Jamnia,célèbre par son école rabbinique; Lod ou Lydda, qui,d’après un passage talmudique, aurait été le siège d’untribunal ayant droit de prononcer la peine capitale;Yafo ou Joppé; Antipatris (Qala’at Râs-el-’Aïn ou MedjdelYaba), bâtie par Hérode le Grand sur l’emplacementde Caphar Saba, suivant Joséphe, Ant. jud., XIII, xv,I, mais, selon les Talmuds, distincte de cette localité,

qui porte encore aujourd’hui le nom de Kefr Saba. — Aunord-ouest et au sud-ouest de Jérusalem: Modin (El-Midiyéh),la ville des Machabées, I Mach., ii, 1, 15; Emmaûs-Nicopolis(Amuâs), I Mach., iii, 40, 57, la mêmeque l’Emmaus évangélique, Luc, xxiv, 13, selon plusieurspalestinologues, distincte de celle-ci, suivant d’autres,qui la cherchent à El-Qitbéibéh; Beth Gubrin ou Éleuthéropolis(Beit Djibrin), située dans une contrée fertile,selon le Midrasch, Èereschith rabba, ch. 6. Au sudet au sud-est de la même ville: Bethléhem, Hébron,Masada (Sebbéh), bâtie par Jonathas Machabée, rendueimprenable par Hérode le Grand et devenue le tombeaude l’indépendance juive (Josèphe, Bell, jud., VII, viii,3; ix, 1); Engaddi (’Ain Djidi), renommée pour sesvignes, ses palmiers et le baume qu’on y recueillait(Talmud de Babylone, Sdbbath, 26 a). — À l’est, Jéricho.

— Au nord, Béthoron (Beit’Vr), souvent mentionnéedans les Talmuds comme ville natale de docteurs;Éphrem (Et-Tayibéh), où Notre-Seigneur se retiraquelque temps avant sa passion, Joa., xi, 54; Gophna(Djifnéh), ville très populeuse, selon les Talmuds; ’Akrabah(Aqrabélt), capitale de la toparchie de même nom.Cf. À. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 67163.

II. Histoire.

La plupart des Hébreux qui revinrentde la captivité étaient de la tribu de Juda et occupèrentle territoire de l’ancien royaume de Juda. De là, le nomde Judée donné à ce nouveau district et celui de Juifsdonné à ses nouveaux habitants. Sous les Perses, lepays formait une province (niedînâh) appartenant à lacinquième satrapie de l’empire (Hérodote, iii, 91) et administréepar un gouverneur (péhàh), qui était généralementun Juif assisté d’un conseil des anciens, résidantà Jérusalem. Agg., i, 1, 14; ii, 3, 22; II Esd., v, 14, 18;Tii, 26. Après la prise de Tyr et de Gaza, il passa sanssecousse violente sous la domination d’Alexandre. Aprèsavoir été au pouvoir des Plolémées et des Séleucides, ilrecouvra son indépendance sous les Machabées, puisdevint tributaire des Romains. L’an 37 avant J.-C, Hérodele Grand, déjà proclamé roi des Juifs par un décretdu Sénat romain, monta sur le trône de Jérusalem, etc’est sous son règne que naquit le Sauveur. Matth., Il,1; Luc, i, 5. Il eut pour successeur son fils Archélaus,Matth., Il, 22, qui, après avoir perdu son titre de roi,pour ne conserver que celui d’ethnarque, fut déposé aubout de dix ans. Le territoire fut alors rattaché à la provincede Syrie, puis il fut administré par des procurateurs.C’est sous le gouvernement d’un de ces derniers,Ponce-Pilate, que se passèrent les grands faits évangéliques,la prédication de saint Jean-Baptiste, Luc, iii, 1, lavie publique, la passion, la mort et la résurrection dudivin Rédempteur. Matth., xxvir, 2. En 41, la Judée futmise par Claude entre les mains d’un petit-fils d’Hérodele Grand, Agrippa I er, puis elle fut de nouveauconfiée à des procurateurs, dont deux sont connus dansl’Écriture, Félix (52-60), Act., xxiii, 24, 26, et PorciusFestus (60-62). Act., xxiv, 27. Le dernier procurateurromain fut Gessius Florus (64-66). Enfin la Judée tombaavec Jérusalem (70), et fut représentée sur un grand nombrede monnaies sous les traits d’une femme assise sousun palmier et pleurant, avec la légende Jud^ea. capta.Voir fig. 263, col. 1394. Cf. F. W. Madden, History ofJewish comage, Londres, 1864, p. 183-196. Ce simplerésumé suffit, l’histoire de la Judée se confondant aveccelle de Jérusalem et des Juifs. Voir Jérusalem,col. 1384-1395. La gloire de cette province est de garner leberceauetletombeau de Notre-Seigneur. — Pour le caractèredes habitants, par opposition à celui des Galiléens,voir Galiléen, col. 95. Pour le reste, voir PalestineIII. Bibliographie.

Reland, Palœstina, Utrecht,1714, 1. 1, p. 31-37, 176-179, 185-193; A. P. Stanley, Smaiand Palestine, Londres, 1866, p. 159-166, 199-223;A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868,.

p. 59-163; V. Guérin, Judée. 3 in-8°, Paris, 1868-1869; Surveyof Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883,t. m; Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1889,p. 139-159, 199-213, 236-288; G. A. Smith, The historicalgeography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 201320; F. Buhl, Géographie des alten Palàstina, Fribourgen-Brisgauet Leipzig, 1896, p. 81-82, 131-199.

A. Legendre.

    1. JUDÉO-CHRÉTIENS##


JUDÉO-CHRÉTIENS. Les judéo-chrétiens, commeleur nom l’indique, étaient des chrétiens de sang juif,par opposition aux païens convertis; o, ii, dans un sensplus restreint, des chrétiens originaires de Palestine etparlant hébreu, par opposition aux Juifs hellénistes.Les judéo-chrétiens étaient généralement attachés à laLoi de Moise, mais sans la considérer comme nécessaireau salut et sans vouloir à tout prix l’imposer aux autres:c’est par là qu’ils se distinguaient des judaïsants. Une desplus funestes erreurs de l’école de Tubingue a été deconfondre pratiquement les judaïsants avec les judéochrétiens.La confusion persiste encore dans le langageet rend à peu près inintelligibles certains ouvrages publiéspar les protestants de nos jours.

I. Les judéo-chrétiens dans l’Église primitive. —1° Églises palestiniennes.

Les judéo-chrétiens y dominaient

de beaucoup, presque à l’exclusion des autres.A Jérusalem, par exemple, nous ne trouvons aucune mentionde gentils convertis directement du paganisme. Il yavait seulement un nombre considérable de Juifs hellénistes,qui nécessitèrent de bonne heure la création desept diacres spécialement chargés d’eux. La présenced’anciens proséljtes de la justice qui, ayant reçu la circoncision,ne se distinguaient en rien des vrais Juifs, yest aussi très vraisemblable. Quand, peu d’années aprèsl’Ascension, à la suite de la persécution qui se déchaînalors du martjre d’Etienne, tous les fidèles, à l’exceptiondes Apôtres, se dispersèrent dans les villes de Judée etde Samarie, les fugitifs semèrent partout l’Évangile,mais en s’adressant seulement aux Juifs et aux prosélytes.Act., viii, 1-40. Les scrupules de Pierre et l’étonv-’nement des disciples à la conversion du centenier Corneillemontrent qu’on était en présence d’un fait extraordinaire,d’un cas de conscience tout nouveau. À partirde ce jour, les choses changent en principe: néanmoinsles gentils convertis ne formèrent longtemps qu’une trèsfaible minorité dans les églises de Palestine. La premièreprédication adressée aux païens en masse eut lieuà Antioche. Act., XI, 20.

Églises fondées par saint Paul.

Ici la proportion

est renversée. Ces églises sont presque toutes mixtes,c’est-à-dire composées de Juifs et de gentils, de tellesorte que les Juifs fournissent d’ordinaire le premiernoyau, tandis que les gentils en constituent la masse.Paul avait coutume de prêcher d’abord dans la synagogue,où sa qualité d’hébreu lui assurait toujours bonaccueil. Il ne quittait la synagogue que lorsque les Juifsl’en expulsaient de force. C’est dans la synagogue qu’ilinaugure ses prédications, à Salamine, Act., xiii, 5, àAntioche dePisidie, xiii, 15, 43, à Iconium, xiv, 1, probablementaussi à Lystres, et certainement à Thessalonique,xvii, 2, à Bérée, ꝟ. 10, à Athènes, ꝟ. 17, à Corinthe,i xviii, 4, à Éphèse, xviii, 19, même pendant son troisièmevoyage, XIX, 8. La déclaration qu’il fit dans la synagogued’Antioche de Pisidie, devant les Juifs ameutés contrelui, donne la raison de sa conduite: «Il fallait vous annoncertout d’abord la parole de Dieu; mais puisque,vous en jugeant indignes, vous la repoussez, nous noustournons désormais vers les gentils.» Act., xiii, 46. Cependantcette menace ne devait pas être définitive. Ellefut renouvelée, quelques années plus tard, à Corinthe,Act., xviii, 6; et cela n’empêcha pas l’Apôtre de s’établirpendant trois mois dans la synagogue d’Éphèse, Act., xii,8, qu’il n’échangea contre l’école de Tyrannus que lorsquela position y fut intenable. Dans la plupart de ces

villes, il est expressément spécifié que des Juifs, aussibien que des gentils, se convertirent à la voix de Paul.Mais le plus fort contingent de catéchumènes fut sansdoute fourni par ces hommes pieux qui fréquentaient lasynagogue, attirés par la logique du monothéisme israéliteet la pureté de sa morale, sans être encore incorporéspar la circoncision à la nation élue. Leur nométait O56<5[isvoi tôv ©s<Sv, Act, XVI, 14; xviii, 7; creëônsvoiicpoor{kvToi, xiii, 43; <jeë<i[j.evot "EX).y)v£;, XVII, 4, ou simplement<T£ë6|jiev9t, xvii, 17; xiii, 50, ou encore <poëoO|j.£voitôv ®eov, xiii, 16, 26, en latin metuentes, colentes Deum,religinsi. Le récit de saint Luc nous montre quel rôleimportant ils jouèrent dans la fondation des églises dela gentilité. — Deux communautés chrétiennes, celle dePhilippes et celle des Galates, paraissent n’avoir reçul’élément juif qu’à une dose insignifiante.

Autres Églises.

Le même caractère mixte s’y rencontre.

Cependant, presque toujours un no^au juif précède;les prosélytes et les gentils ne font que suivre.Au retour de leur première mission, vers l’an 49, Paulet Barnabe annoncèrent aux églises de Phénicie la conversiondes païens comme une chose nouvelle qui remplitde joie les fidèles. On est quelquefois surpris de voirles Douze s’attarder si longtemps à Jérusalem; mais,outre qu’ils se conformaient ainsi aux instructions deleur divin maître, Luc, xxiv, 47; Act., i, 8, nul champd’apostolat n’était plus fécond. Les Juifs et les prosélytesde &diaspora qui se rendaient périodiquement auTempley entendaient l’Évangile et répandaient ensuite labonne sem*nce dans tout l’univers. Quand une églises’était ainsi fondée d’elle-même, les Apôtres allaient l’organiser.Act., xi, 19-20. Tels furent les humbles débuisdes églises de Chypre, de Phénicie, d’Antioche, et sansdoute d’Alexandrie et de Rome. Avant la conversion dePaul, il y avait à Damas une petite réunion de fidèles quifréquentaient encore la synagogue, puisque c’était làque le futur docteur des nations allait les pourchasser.Act., ix, 2. Mais il arriva que presque partout, hors dePalestine, l’élément juif déclina peu à peu et se fonditentièrement dans la multitude des nouveaux adeptes.

II. Les judéo-chrétiens et la loi mosaïque.

Lesdisciples avaient appris de Jésus lui-même à honorer laLoi, Matth., v, 17-19; xxiii, 22-23; Luc, xvi, 17, à vénérerle Temple. Matth., xxi, 12. Sans imiter le formalismedes pharisiens, ni s’astreindre à leurs interprétationsrigoristes, le Sauveur avait daigné se conformer auxprescriptions mosaïques. Les Apôtres purent se croiretenus d’imiter leur Maître jusqu’à ce que le ciel manifestâtune volonté contraire. C’était d’ailleurs une conditionessentielle de leur apostolat auprès de leurs compatriotes.Jamais les pharisiens n’auraient consenti à semettre en rapport avec des violateurs de la Loi. Aussila vie des premiers chrétiens de Jérusalem devait-elledifférer peu, à l’extérieur, de celle des Juifs pieux deleur temps. Ils se réunissaient en particulier pour laprière, le chant des Psaumes et la fraction du pain eucharistique;mais ils se soumettaient scrupuleusem*ntaux présentions légales concernant les aliments. Act.,x, 14. Aux jeûnes ordonnés par la Loi ou la coutume, ilsen ajoutaient de volontaires, xiii, 2-3; XIV, 22; ils observaientles heures fixées pour la prière, ii, 46; iii, 1; v,42; x, 9; ils faisaient des vœux et les accomplissaientdans le Temple, suivant les rites traditionnels, xviii, 18;xxi, 23; ils célébraient comme les autres le sabbat etlesfêtes religieuses, ii, 1; xviii, 4-; xx, 6, 16; ils faisaientcirconcire leurs enfants et n’admettaient, en règle générale,de néophytes que ceux qui étaient passés par lejudaïsme. Longtemps après, la question se pose s’il nefaut pas obliger les gentils eux-mêmes à recevoir la circoncision.Enfin, au témoignage de saint Jacques, tousles fidèles de Jérusalem étaient zélés pour la Loi (toxvteçÏTiXwTct’i toû vôjtou) et ils se scandalisaient en apprenantque Paul dispensait les Juifs de la diaspora de l’obliga

tion de faire circoncire leurs enfants. Act., xxi, 20-21.D’après un écrivain du H æ siècle, Hégésippe, saint Jacquesétait lui-même un rigide observateur de la Loià laquelle il ajoutait les pratiques d’un nazaréat perpétuel.Cf. Eusèbe, H. E., ii, 23, t. xx, col. 197. Ce quenous disons de Jérusalem doit s’entendre, proportionsgardées, de toute la Palestine et des pays circonvoisins.A Damas, l’évêque Ananie était pieux selon la Loi(£Ùdsë» i; xarà ràv véfiov) et tous les Juifs de la ville luirendaient ce témoignage. Act., xxii, 12. — Ailleurs onusa de tempérament. Les Juifs furent libres d’obsererleur Loi dans la mesure où leur piété les y poussait et,pour rendre les rapports sociaux possibles entre eux etles gentils, on obligea ces derniers, dans les églisesmixtes ou les Juifs formaient une fraction importante,d’observer certaines prescriptions relatives aux aliments.Act., xv, 20, 29. Il fallait tenir compte en effet des répugnancesinvincibles des Juifs pour les viandes étoufféesou non saignées, et même de leurs scrupules religieux,notamment au sujet des victimes offertes aux idoles. Nous-voyons saint Paul donner l’exemple de cette condescendance,lorsqu’il vit dans un milieu juif; il fait circoncireTimothée, Act., XVI, 3; il se soumet aux cérémoniesde la purification légale, Act., xxi, 26; il insinuequ’il aurait pu céder sur la circoncision de Tite, si onne l’avait exigée comme un droit, Gal., ii, 3-4; il protestequ’il s’abstiendra à jamais de viande si ce metsdoitscandaliser ses frères et perdre une âme rachetée dusang de Jésus-Christ, I Cor., viii, 13; Rom., xiv, 15; ilpose ce grand principe que tout ce qui est strictementlicite n’édifie pas, I Cor., x, 23, qu’il faut avoir égardaux scrupules, aux préj ugés des faibles (il parle des judéochrétiens) en ce qui regarde les aliments et les joursfériés. Rom., xiv, 1-6, 13-15, 19-23. Paul n’est intransigeantque sur les principes et lorsque la pureté de lavérité évangélique est en danger.

III. Derniers vestiges des judéo-chrétiens.

À laveille de la grande révolte qui devait mettre fin à la nationjuive, vers l’an 66, les chrétiens de Palestine se réfugièrentau delà du Jourdain, dans une ville de laDécapole, nommée Pella. D’autres s’établirent à Kokabé(ou Choba), en Basanitide, et à Bérée (Alep) en Syrie.Quoique maudits dans toutes les synagogues par leurscompatriotes restés infidèles, ils demeuraient obstinémentattachés à la Loi mosaïque. Cependant ils avaientla prétention d’être chrétiens. Ce fut dans le courantdu iie siècle qu’on commença à les considérer commeséparés de l’Église catholique. D’ailleurs, de grossièreserreurs s’étaient glissées peu à peu dans leurenseignement; la ligne de démarcation entre les ébioniteset les nazaréens n’est pas facile à tracer; et le seulfait d’observer opiniâtrement une loi morte, désormaissans objet et sans signification, les classait parmi leshérétiques; de judéo-chrétiens ils devenaient judaisants.Ces petites sectes disparurent enfin dans l’oubli. VoirJudaisants. F. Prat.

JUDI (hébreu: Yehudi, «le Judéen; s Septante[Jer., xliii, 14, 21, 23]: ’IouSiv), fils de Nathanias, fils deSélémias, fils de Chusi. Les princes de la cour du roiJoakim l’envoyèrent auprès de Baruch pour que ce dernierleur apportât le rouleau des prophéties de Jérémiequ’il avait lues au peuple. Quand Baruch leur en eutfait la lecture, ils déposèrent le rouleau dans la chambred’Élisama le scribe et en communiquèrent le contenuau roi. Joakim se fit apporter et lire la prophétie parJudi, mais quand celui-ci en eut lu les trois ou quatrepages, le roi déchira le rouleau avec un canif et le jetaau feu. Jer., xxxvi, 14-23.

JUDICIAIRE(PORTE) (hébreu: Sa’arham-Mifqâd;Septante: w! ù.i] toO Maqisxiê; Vulgate: porta judicialis),porte de Jérusalem située au nord-est du Temple.

IIEsd., 111, 30 (hébreu, 31). Voir Jérusalem 14°, col. 1365.Un passage d’Ézéchiel, xliii, 21, semble indiquer quec’était là qu’on brûlait la victime offerte en sacrificepour le péché, en dehors du sanctuaire, mais à l’intérieurdes murs de la ville: «Tu prendras le veau pourle [sacrifice du] péché, et on le brûlera dans le mifqâdde la maison, hors du sanctuaire.» Mifqâd signifie «unlieu déterminé, désigné». La Vulgate l’a traduit par inseparato loco, dans Ézéchiel, etpar^itdieiaïisdansNéhémie,peut-être parce que le prétoire où l’on rendait lesjugements du temps des Romains, était situé au nord duTemple, dans la citadelle Antonia, ou bien peut-êtreparce que cette porte conduisait à la vallée de Cédronque l’on appelait déjà du temps de saint Jérôme valléede Josaphat ou du jugement. Voir col. 1652.

    1. JUDITH##

JUDITH (hébreu: Yehûdîf; Septante: ’IouSi’6), nomd’une Héthéenne et de l’héroïne de Béthulie.

    1. JUDITH##


1. JUDITH, fille de Bééri l’Héthéen et première femmed’Ésau. Gen., xxvi, 34. Elle est appelée Oolibama dansGen., xxxvi, 2, 18, 25. Voir Bééri 1, t. i, col. 1548.

    1. JUDITH##


2. JUDITH, libératrice de Béthulie. — 1° Biographie. —Elle nous est connue uniquement par le livre qui porteson nom. Ni Philon, ni Josèphe ne la mentionnent. Nulautre écrivain sacré ne la nomme. Elle entre en scèneau chapitre viii, au moment où Béthulie, réduite à l’extrémitépar la famine, est sur le point de se rendre àHoloferne. — Depuis trois ans et demi qu’elle avaitperdu son mari Manassès, elle vivait dans la retraite, lapratique d’une piété austère et un jeûne perpétuel qu’interrompaientseuls le sabbat et les jours de fête. Savertu éprouvée faisait taire la médisance, viii, 1-8.Ayant appris que les assiégés allaient se rendre danscinq jours si le secours ne venait pas, elle mande leschefs, les reprend de leur pusillanimité, relève leurcourage et leur promet la délivrance, avant cinq joursécoulés, s’ils s’en rapportent pleinement à elle pourl’exécution d’un projet dont elle ne peut encore leurconfier le secret. Ils consentent à tout, ꝟ. 9-36. Après leurdépart, Judith s’enferme dans son oratoire et là, revêtued’un cilice (d’après la Vulgate), la tête couverte de cendres,elle adresse à Dieu une longue et fervente prière,IX. Ensuite, elle reprend les parures d’autrefois, depuislongtemps abandonnées; et Dieu ajoute à sa beauté naturelleun éclat surhumain (d’après la Vulgate). Alors,en compagnie d’une servante portant une besace rempliede provisions de bouche, elle sort de la ville, sedirige vers le camp des Assyriens et, comme elle l’avaitprévu, elle est conduite en présence d’Holoferne, x.Accueillie avec bienveillance, elle expose les motifs desa venue. Béthulie ne peut plus tenir longtemps. Leshabitants, pressés par la famine, ont eu recours à desaliments interdits par la Loi. Dieu est irrité contre eux.Leur perte est inévitable. Voilà pourquoi Judith s’estréfugiée auprès du chef assyrien, auquel Dieu destinela victoire, xi. Ces paroles flattent Holoferne qui l’inviteà sa table. Elle s’y refuse, prétextant l’observation exactede la Loi mosaïque. On la laisse libre; on l’autorisemême à sortir tous les matins du camp pour prier à safantaisie et faire ses ablutions accoutumées. Cependant,le quatrième jour, Holoferne envoie l’eunuque Bagoas(Vulgate: Vagao) la presser d’assister à un festin quise donnait dans la tente du généralissime. Judith s’yrend, mais ne touche qu’aux mets préparés par sa servante.Sa vue inspire au chef ennemi une passion violenteque les fumées d’un vin généreux portent à l’excès,XII. La nuit venue, tous les invités se retirent les unsaprès les autres et Judith reste seule avec Holoferneplongé dans l’ivresse, pendant que la servante surveilleles abords de la tente. S’armant de courage et invoquantdans son cœur le Dieu des forts, l’héroïne prend

le glaive du chef suspendu au chevet du lit et en deuxcoups tranche cette tête abhorrée qu’elle place dans labesace. Ensemble, les deux femmes sortent du camp,comme à l’ordinaire, sans éveiller les soupçons et parviennent sous les murs de Béthulie. On devine la scènequi va se passer. Ce sont des cris d’enthousiasme, desbénédictions, des actions de grâces, une joie délirante,xiii. Sur les conseils de Judith, on suspend aux murailles la tête d’Holoferne et on se prépare à une sortiegénérale dès le point du jour. Les Assyriens atlaquésavec furie courent réveiller leur général; ils ne trouventqu’un cadavre sanglant, xiv. La panique s’empare d’eux,ils prennent la fuite: la déroute est complète et lesJuifs des villes voisines, avertis, harcèlent les fuyards.Le butin est immense. — À ces nouvelles, le grand-prêtre Joacim vint de Jérusalem, pour voir et féliciter Judith, et il lui adressa ces paroles que l'Église appliquemaintenant avec raison à une libératrice plus glorieuseque l’héroïne de Béthulie, à la Sainte Vierge: «Vousêtes la gloire de Jérusalem, la joie d’Israël, l’orgueilde notre race. Et tout le peuple répondit: Amen,amen!» XV. C’est alors que Judith entonna son cantiquequi égale en beauté et en sublime le chant de Déboraou l’hymne de Marie, sœur de Moise. — Quelques détails biographiques terminent le livre. Judith consacreà Dieu toute sa part de butin. Elle reste fidèle à la mémoire de son époux Manassès et vit entourée de l’admiration et de la vénération du peuple. Elle meurt à l'âgede cent cinq ans (ou cent cinq ans après son mariage).Durant ce laps de temps et plusieurs années après samort, aucun ennemi n’inquiéta Israël. La Vulgate ajoute: «L’anniversaire de sa victoire fut compté par les Hébreux au nombre des jours saints et il est célébré pareux jusqu'à l’heure actuelle,» xvi.

Généalogie de Judith.

Elle est assez différente

suivant les textes. Voici celle de la Vulgate: nous donnons, quand il y a lieu, entre parenthèses, les variantesdu grec et du syriaque. Judith était fille de Mérari, filsd’Idox ("ÛÇ, 'Ûz), fils de Joseph, fils d’Ozias ('O^i-fa,'Ozziêl), fils d'Élai ('EXxe'.à uîoO 'ffXsioû, Elqanâ), filsde Jamnor (le Vaticanus omet ce nom et les trois suivants,-le Sinaiticus et l’A lexandrinus portent: 'Avavtoî,Jianân), fils de Gédéon (Gab'ûn), fils de Raphaîm (Dafnin), fils d’Achitob (après Achitob le syriaque intercaleNain), fils de Melchias (XeXxefoi;), fils d'Élan ('EXsâë,Gir)., fils de Nathanias (Na8 «va^X), fils de Salathiel(SaXa|Ai» i)., Samuel), fils de Siméon (Eocpa<ra8aQ, filsde Ruben ('Iapar^, Israël). Le dernier nom, dans laVulgate, est certainement fautif. Il faut lire Israël, avecle grec et le syriaque, au lieu de Ruben. Judith appartenait à la tribu de Siméon, ix, 2 (grec). Le Sarasadaidu texte grec est un descendant de Siméon qui vivait autemps de l’Exode. Num., i, 6, 11, 12 (Surisaddai). Sonfils était Salamiel, comme le grec l'écrit correctement,et non Salathiel (Vulgate) ou Samuel (syriaque). Manassès étant également de la tribu de Siméon, viii, 2(grec), ainsi qu’Ozias chef de Béthulie, VI, 11 (grec, VI,15), on suppose que la ville de Béthulie fut occupée parune troupe de Siméonites, lors de leur grande émigration, sous Ézéchias. I Par., IV, 39-41.

Moralité des hauts faits de Judith.

Plusieurs

écrivains se sont donné beaucoup de peine pour justifierde tout point quelques actions de Judith: le dangerauquel elle expose sa vertu, les moyens qu’elle emploiepour tromper et séduire Holoferne, l'éloge qu’elle semble faire de la vengeance de Siméon. Pour répondre àces difficultés, il suffit de ces quelques remarques:4. L'Écriture n’approuve pas tout ce qu’elle raconte; et,même dans les saints personnages, elle ne propose pastoutes les actions indistinctement à notre imitation;surtout dans l’Ancien Testament, où l’idéal de saintetéest moins sublime. — 2. La bonne foi de Judith paraitincontestable et l’on peut tout au moins louer son intention. Voir S. Thomas, IIa-IIæ, q. ex, a. 3. — 3. Si Holoferne est trompé par les paroles de Judith, c’est à luimême qu’il doit-imputer son erreur. S’il n’eût été aveuglé par la passion, il aurait dû flairer un piège, une rusede guerre, de la part de la belle transfuge. Or jamais lesslratagèmes entre belligérants n’ont été condamnés et ledroit des gens, à cette époque, les autorisait. — 4. Enfin,Judith mentionne bien l’action d'éclat de Siméon sonaïeul, mais sans louer la manière injuste et déloyaledont il tira vengeance des Sichémites. D’ailleurs, si ellel’approuvait, ce ne serait qu’en vertu d’une erreur invincible contre laquelle la sainteté ne prémunit pas toujours. — Judith est donc digne par sa piété, sa chastetééprouvée, son ardent patriotisme, son courage et sondésintéressem*nt, des éloges que les Pères lui décernent à l’envi. Elle a mérité d'être une des figures lesplus attachantes de la Vierge Marie qui, comme Judith,a vaincu le grand adversaire, sauvé son peuple et délivré le venre humain. Aussi beaucoup de passages empruntés à ce livre sont-ils entrés dans la liturgie catholique. Ajoutons que les exploits de Judith ont inspiréd’innombrables artistes, sculpteurs, peintres et littérateurs. Cf. Palmieri, De verit. histor. Ulri Judith, Golpen, 1886, p. 47-48; Serarius, In Tobiam, Judith, etc.,commentarius, Mayence, 1599, p. 357-372.

F. Prat.

    1. JUDITH (LIVRE DE)##


3. JUDITH (LIVRE DE). — J. TEXTE ET VERSIONS. —

Nous ne possédons plus le texte original de ce livre.Ceux qui, à la suite de Louis Cappel, le croyaientcomposé en grec ont été victorieusem*nt réfutés parMovers et Fritzsche. Les hébraismes perpétuels (parexemple o-çdôpa erçôSpa, traduisant me'ôd me'ôd, répétéune trentaine de fois), presque toutes les conjonctionsremplacées par x «i, l’absence à peu près complète de&particules dont le grec fait si grand usage (oiv, apa, tsne paraissent jamais, [iév une seule fois, 8é et àlXâ manquent totalement dans certains chapitres), plusieurs nonsens qui ne s’expliquent que par des fautes de traduction et autres indices semblables prouvent à l'évidenceune origine sémitique. Cf. Cornely, Introduclio, t. ii,part, i, p. 392-393. L’araméen lui-même ne rend pascompte de tous ces phénomènes et il semble nécessairede supposer un original hébreu. Cependant, Origène neconnaissait de son temps aucun texte hébreu de Judithet les Juifs qu’il consulta n’en surent pas davantage.Epist. ad. Afric., t. xi, col. 80. Au contraire, les Juifs dePalestine en possédaient un texte chaldéen (ou araméen) >et le rangeaient parmi les apocryphes. C’est sur ce texteque saint Jérôme fit sa version. Prsefat. in Judith, t.xxix, col. 37.

Version grecque.

Il en existe une trentaine de

manuscrits assez différents entre eux et qu’on a vainement tenté jusqu’ici de réduire à trois ou quatre familles.Il faut dire qu’ils n’ont pas encore été collationnés avecassez de soin. Cf. Scholz, Commentar ûber das BuchJudith, 2e édit., Leipzig, 1898, p. xvii-xxiii. On trouveen appendice dans ce commentaire, p. H-CXXH, deuxtextes grecs, intégralement reproduits, dont la comparaison est intéressante. Le premier n’est autre que celuide l'édition sixtine, basée sur le codex du Vatican; le second est une copie du cod. 71, conservé à Paris, notablement plus court et, au dire de Scholz, le plus précieux au point de vue critique. Une édition critique dulivre de Judith a été publiée par Fritzsche, Lib. apocr.Vet. Test, grsece, Leipzig, 1871, p. 165-203; une autre,en 1891, par Swete, The Old Testament in Greek, t. ii,p. 781-814 (au bas des pages sont les variantes des principaux codex). Le texte du manuscrit de Paris, supplément grec, 609, qu’on croit représenter la revisiond’Hésychius, est imprimé, parallèlement avec celui del'édition sixtine, dans F. Vigouroux, La Bible polyglotte,t. iii, 1902, p. 528-602. Le texte syriaque, peu différent dutexte grec, se trouve, dans la Polyglotte de Walton et a été édité par Lagarde, Libri Vet. Test, syriace, 1861,p. 744-790.

Version latine.

Elle fut faite par saint Jérôme sur

les instances de quelques amis, peut-être Chromatius etHéliodore, au milieu d’autres' occupations absorbantes.Le grand docteur ne consacra à ce travail qu’une seuleséance (huic unam lucubratiunculam dedi) et commeil n'était pas très familier avec l’araméen, il dut procédercomme il avait fait pour Tobie: un Juif versé dans lesdeux langues traduisait en hébreu le texte araméen etsaint Jérôme le dictait en latin à son secrétaire. Il déclare avoir voulu plutôt rendre le sens que le mot à mot(inagis sensume sensu quant ^ex verbo verbum transfèrent). On voit par la comparaison dés versions qu’ila utilisé l’ancienne Vulgate et qu’il s’est sans douteborné quelquefois à la corriger. Il a retranché tout cequi ne se trouvait pas dans son exemplaire araméenqu’il regardait comme l’original (multorum codicumvarietatem vitiosissimam amputavi) et n’a rendu enlatin que ce qui fournissait un sens complet en chaldéen (sola ea, qum intelligentia intégra in verbis Chaldseis invenire potui, LaUnis expressï). Les abréviationsqui résultèrent de ce travail, par rapport au grec et àl’ancienne Vulgate, sont très considérables. Elles semontent à peu près au cinquième de l’ouvrage entier.Laquestion de savoir quelle version représente le mieux letexte original est donc tort importante, mais encore indécise. Il est bon de remarquer cependant que les divergences portent surtout sur des faits accessoires, étrangers à l’objet principal du livre: construction d’Ecbatane, révolte contre l’Assyrie, campagnes d’Holoferne,prières plus ou moins longues de Judith, etc. On trouvele texte de l’ancienne Vulgate dans Sabatier, Biblior.sacr. Lat. versiones antiquæ, 1743, t. i, p. 744-799. Ellediffère notablement de la Vulgate actuelle.

L’histoire de Judith en hébreu.

Nous avons dit

que les originaux de nos versions étaient perdus; maison connaît maintenant plusieurs écrits hébraïques oùsont relatés les exploits de Judith. Ce sont des compositions du genre midrasch. Il y en a deux dans Jellinek,Bel h hamidrasch, 1. 1, p. 131-132; t. ii, p. 12-22, et, en allemand, dans Scholz, Commentât Mer Judith, appendice,p. iii-cxvii, cxlviii-cl. Le plus court de ces écrits n’estqu’un résumé de l’histoire de Judith, reproduite de mémoire et très librement. Le plus étendu, à partir duchap. vi, suit assez fidèlement le grec et la Vulgate. Pourles cinq premiers chapitres, il n’y a qu’une introductionde quelques lignes: Holoferne, roi des Grecs (Javan),vient mettre le siège devant Jérusalem, avec 120000 fantassins et 12000 cavaliers; un de ses vassaux, roi luiaussi, lui prédit les difficultés de l’entreprise. — Gaster,An unknown Hebrew version of the history of Judith(dans les Proc. of the Soc. of bibl. Arch., 1894, t. xvi,p. 156-161), fait connaître une nouvelle recension, découverte par lui, du texte le plus court. Judith est unevierge, le roi ennemi est Séleucus; il assiège en personne Jérusalem. Le récit n’a qu’une soixantaine delignes. Il s’ouvre par cette note intéressante: 6 Nos docteurs disent: Le 18 adar ( «fête» ou «défense déjeuner» );c’est le jour où Séleucus monta.» Cette note est dans lestyle des dates de la Megillath Taanith. Il est d’ailleursà noter que la synagogue aimait à rapprocher l’exploitde Judith de l’histoire des Machabées; on lisait ce merveilleux récit à la fête de la Dédicace établie par JudasMachabée. Cf. Gaster, p. 158, Jellinek, ii, 12-22. — Enrésumé, pour les rabbins, la ville délivrée est toujoursJérusalem; l’héroïne est tantôt une veuve, tantôt unevierge; le roi ennemi est soit Holoferne, roi des Grecs,soit le Roi des nations, soit Séleucus.

II. Analyse sommaire.

Dans ce court exposé noussuivons l’ordre et le texte de la Vulgate.

PREMIÈRE PARTIE: ANTÉCÉDENTS HISTORIQUES, I-VII.

— Première section. Guerres de Nabttchodonosor, i-m.


— 1. Défaite d’Arphaxad. Défection de l’Occident, 1, 112. — 2. Holoferne chargé de châtier les vassaux rebelles, ii, 1-10. — 3. Campagnes d’Holoferne en Asie Mineure, en Mésopotamie, en Syrie, ii, 11-m, 15. —Deuxième section. Invasion de la Palestine, iv-vn. —1. Les Juifs se préparent à la résistance, rv. — 2. Achiorrésume, devant Holoferne, l’histoire des Juifs, v. — 3.Il est livré aux Juifs par Holoferne irrité, VI. — 4. LesAssyriens bloquent étroitement Béthulie, vu.

DEUXIÈME PARTIE: EXPLOITS DE JUDITH, VIII-XVI. —

Première section. Préparatifs, viii-ix. — 1. Judith faitagréer ses projets aux chefs de la ville, viii. — 2. Elleadresse une tervente prière au Dieu d’Israël, rx. —Deuxième section. Exécution, x-xiii, 10. — 1. L’héroïne se rend auprès d’Holoferne, x. — 2. Elle exposeles motifs de sa conduite, xi. — 3. Sa vie au campassyrien. Le banquet, xii. — 4. Elle tranche la têted’Holoferne et s’enfuit, xhi, 1-10. — Troisième section.Retour triomphal, xiii, 11-xvi. — 1. Judith rentre àBéthulie avec son sanglant trophée, xiii, 11-31. — Sortiegénérale des assiégés; désastre des Assyriens, xiv, l-xv,8. — 3. Judith comblée de bénédictions et de dons, xv,9-15. — 4. Cantique de Judith, xvi, 1-21; réjouissancespubliques, 22-24. — 5. Derniers jours et mort de l’héroïne, XVI, 25-30; fête commémorative, 31.

III. Canonicite et historicité.

Ces deux caractères,généralement étudiés ensemble, sont cependant trèsdistincts, puisqu’un livre peut faire partie du canon sansêtre de l’histoire, à plus forte raison de l’histoire au sensstrict du mot. Il importe donc de les étudier séparément,avec leurs arguments respectifs.

I. CANONKITÊ.

Judith est un des sept livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament. Rien ne montrequ’il ait jamais fait partie du canon palestinien. Origène assure que les Juifs de son temps ne le possédaientpas en hébreu. Saint Jérôme, qui le trouva en araméen,nous apprend que les Juifs le lisaient, mais en qualitéd’apocryphe. Ces informations divergentes s’expliquentpar la différence des Juifs consultés. Ce livre devait entrer dans le canon alexandrin, bien que Philon n’ait paseu occasion de le mentionner, et l'Église, en adoptant lecanon alexandrin, le reçut comme inspiré. Il est citépar Clément de Rome, I Cos., 55, t. i, col. 320; Clémentd’Alexandrie, Strom., IV, 19, t. viii, col. 1328; Origène,Hom.xix in Jerem., t. xiii, col. 516; Tertullien, Monog.,17, t. ii, col. 952; S. Ambroise, De offic, iii, 13, et Devid., 7, t. xvi, col. 169, 240; S. Fulgence, Epist., Il,14, t. lxv, col. 319. Saint Jérôme qui, au point de vue ducanon juif, le place quelquefois parmi les apocryphes,Prsef. in libr. iSalom., t. xxviii, col. 1 242, ou émet desdoutes sur sa canonicite, Epist., liv, 16, t. xxii, col. 559,n’en écrit pas moins à Principia, Epist., lxv, t. xxii, col.623: Ruth, Esther et Judith ont eu la gloire de donnerchacune son nom à un livre sacré. Saint Augustin, metJudith dans sa liste des livres inspirés, De doctr.christ., ii, 8, t. xxxiv, col. 41. Cette liste, approuvée parle concile de Carthage, en 397, sanctionnée par les conciles de Florence et de Trente, est devenue le canon del'Église catholique. — Le livre de Judith n’est pas citédans le Nouveau Testament et les allusions qu’on veut yvoir sont pour le moins très incertaines. Cf. I Cor., x, 910, et Judith, viii, 24-25; Luc, i, 42, et Judith, xiv, 7 ouxiii, 24 (Vulgate); Matth., xiii, 42-50, et Judith, xvi, 21;Act., IV, 24, et Judith, ix, 11 (grec, 12). — Les Juifs duTalmud, tout en excluant Judith de leur canon, admettentque ce livre, composé après les derniers prophètes, c’està-dire après que l’Esprit-Saint eut quitté Israël, fut cependant écrit, comme Tobie et d’autres ouvrages, avec lesecours de la Bath qôl, «fille de la voix, n sorte d’inspiration inférieure. Voir t. i, col. 1056. Cf. R. Martin,Pugio fidei, Paris, 1651, observ. de J. de Voisin, p. 104;Jellinek, Beth hamidrasch, Leipzig, 1851, 1. 1, p. 130.//, historicité. — Elle ne tut pas révoquée en doute

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leçons douteuses, à des variantes fournies par une versionseulement: par exemple la mention de la fête commémorativeinstituée en l’honneur de Judith (Vulgate,xvi, 31), la mention des vigiles, du sabbat et des néoménies(izpoaaè6&zu>v, izpovov^vi&y, texte grec, viii, 6),certains détails sur les expéditions du roi d’Assyrie, etc.Or aucun livre de l’Écriture n’a souffert autant de lapart des copistes et des traducteurs. — 3. Les découvertesmodernes ont levé plusieurs de ces difficultés. En particulier,Béthulie et le principal théâtre de la guerre seprêtent maintenant à une localisation qui laisse peu dechose à désirer. Voir Béthulie, t. i, col. 1757-1762. Denouvelles trouvailles peuvent éclaircir d’autres pointsobscurs. — 4. L’objection tirée des noms propres est laplus sérieuse et nous ne croyons pas qu’on y ait faitjusqu’ici une réponse de tous points satisfaisante. Voicice qu’on peut dire en général: — a) Nabuchodonosor.

— Ce nom revient vingt fois dans le texte grec et la versionsyriaque, i, 1, 5, 7, 11, 12; ii, 1, 4, 19; iii, 2, 8;iv, 1; vl, 2, 4, 7 (bis), 23; xii, 13; xiv, 18, dix-sept foisdans le texte latin, i, 5, 7, 10, 12; ii, 1 (bis), 4; iii, 2, 13;M, 27, 29; vi, 2, 4; xi, 1, 5, 21, a xiv, 16, et cela sans.aucune variante, toujours avec la qualification de roi desAssyriens. Dans ces conditions, en bonne critique, ilfaudrait faire remonter la leçon à l’auteur lui-même,car on ne s’explique pas comment les copistes auraient-opéré partout une substitution si singulière. D’un autrecôté, on ne comprend pas davantage comment un écrivain,qui paraît versé dans l’histoire et la géographieassyrienne, a pu dater son récit d’un Nabuchodonosor,roi de Ninive et vainqueur des Mèdes. — M. de Moor,dans la Revue dr, s religions, 1894, t. vi, p. 307-311, proposedeux explications: ou bien nos versions actuellesdériveraient d’un exemplaire copié à Babylone et où lescribe aurait mal à propos substitué au nom d’Assurbanipal,inconnu pour lui, celui de Nabuchodonosor; oubien Assurbanipal en entrant à Babylone, après la défaiteet la.mort de son frère, y aurait adopté le nom de Nabuchodonosorqui n’aurait pas eu cours en dehors de laBabylonie. Tout cela est bien subtil, bien hypothétique,et mieux vaut rester en suspens que de recourir à cessubterfuges. — b) Arphaxad peut fort bien être Phraortes,fils et successeur de Déjocés. «Si, comme nousl’apprend Hérodote, Phraortes était petit-fils d’un autrePhraortes qui, père du grand Déjocès, pouvait être considérécomme l’auteur de la dynastie; et si, comme lepense Rawlinson, la forme Phraazad est le patronymiquedérivé de Fravartis ou Fraurtish (véritableforme du nom de Phraortes), le nom transcrit Bi-rivz-hacd-ri,abstraction faite de la dernière syllabe, représenteréellement le personnage en question désigné par sonnom patronymique.» Robiou, Deux questions d’histoire,(Paris, 1875, p. 28. — c) Holoferne semble bienêtre un nom persan. On trouve cependant, vers 160 avantJ.-C, un roi de Cappadoce ainsi appelé. Il faut se souvenirque le contingent des armées assyriennes était trèsmêlé. La présence d’un général persan ou cappadocienn’a rien de surprenant. On ne rencontre, il est vrai, dansles annales d’Assyrie, aucun chef de ce nom, mais laraison en est qu’Assurbanipal a coutume de s’attribuerdirectement les faits d’armes de ses généraux, bien qu’iln’ait presque jamais accompagné les armées en personne.— d) Bagoas, d’après Pline, H. N., XIII,IV, 9, est l’équivalent persan du mot «eunuque v; iln’est donc pas étonnant que plusieurs personnages,originaires de la Perse, aient porté ce nom. — e) Éliacim,fils d’Helcias, n’aurait pas été grand-prêtre si laliste des Paralipomènes est complète. Mais, d’une part,il est douteux qu’elle le soit; d’autre part, il estfort possible que le titre de grand-prêtre lui ait étédonné par erreur dans nos versions à cause du rôleprépondérant qu’il a rempli. — f) Le nom de notreJudith n’a rien de plus allégorique que celui de Judith,

femme d’Ésaû. Gen., xxvi, 34. On peut d’ailleurs admettreque ce nom de «Juive» lui vient de son lieu d’origine. 1En effet, elle descendait de la tribu de Siméon dont leterritoire était situé dans le royaume de Juda. — Enfinle silence au sujet d’un événement aussi important quela défaite d’Holoierne n’est peut-être pas aussi universelqu’on le dit. Palmieri, De veritate histor., p. 1-8,pense que la première prophétie de Nahum, i, 7-n, 1, aprécisément pour objet le désastre des Assyriens conduitspar Holoferne. Cornely, Introd., t. ii, part, i,p. 411-412, adopte cette idée, toutefois avec cette modificationque le passage de Nahum ne serait pas la prédiction,mais le récit de la victoire sur les Assyriens.

IV. Époque des événements.

Cette question se posenon seulement pour les partisans de l’historicité absolue,mais encore pour ceux — et ils sont assez nombreuxparmi les protestants — qui admettent un canevashistorique sur lequel l’auteur aurait brodé et aussi pourles défenseurs de l’allégorie simple. Au contraire ellen’a pas de sens pour les tenants de l’allégorie prophétiqueou du roman proprement dit. — On peut rejetersans discussion l’opinion de G. Klein, Ueber das BuchJudith, dans Actes du 8* congrès des orientalistes, Leyde» 1891, sect. sémit. p. 87-105, qui y trouve un écho desdernières luttes de l’indépendance juive, sous Adrien. Acette époque le livre de Judith était certainement composédepuis longtemps. Il ne faut pas s’arrêter non plusau sentiment de ceux qui, comme Ewald, y voient desfaits contemporains de Jean Hyrcan, ou, comme Movers,des allusions à Alexandre Jannée et à Ptolômée Lathyre,ou, comme Berthold, la description symbolique de lacampagne de Vespasien et de Titus, ou, comme Volkmaf,le récit de la révolte des Juifs sous Trajan. Du reste,les avis sont on ne peut plus partagés sur la questionde date. Voici, d’après Brunengo, le tableau des principalesidentifications du Nabuchodonosor de Judith:

1. Antiochus Épiphane, 174-164 av. J.-C. (certains rabbins).

2. Séleucus I", 312-281 (Raska).

3. Artaxerxès Ochus, 362-338 (Sulpice Sévère).

4. Xerxès I", 485-472 (Georges le Syncelle, San’chez,Corn, a Lapide).

5. Darius I «, 521-485 (S. Hippolyte, Gérard Mercator,etc.).

6. Cambyse, 529-522 (Eusèbe, S. Augustin, Suidas, etc.).

7. Nabuchodonosor, 604-561 (Génébrard, Danko,Neteler, etc.).

8. Kiniladan, 647-625 (Wolfl’, von Gumpach).

9. Saosduchin, 667-647 (Usserius, Lenglet-Dufresnoy).

10. Assurbanipal, 668-626 (la plupart des auteurscontemporains).

11. Un fils d’Assarhaddon (Serarius).

12. Un parent d’Asarhaddon (Tirinus).

13. Un successeur d’Asarhaddon (Petau).

14. Asarhaddon (Tournemine, Montl’aucon, Houbi—gant, Dereser, Kaulen).

15. Mérodach-Baladan (Bellarmin, Ménochius).

Avec M. Robiou, à qui revient l’honneur de l’identification,presque tous les catholiques contemporains sedécident pour Assurbanipal. C’est avec encore plusd’unanimité qu’ils placent sous le règne de Manassé lesévénements rapportés au livre de Judith. De cet avissont Bellarmin, Serarius, Melchior Cano, Petau, Ménochius,Pereira, Bonfrère, Montfaucon, Calmet, Robiou,Delattre, Vigouroux, Gillet, Palmieri, Cornely, Brunengo,etc. L’examen des données historiques, géographiqueset chronologiques laisse peu de doute à cetégard, pour quiconque admet l’historicité absolue ouseulement relative du livre de Judith. Voir Vigouroux,La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv,p. 99-131.

1. ÉTAl DU PEUPLE JUIF À L’ÉPOQUE DE JUDITH. —

1° La suprématie religieuse et politique appartient à

Jérusalem. — De Jérusalem partent les ordres de semettre en état de détense, iv, 5. Il n’est pas question deSamarie ni de son roi. Les habitants de Béthulie pratiquentle culte légitime de Jéhovah, ils sont en rapportconstant avec le Temple et les autorités de Jérusalem,xv, 9. Les faits se passent donc après la chute de Samarie(721) et la disparition du royaume septentrional. —2° Le Temple de Jérusalem est debout.

a) À l’approche

d’Holoferne, les Juifs craignirent qu’il ne détruisît leTemple du Seigneur, iv, 1-2. — 6) En conséquence, lesprêtres se prosternèrent devant le Temple et couvrirentd’un cilice l’autel du Seigneur, iv, 9-10. Le texte grec,en cet endroit, iv, 15-16, ne mentionne pas le Temple,mais il parle d’holocaustes et de sacrifices offerts parles prêtres, ce qui revient au même. — e) Judith suppliele Seigneur de préserver sa maison de la profanation,IX, 18-19. Or la maison du Seigneur, c’est le Temple.Dans le passage correspondant, le texte grec est encoreplus explicite. — d) Après la victoire, on va offrir au Seigneurdes holocaustes et des sacrifices promis par vœu,xvi, 22-24: ce qui suppose évidemment l’existence duTemple. Nous obtenons donc ainsi comme limite inférieuredes événements l’année 587, date de la destructiondu Temple; car il est impossible, nous le verrons,d’attendre jusqu’après le retour de la captivité. — Unedifficulté assez sérieuse résulte du texte grec, v, 18, oùAchior affirme que le Temple du Dieu des Juifs êyiivïjô/]eïç É’Saopo;, ce que Cornélius à Lapide et plusieurs autresinterprètes traduisent ainsi: «[Leur Temple] a été renverséjusqu’aux fondements. «Mais 1. le latin omet cemembre de phrase dont l’authenticité devient ainsi douteuse;2. Achior eût-il prononcé ces mots, son autoriténe saurait prévaloir contre les témoignages nombreuxet précis de l’auteur inspiré; 3. le sens des mots! yy)vïJ8ïie’cç ëSoeçpoç est ambigu et peut s’entendre d’un abaissem*ntmoral. La traduction littérale est: factum est inpavimentum, ce qui paraît répondre à: factum est inconculcationem, et serait suffisamment justifié par uneprofanation. — 3° Point de roi en Judée. — «Toutesles mesures pour résister aux Assyriens sont dues àl’initiative du grand-prêtre et du conseil des anciens.» Delattre, Le livre de Judith, p. 56. Le roi ne joueabsolument aucun rôle; il n’est pas fait mention de lui.Il faut qu’il y ait interrègne, ou que le roi soit absent.Un seul moment de l’histoire juive vérifie cette condition:le temps de la captivité de Manassé. II Par., xxxiii,11. Sous Ézéchias, père de Manassé, Éliacim, «préfetde la maison» [royale], IV Reg., xvjii, 18; Is., xxxvi, 3,paraît avoir joui d’une grande influence. Ce pourraitbien être le même que l’Éliachim, iv, 5, 11, ou leJoacim, xv, 9, de Judith. — 4° Les faits se passent avantla captivité. — On ne peut pas songer à mettre l’histoirede Judith sous le second Temple, parce qu’à cette époqueil n’y a ni Mèdes, ni Assyriens. Les Perses sont lesmaîtres du monde oriental au lieu d’être les vassaux dugrand roi. Le texte qu’on objecte, v, 22-23 (Vulgate, 18-19),tiré du discours d’Achior, n’est pas décisif.

H. état de l’empire AssritiEN. — Le texte grecdivise les sujets de Nubuchodonosor en deux catégories:ceux qui marchent avec lui contre Arphaxad révolté etceux qui refusent de le suivre. Parmi les premierssont nommés: les habitants de la montagne (de larégion à l’est et au nord-est de Ninive), les riverains duTigre, de FEuphrate et de l’Hydaspe (le latin lit Jadason,le syriaque Eulée; il s’agit peut-être du Choaspe), le roides Élymëens dans la plaine d’Eirioch et beaucoup denations des fils de Chéléoul. Ces Élyméens pourraientbien être ceux que mentionne Strabon, xvii, 1, différentsdes Élamites de Susiane. Quant à Chéléoul, on n’enpeut rien tirer; l’ambiguité du texte grec ne permettantmême pas de décider avec certitude si ce sont des auxiliairesou des adversaires. La Vulgate remplace cetteénumération des peuples fidèles par la description du

champ de bataille où fut pris Arphaxad, «dans 1°grande plaine appelée Ragau, prèsdu Tigre, de l’Eu.phrate et du Jadason, dans la plaine d’Érioch, roi desElicéens,» I, 6. On voit que l’un des deux traducteurs amal compris le texte. — Au contraire, la liste despeuples rebelles n’est pas très différente en grec et enlatin. On compte parmi les sujets de l’empire assyrien,qui ne répondirent pas à l’appel de Nabuchodonosor:les habitants de la Cilicie, de Damas et du Liban; ceuxdu Carmel, de la Galilée et de la grande plaine d’Esdrelon;les Samaritains et les Juifs; enfin les Égyptiensjusqu’aux confins de l’Ethiopie, i, 7-10. La liste grecque,plus complète, ajoute, outre quelques noms moins importants,les Perses, les habitants de l’Occident (probablementles Amurru), ceux de TAntiliban et du littoralméditerranéen. — Telle était bien en effet l’étenduenominale de l’empire assyrien au temps d’Assurbanipal.La liste est même si exacte qu’elle indique un auteurtrès bien informé. Deux expéditions en Egypte avaienttemporairement établi la domination assyrienne dans leDelta et la vallée du Nil. Au cours de ces campagnes,Assurbanipal avait reçu l’hommage de vingt-deux souverainsde Chypre, de Phénicie, de Palestine et des payscirconvoisins. Cf. Schrader, Keilinschrift. Bibliothek,t. ii, p. 238-240. La Mésopotamie, la Cilicie, l’Élani, laChaldée, la Babylonie, où régnait le jeune frère d’Assurbanipal,reconnaissaient la suzeraineté du roi deNinive. Les prétentions des Assyriens, vers le Nord,s’étendaient très loin. Bref, bien que plusieurs nomsn’aient pas encore pu être identifiés avec certitude, lagéographie du livre de Judith est correcte, loin d’êtrefantastique.

m. état de l’empire mêde. — Ici le grec et le latinsont très divergents. Des deux textes comparés il ressortseulement: 1° qu’un roi des Mèdes, nommé Arphaxad,avait bâti ou fortifié Ecbatane (Vulgate: mdificavit,mais ce mot, comme son correspondant hébreubàndh, peut s’entendre au sens d’embellir, agrandir.D’après le grec, Arphaxad avait simplement fortifié laville). — 2° Que Nabuchodonosor eut affaire à ce roiet le vainquit dans une grande plaine qui se nommaitRagau ou qui avoisinait Ragau. Vulgate: «La douzièmeannée de son règne Nabuchodonosor… livra bataille àArphaxad et le prit (obtinuit eum),» i, 5. Dans le grecla bataille décisive a lieu la dix-septième année. Nabuchodonosor «resta vainqueur et il détruisit toute l’arméed’Arphaxad, toute sa cavalerie, tous ses chars; et il pritses villes; et il arriva à Ecbatane, s’empara de ses tours,ravagea ses rues et changea sa beauté en ignominie. Etil prit Arphaxad dans les montagnes de Ragau et il leperça de ses traits», i, 13-15. — Ces événements nesont pas confirmés par l’histoire profane. Il est vraique l’histoire des Mèdes est très imparfaitement connue.On s’accorde à penser que le tableau de Ctésias estfabuleux (cité par Diodore de Sicile, ii, 24-27, 32-34). Lerécit d’Hérodote mérite plus de confiance; néanmoinssa chronologie est difficile à concilier avec les annalesd’Assyrie et plusieurs critiques trouvent encore troplongue sa courte liste de souverains mèdes: Déjocès,699-646 av. J.-C, Phraortes, 646-625, Cyaxare, 625-585,Astyage, 585-550. Cf. Schrader-Winckler, Die Keilinschriftenund dos Alte Test., 3e édit., Berlin, 1902,p. 103. — Si nous plaçons les événements racontés dans.Judith sous Assurbanipal (668-626), le roi des Mèdesauraitété Déjocès ou Phraorte. Seulement, tandis queses prédécesseurs, Théglathphalasar, Sennachérib, Asarhaddon,préconisent si haut leur prétendue soumission,des Mèdes, cf. Schrader, Keilinschrift. Bibliothek, t. ii,p. 7, 17, 91, 133, il est étrange qu’Assurbanipal ne diserien de ses éclatantes victoires sur ce même peuple.Les inscriptions de ce souverain n’observent pas toujoursl’ordre chronologique et ne comprennent que les vingt-cinqpremières années de son règne, mais elles sont, . -1833

    1. JUDITH##

JUDITH (LIVRE DE) — JUGE

1831

pour cette période, très longues et très circonstanciées.C’est là une difficulté sérieuse contre l’identification du.Nabuchodonosor de Judith avec Assurbanipal.

V. Age et auteur du livre.

1° Sur l’auteur, on n’aabsolument aucune donnée. Ce n’est ni Judith, niAchior, ni Éliacim, comme on l’a quelquefois prétendu:voilà tout ce qu’on peut dire avec certitude. — 2 a La datede la composition n’est guère plus facile à déterminer,étant donné la perte du texte original et la différencenotable des versions et des manuscrits. Palmieri, Deverit.-histor., p. 54-57, sans raisons plausibles, inclineà la placer avant la captivité. II paraît cependant beaucoupplus probable que le livre de Judith est moinsancien et l’on n’a rien à objecter à ceux qui en fixent lacomposition à l’époque des Machabées. On s’expliqueainsi plus aisément: 1. pourquoi ce livre n’a pas étéreçu dans le canon palestinien; 2. pourquoi Josèphesemble complètement l’ignorer et ne nomme pas mêmeJudith; 3. pourquoi l’histoire de Judith a toujours étémise en relation avec la solennité commémorative de ladélivrance due aux exploits des Machabées. On lisait lemidrasch de Judith à la célébration de la hanùkdh (dédicace) instituée en 164, par Judas Machabée. Voir plushaut, I, 3°, col. 1825, et cf. Jellinek, Beth hamidrasch,1. 1, p. xxm-xxiv, et t. ii, p. xi.

VI. Bibliographie.

Aucun Père de l’Église n’acommenté Judith. La première explication suivie de celivre, «dans le sens historique et allégorique à la fois,» est celle de Raban Maur, t. cix, col. 539-592. Après luiviennent Walafrid Strabon (Glose), t. cxiii, col. 725748; Hugues de SaintVictor (allégories), t. clxxv, col.733-750; Nicolas de Lyre, Denys le Chartreux et engénéral ceux qui ont commenté toute ou presque toutela Bible, tels que Cornélius a Lapide, Ménochius,Calmet, Allioli, etc. — Comme commentaires spéciauxon peut signaler: Serarius, S. J., In hbros Tobix,Judith, Esther, Machab. comment., Mayence, 1599;Sanctius, S. J., In libros Ruth, Esdrse, Nehemise, Tobise, Judith, Esther, Machab. comment., Lyon, 1628;Pamelius, Comment, in lib. Judith, Cologne, 1628;Did. de Celada, S. J., Judith illustris, Lyon, 1637;J. de la Cerda, 0. S. B., In Judith histor., Lyon, 1644;Vellosus, S. J., Judith comment, parxiiet. illustr.,Lyon, 1649; Neuville, S. J., Le livre de Judith avecdes réflexions morales, etc., Paris, 1728; Nickes, O.S. B.,De Ubro Judithse, Breslau, 1854; Gillet, Tobie, Judith,Esther, Paris, 1879; Palmieri, S. J., De veritate histor.lib. Judith, Gulpen, 1886; Scholz, Commentar ûberdos Buch Judith, ^’édit., Leipzig, 1898. —Parmi les commentateursprotestants, citons: Zockler, Apocryphendes A. T. (t. IX du Kurzgef. Kommentar zu der heil.Shcrift), Munich, 1891; Lohr, Dos Buch Judith, (dansApocr. und Pseudepigr. des A. T. de Kautzsch, Tubingue,1900 (traduction allemande avec quelques raresnotes critiques); Fritzsche, Dos Buch Judith, dans leKurzgef. exeget. Handbuch, Leipzig, 1853 (de beaucouple plus complet). Pour plus de renseignements bibliographiques,voir Schûrer, Geschichte des jùd. Volkes,t. iii, 3e édit., Leipzig, 1898, p. 172-174.

F. Prat.

JUGE (hébreu: èofêt, dayyân, pâlîl; chaldéen: Sefat,dayyân, detâberln, ’âdargdzrin; Septante: 81xa<7rrçç,xpmï «; Vulgate: judex), celui qui est investi de l’autoritépour rendre la justice et porter des sentences.

I. Les juges chez les Hébreux.

1° À l’époque patriarcale.— Dans lesplus anciens temps, c’étaitle chef dela lamille qui concentrait en sa personne tous les pouvoirs. Ainsi Noé porte une véritable sentence contre sonfils Chain, qui doit être puni dans sa postérité. Gen., ix,

  • 24, 25. La conduite de Siméon et de Lévi leur attire

également une sentence de réprobation de la part deJacob. Gen., xxxiv, 25-31; xlix, 5-7. Juda prononce lajeine de mort contre sa belle-fille Thamar, accusée d’inconduite. Gen., xxxviii, 24, 25. Dans le livre de Job, quireflète cet état patriarcal, on voit le chef de famille oude tribu se tenir à la porte de la ville pour rendre lajustice, examiner les causes qui lui sont déférées etprendre en main la protection des faibles et des opprimés.Job, XXIX, 7-17. — En Egypte, les Hébreux confinésdans la terre de Gessen continuèrent à vivre sous le régimepatriarcal. Les chefs de famille rendaient la justiceet dirimaient les différends. On savait à qui s’adresserquand s’imposait le recours à l’autorité judiciaire. Aussilorsque Moise veut intervenir entre deux Hébreux quise disputent, l’un d’eux lui réplique: «Qui t’a établichef et juge sur nous?» Exod., ii, 14. Les fils de Jacobne furent soumis à la justice égyptienne que dans le casde conflit avec les Égyptiens et durant la dernière périodede leur séjour, quand les pharaons les appliquèrentde force aux travaux publics. — Au désert, toutesles autorités s’effacèrent devant celle de Moïse. Il futbientôt harcelé du matin au soir par la multiplicité descauses soumises à son arbitrage. C’est alors que Jéthro,son beau-père, lui conseilla de se substituer des hommescapables et désintéressés pour connaître des moindrescauses, et ne se réserver que les causes de plus grandeimportance. Moise suivit ce conseil et il établit des chefsde mille, de cent, de cinquante et de dix, pour juger entout temps et se prononcer sur les causes faciles et demoindre importance. Exod., xviii, 21-26. Le texte nedonne aucune autre explication, de telle sorte qu’onignore dans quelles conditions s’exerçait la juridiction dechaque juge, s’il y avait appel de l’inférieur au supérieur,si les expressions «chef de mille, chef de cent», etc.,désignent le nombre de justiciables assignés à chaquejuge ou seulement le degré de celui-ci dans la hiérar,chie, si enfin il y a identité ou seulement analogie entreces chefs et ceux dont il est question un peu plus tard etqui apparaissent pourvus d’un commandement militaire.Num., xxxi, 14. Moïse et tous ces juges subalternes agissaientau nom de Dieu, le véritable souverain d’Israël.Porter une affaire à leur tribunal, c’était «consulterDieu», Exod., xviii, 15, et «paraître devant Dieu»,Exod., xxi, 6; xxii, 8; Deut, xix, 17; car c’était Dieumême qui rendait la justice. Deut., i, 17. Ce principes’appliqua par la suite à tous les juges d’Israël.

Après l’occupation de la Palestine.

1. Moise

pourvut à l’organisation de la justice pour le temps oùson peuple serait fixé dans le pays de Chanaan. Il prescrivitd’établir des juges et des magistrats dans toutesles villes où habiteraient les Israélites. Ces juges devaientêtre intègres et désintéressés. Deut., xvi, 18, 19. Il n’estpoint dit de quelle manière se recrutaient ces juges;mais il est à croire qu’on les choisissait surtout parmiles anciens. Deut., xix, 12; xxi, 2; xxii, 15; xxv, 7; Jos.,xx, 4; Jud., viii, 14; Ruth, iv, 2; I Reg., xi, 3; xvi, 4;xxx, 26; III Reg., xxi, 8, 11. Voir Anciens, t. i, col. 554.Leur nombre, qui n’est pas indiqué non plus, variaitsans doute suivant l’importance des villes. À Soccoth,on en comptait soixante-dix-sept. Jud., viii, 4. Les softimet les sotrîm, dont il est parfois fait mention distincte,Deut., xvi, 18; xxi, 2, étaient vraisemblablementchoisis parmi les anciens. Dans les causes plus difficilesou plus importantes, les juges locaux avaient à se rendreauprès des lévites, des prêtres et de celui qui remplissaitles fonctions de juge suprême. Ils exposaient le cas etdevaient s’en tenir à la sentence portée par ces derniers.Deut., xvii, 8-12. Il faut noter que la cause était ainsidéférée aux prêtres, non par l’accusé ou les parties enlitige, mais par les juges eux-mêmes. Le juge suprêmeétait celui qui alors exerçait l’autorité sur la nation eten certains cas probablement le grand-prêtre. — 2. AprèsJosué cette magistrature suprême fut exercée en quelquescirconstances, mais exceptionnellement, par les personnagesconnus sous le nom de «Juges».VoirJuGES, col. 1837.Ainsi il est dit même d’une femme, Débora, que les

enfants d’Israël montaient vers elle pour être jugés. Jud.,rv, 5; cf. x, 2, 3; xii, 7, 8, 11, 13. Les deux derniersJuges réunirent à l’autorité politique le pouvoir judiciaire.Le grand-prêtre Héli exerça la fonction de juge» I Reg.. iv, 18. Samuel jugeait à Rama, sa demeure ordinaire,et chaque année il se transportait successivementà Béthêl, à Galgala et à Masphath, pour y rendre la justice,I Reg., vii, 15-17; il jugeait avec une équité et undésintéressem*nt auxquels tout le peuple dut rendrehommage. I Reg., xii, 2-7. — 3. La judicature suprêmerentra naturellement dans les attributions des rois.I Reg., viii, 5, 6, 20. Pour les causes graves on se rendaitauprès d’eux. Ainsi font la veuve de Thécué vis-à-vis deDaud, II Reg., xiv, 4-11, et les deux femmes qui sedisputent l’enlant devant Salomon. III Reg., iii, 16-27.Absalom mit à profit ces recours continuels du peuple auroi pour attirer l’influence de son côté et promettre àtous de juger leurs affaires avec plus d’attention queDavid et ses officiers. II Reg., xv, 2-6. Salomon, quiavait conscience de l’importance de ses fonctions judiciaires,demanda spécialement à Dieu de lui donner àcette fin la sagesse et le discernement. III Reg., m. 9.David prit soin que la justice fût dignement renduedans tout son royaume, et il désigna six mille lévites pourremplir les fonctions de juges et de magistrats. I Par.,xxiii, 4; xxvi, 29. Le roi Josaphat réorganisa l’administrationde la justice dans le royaume de Juda. Il établitdes juges dans chaque ville forte, en rappelant à ceuxciqu’ils avaient à rendre leurs sentences au nom deDieu. À Jérusalem, il constitua un tribunal supérieurcomposé de prêtres, de lévites et de chefs de famille ouanciens, chargés de juger les causes qui leur seraientdéférées des autres villes. Au-dessus d’eux, il y avaitdeux juges suprêmes, le grand-prêtre pour les questionsreligieuses et un officier royal pour les questions quiintéressaient la royauté. II Par., xix, 5-11. Cette organisationrétablissait ce qui avait pu dépérir depuis Davidet, en tout cas, le développait avantageusem*nt. On voitque les anciens siégeaient à côté des lévites et desprêtres, mais qu’on reconnaissait deux juges suprêmes,selon que les affaires présentaient un caractère religieuxou civil. Le tribunal de Jérusalem ne constituaitpas plus une cour d’appel que celui qui avait été instituépar Moïse. On se contentait de lui soumettre les, causes graves, comme un meurtre, ou les cas quioffraient une sérieuse difficulté au point de vue des loisou de leur interprétation. — 4. Durant leur déportationen Assyrie et en Babylonie, les Israélites profitèrent del’indépendance relative que leur laissaient leurs vainqueurs.Soumis aux juges du pays dans les contestationsqu’ils pouvaient avoir avec les habitants, voir Captivité,t. ii, col. 234, ils avaient la faculté de recourir parfois,comme cela se fait encore aujourd’hui dans l’empireottoman, à des juges de leur nation dans les questionsqui ne concernaient que des Israélites, et ces jugespouvaient prononcer même la peine de mort, ainsi qu’onle voit par l’histoire de Susanne, Dan., xiii, 5, 28, 41, 62,dans laquelle d’ailleurs le peuple intervient pour approuverla sentence.

Après la captivité.

1. Dans la lettre par laquelle

Artaxerxès confère à Esdras des pouvoirs sur la Palestine,il lui enjoint d’établir des juges et des magistrats pourrendre la justice à tout le peuple, et porter des peinescontre ceux qui transgressent soit la loi de son Dieu,soit la loi du roi. I Esd., vii, 25, 26. Ces juges ont donc,comme ies anciens, charge d’exercer leur pouvoir surles questions religieuses et sur les questions civiles.Quand il s’agit de réglementer la situation des Israélitesmariés avec des étrangères, Esdras lui-même est à latête d’un tribunal composé de chefs de famille. I Esd.,x, 14-17; Judith, x, 6. — 2. À partir de la dominationgrecque, les Juifs instituèrent des tribunaux réguliersqui prirent le nom do sanhédrins: le grand sanhédrin

qui siégeait à Jérusalem et se composait de soixante etonze juges, de petit* sanhédrins composés de vingt-troismembres et siégeant dans les villes qui avaient au moinscent vingt hommes, enfin des tribunaux inférieurs composésseulement de sept juges, parmi lesquels trois seulementsiégeaient pour certaines affaires de moindreimportance. Megilla, 26 a. Josèphe, Ant. jud., IV, rai,14, dit que dans chaque ville il y avait sept magistrats oujuges à chacun desquels on donnait comme aides deuxlévites. L’historien attribue cette constitution aux ancienstribunaux, bien que les Livres Saints n’entrentpoint dans ce détail. Les tribunaux plus récents neconnaissaient que sept ou vingt-trois juges. Sanhédrin,i, 6; x, 2, xi, 2. Voir Sanhédrin. On ne pouvait êtrejuge que si l’on était homme de sagesse, de vertu et detenue respectable. Sanhédrin, ꝟ. 17 a. On récusait les.vieillards trop âgés, les eunuques, ceux qui n’avaientpas d’enfants et les proches parents de l’accusé ou desparties.— 3. Sous la domination romaine, qui respectaitautant que possible les institutions nationales,les anciens juges conservèrent leur organisation et leurcompétence sur les matières religieuses et civiles. Il yavait des tribunaux locaux, appelés <xuvé8pice, Matth., x,17; Marc, xiii, 9, dont quelques-uns ne jugeaient quedes causes de moindre importance. Matth., v, 22; Josèphe,Bell, jud., II, xiv, 1. Ces tribunaux étaient probablementcomposés d’anciens. Luc, ra, 3. Cf. Schebiith,x, 4. Mais comme le procurateur romain seréservait le jus gladii, les causes capitales furent soustraitesà la connaissance même du grand sanhédrin.Joa., xviii, 31. Les procurateurs se réservèrent égalementles causes les plus importantes, comme celles de saintPaul, Act., xxiv, 1-3; xxv, 6, mais en laissant à l’accusé,selon le droit romain, la faculté d’en appeler à César.Act., xxv, 11-12. Dans les affaires ordinaires, surtoutquand elles étaient d’ordre religieux, le sanhédrin deJérusalem et les autres tribunaux du pajs continuaientà exercer leur juridiction. Joa., v, 16; vii, 45; viii, 5; ix,18-34; xi, 47; xviii, 19-23; Act., iv, 5-7; v, 17, 27, etc. Ilfaut noter toutelois que le sanhédrin de Jérusalem, aumoins depuis la mort d’Hérode le Grand, n’avait plusjuridiction que sur la Judée proprement dite. La Galiléeet la Pérée échappaient à son action directe. Luc, xxiii,5-7. Le sanhédrin ne se résignait pas volontiers à cettediminutionde pouvoir. Il s’efforçait de maintenir soninfluence même sur ces provinces qui obéissaient à desprinces distincts du procurateur, Luc, iii, 1, et il envoyaitdes émissaires pour surveiller ce qui s’y passait.Matth., xv, 1; Marc, iii, 22; vii, 1; Luc, v, 17; Joa., i,19; vii, 25. Il ne put agir juridiquement contre Notre-Seigneurque quand ce dernier vint de lui-même enJudée. Cf. Schurer, Geschichte des jùdischen Volkes,Leipzig, t. ii, 1898, p. 176-187.

Ghez les chrétiens.

Les premiers chrétiens

eurent naturellement à se soumettre aux juges locaux,dans les différents pays où ils vivaient. Cependantsaint Paul ne veut pas que les fidèles, quand ils ontentre eux des sujets de discussion, recourent aux jugespaïens. Il leur recommande de prendre alors pourarbitres même les plus humbles de leurs frères, ou aumoins, parmi ces derniers, des hommes sages qui soientcapables de rendre une sentence équitable. I Cor., vi, 1-7.Quelques Pères, Tertullien, De coron, miht., 11, t. ii,col. 92; saint Augustin, Enchirid., lxxviii, t. XL, col.269, etc., ont conclu de là à la défense pour les chrétiensd’intenter des procès, au moins devant des juges quine partagent pas leur foi. Mais la parole de saint Pauln’a pas été regardée dans l’Église comme autre chosequ’un conseil applicable seulement aux circonstancesdans lesquelles se trouvaient les premiers chrétiens. Cf.S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. xlviii, a. 8, ad 4°"-.

II. Obligations des juges.

1° Les juges rendent lajustice au nom même de Dieu. Exod., xviii, 15; xxi, 6;

xxii, 8; Deut., i, 17; xix, 17; II Par., xix, 6. C’est pourquoile nom d"’ëlohîm, «dieux,» leur est donné poétiquement.Ps. lxxxi (lxxxii), 6; cf. Joa., x, 34, 35. Leurdevoir est de juger avec équité. Deut., xvi, 18, 19. —2° Ce devoir ne fut pas toujours dignement rempli. Lesécrivains sacrés parlent assez souvent de mauvais jugesqui tiennent plus compte de la qualité des personnesque de leur droit. Eccle., iii, 16; Is., i, 23; v, 7; x, 2xxviii, 7; Jer., ii, 8; v, 28; xxi, 12; Ezech., xxii, 27Ps. lxxxi (lxxxii), 2; Ose., vii, 7; Am., v, 7; vi, 12Mich., iii, 11; Soph., iii, 3; Hab., 1, 4; Eccli., xx, 31

Luc., xviii, 2, etc.

H. Lesêtre.

    1. JUGEMENT DE DIEU##


1. JUGEMENT DE DIEU, expression de ses volontésgénérales ou particulières à l’égard des hommes.

I. Jugements divins en général.

1° Dieu juge,sdpat. 6 xptvtav, judicat, exerce son autorité et sa surveillancesur toute la terre, pour traiter chacun commeil le mérite et châtier les méchants. Gen., xviii, 25; Is.,xxxiii, 22; Ps. vii, 12; l (xlix), 6; lxxv (lxxiv), 8; xciv(xchi), 2. — 2° Les jugements de Dieu, miSpâtîm, xppaxa,tudicia, sont tout d’abord ses lois. Lev., xviii, 4, 5, 26;xix, 37; xx, 22; Deut., iv, 1, 5, 8, 14; vii, 11, 12;II Esd., ix, 13. Ce sont ensuite les décisions de sajustice, toujours irréprochables. Ps. xix (xviii), 10; cxix(cxvill), 75, 137; Jer., xi, 20; Tob., iii, 2. Ces décisionssont tantôt favorables, Is., nx, 9, 14, et tantôt vengeresses.Is., lui, 8; lxvi, 16; Jer., i, 16; iv, 12; Ezech.,xxxviii, 22. Les jugements divins sont appelés Sepdtîm,quand ils ont le caractère de châtiments. Tels sont lesjugements contre l’Egypte et ses dieux, Exod., vi, 6;vu, 4; xii, 12; Num., xxxiii, 4; Ezech., xxx, 14, 19;contre Jérusalem, Ezech., v, 10, 15; xi, 9; xiv, 21; xvi,41; contre Moab, Ezech., xxv, 11; contre Sidon, Ezech.,xxviii, 22, 26; contre les impies. Prov., xix, 29. — Lesjugements de Dieu atteignent également les particuliersen cette vie. Prov., xxix, 26; II Mach., vii, 35, 36. Aussile Psalmiste, conscient de ses fautes, demande-t-il àDieu de ne pas entrer en jugement avec lui. Ps. cxliii(cxlii), 2. — Dans la vie future, l’homme aura à subirdeux autres jugements, l’un particulier, l’autre généralou dernier.

II. Jugement particulier.

C’est celui que chaqueâme doit subir immédiatement après sa sortie du corpspar la mort. — 1° Dans l’Ancien Testament l’idée dujugement particulier n’y apparaît pas dans toute saclarté. Elle est à l’état implicite dans plusieurs ancienstextes et la révélation n’en est devenue bien manifesteque dans les derniers écrits de l’Ancien Testament. LesHébreux n’ont d’abord connu nettement d’autre jugementque celui que Dieu exerce sur la terre, et de làpour eux la difficulté de résoudre le problème dubonheur des impies et des épreuves des justes. VoirImpie, col. 846. Dans le texte de l’Ecclésiastique, xxxviii,23, où il est dit: «Rappelle-toi mon jugement (en grec:tô xpt(Aa guitoïï, son jugement); le tien sera pareil: hier àmoi et à toi aujourd’hui,» le jugement est le «sort» dumort, qui sera demain le sort du vivant. Un autre texteparaitplus expressif, Eccli., xi, 28: «Il est facile à Dieu, aujour de la mort, de rendre à chacun selon ses œuvres.» On peut croire qu’il s’agit ici du jugement qui suit lamort. Cf. Hurter, Theol. dogmat. compend., Inspruck,1879, t. iii, p. 475. Le texte de II Mach., xii, 43-46,suppose nécessairement le jugement particulier: JudasMachabée fait offrir des sacrifices pour les défunts «afinqu’ils soient délivrés de leurs péchés». Il y a doncun examen divin après la mort, pour discerner ceux quiont besoin de ces suffrages des vivants. Le livre de laSagesse mentionne, avec encore plus de clarté, le jugementqui suit la mort. L’auteur enseigne d’abord querien n’échappe à Dieu et que l’impie aura à rendrecompte de ses pensées. Sap., i, 8-10. Puis, après avoiraffirmé l’immortalité de l’âme, il montre les justes se

dressant contre les impies qui les ont persécutés, etceux-ci reconnaissant trop tard qu’ils se sont trompés.Ces derniers raisonnent ainsi dans le èe’ôl et tout setermine par un combat de toutes les créatures avec Dieucontre ces insensés. Sap., vi, 1-21. Dieu a donc jugéces justes et ces pécheurs, auxquels il ménage un sortsi différent. Enfin, s’adressant aux puissants de cemonde qui se sont servis des dons de Dieu pour fairele mal, l’auteur leur dit: «Il vous apparaîtra soudainde terrible manière, car un jugement impitoyable attendceux qui commandent.» Sap., vi, 6. Ce jugement estappelé dans le texte xpfoic àTcôtoiJioç, Vulgate: judiciumdurissimum; c’est un «jugement tranchant», décisif,sans appel et sans pitié, porté par ce Dieu qui apparaîtrasoudainement et terriblement. On ne peut prêterici au mot xpîucç le simple sens de «châtiment», nisonger à une intervention providentielle pour remettresur la terre les puissants orgueilleux à leur place. Lestextes qui précèdent ont déjà transporté la scène dansl’autre vie, «t immédiatement après vient la mention dela torture, fortior cruciatio, qui attend ces coupables,torture qui ne les atteint guère en ce monde. Cf. Vigoureux,La Bible et les découvertes modernes, Paris,1896, t. iv, p. 592-599.

Dans le Nouveau Testament.

1. Le jugement

particulier fait l’objet d’allusions significatives de lapart de Notre-Seigneur. Le divin Maître recommandede s’accorder avec son adversaire pendant qu’on est ence monde, in via, parce qu’ensuite on se trouvera enface du juge, qui enverra dans la prison d’où l’on nesort que quand on a payé jusqu’à la dernière obole.Matth., v, 25-26. Il dit que les hommes, au jour dujugement, rendront compte même d’une parole inutile.Matth., xii, ’36. Ce jugement doit suivre la mort, puisque,aussitôt après qu’ils sont sortis de ce monde, Lazareet le mauvais riche sont montrés déjà en possession deleur sort éternel. Luc, xvi, 22. Dans la parabole desnoces, Matth., xxii, 11-14, et dans celle des talents,Matth., xxv, 30, le Sauveur fait apparaître le souverainMaître pour interroger et demander des comptes, condamneraux ténèbres extérieures et aux tourments ceuxqui l’ont mérité. — 2. Saint Paul parle du jour où Dieujugera les secrets des hommes, c’est-à-dire les chosescoupables qu’ils ont tenues cachées. Rom., ii, 16. Cejour est celui de la mort. «Il a été réglé pour les hommesqu’il faut mourir une fois, et ensuite c’est le jugement.» Hebr., ix, 27. À ceux qui ont abusé des dons deDieu s’impose la terrible attente du jugement. Hebr.,x, 21, 27. Quelques-uns de ces textes pourraient aussis’entendre du jugement dernier; mais il est naturel etlégitime d’y reconnaître d’abord la mention du jugementqui suit immédiatement la mort.

III. Jugement dernier.

C’est le jugement que Dieurendra à la fin des temps, après la résurrection générale,en présence de tous les hommes rassemblés, pourproclamer la fixation du sort éternel de chacun.

Dans l’Ancien Testament.

1. La notion du jugement

dernier suit le développement de la révélationsur la nature de l’autre vie. Dans les auteurs sacrés lesplus anciens, il n’est question que des jugements deDieu dans la vie présente. Ces jugements sont quelquefoisdécrits d’une manière grandiose qui peut figurerle jugement dernier, mais qui ne s’y rapporte pas littéralementavec certitude. Cf. Joël, ii, 2-11, 30-32; iii,1-3; Soph., i, 14-18, etc. Quand Joël, iii, 2, dit: «Jerassemblerai toutes les nations, je les ferai descendredans la vallée de Josaphat et là j’entrerai en jugementavec elles,» beaucoup d’interprètes pensent qu’il s’agitdu jugement dernier; mais d’autres l’entendent seulementde celui que Dieu doit exercer contre les nationsqui ont déporté son peuple, quand lui-mêmel’aura ramené en Palestine. Le prophète Zacharie, xiv,1-15, décrit avec des traits analogues le jugement que

Dieu exercera un iour contre les ennemis de Jérusalem: «Voici que le jour de Jéhovah arrive… Jéhovahparaîtra et il combattra ces nations, comme il combatun jour de bataille. En ce jour, ses pieds se poserontsur la montagne des Oliviers, etc.» Voir Josaphat(Vallée de), col. 1654-1655. — 2. C’est dans Daniel que seprésente pour la première fois l’idée tout à fait nette dujugement dernier, bien qu’il en parle spécialement parrapport au peuple de Dieu: «En ce temps-là, se lèveraMichel, le grand chef, le défenseur des enfants de tonpeuple. Ce sera un temps de détresse telle qu’il n’y ena pas eu depuis le commencement des nations jusqu’àce jour. En ce temps-là, ceux de ton peuple seront sauvés,qui seront trouvés inscrits dans le livre. Beaucoupde ceux qui dorment dans la poussière de la terre seréveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autrespour l’opprobre et la honte éternelle. Ceux qui aurontété intelligents brilleront comme la splendeur du firmament,et ceux qui auront enseigné la justice à la multitudeseront comme les étoiles, à jamais, pour toujours.» Dan., xii, 1-3. — 3. Dans le livre de la Sagesse, nousavons plus de détails encore. Les méchants, y est-il dit, «tomberont sans honneur et seront parmi les mortsdans une honte éternelle… Ils viendront, saisis d’effroi,à la pensée de leurs offenses, et leurs crimes deviendrontcontre eux des accusateurs. Alors les justes selèveront avec une grande assurance contre ceux qui lesont opprimés… Les méchants, à cette vue, seront épouvantésd’une horrible lrayeur… Les justes vivront éternellement,leur récompense est tenue en réserve par leSeigneur,» tandis" que, pour les méchants, «unecolère impitoyable les accablera, … un vent violents’élèvera contre eux et les dispersera comme un tourbillon.» Sap., iv, 19, 20; v, 1, 2, 16, 23, 24. C’est toutela scène du jugement général dans lequel les bons etles méchants se retrouveront en lace. Le jugementn’est pas expressément mentionné, et il n’est pas ditque la rencontre des bons et des méchants a lieu à lafin du monde. Mais dans son ensemble, la scène évoquebien l’idée d’assises générales, dans lesquelles Dieuapparaît pour attribuer à chacun le sort qu’il mérite.

— 4. L.a mention du jugement général se rencontreaussi dans les livres apocryphes voisins de l’époqueévangélique. L’Apocalypse de Baruch, l, 4; Li, 4, 5, yfait allusion en passant. Le quatrième livre d’Esdras,vu, 33-45, est plus explicite. Après avoir parlé de la résurrectiondes corps, il fait apparaître Dieu commejuge, sans que personne puisse intercéder pour lescoupables: «Il n’y aura plus là que le jugement, lavérité sera debout, la foi sera affermie, l’œuvre dechacun viendra ensuite, la récompense sera montrée,les justices veilleront et les injustices n’auront pas ledessus… Le jour du jugement sera la fin du tempsprésent et le commencement du temps de l’immortalitéfuture… Alors personne ne pourra sauver celui qui apéri, ni submerger celui qui a vaincu.» Il s’agit, nondes seuls Israélites, mais de tous les hommes. Le jugementportera sur tous les actes de chacun. Cl. Henoch,xcvm, 7, 8; civ, 7; Jud., 14, 15; Test, xii Patriarch.,Mer, 7; Schurer, Geschichte des jùdischen Volkes,Leipzig, t. ii, 1898, p. 507, 510, 520, 551, 552. Il fautremarquer que, parmi ces apocryphes, le quatrièmelivre d’Esdras est de la fin du ie siècle après J.-C,et l’Apocalypse de Baruch du commencement duIIe siècle. Ces livres peuvent parler du jugement dernieravec plus de précision, parce qu’ils s’inspirent déjà desidées répandues par l’Évangile. Ct. Apocalypses apocryphes,t. i, col. 758-762.

Dans le Nouveau Testament.

1. Notre-Seigneur

donne lui-même, sur le jugement dernier, tousles renseignements qu’il importe à l’homme de connaître.Quand se seront produits les différents signesqui doivent annoncer la fin du monde, on verra le Fils

de l’homme apparaître sur les nuées du ciel, avec toutl’appareil de la puissance et de la majesté divines.Matth., xxiv, 30; Marc, xiii, 26; Luc, xxi, 27. Le Sauveurannonça encore, devant Caiphe et le sanhédrin,que lui-même viendrait un jour dans ces conditions: «Un jour vous verrez le Fils de l’homme assis à ladroite de la puissance de Dieu et venant sur les nuéesdu ciel.» Matth., xxvi, 64; Marc, xiv, 62. Quand lesanges se montrèrent aux Apôtres, après l’Ascension, cefut pour leur dire: «Ce Jésus, qui vient de s’éleverdevant vous vers le ciel, reviendra de la même manièreque vous l’avez vu monter au ciel.» Act., i, 11. — Ilviendra en qualité de juge suprême, car c’est lui qui «a été établi par Dieu juge des vivants et des morts».Act., x, 42; xvii, 31; II Tim., iv, 1; I Pet., iv, 5. Luimême,il revendique ce titre, en vue du jugement dernier: «Le Père a attribué tout jugement au Fils… Voicil’heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendrontla voix du Fils de Dieu. Ils s’avanceront alors,ceux qui ont fait le bien pour la résurrection de la vie,et ceux qui ont mal fait pour la résurrection du jugement,» c’est-à-dire du châtiment. Joa., v, 22, 28, 29;cf. xii, 48. Après son apparition sur les nuées, en effet,le Fils de l’homme «enverra ses anges pour rassemblerses élus des quatre vents, d’une extrémité du monde àl’autre t. Matth., xxiv, 31; Marc, xiii, 27. Sur l’époqueoù aura lieu ce rassemblement général de tous les êtreshumains, et sur les idées que les écrivains sacrés ontformulées à propos de cette question, voir Fin du monde,t. ii, col, 2268-2278. — Le jugement lui-même est ainsidécrit par Notre-Seigneur: «Quand le Fils de l’hommesera venu dans sa majesté, et tous ses anges avec lui, ilprendra place sur son trône de majesté. Devant luiseront réunies toutes les nations, et il séparera les unsd’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis desboucs. Le roi dira alors à ceux qui seront à sa droite:Venez, bénis de mon Père, possédez le royaume qui vousa été préparé depuis l’établissem*nt du monde… Il diraensuite à ceux qui seront à sa gauche: Retirez-vous demoi, maudits, dans le feu éternel, qui a été préparé audiable et à ses anges… Et ils s’en iront, ceux-ci ausupplice éternel, et les justes à la vie éternelle.» Matth.,xxv, 31-46. Le juge procède ici sans interrogatoire niexamen, ces actes ayant été accomplis au jugement particulier.Il reconnaît d’ailleurs comme accompli enverslui-même ce qui a «té fait de bien ou de mal à l’égarddes hommes, qu’il appelle ses frères. Il paraît même,d’après la question des bons et celle des méchants, queles hommes ne se sont rendu compte, ni les uns ni lesautres, de tout le bien ou de tout le mal qu’ils ont accompli.Le Seigneur Jésus représente sous cette forme lascène du jugement, surtout pour l’instruction de sesdisciples. Les détails sont en partie métaphoriques;l’idée générale qu’ils expriment est qu’à la fin des temps,il y aura une comparution de tous les hommes devantle souverain Juge, qui rendra publique la sentencerendue pour chaqueâmeau jugement particulier.Cl.Marc,vin, 38; Luc, ix, 26; xii, 8, 9. L’art chrétien a souventfiguré la scène du jugement dernier, spécialement au-dessusde la porte des cathédrales (fig. 311).

2. Les Apôtres reviennent assez souvent sur cet enseignementde Notre-Seigneur. Saint Paul parle du «jugementfutur» à Félix, qui l’interrompt aussitôt. Act.,xxiv, 25. Il rappelle aux Romains «le jour de la colèreet de la manilestation du juste jugement de Dieu, quirendra à chacun selon ses œuvres». Rom., ii, 5, 6, 16.S’adressant aux Thessaloniciens, il leurenseigne que «le Seigneur lui-même, au signal donné, à la voix d’unarchange, au son de la trompette de Dieu, descendra duciel, et ceux qui sont morts dans le Christ, ressusciterontles premiers. Ensuite nous, les vivants, qui seronsrestés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux surdes nuées». I Thess^ iv, 16, 17. Cette apparition du

Christ et ce rassemblement des vivants et des morts surles nuées ne sont que les préludes du dernier jugement.Cf. I Cor., xv, 52. L’Épitre aux Hébreux, vi, 2, rappelleaussi «la résurrection des morts et le jugement éternel».Il y est dit que «le Christ, qui s’est offert une seule foispour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra sanspéché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leursalut». Hebr., ix, 28. Saint Jude, 6, met les mauvaisanges au nombre de ceux qui doivent figurer au jugementdernier: «Quantaux anges qui n’ontpas gardé leur dignitéet ont abandonnéleur demeure,il les a réservés,éternellement enchaînésdans les ténèbres,pour le jugementdu grandjour.» Ct. II Pet.,

mort et l’enfer furent jetés dans l’étang de feu: c’est laseconde mort. Quiconque ne fut pas trouvé écrit dansle livre de vie fut jeté dans l’étang de feu.» Cette descriptiondu jugement rappelle à la fois celle de Danielet celle du Sauveur; mais elle montre dans unemême perspective le jugement particulier, dans lequelle sort de chacun sera réglé selon ses œuvres, d’aprèsle livre ouvert, c’est-à-dire d’après la connaissanceparlaite que Dieu a de tous les actes de l’homme, et le

jugement général,dans lequel tous leshommes ressuscitesou encore vivants àla fin du monde serontcités et rassemblésdevant le souverainJuge, pourrecevoir la confirmationpublique deleur sentence parti311. — Jugement derniar. Scène sculptée sur le portail de Notre-Dame-de-Paris. D’après une photographie.

îi, 4. Les démons partageront donc, au jugement dernier,la condamnation et la honte de ceux qu’ils aurontentraînés au mal sur la terre.

3. Dans l’Apocalypse, xx, 11-15, saint Jean parle ences termes du dernier jugement: </ Je vis un grandtrône blanc, et assis sur le trône quelqu’un devant qui laterre et le ciel s’enfuirent, sans qu’il se trouvât deplace pour eux. Et je vis les morts, grands et petit*,debout en face du trône. Les livres furent ouverts; unautre livre, qui est le livre de vie, fut ouvert aussi. Etles morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après cequi était écrit dans les livres. La mer rendit les mortsqu’elle contenait, la mort et l’enfer rendirent ceux qui.étaient en eux, et chacun (ut jugé selon ses œuvres. La

culière. Comment cette scène grandiose se déroulera-t-elleen réalité pour des êtres échappés aux conditions terrestresde leur existence? En quel lieu? À quelle époque?Autant de questions sur lesquelles Dieu n’a pas jugé àpropos de nous renseigner plus complètement. Des révélationsqu’il a bien voulu nous faire dans la Sainte Écriturerésultent avec certitude les vérités suivantes: aprèsla mort de chaque homme, jugement particulier portantsur les œuvres de chacun et application immédiate de lasentence; après la résurrection générale, comparutionde tous les hommes, en corps et en âme, devant le Filsde Dieu, manifestation publique de la sentence portéesur chacun d’eux et séparation éternelle des bons, appelésau bonheur, et des méchants, envoyés au supplice. M

4. NotreSeigneur ajoute un dernier détail à la notiondu jugement dernier. Il parle ainsi à ses Apôtres: «À la régénération, quand le Fils de l’homme prendraplace sur le trône de sa majesté, vous serez assis vousaussi sur douze sièges, jugeant les douze tribus d’Israël.» Matth., XIX, 28; Luc, xxil, 30. Les douze tribus désignentici l’ensemble des disciples du Christ. En réalité, leSauveur est le seul juge des vivants et des morts, maisil veut avoir, en quelque manière, les Apôtres commeassesseurs dans l’exercice de son pouvoir judiciaire,de même qu’il les a eus comme coopérateurs dansl’exercice de son pouvoir sanctificateur. I Cor., iii, 9.C’est une façon d’indiquer que, dans l’autre vie, ils conserverontla prééminence dont ils ont été honorés surla terre. Saint Paul dit de son côté que les simpleschrétiens jugeront les anges. I Cor., vi, 3. Ceci s’appliqueseulement aux mauvais anges, pour lesquels le teuéternel a été préparé, Matth., xxv, 41, et vis-à-vis desquelsles saints auront toutes les supériorités, spécialementcelle de leur fidélité à Dieu. Dans une natureinférieure comme la nature de l’homme, cette fidélitédevient en effet la condamnation de la révolte desanges, doués d’une nature supérieure.

H. Lesêtre.

2. JUGEMENT JUDICIAIRE (hébreu: mispât, dîn,pelilî; Septante: xpf(j.a, xpîuiç, Vulgate: judicium),exercice de la puissance judiciaire. Les deux derniersmots hébreux désignent, dîn, le tribunal et le jugementlui-même, Is., x, 2; etc., pelilî, le conseil des juges, Is.,xxviii, 7; quant au mot mispât, il embrasse dans sasignification l’acte "même du jugement, Lev., xix, 15;Deut., i, 17, etc., le lieu du jugement, Job, ix, 32; Is.,m, 14, etc., la cause qui fait l’objet du jugement, Num.,xxvii, 5; Job, xiii, 18, etc., la sentence du juge, IIIReg., iii, 28; xx, 40, etc., et enfin le crime qui motivela sentence. Deut., xix, 6; Jer., li, 9, etc. — L’exercicede la puissance judiciaire suppose toute une série d’actes,au sujet desquels la Sainte Ecriture fournit un certainnombre de renseignements.

Le tribunal.

Il était composé de juges choisis

parmi les anciens, les lévites et les prêtres, en nombreplus ou moins grand suivant l’importance des localitésou des causes. Le chef du peuple ou le roi avait naturellementle droit de haute justice. Voir Juge, col. 1833.

Le lieu du jugement.

Les juges siégeaient en un

endroit public, où tout le peuple pût accéder pour assisterau jugement. C’était ordinairement à la porte de laville, lieu de passage près duquel se trouvait un espacelibre plus vaste qu’à travers les rues étroites. Deut., xvi,18; xxi, 19; xxii, 15; Ruth, iv, 1; Job, xxix, 7; Ps.cxxvi, 5; Am., v, 10-15, etc. Quand la ville avait uneplace assez grande, on y rendait aussi la justice. Job,xxix, 7; Is., lix, 14; I Mach., xiv, 9. Les rois jugeaientdans la cour de leur palais. Salomon bâtit dans ce butun portique du trône, où il entendait les causes et prononçaitses sentences. III Reg., vii, 7. À Jérusalem, onjugeait parfois à la porte du Temple. Jer., xxvi, 10-11.Dans le second Temple, le sanhédrin avait pour lieu deséances une salle appelée lUkat gazif, et qui était situéemoitié dans le lieu saint et moitié en dehors. Josèphe,Bell, jud., V, iv, 2, lui donne le nom de pou>^ et laplace près du Xystus. Comme le mot Çu<rro «signifie «poli, aplani», le mot gazith qui a aussi ce sens désigneraitnon pas une salle «des pierres polies», ce quipouvait s’appliquer à toutes les salles du Temple, maisla «salle du Xjstus», c’est-à-dire celle qui était voisinede la place ainsi nommée. Cf. Schûrer, Geschichte desjùdischen Volkes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 211. Les Juifsprétendent que le sanhédrin abandonna cette salle, quaranteans avant la ruine de Jérusalem, Schabbath, 15°;Santiedrin, 41°, quand le droit de porter des sentencescapitales lui eut été enlevé par l’autorité romaine. Ilsiégea alors d’abord dans le parvis des Gentils, puis

dans la basse ville. Mais cette assertion n’est pas recevable,car il est avéré que des séances ont été tenuesdans cette salle peu avant la guerre de Judée. Notre-Seigneurfut jugé dans le palais de Caïphe, parce que lesportes du Temple ne s’ouvraient jamais pendant la nuit.Middoth, I, 1. Schùrer, Geschichte des j. V., t. ii,p. 212-213; Friedlieb, Archéologie de la Passion, trad.Martin, Paris, 1897, p. 12-14; Lémann, Valeur de l’assemblée,Paris, 1876, p. 9-11. Le procurateur romainjugeait dans son prétoire. Voir Prétoire.

La comparution devant le tribunal.

Quand un

crime avait été commis, le coupable était amené au tribunalpar les parents de celui qui avait été trappe oupar les témoins. Un meurtrier connu était poursuivi parle Goêl. Voir Goel, col. 261. Si le meurtrier restait inconnu,les autorités locales les plus voisines du lieu ducrime étaient dans l’obligation de dégager solennellementleur responsabilité. Deut., xxi, 1-9. Celui qui avaitété lésé dans ses biens ou dans ses droits déférait auxjuges celui dont il avait à se plaindre, et ce dernier, sansnul doute, était contraint par la force de paraître devantles juges quand il hésitait à le faire de bon gré. Deut.,xix, 12. Le père et la mère menaient eux-mêmes auxjuges le fils incorrigible qui méritait le châtiment. Deut.,xxi, 19. Les juges prenaient ordinairement l’initiativedes poursuites contre ceux qui transgressaient gravementla loi religieuse. Lev., xxiv, 11; Joa., viii, 3;Matth., xxvi, 47; Act v xxi, 30, etc. Dans les différendsqui se rapportaient à des questions d’intérêt, les deuxpartis se donnaient d’un commun accord rendez-vousdevant les juges. Ils comparaissaient toujours en personne.Celui qui accusait se tenait à droite de l’accusé.Zach., iii, 1. L’accusé ou celui qui se croyait lésé dansses droits se présentait, au moins dans les dernierstemps, en costume de deuil. Zach., iii, 3; Josèphe, Ant.jud., XIV, ix, 4.

L’instruction de l’affaire.

L’affaire se traitait directement

entre les partis et les juges. Il n’y avait niaccusateurs ni avocats. Il était cependant recommandé àceux qui se trouvaient en mesure de le faire de prendreladéfense des faibles, des veuves et des orphelins, [s.,i, 17; xxix, 21; Am., v, 10. C’est ce que fit excellemmentDaniel en laveur de Suzanne. Dan., xiii, 45-62. — Lapreuve était fournie par des témoins, qui ne pouvaientjamais être moins de deux. Num., xxxv, 30; Deut., xvii,6; xix, 15; Dan., xiii, 28; Matth., xxvi, 61. Leur témoignageétait corroboré par le serment et sa valeur devait êtreprudemment examinée par les juges. Il va de soi que lesdeux témoins devaient s’accorder ensemble, Marc, xiv,56, et que, pour mieux s’assurer de leur véracité, on lesinterrogeait à part quand il semblait nécessaire. Dan.,xiii, 51-59. Le faux témoin subissait la peine qu’il avaittenté de ménager à l’innocent. Deut., xix, 16-21; Dan.,xiii, 61, 62. Voir Témoin. — À défaut de témoins, onexigeait le serment de la part de celui qui était en cause.Exod., xxii, 11; Num., v, 19-22; III Reg., viii, 31,II Par., vi, 22. Voir Jurement. — Dans les plus ancienstemps seulement, on recourut au sort afin que par cemoyen Dieu fît connaître le coupable. Jos., vii, 13-19;I Reg., xiv, 40-43; Prov., xvi, 33; xviii, 18. — La, questionou torture de l’inculpé n’apparaît chez les Juifs quesous les Hérodes et est par conséquent d’importationétrangère. Josèphe, Bell, jud., i, xxx, 3.

La sentence.

Quand les juges étaient suffisamment

éclairés sur le cas porté devant eux, ils rendaientleur sentence. Cette sentence s’inspirait des prescriptionsde la Loi. Comme la Loi ne prévoyait pas tous les.cas, on jugeait par analogie, d’après les coutumes, et entenant compte des règles de l’équité naturelle. Quand lecas leur paraissait trop grave ou trop difficile à régler,les juges en renvoyaient l’examen à un tribunal plusélevé et plus éclairé. Deut., xvii, 8-12; II Par., xix, 5-11*

— La sentence était orale, comme toute la procédure.

Certaines allusions permettent cependant de penser qu’onse servait de l’écriture, en certains cas, soit dans laprocédure, soit pour la sentence. Job, xiii, 26; xxxi,35-37; Is., x, 1; Jer., xxii, 30; Ps. cxlix, 9. Il y avaitd’ailleurs des contrats écrits, Jer., xxxii, 10, 44, quiparfois avaient été réglés devant les juges. — La sentencedes juges dirimait les différends sans appel etsans instance supérieure. Elle prononçait les peinesméritées par les coupables. Voir Peines.

L’exécution.

La sentence était immédiatement

exécutoire, et en présence même des juges, s’il nes’agissait pas d’un arrêt de mort. Deut., xxv, 2. Lapeine capitale était infligée au coupable aussitôt après lasentence et avant la chute du jour; le cadavre devaitêtre inhumé avant la nuit. Deut., xxi, 23. Cette rapiditéd’exécution s’explique par ce fait que la prison n’existaitpas chez les Juifs, sinon à l’état d’exception. Jer.,xxxvii, 15. Celle à laquelle Notre-Seigneur fait allusionet dont il dit qu’on ne peut sortir sans avoir payé jusqu’àla dernière obole, Matth., v, 25, 26, n’est pas uneprison juive. Voir Prison. Ct. C. Iken, Antiquit. hebraic., Brème, 1741, p. 404-411.

Le jugement de Notre-Seigneur.

Les jugements

portés par les juges israélites ne furent pas toujoursconformes aux régies de l’équité, ni même de la légalité.La condamnation de saint Etienne lut le résultat d’unjugement tumultuaire, où la passion joua le rôle de laraison. Act., vii, 58-60. Le jugement de Notre-Seigneurpar le sanhédrin fut entaché d’un grand nombre d’illégalités.Voici l’énumération des règles qui furent transgressées;elle montrera par le détail ce que, d’après laLoi et d’après leurs docteurs, les Juifs exigeaient alorspour qu’un jugement fût régulier, 1. On ne peut jugerni le sabbat ni un jour de fête. Mischn. Betsa, v, 2. —

— 2. On ne peut juger la veille du sabbat ni d’unjour de fête. Sanhédrin, iv, 1. — 3. Il est défendu dejuger la nuit. lbid. — 4. On ne peut siéger avant lesacrifice du matin. Sanhédrin, i, ꝟ. 19; Talm. Babyl.,x, t. 88. — 5. Il taut au moins deux témoins. Deut.,xvii, 6. — 6. Les témoins sont interrogés séparémenten présence de l’accusé. Dan., xiii, 51. — 7. Avantde parler, les témoins sont adjurés de dire la vérité.Sanhédrin, iv, 5. — 8. Les dires des témoins doiventêtre attentivement examinés. Deut., xix, 18; Sanhédrin,v, 1. — 9. Les témoins doivent être d’accord. Sanhédrin,v, 2. — 10. Les faux témoins doivent subir lapeine méritée par le crime dont ils témoignent à faux.Deut., xix, 18-21. — 11. L’accusé doit être interrogéavec bienveillance. Jos., vii, 9; Sota, i, 4. — 12. Il nepeut être condamné sur son seul aveu. Sanhédrin, vi,2. — 13. Le procès entraînant une peine capitale nedoit pas se terminer en un seul jour. Sanhédrin, iv, 1.

— 14. En pareil cas, les juges doivent encore examinerla cause deux à deux avant la sentence. Sanhédrin, v, 5.

— 15. Les juges doivent prononcer individuellement lasentence. Sanhédrin, v, 5. — 16. Deux scribes recueillentles votes, l’un les votes favorables, l’autre les votescontraires. Sanhédrin, iv, 3. — 17. Une voix de majoritésuffit pour absoudre, il en faut deux pour condamner.Sanhédrin, iv, 1; v, 5. — 18. Aucune sentence demort n’est valable si elle est portée hors de la salleGazith. Babyl. Abboda-Zara, 1, ꝟ. 8. Telles étaient lesgaranties que la jurisprudence des Juifs promettait auxaccusés, et qui furent presque toutes refusées à ^Notre-Seigneur.Cl. J. et A. Lémann, Valeur de l’assembléequi prononça la peine de mort contre J.-C, 3e édit.,Paris, 1881, p. 60-97; Dupin, Jésus devant Caiphe etPilate, dans les Démonst. évang., de Migne, Paris,1852, t. XVI, col. 727-754; Chauvin, Le procès de JésusChrist, Paris, 1901; Schùrer, Geschichte des jûdischenVolkes, t. ii, p. 213-214.

H. Lesêtre.

S. JUGEMENT TÉMÉRAIRE. Un jugement est une appréciation personnelle qu’on porte sur autrui. La SainteÉcriture s’occupe de cette appréciation en tant qu’elleest malveillante et téméraire, par conséquent répréhensible.— 1° Elle mentionne les jugements téméraires desamis de Job qui le jugent méchant parce qu’il est malheureux,Job, xlii, 7; ceux des pharisiens condamnantà tort les disciples du Sauveur, Matth., XII, 7; ceux desJuifs qui, comparant Notre-Seigneur à Jean-Baptiste,l’accusent d’être mangeur et buveur, Luc, vii, 33, 34;celui du pharisien qui juge que Notre-Seigneur ne saitpas ce qu’est la pécheresse et en conclut qu’il n’est pasprophète, Luc, vii, 39; celui des insulaires de Malte quiprennent saint Paul pour un malfaiteur, parce qu’unevipère l’a piqué, Act., xxviii, 4; ceux des chrétiens quijugent défavorablement leurs frères, parce qu’ils mangentdes viandes offertes aux idoles. Rom., xiv, 4-13, etc.

— 2° Le jugement téméraire fait l’objet de plusieurs recommandationsdans le Nouveau Testament. «Ne jugezpas, et vous ne serez pas jugés… La mesure que vousemploierez pour les autres servira pour vous.» Matth.,vil, 1-6; Luc, vi, 37. Le Sauveur condamne ici le jugementsuperficiel et malveillant porté contre le prochain,dont on fait ressortir les moindres défauts, sans prendregarde aux siens propres qui sont souvent beaucoup plusconsidérables. Si l’on juge mal les autres, par un trèsjuste retour, on sera mal jugé. Notre-Seigneur recommandeencore de ne pas juger sur l’apparence, Joa., vii,24, et il reproche aux Juifs de juger selon la chair, c’est-à-diresuperficiellement et avec une coupable prévention.Joa., viii, 15. — Saint Paul s’élève plusieurs fois contrele jugement téméraire. Il avertit avec sévérité ceux quicondamnent dans les autres ce qu’ils se permettent eux-mêmes.Rom., ii, 1-9. Il ne veut pas que les chrétiens sejugent mal les uns les autres, suivant qu’ils observentou non certaines distinctions sans importance entre lesaliments et les jours, et il conclut: «Ne nous jugeonsdonc plus les uns les autres.» Rom., xiv, 2-13. Professantlui-même une parfaite indifférence à l’égard desjugements des hommes, il dit qu’un seul jugement importe,celui du Seigneur: «Aussi ne jugez de rien avantle temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur qui mettraen lumière tout ce qui est caché.» I Cor., iv, 3-5. —Saint Jacques reprend ceux qui jugent de la valeurdes gens d’après leur habit. Jac, ii, 2-4. Il ajoute quejuger son frère, c’est juger la loi, ce qui est tout autrechose que l’observer. Personne n’a droit de juger sonprochain. Jac, iv, 11, 12. H.- Lesêtre.

    1. JUGES (LIVRE DES)##


JUGES (LIVRE DES), septième livre de l’AncienTestament suivant l’ordre du canon du concile deTrente, le deuxième de la seconde classe des livres dela Bible hébraïque, c’est-à-dire des nebi’im ou prophètes.

I. Nom.

Ce livre est intitulé dans la Bible hébraïqueD>T38lir, Sôfetîm, dans la Bible des Septante Kpmti.Quelques manuscrits ont des titres plus étendus: Kpimito-j’Iffpoer)).; aï Tmv KptTwv itpdéi; ei;. Philon, De confus,hng., 26, le nomme: i ™v xptjjuxTGiv ëfêXoç. Saint Jérômel’a intitulé: liber Judicum. Ces noms qui ont tous lamême signification dérivent du contenu du livre, ainsique l’a justement remarqué l’auteur de la SynopsisSacres Script., attribuée à saint Athanase, 11, t. xxviii,col. 512. Ce livre contient, en effet, le récit de la vie etdes exploits des héros d’Israël, nommés Juges. — Lemot sôfêt ou Sofêt, qui dépend du verbe sâfat, nesignifie pas nécessairement partout comme Deut., xvi,18, un juge au sens précis du mot ou un magistratchargé de rendre la justice. C’est plutôt un chef qu’unjuge proprement dit. Cf. Ps. ii, 10; cxlviii, 11; Am.,n, 3; Is., xvi, 5; XL, 23; Prov., viii, 16; Abd., i, 21; Ose.,vu, 7; Dan., ix, 12. Dans le livre des Juges, le juge est.le libérateur, le sauveur de son, peuple, ii, 16, 18; iii,15, 31; x, 1; xiii, 5. Les Juges d’Israël sont expressément

désignés sous le nom de «sauveurs». II Esd., iz, 27.Le verbe employé dans ces passages est yâsa, «sauver,affranchir, délivrer.» Il est donc synonyme de sâfat,dont le sens primitif est prendre la défense de l’opprimé,le soutenir contre l’oppresseur. Ps. lxxxii, 3; x, 18; lxxii,4; xxvi, 1; xliii, l; Is., i, 17, 23; IReg., xxiv, 16; HReg.txviii, 19, 31. De ce sens primitif est venu le sens de juger etde rendre la justice. On a rapproché les sôfetîm hébreuxdes suffètes carthaginois. Tite Live, xxviii, 37; xxx, 7;Festus, xvii; Corpus inscript, lat., n. 4922, t. v, p. 517.Si le nom est le même, les fonctions diffèrent, car lessuffètes étaient des sortes de consuls, des magistratsréguliers qui se succédaient sans interruption et avaientpouvoir sur tous les Carthaginois. Au rapport de Josèphe,Contra Apion., i, 21, les Tyriens, vers l'époque deZNabuchodonosor, avaient aussi des suffètes, que l’histoarien juif appelle Siya<st «(. — De fait, les Juges d’Israëln'étaient pas des magistrats politiques, placés à la têtedu gouvernement et chargés d’administrer tout le pays.Leur mission était essentiellement militaire. C'étaientdes chefs temporaires, d’occasion, que Dieu suscitaitpour affranchir son peuple coupable, mais repentant, del’oppression de ses ennemis. Chacun d’eux eut desattributions fort différentes et exerça son pouvoir suivant les circonstances et sur des territoires plus oumoins étendus.

II. Contenu.

Le livre des Juges continue l’histoired’Israèl après la mort de Josué et la poursuit jusqu'à lanaissance de Samuel. Toutefois ce n’est pas une histoire suivie; on n’y trouve que des épisodes survenus àintervalles plus ou moins longs. «C’est seulement unegalerie de tableaux ou plutôt de portraits.» Plusieursdes récits sont peu étendus. L’auteur omet tout ce quine rentre pas dans son plan. Ainsi il donne peu dedétails sur l’occupation du pays de Chanaan, qui n'étaitpas terminée à la mort de Josué et qui ne s’acheva quesous les premiers rois. Il groupe ses récits autour deses héros et il raconte comment ils ont délivré Israël del’oppression des tribus chananéennes. Le nombre de ceshéros, si on compte tous ceux qui sont nommés, s'élèverait au chiffre de quinze, savoir, Othoniel, Aod, Samgar,Jahel, Débora, Barac, Gédéon, Abimélech, Thola, Jair,Jephté, Abesan, Ahialon, Abdon, Samson. Mais Jahelest simplement nommée Jud., V, 6. On ne rapporte pasles actes de Samgar, iii, 31, de Thola et de Jair, x, 1-5,d' Abesan, d’Ahialon et d' Abdon, xii, 8-5. Abimélech estun usurpateur de la royauté, ix, 6. Voir t. i, col. 55.Barac n’est que l’exécuteur des ordres de Débora. Voir1. 1, col. 1444. Il ne reste donc plus que six juges, qu’ona appelés les grands juges, Othoniel, Aod, Débora (avecBarac), Gédéon, Jephté et Samson. Ils appartiennent àdifférentes tribus et ne se succèdent pas d’une façoncontinue.

III. Division.

Le livre des Juges se divise en troisparties distinctes: 1° une introduction; 2° le corps del’ouvrage; 3° deux appendices.

1° Introduction, 1-m, 6. — Elle comprend deux sections parallèles. — Dans la première, i-ii, 5, l’auteurretrace l'état politique d’Israël après la mort de Josué etdécrit sa situation en face des Chananéens. Il rappellela prise de quelques villes, dont celle de Cariath-Sépherétait probablement antérieure au décès de Josué. Ilindique quelles tribus chananéennes n’avaient pas étéexterminées par les Israélites et le motif pour lequelDieu les avait conservées. Elles devaient être les ministres de ses vengeances contre son peuple coupable. —La seconde section, II, 6-m, 6, dépeint l'état religieuxet moral des Israélites, qui ne demeurent pas toujoursfidèles à Dieu. Ils se laissent entraîner à l’idolâtrie parles Chananéens qui vivent au milieu d’eux. Pour punirleur infidélité, le Seigneur permet qu’ils soient oppriméspar leurs séducteurs. L’excès de la misère les ramènedans la bonne voie; ils se repentent de leur apostasie et

Dieu suscite des héros qui les délivrent de la servitude.2° Corps de l’ouvrage, iii, 7-xvi, 31. — Il est formépar une série de récits détachés, qui racontent lesexploits des sept grands juges (en comptant Abimélech)et auxquels se rattachent les mentions des petit* juges.Aussi on pourrait légitimement le subdiviser en septsections consacrées à chacun des grands juges. Voir Vigoureux. Manuel biblique, 11e édit., Paris, 1901, t. ii,p. 55. Mais l'époque des Juges se divise en trois périodesdistinctes qui sont nettement marquées dans le livre luimême. Il est donc plus naturel de partager celui-ci entrois parties. Chacune d’elles est précédée d’une réprimande de Dieu à son peuple. La première est marquéepar l’avertissem*nt général, iii, 1-7, qui donne le tonmoral à tout le livre. La deuxième débute par l’envoid’un prophète qui reproche à Israël son ingratitude etsa désobéissance, vi, 8-10. La troisième commence aussipar de sévères reproches et une menace d’abandon, x,11-14. «Ces trois périodes se ressemblent en ce quel’apostasie, l’invasion ennemie, la pénitence et la conversion du peuple, sa délivrance par un juge et unelongue durée de prospérité se succèdent régulièrement.Cependant il est facile de reconnaître qu’Israël suitune marche progressive dans le mal. L’apostasie devientfinalement et plus générale et plus fréquente, maisaussi l’oppression ennemie plus dure. La paix n’est rétablie que pour des époques de moins en moins longues;encore est-elle troublée par des luttes intestines. Danschacune de ces trois périodes, il y a eu plusieurs oppressions et plusieurs juges. Il n’est pas nécessaired’admettre que ces oppressions se sont toutes succédédans l’ordre où elles sont rapportées dans le récitbiblique. Plusieurs régions ont pu être à la fois victimes d’oppressions différentes, et il arriva sans douteaussi qu’une partie du pays jouissait de la paix, lorsqued’autres gémissaient sous la servitude des étrangers.» Pelt, Histoire de VA. T., 3e édit., Paris, 1901, t. i,p. 341-342.

1. La première partie, iii, 7-v, 31, fait le récit des invasions ennemies qui attaquèrent Israël de divers côtés.— a) Chusan, roi de Mésopotamie, envahit Chanaan aunord-ouest et lui impose tribut. Au bout de huit ans,Othoniel, de la tribu de Juda, secoue le joug et procureà la contrée un repos de quarante ans, iii, 7-11. — b) Al’est, les Moabites rendent tributaires les tribus transjordaniques et plusieurs tribus en deçà du Jourdain.Aod, de la tribu de Benjamin, délivra ses compatriotesen tuant par surprise Églon, roi de Moab, et leur procura une paix de quatre-vingts ans, iii, 12-30. — c) Samgar repoussa les Philistins, qui inquiétaient Israël ausud-ouest, iii, 31. — d) Sisara, général en chet de Jabin,avait envahi les régions occupées par les tribus du nord.Débora envoya, au nom du Seigneur, Barac repousserl’envahisseur. L’armée de Sisara fut battue et lui-mêmefut tué par Jahel. Débora chanta cette victoire, qui futsuivie de quarante ans de repos, iv, 1-v, 31.

2. La deuxième partie, vi, 1-x, 5, raconte l’oppressionmadianite secouée par Gédéon et l’usurpation de laroyauté par Abimélech, fils de Gédéon. — a) Israëlcoupable fut opprimé pendant sept années par les Madianites. Lorsqu’il recourut à Dieu, le Seigneur suscitaGédéon et lui donna des signes de sa protection. Avecquelques hommes d'élite, Gédéon chassa les Madianiteset tua leurs chefs. Il refusa la royauté, mais fit un éphod,qui ramena le peuple à des pratiques idolâtriques. Lajudicature de Gédéon procura aux Israélites quaranteannées de paix, vi, 1-vni, 28. — b) Abimélech, aprèsavoir massacré ses frères, se fit reconnaître roi par leshabitants de Sichem. Ceux-ci se révoltèrent bientôt, laville de Sichem fut détruite et Abimélech fut tué parune femme, viii, 29-ix, 57. — c) Les judicatures deThola d'Éphraîm, à l’ouest, et de Jaïr de Galaad, à l’estdu Jourdain, sont simplement mentionnées, x, 1-5. a

1 3. La troisième partie, x, 6-xvi, 31, fait le récit del’oppression des Ammonites à l’est et des Philistins àl’ouest, — a) Les Israélites, plus coupables que jamais,sont tombés simultanément, semble-t-il, sous le jougdes Philistins et des Ammonites. Après leur avoir reproché leur ingratitude, Dieu justement irrité leur promet cependant son secours, x, €-16. — 6) Jephté, à latête des tribus transjordaniques, chasse les Ammonites de toutes les villes qu’ils avaient prises, accomplitle vœu qu’il avait fait avant la bataille et châtie durement les Éphraïmites, mécontents de n’avoir pas étéappelés au combat, x, 17-xii, 7. — c) Trois juges, Abesan, Ahialon et Abdon, sont seulement indiqués, XII,7-15. — d) Les Philistins, qui dominaient Israël, trouvèrent un adversaire redoutable dans la personne deSamson, dont les exploits sont racontés, xiii, 1-xvi, 31.Voir Pelt, Histoire, p. 342-346; F. de Hummelauer,Comment, in lib. Judicum st Ruth, Paris, 1888, p. 9-11.3° Appendices, xvii-xxi. — Le premier, xvii-xviii,rapporte l’histoire de l’idolâtrie de Michas et desDanites. Le second, xix-xxi, relate le crime des habitants de Gabaa, la guerre qui en fut la suite et l’extermination des Benjaminites. «Ces deux événementsn’ont aucune relation nécessaire avec le corps de l’ouvrage; ils y sont joints comme suppléments parce qu’ilsse sont passés dans la même période, le premier, unpeu avant, le second, un peu après la mort de Josué.» Vigouroux, Manuel biblique, t. ii, p. 55. Pour une analyse plus détaillée, voir R. Cornely, lntroductio specialisin historicos V. T. lïbros, Paris, 1887, p. 209-214.

IV. Plan du livre.

Si l’on ne tient pas compte desdeux appendices qui le terminent, le livre des Jugesforme un tout hom*ogène, dont une pensée unique constitue l’unité. L’introduction expose cette pensée, prépare et explique le corps de l’ouvrage. Elle affirme

' qu’Israël est heureux, lorsqu’il est fidèle à Dieu; malheureux dès qu’il abandonne son culte; pardonné quandil se repent et se convertit. Le corps de l’ouvrage montrepar les faits la vérité de cette triple loi. Son unité ressort de la répétition des mêmes formules: «Ils firentle mal devant le Seigneur,» Jud., ii, 11; iii, 7, 12; iv,1; vi, 1; x, 6; xiii, 1; «ils crièrent vers le Seigneurqui leur suscita un sauveur,» Jud., iii, 9, 15; iv, 3; VI,7; x, 10; et «la terre se reposa [nombre] d’années».Jud., iii, 11, 30; v, 32; viii, 28. L’histoire des six grandsJuges raconté plus longuement et dans un cadre identique développe l’idée maîtresse.

V. But de l’auteur. — Ce plan indique le desseinde l’auteur qui veut montrer que l’infidélité à Dieu esttoujours punie. Toutes les fois qu’Israël se détourne delui, le Seigneur le livre aux mains de ses ennemis. Laconclusion est que Jéhovah est le seul Dieu d’Israël etson culte la seule vraie religion. Le but immédiat del’auteur est donc un but moral; son but dernier estthéocratique. Il est néanmoins historique, puisqu’il veutprouver sa thèse par des faits de l’histoire. Cependantil n’a pas voulu écrire une histoire complète de l'époquedes Juges; il a seulement choisi les épisodes qui serapportaient à son but et qui rentraient dans son cadre.Ce but est clairement indiqué dans le prélude, Jud., Il,11-19, et il est réalisé par la disposition du livre,l’ordre et le choix des matières. Bien que ne répondantpas directement au dessein général de l’auteur, les deuxfaits rapportés à la fin du livre concourent cependant àjustifier une remarque plusieurs fois répétée i «c Alorsil n’y avait point de roi en Israël, et chacun faisait ceque bon lui semblait.» Jud., xvii, 6; xviii, 1, 31 (héb.,xix, 1); xxi, 24. Ils montrent l'état lamentable de lareligion et de la moralité en Israël avant l'établissem*ntde la royauté.

VI. Unité du livre.

L’unité du livre des Jugesressort manifestement du plan exposé plus haut. Toutefois, cette unité n’est ni absolue ni rigoureuse, puisque l’introduction indique le plan général et que lesappendices ne sont rattachés au corps de l’ouvrage quepar un lien secondaire, qui les laisse en dehors ducadre tracé par l’auteur. Or, tandis que les catholiquesadmettent généralement l’unité d’auteur résultant del’unité du plan, tout en reconnaissant que l’auteur s’estservi de documents antérieurs qu’il a fait rentrer dansson cadre sans modifications substantielles, les critiquesmodernes, poussant plus loin l'étude des sources, ontabouti à regarder le livre des Juges comme une composition artificielle, dont l’unité serait constituée par uncadre tracé par un dernier rédacteur utilisant desmatériaux préexistants.

Ewald, Geschichte des Volkes Israël, Gœttingue, 1864,1. 1, p. 204, avait distingué deux livres, l’un contenant lerécit des guerres rangées selon la série des grandsprêtres, et l’autre racontant les exploits des douze Juges.Le rédacteur aurait emprunté au premier les chap. xviixxi, au second, Jud., iii, 7-xvi, 31, et aurait composél’introduction, i, 1-m, 6, pour indiquer le cadre de sacomposition. Bertheau, Dos Buch der Richter und Ruth rLeipzig, 1845, p. xxx, admettait aussi deux sources; lapremière n'était qu’un simple catalogue des douze Juges,avec l’indication du nombre des années de leur judicature et du lieu de leur sépulture; la seconde contenaitl’histoire de la période des Juges, ramenée aux six grandsJuges. E. Reuss, Die Geschichte der heilig. Schriftendes A. T., Brunswick, 1881, p. 337, adoptait cette opinion, que le P. de Hummelauer a réfutée, Comment, inUbros Judicum et Ruth, p. 1-2, 25-27. J. Wellhausen,Die Composition des Hexateuchs und der hxstorischenBûcher des A. T., 2e édit., Berlin, 1889, p. 213-238,examine le texte chapitre par chapitre pour déterminerle caractère et l'âge de chaque partie, mais il ne tire pasde conclusion générale. Les critiques actuels ne se bornent pas à distinguer les sources; ils se demandent, enoutre, si elles correspondent à celles qu’ils ont déterminées pour le Pentateuque. Kœnig, Emleitung, 1893,p. 250, et Driver, Emleitung, trad. Rothstein, Berlin, 1896, p. 173-184, admettent que le dernier rédacteur, au moins pour le corps de l’ouvrage, est deutéronomiste; l’introduction et les appendices sont d’une autremain, peut-être plus récente, mais employant d’anciennessources. Pour Kittel, l’introduction est l'œuvre dudernier rédacteur et elle dépend de l’auteur jéhoviste.Le corps du livre comprend l’histoire des grandsJuges, rédigée par un écrivain deutéronomiste, maiscomplétée par un autre qui a joint le tableau des petit*Juges. Les appendices ont été retouchés par un auteursacerdotal. Le livre dans son état actuel est l'œuvre d’undernier rédacteur. Budde, Die Bûcher Richter und Samuel, 1890, a recherché si les documents jéhoviste etélohiste qui, d’après les critiques, ont servi à former lePentateuque, avaient été utilisés pour le livre des Juges.Tous les grands Juges, sauf Othoniel et Samson, lui paraissent avoir eu deux historiens, j (le jéhoviste) ete(l'élohiste). Les deux histoires ont été fondues par jeet remaniées par un autre rédacteur. L’histoire deSamson, fortement retouchée au chap. xiii, provient dujéhoviste. La première introduction, I, 1-n, 5, est foncièrement du même auteur, tandis que la seconde, ii,6-m, 6, dépend de E. Les deux écrivains ont été aussiutilisés dans les deux appendices. Ils représentent,d’ailleurs, deux écoles plutôt qu’ils ne sont des individus distincts. Un rédacteur deutéronomiste a arrangél’histoire des Juges dans un but moral. Enfin, une dernière main a retouché le tout dans le sens du code sacerdotal. Moore a adopté ces vues dans son commentaire des Juges, Edimbourg, 1896, dans sa traductionanglaise, 1898, et dans l'édition du texte hébreu des Sacral Books of the Old Testament, publiés parP.Haupt,1900, ainsi que Cornill, Einleitung in das A. T., 3e et4e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 94-95. Quelques

uns de leurs arguments sont réfutés par le P. Cornely,Introductio specialis in historicos V. T. libros, p. 215-218.

Le P. Lagrange a exposé, dans Le livre des Juges, in-8°,1903, Introduct., p. xxv-xxxvi, ce qui dans ces théoriescritiques lui paraît certain ou probable. Son dessein estde rechercher les sources dont s’est servi le dernierTédacteur inspiré et qu’il a reproduites sans y faire dechangements substantiels. Le corps du livre, qui pour luicommence, ii, 6, présente un caractère particulier, trèsnettement dessiné. Son auteur a écrit l’histoire desgrands Juges suivant le cadre à quatre points: péché,châtiment, pénitence, délivrance. De plus, pour chacun,non seulement la durée de l’oppression et de la judicatureest mentionnée, iii, 8, 11, 14, 30; iv, 3; v, 31; vi,1; viii, 28; x, 8; xii, 7; xiii, 1; xv, 20, mais encore ladélivrance est considérée comme s’étant étendue à toutIsraël, iii, 10, 15; iv, 4; viii, 34; xii, 7; xv, 20. Toutefois,cette unité n’est pas rigoureuse; elle est plutôtconstituée par le cadre, dans lequel l’auteur a fait rentrerdes matériaux préexistants. La preuve résulte d’uncertain manque d’harmonie primordiale entre le cadreet les histoires qui y ont été insérées. Le rédacteur aintroduit un nouveau point de vue qui n’était pas celuides auteurs primitifs, et a’insisté sur la leçon d’ensembleque les faits particuliers fournissaient à toutIsraël. En effet, tandis que le cadre historique présenteles juges comme les sauveurs de tout Israël, chacund’eux, en réalité, n’a sauvé qu’une partie d’Israël.L’usurpation de la royauté par Abimélech est aussi endehors du cadre et fait suite à. l’histoire de Gédéon;cette histoire et celle d’Abimélech étaient donc antérieuresau cadre. D’autre part, l’histoire d’Othonieln’est que le cadre avec des noms propres; elle est doncde l’auteur du cadre. Les autres histoires, notammentcelle de Samson, qui diffère de son genre, n’est pas delui. Le rédacteur a donc transcrit pour l’histoire desgrands Juges, sauf pour celle d’Othoniel, des documentspréexistants, qu’il a reproduits dans leur état primitif.Comme son œuvre propre présente une étroite affinitéavec le Deutéronome, ce rédacteur est nommé deutéronomiste.L’histoire des petit* Juges, bien que ne remplissantqu’une partie du cadre, rentre dans la chronologiedu corps de l’ouvrage; elle est donc, même plus probablementpour Samgar, l’œuvre du rédacteur deutérononomiste.La seconde introduction, ii, 6-m, 6, n’est pasentièrement de sa main; tout ce qui se rattache à l’histoirede Josué a le cachet de la partie élohiste du récit.

Mais les histoires des grands Juges formaient-ellesun seul et même ouvrage, ou bien autant d’ouvragesdistincts, ou seulement deux histoires parallèles, jéhovisteet élohiste, combinées par un premier rédacteur?Il faut distinguer les cas. L’histoire d’Aod est parfaitementune et très caractéristique. Celle de Samson luiressemble et ne présente aucune trace de deux récitsparallèles. Elles sont très vraisemblablement sorties dela même plume, J. L’histoire de Débora, qui est une elleaussi, est au contraire le type de l’histoire prophétique,E. Celle de Gédéon a été racontée au moins par deuxauteurs, qui paraissent être J et E. Dans Jephté la dualitéest moins accusée, le partage plus difficile à fixer.En résumé, pour les grands Juges, il n’y a que deuxécrivains, car il n’y a que deux types d’histoire ou deuxmanières d’écrire. Si j n’est pas le jéhoviste du Pentateuque,il est du moins de son école; Ese rattache plusclairement à l’histoire élohiste du Pentateuque; lacommunauté d’idées et d’expressions prouve, sinonl’unité d’auteur, du moins la parenté intellectuelle avecce récit élohiste.

La première introduction, I-li, 5, présente la marqueencore plus accusée d’une rédaction d’après des sources.Elle renferme plusieurs passages qu’on lit dans le livrede Josué. Des deux livres, l’un n’a pas été copié surl’autre; il est plus vraisemblable que tous deux ont

puisé à une source commune. P. de Hummelauer,Comment, in Ub. Josue, Paris, 1903, p. 60-71;Lagrange, Les Juges, p. 27-32. Mais quelle est cettesource et quel en est le rédacteur? Est-ce j, histoire dela conquête de la Palestine? N’est-ce pas plutôt un exposéde ce que les Israélites n’ont pas fait, en opposition avecce qu’ils devaient faire? Si elle avait existé, le rédacteurdeutéronomiste l’aurait maintenue. Elle a été composéepour servir de première préface à l’ouvrage, d’après detrès anciennes notices, dont une au moins est antérieureà la prise de Jérusalem par David, Jud., i, 21, et dontles autres semblent être du même temps, puisque l’assujettissem*ntdes Chananéens est attribué à la maison deJoseph, Jud., i, 35, et non au pouvoir royal.

Les appendices constituent un tableau de ce qui s’estpassé avant l’institution de la royauté. L’histoire de Michaset des Danites, xvii, xviii, ne présente aucun indicesérieux du mélange de deux documents anciens oude la transformation d’un document ancien par un rédacteur.Tout au plus a-t-elle subi quelques retouches.Il en est de même de la première partie de l’histoire deGabaa, xix. Les chapitres xx et xxi paraissent, au pointde vue littéraire, résulter de la transformation d’unancien document par un rédacteur postérieur, qui seraitl’auteur de la première introduction. Le documentemployé se rapporterait àe et non à j.

En résumé, la composition du livre de Josué auraitsuivi cet ordre chronologique. Au début, deux groupesd’histoires, l’un racontant les épisodes des guerres deJehovah, d’un style plus populaire, j, l’autre traçantd’une manière continue l’histoire religieuse de Josué àSamuel, E. Ils ont été soudés par un premier rédacteurde façon à former l’histoire des cinq grands Juges,écrite dans un but moral pour montrer le secours donnépar Dieu à son peuple. Un second rédacteur deutéronomistea accentué cette leçon, en l’appliquant à toutIsrær et en ajoutant l’histoire d’Othoniel et celle despetit* Juges. Plus tard, quand on fit entrer le livre desJuges dans la série des ouvrages qui racontaient l’histoirecomplète d’Israël, un dernier rédacteur, l’auteurinspiré de tout le livre actuel, mit en avant une préfacequi traçait le tableau général de la situation au débutde cette période historique et ajouta les appendices quin’avaient pas été employés par le rédacteur deutéronomiste.Quant aux dates de composition, les deux premiers documents,élohiste et jéhoviste, seraient de l’époque deDavid, sans qu’il y ait ici aucune raison décisive depriorité. L’élohiste se rattacherait à l’école de Samuelet le jéhoviste à la cour militaire de David. Du rédacteurqui les a combinés, on ne peut rien dire tant sessutures sont bien faites. Le deutéronomiste est naturellementpostérieur à la promulgation du Deutéronome en621. La dernière rédaction pourrait être placée au tempsd’Esdras, ^

Que penser de ces conclusions? Réserve faite au sujetdes rapprochements avec les prétendus résultats de lacritique littéraire du Pentateuque, il est certain qu’iln’y a rien à leur opposer au point de la toi et de l’orthodoxie.La tradition catholique n’a pas d’enseignementprécis touchant l’auteur et la date du livre des Juges.D’autre part, l’emploi de documents antérieurs se concilieavec l’inspiration divine de l’écrivain qui les meten œuvre. La question est donc d’ordre exclusivementcritique. Nous ne nions pas non plus qu’il ne soit possibleà un œil exercé de découvrir dans un livre les différentessources desquelles il dérive. Les résultatsobtenus sont certains, lorsque les documents primitifsont été conservés à l’état isolé. En dehors de cette hypothèse,on n’aboutit souvent qu’à des conclusions vraisemblablesou simplement possibles. La vraisemblancedépend des indices, découverts dans le livre, de documentsutilisés par l’auteur. Or, dans le cas particulierdu livre des Juges qui, aussi loin que nous puissions

remonter dans l’histoire d’Israël, nous apparaît constituédans sa teneur actuelle, quelle est la valeur desindices de tant de recueils divers, de tant de retouchessuccessives? La plupart nous paraissent trop faibles pourappuyer les conclusions qu’on en déduit. Ce ne sont quedes conjectures accumulées. Elles aboutissent à de purespossibilités. Sont-elles même toutes vraisemblables? Les-expressions: filii Israël, Israël, terra, si souvent répétéesdans l’histoire des grands et des petit* Juges, nedésignent pas nécessairement tous les Israélites et laPalestine entière. De soi, elles peuvent désigner unepartie des Israélites, une contrée, habitée par quelquestribus d’Israël. En fait, plusieurs récits, notammentceux de Gédéon, vii, 23, 24, et de Jephté, x, 8, 9, contiennentdes restrictions qui permettent d’interpréterdans un sens restreint les expressions universelles:omnis populus cum Gedeone, vii, 1; omnes viri Israël,"vm, 22. Dans l’histoire de Débora, le cantique en vers,qu’on reconnaît très ancien, est aussi favorable à la judicaturesur tout Israël, Jud., v, 7-11, que le récit enprose, iv, 1, 3, 4, 23. Osera-t-on soutenir pour les besoinsde la cause qu’il a été retouché par un rédacteurpostérieur? Les deux morceaux précisent, d’ailleurs,l’étendue de l’influence de Débora en Israël et la montrents’exerçant sur quelques tribus seulement, iv, 6,10; v, 14, 15, 16, 18. Mais on présente ce manque d’harmonieprimordiale entre le cadre et les histoires commeun indice d’un remaniement intentionnel de documentsantérieurs par un rédacteur, qui voulait tirer de faitsparticuliers une leçon générale. On admet même l’introductiond’un nouveau point de vue qui modifierait,dans un but moral, celui des auteurs primitifs. Ne serait-cepas un changement substantiel, produit par lerédacteur du cadre et conservé par le rédacteur inspiréde tout le livre? Il nous semble que la leçon morale,adressée à tout Israël, ressortait suffisamment des châtimentsimposés par Dieu à quelques tribus, étant donnésurtout qu’elle avait été maintes fois répétée; elle estdonc suffisamment justifiée, sans qu’il soit nécessairede supposer l’introduction d’un point de vue nouveau.Enfin, le rédacteur, en remaniant ses sources, les auraitretouchées de façon à les mettre entièrement d’accordavec son but personnel. S’il a laissé subsister des tracesde l’esprit différent des documents primitifs, il a étémalhabile dans son travail de retouche et d’adaptation.,

Ces documents primitifs étaient eux-mêmes, d’autrepart, de mains différentes. Ceux qui concernent Gédéonet Jephté dérivaient de deux traditions indépendantes.On appuie cette dernière conclusion sur la coexistencede récits parallèles, tels que les deux sacrifices offertspar Gédéon, vi, 11-24, 25-32, et la poursuite des Madianitespar la tribu d’Éphrai’m, vii, 24-25, comparée aveccelle de Gédéon lui-même, viii, 4-21. Dans le premiercas, il n’y a pas deux sacrifices, voir col. 146, ou, si onen admet deux, ils ont été offerts successivement etdans des circonstances différentes. La poursuite des fugitifsse fit simultanément sur des points divers, et sile récit en est un peu confus, cela provient non de lacombinaison de deux sources distinctes, mais simplementd’une anticipation de l’expédition des Éphraimitesdans l’ordre des événements. Voir col. 148. Ces documentsparallèles ne sont pas seulement distincts; ilssont encore caractérisés; leurs auteurs appartiennent àl’école du jéhoviste et de l’élohiste du Pentateuque.Sans entrer dans aucun détail, demandons si ces marquessont aussi caractéristiques qu’on le prétend, si ellesn’ont pas été primitivement fixées d’après un conceptparticulier de l’histoire d’Israël, de son développementpolitique et religieux, plutôt que d’après des faits dûmentconstatés. Les idées et le style du jéhoviste et del’élohiste sont-ils si distincts qu’un mot suffirait parloispour déterminer le caractère du morceau qu de la

phrase dans lesquels on les rencontre? Le désaccord desconclusions montre bien que beaucoup des considérations,dont elles dérivent, sont plus subjectives qu’objectives,et le P. Lagrange est d’accord tantôt avecCornill et Moore contre Budde, tantôt avec Budde contrel’un ou l’autre des critiques qu’il étudie. On peut faireles mêmes réflexions au sujet des rédacteurs successits,qui sont plus ou moins imbus des idées et du style dujéhoviste, de l’élohiste et du deutéronomiste. Ces déterminationsdépendent des résultats qu’on croit avoirobtenus dans la critique littéraire du Pentateuque etqui sont loin d’être certains. Voir Pentateuque. Ellesne seraient admissibles qu’autant qu’on reconnaîtraitMoïse comme l’auteur du Pentateuque.

Les critiques catholiques n’hésitent pas à admettre dessources dont dépend le livre des Juges. Mais ils les déclarentcontemporaines ou à peu près des événementsracontés. Sans parler de quelques commentateurs duxvii» siècle, citons Kaulen, Einleitung in die heiligeSchrift, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 182, quidistingue du cadre moral quelques documents caractériséspar des particularités de fond et de style; Cornely,Introductio specialis in hist. V. T. libros, p. 222;F. de Hummelauer, Comment, in lib. Judicum etRuih, p. 27, reconnaissent que fauteur du livre a puiséà des sources écrites; quant à la dernière rédaction, ils laplacent au commencement de l’institution de la royautéet l’attribuent à Samuel.

VII. Date.

On peut la fixer approximativementd’après des indices internes, le contenu du livre permettantde déterminer les limites extrêmes entre lesquelless’étendra l’époque de la composition. — 1° Lesderniers faits racontés concernent l’oppression d’Israëlpar les Philistins. Elle dura quarante ans. Jud., xiii, 1.Samson commença la délivrance de son peuple, xiii, 5;Samuel l’acheva. I Reg., vii, 13. Le livre des Juges,se terminant par la mort de Samson, XVI, 30, 31, etne contenant pas les judicatures d’Héli, I Reg., IV, 18,et de Samuel, I Reg., vii, 15, bien qu’elles rentrassentfacilement dans le cadre tracé par son auteur, sa rédactiona pu être contemporaine de ces événements, troprécents encore peut-être pour y être insérés. — 2° Lamention: «Il n’y avait pas alors de roi en Israël,» répétéequatre fois dans les appendices, xvii, 6; xviii, 1,31; xxi, 24, pour expliquer les graves excès qui y sontracontés, montre directement que cette portion du livre,et indirectement que le tout dont elle fait partie, ont étérédigés après l’institution de la royauté. À l’anarchie quiexistait à l’époque des Juges, on oppose implicitementles avantages que la royauté procurait à Israël. On n’avaitdonc pas connu les règnes désastreux des mauvais rois,et on était encore sous les heureuses impressions desdébuts de l’institution. — 3° Il est dit dans la premièreintroduction, I, 21, que les Jébuséens habitaient «jusqu’aujourd’hui» à Jérusalem avec les Benjamites. Lacomposition de ce morceau a donc précédé la prise dela citadelle, où cette tribu chananéenne avait son refuge,prise faite par David dans les premières années de sonrègne. II Reg., v, 6, 7. Postérieure à l’établissem*nt dela royauté en Israël, antérieure à la septième année durègne de David, la rédaction du livre dés Juges doit êtrerapportée au règne de Saûl. — 4° Le but de l’auteur, quiest de détourner les Israélites de l’idolâtrie par l’exposédes châtiments divins, convient mieux au début qu’auxdernières années de ce règne, puisque nous savons queSaùl était opposé aux devins. I Reg., xxviii, 9.

VIII. Auteur.

Il n’y a rien de certain sur la personnede l’écrivain qui a composé le livre des Juges, etles commentateurs ont exposé à ce sujet des opinionsdivergentes. Aujourd’hui il n’y a plus guère que deuxsentiments en présence. Tandis que les partisans de lahaute critique admettent une série de rédacteurs successitsqui se clôt par un rédacteur deutéronomiste du

vie siècle avant Jésus-Christ, les critiques catholiquess’accordent généralement à reconnaître Samuel pour l’auteurdu livre des Juges. Leur sentiment s’appuie sur uneaffirmation du Baba Bathra, d’après laquelle Samuelécrivit les Juges. Voir t. ii, col. 140. Cf. Wogue, Histoirede la Bible et de l’exégèse biblique, Paris, 1881,p. 25-26. C’est aussi l’opinion de saint Isidore de Séville,De officiis eccl., i, 12, t. lxxxiii, col. 747. Elles’accorde bien avec l’époque précédemment fixée de lacomposition du livre. Celle-ci ayant eu lieu dans lesdébuts du règne de Saûl, aucun personnage n’est mieuxdésigné pour cette œuvre que le prophète Samuel. Parailleurs, le but que se proposait l’écrivain concorde parfaitementavec les paroles que Samuel adressait auxIsraélites, I Reg., vii, 3, et avec les faits qu’il leur rappelait.I Reg., xii, 9-11. Cf. Kaulen, Einleitung, p. 182;Vigoureux, Manuel biblique, t. ii, p. 57; Cornely,Introd. specialis in hist. V. T. libros, p. 218-219; F. deHummelauer, Comment, in lib. Jud., p. 29-32, etc.

IX. Autorité historique.

1° Il résulte de ce quiprécède que le livre des Juges est l’œuvre d’un écrivainbien informé et sincère. Celui-ci, en effet, a étécontemporain dune partie des faits qu’il raconte; il a eutoute facilité de se renseigner. Pour narrer les événementsqui s’étaient passés antérieurement dans l’intervallede trois siècles à peu près, il a consulté des documentsanciens et il les a reproduits intégralement, sansmodifier le style, par exemple, le cantique de Débora, lafable de Joatham, etc. Il a aussi consigné par écrit desrécits oraux, attachés à certains lieux et au souvenir dequelques personnages, Jud., ii, 5; iv, 5; vi, 24, 32; xv,19; xviii, 12, 29; conservés et transmis de générationen génération en raison de leur intérêt ou de leur importance.D’ailleurs, on ne pouvait guère perdre la mémoirede si grandes misères et de si heureuses délivrances.Les rationalistes prétendent que la traditionorale sur les héros d’Israël, en particulier sur Gédéonet Samson, telle qu’elle a été recueillie par l’auteur,était déjà surchargée de légendes ou ornée de détailsmythologiques. Ils rabaissent, il est vrai, la date de lacomposition du livre et donnent à la légende le tempsde se former. Mais Samuel était plus rapproché des faitsque le rédacteur deutéronomiste, et il n’y a pas deraison de révoquer en doute le caractère historique deses récits. Il n’a pas inventé d’histoires pour comblerles lacunes de sa narration. Sur Othoniel et sur les petit*Juges, il reproduit fidèlement ses sources et il n’embellitpas leur histoire de circonstances imaginées àplaisir. Enfin, il ne cherche pas à plaire aux Israélites;il raconte leur idolâtrie, leur corruption, leurs divisionset leurs querelles. Se proposant un but religieux etmoral, il a dû pour l’atteindre, pour détourner efficacementles Israélites de l’idolâtrie et les attacher fidèlementau culte du vrai Dieu, ne rapporter que des faitscertains, des exemples connus; il ne pouvait appuyeravec succès sa thèse sur des légendes ou de vagues rumeurs.La fin qu’il poursuivait exigeait de sa part uneparfaite sincérité, une véracité incontestable.

Les critiques rationalistes prétendent que le rédacteurqui a placé les événements dans le cadre de péchéssuivis de châtiments et de repentir amenant le pardonet la délivrance, a donné à cette succession des faits unlien religieux, qui n’existait pas en réalité et qu’il aimaginé en vue de la leçon à en tirer. De fait, l’auteurdu livre des Juges s’est borné à exposer la successionprovidentielle des événements. D’épisodes particuliers,plusieurs fois répétés, il a déduit avec raison une loigénérale. Dans chacun des cas, en punissant quelquestribus, puis en recevant leur repentir, Dieu s’adressaità tout son peuple et le détournait fortement de tout culteidolâtrique. Les mêmes critiques disent que la chronologiedu livre, elle aussi, est artificielle. Les histoiresdes Juges sont agencées de façon à former une succession ininterrompue de sauveurs. Toutefois, l’étude comparéedu texte montre qu’il y a eu, à certaines époques,plusieurs juges à la lois, exerçant simultanément leuraction sur divers points du territoire palestinien. Voirt. ii, col. 729. Cf. Vigouroux, Manuel biblique, t. II,p. 57-62. Sur d’autres explications proposées, voir Lagrange,Le livre des Juges, p. xli-xlv.

2° D’autre part, bon nombre de faits racontés dans lelivre des Juges sont rapportés dans d’autres livres bibliques,quiengarantlssentainsila vérité. Ceux dont le récitforme la première introduction du livre des Juges étaientdéjà consignés à peu près dans les mêmes termes dansle livre de Josué. L’expédition contre Dabir se trouveJud., i, 10-15, et Jos., xv, 14-19; la mention des Jébuséensqui habitent Jérusalem, Jud., i, 21; Jos., xv, 63;la présence des Chananéens sur les confins de la tribud’Éphraim, Jud., i, 29; Jos., xvi, 10, et sur le territoirede Manassé, Jud., i, 27, 28; Jos., xvil, 11-13. La mort deJosué est rappelée de la même manière, Jos., xxiv, 2831; Jud., ii, 6-9. La conquête de Lésem par les Danites,simplement indiquée, Jos., xix, 47, est longuementnarrée dans un des appendices. Jud., xvii, xviii. Leslivres postérieurs fournissent des témoignages analoguesde la vérité des faits du livre des Juges. Samuel résumeles ingratitudes d’Israël envers Dieu, son châtiment, sonrepentir et sa délivrance par plusieurs Juges, qu’ilnomme, répétant ainsi le cadre même de tout le livre desJuges. I Reg., xii, 9-11. La mort d’Abimélech, fils deGédéon, Jud., ix, 53, est rappelée par Joab. H Reg., XI,21. Le sort qu’eurent les ennemis d’Israël, Sisara, Jabin,Oreb, Zeb, Zébée et Salmana sous les judicatures deDébora et de Gédéon, est souhaité à d’autres ennemis.Ps. lxxxii, 10, 12. L’histoire entière d’Israël à l’époquedes Juges est poétiquement décrite avec ses quatrephases d’infidélité, de punition, d’humiliation et de secours.Ps. cv, 34-46. La défaite de Madian par Gédéonest, pour Isaie, ix, 4; x, 26, un grand jour de victoire,un jour célèbre qui sert de terme de comparaison.Osée, rx, 9; x, 9, rappelle deux fois le crime commis àGabaa. Jud., xix-xx. L’Ecclésiastique, xlvi, 13-15, loueles Juges d’Israël, «qui ne se sont pas détournés du Seigneur,» et célèbre leur mémoire. Saint Paul, dans sondiscours à la synagogue d’Antioche de Pisidie, Act., xiii,20, mentionne les Juges à leur place historique entreJosué et le prophète Samuel. Dans l’Épître aux Hébreux,xi, 32, il nomme quelques Juges et joint leur éloge àcelui des rois et des prophètes. Aux yeux d’un chrétien,ces témoignages des Livres Saints garantissent avec l’autoritédivine la vérité historique des faits cités et ducadre dans lequel tous les événements de l’époque desJuges sont distribués.

X. ÉTAT SOCIAL, POLITIQUE ET RELIGIEUX DES ISRAÉLITES

AU temps des Juges. — Pour se faire une idée exactedes événements racontés dans le livre des Juges, il estimportant de connaître l’état social, politique et religieuxdes Hébreux à cette époque.

1° Moise, leur législateur, ne leur avait pas donné deconstitution politique; il les avait laissés sous ce rapportdans leur état primitif, qui était le régime patriarcal.Fondé sur la famille et sur le droit de primogéniture,ce régime ne comportait guère d’autre organisation quecelle de la famille. Le pouvoir du père sur ses descendantsse transmettait de génération en génération auxaînés, et il n’était limité que par les usages reçus. Lestribus étaient constituées par les membres d’une mêmefamille et formaient des dans indépendants. Ellesn’avaient entre elles aucun lien politique, & Alors il n’yavait pas de roi en Israël et chacun faisait ce qui luisemblait bon.» Jud., xvii, 6; xviii, 1, 31; xxi, 24. Aprèsla mort de Josué, chaque tribu achève de conquérir leterritoire qui lui avait été assigné. Elles opèrent isolément,et si Juda propose à Siméon une action commune,c’est pour l’acquisition complète de son lot et à titrer.

d’aide réciproque. Jud., i, 3. Juda ne tient donc pas lapremière place et ne marche pas dans l’intérêt de toutesles tribus. Au lieu de se réunir, celles-ci s’isolent deplus en plus et refusent parfois de porter secours à cellesqui étaient opprimées. Elles laissèrent vivre au milieud’elles les Chananéens, anciens habitants du pays; elless’unirent même à eux par des mariages et se laissèrententraîner à partager leur idolâtrie. Les Chananéens,groupés autour de leurs rois, dominèrent les Israélitescoupables et leur firent payer tribut. Quand les opprimés,repentants de leurs crimes, se soulevaient contreleurs oppresseurs, ils n’avaient pas d’armée régulière.Un chef de circonstance se mettait à la tête des soldatsimprovisés et mal armés, et s’il remportait la victoire,c’était par la ruse, la bravoure, plutôt que par la forcede la discipline et l’habileté de la stratégie. Le sauveurdu peuple, une fois la victoire gagnée, retournait à sonchamp et à ses affaires personnelles et n’exerçait aucuneautorité officielle ni politique, ni administrative. Il nerendait pas même la justice, excepté dans des cas exceptionnels,voir Juge, col. 1834-1835, les différends étantréglés par les anciens du peuple. Cet isolement des tribusfaisait leur faiblesse et les exposait aux coups de. main de leurs ennemis. La vie privée était aussi simpleque la situation politique. Chaque maison se suffisaitpour les besoins quotidiens, et tous vivaient de la culturedes champs et de l’élevage des troupeaux.

2° Israël servit Jéhovah durant toute la vie de Josué etdes anciens qui l’avaient connu. Jud., ii, 7. Mais ils’éleva une autre génération qui n’avait pas été témoindes merveilles que Dieu avait opérées en faveur de sonpeuple. Elle se livra à l’idolâtrie et servit Baal et Astarthé.Jud., ii, 10-13. Mais l’infidélité n’était pas générale;toutes les tribus n’apostasiaient pas en même temps. Lacontagion gagnait seulement l’une ou l’autre, et bientôtles malheurs ramenaient les coupables au culte du vraiDieu. Nonobstant ces infidélités, trop fréquentes, maispassagères pourtant, Israël gardait sa cohésion commepeuple dans l’unité religieuse et dans le culte de Jéhovah.Il n’était permis à personne d’offrir des sacrificesà Dieu, sinon en présence de l’arche, et tous les Israélitesétaient obligés de se rendre, trois fois par an, auprèsde cette arche pour y célébrer des fêtes en l’honneurde Dieu. Sans doute, ces lois ont pu être violéesplus d’une fois par des individus isolés, probablementmême par des tribus entières, au moment de leur infidélité.Néanmoins, les réunions religieuses avaient lieuà Silo, Jud., xxi, 2 (sur la réunion à Bokim, Jud., ii,1-5, voir t. i, col. 1843), chaque année. Jud., xxi, 19.C’est dans ce sanctuaire national que se célébrait le cultepublic, qui persévéra régulièrement, même lorsque lesDanites eurent institué un culte particulier pour l’idolede Michas. Jud., xviii, 31. Cet étrange épisode ne prouvepas seulement l’unité religieuse d’Israël; il montre encorel’existence des lévites et leur rôle important dansle culte. Il y avait donc un sacerdoce et des rites déterminés,qu’un particulier et une tribu entière cherchaientà imiter. L’unité religieuse d’Israël corrigeait en partieles graves inconvénients qui résultaient de la désagrégationpolitique des tribus. Cf. Vigouroux, La Bible etles découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii,p. 36-68; card. Meignan, De Moise à David, Paris, 1896,p. 363-375; F. de Hummelauer, Comment, in hb. Jud.£t Ruth, p. 16-20; Pelt, Histoire de l’A. T., 3e édit,1901, ti, p. 334-339.

XI. État du texte. — 1° Texte hébreu. — L’éditionmassorétique n’a pas un texte de tous points parfait;toutefois, elle est ici moins fautive que dans d’autreslivres de l’Ancien Testament. Ms r Kaulen, Einleitung,p. 184-185, cite un certain nombre d’exemples, quiprouvent que ce texte est inférieur à celui sur lequel a «té faite la version dite des Septante. Les critiques se.sont spécialement exercés sur le cantique de Débora et


ils en ont discuté le texte hébreu. Notons seulement queleurs observations ne sont pas toutes justifiées et qu’ily a lieu de les contrôler. — 2° Texte grec. — La versiondes Septante se présente à nous, pour le livre des Juges,sous deux formes très distinctes. La première se retrouvedans le Codex Alexandrinus, a, et quelquesautres manuscrits grecs, en particulier, parmi les onciaux,les Codices Sarravianus, Coislinianus et Basiliano-Vaticanus.Les versions syriaque-hexaplaire, arménienne,éthiopienne et ancienne latine sont apparentéesà cette forme du grec, qui est aussi en grosle texte cité par les écrivains égyptiens, Clémentd’Alexandrie, Origène et Didyme. C’est l’ancienne etprimitive traduction grecque, plus ou moins retouchéepour la rapprocher de l’hébreu. Les critiques y reconnaissentgénéralement la recension de Lucien. CependantM. Moore a distingué, d’après les variantes, troisrecensions de cette première forme: celle de VA lexandrinus,reproduite encore dans la Polyglotte d’Alcala;une deuxième représentée par les cursiꝟ. 54, 59, 75, 82de Holmes et Parsons, qui serait le texte de Théodoret;une troisième, constituée par l’édition aldine d’après lescursiꝟ. 120 et 121. S’il était certain que Théodoret asuivi la seconde recension, on ne pourrait pas regarderV Alexandrinus comme un témoin de la recension deLucien, que Théodoret a très probablement employée.La seconde forme du texte grec se remarque dans leVatieanus, b, le Codex Musei britannici Add. 2002, denombreux cursifs grecs et dans la version sahidique.Saint Cyrille d’Alexandrie se sert de cette forme; ce quia porté Moore à conclure qu’elle date du IVe siècle. Ellen’est pas une version nouvelle faite sur l’hébreu; ilsemblerait qu’elle mêle les leçons des Septante avec cellesd’Aquila. Si on ne peut affirmer qu’elle est la recensiond’Hésychius, comme l’avait pensé Grabe, il n’y a pas àdouter de son origine égyptienne. P. de Lagarde, Septuaginta-Studien,Gœttingue, 1892; Brooke et Mac Lean,The Book of Judges in Grée! : accordmg to the text ofCodex Alexandrinus, Cambridge, 1897; Moore, Criticaland exegetical Comm. on Judges, Edimbourg, 1895;Swete, An introduction to the Old Testament in greek,Cambridge, 1900, p. 333-334, 442, 446-447; Lagrange, Lelivre des Juges, p. xvi-xix. — 3° Textes latins. — 1. Lavieille Vulgate latine, qui est un témoin de la premièreforme du texte grec, a été éditée en partie, i-xx, 31,d’après le Codex Lugdunensis, par M. Ul. Robert, Heptateuchipartis posterions versio latvna antiquissima,in-4°, Lyon, 1900, p. 105-155. C’est un texte «italien»,ou à tout le moins un texte revisé, probablement auive siècle, qui par là se rapproche du groupe des textes «italiens». Monceaux, Histoire littéraire de l’Afriquechrétienne, Paris, 1901. t. i, p. 151. — 2. Saint Jérômea traduit un texte hébreu à peu près semblable au textemassorétique; mais, pour que sa version soit intelligible,il a rendu l’original assez librement. Le P. de Hummelauer,Comment, in l. Judic., p. 20-22, a signalé les passagesdans lesquels notre version latine diffère del’hébreu.

XII. Commentateurs. — 1° Pères. — Origène, Selectain Judices, t. xii, col. 949-950; In lib. Judic. homilise(au nombre de neuf dans la traduction latine de Rufln),tbid., col. 951-990; Adnotatwnes m Judices, t. xvii,col. 37-40; la suite des homélies d’Origène sur les Jugesse trouve dans Ma r Batiftol, Tractatus Origenis de librisSS. Script., Paris, 1900; S. Éphrem, In librum Judicum,Opéra omnia, Rome, 1737, t. i, p. 308-330;S. Augustin, Locutiones in Heptateuch., t. VII, t. xxxiv,col. 5*41-548; Qusest. in Heptateuch., t. VII, ibid.,col. 791-824; Théodoret, In Judices, t. lxxx, col. 485518; Procope de Gaza, Comment, in Judices, t. lxxxvii,1* pars, col. 1041-1080; S. Isidore de Séville, Qusest. inl. Judic., t. lxxxiii, col, 379-392. — 2° Du moyen âge.

— V.Bède, Qusest. super lib. Judicum, t. xciii, col. 423III. - 50 430; S. Patère, Expositio, t. VI, t. lxxix, col. 785-790;Raban Maur, Comment, in l. Judic., t. cviii, col. 1107-1200; Walafrid Strabon, Glossa, t. cxiii, col. 521-540; Rupert, De Trinitate et operibus ejus, in l. Judic.,t. clxvii, col. 1023-1060; Hugues de Saint-Victor, Annotat, elucidat., t. clxxiii, col. 87-96; Hugues de Saint-Cher,Postilla, Cologne, 1621, t. i, p.195-214; Nicolasde Lyre, Postilla, Venise, 1588, t. ii; Denys le Chartreux,Opera, Cologne, 1533, t. ii; Tostat, Opera, Cologne,1613, t. v, 3a pars.

3o Modernes.

1. Catholiques.

Arias Montanus, De varia republica seu comment,in lib. Judic., Anvers, 1592; Marcellinus Evangelista,Expositiones in hb. Judic, Venise, 1598; Serarius, Judices et Ruth explanati, Mayence, 1609; Bonfrère, Josue, Judices, Ruth commentario illustrati, Paris, 1631 (le commentaire des Juges est reproduit par Migne, Cursus completus Script, sac., t. viii, col. 525-1114); Magalian,In Judic. historiam explanationes et morales adnotationes, Lyon, 1626; Villaroel, Judices commentariis literalibus tum aphorismis moralibus illustrati, Madrid,1635; Vega, Comment, literalis et moralis in l. Judic.,3 in-fol., Lyon, 1671; Fellibien, Pentateuchus historicus,Paris, 1704; Helbig, In lib. Josue, Judicum, Ruth, Cologne,1717; Calmet, Commentaire littéral, 2e édit.,Paris, 1724, t. ii, p.163-298; Clair, Les Juges et Ruth, Paris, 1878; F. de Hummelauer, Comment, in lib. Judic. et Ruth, Paris, 1889; Neteler, Dos Ruch der Richter,1900; Lagrange, Le livre des Juges, Paris, 1903.

2. Protestants.

Parmi les anciens, nommons seulementles commentaires de Munster, 1534; de Castalion,1551; de Martin Bucer, Paris, 1563-1564; de PierreMartr, Zurich, 1561; Londres, 1564; Heidelberg, 1610;de Sébastien Schmidt, Strasbourg, 1697; d’Amama, 1630;de Le Clerc, 1733. Parmi les modernes, citons Rosenmuller,Leipzig, 1835; Bertheau, Ruch der Richter und Ruth, Leipzig, 1845; 1883; Studer, Das Buch der Richter, 1835; Cassel, Das Buch der Richter und Ruth,Bielefeld, 1865; 1887; Keil, Commentar uber das A. T.,t. iii, 1, Josua, Richer und Ruth, Leipzig, 1863 et 1874;Œttli, Deuteronomium, Josua und Richter, Munich,1893; Budde, Richter und Samuel, Giessen, 1890;Moore, Judges, Edimbourg, 1895; Budde, Dos Buch der Richter, Fribourg-en-Brisgau, 1897; Nowack, Richter-Buch, 1900.

E.Mangenot.

JUIF.

I. Sens du mot.

1o Ancien Testament.

Le mot «Juif» (יהודי, Yehûdi, pluriel יהוּדִים ou יהוּדִיּים, Yehûdîm), paraît pour la première fois à l’époque deJérémie et désigne les habitants du royaume de Juda,qui représentaient seuls la race d’Israël, depuis la destructionde Samarie, en opposition avec les Moabites,Jer., xl, 11, 12, avec les Chaldéens, Jer., xxxviii, 19; xli, 3; lii, 28, 30; IV Reg., xxv, 25, avec les Égyptiens,Jer., xliv, 1, avec les Iduméens. IV Reg., xvi, 6. Il sedit absolument des habitants de Jérusalem, Jer., xxxii,12, et s’emploie comme synonyme du mot «hébreu».Jer., xxxiv, 9. Jamais cependant il ne désigne spécialementles membres de la tribu de Juda, ni les citoyensdu royaume méridional, par opposition avec ceux duroyaume septentrional. Dès avant la captivité, l’hébreus’appelait la langue judaïque. IV Reg., xviii, 26, 28; Is.,xxxvi, 11, 13. Mais ce n’est qu’au retour de la captivitéde Babylone, comme Josèphe l’a fort bien remarqué,Ant. jud., XI, v, 7, que ce nom de Juifs devint l’appellationcourante des Israélites en général. En ce sens, ilest commun dans Esdras, Néhémie, Eslher, et les deuxlivres des Machabées. On le rencontre dans Zacharie, viii,23, Daniel, iii, 8, 12 (et dans le grec des parties deutérocanoniquesde ce prophète, xiii, 4; xiv, 27), ainsi quedans Judith, xvi, 31. — Néhémie, ii, 16, distingue les «Juifs» des prêtres, des nobles et des magistrats; ilveut parler des hommes du peuple.

2o Nouveau Testament.

Dans les synoptiques, lemot «juif», assez rare, est surtout usité dans l’expression «roi des Juifs» (Matth., 4 fois, Marc, 5 lois, Luc,3 fois). On trouve encore «pays juif», Marc, i, 5, «villedes Juifs.» Luc, xxiii, 51. Mais il n’y a de remarquableque ces deux locutions: «Le bruit courut parmi lesJuits,» Matth., xxviii, 15, et: «Les Pharisiens et tous lesJuifs,» Marc, vii, 3, où «Juifs» dénote la religion plutôtque la nationalité.

Saint Jean emploie très souventce nom (71 fois dans l’Évangile, 2 fois dans l’Apocalypse)et le prend dans trois acceptions distinctes:
1. au sens national: «qui appartient à la nationalité juive;»
2. au sens politique: «qui habite là Judée proprement ditepar opposition avec la Samarie et la Galilée;»
3. au sens religieux: «qui persiste dans les croyances traditionnelles,en repoussant le Christ.»

Les deux premièresacceptions n’ont rien d’extraordinaire; la troisième, debeaucoup la plus fréquente, tranche sur le langage desautres écrivains du Nouveau Testament. CependantMatth., xxviii, 15, et quelques textes des Actes, ix, 22, 23; xii, 3; xiii, 45, 50, etc., nous y préparent. Mais, dans les Actes, il y a presque toujours antithèse latente avec les gentils et, quand il est question des Juifs infidèles par opposition avec les nouveaux convertis, saint Luc a soin d’ajouter une épithète (οἱ ἀπειθοῦντες Ἰουδαῖοι, Act., xiv, 2) à moins que le contexte n’ôte toute ambiguïté, tandis que pour saint Jean le mot «juifs» indique, sansplus d’explication, les Juifs infidèles. Au soir de la Résurrection,les disciples s’étaient enfermés ensemblepar «crainte des Juifs». Joa., xx, 19. La composition tardivedu quatrième Évangile, conforme d’ailleurs à la tradition,semble se refléter dans le langage.

L’emploi dumot «juif» dans saint Paul n’a rien de particulier;c’est toujours l’antithèse: juifs et gentils; sauf cependantI Thess., ii, 14, où l’usage de saint Paul se rapprochede celui de saint Jean.

II. Situation légale des Juifs dans le monde gréco-romain.

Un problème du plus haut intérêt, pour l’exégèsecomme pour l’histoire du siècle apostolique, est laquestion de savoir quelle situation était faite aux Juifsdans les diverses contrées où les avaient jetés les révolutionset les malheurs de leur patrie. Nous avons dit ailleursqu’ils étaient répandus dans le monde entier. VoirHelléniste, col. 580-582. Grâce à leur énergie patienteet tenace, à leur esprit de solidarité et de fraternité, ilsréussirent le plus souvent à humaniser leurs vainqueurs.Partout hais par le peuple et protégés par lesgouvernants, méprisés et redoutés à la fois, ils exerçaientautour d’eux une répulsion inexplicable et uneirrésistible attraction. Nous allons examiner rapidementleur situation au double point de vue religieux etsocial.

1o Situation religieuse.

Le judaïsme fut toujourspour Rome une religion reconnue (religio licita). À partde rares exceptions (Antiochus Épiphane, PtoléméePhyscon) les rois de Syrie et d’Egypte avaient laissé auxJuifs la liberté de conscience. En succédant aux Lagides,aux Séleucides, aux Attales, Rome maintint aux Juifs,avec lesquels elle avait conclu une alliance dès le tempsde Judas et de Simon Machabée, I Mach., viii, 17-32;xv, 15-24, le libre exercice de leur religion avec les droitset privilèges suivants:
1. Faculté d’ériger des synagogueset des oratoires (συναγωγαί, προσευχαί, σαββατεῖα)partout où ils étaient établis en nombre suffisant. ÀRome, où ils formaient au moins huit communautés oucorporations distinctes, ils avaient autant de synagogues.Les synagogues s’administraient elles-mêmes au moyend’un conseil présidé par le chef de la synagogue (ἀρχισυνάγωγος) et d’un employé subalterne, espèce d’appariteurou de sacristain (ὑπερέτης, en hébreu ḥazzân).
2. Droit de posséder des cimetières particuliers, placéssous la protection des lois. On en connaît cinq ou sixaux environs de Rome.
3. Droit de pratiquer leursrites et leurs coutumes (circoncision, célébration du sabbat et des fêtes, purifications légales, manière spécialede saigner la viande de boucherie, de faire lepain, etc.) avec défense de les molester sur ce point.

4. Dispense de toutes les obligations de droit communqu’ils regardaient comme incompatibles avec leur religion.C’est ainsi que les Juifs qui étaient citoyens romainsfurent exonérés du service militaire et qu’ilsfurent tous dispensés du culte officiel des empereurs. Onpoussa quelquefois la condescendance jusqu’à respecterleurs scrupules les moins fondés.

5. Droit de préleverl’impôt de la capitation, se montant à un demisicleou didrachme, payable par tous les adultes mâleset destiné à l’entretien du temple de Jérusalem. On saitcombien les Romains voyaient de mauvais œil ces cotisationsdont l’emploi échappait à leur contrôle. Aussis’alarmèrent-ils, à plusieurs reprises, de ces envois d’orpériodiques à Jérusalem. Un légat d’Asie, Flaccus, lesinterdit et confisqua les sommes recueillies à Apamée, àLaodicée, à Adrymète, à Pergame et probablementailleurs. Cicéron, Pro Flacco, 28. Mais le droit desJuifs fut confirmé par une foule d’édits et subsista jusqu’àla ruine du Temple. Cf. Joséphe, Ant. jud., XVI,vi, 2-7.

Situation sociale et politique.

Dans cet ordrede choses, les Juifs de la diaspora n’étaient guère moinsfavorisés. D’une manière générale, on peut dire qu’ilsformaient un petit État dans le grand et une ville ferméedans la ville qui leur donnait l’hospitalité. Quelquefoisun quartier spécial leur était assigné (à Rome c’était leTranstévère; à Alexandrie, le quartier situé à l’est duEruchéion), mais il est probable qu’ils n’y étaient pascantonnés d’une façon exclusive. Partout où ils étaienten nombre, les Juifs se constituaient en communautéautonome, administrant ses propres affaires, réglantelle-même les différends et les procès, avec la toléranceet parfois avec l’assentiment explicite du gouvernementcentral ou des autorités locales. Ils avaient une sorte desénat (γερουσία, γέροντες, πρεσβύτεροι) présidé par un dignitaire nommé ἄρχων, γερουσιάρχης. A Alexandrie, le chef unique, appelé ethnarque, jouissait de la plus grande autorité. Josèphe, Ant. jud., XIV, vii, 2 (pour Sardes, voir XIV, x, 17). A Rome, il ne leur était pas permis de se réunir en une seule assemblée. Les communautésjuives pouvaient «juger elles-mêmes leurs affaires litigieuses,avoir leurs propres juges, leurs propres codes…En matière civile, l’autonomie des Juifs ne s’appliquaiten principe qu’aux affaires où les deux parties étaientjuives; dans un procès mixte, même si le défendeurétait Juif, le tribunal local ou romain était seul compétent… En matière pénale, au début de l’ère chrétienne,les magistrats juifs exerçaient un pouvoir disciplinaireétendu, comportant le droit d’incarcérer et de flageller,Act., ix, 2; xviii, 12-17; xxii, 19; xxvi, 11; II Cor., xi, 24».Th.Reinach, dans Saglio, Dictionn. des antiq. grecques et rom., t. iii, p. 627. Origène dit qu’ils prononçaient même des sentences capitales, Epist. ad Afric, 14, t. xi, col. 84. Mais, pour avoir une sanction, elles devaient être confirméespar l’autorité romaine ou devaient être exécutéesclandestinement, comme les jugements de laSainte-Vehme germanique. On peut d’ailleurs supposerque les membres des communautés juives accordaient,d’un consentement tacite, à leurs magistrats,beaucoup plus de pouvoir que ne leur en conféraientles lois de l’Empire ou les constitutions des villeslibres.

F. Prat.

JUJUBIER (hébreu: na‘ăṣûṣ; Septante: στοιβή; Vulgate: fruteta, saliunca; Is., vii, 19; lv, 13; Nouveau Testament: ἄκανθα; Vulgate: spinæ; Matth., xxvii, 29; Joa., xix, 2), arbuste épineux.

I. Description.

Le genre Zizyphus, de la familledes Rhamnées, comprend des arbrisseaux à feuillesalternes-distiques, coriaces, munies de stipules épineuses. Les fleurs disposées en petites cymes axillaireset contractées ont 5 divisions et produisent un fruitcharnu qui renferme un noyau osseux.

L’espèce laplus cultivée en Orient est le Zizyphus vulgaris de Lamarckqui donne des drupes succulentes de la formed’une olive. En Afrique et jusque près de la mer Rougeon trouve le Zizyphus Lotus dont le fruit arrondi estprobablement le «lotus» connu des Grecs.

[Image à insérer]312. — Zizyphus Spina-Christi Willd.
Dessin d’après nature. Rameau cueilli à Jéricho
par le Frère Jouannet-Marie, des Écoles chrétiennes (avril 1890).

Enfin lesdéserts de Jéricho et du Sinaï ont fourni aux culturesde Syrie et d’Egypte le Zizyphus Spina-Christi (fig. 312et fig. 308, col. 1741), ainsi nommé parce qu’on croit assezcommunément que les rameaux ont servi à tresser lacouronne de Notre-Seigneur, quoique d’autres auteursveuillent y voir le Pahurus aculeatus, autre Rhamnéeépineuse, très répandue dans toute la région méditerranéenneet voisine des jujubiers, dont elle diffère surtoutpar son fruit qui est sec et pourvu tout autour d’un largerebord ondulé-crispé.

F. Hy.

II. Exégèse.

1° Rien dans le contexte de Is., vii, 19,n’obligerait à voir dans han-na’ăṣûṣîm, autre chosequ’un terme général pour désigner les buissons d’épines.Et c’est ainsi que l’entendent la Vulgate et laPeschito. Mais dans Is., lv, 13, où le mot han-na’ăṣûṣ estopposé à une plante déterminée, le cyprès, et où il estmis en parallèle avec le sirpad, il semble que nousayons plutôt une espèce particulière de plante épineuse.Les anciens commentateurs juifs expliquent en généralle mot na’ăṣûṣ par l’arabe Sidr qui est une espèce deZizyphus ou jujubier et dont le fruit s’appelle Nabėk.D’après les uns, ce serait le Zizyphus vulgaris trèscommun en Palestine; pour d’autres c’est le Zizyphus lotus ou encore le Zizyphus Spina-Christi, qu’ontrouve dans la vallée du Jourdain, mais plus rarementaux environs de Jérusalem. Ce jujubier était connu enEgypte: des fruits de cet arbuste trouvés dans lestombes se voient dans un grand nombre de nos musées.Cependant le nom de l’arbre lui-même n’a pu encoreêtre déterminé. Serait-ce le , nabas, arbre dont les

fruits reviennent fréquemment dans les listes d’offrandes?Quelques égyptologues le pensent, et rapprochent lenom nabas du nom arabe Nabaq qui le rappelle et désignele fruit du Sidr, c’est-à-dire du Zizyphus Spina-Christi.V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., in-8Paris, 1892, p. 98.

2° C’est avec les branches du jujubier qu’on identifiesouvent les épines qui ont servi à former la couronnedu Sauveur dans sa passion (axiçocvoç k% àxavôfiv, Matth.,xxvii, 29; Joa., xix, 2; àxâv6tvo; errÉepavo;, Marc, XV,7; Joa., xix, 5). Le mot «xavôa ne désigne sans douteaucune espèce particulière d’épines: mais les branchesdu jujubier se prêtaient admirablement à former unecouronne de longues et dures épines en les entrelaçantdans un cercle de joncs, comme on pense que fut

[[File: [Image à insérer]|300px]]
313. — Zizyphus lotus.

tressée la couronne du Christ (t. ii, col. 107). D’autrepart, des épines ou fragments de la couronne conservésà Trêves, à Bruges, à Pise, étudiés avec soin, ont étéreconnus comme appartenante l’espèce Zizyphus Spina-Christi.Voir, sur les épines de la sainte Couronne, F. deMély, Les Reliques de Conslantinople.il. LaSainte Couronne,in-4°, Lille, 1901. Il est possible du reste qu’il y aiteu des épines de différentes espèces de Rhamnées, commepar exemple du Paliurus aculeatus (voir Paliure): lessoldats durent prendre les épines qu’ils avaient sous lamain dans les fa*gots servant à alimenter le feu. La seuleobjection qu’on pourrait faire contre le Zizyphus Spina-Christiest qu’il n’est pas très commun aux environs deJérusalem, tandis qu’il est très abondant dans la valléedu Jourdain et sur les bords du lac de Tibériade. Cependantil pouvait être autrefois plus répandu aux abordsde la Ville Sainte. En 1886, dit le P. M. Jullien, L’Egypte,in-8°, Lille, 1889, p. 50, un vigoureux buisson de ZizyphusSpina-Christi se voyait dans un champ au sommetdu mont Sion, non loin du mur méridional de l’enceintedu temple. Cl. H. B. Tristram, The natural Historyof the Bible, in-12, Londres. 1£89, p, 428; L. Fonck,Streifzûge durch die bibhsche Flora, in-8°, Fribourg,1900, p. 99.

3°- À s’en tenir aux anciennes versions, le mot sé’ëlîm,

qui se rencontre seulement deux fois dans la Bible,Job, xl, 21, 22 (Vulgate: 16, 17), ne serait qu’un termegénéral pour désigner soit des arbres divers (Septante:uavToScmà SévSpa, 8lv8pa jiEyâXa), soit l’ombre ou desarbres donnant de l’ombre (ainsi le syriaque et la Vulgate:umbrse). Ces deux dernières versions ont assimilésans doute O’bNB, sé’ëlîm, à D’^x, sillîm, umbrse-, en y

voyant un aramaisme, le daguesk compensé par l’insertiond’un aleph. Mais selon les règles on devrait avoirdans ce cas dinSx, jti’im, c’est-à-dire la lettre atep/i après

et non avant le lamed.De plus, il en résulte un sens assezsingulier: «les ombres le couvrent de leur ombre.» Job, xl, 12. Enfin le parallélisme demande que sé’ëlîm,qui est en parallèle avec les «saules du torrent», soit uneespèce particulière d’arbre. Aussi M. Le Hir rend-ilainsi ce passage:

Il (l’hippopotame) se couche 1 l’ombie des lotus,Dans l’épaisseur des roseaux, dans les marécages;Les lotus le couvrent de leur ombre,Les saules du torrent l’environnent.

Ce sens est maintenant généralement suivi par les lexicographeset les exégètes, comme Gesenius, Buhl, Bro wn,Delitszch, etc. Et ils entendent par ce lotus, non pas lelotus d’eau, la plante sacrée des Égyptiens, mais un jujubier,le Zizyphus lotus (fig. 313), très commun en Afriqueet que l’on trouve au bord des cours d’eau. Mais est-cele fameux lotus des anciens, au fruit savoureux dont senourrissaient les Lotophages? Il y a partage d’opinion.Ibn-el-Beithar, dans son Traité des simples, t. ii, n. 1165(Notices et extraits de la Bibliothèque nationale, t. xxv,p. 238), ne croit pas que ce lotus célèbre dans l’antiquitésoit un séder, ou dhâl, c’est-à-dire le Zizyphuslotus. Pline, H. N., xiii, 32, dit que le lotus des Lotophagesest un celtis, c’est-à-dire le micocoulier. Quoi qu’il ensoit, le Zizyphus lotus convient parfaitement pour l’habitatet l’usage, au sé’ëlîm de Job., xl, 21, 22. J. D. Michælis,Supplementa ad lexica hebraica, in-4°, Gottingue,1792, p. 2058; Celsius, Hierobotanicon, in-8°,Amsterdam, 1748, t. i, p. 20-24, E. Levesque.

1. JULES (grec: ’IoiîXtoç; Vulgate: Julius), centurionde la cohorte Augusta qui fut chargé par Festusde conduire saint Paul en Italie, après l’appel del’apôtre au tribunal de César. Act., xxvii, 1. Julius traitasaint Paul avec beaucoup de bienveillance; à Sidon, illui permit d’aller chez ses amis et de recevoir leurssoins, Act., xxvii, 3. Ce fut lui <jui, à Myre (Vulgate,Lystre), trouva un navire d’Alexandrie pour transporterles prisonniers en Italie. Act., xxvii, 6. Quand saint Paull’avertit à Bons-Ports (voir t. i, col. 1847) que la navigationallait devenir dangereuse, il préféra l’avis ducapitaine et du pilote qui voulaient quitter le port parce’qu’ils le considéraient comme mauvais pour un hivernage.Act., xxxii, 11-12. La tempête annoncée par l’apôtreéclata bientôt près de l’Ile de Crête. Les matelots cherchèrentà se sauver du navire. Saint Paul dit alors àJulius que, si les matelots partaient, le navire périrait.Julius l’écouta et les soldats placés sous ses ordrescoupèrent les cordes de la chaloupe pour empêcher lafuite de l’équipage. Act., xxvii, 30-32. Lorsque le navireéchoua, les soldats résolurent de tuer les prisonniers,de peur qu’ils ne s’échappassent à la nage. Julius, quivoulait sauver Paul, s’opposa à leur dessein. Act., xxvii,42-43. Julius, comme l’indique son nom, appartenait àune famille d’affranchis de la gens Juha. Sur son grade,voir Centurion, II, t. ii, col. 427; sur la cohorte où ilexerçaitun commandement, voir Augusta (Cohorte),1. 1, col. 1235; Cohorte, II, t. ii, col. 827.

E. Beurlier.

2. JULES AFRICAIN (’IsûXio; ’Açptxavôç), écrivain ecclésiastiquedu iiie siècle. Suidas, Lexicon, édit.

Bernhardy, au mot’Açptxcivtf;, t. i, col. 904, l’appelleSextus au lieu de Julius, mais probablement à tort. Ladate de sa naissance et celle de sa mort sont inconnues.M. G. Salmon, dans le Dictionary of Christian Biography,1. 1, 1877, p. 54, le fait naître vers 170 et mourir vers 240.D’après Suidas, il était Libyen d’origine. Il avait fait, enqualité d’officier, la campagne d’Osrhoène, sous SeptimeSévère. Il passa une grande partie de sa vie en Palestine, àEmmàus Nicopolis, aux pieds des montagnes de Judaoù Vespasien avait établi autrefois une colonie de vétérans.Voir Emmaùs, t. ii, col. 1736. Nous savons qu’ilvisita la mer Morte et qu’il avait fait des voyages enEgypte, ainsi qu’en Arménie et en Phrygie, pour voir deses yeux les deux montagnes où se serait arrêtée l’archede Noé, d’après la double tradition de son époque, c’est-à-direI’Ararat et Célènes à Apamée. Ce lut un des écrivainschrétiens les plus instruits, antérieurs au concilede Nicée, quoiqu’il demeurât jusqu’à sa mort simplelaïque. La seule œuvre de lui qui nous ait été conservéeentière est sa lettre à Origène sur l’histoire de Susanne(vers 238). Elle est courte, Pair. Gr., t. xi, col. 41-48,mais remarquable par son esprit critique. Jules avaitassisté à une discussion entre Origène et un certainBassus; le savant Alexandrin y avait cité en faveur del’opinion qu’il soutenait un passage de l’histoire de Susanne.L’Africain ne fit sur l’heure aucune observation,mais il écrivit ensuite à Origène une lettre dans laquelleil attaque l’authenticité de l’histoire de Susanne aumoyen d’arguments tirés de la critique interne du récit.Origène lui répondit. Epist. ad Afric, t. xi, col. 48-85.Voir F. Vigouroux, Susanne, dans les Mélanges bibliques^’édit., p. 476-488. — Il nous reste quelques fragmentsd’une autre lettre, également célèbre, de JulesAfricain. Patr. Gr., t. x, col. 52-64. Elle était adressée àAristide et avait pour sujet la double généalogie deNotre-Seigneur en saint Matthieu et en saint Luc.D’après lui, le premier Évangile donne la généalogienaturelle de Jésus, et le troisième la généalogie légaleconformément à la loi du lévirat. Son explication, dit-il,s’appuie sur la tradition des Desposyni ou descendantsde la famille du Sauveur, qui demeuraient près de Nazarethet de Cochaba. — L’œuvre principale de l’Africainfut un traité sur la chronologie, en cinq livrés, Xpovoypaçia:, qui le fait regarder comme le père de la chronographiechrétienne. Il est aujourd’hui perdu, à l’exceptionde quelques passages recueillis dans Migne, P. G, t. X,col. 64-93, mais Eusèbe nous en a conservé le fond danssa Chronique. Son travail embrassait toute l’histoiresainte et l’histoire profane depuis la création du monde(d’après lui en 5499), jusqu’à la venue du Christ, et ilétait suivi d’un abrégé sommaire des événements depuisJésus-Christ jusqu’à la quatrième année d’Élagabale (221).

— Les Keircoî ou «Ceintures», qu’on lui attribue, sontuneœuvre purement profane sur la physique, la médecine,la magie, la guerre, etc. J. A. Fabricius, Bibliothecagrseca, édit. Harles, t. iv, p. 242. — Les critiques lui refusentla composition des Actes du martyre de sainteSymphorose et de ses fils qui ont été publiés sous sonnom. — D’après les auteurs syriens, Jules avait aussicommenté le Nouveau Testament et l’on trouve en effetdes explications qui portent son nom dans les Chaînesde Macaire sur saint Matthieu, Fabricius, Bibl. gr., t. viii,p. 676, et de Nicétas sur saint Luc. Mai, Script. vet., t.ix,col. 724; Assémani, Bibliotheca orientalis, Rome, 1735,t. ii, p. 129, 158; t. iii, p. 1, 14. Plusieurs pensent cependantque ces citations ne sont pas de Jules Africain, maisde Julien d’IIalicarnasse. — Voir Fr. Spitta, Ber Briefdes Julius Africanus an Arislides, in-8°, Halle, 1877;H. Gelzer, Sextus Julius Africanus und die byzantinischeChronographie, ’Am-8r>, Leipzig, 1880-1898; Fessler-Jungmann,Imtitutiones Patrologise, t. i, 1890, p. 356.

F. Vigouroux.

    1. JULIE##

JULIE (grec: ’IouXs’a; Vulgate: Julia), chrétienne de

Rome, que saint Paul salue dans l’Épitre aux Romains,xvi, 15. Elle est nommée avec Philologue, ce qui a faitsupposer qu’elle était sa sœur ou sa femme. On lit cettehypothèse dans Origène, qui dit, Comm. ad Bom.,x, 32, t. xiv, col. 1282: «Il est possible que Philologueet Julie fussent mariés ensemble et que les autres[personnes nommées avec eux, Nérée, sa sœur, etc.]fissent partie de leur maison.» Le nom de Julia indiqueune certaine relation avec la famille des Césars. C’étaitun des noms les plus communs parmi les noms defemmes esclaves de la maison impériale. Voir Corpusinscript, lat., t. vi, n. 20342-20473, p. 2149-2182.

JUNIAS(grec: ’Iouvîaç; Vulgate: Junias), parent desaint Paul qui avait embrassé la foi avant lui et qui «futcélèbre parmi les Apôtres». Rom., xvi, 7. L’Apôtre lesalue dans ce passage avec Andronique et les appelle<juvatxiiot).<oTot, concaptivi, qualification qui fait allusionà une captivité que nous ne connaissons pas. Origènel’entend, avec peu de vraisemblance, de la soumission àune même foi. Ce Père croit que Junias a pu être undes soixante-dix disciples. Comm. inEp. ad Bom., . x,21, t. xiv, col. 280. Son nom est sans doute une contractionde Junianus ou Junilius. — Beaucoup de commentateursprennent Junias pour un nom de femme,comme l’a fait saint Jean Chrjsostome, Hom. xxxr, 2,ad Rom., t. lx, col. 670, et l’Église grecque l’honorele 17 mai comme une sainte, avec saint Androniquequ’elle aurait accompagné dans ses voyages. Acta Sanctorum,maii t. i (1680), p. 727. Le titre d’apôtre qui estdonné à Junias semble le désigner plutôt comme unhomme. C’est, dit Tillemont, Mémoires, 1701, t. l, p. 314,l’opinion de & la plupart des interprètes».

    1. JUNIUS Beaudoin##


JUNIUS Beaudoin, ou de Joughe, religieux franciscain,né à Dordrecht ou à la Haye, mort le 12 avril 1634,a composé un ouvrage intitulé: Cantiea Canticorumillustrata, in-8°, Anvers, 1632. On lui attribue en outre:Lamentationes Jeremiee triplici sensu expositse, in-8°,Anvers, 1632. —Voir Wadding, Scnptores Ord. Minorum

(1650), p. 45.

B. Heurtebize.

    1. JUPITER##

JUPITER (grec: Zsuç; Vulgate: Jupiter), la principaledivinité des Grecs (fig. 314).

1° Antiochus IV £, piphane, qui voulait obliger les Juifsà abandonner le culte du vrai Dieu et à embrasser la

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314. — Jupiter Olympien.

Tête laurée de Jupiter, à gauche. ilOs OArMIIOr. — ^. Aiglesur un foudre. EinaNEûN (monnaie d’Hippoiiium, dans leBruttium).

religion hellénique, envoja à Jérusalem un vieillardd’Athènes, selon le texte grec, d’Antioche, selon la Vulgate,pour les engager à profaner le temple de Jérusalemen le transformant en temple de JupiterOlympien. Il Mach., vi, 1-2. Le texte grec paraitplus vraisemblable, car à ce moment même Antiochusétait occupé à Athènes à la continuation des travaux dutemple de Jupiter Olympien. Polybe, xxvi, i, 10; TiteLive, xli, 20. — Jupiter tirait son surnom d’Olympiend’abord de ce qu’il était roi de l’Olympe ou du ciel etsurtout de ce qu’un de ses sanctuaires les plus vénérésétait situé à Olympie dans l’Élide. Là s’élevait le templefameux orné de la statue sculptée par Phidias et dont

les ruines ont été découvertes de nos jours. En son honneurse célébraient dans cette ville les jeux appelés olympiques.De cette ville, le culte de Jupiter Olympien s’étaitrépandu dans un grand nombre de villes où des sanctuaireslui avaient été élevés sous ce nom, notammentà Corinthe et à Athènes. Le temple qu’il avait dans cetteville fut l’un des plus vastes de l’antiquité. Commencépar Pisistrate, continué, comme nous l’avons dit plushaut, par Antiochus, il ne fut achevé que par Hadrien.Antiochus joignit le culte de Jupiter Olympien à celuiqu’on célébrait en l’honneur d’Apollon, à Daphné, faubourgd’Antioche; il y érigea une statue imitée de cellede Phidias à Olympie, Ammien Marcellin, xxii, 13, et yfit célébrer des jeux dont Polybe, xxxi, 3, et Athénée, v,5, donnent une longue description. À Jérusalem, le cultede Jupiter fut l’occasion de profanations dans le temple,de testins et de débauches. L’autel des holocaustes futégalement profané à cette occasion. II Mach., vi, 3-5;cl.lMach., i, 50-62.

2° En Samarie, Antiochus voulut que le temple de Gade la terre. Act., xiv, 13-17. Dans ce verset Jupiter estappelé Tcpb tïj; m5).etoç, celui qui est hors de la ville. Letemple de Jupiter à Lystre était donc situé en dehors dela porte. C’était du reste une coutume fréquente deplacer ainsi les temples de Jupiter. Strabon, xiv, 4; Hérodote,i, 26. À Claudiopolis, en Isaurie, on a trouvé uneinscription dédicatoire à «Jupiter devant la ville»: Atinpoa<rcîw. Ci. W. M. Ramsay, The Church and theRoman Empire, in-8° Londres, 1894, p. 51. Certainsinterprètes pensent que c’est devant la porte de lamaison où étaient les Apôtres que le prêtre vint avec lafoule, mais le mot nuXwva; s’applique plutôt auxportes de la ville. — Il est d’ailleurs possible qu’il nes’agisse pas ici du dieu grec, mais d’un dieu particulierdes Lycaoniens assimilé par les Grecs à Jupiter. Lestaureaux étaient les victimes préférées de Jupiter. Homère,Iliad., ii, 402; Xénophon, Cyrop., VII, iii, 11, etc.

E. Beurlier.

1. JUREMENT (PUITS DU) (hébreu: Be’êr Sâba’;Septante: «fpéocp ôpxiau.ov>; Vulgate; Puleus juramenti).

lUUUUL

315..— Taureaux préparés pour le sacrifice. — Vase de Polygnote (l’inscription porte: nOAïTNOTOS EAPATEN [pour s^çonli/yMusée Britannique. Un taureau vient de droite et un autre de gauche et deux prêtresses leur mettent des guirlandes au cou.

rizim fût converti en temple de Jupiter Hospitalier (grec:lévtoç; Vulgate: hospitahs). I Mach., vi, 2. Jupiter étaiten effet honoré par les Grecs comme protecteur desétrangers. Homère, Iliad., xiii, 625; Odyss., i, 270; Pindare,Od., viii, 38, etc. En lui donnant ici ce qualificatif,Antiochus, a-t-on supposé avec plus ou moins de vraisemblance,avait rendu hommage au caractère hospitalierdes Samaritains, caractère qui expliquerait le choixd’un homme de cette nation par Notre-Seigneur commetype de la charité à l’égard du prochain. Luc, x, 33. Cf.C. F. H. Bruchmann, Epillieta deorum quæ apud poetasgrsecos leguntur, in-8°, Leipzig, 1893, p. 135. Josèphe,Ant. jud., XII, v, 3, donne une explication différente dece tait. D’après lui les Samaritains, pour montrer qu’ilsn’étaient pas Juifs, écrivirent à Antiochus et lui demandèrentla permission de dédier à Jupiter Hellénius letemple du mont Garizim qui était consacré au Dieu quin’a pas de nom.

3° Lorsque Paul et Barnabe vinrent en Lycaonie, leshabitants de Lystre crurent que les deux apôtres étaientdes dieux venant à eux sous figure humaine. Ils appelèrentBarnabe Jupiter, probablement à cause de sa taille plusmajestueuse. Saint Chrysostome, Homil. in Act., xxx, 3;t. lx, col. 224, et Paul Mercure par ce qu’il portait laparole. Act., xiv, 11-13. Le prêtre de Jupiter vint au-devantd’eux avec des taureaux et des couronnes (fig. 315)et suivi d’une foule nombreuse pour leur offrir unsacrifice, mais les Apôtres refusèrent cet hommage idolâtriqueet préchèrent.le Dieu vivant, créateur du ciel et

La Vulgate traduit Bersabée par Puteus juramenti dansGen., xxi, 32; xlvi, 1, 5. Voir Bersabée, 1. 1, col. 1629.

2. JUREMENT (hébreu: sebû’dh, ’âldh; Septante:Spxoç; Vulgate: luramentum, jusjurandum. «Jurer» se dit: niSba’, ô(i.vŒiv, jurare), acte par lequel on enappelle à Dieu, ou à un objet qui tient de près à Dieu,pour certifier la vérité de ce que l’on affirme ou de ceque l’on promet. Celui qui jure fait ainsi de Dieu legarant de sa parole et a conscience du châtiment qu’ilencourrait s’il tentait d’associer Dieu à un mensonge. —Quelques auteurs rattachent niSba’, «jurer,» à sdbûa’, «sept,» à cause du rôle que le nombre «sept» sembleavoir joué dans les serments. Gen., xxi, 28-31; Hérodote,m, 8. Cl. t. i, col. 1629, et Gesenius, Thésaurus, p. 1355.

I. Formes du jurement.

1° «Les hommes jurentpar celui qui est plus grand qu’eux, et le serment estune garantie qui termine toutes leurs discussions.» Heb., vi, 16. Il suit de là que Dieu ne peut jurer quepar lui-même. Hebr., vi, 13. C’est ce qu’il fait plusieursfois dans la Sainte Écriture. Gen., xxii, 16; Is., xlv,23; Jer., xxii, 5; xlix, 13; Am., vi, 8, etc. Il jure équivalemmentpar sa droite, Is., lxii, 8, par la gloire deJacob. Amos, viii, 7, etc. — 2° Les hommes jurent parDieu, Gen., xxi, 23; xxxi, 53; Jos., ii, 12; I Reg.,xxviii, 10; Dan., xii, 7; par le nom de Jéhovah, Lev.,xix, 12; Jer., xii, 16; cf. Apoc, x, 6; ou par les idolesqui représentent pour eux la divinité. Jer., xii, 16. Iliaut remarquer toutefois que l’expression a. jurer par

Jéhovah» signifie aussi adorer Jéhovah. Deut., vi, 13;x, 20; Ps. lxhi(lxii), 7; Is., xix, 18; xlviii, l; 0se., iv,15. Il en est de même quand on jure par une idole.Am., viii, 14. — 3° On jure encore par des objets quitiennent à Dieu de plus ou moins près ou dépendent delui: la vie de celui auquel on parle, Gen., ilii, 15;

I Reg., i, 26; xvii, 55; xx, 3; xxv, 26; II Reg., xi, 11;IV Reg., ii, 2; sa propre tête, Matth., v, 36; la terre,Matth., v, 35; Jac, v, 12; le ciel, Matth., v, 34; xxiii,22; Jac, v, 12; le Temple, Matth., xxiii, 16; l’autel,les offrandes, l’or du Temple, Matth., xxiii, 16, 18; Jérusalem,cité du grand roi, Matth., v, 35; et enfin lesanges. Josèphe, Bell, jud., II, xvi, 4 in fine. Des formulesanalogues de serment se rencontrent souvent dans lesauteurs profanes. Cf. Winer, Biblisches Realwôrterbuch,Leipzig, 1833, t. i, p. 358. — 4° Quelquefois le textesacré ne se contentp. pas de mentionner le serment, ilen transcrit la formule. Num., xxxii, 10; Deut., i, 34;

II Reg., xix, 8; Jer., xxii, 5, etc. — 5° Notre-Seigneurse sert souvent du mot’àmjn comme une sorte de for-’mule de jurement pour appuyer ses paroles. Voir Amen,1. 1, col. 475. — 6° Certains gestes accompagnent parfoisle jurement. À l’époque patriarcale, celui qui jure metsa main sous la cuisse de celui envers qui il s’engage.Gen., xxiv, 2-9; xlvii, 31, etc. Voir Jambe, col. 1113.Plus habituellement, on levait la main vers le ciel, gestepar lequel on semblait se mettre en communicationplus directe avec Dieu. Gen., xiv, 22; Dan., .iii, 7. CfVirgile, JEneid., xii, 196. L’expression ndéâ’yâd, «leverla main,» est ainsi devenue synonyme de «jurer», etmême a été employée souvent en parlant des sermentsde Dieu lui-même. Exod., vi, 8; Deut., xxxii, 40; Ps. cvi(cv), 26; Ezech., xx, 6; xlvii, 14; II Esd., ix, 15. D’aprèsles traditions juives, les serments judiciaires requéraientd’autres formalités. Pour prononcer la formule du serment,on se tenait debout avec le livre de la loi en main.Quelquefois, on ajoutait de tormidables imprécationscontre le parjure, pendant qu’on éteignait un flambeauà l’aide d’une outre remplie de vent, on taisait entendredes sons lugubres, etc. Ct. C. Iken, Antiquil. hebraïc,Brème, 1741, p. 407. En certains cas, on venait jurerdans le Temple, devant l’autel. III Reg., viii, 21; II Par.,vi, 22. Enfin, c’était encore une forme expressive de jurementque celle qui est mentionnée deux fois dans laSainte Écriture: celui qui prenait un engagement solenneldivisait une ou plusieurs victimes en deux parts,entre lesquelles il passait ensuite. Gen., xv, 10, 17; Jer.,xxxiv, 18. Cf. Jud., xix, 29; I Reg., xi, 7; Hérodote, vii,39. La signification de ce rite très ancien n’apparaît pasclairement. Peut-être indique-t-il que celui qui manqueraà sa parole méritera d’être coupé de même enmorceaux. Rosenmuller, Schol. in Genesim, Leipzig,1795. p. 181. — 7° La Mischna, Schebuoth, iv, 1, conclutde Deut., xix, 17, que les hommes seuls étaient admis àjurer, à l’exclusion des femmes et des esclaves. Cetteindication est en contradiction au moins avec le textede la loi concernant la femme soupçonnée d’infidélité,et que le prêtre devait faire jurer pour attester son innocence.Num., v, 19; cf. xxx, 3-16. En pareil cas,comme dans plusieurs autres, le juge prononçait lui-mêmela formule du serment, et celui qui était cité n’avaitqu’à répondre: Amen. Num., v, 22; Matth., xxvi, 63.

II. Différentes espèces de jurements.

1° Dieu lui-mêmedaigne plusieurs fois appuyer sa parole par leserment, surtout pour s’engager à donner le pays deChanaan à Abraham et à ses descendants. Gen., xxvi, 3;Exod., vi, 8; xiii, 5; xxxiii, 1; Num., xxxii, 11; Deut.,xxxi, 20; Ps. cv (civ), 9; Ezech., xx, 6; xlvii, 14;II Esd., ix, 15; Sap., xii, 21; xviii, 6; Luc, i, 73;Act., ii, 30; Hebr., vi, 17. Il jure encore pour attester savolonté de châtier les Israélites qui se sont révoltés audésert. Num., xxxii, 10; Deut., i, 35; xxxii, 40; Ps. cvi(cv), 26; Hebr., iii, 11, 18; iv, 3. Enfin c’est par serment qu’il attribue le sacerdoce au Messie. Ps. ex (cix),4; Hebr., vii, 21. — 2° Parmi les jurements proférés parles hommes, il y a à distinguer: — 1. Les serments judiciaires.Quand un accident arrivait à un animal sansqu’il y eût d’autre témoin que le gardien, celui-ci selibérait de toute responsabilité par le serment. Exod.,xxii, 10, 11. Il est probable que, par analogie, on procédaitde même quand la preuve du tort fait au prochainne pouvait être fournie. III Reg., vii, 31; II Par., vi, 22.Le témoin cité à déposer dans une affaire judiciaireavait ordinairement à prêter serment. Lev., v, 1; cf.Prov., xxix, 24. Enfin le serment était prescrit à lafemme soupçonnée d’inconduite. Num., v, 19-22. Leserment terminait l’affaire devant les juge s; mais le châtimentétait réservé à celui qui venait à être convaincud’avoir juré contrairement à la vérité. Voir Parjure. —

2. Les serments pacifiques, ayant pour but de consoliderla paix ou une alliance entre des peuples, des famillesou des individus. Ainsi Abraham jure alliance avec Abimélech,Gen., xxi, 24, 27, d’où le nom de Be’êr sâba, ’, «puits du serment,» çpsap 6pxKj[ioù, Bersabee, puteusjuramenti, donné au puits près duquel se fit cette alliance.Gen., xxi, 32; xlvi, 1, 5. Voir Bersabee, t. i,col. 1629. Isaac jura la même alliance avec Abimélech,Gen., xxvi, 28, 31. David se lia par serment à Jonathas.I Reg., xix, 6; cf. Ezech., xvii, 13; II Par., xxxvi, 13;I Mach., vi, 61; vii, 15, 18; II Mach., iv, 34. etc.3. Les serments promissoires, par lesquels on s’engageà tenir une promesse, à accomplir fidèlement une mission,etc. Éliézer prête serment à Abraham d’aller marierIsaac en Mésopotamie. Gen., xxiv, 2-9, 41. Ésau jured’abandonner son droit d’aînesse à Jacob. Gen., xxv, 33.Joseph jure à Jacob de l’inhumer dans la terre de Chanaan,Gen., xlvii, 31, et lui-même fait jurer auxHébreux d’y ramener ses restes. Gen., l, 24; Exod.,xiii, 19. Tels sont encore les serments des envoyés deJosué à Rahab, Jos., ii, 17, 20; de Josué aux Gabaoniles,Jos., IX, 20; de Josué à Caleb, Jos., xiv, 9; des’Philistinsà Samson, Jud., xv, 12; de David à Séméi, II Reg.,xix, 23; des prêtres à Néhémie, II Esd., v, 12; d’Antiochusau plus jeune des sept frères, II Mach., vii, 24;d’Hérode-à Hérodiade, Matth., xiv, 7, 9; Marc, vi, 23, ’26, etc. Aux serments promissoires se rattachent lesserments de fidélité soit à Dieu, II Esd., x, 29, soit auxhommes, particulièrement au roi. Eccle., viii, 2. —

4. Les serments exécratoires, par lesquels on se voue àsubir une peine ou on menace de l’infliger si telle conditiondonnée n’est pas remplie. Les Israélites jurentainsi de punir de mort ceux d’entre eux qui manquerontà l’assemblée générale de la nation. Jud., xxi, 5.Saul jure qu’on ne prendra aucune nourriture avant quela victoire n’ait été remportée. I Reg., xiv, 24-26. Lerespect pour ces sortes de serments était si grand queJonathas faillit être mis à mort par son père, pour avoirenfreint à son insu un serment d’ailleurs fort inconsidéré.I Reg., xiv, 43, 44. Voir Jonathas 1, col. 1617, Joab jure àDavid que tout le monde le quittera s’il ne sort pas de soninaction. II Reg., xix, 7. Plus de quarante Juifs s’engagèrentplus tard par un serment de cette espèce à s’abstenirde manger et de boire tant qu’ils n’auraient pastué saint Paul. Act., xxiii, 12-14. Le serment exécratoireest souvent exprimé dans l’Écriture sous une forme elliptique:Heec mihi faciat Dominus et hxc addat, si…,c’est-à-dire que Dieu fasse tomber des malheurs sur moi,et y ajoute encore d’autres malheurs, si je ne fais pas ceque je promets ou si je ne dis pas la vérité. Ruth, i, 17;I Reg., xiv, 44; xxv, 22; II Reg., iii, 9, 35, etc. Voir Imprécation,col. 854. — 5. Les serments simplement affirniatifs,qui servent à corroborer une affirmation.I Mach., xiv, 32; Hebr., vi, 16. De cette nature est leserment de saint Pierre reniant Notre-Seigneur. Matth.,xxvi, 72, 74. — 6. Les serments votifs ou vœux. Voir Vœu.

III. Les règles du jurement.

1° La question du ju

rement est importante, puisqu’elle fait l’objet d’un despréceptes du Décalogue: «Tu ne prendras pas le nomdu Seigneur ton Dieu en vain.» Exod., XX, 7. Dans lejurement, le nom de Dieu intervient toujours, au moinsimplicitement. Le précepte divin interdit donc nonseulement le serment mensonger, mais encore le sermentfutile, par lequel on invoque le témoignage deDieu pour une chose qui ne le mérite pas. — 2° La Loirecommande de ne pas violer son serment. Elle stipulecependant que l’engagement contracté par une jeune filleen résidence chez son père ne sera valable que si ce dernierne le désapprouve pas. Il appartient de même aumaTi d’annuler ou de ratifier le serment fait par sa femme.Il s’agit ici seulement du serment promissoire créant à latemme une obligation onéreuse soit vis-à-vis des autres,soit vis-à-vis d’elle-même. L’annulation n’est cependantvalable que si le père et le mari se prononcent dans cesens aussitôt qu’ils ont connaissance du serment. Laveuve et la femme répudiée peuvent toujours jurer valablement.Num., xxx, 3-16. — 3° Celui qui faisait serment àla légère ou qui ensuite n’avait aucune volonté sérieused’accomplir son serment commettait une faute: il devaitavouer son péché et offrir en sacrifice d’expiation unebrebis ou une chèvre. Lev., v, 4-6. — 4° Le respect duserment paraît avoir été gardé assez fidèlement par lesanciens Israélites. Il en est même parmi eux qui hésitaientà jurer. Eccle., ix, 2. Par la suite, on en vint àjurer trop fréquemment. De là des conseils comme lessuivants: «N’habitue pas ta bouche au jurement et quetes lèvres ne prononcent pas à tout propos le nom deDieu. Il est difficile de ne pas pécher en jurant et enproférant ce nom de la sorte.» Eccli., xxiii, 9-14. «Celui qui mêle les serments à ses paroles fait dresserles cheveux sur la tête,» à cause de sa grande témérité.Eccli., xxvii, 15. La casuistique des Pharisiens n’en arrivapas moins à faire du serment tantôt un jeu, tantôtun moyen de tromper les autres, ce qui ne contribuapas peu’au mauvais renom des Juifs parmi les Gentils.Cf. Martial, xi, 95. Partant de ce principe que c’estl’appel à Dieu qui constitue l’essence du serment, lespharisiens déclaraient que les serments dans lesquelsDieu n’est pas nommé ne pouvaient obliger. Cf. Philon,Opéra, édit. Mangey, Londres, 1742, t. ii, 194. Ceux qui traitaientavec les Juifs étaient ainsi dupés en prenant pourferme une assurance à laquelle les premiers n’attachaientaucune importance. Il en est encore de même aujourd’huien Orient. Ct. Wetzstein, dans Frz. Delitzsch, Koheleth,Leipzig, 1875, p. 454. — 5° Notre-Seigneur s’éleva énergiquementcontre cette atteinte aux lois sacrées du serment.Les pharisiens disaient que le serment par leTemple, par l’autel, par le ciel, n’obligeait à rien, maisque le serment par l’or du temple et l’offrande qui étaitsur l’autel obligeait. Ils supposaient que ces derniersobjets se rapportaient directement à Dieu et impliquaientson nom, tandis que les premiers n’y avaient nul rapport.Notre-Seigneur les reprend en leur déclarant que leTemple, l’autel et le ciel sont la demeure et le trône deDieu, qu’ils se rapportent par conséquent directement àlui. Matth., xxiii, 16-22. S’adressant à ses disciples surle même sujet, il leur avait déjà prescrit de ne pointjurer, ni par le ciel, ni par la terre, ni par Jérusalem,ni par sa propre tête, toutes choses qui dépendent deDieu. Il ajoute que quand on a dit «oui» ou «non»,tout ce qui tend à confirmer cette parole procède d’unemauvaise inspiration. Matth., v, 33-37. En prescrivantde ne point jurer du tout, [j.vj ùj.6nai ôu>ç, le divinMaitre n’abolit pas l’usage du serment. La Loi permetformellement le serment, Num., xxx, 3; Deut.. xxiii,21, et Notre-Seigneur est venu compléter et non détruirela Loi. Matth., v, 17. Nous voyons en effet le sermentencore usité après lui par ses disciples et particulièrementpar saint Paul. Rom., i, 9; II Cor., i, 23; Gal., i,20; Phil., i, 8. Notre-Seigneur interdit seulement l’abus,

et la forme absolue de son langage donne à entendreque la perfection serait de ne jamais recourir au serment.Il veut que la sincérité et la véracité de son disciplesoient tellement indiscutables que, pour être crusans hésitation, il lui suffise de dire «oui» ou «non».L’interdiction du serment n’est donc pas plus absolueque le précepte, en apparence si général, de la communion,Joa., vi, 54, et que l’impossibilité de la pénitencepour le chrétien. Hebr., vi, 4. L’abstention totale duserment est un conseil que les circonstances ne permettentpas toujours de suivre à la lettre. —6° Saint Jacques, v,12, répète l’injonction de Notre-Seigneur de ne jurer n» par le ciel, ni par la terre, et même de ne faire aucunserment. C’est le milieu juif dans lequel il vit qui luisuggère la pensée de renouveler cette recommandation.

— 7° Il faut noter enfin que la réaction contre l’abus duserment, tel que l’entendaient les pharisiens, porta lesesséniens à reluser absolument de jurer, en dehors duserment de fidélité par lequel ils se liaient à leur secte*Josèphe, Ant. jud., XV, x, 4; Bell, jud., II, viii, 6, 7.

H. Lesêtre.

1. JUSTE (’Ioûo-toî; Vulgate: Justus), surnom d’originelatine donné à trois personnages du Nouveau Testamentqui avaient mérité sans doute d’être appelés justesà cause de leurs vertus: 1° Joseph Barsabas, qui fut missur les rangs avec saint Matthias, pour remplacer letraître Judas, Act., i, 23; 2° un certain Tite, chez lequelsaint Paul logea à Corinthe, Act., xviii, 7, et 3° un Juifconverti, du nom de Jésus, qui aida saint Paul dans sonapostolat. Col., iv, 11, Voir ces trois noms.

H. Lesêtre.

2. JUSTE (hébreu: yâsâr, çaddiq; Septante: eùûûç,S[ts(j.wTo «, Sixaioç; Vulgate: reclus, justus), celui quipratique la justice, dans les diverses acceptions de cemot. Voir Justice.

1° Le juste est tout d’abord celui qui obéit fidèlementaux lois de l’équité, pour rendre à chacun ce qui lui estdû. Les hommes et les choses méritent le nom de justesou d’injustes suivant leuV conlormité ou leur oppositionà ces lois. Lev., xix, 36; Deut., xvi, 19; xxv, 1, 13;Jud., xi, 27; III Reg., xxiv, 18; Job, xxviii, 5; Prov.,vm, 15; xvi, 11; Is., i, 26, etc. — Dieu est excellemmentjuste dans tous ses rapports avec ses créatures, dans sesjugements, dans les châtiments qu’il inflige, etc. Deut., ,xxxil, 4; Job, xxxiv, 17; Ps. cxix (cxviii), 137; Is.,xxiv, 16; Jer., xii, 1; Lam., 1, 18; Dan., ix, 14; II Par.,xii, 6; II Esd., ix, 8, etc. Cette idée revient sous milleformes dans la Sainte Écriture. Notre-Çeigneur appellesonPère «Père juste». Joa., xvii, 25.

2° Le juste est le plus ordinairement l’homme obéissantà Dieu, par conséquent rendant à Dieu ce qui luiest dû en honneur, en fidélité et en amour. Gen., vi, 9;xviii, 23-28; Num., xxiii, 10; I Reg., xxix, 6; Job, i, 1,8; viii, 6; xii, 4; Ps. v, 13; Prov., ii, 21; iii, 32; x, 3;Eccle., vu. 20; Sap., ii, 10, etc. — 1. Le juste par excellence,c’est le Fils de Dieu incarné. Isaïe, xii, 2; Xlv,8; li, 5; lui, 11; lxii, 1, 2, aime à le désigner sous cenom. Jérémie, xxiii, 5, l’appelle le «germe juste», etZacharie, ix, 9, le «roi juste». C’est aussi le nom quelui donnent la femme de Pilate, Matth., xxvii, 19, Pilatelui-même, Matth., xxvii, 24, le centurion du Calvaire,Luc, xxiii, 47, saint Pierre, Act., iii, 14, saint Etienne,Act., vii, 52, saint Jacques, v, 6, et saint Jean. I Joa., ii, 1;Apoc., lv, 5. — 2. Les justes en général sont tantôt les Israélites,Judith, x, 8; Esth., xi, 7, 9; Ps. cxi (ex), 1; Sap.,xviii, 5; Lam., iv, 13; tantôt les chrétiens, I Cor., xv, 34,qui vivent de la toi, Rom., i, 17; Gal., iii, 11; Hebr., x,38, voir Justification; tantôt enfin ceux qui ont atteintl’éternité bienheureuse. Ps. lxix (lxviii), 29; Sap., iii, 7;v, 1, 16; Matth., xiii, 49; xxiii, 39; xxv, 37; Luc, xiv,14. — 3. Le titre de «juste» est spécialement attribuéà certains personnages: Abel, Matth., xxiii, 35; Hebr., .xi, 4; Noé, Gen., vi, 9; Eccli., xuv, 17; Lot, II Pet., n.

1873

JUSTE — JUSTES (LE LIVRE DES)

1874

7; Joseph, fils de Jacob, Sap., x, 10, 13; Tobie, Tob., ix.9; les parents de Susanne, Dan., xiii, 3; saint Joseph,Matth., i, 19; le vieillard Siméon, Luc, ii, 25; saint Jean-Baptiste,Marc, vi, 20; Joseph d’Arimathie, Luc, xxiii,50, et le centurion Corneille. Act., x, 22.

H, Lesêtre.

3. JUSTES (LE LIVRE DES) (hébreu: èêfér ha-ydSâr;Septante: BtfjXfovToOsùfîoûç; Vulgate: Liber justorum),livre perdu de l’Ancien Testament, qui n’est mentionnéexplicitement que dans deux passages de l’Écriture. Jos.,x, 13; II Reg., i, 18. Les Septante ne le mentionnentqu’une fois, II Reg., i, 28. La Peschito a traduit Jos., x,13, par féSbhôlo’sêfrô’, «livre des louanges,» et dansII Reg., i, 18, au lieu de yâsâr, «juste,» elle a lu’dsîr, «cantique,» eta traduit par sfâr’dsir, «livre du cantique.»

I. Existence du livre.

On a émis bien des opinionssur l’existence du Yâsâr. Le Targum l’appelle c lelivre de la loi». Des rabbins juifs se sont appuyés surcette dénomination pour l’identifier avec l’un ou l’autredes livres actuels de la Bible. Ainsi R. Jarchi soutintque le Yâsâr est le livre même de la Loi; d’après lui,Jos., x, 13, viserait Gen., xlvhi, 19, et la prédictionfaite dans ce dernier passage par Jacob à Éphraïm nese serait réalisée que par la victoire de Josué et le miraclequi l’accompagna. — Pour R. Éliézer, le YâSârest notre Deutéronome actuel; pour soutenir cette thèse,il s’appuyait sur Deut., vi, 18; xxxiii, 7; dans le premierde ces passages, l’hébreu porte, x, 18°: ’âsîfâ hayâsâr, «fais ce qui est juste;» dans le second, 7 b, ilest question de combats que soutiendra Juda pour la défensede son peuple, ce qui se serait réalisé dans Jos.,x, 13°. — R. Samuel ben Nahman identifiait le YâSâravec le «livre des juges»; la raison paraît avoir étéqu’il appartenait aux Juges d’Israël de rendre la justiceet de faire toujours» ce qui est juste». Cf. Smith, Dictionaryof the Bible, t. i, in-8°, Londres, 1863, p. 932.

— Des auteurs chrétiens ont suivi cette même orientation.Saint Jérôme identifia le YâSâr avec la Genèse;expliquant l’étymologie du mot «Israël», qui signifierait «juste de Dieu», yâsâr’êl, il déclare que la Genèseest appelée le «Livre du juste», parce qu’elle contientl’histoire des justes Abraham, Isaac et Israël. In Is.,XLir, 2, t. xxiv, col. 435. Ct. aussi In Ezech., viii, 3, 4,t. xxv, col. 170. — L’auteur des Qusest. kebraicæ (parmiles œuvres de saint Jérôme) ramène le YâSâr auxlivres de Samuel (I et II Reg.), parce que ces livrescontiennent l’histoire des justes Samuel, Gad et Nathan.In H Reg., i, 18, t. xxiii, col. 1346. — Aucune de cesopinions n’est fondée. Le YâSâr était un livre distinct,qui s’est perdu comme bien d’autres livres de l’AncienTestament. — Théodoret de Cyr l’avait bien compris:dans unendroitde ses œuvres, illaisse clairement entendreque le YâSâr, qu’il appelle: to B16Xiov ta eû[ps]6év,est une des sources du livre de Josué, In Jos., quæst.xiv, t. lxxx, col. 476; dans un autre endroit, il déclareque le «Livre du juste» et d’autres écrits prophétiquesfurent utilisés dans la composition des livres des Rois.In II Reg., quæst. iv, t. lxxx, col. 600. — À quelleépoque ce livre a-t-il disparu? On ne saurait le fixer.Quelques auteurs, R. Levi ben Gersham et Hottinger,pensent que le Yâsâr disparut, avec d’autres livres,durant la captivité. Mais cette opinion n’est pas prouvée.On pourrait peut-être soutenir, avec une certaineprobabilité, qu’il existait encore à l’époque de l’historienJosèphe. En effet, cet auteur racontant, Ant. jud.,V, I, 17, le miracle de Josué, déclare que le récit enest consigné dans des documents déposés dans le Temple.Toute la difficulté consiste à savoir si l’historienjuif lait allusion, dans ce passage, au YâSâr ou au livrede Josué lui-même. On ne peut le décider.

II. Caractère et contenu du livre.

On a fait surce sujet bien des conjectures. Certains auteurs ont émisl’hypothèse suivante: dans l’antiquité on écrivait les annales de tout ce qui méritait d’être conservé à la postérité;le Yâsâr aurait été une de ces annales; il aurait étéainsi appelé soit à cause de l’ordre et de la régularitéde sa rédaction, soit parce qu’il y était souvent questiondu peuple d’Israël, symbolisé par le juste. — G. Sanctius,Comm. in II Reg., in-f», Lyon, 1623, suppose que leYâsâr était une collection d’hymnes pieux, composés pardifférents auteurs; notre Psautier actuel aurait été compilésur cette collection; on a fait justement remarquerque cette hypothèse n’explique guère le titre du livre. —D’autres auteurs ont prétendu que le Yâsâr était unecollection de chants nationaux, ainsi appelée, parce queprobablement elle commençait par les mots: ’âz ydSîr, «alors chanta,» comme le cantique de Moise. Exod.,XV, 1 o. — D’autres ont soutenu que ce livre était unrecueil de chants à la gloire de tous les héros de la nation,dont les faits auraient été consignés dans le «Livredes guerres de Jéhovah». Num., xxi, 14 o. — PourGesenius, Thésaurus, p. 642, le Yâsâr était une anthologiede vieux chants hébraïques, ainsi appelée soit parcequ’elle contenait les louanges des hommes justes, soitpour un autre motif inconnu. — Certains auteurs ontmême pensé à une collection de préceptes moraux etpolitiques. — Une autre hypothèse a été émise parM. A. Loisy. Cl. Le monstre Rahab et l’histoire bibliquede la création, dans le Journal asiatique, juillet-août,

1898, p. 62-67. L’auteur du IIIe livre des Rois, dans latraduction des Septante, ayant rapporté, viii, 53, les parolesde Salomon après la dédicace du Temple, ajoute:oùx ïSoù a’JT<) fetpâmai èv pioLim xîjç wSîjç, «cela n’est-ilpas écrit dans le livre du cantique?» Wellhausen, DieComposition des Hexateuchs, 3e édit., in-8°, Berlin,

1899, p. 271, tut le premier à supposer qu’il s’agit là duYâSâr. Le traducteur grec aurait lii, sur son manuscrit, ’âSîr, «cantique,» pour yâsâr, «juste,» et auraitconséquemment traduit: «cela n’est-il pas écrit dansle livre du cantique?» au lieu de: «cela n’est-il pasécrit dans le livre du juste?» M. Loisy voit donc avecGunkel, Schopfung und Chaos in Vrzeit und Endzeit,in-8°, Gœttingue, 1895, et Wellhausen, un emprunt auYâSâr dans la strophe précédente placée dans la bouchede Salomon:

"HXtov l’iiiptazM Iv oùpavû* Kvptoç

etirs to0 otxoSo^aat ev yvo’çpa» ’oixoSô(j.Yi(TQV oîxbv (Lou, ot’xov eùicpsit» ) oaUTôitoû xaToixsïv in xaivém)T05,

et il essaie même d’en reconstituer le texte hébreu, quin’existe plus dans nos Bibles massorétiques. Le YâSâr,outre des pièces de David, aurait donc contenu unpoème de Salomon. Il conclut en émettant l’hypothèseque le Yâsâr était une anthologie poétique sous-jacenteaux plus anciennes sources en prose de l’histoire biblique.— Le D r Mercati propose une autre solution, Notedi letteratura biblicae cristiana antica, dans le 5e fasciculedes Studie testi, Rome, 1901. Voir Revue biblique,octobre 1901, p. 638. En s’appuyant sur un fragment dela 5* et de la 6e version des Hexaples d’Origène et sur unetranscription de saint Épiphane, il a reconstitué un textehébreu de Ps. i, 1, différent de celui de la Massore et supposéplus ancien. Cette restitution porte surtout sur lepremier mot du psautier; au lieu de: ’aSrê, «béatitudes,» «heureux,» il faudrait lire: yâSâr, «juste.» Cette restitutiontextuelle entraîne l’auteur à proposer, sous toutesréserves, une conjecture au sujet du Yâsâr: ce livre seraitune collection de chants dont le Psaume I er aurait été lapremière pièce et le premier mot de ce Psaume (j/ôSà» 1)aurait servi à désigner le livre entier, comme l’usages’en est établi pour d’autres livres de la Bible, parexemple les livres du Pentateuque, à l’exception desNombres. — On pourrait objecter contre cette conjecture:1° que la manière de désigner tes livres sacréspar le premier mot ne paraît pas remonter à une époque

très ancienne, aussi ancienne que le Ydsâr; 2° que la-première phrase du Psautier ressemblerait un peu à unetautologie. — Nous croyons donc qu’il vaut mieux s’enSenir à l’opinion la plus accréditée parmi les exégètescatholiques, et qui est d’ailleurs fondée sur le texte.D’après II Reg., i, 18, on voit que le Ydsâr contenaitune élégie intitulée L’arc, ainsi désignée parce qu’elletfait l’éloge de l’arc de Saùl et de celui de Jonathas; ilest dès lors permis de conclure que le Livre du justeétait vraisemblablement une collection de chants nationauxpopulaires, qui n’était jamais close, mais à laquelleon ajoutait, au fur et à mesure des circonstances, leschants les plus beaux et les plus remarquables. Cf. Vigouroux,La Sainte Bible polyglotte, t. ii, Paris, 1901,p. 455; Driver, Introduction, 7e édit., p. 121. La reconstitutionqu’en a tentée Donaldson, dans ses Fragmentaarchetypa carminum hebraicorum, Londres, 1854,n’est qu’une accumulation d’hypothèses sans preuves.

III. Bibliographie.

Outre les auteurs déjà cités, cf.J. G. kbicht, De libro Recti, dans Thésaurus novus theologico-philosophicus,in-f°, Leyde, 1732, t. i, p. 524-534;R. Lowth, De sacra poesi Hebrseorum, Gœttingue,1770, prsel. xxiii, p. 470-476; J. Hastings, À Dictionaryof the Bible, in-8°, t. ii, p. 550-551; Holzinger, Einleitungin den Hexateuch, in-8°, Fribourg-en-B., 1893,p. 228; Encyclopsedia britannica, 9e édit., t. xiv, p. 84;Ryle, The canon of the Old Testament, 2e édit., 1895,p. 19. W. R. Smith, The Old Testament, in the JewishChurch, 2e édit., 1892, p. 433; F. Risch, Literatur desalten Testaments, traduction allemande de l’ouvragehollandais de G. Wildeboer, De Letterkunde des oudenVerbonds, 1893, p. 73; Em. Kautzsch, Die heilige Schriftdes alten Testaments, Beilagen, p. 136; Driver, Introduction,p. 192. V. Ermoni.

    1. JUSTICE##

JUSTICE (hébreu: sedâqdh; Septante: ôtx «to(njv» i;Vulgate: justitia), vertu par laquelle on rend à chacunce à quoi il a droit.

I. En Dieu, la justice est un attribut en vertu duquel" il traite toujours ses créatures de telle manière qu’elles

n’aient aucune réclamation légitime à élever contre lui.Is., v, 16; lvi, 1; ux, 16, 17; Dan., ix, 7; Sap., v, 19;I Reg., xxvi, 23. De cette justice procèdent les bontésde Dieu envers Israël, Jud., v, 11; Ps. xxxvi (xxxv), 11;cm (en), 6, la protection qu’il assure aux faibles et auxopprimés, Ps. v, 9; xxii (xxi), 32; lxxxix (lxxxvhi), 17;xcviii (xcvn), 2, et le châtiment qu’il inflige aux coupables.Ps. xi (x), 8; Is., x, 22; xxviii, 17, etc. — Lesjustices de Dieu sont ses bienfaits, Jud., v, 11; I Reg.,311, 7; Ps. cm (en), 6; Mich., vi, 5, et quelquefois sescommandements, Ta SixaiiinaTa, justilite. Ps. xvii, 23(huqqôt); xviii, 9 quqqudîm); xlix, 16 (huqqim);ixxxviii, 32 (huqqôt); Rom., ii, 26, etc.

II. La justice, considérée par rapport à l’homme, peutêtre entendue dans plusieurs sens: 1° C’est la fidélité auxlois de l’équité, soit dans les jugements, Sap., i, 1, soiten général dans les rapports des hommes entre eux.Outre le nom de sedâqdh, Is., xxxii, 1, 16, 17; lx, 17,la justice est alors désignée par plusieurs autres mots: ’éméf, aktfisia, ventas, la vérité, l’accord du juge avecle droit, Prov., xxix, 14; Is., xvi, 5; Ezech., xviii, 8;Zach., vii, 9; mêSâr, e-JOutt)?, sequitas, la rectitude, lacontormité au droit, Ps. ix, 9; lviii (lvii), 2; lxx,(lxxiv), 3; xcviii (xcvii), 9; xcix (xcviii), 4; pelîlâh, lajustice à rendre, mot mal traduit par les versions, Is.,xvi, 3; et en chaldéen, din, le droit, xp foeic» judicia.Dan., iv, 34; vii, 22.

2° La justice est encore la pratique générale des vertusqui rendent l’homme agréable à Dieu, par conséquentl’obéissance à Dieu, la piété envers lui, la rectitudede la conduite. Dans ce dernier sens, la justices’appelle aussi sédéq, xh Si’xaiov, justum. La justice esth pratique des commandements. Deut., vi, 25. Dieu

impute à justice les actes qui l’honorent et lui plaisent,c’est-à-dire qu’il considère comme son serviteur fidèleet méritant celui qui les accomplit. Gen., xv, 6; Deut.,xxrv, 13; Ps. evi (cv), 31; I Mach., ii, 52; Rom., iv, 5;Jacob, ii, 23. David, III Reg., iii, 6, et tous les pieuxserviteurs de Dieu ont pratiqué la justice ainsi entendue.Isaïe l’oppose très souvent à la méchanceté et àl’impiété; il se plaint que de son temps elle manque ouest opprimée. Is., i, 21; v, 7; xxviii, 17; xlv, 8; xlvi,12; xlviii, 1; liv, 14; lviii, 2; lix, 4, 14, etc. Ézéchiel.m, 20; xxxiii, 12-19, explique les conditions et les effetsde cette justice: si le péché survient après elle, elle necompte plus et ne sert à rien; si au contraire elle survientaprès le péché, c’est le péché qui est effacé. Leslivres sapientiaux parlent continuellement de cette justice,pour l’opposer à l’impiété, indiquer les moyensde l’acquérir et vanter ses avantages pour ceux qui lapossèdent. Prov., x, 2; XI, 4, 6, 18, 19; xii, 28; xiii, 6;xiv, 34; xv, 5; xvi, 5, 12; xxi, 21; Sap., i, 15; v, 6; xv,3; Eccli., i, 33; ii, 1; iii, 32; iv, 33; xviii, 19; xx, 30;xxvi, 27. — Dans le Nouveau Testament, Noire-Seigneurproclame bienheureux ceux qui ont faim et soif de cettejustice, Matth., v, 6, et ceux qui souffrent persécution àcause d’elle. Matth., v, 10; I Pet., iii, 14. Il ne veut pasqu’on se contente d’une justice purement extérieure,Matth., v, 20; VI, 1, et il recommande à ses disciples dechercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice,c’est-à-dire le genre de vie qu’il vient montrer auxhommes et qui seul peut plaire à Dieu. Matth., vi, 33.Saint Paul effraya beaucoup Félix en lui parlant de cettejustice, de la chasteté et du jugement futur. Act., xxiv, 25.3° Dans saint Paul, la justice n’est plus seulement lapratique générale de la vertu, mais cette forme particulièrede vie que Jésus 1 Christ a apportée sur la terre. Cettejustice est produite dans l’âme par la justification. VoirJostificat/on. Elle ne vient pas de la Loi, Rom., iii, 21,ni des œuvres de la Loi, Gal., ii, 21; Phil., iii, 6, car ilest constant que la Loi n’a rien conduit à la perfection,Heb., vii, 19, et cette vie nouvelle est la perfection de lajustice. Cette justice de Dieu, communiquée à l’homme,vient de la foi en Jésus-Christ et de la grâcequ’il accorde,non plus aux Juifs seuls, mais à tous les hommes quiconsentent à la recevoir. Rom., iii, 22, 24; iv, 5; ix, 30;x, 4, 6, 10. Pour posséder cette justice, il faut doncvivre de la loi, Rom., i, 17; Gal., iii, 11; Hebr., x, 38,mais d’une toi accompagnée de l’obéissance à Jésus-Christcomme celle du serviteur à son maître. Rom.,vi, 16. Jésus-Christ seul est la source de cette justice parla grâce abondante et Je don gratuit qu’il accorde, Rom.,v, 18; c’est en lui que nous possédons cette justicedivine. II Cor., v, 21; Phil., i, 11; iii, 9. Cet enseignementde l’Apôtre ne fait que reproduire en d’autrestermes celui du Sauveur: «Je suis le pain de vie, … celuiqui croit en moi n’aura jamais soit… Voici la volontédu Père qui m’a envoyé: c’est que quiconque voit leFils et croit en lui ait la vie éternelle… De même queje vis par le Père, Sià tôv itatépa, ainsi celui qui memange vivra par moi, Si’èui,» par la vie que je lui communiquerai.Joa., vi, 35, 40, 58. <t Je suis la vigne, vousles branches; celui qui demeure en moi, et moi en lui,celui-là porte du fruit en abondance; car sans moi vousne pouvez rien faire.» Joa., xv, 5. La vie dont parle ainsile Sauveur est une communication de la sienne, la viesurnaturelle ou vie de la grâce. C’est la justice que décritsaint Paul, et dont il donne cette formule qui n’est qu’uneréplique des paroles reproduites par saint Jean: «Je vis,ou plutôt ce n’est pas moi, c’est le Christ qui vit en moi,et bien que je vive à présent dans la chair, je vis dansla foi du Fils de Dieu.» Gal., ii, 20. L’identité des formuleset la parité des causes et des effets montrent quela justice dont il est question dans saint Paul et la vieque promet Notre-Seigneur sont une seule et même

chose. -

H. Lesêtre.


JUSTIFICATION, acte qui a pour but de proclamerla justice de quelqu’un, ou pour effet de la produireen lui. — Ce mot est employé assez fréquemment parla Vulgate, à défaut d’autre terme, pour désigner lespréceptes divins: miSpâtim, <nJY x P l<rl ?i «rûv-a^t;,xpe’jiaTa, icpoorâ-j’fi.aTa, justificationes, Num., rx, 3, 14;II Par., XIX, 10; xxxiv, 31; huqqôf, SixattiptaTa, justificationes, Ps. cv (civ), 45; IMach., 1, 51; ii, 40; Luc, i,6; Hebr., ix, 1; dans le Psaume cxix (cxviii), cetteexpression revient jusqu'à vingt-neut fois pour traduirehuqqôt, les lois de Dieu. Dans Daniel, ix, 18, justifialiotraduit sedâqâh, Sixaiooiivri, «justice.» Mais l’emploipar la Vulgate de ce mot, qui appartient à la basselatinité, n’a été lait dans les sens précédents, que pourrendre des synonymes hébreux ou grecs dont le latin nepossède pas une variété suffisante.

I. Proclamation de la justice.

L’hébreu emploieordinairement l’hiphil: hisdiq, SixatoOi/, 5uohSxtoh, justificare, pour dire que l’on «rend juste» celui dont onproclame la justice; on le déclare juste, à tort ou à raison, et on fait en sorte qu’il soit tenu pour tel. La justice dont il s’agit alors est tantôt la simple équité ettantôt la pratique générale du bien. Ps. lxxxii (lxxxi),3; Is., xlv, 26; l, 8; Eccli., i, 28; v, 18; xxiii, 14; xxvi, 28;xxxi, 5; etc. — 1° Dieu est toujours «justifié», c’est-à-diretrouvé juste et équitable dans sa conduite à l'égard deshommes. Job, xl, 3; Ps. li (l), 6; Eccli., xviii, 1; Bar.,il, 17. La sagesse que prêche le Sauveur est justifiéepar ses disciples, Matth., xi, 19; Luc, vii, 35, et le Sauveur lui-même a été justifié, c’est-à-dire accrédité danssa mission divine auprès des hommes par l’Esprit.I T4m., iii, 16. — 2° En l’ace de Dieu, l’homme n’estjamais justifié, parce que, laible et pécheur, il méritetoujours quelque reproche. Job, iv, 17; ix, 2, 20; xi, 2;xxv, 4; xxxiii, 12; Ps. cxlih (cxlii), 2; Eccli., vii, 5;Rom., ii, 20. — 3° Dieu justifie le juste, c’est-à-direreconnaît et proclame sa justice, tandis qu’il condamnel’impie, III Reg., viii, 32; l’homme fait parfois le contraire, ce qui est une chose abominable. Prov., xvii, 15;Eccli., xiii, 26; xiii, 2; Is., v, 23. — 4° Se justifier,c’est montrer qu’on est juste. Job, xxvii, 6; Is., xliii,9, 26. — 5° La justification peut être quelquefois apparente ou trompeuse. Jérusalem justifie Sodome etSamarie, parce que les crimes de ces deux villes nesont rien à côté des siens. Ezech., xvi, 51, 52. Lespharisiens se justifient eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ilscherchent hypocritement à se faire passer pour justesen se donnant les apparences de la vertu. Luc, x, 29;xvi, 15.

II. Production de la justice.

Les deux verbeshisdiq et Ssxatoûv veulent encore dire «rendre juste»,produire en quelqu’un la justice. Cf. Buhl, Gesenius'Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 694; Bailly-Egger,Dict. grec-français, Paris, 1895, p. 510. — 1° On serend juste soi-même en pratiquant la vertu. Sap., vi,11; Eccli., 1, 18; XVIII, 22. Rendre juste son cœur,81x «(o0v, justificare, c’est le purifier, comme le marqueclairement le verbe zâkah, employé en hébreu. Ps.lxxiii (lxxii), 13. Il y a donc là une production intérieure et réelle de la justice. On se justifie, c’est-à-direon est juste devant Dieu, si l’on évite les paroles inutiles.Matth., xii, 37. Le publicain s’est justifié, s’est mis in-térieurement en état de justice par son humilité et sonTepentir. Luc, xviii, 14. Celui qui est juste doit continuer à se justifier, à pratiquer la justice, 8txato<n5vï)v-rcododâ™ STt, justificetur adhuc. Apoc, xxii, 11. —2° On rend justes les autres en leur faisant pratiquer lebien et en les mettant ainsi en état de plaire à Dieu.ï Ceux qui rendent justes un grand nombre d’hommes,masdiqê hâ-rabbîm, brilleront comme les étoiles.» Dan., xii, 3. La traduction grecque ne rend pas le sens:àxb tùv Sixoci’wv tûv 7roM.<5v, et la Vulgate l’affaiblit: quiad justitiam erudiunt multos. — Après avoir fait la

description des souffrances du Messie, Isaïe ajoute: «Par sa science mon serviteur juste justifiera (yasdîq,8exai(0(rai, justificabit) beaucoup d’hommes, et il sechargera de leurs iniquités.» Is., lui, 11. Le prophètemontre le Messie souffrant comme «blessé pour nospéchés…, frappé pour l’iniquité de nous tous». CeMessie nous donne la paix par le châtiment qui tombesur lui, il nous guérit par ses meurtrissures, il livre savie en sacrifice pour le péché. C’est donc un Messiequi prend sur lui le péché de l’homme, l’expie par samort et, à la place du trouble et de la maladie de l'âme,lui donne la paix et la guérison. La justification qu’ilcommunique comporte ainsi la disparition du péché,dont lui-m&me paie la dette, et la santé de l'âme, sonexcellent état aux yeux de Dieu. Le Sauveur «rendjuste» réellement et intrinsèquement; sa justificationn’est pas une simple imputation ni une sorte de grâcequi oublie le péché sans le faire disparaître, c’est lasubstitution même de la vie à la mort. Il est vrai queles verbes employés dans les trois langues ne peuventpas, par eux-mêmes, exprimer toute la réalité de cechangement; mais pour représenter un effet tout nouveau et que Dieu seul peut produire, on était bienobligé de se servir des mots les plus appropriés, bienqu’encore imparfaits. — 3° La justification ainsi annoncée par Isaie est longuement expliquée par saint Paul,particulièrement dans ses Épitres aux Romains et auxGalates. Il commence par établir que tous, Juifs et gentils, sont sous l’empire du péché, Rom., iii, 9, 23, de cepéché que le Messie Sauveur a porté et pour lequel il aété frappé, d’après Isaïe, lui, 8, 12. Les Juifs comptentque les œuvres de leur loi, qu’ils accomplissent d’ailleurs si mal, Rom., ii, 17-24, suffiront à les rendre j ustes;il n’en est rien. Rom., iii, 20. Qu’il y ait ou non desœuvres accomplies pour obéir à la loi mosaïque, seulela foi en Jésus-Christ justifie l’homme. Rom., iii, 20,28; Gal., ii, 16. C’est en effet la foi en Dieu qui a justifié Abraham, le père de tous les vrais croyants, d’origine juive ou étrangère; or cette foi qu’il a eue dans lapromesse que Dieu lui taisait d’une nombreuse postérité, était antérieure à la circoncision, par conséquentà l’alliance qui le constituait le père de la race israélite.Rom., iv, 10-22. Les œuvres prescrites par la loi deMoïse, la circoncision elle-même n’ont donc été pourrien dans sa justification. — Cette foi requise pour lajustification n’est-elle que l’adhésion de l’esprit à certaines vérités, telles que la divinité du Sauveur ou l’efficacité de sa rédemption? Il n’en est pas ainsi poursaint Paul. «Regardez-vous comme morts au péché, maisvivants pour Dieu dans le Christ Jésus,» dit-il. Rom.,vi, 11. «Le corps est mort par le péché, ajoute-t-il,mais l’esprit est vie par la justice.» Rom., viii, 10. Lajustice produite par la justification est donc une vie, etqui dit vie ne dit pas seulement croyance. Voir Justice,ii, 3°. L’Apôtre donne comme type de cette vie de la foiqui justifie la vie ressuscitée de Notre-Seigneur: «Il aété livré pour nos péchés, il est ressuscité pour notrejustification,» Rom., iv, 25, non pour produire cettejustification qui est le résultat direct de sa mort, maispour fournir le modèle de ce qu’elle doit opérer ennous, «afin que nous marchions dans une vie nouvelle.» Rom., vi, 4. — Cette justification est un don dela grâce de Dieu, dont la bonté gratuite peut seule rendre juste. Rom., v, 16; I Cor., vi, 11; Tit., iii, 6, 7.Elle se manileste en nous par des effets multiples, lapaix, l’espérance, la patience dans l'épreuve, Rom., v,1-5, l’adoption divine qui élève l’homme à la dignitéd’enfant de Dieu et lui donne droit à l’héritage paternel.Rom., viii, 15, 17. Enfin elle est universelle et mise àla portée de tous les hommes sans exception. Rom., v,18, 19; Gal., iii, 8. — 4° Saint Jacques, ii, 14-26, donne, un dernier éclaircissem*nt sur la doctrine de la justification: «Que servira à quelqu’un de dire qu’il a la

foi, s’il n’a pas les œuvres? La foi pourra-t-elle le sauver?… De même que le corps sans l’esprit est mort,ainsi la toi sans les œuvres est morte. «Mais ici lesœuvres qu’il faut ajouter à la toi, pour la rendre capablede justifier et de sauver, ne sont pas les œuvres dontsaint Paul a proclamé l’inutilité, les œuvres spécialementcommandées aux Juifs par la loi mosaïque,comme la circoncision, les diverses observances rituelles,etc. Ce sont les œuvres de la loi morale, antérieureà la loi mosaïque et indépendante d’elle. SaintJacques emprunte lui aussi son exemple à Abraham:le patriarche a été justifié par une œuvre d’obéissancequi a complété et vivifié sa foi, le sacrifice de son filsIsaac; saint Paul attribuait la justification à la foid’Abraham indépendamment de la circoncision, maisn’excluait nullement les œuvres morales. Saint Jacquesapporte deux autres exemples, l’un positif: Rahab justifiéepar les services rendus aux envoyés de Josué,l’autre négatif: le riche qui ne donne rien au pauvreque d’inutiles et dérisoires conseils. L’Apôtre, qui avaitsans doute en face de lui des partisans de la justificationpar la toi seule, leur adresse cette observation quirésume tout: «Montre-moi ta foi sans les œuvres, etmoi je te montrerai ma foi par les œuvres,» ce quirevient à dire que la foi qui n’agit pas ne peut semontrer ni exister à l’état vivant, tandis que les œuvresprouvent d’elles-mêmes la foi dont elles procèdent,comme l’arbre manifeste et utilise sa sève de vie enproduisant ses fruits. Cf. Dollinger, Le christianisme

et l’Église, ’trad. Bayle, Tournai, 1863, p. 245-282.Saint Paul avait incontestablement la même idée quesaint Jacques. Si sa conviction eût été que la loi justifiesans les œuvres morales, pourquoi, sans parler de sesautres Épitres, aurait-il terminé son Épitre aux Romains,xii, 1-xv, 13, par tant de recommandations surla charité, le zèle, la patience, l’hospitalité, le pardondes injures, l’obéissance, la pureté, la tolérance, etc.?A quoi bon ces exhortations, si la foi suffit à elle seule?

— 5° En réalité, l’enseignement des deux apôtres procèdede celui de NotreSeigneur qui a réclamé la foide ses disciples, Joa., vi, 29, mais qui leur a en mêmetemps prescrit les œuvres. Matth., v, 16; Joa., xv, 2. Lesdeux sont nécessaires à la justification et au salut. «Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé,» Marc, xvi, 16, non cependant sans les œuvres, car, audernier jour, Dieu «rendra à chacun selon ses œuvres». Matth., xvi, 27; xxv, 35-45. C’est pourquoiJésus-Christ dit un jour aux Juits: «Le royaume deDieu vous sera enlevé et sera donné à une nation quien rendra les fruits.» Matth., xxi, 43. — Saint Jean àson tour trouva en face de lui ceux qui persistaient àpromettre la justification et le salut par la foi seule,qu’ils entendaient à leur façon et appelaient alors la «gnose». Aussi insiste-t-il sur ce principe que, pourêtre juste, pour être né de Dieu, il faut «pratiquer lajustice», I Joa., ii, 29; iii, 7, 10, c’est-à-dire croire etagir conformément à sa loi.

H. Lesètre,

K

K. On transcrit ordinairement aujourd’hui par k la lettre hébraïque caph ou kaf. Voir Caph, t.II, col.200. La Vulgate l’a rendue tantôt par ch, comme dans Chanaan, hébreu: Kena‘an; Chabul, hébreu: Kâbûl, I (III) Reg., IX, 13, et tantôt par c, comme dans Cabul, hébreu: Kâbûl, Jos., XIX, 27; corus (mesure), hébreu: kôr; Caleb, hébreu: Kâlêb; Cenereth, hébreu: Kinnéréf, etc. Les Septante l’ont transcrit ordinairement par χ: Χαναάν; quelquefois par κ: Κενερώθ.

KABBALE, ensemble de doctrines dogmatiques, philosophiques et symboliques, que les anciens Juifs se transmettaient par voie de tradition. Ce mot vient de qabbâlâh, employé dans la Mischna, Taanith, II, 1, avec le sens de «tradition», chose transmise et reçue par tradition. Cf. Zunz, Die gottes&shy; dienstlichen Vorträge der Juden, 1832, p.44. Qabbâlâh vient lui-même du pihel hébreu: qibbêl, «recevoir» l’instruction. Prov., XIX, 20.

I. Histoire de la kabbale.

1o Les Juifs ont fait remonter l’origine de la kabbale, les uns à Adam lui-même, qui aurait reçu des révélations d’un ange, les autres à Abraham et aux patriarches. On croit communément que la kabbale a pris naissance pendant l’exil de Babylone. D’après le IVe livre apocryphe d’Esdras, xiv, 44-47, Esdras aurait écrit en quarante jours deux cent quatre livres, dont soixante-dix ne devaient être mis qu’aux mains des sages. Saint Hilaire, Tract. in Psalm., II, 2, t.ix, col.262, dit que Moïse, outre les livres écrits par lui, «fit connaître à soixante-dix vieillards, pris à part, certains mystères plus secrets parmi les choses cachées de la loi.» De cette première révélation, ajoute le saint Docteur, seraient dérivées la tradition spirituelle et la science occulte mises à profit par les savants juifs. Rien ne s’oppose à ce qu’on admette, chez les Hébreux, certaines traditions doctrinales transmises oralement, et servant à expliquer plus ou moins authentiquement des passages de la Sainte Écriture. Toujours est-il que ces traditions subirent fortement l’influence de doctrines étrangères, inconciliables avec la révélation contenue dans les Livres Saints, et finirent par constituer un singulier «mélange de spéculations profondes et de croyances superstitieuses, de haute sagesse et d’extravagances». Munk, Palestine, Paris, 1881, p.519.

2o La doctrine kabbalistique fut rédigée par écrit dans trois livres principaux. Le Zohar, «éclat,» aurait été commencé, vers l’an 121, par le rabbin Siméon ben Jochaï, disciple d’Akiba, et continué par d’autres. Il prend pour thème l’explication symbolique du Pentateuque. Le Jezirah, livre de la «création», aurait pour auteur Abraham, ou pour le moins Akiba. Enfin le Bahir, «splendide,» serait antérieur à la destruction du Temple. Toute cette littérature serait tombée dans un complet oubli durant plusieurs siècles, mais un manuscrit de ces livres fut retrouvé dans la première moitié du XIXesiècle. Au siècle suivant, Pic de la Mirandole et Paul Ricci commencèrent à exploiter les livres kabbalistiques, pour en tirer, contre les Juifs, des preuves en faveur de la divinité du christianisme. Cette œuvre a été reprise, au siècle dernier, par le rabbin converti, le chevalier Drach, dans son ouvrage De l’harmonie entre l’Église et la Synagogue, Paris, 1844.

En réalité, les trois principaux écrits kabbalistiques auraient une origine beaucoup plus récente. Le Jezirah a dû être écrit le premier, entre le VIIIe et le IXesiècle; le Bahir l’aurait été entre le XIe et le XIIe, et ensuite serait venu le Zohar, qui ne commence à être cité qu’au XIIIesiècle, et dont la composition est attribuée à différents auteurs, tels qu’Isaac l’Aveugle, qui vivait à Beaucaire au XIIesiècle, Moïse de Léon, qui écrivait en Espagne vers 1300, etc. L’examen intrinsèque de ces livres démontre qu’ils n’ont pu être rédigés, au moins pour certaines de leurs parties, antérieurement aux époques assignées. Cf. Jellinek, Beiträge zur Geschichte der Kabbala, Leipzig, 1852, t.II, p.73; Kraus, Histoire de l’Église, trad. Godet, Paris, 1894, t.II, p.314; Karrpe, Étude sur les origines et la nature du Zohar, Paris, 1901, p.167, 256, 307-322.

3° Il est à peu près impossible de démêler maintenant, dans les écrits kabbalistiques, ce qui représente une tradition vraiment ancienne et autorisée, et ce qui n’est dû qu’aux rêveries de ses rédacteurs ou de ses plus modernes inspirateurs. La kabbale est une systématisation dans laquelle se manifeste une opposition nettement marquée au Talmud, à la Mischna, à la partie législative du judaïsme et au rationalisme. Elle subordonne entièrement la raison aux spéculations de la contemplation et aux combinaisons artificielles des lettres et des nombres. La kabbale ne renie rien du passé biblique; mais elle l’explique par des principes tout nouveaux et, au besoin, y mêle certains éléments chrétiens. D’après le Zohar, les mots et les récits de l’Écriture sont historiquement exacts; mais ils constituent en même temps des symboles de vérités d’ordre supérieur. C’est avec la prétention d’interpréter authentiquement les Écritures et d’en révéler le sens caché, que les kabbalistes expliquent la création dans le sens d’une émanation panthéiste, et font rayonner successivement les différents mondes de l’être absolu. Cf. Karppe, Étude sur les origines et la nature du Zohar, p.251-255, 356-360. Ils enseignent encore la déchéance des esprits et des âmes humaines, le Messie à venir, la restauration de l’univers, etc. Pour donner crédit à toutes ces idées, les rédacteurs de la kabbale les ont mises sous le nom de personnages anciens. Les kabbalistes ajoutèrent à leurs spéculations des théories et des pratiques diverses d’astrologie, de magie, de chiromancie, d’ornithomancie, etc. De là, leur mauvais renom et le sens de menées secrètes et suspectes donné aux mots «cabale» et «cabaler».

4o On a cherché à mettre quelque ordre dans cet ensemble de spéculations, afin de s’y reconnaître, et l’on a divisé la kabbale en deux parties, l’une théorique et l’autre pratique. Une meilleure méthode permet d’y constater une partie symbolique ou exégétique, une partie positive ou dogmatique, s’occupant des anges, des démons, des visions d’Ézéchiel, etc., enfin une partie spéculative ou métaphysique, traitant du néant, de la création, des dix attributs de Dieu, de l’homme, etc. La première de ces trois parties doit seule nous arrêter ici.

II. Procédés exégétiques de la kabbale. — L’exégèse kabbalistique part de ce principe, essentiellement arbitraire, que la Sainte Écriture, outre le sens qu’expriment les mots, a d’autres sens mystérieux et plus profonds qui se cachent dans les lettres elles-mêmes, et que seuls les initiés savent découvrir. Trois procédés conduisent à cette découverte.

1o La Themûrâh, «substitution,» de mûr, «changer,» consiste à remplacer chaque lettre de l’alphabet par une lettre correspondante, suivant certaines conventions. Dans l’athbasch, la première lettre, א, est remplacée par la dernière, ת, la seconde, ב, par l’avant-dernière, ש, etc. Voir Athbasch, t.i, col. 1210. Dans l’albam, on remplace la première lettre, א, par la douzième, ל, la seconde, ב, par la treizième, מ, etc. La Themura, qui tire son nom d’un mot hébreu, paraît remonter à une assez grande antiquité.

2o La Gematria, de γεωμετρία, «mesure du sol,» traite les lettres au point de vue de leur valeur numérique et en tire de multiples conséquences. Pour la valeur numérique des lettres, voir Nombres. Ainsi le premier et le dernier verset de la Bible hébraïque, Gen., I, 1; II Par., xxxvi, 23, contiennent chacun six א, première lettre du mot ’éléf, qui veut dire «mille»; donc le monde durera six mille ans. La valeur numérique des deux premiers mots de la Genèse, ber’èšîṭ bârâ’, est de 1116, la même que celle des lettres de ces trois mots: bero’š hašânâh nibrâ’, «il a été créé au commencement de l’année;» donc le monde a été créé au début de l’année civile des Hébreux, à l’équinoxe d’automne. Les lettres du mot mâšiaḥ, «oint,» et celles du mot nâḥâš, «serpent,» donnent un même total de 358; donc le Messie se mesurera avec Satan et l’emportera sur lui. Le nuage léger, ‘âb qal, sur lequel est porté Jéhovah, Is., XIX, 1, vaut 202; le fils, bar, qu’il faut adorer, Ps. II, 12 (Vulgate: disciplinam), représente aussi 202; l’échelle, sullâm, de Jacob, Gen., XXVIII, 12, vaut 130; si on y ajoute la valeur numérique du nom divin, יהוה, Yehôvâh, qui est de 72, on a encore 202; de là d’admirables conclusions sur la nature du Fils, qui porte sur lui la divinité, comme le nuage léger, et unit l’homme à Dieu, comme l’échelle de Jacob. En somme, l’égalité des nombres représentés par les lettres permet de conclure à l’équivalence des idées, des objets ou des personnages. Ces théories numériques sont anciennes. Elles sont signalées chez les gnostiques par saint Irénée, qui les réfute, Adv. hær., I, XIV, 2; II, xxv, 1, t.vii, col. 597, 798, et par l’auteur des Philosophumena, vi, 43, t.xvi, col.2363.

3o Le Notaricon, de nota, «indication,» prend chaque lettre d’un mot comme l’initiale d’un autre mot, où les initiales des mots d’une phrase comme les éléments d’un seul mot. Ainsi le premier mot de la Genèse, ber’èšîṭ, devient le principe des mots suivants: bârâ’, il a créé, râqîa‘, firmament, ’éréṣ, terre, šamayim, cieux, yâm, mer, tehôm, abîme, ce qui constitue une proposition d’une justesse incontestable. Du même mot, on a tiré la formule suivante du mystère de la Sainte Trinité: bên, Fils, rûaḥ, Esprit, ’âb, Père, šelšâh, trois, yeḥîdâh, unité, tâmâh, parfaite. Les trois lettres du nom d’Adam, אדם, commencent les trois noms d’Adam, de David et du Messie, ce qui indique que le Messie sera fils d’Adam et de David. Réciproquement, les initiales des quatre mots: mî ya‘ăléh-lânû haš-šâmayemâh, «qui nous conduira au ciel?» Deut., xxx, 12, composent le mot mîlâh, «circoncision,» et fournissent une excellente réponse au point de vue Israélite. Avec les finales des trois mots: bârâ’’Élohîm la‘ăṣô, «Dieu créa pour faire,» Gen., II, 3, onṭ obtient le mot ’ĕmêṭ, «vérité,» qui marque excellemment le terme de l’action divine.

En réalité, ces combinaisons littérales et cette valeur prêtée à de simples lettres n’ont rien que de puéril, d’imaginaire et de stérile. Les quelques exemples que nous venons de citer suffisent à le montrer. Si le nombre 358, commun au nom du Messie et à celui du serpent, prouve que le Messie vaincra le serpent, il prouve tout aussi logiquement le contraire, et même, si l’on veut, que le Messie ne sera autre que le serpent. Si, par le mot ber’èšîṭ, on démontre que les trois personnes de la Sainte Trinité forment une unité, yeḥîdâh, parfaite, on peut conclure, avec non moins de raison, qu’elles forment aussi une autruche, yâ‘ên, parfaite, etc. Certains apologistes ont pu légitimement chercher dans les élucubrations kabbalistiques l’expression de croyances anciennes conformes à celles du christianisme. Mais, si ces formules représentent exactement l’état des idées juives, à l’époque où elles ont été composées et transcrites, et si cette constatation peut servir d’argument traditionnel pour convaincre certains esprits, il n’en est pas moins incontestable que les procédés à l’aide desquels les kabbalistes ont établi ces formules n’ont absolument rien de logique ni de sérieux. Il suit de là que l’exégèse biblique n’a pas le moindre profit à tirer de la kabbale.

Sur la kabbale, voir Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, iii, 5, Rotterdam, 1685, p.374; Azariel (le premier des kabbalistes), פרוש עשר ספירות, Pêrûš ‘éṡér Sefîrôṭ, Commentaire des dix Sephiroth, par demandes et réponses, publié à Varsovie en 1798 et à Berlin en 1850; Fr. Buddée, Introductio ad histor. philosophiæ Hebræor., Halle, 1720; A. Franck, La Kabbale ou la philosophie religieuse des Juifs, Paris, 1843, 2e édition, 1889; Drach, De l’harmonie entre l’Église et la synagogue, t. II, p.xv-xxxvi; Ad. Jellinek, Moses ben Schem-Tob de Leon und sein Verhältniss zum Zohar, Leipzig, 1851; id., Beiträge zur Geschichte der Kabbala, Leipzig, 1852; Ginsburg, Die Kabbalah, in-8o Londres, 1865; Ed. Reuss, Kabbala, dans Herzog, Real-Encyklopadie, 2eédit., t.vii, 1880, p.375-390; Munk, Palestine, Paris, 1881, p.519-526; L. Wogue, Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique, in-8o, Paris, 1881, p.271-276; Cornely, Introduct. in U. T. libros sacros, Paris, 1885, t.I, p.599-602; S. Rubin, Heidenthum und Kabbala ihrem Ursprung wie ihrem Wesen nach dargestellt, in-8o, Vienne, 1893; K. Kiesewetter, Der Occultismus des Altertums, in-8o, Leipzig, 1896; S. Karppe, Étude sur les origines et la nature du Zohar, précédé d’une étude sur l’origine de la Kabbale, in-8o, Paris, 1901.

H. Lesêtre.

KADIM, nom du vent d’est en hébreu. Voir Qadim.

KAL, nom donné à la première conjugaison du verbe hébreu. Voir Hébreu, iii, 2o, 1, col.495.

KALISCH Marius Moritz, commentateur israélite, né à Treptow en Poméranie, le 16 mai 1828, mort à Baslow-Rowsley (Derbyshire), le 25 août 1885. Né de parents juifs, il étudia à Berlin et à Halle. Il quitta l’Allemagne pour l’Angleterre à la suite des mouvements révolutionnaires de 1848. Il s’établit à Londres où il fut d’abord secrétaire du grand rabbin de cette ville, puis, en 1853, précepteur des enfants du baron Lionel de Rothschild. Il commença avec leur aide les publications exégétiques qui remplirent le reste de sa vie. Son œuvre principale est son Historical and critical Commentary on the Old Testament, 4 in-8o, Londres, 1855-1872 (ouvrage resté incomplet). Le volume sur l’Exode parut en 1855, celui qu’il consacra à la Genèse en 1858; les deux dans lesquels il explique le Lévitique parurent en 1867 et 1872. La maladie l’arrêta en 1873, et il ne publia depuis cette époque que deux autres volumes exégétiques sous le titre de Bible Studies, Part I. The Prophecies of Balaam, in-8o, Londres, 1875; Part II. The Book of Jonah, in-8o, Londres, 1877-1878. En 1862-1863, <! -- 1863 déplacé à la page précédente -->il avait fait paraître en deux parties A Hebrew Grammar, dont la première partie, revue, a eu une seconde édition en 1875. Par ces diverses publications, il acquit en Angleterre la réputation de savant hébraïsant. Son commentaire du Pentateuque est rationaliste. — Voir S. Lee, Dictionary of national Biography, t.xxx, 1892, p. 237.

F. Vigouroux.

KARAÏTE, juif adhérant à la secte du karaïsme. Voir Caraïte, t.ii, col.242.

KAREM, aujourd’hui Aïn Karem. Voir Carem, t.ii, col.260.

KARKOR (hébreu: haq-Qarqôr, avec l’article; Septante: Καρκάρ), nom du lieu où étaient campés les restes de l’armée de Zébée et de Salmana, battus, par Gédéon, lorsqu’ils furent surpris, après leur fuite, par ce juge d’Israël. La Vulgate a pris ce mot pour un verbe et l’a traduit par requiescebant, «ils se reposaient;» mais il n’est pas douteux qu’il désigne une localité: «Zébée et Salmana étaient à Karkor.» Jud., viii, 10. D’après le récit de l’historien sacré, Karkor était situé à l’est du Jourdain, au delà du territoire habité par les tribus transjordaniques, dans les déserts où les nomades dressaient leurs tentes, à l’est de Noba et de Jegbaa (col. 1218). Malheureusem*nt le site de Noba est incertain (voir Noba) mais comme Jegbaa est l’el-Djubeihat actuel au nord-ouest d’Amman (voir la carte de Gad, col. 28), c’est à l’est qu’était certainement Karkor, quoiqu’on n’ait trouvé encore aucune trace de son nom dans cette région. Les deux rois de Madian qui s’étaient arrêtés dans ces parages, étaient là assez loin du pays d’Israël pour se croire en sécurité et à l’abri de toute poursuite: il fallut l’énergie et l’activité de Gédéon pour les y atteindre. — Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., édition Larsow et Parthey, 1862, p.252-253, placent Karkor à une journée de marche au nord de Pétra, parce qu’il y avait là, de leur temps, une place forte appelée Carcaria, mais il est difficile d’admettre que Gédéon eût pu poursuivre ses ennemis si loin vers le sud. — Quant à l’identification proposée par quelques-uns de Karkor avec le Characa du II Mach., xii, 17 (voir Characa, t. ii, col. 577), on ne saurait l’établir, et moins encore celle de Karkor avec Kir-Moab, le Kérak actuel, quoiqu’elle ait été également admise par certains interprètes: le récit suppose que les fugitifs étaient plus loin que le pays de Moab.

F. Vigouroux.

KEIL Friedrich Johann Karl, exégète protestant allemand, né le 26 février 1807 à Œlnitz, en Saxe, mort à Rodlitz, prés de Lichtenstein en Saxe, le 5 mai 1888. Il étudia la théologie à Dorpat et à Berlin (1827-1833). Il passa ensuite 5 ans à l’université de Dorpat comme Pnvaidocent. En 1838 il obtint une chaire de théologie à la même université. En 1858, il se retira à Leipzig. Élève de E. W. Hengstenberg, Keil a été l’écrivain le plus fécond de l’école «orthodoxe», fondée par son maître. Il s’était attaché aux doctrines de l’ancien luthéranisme, dont il se préoccupait continuellement dans ses commentaires. Cf. Tûbinger Theolog. Quartalschrift, 1878, p.366. Il était exégète croyant et conservateur. Keil a été, parmi les protestants contemporains, un de ceux qui se sont laissé le moins influencer par les principes du rationalisme. Voici la liste de ses ouvrages: Apologetischer Versuch ûber die Bûcher der Chronik und ûber die Integritât des Bûches Esra, in-8°, Berlin, 1833; Biblisch-Archâologische Untersuchung ûber die Hiram Salomonische Schifffahrt nach Ophir und Tarsis, dans les Dorpater Beitrâge zur theologischen Wissenschaft, in-8°, Dorpat, 1834; Der Tempel Salomo’s: Eine archâologische Untersuchung, in-8°, Dorpat. 1839; Apologia Mosaicse trad.tionis de mundi hominumque originibus exponentis; Commentatio: in-4°, Dorpat, 1839; Kommentar ûber die Bûcher der Kônige, in-8°, Moskau, 1846; Kommentar ûber das Buch Josua, in-8°, Erlangen, 1847; Lehrbuch der historisch-kritischen Einleitung in die kanonischen Schri/tendes AUen Testamentes, in-8°, Francfort-s.-M., 1853; Lehrbuch der hist.-krilischen Einleitung in die kanonischen und apokryphischen Schnften der Alt. Test., 2e édit., in-8°, Francfort, 1858; 3e édit., in-8 «, Francfort, 1873; Handbuch der biblischen Afchâologie, in-8°, Francfort-s.-M., et Erlangen, 1858-1859; 2e édit., Francfort-s. -M., 1875; traduit en anglais, 2 in-8°, 1887-1888; Biblischer Kommentar ûber Genesisund Expdus, in-8°, Leipzig, 1861; 2e édit., Leipzig, 1866; 3e édit., Leipzig, 1878; Bibl. Kommentar ûber Levitikus, Numeri und Deuteronomium, in-8°, Leipzig, 1862; 2e édit., Leipzig, 1870; Bibl. Kom. ûber Josua, Richter und Buth, Leipzig, 1863; 2e édit., Leipzig, 1874; B. Kom. ûber die Bûcher Samuelis, Leipzig, 1864; 2e édit., Leipzig, 1875; B. Kom. ûber die Bûcher der KCmge, Leipzig, 1865; 2e édit., Leipzig, 1876; B. Kom. ûb. die 12. kleinen Propheten, Leipzig, 1866; 2e édit., 1873; 3e édit., 1888; Bibl. Kom. ûb. den Propheten Ezechiel, Leipzig, 1868; 2e édit., 1882; B. K. ûb. den Proph. Daniel, Leipzig, 1869; B. K. ûb. die Chronik, Esra, Nehemia und Esther, Leipzig, 1870; B. K. ub. den Proph. Jeremias, Leipzig, 1872; Bl. K. Ub. die Bûcher der Makkabàer, Leipzig, 1875. Ces commentaires font partie du Biblischer Kommentar ûber das Alte Test., 16 in-8°, édité par Frz. Delitzsch et Keil. Ils ont été tous traduits en anglais. Keil rédigea aussi la IIIe partie du Handbuch der historisch-kritischen Einleitung in das Alte Test., édité par Hævernick, Erlangen, 1849. Sur le Nouveau Testament Keil a publié Kommentar ûber das Evangelium des Matthâus, Leipzig, 1877; Kommentar uber die Evangelien des Markus und Lukas, Leipzig, 1879; Kommentar uber das Evangelium des Johannes, Leipzig, 1881; Kommentar ûber die Briefe des Petrus und Judas, Leipzig, 1883; Kommentar uber den Brief an die Hebràer, Leipzig, 1885. — Voir H. Holtzmann et R. Zopflel, Lexicon fur Théologie und Kirchenwesen, 2Halbbande, Brunswick, 1888-1891, 2e édit. (t.n), p.572; Rud. Cornely, S. J., Historica et crihca introductio in utr. Test, libros, Paris, 1885, t. i, p.728; Herzog, Real-Encyklopâdie fur protest. Théologie, t. x, Leipzig, 1901, p.197.

E. Michels.

KEMPF Nicolas, né à Strasbourg, prieur de la Chartreusede Gemnitz, en Autriche, mort en grande réputationde vertu le 20 novembre 1497. On a de lui In Canticacanlicorum commentariorum libri VIII, ouvrage publiépar dom Bernard Pez, bénédictin, dans les tomes XI et XIIde sa Bibliotheca ascetica. Nicolas Kempf écrivit aussides sermons restés manuscrits sur les Épîtres et lesÉvangiles de l’année.

M. Autore.

KENANENSIS (CODEX), BOOK OF KELLS, manuscrit des quatre Évangiles, selon la Vulgate, datant de la fin du VIIesiècle ou du commencement du VIIIe, ayant appartenu au monastère de Kells (en latin, Ceannanus, de là son nom) dans le comté de {{lang|en|Meath, puis à l’archevêque Ussher qui le légua à Trinity College, Dublin, où il est maintenant côté A. 1. 6. Il comprend 339 feuillets de vélin, mesurant 0m33 de long sur 0m25 de large, avec 16 à 19 lignes à la page, laquelle est rarement partagée en deux colonnes. L’écriture demi-onciale, très élégante, est un beau spécimen de l’art irlandais à cette époque. Des entuminures nombreuses coupent le texte et remplissent quelquefois la page entière. On remarque les portraits de trois évangélistes (Matthieu, Luc, Jean), leurs symboles, des mystères, des frontispices, des lettres ornementées, des vignettes multicolores. Ce chef-d’œuvre de calligraphie soutient bien la

comparaison avec le célèbre Livre de Lindisfarne. Malheureusem*ntle contenu du Book of Kells ne répondpas tout à fait à la splendeur de l’extérieur. C’est untexte mêlé, du type européen, avec nombre de leçons irlandaiseset quelques doublets remarquables. Par exemple,Matth., vi, 16, la Vulgate porte: externnnant fadessuas; les manuscrits irlandais: demoliuntur facièssuas; le Kenanensis: demuliuntur exterminant. Matth.,xxi, 31, quelques manuscrits lisent: Dic*nt primus,d’autres: Dic*nt ei novissimus; le Kenanensis en fait:Dic*nt primus ei novissimus. Ce procédé de fusionapparaît de façon caractéristique dans la note suivante,intercalée dans le texte, sans que rien l’en distingue,Luc, xxiii, 15: In alio sic: Remisi eum ad vos. Namremisi vos ad illum. Cf. Berger, Histoire de la Vulgate,Nancy, 1893, p. 41. — "Voir Abbott, Evangeliorum versioantehieronymiana, Dublin, 1884, t. i, p. xxiv (au basdes pages il y a une collation du Book of Kells avecYAmiatinus); Wordsworth, Nov. Test, latine sec. edit.sancti Hieronymi, Ozford, 1889-1898 (le Kenanensis y estcollationné sous le sigle Q); Bond et Thompson, Palseograph.Society, Londres, 1873-1883, t. ii, fac-similén os 55-58, 88, 89; Westwood, Facsimiles of the Miniaturesand Ornaments of Anglo-Saxon and Irish Manuscripts,Londres, 1868, p. 23-33, pl. viii-xi.

F. Prat.

    1. KENNICOTT Benjamin##


KENNICOTT Benjamin, érudit critique anglais, néle 4 avril 1718 à Totnes dans le comté de Devonshire;mort à Oxford le 18 août 1783. Étant encore à l’écoleprimaire, il se fit remarquer par plusieurs poèmes. Ildevintdocteur en théologie à Oxford le 10 décembre 1761.Il y avait suivi les cours d’hébreu du célèbre Thom.Hunt (1696-1774) et devint lui-même professeur de cettelangue à l’Exeter Collège de cette université. En 1753 ilfut nommé pasteur de Culham (Oxfordshire), chanoinede Christchurch à Oxford (1 er nov. 1770) et conservateur àla bibliothèque Radcliffe de la même ville, 1767-1783. Safemme apprit l’hébreu après son mariage afin de pouvoirl’aider à étudier les manuscrits. L’évêque anglican Rob.Lowth lui ayant montré en 1748 que la difficulté contenuedans le passage II Reg., xxiii, 8, disparaissait au moyend’un léger changement fait au texte hébreu (cf. I Par., xi),Kennicott résolut de se vouer au rétablissem*nt du texteoriginal de l’Écriture Sainte. Wiston et Morin avaientdéjà démontré l’incorrection du texte massorétique.Kennicott exposa ses vues dans les traités: The state oftheHebrew text of the Old Testament considered, in-8°,Oxford, 1753; The state of the printed Hebrew text ofthe Old Testament considered, in-8°, Oxford, 1753, 1759.La première de ces dissertations fut traduite en latin parW. A. Taller et publiée à Leipzig, 1756. Le même savanttraduisit la deuxième en allemand et il la publia avecdes additions par~Vogel, Leipzig, 1765. Ces dissertationsfurent attaquées par plusieurs savants. Foveler Conningspublia The printed Hebrew text of the Old Testamentvindicated. An answer to Mr. Kennicott’s dissertation,1753, et Julius Bâte: The Integrity of theHebrew text vindicated from the objections and misconstructionsofMr. Kennicott, 1754. Kennicott répliquapar À word to the Hutchinsonians or Remarks on threesermons lately preached before the university ofOxford, 1756. George Rome intervint alors, par uneapologie des adversaires de Kennicott: An Apology forcertain gentlemen in the University of Oxford, 1756, etA view of Mr. Kennicott’s Method of correcting theHebrew text, 1760. En 1761, Thomas Rutherforth,professeur à Cambridge, publia une lettre adressée àM. Kennicott sur la «Dissertation» de celui-ci, qui fitimprimer Answer to Dr. Rutherforth, 1762, in-8°. Cedernier répondit par une «seconde lettre» et RichardFarry. désireux de rompre une lance pour lui, composa<les Remarks on Dr. Kennicott’s Letter, 1763.

Sur ces entrefaites, Kennicott avait commencé l’examen des manuscrits hébreux, et il avait publié son programmedétaillé. Methodus varias lectiones notandiet res scitu necessarias describendi a singulis Hebrseorumcodicum manuscriptorum Veteris Testamenticollectoribus observanda, Oxford, 1763. Des comptesrendus dont le premier fut: On the collation of theHebrew nus. of the Old Test., 1760, devaient tenir aucourant les différents collaborateurs; le dernier paruten 1769 et la série complète fut réunie en un volume:The ten annual accounts of the collation of the OldTestament, Oxford, 1770. Une souscription fut ouverteet elle atteignit rapidement le chiffre de £9119. Leduc de Nivernois fit collationer plusieurs manuscrits àParis, e’t envoya la collation à Kennicott. Le roi de Danemarkmit à sa disposition «6 manuscrits très anciens» (?). Le roi de Sardaigne lui fit parvenir 4 volumesin-4° de variantes et le stathouder de Hollande le gratifiad’une pension annuelle de £ 400. Kennicott avait collationnéenviron 600 manuscrits. En 1767 il avait intéresséà ses travaux le professeur d’Iéna, Bruns, qui voyageaiten Allemagne, en Hollande, en France et en Italieà la recherche de manuscrits hébreux. Il avait, en troisans, reçu les variantes des 250 manuscrits; d’autres collaborateursavaient réussi à faire la même chose pour300 manuscrits. Kennicott put enfin faire paraître l’ouvragedepuis longtemps.attendu: Vêtus TestamentumHebraicum cum variis lectwnibus, 2 in-f°, Oxford,t. i, 1776; t. ii, 1780. Il avait mis en tête du t. il uneDisserlatio generalis in Vêtus Testamentum qui traitaitdes manuscrits hébreux; elle fut tirée à part à Oxforden 1780 et P. F. Bruns la réédita avec additions à Brunswicken 1783. Kennicott n’avait pas trouvé partout des admirateurs;cependant les attaques auxquelles il avait étéen butte même avant la publication du Vet. Test. hebr.de la part de savants anglais (Sam. Rutherforth), françaiset italiens, ne furent pour la plupart que des attaquespersonnelles. En 1771 parut à Paris (et non à Rome)une critique: Lettres de Mr l’abbé de… ex-professeuren hébreu… au S’Kennicott. L’année 1772 en vit paraîtreune traduction anglaise. Kennicott essaya de sedéfendre dans: À letter to afriend occasioned by aFrench pamphlet, 1772. Cette lettre parut anonyme.Kennicott voulait prouver que les «capucins hébraïsants» de la rue Saint-Honoré, à Paris, avaient composéces «Lettres de M. l’abbé…». William Jones, Life ofG.Home, 6 in-8°, 1899, p. x, p. 84-109, croit que ces «lettres» avaient été inspirées par un Juif du nom de Dumay, quiétait l’assistant de Kennicott. Gabr. Fabricius critiquaKennicott dans son livre: Des titres primitifs de larévélation, 2 in-8°, Rome, 1772. C’est l’Allemagne qui afourni les plus grands adversaires de Kennicott, maisces savants appuyaient du moins leurs critiques sur desraisons scientifiques. Cf. la critique de J. D. Michælis:dans sa Bibliotlieca orientalis: Orientalische und exegetischeBibliothek, t. xi, 1776, p. 72; t. xviii, 1782, p. 71.La critique de O. G. Tychsen était plus sévère. Il reprochaità Kennicott d’avoir estimé la valeur des manuscritsselon l’âge seul, et d’avoir choisi les variantes sans systèmeaucun, et sans remarquer que beaucoup d’entreelles ne sont que de pures fautes de copiste. Cf. Hartmann,O. G. Tychsen, Brème, 1818, ii, 526. Brunslui-même a reconnu les défauts du: Vêtus Testamentumhebraicum, dans le court traité: De variis lectionibusBibliorum Kennicottianorum, dans le Repertorium furBiblische undMorgendlandische Litteratur d’Eichhorn.Il faut en convenir, les manuscrits collationnés étaienttous relativement récents, aucun ne remontait au delà dux J siècle, et presque tous proviennent d’une seule sourceou appartiennent à une seule famille. L’ouvrage de Kennicott,qui a nécessité tant de patientes recherches, nelaisse pas cependant d’être «une mine précieuse» pourla science biblique. Le travail entrepris par Kennicott aété continué par J.-B. De Rossi. Kennicott avait consulté,

outre les manuscrits, 52 éditions de la Bible hébraïque;l’édition d’Evrard van der Hooght lui a servi de base pourle texte critique. Les plus importantes leçons du Velus Testamentumde Kennicott ont été insérées dans les Bibliahebraica, deDoederlein, Leipzig, 1793, de Jahn, Vienne,1806, et de Boothroyd, 2 in-4°, Pontefract, 1810-1816. J.Parkhurst tira parti des recherches de Kennicott dans sonHebrew and English Lexicon, in-4°, Londres, 1762. SamuelDavidson a réuni les résultats des publications deKennicott et de J. B. De Rossi, dans son livre: The HebrewText of the Old Testament from crilical Sources, Londres,1855. Voici la liste des autres ouvrages de Kennicott:On the Tree of Life in Paradise: a critical dissertationon Gen., II, 8-24, Oxford, 1747. (Un anonyme attaquace traité dans: An Enquiry into the meaning of thatText: Gen., i, 26, with an Ansioer to Mr. Kennicott’sinterprétation of the same, 1748. Rich. Gifford prit ladéfense de Kennicott dans ses: Remarks on M. Kennicott’sDissertation. On the oblation of Gain und Abel,Oxford, 1747). Duty of thanksgiving for peace, 1749;A Letter to Dr. [William] King [1685-1763] occasionedby his late apology und in particular by suchparts ofit, as aremeant to diffame M. Kennicott, 1755.A critical dissertation on lsaiah, vii, 13-16, 1757;Dissertation the second, wherein the samaritan copyof the Pentateueh is vindicated, in-8°, Oxford, 1759;Remarks on a printed paper entitled: À Catalogue ofthe Sacred Vessels restored by Cyrus, 1765; Remarkson the 42 and 41 Psalms, in-4°, 1765, anonjme, qu’il litbientôt suivre des: Remarks on Ihe 48 and 49 Psalms[1765], J. C. Fr. Schulze en publia une édition latine,enrichie de notes et d’un appendice par Bruns, Leipzig,1772; Observations on. the first book of Samuel:chap. XVI, v. 19, Oxlord, 1768 (ces «Observations» ontété traduites en français); Critica sacra: Or a shortintroduction to Hebrew criticism, in-8°, Londres, 1774(publication anonyme); Observations on several passagesin Proverbs. With two sermons by Thom. Hunt,édit. Kennicott, Oxford, 1775; Epistola ad célèbrentF. D. Michælis: De censura pnmi tomi Vet. Test,hebr., in-8°, Oxford, 1777. Michælis réimprima cetteEpistola dans son Orientalische und Exeget. Bibliothek;t. XII (Anhalt, 1778), en y ajoutant des notes; The Sabbath.A Sermon preached at Whitehall and beforethe Univ. of Oxford, 1781; Editionis Vet. Test. hebr.defensio contra ephemeridum gottingensium criminationes,in-8°, Oxlord, 1782; Chaldaicorum Daniehset Ezrse capitum interpretatio hebraica, édit. Schulze,in-8°, Halle, 1782; cf. Vet. Test, hebr., t. n; Remarkson sélect passages in the Old Test, to which are added8 sermons by the late Benj. Kennicott, in-8°, Oxford,1787, publication posthume. — Henry Dimock publiades Notes on the Psalms to correct the errors of thetext from the collations by Kennicott and De Rossi,1791. — Voir W. P. Courtney, dans le Dictionary ofnational Biography, t. xxxi, Londres, 1892, p. 10-12;Transactions of the Devonshire Association, 1878. Ontrouve une énumération des écrits publiés contre Ken.nicott dans le Catalogue of english Divinity, Exeter(Dryers), 1829; Kaulen, dansWetzer et Welte, Kirchenlexicon,2e édit., t. vii, 1891, p. 375-378; Michel Nicolas,dans la Nouvelle biographie générale, Paris, t. xxvii,1861, col. 566-569. E. Michels.

keri forment la collection la plus ancienne de varianteshébraïques qui nous ait été conservée par les Juifs. Onen compte en tout 1353. Voir C. D. Ginsburg, dansKitto, Cyclopsedia of biblical Literature, 3e édit., t. ii,p. 723. Ces variantes sont naturellement d’inégale importanceet quoique les leçons préférées par les Massorètesne soient pas toujours les meilleures, leur travailest néanmoins précieux. — Voir Jacob ben Chayim,Introduction to the Rabbinic Bible, traduction C. D.Ginsburg, dans le Journal of Sacred Literature, juillet1863, nouv. série, t. iii, p. 382-412; Elias Lévita, Massorethliam-Massoreth, Sulzbach, 1771, p. 8 a, 21 a;traduction allemande par Chr. G. Meyer, in-8°, Halle,1772, et traduction anglaise par Chr. D. Ginsburg, in-8°,Londres, 1867; L. Cappel, Critica sacra, t. iii, in-f»,Paris, 1650, p. 68, 83, 100, 170-186; J. Buxtorf (l’ancien),Tiberias, c. xiii, 2e édit., in-4°, Bâle, 1665, p. 122-134;J. Buxtorf (le jeune), Anticritica adversus L. CappelliCriticam sacram, part, ii, c. iv, in-4°, Bâle, 1653,p. 448-509; M. Hiller, De Arcano Kethib et Keri, in-8°,Tubingue, 1692 (voir col. 713); J. Chr. Wolf, BibliolhecaHebrœa, 4 in-4°, Hambourg, 1721, t. ii, p. 507-533;Z. Frankel, Vorstudien zu der Septuaginta, in-8°, Leipzig,1841, p. 219-242; Chr. D. Ginsburg, Introduction tothe massoretico-critical édition of the Hebrew Bible,in-8°, Londres, 1897, p. 183-186.

    1. KERN Friedrich Heinrich##


KERN Friedrich Heinrich, exégéte protestant allemand,né à Sohnstetten, en Wurtemberg, le 20 avril1790, mort à Tubingue le 3 février 1842. Il devint professeuren 1826 à l’Université de Tubingue. Dans unarticle publié en 1835, dans la Theologische Zeitschriftde Tubingue, il rejeta l’authenticité de l’Epitre de saintJacques, mais il l’admit trois ans plus tard dans sonprincipal ouvrage, Der Bnef Jacobi untersucht underkldrt, in-8°, Tubingue, 1838. — Voir Holtzmann, dansAllgemeine deutsche Biographie, t. xv, 1882, p. 632.

    1. KEZIB##

KEZIB (hébreu: Kezîb; Septante: Xxaêi), nom de lalocalité où se trouvait Juda, fils de Jacob, lorsque Sué,sa femme, mit au monde Séla, son troisième fils.Gen., xxxviii, 5. Ce nom de lieu a disparu dans la Vulgateoù saint Jérôme a traduit: «(Séla) étant né, ellecessa d’enfanter,» au lieu de: «(Juda) était à Kezib,quand elle enfanta.» On ne trouve Kezib sous cetteforme que dans ce seul passage de la Genèse, mais lescommentateurs anciens et modernes admettent que laville ainsi nommée est Achazib sous une forme orthographiqueabrégée. Voir Achazib 2, t. i, col. 136-137.

    1. KIKAYON (qîqàyôn)##


KIKAYON (qîqàyôn), nom hébreu du ricin, traduitpar cucurbita, «courge,» dans l’ancienne Italique, etpar hedera, a lierre, «dans notre Vulgate.Voir Courge,t. ii, col. 1082, et Ricin.

    1. KIKKAR##


1. KIKKAR, nom hébreu, 133, d’une partie de lavallée du Jourdain, traduit ordinairement dans la Vulgatepar «région». Voir Jourdain, col. 1712.

KERI. On donne ce nom, np, qerî, qui signifie «lis», ou «ce qui est lu» ou bien «ce qu’on doitlire», aux leçons marginales placées dans les Biblesmassorétiques et qui indiquent ce qu’il faut lire à laplace du chethib, «ce qui est écrit.» Voir Chethib,1. 11, col. 674. Les kerî et les chethib sont indiqués dansnos éditions de la Bible hébraïque. Le chethib est conservédans le texte, mais il porte les voyelles du kerî,, ._ r … _., ^— -.-,

qui est généralement mis en note au bas des pages. Les! cette contrée appartenait alors aux comtes de Barcelone,

    1. KIKKAR##


2. KIKKAR, nom, en

monnaie. Voir Talent.

hébreu, du talent, poids et

    1. KIMCHI##

KIMCHI (>nop, Qimhi ou Qamhi), nom porté parplusieurs rabbins, dont trois surtout se rendirent célèbresà la fin du xii «et au commencement du xine siècle:Joseph Kimchi et ses deux fils, David et Moïse.

    1. KIMCHI DAVID BEN JOSEPH##


1. KIMCHI DAVID BEN JOSEPH, le plus célèbre destrois, naquit dans la seconde moitié du xiie siècle, enProvence, comme le marque l’appellation par laquelle

//

on le désigne souvent: Radak de Provinciâ (pn, Radak,abbréviationde >nnp in >zi, Rabbi David Qimhi). Comme


III. - 60

1891

K1MCHI DAVID BEN JOSEPH

KION

1892°

on s’explique que quelques auteurs l’aient supposé né enEspagne; du reste, sa famille était d’origine espagnole.Quand il composa ses ouvrages, il n’était plus en Provence,mais il était venu s’établir à Narbonne, centred’études juives florissant. David Eimchi s’est acquis, aumoyen âge, un grand renom comme grammairien etcomme exégète. Sa grammaire hébraïque, intituléeMiklôl, «Perfection,» comprenait, dans sa pensée, deuxparties: la grammaire proprement dite qui, dans l’usage,a gardé l’appellation de Miklôl, et le dictionnaire desmots de la Bible, connu sous le nom de sêfer haSSorâsîm, «lhre des racines.» La grammaire a été souventimprimée, d’abord à Constantinople, in-f°, 1522, et en1532; puis à Venise, avec les notes d’Elias Lévita, en4545, in-8°, en 1546, etc. Une édition moderne a paru àRittemberg, en 1862. Le dictionnaire fut imprimé àNaples, in-f°, 1490, et en 1491; à Constantinople, in-f°,1513, 1532; à Venise, avec les notes d’Elias Lévita, en1546, etc.; et, plus récemment, à Berlin, en 1838 et en1847. On peut voir dans J. Fùrst, Bibliotheca judaica,in-8°, Leipzig, 1863, 2 part., p. 185-186, le relevé desnombreuses anciennes éditions de ces deux œuvres,ainsi que l’indication des traductions latines qui en ontété faites, ou des ouvrages qui s’en sont largement inspirés,par exemple la Grammatica ebraica de ConradPellican, in-4°, Strasbourg, 1540; les ffebraicarum institutionumhbri IV, de Santé Pagnino, in-4°, Paris, RobertEtienne, 1549, et le Thésaurus linguse sanctæ ex R. Dav.Kimchi libro radicum, du même, in-4°, Paris, RobertEtienne, 1529, 1548, etc. Dans ses Prolegomeni ad unaGrammatica ragionata délia lingua ebraica, Padoue,1836, Luzzato s’exprime ainsi: «David Kimchi ayantécrit son Miklul et son lexique avec plus de clarté et deméthode que tous ses prédécesseurs, les éclipsa tous,et fut la principale cause que les ouvrages de la plupartd’entre eux périrent, ou du moins restèrent peu connus,et que plusieurs écrits en arabe ne furent pas traduitsen hébreu. Et l’on ne peut que s’en affliger; car beaucoupde ces anciens furent supérieurs à Kimchi en profondeuret critique, principalement Ibn-Djanach.» (Voir col. 802.)D’après Elias Lévita, Buxtorf, De abbreviaturis hebr.,à la suite de la Bibliotheca rabbinica, in-8°, Franecker,1696, p. 391, attribue à David Kimchi un petit traitémassorétique sur les points et les accents, intitulé’Etsôfér, «style du scribe» (Ps. XM, 15), et qui a été publiéà Lyck en 1864. Cf. J. B. De Rossi, Dizionario storxcodegli autori ebrei, 2 in-f°, Parme, 1802, t. i, p. 189. —Les commentaires de Kimchi embrassent la Biblepresque entière. De son commentaire sur le Pentateuque,il ne reste que celui sur la Genèse, édité parA. Ginsburg, in-8°, Presbourg, 1842. On lui attribue uneversion espagnole de la Bible; mais Lelong, dans saBibliotheca sacra, 1. 1, p. 364, observe qu’il n’y en a aucunepreuve et que, du reste, cette version n’existe nulle part,et n’a pas laissé la moindre trace. Ses commentairessur les premiers prophètes, c’est-à-dire Josué, les Juges,les livres de Samuel et des Rois, — sur les prophètespostérieurs Isaie, Jérémie, Ezéchiel, — sur les petit*prophètes, — sur les Psaumes, — sur les deux livres desChroniques, ont paru dans la grande Bible rabbiniquede Dan. Bomberg, éditée à Venise, 1518, 1540. Us ontété aussi publiés souvent à part dans le cours des XVIe,Xvn s et xviiie siècles, et il en a été tait des traductionslatines. Voir J. Fùrst, Bibliotheca judaica, part. II,p. 183-185. Le commentaire sur Ruth fut édité pour lapremière fois par Jean Mercier, in-4°, Paris, 1563. Onpeut citer encore le commentaire sur les Baphtaroth,tiré de son commentaire sur les prophètes, et publié àBâle, in-f», 1609. U eut à défendre contre plusieursrabbins de Montpellier l’ouvrage du célèbre docteur juifMaimonide, Le guide des égarés; la lutte fut vive, maisil finit par les ramener à sa manière de voir par sa douceuret son habileté. Sa réputation de grammairien et

d’interprète de l’Écriture fut si grande parmi les Juifs,qu’on lui appliqua, par un jeu de mots, une sentence duTalmud, min t>n ncp t>n dn, ’im’en qemah’en fôrâh, «pas de farine, pas de loi (étude de la Loi),» et l’on dit: ’im’en Qimhi, en fôrâh, «sans Qimhi point de Loi.» Voir Histoire littéraire de la France, Paris, t. xvi, 1824,p. 360-371; à la suite de l’étude sur sa vie et ses travaux,on trouve la liste des manuscrits de ses œuvres conservésà la Bibliothèque Nationale. Voir aussi, sur ce point,Mss. codices hebraici Biblioth. J. B. De Rossi, Parme,1804, p. 211; L.-Wogue, Histoire de la Bible et de l’exégèsebiblique, in-8°, Paris, 1881, p. 260-262.

E. Levesque.

    1. KIMCHI JOSEPH##


2. KIMCHI JOSEPH, le père de David, se distinguacomme hébraisant et exégète, sans atteindre à la réputationde son fils. La grammaire intitulée hazzikkdrôn, «le Mémorial,» existe en manuscrit (Mss. codiceshebraici Biblioth. J. B. De Rossi, cod. 396), mais n’ajamais été publiée. Elle est souvent citée dans le Miklôlde son fils David. Ses commentaires sur plusieurs partiesde la Bible, dont les manuscrits sont à la Bibliothèquedu Vatican, n’ont jamais, non plus, été imprimés. Sonfils en a fait de nombreuses citations. Quelques extraitssur le Pentateuque et sur les prophètes postérieurs etun poème sur la lecture du livre d’Esther sont indiquésparmi les manuscrits de Rossi, t. i, p. 108; t. iii, p. 50,69. On trouve ses remarques sur le Cantique des Cantiquesparmi les manuscrits de l’Université d’Oxford,et celles qui concernent Esdras, Ruth et l’Ecclésiaste àl’Escurial. Voir Hist. littér. de la France, t. xvi, p. 371,372; L. Wogue, Hist. de la Bible, p. 260.

E. Levesque.

    1. KIMCHI MOÏSE##


3. KIMCHI MOÏSE, le frère de David, est auteur deplusieurs ouvrages estimés sur la grammaire et surl’Écriture Sainte. La grammaire intitulée Darkê leSonhadqqôdeS, Vise linguse sanctx, «Introduction à la languesainte» (plus connue sous le nom de nïin >S>3w "ibno,mahàlak sébile had-da’at, «Voie des sentiers de lascience, s> acrostiche reproduisant son prénomi! ïiura, «Moise,» et tiré de son introduction), a été publiée àPadoue, in-8°, 1504, à Pesaro, 1508, et avec des notes deConstantin Lempereur, à Leyde, in-8°, 1631, et traduite enlatin par Sébastien Munster, Rudvmenta linguse sanctxMos. Kimchi, in-8°, Bâle, 1531, 1536. On lui doit uncommentaire sur les Proverbes de Salomon, qui avaitété faussem*nt attribué à Aben Esra, in-f», Venise,1526, 1528; un autre sur Esdras, indiqué par Fùrst, loc.cit., part. II, p. 188, comme également faussem*nt attribuéà Aben Esra. Voir Hist. littér. de la France, t. xvi,p. 372. E. Levesque.

    1. KINNOR##


KINNOR, nom d’un instrument à cordes, en hébreu.Voir Harpe, col. 434.

KION, KÎYUN, 1TO, mot hébreu qui ne se lit qu’unefois dans l’Écriture, Amos, v, 26, et qui a donné lieu àde nombreuses discussions. D’après les uns, c’est unnom propre; d’après les autres, c’est un nom commun.La Vulgate l’a traduit par «image s; plusieurs modernesle rendent par «piédestal», et croient y reconnaîtrele piédestal sur lequel les Assyro-Chaldéensportaient leurs idoles dans les solennités religieuses.Voir fig. 474, t. i, col. 1559. — Les Septante onttraduit Kîyûn par Paiçàv, forme qui est probablementune corruption de Katçâv. Gesenius, Thésaurus,p. 670. Voir Remphan. Le Targum et la Peschitoont conservé le mot hébreu. La version arabe porteRafàna, nom qu’elle tire des Septante. — Il n’est plusguère possible aujourd’hui de nier que Kîyûn ne soit unnom propre, mais mal ponctué par les Massorètes. Cesderniers n’en connaissaient pas la véritable prononciation,ce qui ne saurait étonner beaucoup, ce mot ne serencontrant qu’une seule fois dans la Bible. Aquila et

Symmaque le transcri virent Xto5v. Voir Origine, H exapl.,Amos, v, 26, t. ivi, col. 2693. Saint Jérôme l’écrit Chion.In Amos, , 26, t. xxv, col. 1056. Les Massorètess’accordent avec Aquila et Symmaque. Mais ils ont touspris à tort le i pour une voyelle, c’est ici la consonne v,

comme le prouvent le syriaque «oLû> Këvon, l’arabe

££y+£^, Kaivan, et l’assyrien Karai-va-nu. On doit

donc lire ji>3, Révan, et non Kîyûn.T

Plusieurs anciens lexicographes hébreux, tels queBar Bahlal et les célèbres rabbins Aben Esra et Eimchi(voir Gesenius, Thésaurus, p. 667), avaient déjà identifiéKiyûn avec la planète Saturne. Les découvertes assyriennesont démontré que leur interprétation est londée.Un syllabaire cunéiforme du temps du roi Assurbanipal,Western Asiatic Inscriptions, t. ii, pl. 32, 25 e, f, nousapprend que la planète Saturne s’appelait à Ninive Kaai^va-nu. Cf. Eb. Schrader, Kewan und Sakkutk, dansles Theologische Studien undKrihken, 1874, p. 326-327;Id., Die Keilinschriften und dos Alte Testament,2e édit., 1883, p. 442-443; Id., dans Riehm, Handwôrterbuchdes biblischen Altertums, 2e édit., 1893, t. i,p. 274; P. Jensen, Kosmologie der Babylonien, in-8°,Strasbourg, 1890, p. 111-116. Elle portait le même nomchez les Syriens, les Mandéens, les Perses, etc. Movers,Die Phônizier, Bonn, t. i, 1841, p. 289-290; CodexNasarseus, édit. Norberg, t. i, 1815, p. 54, lig. 5;W. Brandt, Die mandaische Religion, in-8°, Leipzig,1889, p. 52, 61; P. Jensen, Kosmologie, p. 136; R. Brown,Researches into the Origin of the Primitive Constellationsof the Greeks, Phœnicians and Babylonians,2 in-8°, Londres, 1899-1900, t. i, p. 346. C’est parceque Kévan est un astre divinisé que le prophète l’appelle «l’étoile de votre dieu». Amos, v, 26. Le sikkût mentionnédans la première partie du verset, et qu’on atraduit ordinairement par «tentes, tabernacles» en leprenant pour un nom commun, est aussi vraisemblablementun autre nom de dieu. Voir Sikkuth. Le vrai sensdu passage d’Amos est donc celui-ci: «Vous avez portéSiccuth (ou Saccuth), votre roi, et Kévan, vos idoles,l’étoile de votre dieu que vous vous êtes fait.» Et nonpas, comme nous le lisons dans la Vulgate: «Vousavez porté le tabernacle (la tente) de votre Moloch etl’image de vos idoles, l’étoile de votre dieu, que vousvous êtes fait.» — Dans un texte magique assyrien, lesnoms de Sak-kul et de Kaivan se trouvent unis au milieud’une énumération et d’une invocation de noms divins,comme dans le texte d’Amos (Seconde tablette Surpa,Western Asiatic Inscriptions, t. IV, pl. 52, col. 4, lig. 9;H. Zimmern, Beitrâge zur Kenntniss der babylonïschenReligion, in-4°, Leipzig, 1896, p. 10, lig. 179).316. — Didræhme frappé à Hiérapolis (Bambyce).Baal-Kaivan assis, a gauche: devant lui un thymiatéron; il tientde la main gauche un sceptre, de la droite des épis (?). Devant, ’%M D et O (?); derrière, -TODdSn (Alexandre). — ^. Atergatisvêtue d’une longue robe, la tête couverte d’un voile qui lui descendjusqu’à la ceinture, assise sur un lion. Dans le champ,o

nnT. Devant le lion: A.

D’après l’interprétation commune, le prophète reprocheaux Israélites d’avoir adoré de faux dieux dans ledésert du Sinaï, entre autres le dieu Sikkuth ou Saccuth

et le dieu Kévan, qui devaient être des divinités chananéennesen même temps que des divinités araméenneset chaldéo-assyriennes. Mais, quoiqu’il soit parlé, au jt. 25,du séjour des Hébreux dans la péninsule du Sinaï, onpeut entendre le ꝟ. 26 du culte idolâtrique rendu parles Israélites contemporains d’Amos aux fausses divinités,culte qui sera puni par la captivité au delà deDamas, c’est-à-dire en Assyrie. — Une monnaie d’HiérapolisBambyce nous a conservé l’image du dieu Kaivan,tel qu’on le figurait à une date postérieure (fig. 316). Cf.E. Babelon, Les Perses Achéménides, in-8°, Paris, 1893,p. lii-liv. — Voir J. Knabenbauer, Comment, in prophetasminores, 1886, t. i, p. 295-296.

F. Vigouroux.

    1. KIRCHER Konrad##


KIRCHER Konrad, théologien protestant né à Augsbourg,dans la deuxième moitié du xvie siècle, mort peuaprès 1622. En 1586 il dut quitter sa ville natale et futnommé successivement pasteur protestant à Sonnenberg,à Donauworth et à Jaxthausen. L’exemple de soncompatriote, Sixtus Birken (Xystus Betulejus), qui avaitpublié une Euujpwvta v (7Û).Xs ?tî zrn Sca6rjxv)c tîjç xævîjç,Bàle, 1546, semble l’avoir déterminé à entreprendre lemême travail pour les Septante. II y consacra sept annéeset le fruit de ses travaux furent ses Concordantiæ VeterisTestamenti grasese, ebrseis vocibus respondentes^toXuxP1 t! ’^0’Svmul et lexicon ebraico-latinum, ebraicogrsecumet genuina vocabulorum significaho ex LXXIImterpretum translatione petila, 2 in-4°, Francfort-surle-Main, 1607. Il s’était servi pour ce travail de l’éditiondes Septante publiée à Bâle en 1550 et non pas de celle d’Alcala.Kircher y a coordonné, selon l’ordre alphabétique,les mots hébreux en y ajoutant les différentes traductionsdes Septante, avec la signification latine. Il n’expliqua doncpas, comme on s’y attendait, les mots grecs à l’aide desmots hébreux, mais ceux-ci par les mots correspondantsgrecs. La deuxième partie de son livre se compose d’unIndex alphabeticus grsecus, qui renvoie le lecteur auxdifférentes pages où se trouve le mot grec (a = t. i,b =: t. n). Viennent ensuite les textes deutérocanoniques.Voici un exemple:

3N: Germinatio, arbustum, fructus, viror, ’PIZA. Radix

Job, 8, 12, ïxi ô’v i% p! Çy)Ç, xal où ii, -ï| ôepeaflrj

    1. TENNHMA##


TENNHMA. Generatio

Cant., 6, 10, xonéêrpi ÎSeïv êv yevvrii.axt

[ôjrwpa; : Sym. xapitôv: alii].

L’Index est ainsi arrangé:

apaToç, a. 263, 1005, b. 727, 912 (etc.).Bar: 2, 4. xoct eïç à’ëaTOV ÉvttScxitoî; Xaoîç.Sap: 5, 7. xoà SicoSeûiransv lp^[j.ou; àêizov; (xtX).

Les défauts de ce premier essai d’une concordance dela version des LXX étaient trop manifestes et Abr. Trommius,qui reprit ce travail en entier, les signala dans laPréface de ses Concordanliee grseess’versionis vulgod. LXX, édit. B. de Montfaucon, Amsterdam et Utrecht,1718, en les réduisant à trois chefs: 1° il ne fallait passuivre l’ordre alphabétique des mots hébreux; 2° Kircheraurait dû éviter tant de fausses indications, nécessitéespar sa méthode de travail; 3° il n’aurait pas dû placersous les racines hébraïques les mots «indistincte etpromiscue». J. Gagnier a essayé en vain de réfuter cesobjections dans ses Vtndiciæ Kircherianss sive Animad.versiones in novas Abr. Trommii concordantias greecasversionis LXX, Oxford, 1718. — Kircher a encore publié:De Goncordantiarum biblicarum maxime Vet.Test, iii, theologia vario et multiplia usu, in-4°, Wittemberg,1622. — Voir C. Siegfried, dans YAllgemeinedeutsche Biographie, Leipzig, t. xvi, 1882, p. 7; Winer,Bandbuch der theologischen Literatur, 3e édit., ii,1840, p. 613; Meyer, Geschichte der Schrifterklârung, Ar»

1895

KIRCHER — KIR MOAR

1896

-t. iii, p. 107; t. iv, p. 100; Nouvelle biographie générale,Paris, t. xxvii, 1861, p. 6; Fr. Kaulen, dans leKirchenleodcon de Wetzer et Welte, 2e édit., Fribourg,t. ii, 1883, p. 644. E. Michels.

    1. KIR HARASETH##

KIR HARASETH (hébreu: haq-Qîr Harâèép; - Septante:to) «).£90u; toû tepou x>61]j» ]|iëvouc), nom de villeque la Vulgate, à la suite des Septante, a traduit commeun nom commun, mûri fictilies, «murs de terre,» IV Reg., iii, 25, de même que dans les trois noms suivants,qui, avec de légères modifications, paraissent tousdésigner une seule et même ville, KirMoab. Voir ce nom.

    1. KIR HARÉS##

KIR HARÉS (hébreu: Qlr LTâréè; Septante: «çxefyoç è-vexauvKraç, «tu as renouvelé comme un mur;» "Vulgate: ad murum cocti lateris, «au mur de briquescuites» ). Is.j^vi, 11. Voir Km Moab.

    1. KIR HARÉSETH##

KIR HARÉSETH (hébreu: Qîr IJâréêép; Septante:toïç xatoixoûCTi 8è SÈ8 [leXer/îusiç, «tu méditeras sur leshabitants de Seth;» Vulgate: muras cocti lateris, «murde briques cuites» ). Is., xvi, 7. Voir Km Moab.

    1. KIR HÉRÉS##

KIR HÉRÉS (hébreu: Qîr Iférés; Septante: xeipdtès?[xù^(ioû], «les cheveux coupés [en signe de deuil],» Jer.,xxxi, 31, 36; Vulgate: murus fictilis, «mur de terre» ).JerT, xlviii, 31, 36. Voir Kir Moab.

    1. KIR MOAB##

KIR MOAB (hébreu: QirMôâb, Is., xv, 1; Septante:to tet/o; t^ç MwaëiTTiSo; ; Vulgate: murus Moab), villeforte de la Moabitide (fig. 317).

I. Nom.

Cette ville est nommée Qîr Héréè, Jér.,XtviH, 31,.36, et, à cause de la pause, Qîr Hâréè, Is.,

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317. — Monnaie de Kir Moab.

AY K M AYANTCO… Buste lauré d’Éla&afiale, à droite. —Si XAPAX[MCOBH]NQN. Tyché (la Fortune), debout de lace,regardant à gauche, et tenant une corne d’abondance et ungouvernail.

xvi, 11; Qîr Hâréèet, Is., xvi, 7, et Qîr R’ârâèèp, àcause de la pause. II’(IV) Reg., iii, 25. Dans tous cespassages, les Septante considèrent ce nom comme unnom commun désignant généralement les fortificationsou les villes fortifiées du pays de Moab et le traduisentpar des mots divers. Voir Km Haraseth. LaVulgate le traduit aussi, par mûri fictiles, IV Reg.,m, 25, et, au singulier, murus fictilis, Jer., xlviii, 31,36, murus cocti lateris. Is., xvi, 7, 11. La versionsyriaque, et la plupart des autres l’ont également renduordinairement par des noms communs divers. LeTargum de Jonathan ben Uzziel, II (IV) Reg., iii, 25,parait également prendre ce nom pour un nom communet traduit: «Ils ne laissèrent pas une pierre dans laville (beqarta’) sans la renverser.» Il semble le considérercomme un nom propre désignant une ville particulière,Is., xv, 1, et le rend par son équivalent araméen,qui peut-être avait déjà remplacé le nom hébreu,si celui-ci n’était pas lui-même une traduction. L’équivalentemployé en cet endroit est Kérdka de-Môàb,

n
dt Kî-d. Dans les autres passages, Qir Héréè ou Ha

t: t-:

réèep est rendu par le Kerak de leur puissance, ^3fins’pw, et Kerak est peut-être pris comme nom propre;dans tous les cas, il désigne une ville particulière considérée, comme le nom l’indique, pour la ville forte parexcellence, «la citadelle» ou «le boulevard» de Moab.Dans tous ces passages, le texte hébreu est clair et laconstruction de la phrase indique qu’il est questiond’une ville particulière qui. vient d’être formellementdéterminée. La plupart des commentateurs sont d’accordsur ce point. — Le nom de Characa (grec: Xâpaxa) seretrouve II Mach., XII, 17, pour désigner, semble-t-il,une ville forte spéciale. Le nom est sans doute identiqueà celui donné par le Targum à la ville de Moab et lenom grec Xapa$ a lui-même une signification analogueet paraît emprunté des langues sémitiques. Il est douteuxcependant si, en ce passage, ce nom désigne lamême ville. Voir Characa, t. ii, col. 577-579. — Selonquelques auteurs, le nom de Qorka’ou Qarha’qui selit sur la célèbre stèle de Mésa, lignes 3, 21, 24 et 25,pourrait désigner aussi la ville de Kir Moab. «Comment,dit F. de Saulcy, appliquer ce nom à la ville ueDibân?… Ce qui semblerait nous ramener à Karak,ce sont les tunnels qui donnent accès dans la ville etqui peuvent fort bien être représentés par nmSD, lescoupures du texte, s Dictionnaire topoç’.aphiqueabrégé de la Terre Sainte, Paris, 1877, p. 322; cf.Sayce, Fresh Light from the ancient monuments,Londres, 1886, p. 77-81. Cependant la stèle elle-même,élevée, dit son inscription, à Qorqa’et trouvée à Dibân,les détails archéologiques surtout conformes à la descriptionde la stèle constatés à la colline sud-ouest deDibân, paraissent prouver clairement que ce dernierendroit est la Qorka’, du récit de Mésa. Aussi le plusgrand nombre des palestinologues ne voient autrechose dans cette Qorqa’que l’acropole de Dibon. Si laconsonance des noms Qorqa’ou Qarfya’et Kerka’etaussi leur signification ne sont pas sans quelque analogie,ce sont les seuls rapports entre la Qorqa’de lastèle de Mésa et la Characa de la Bible ou Qir Moab.Voir Dibon, t. ii, col. 1410-1411. Clermont-Ganneau,La stèle de Dhibân, dans la Revue archéologique, juin1870, p. 380; F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, Paris, 1896, p., 431-433.

II. Identification.

Les interprètes sont généralementd’accord pour reconnaître dans Kir Moab, Kir Héréset Kir Haréseth une seule et même ville. L’identité estévidente pour Kir Hérés d’Isaie, xvi, 7, et Kir, Harésethdu même chapitre, 11; les passages de Jérémie où KirHérés est nommée, sont l’imitation ou plutôt la reproductionde ce dernier verset d’Isaie. L’identité de KirHérés ou Haréseth du chap. xvi d’Isaie et Kir Moab duchap. xv n’est guère moins évidente; dans l’un et l’autrepassage le prophète fait allusion à la ville forte parexcellence, dans laquelle les Moabites plaçaient spécialementleur confiance etqui était la cause de leur orgueil.

— Gesenius, Thésaurus, p. 1210, et quelques auteursavec lui, à cause de l’identité des noms, croient pouvoirde-même identifier cette ville avec la Characa deH Mach., xii, 17; mais le plus grand nombre contestentla justesse de cette identification. Les raisons sur lesquelless’appuie l’opinion de ces derniers sont: 1° ladistance (750 stades = 139 kilom.) trop courte entreCasphin et Characa; 2° l’éloignement de Kir Moab dupays de Tob où il faut chercher les Juifs Tubinéensque Juda voulait protéger, et 3° le contexte de I Mach., v,qui semble maintenir la lutte dans un même territoire,le pays de Basan, à l’est du lac de Génésareth. Les partisansde lopinion de Gesenius répondent: 1° le premierterme" de la distance, Casphin ou Caspis, n’est pasfixé avec certitude ni la nature du stade employé parl’écrivain sacré; 2° en admettant qu’il s’agisse des Juifsdu pays de Tob en Basan, ils peuvent avoir cherché unrefuge au loin; 3° l’éloignement momentané du hérosjuit du théâtre principal de ses exploits est un simpleincident dont l’auteur de I Mach. a pu ne pas tenircompte. Quoi qu’il en soit, l’identité de cette Characa Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/977 Î899

KIR MOAB

1900

avec la Charaka du Targum ou Kir Moab est, commenous l’avons dit, loin d’être certaine. Voir ChàraCA., t. ii,col. 577. Moins douteuse, pour ne pas dire indubitable, estl’identité de cette dernière avec la ville appelée par lesGrecs, et plus tard par les Byzantins, Characmoba,XapaxpÂtôa ou XapaY[ «.<56a, [Xapa]ax|icûëa dans la cartemosaïque de Madaba (Ad. Schulten, Die Mosàikkarlevon Madaba, in-4°, Berlin, 1900, n. 85, p. 24), et quelquefois,selon Etienne de Byzance, M<j)6wjcàpa?. C’est,semble-t-il, le sentiment de Théodoret commentant Is.,xv, l, t. lxxxi, col. 340. Après avoir nommé les Moabites,il ajoute: «Ils avaient autrefois pour métropole la villeappelée maintenant Charachmoba.» Outre l’identitéessentielle du nom, nous retrouvons, en effet, dansCharacmoba, les caractères topographiques implicitementattribués par la Bible à Kir Moab. Quant à Characmoba,cette ville est certainement identique au Crac des Croisés,le Kêrak des Arabes d’aujourd’hui (fig. 318-319).Characmoba, d’après Ptolémée, Géographie, v, 17, faisaitpartie de l’Arabie Pétrée. Sa longitude et sa latitudesont 66 1/6 et 30, c’est-à-dire qu’elle est à l’est de lamer Morte et entre Rabbath Moab et Pétra. Etiennede Byzance, De urbibus, Bâle, 1568, col. 91, et d’autresdocuments la classent dans la 3e Palestine dont l’ArabiePétrée et la Moabitide faisaient partie. Ct. Reland, Pa-Ixstina,Utrecht, 1714, p. 215, 217, 463, 705. La cartemosaïque de Madaba nous la montre sur une montagneescarpée, aux trois quarts de la longueur de la merMorte, à une certaine distance à l’est, entre deux fleuvesdont les inscriptions ont disparu mais qui doiventreprésenter celui au nord qui est plus éloigné, la rivièred’Arnon, et celui au sud, la rivière de Zared. Le Cracdes Croisés, souvent appelé par eux Petra deserti, àcause de ses conditions géographiques et parce qu’ils laconfondirent avec la célèbre Pétra, est indiqué «surune montagne très élevée, entourée de vallées profondes,au sommet de laquelle on ne pouvait atteindre que pardeux entrées». Guillaume de Tyr, Historien, rerum transmarin., t. XXII, c. xxviii, t. cci, col. 885. Sur lescartes des XIe, xii «et xme siècles il est placé à l’estde la mer Morte et en face du Lisân. Voir la Carte dela Terre Sainte du xin’siècle, publiée par Bongarsà la suite des Gesta Dei per Francos, Hanau, 1611, etles diverses cartes du xi’-xiiie siècle publiées par Rohricht,dans la Zeitschrift des deutschen Patàstina Vereins,t. xiv, 1891, pl. i, v et vi, etc. «El Kérak estune forteresse extraordinairement défendue à l’extrémitéde la Syrie et de la province de Belqa’dans les montagnes,sur un rocher élevé et toute entourée de vallées,à l’exception d’un point sous la ville. Elle est entreJérusalem et Aila, sur la mer Rouge (le golfe d’Aqaba),» dit l’écrivain arabe Yaqout, Dictionnaire géographique,édit. Wustenfeld, Leipzig, 1866, t. iv, p. 262. Ct. El-Maràsid,édit. Yunboll, Leyde, 1859, t. ii, p. 490. «El-Kérakest une célèbre place avec un château élevé; c’est une desplus puissantes forteresses de toute la Syrie. Il est à unejournée do marche de Mûtâh, sur la frontière de la Syrieet du Hedjaz. Il y a trois journées de marche entreEl-Kérak et Saubak,» ajoute Abu’1-Féda, Géographie,édit. Reinaud et de Slane, Paris, 1840, p. 247. «C’estune forteresse imprenable, sur un sommet élevé, entouréde fossés et de vallées profondés,» dit de soncôté Dimisqy, Géographie, édit. Mehren, Saint-Pétersbourg,1866, p. 213. On entrait dans la ville par deuxtunnels creusés dans le roc vif, d’après le récit de voyaged’Ibn Batoutah, édit. de la Société asiatique, Paris, 1853,p. 255. «C’est dans cette forteresse, ajoute cet écrivain,que les rois cherchent un refuge dans la détresse.» Toutes ces descriptions et indications s’appliquent exactementà Kérak actuel et ne laissent aucun doute surson identité avec le Kérak des géographes arabes, leCrac ou la Pierre du Désert des Croisés, la Characmobades Grecs et des Romains, la Karaka des Juifs et

le Kir Moab de la Bible: tous les géographes et palestinologuesmodernes s’accordent à le reconnaître. Voirentre autres Jos. Schwarz, Tebuoth ha-Arez, edit. Luncz,Jérusalem, 1900, p. 254-255; De Saulcy, Dictionnaireabrégé de la Terre Sainte, Paris, 1877, p. 203-204; Riess,Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872,p. 56; Id., £ibel-Atlas, 1882, p. 17; Armstrong, Namesand Places in the Old Testament, in-8°, Londres, 1887,p. 108.

III. Description.

Le Kérak, situé à l’est de la merMorte et un peu au-dessous de l’extrémité méridionaledu promontoire appelé le Lisân, est à 4 kilomètres decette mer, en ligne directe, à 30 kilomètres au sud deVouâdi Môdjéb, l’ancien Arnon, à 10 kilomètres égalementau sud de Rabba, jadis Rabbafh-Moab, à 12 kilomètresau nord du village d’el-Muléh et à 22 kilomètresde Vouâd’el-Hasêh, considérée comme l’anciennevallée de Zared. À la différence des villes qui, étanttombées sous la main des Turcs, sont aujourd’hui plusou moins en ruines et détruites, le Kérak est assez bienconservé (fig. 320). Assis sur son piton conique forméde roche calcaire striée de silex brun, complètementisolé, à environ 1000 mètres d’altitude au-dessus duniveau de la Méditerranée, de 1400 au-dessus de lamer Morte et de plus de 200 au-dessus de la profondeurdes vallées dont la nature l’a entouré comme d’unimmense tossé, il ressemble à un gigantesque nidd’aigle établi là pour défier les efforts des conquérantset des armées. La montagne était jadis reliée, du côtédu sud, par un col étroit, à celles qui l’entourent; uneprofonde tranchée, pratiquée pour achever l’œuvre dela nature, l’en a depuis longtemps séparé. Le plateauincliné vers l’est sur lequel est bâtie la ville affecte laforme d’un triangle dont la base regarde l’occident etdont la longueur des côtés est d’environ 700 mètres.Dans l’angle sud-ouest, sur une éminence séparée elle-mêmedu reste de la ville par un-large fossé, se dressele château dominant toute la cité. La muraille, ruinéesur plusieurs points, était crénelée et percée de meurtrières.Elle est flanquée de cinq grosses tours, dontquatre carrées et une semi-circulaire. L’ensemble deces constructions paraît l’œuvre des Croisés. En quelquesparties établies sur des assises plus anciennes, ellesont été remaniées ou restaurées par les Arabes et lesTurcs. Ces restaurations ont permis au sultan mamelukBibars de s’en attribuer la fondation dans des inscriptionsplacées en divers endroits. L’inscription de latour du nord-ouest est accostée de deux lions rampants.On parvient à la ville par un chemin rocheux, souventtaillé en escalier et à peine’large d’un mètre, se développanten lacets sur le flanc septentrional de la montagne.Jusqu’à ces dernières années, on pénétrait dansla ville par deux tunnels taillés dans le roc vif à labase des remparts. Le tunnel du nord-ouest, long de60 mètres environ et large de 5 à 6 mètres, est éclairépar une ouverture pratiquée dans la voûte taillée enplein cintre. Il a été transformé en magasin pour l’usagedes établissem*nts du gouvernement. Le tunnel de l’esta été en partie détruit et en partie rempli de décombres,On entre maintenant dans la ville par une large brècheouverte du côté du nord. Bien qu’en partie démanteléet malgré les transformations grossières opérées pouren taire une caserne pour la garnison turque, cetimmense château, avec ses fossés creusés dans le roc,ses hauts glacis, ses grands escaliers, ses longs corridors,ses salles voûtées immenses, son église où l’onvoit des restes de fresques, ses casemates, ses magasins,ses grands réservoirs, ses citernes multiples,demeure encore magnifique dans son ensemble et l’unedes constructions militaires des plus vastes et des pluscurieuses. Les habitations de la ville sont généralementbâties en pisé, avec une terrasse plate, qui reposesur un ou deux arceaux. Les seules constructions faites Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/979

de pierres taillées sont celles de la mission protestante,des paroisses latine et grecque et la résidence du gouverneur.Les rues sont étroites et tortueuses et souventremplies de décombres. Dans l’église grecque, dédiéea saint Georges, on remarque quelques peintures aucaractère byzantin. Dans l’école, on montre deux autressalles bien conservées d’un bain romain, en partiepavées de beau marbre. La mosquée de la ville estétablie dans les débris d’une vieille église chrétienne,dont la porte d’entrée est en ogive.

Des deux vallées qui contournent le Kérak, celle del’ouest s’appelle du nom de la ville oitdd’el-Kérak. Elle

toute son étendue, la mer Morte, la vallée du Jourdain,jusqu’à Jéricho et les montagnes de la Judée jusqu’aumont des Oliviers. C’est dans le col séparant au sud dela ville les deux vallées, qu’a été pratiquée la profondetranchée qui unissait aux montagnes du sud le pitonservant d’assiette à la ville. Au xme et encore auxiv siècle, ces vallées étaient embellies par de nombreuxvergers plantés d’arbres dont les abricots, lesgrenades, les pommes, les poires et les autres fruits deïvérak étaient rénommés au loin par leur saveur. VoirAbou’1-Féda et les autres, loc. cit. Les quelques jardinsmal cultivés que l’on y voit aujourd’hui ne pro— Kir Moab. Vue du Grand Birket en-Naser et du fossé taillé dans le roe.D’après de Luynes, Voyage à la mer Morte, pl. 7.

prend naissance vers le sud-est, passe sous la ville etle château au côté sud, fléchit au nord, longe tout lecôté occidental, jusqu’à l’angle nord-ouest où elle estrejointe par Vouadi Dpt’ad. Un ruisseau dont le courantest augmenté par le tribut des eaux que lui apportentplusieurs sources, et dans lequel se jouent denombreux petit* poissons, court au fond de la vallée,mettant en mouvement quelques moulins dont l’un estassez ancien, les autres d’installation récente. L’ouadiDiu’ad a son origine plus à l’est. Il tourne le pied de lacolline à l’est et au nord et vient au nord-ouest s’unir àl’ouadi-Kérak. Le ruisseau qui court au fond de la valléeprend naissance à une demie-lieue de la ville à «la fontainedes Francs», ’Aïn el-Frandj, dont le nom rappellela domination passagère, mais glorieuse des chrétiensd’Occident. Le cours d’eau, tormé par les deux rivièresréunies, parcourt sa marche vers le nord-ouest jusqu’àla mer Morte, par l’ouad’el-Kérak. Par la large trouéede la valléede Kérak; le regard embrasse, dans presque

duisent plus guère que les légumes dont les orientauxii’ontjamais pu se passer: les concombres, les pdireauxet les oignons. La campagne de Kérak se développe surla montagne dont il est entouré en plateaux ondulés,où croit un blé abondant et estimé.

IV. Histoire.

Kir Moab ou Haréseth apparaît dansl’histoire biblique, sous le régne de Josaphat, roi deJuda, et vers le commencement du règne de Joram, roid’Israël (vers 898 avant J.-C). Après la mort d’Achab, leroi de Moab, Mésa, avait rompu le traité conclu avec aroi d’Israël, en cessant de lui envoyer le tribut convenu.Joram s’allia au roi Josaphat, et le roi d’Édom se réunità eux. Les trois alliés prirent la route du sud parl’Idumée, pour marcher contre Moab, Mésa s’avançaavec une armée pour repousser l’invasion. Battu, il vintse réfugier dans une de ses villes fortes. Toutes les lorteressesde Moab, toutes les villes importantes, et le’reste du pays étaient tombés aux mains de l’ennemi, ,qui détruisit les villes, ruina les campagnes les plus

fertiles en les couvrant de pierres, obstrua les sources,coupa les arbres fruitiers, «et il ne restait, ajoute l’Écriture,que les pierres de Qîr Haréseth» (texte hébreu).C’était dans cette citadelle que le roi Mésa était venuchercher son dernier refuge. Les armées coalisées l’environnèrent(occupant les sommets des montagnes quientourent la ville et sont à la hauteur de ses murs), etles frondeurs se mirent à battre la muraille. Elle étaitsans doute, comme l’indique son nom, «en briques,» peut-être séchées au soleil. Le roi de Moab, voyant queles ennemis allaient l’emporter, prit avec lui sept centshommes et, l’épée à la main, ils se précipitèrent sur leroi d’Édom, espérant se frayer un passage à traversles bataillons iduméens et s’échapper. Ils échouèrent.Alors saisissant son fils premier-né, qui devait régneraprès lui, Mésa l’immola en holocauste sur le mur dela ville. Cet acte de barbarie révolta les Israélites quilevèrent aussitôt le siège et s’en retournèrent dans leurpays. II (IV) Reg., m. — C’est à ce roi Mésa qu’il faudraitattribuer l’origine de la plupart des anciens réservoirs,des citernes de la ville et des deux tunnels y donnantaccès, si le Qorqa’de la stèle désignait réellement leKérak actuel. Quoi qu’il en soit, les brèches ouvertes parla fronde des Israélites et de leurs alliés ne tardèrentpas à être fermées et cette ville, bien qu’elle ne fût pasleur capitale, continua à être l’objet de l’orgueil et de laconfiance des Moabites. Aussi, lorsque les prophètesélèveront la voix contre Moab, le principal objectif deleurs menaces sera la ville Qir Moab. «Châtiment deMoab, dit Isaïe, xv, 1: pendant la nuit, Ar Moab a étéravagée, elle a cessé: pendant la nuit Qir Moab a étéravagée, elle a cessé.» «Nous avons appris, dit ailleurs(xvi, 6, 7, 11) le même prophète, l’orgueil de Moab;oui, il est plein d’orgueil, son arrogance, sa présomptionn’ont point de mesure. Voilà pourquoi Moab pousseraMoab à jeter des cris de douleurs; tous crientde douleur sur Qir Haréseth. Gémissez, vous qui avezété frappés… Pour cela mes entrailles frémissent surMoab comme une harpe et tout mon intérieur à causede Qir Haréseth.» Ces mêmes menaces le prophète Jérémieles reprend en les imitant, xlviii, 31, 36: «Je gémiraisur les habitants de Qir Hérés. C’est pourquoi mon cœurgémira sur Moab comme une flûte. Tous leurs effortsréunis périront.» L’histoire ne dit pas explicitementquand Qir Moab subit les malheurs annoncés par cesprophètes; mais elle ne dut pas échapper aux coups dessoldats de l’Assyrie, quand, après avoir envahi la Syrieet la Damascène, ils reçurent l’ordre «de faire périr parl’èpée tous les habitants de Moab et d’Ammon». Judith(grec), i, 12. Ce fut probablement dans le cours de la3e campagne du roi Assurbanipal (vers 646), contre lespays de l’Arabie, de Moab, d’Ammon et de Nabathée,dont font mention les Annales de ce prince. Voir F. Vigouroux,La Bible et les découvertes modernes, 6e édit.,1896, t. iv, 119-122. — En dehors du récit de II(IV) Reg. et des prophéties d’Isaie et de Jérémie, KirMoab n’est plus mentionnée dans la Bible, à moinsque la Characa où vint Judas Machabée pour assister lesJuifs Tubinéens, ne soit la Characa de Moab. — Elle tienttoutefois une place importante dans les récits de l’histoireprolane. — À l’époque de la domination des Grecs, Characaétait une ville considérable de l’Arabie Pétrée. Ptolémée,Géographie, v, 17. Au temps du triomphe du christianisme,Characmoba était devenu le siège d’un^évêchédépendant de Pétra et son évêque Démétrius prit partau concile de Jérusalem de 536. Labbe, Conciles, t. v,p. 284; Lequien, Oriens christianus, t. III, p. 720-734. Cf.Reland, PaUestina, Utrecht, 1774, p. 212, 215, 217, 223.L’histoire nomme encore comme évêque «de l’illustre etglorieuse Charachmoba», Jean, disciple de saint Etiennele Sabaïte, célèbre par sa sainteté et ses miracles. ActaSanctornm, Vita X.Stephani Seboïtse, thaum., 12 juil.,cdit. Palmé, julii t iii, p. 518-522. La carte mosaïque

de Madaba, qui nous offre une image de la ville de cettepériode (fig. 321), la représente grande, avec des égliseset d’autres monuments, des colonnades et des portiques.

321. — Fragment de la mosaïque de Madaba, figurant une vuede Kir Moab.

A l’arrivée des Croisés, le Kérak était presque ruiné etabandonné de ses habitants. La citadelle fut rebâtie, en1136, dans toute sa splendeur, par Payen, échanson duroi Foulque. Une multitude d’habitants nouveaux vinrentse mettre à l’abri du puissant château et repeuplèrentl’ancienne ville. Le Kérak devint la capitale de la Transjordaneet l’un des principaux boulevards de la Terre-Saintecontre les musulmans. Il fut érigé en archevêchélatin à la place de Rabbath (Amman) l’ancienne capitaledes Ammonites, sous le nom d’archevêché de la Pierredu Désert. Voir Assises de Jérusalem, édit. Beugnot,Paris, 1841, t. i, p. 415. Après la mort sanglante de sondernier prince, Renaud de Châtillon, à Hattin, le 4 juillet1187, la ville, gouvernée par la veuve de Renaud, résistadeux ans encore aux efforts de Saladin et ne serendit que contrainte par la famine. Guillaume de Tyr,Histona rerum transmarin., t. XV, c. xxi, t. CCI,col. 633; t. XX, c. xxviii, col. 808; t. XXII, c. v, col. 851;c. xxviii, col. 885-886; t. XXIII, c. xx, col. 922. Le Kérakentre les mains des musulmans continua à prospérer jusqu’autemps des Turcs (1417). Il tomba alors dans l’oubli.En 1832, sa population se révolta contre la dominationd’Ibrahim pacha qui ne put alors s’en rendre maître. Ilrevint assiéger la ville en 1840, parvint à la prendre, lasaccagea et détruisit une partie de ses remparts. Depuiscette époque, le Kérak, ainsi que toute la région, s’étaitsoustrait au joug des Turcs, mais pour tomber sous lerégime de l’anarchie la plus complète. Pendant cettepériode le Kérak fut visité par plusieurs explorateurseuropéens, mais non sans des difficultés de tout genreet sans de graves dangers. Enfin un corps d’arméeturque l’ayant cerné et ayant feint d’en commencer lebombardement, la population céda, mit bas les armeset les Turcs en prirent possession le 24 novembre 1893.Le Kérak fut érigé en mutzarifiéh (préfecture), dépendantdu uâlayieh (province) de Damas. Le sandjak duKérak embrasse dans son rayon tonte la région transjordanienneet le pays à l’est de la mer Morte, depuis larivière deZerqâ, l’ancien Jaboc, jusqu’au golfe d’Aqâbah,c’est-à-dire tout le territoire des anciennes tribus de Gadet de Ruben.tout le pays de Moab et l’Idumée orientale.

1907

KIR MOAB — KITTO

1908

Un grand nombre de musulmans sont venus s’installerdans la ville. Avec eux, avec les gens de l’administrationet la garnison, la population d’environ 5 000 habitantsest montée à 6 000. La plupart sont musulmans. Lenombre des chrétiens diminué en 1880, par l’émigrationà laquelle la petite ville de Madaba doit sa renaissance,est aujourd’hui d’environ 1 500, dont 1 200 non catholiquessuivant le rite grec et 300 catholiques suivant lerite latin. La mission latine, fondée en 1876, s’est développéesurtout depuis 1893. — Pour la description etl’histoire du Kérak, voir Burehkhardt, Travels in Syriaand the Boly Land, Londres, 1882, p. 379-399; P. deSaulcy, Voyage autour de la mer Morte, in-8°, Paris,1853, t. ii, p. 353-383; Lartet, Voyagé d’exploration àla merMorte, par le duc de Luynes, in-8° (sans date), t. i,p. 99-107; Mauss et Sauvaire, Voyage de Jérusalem àKarak et à Chaubak, dans l’ouvrage précédent, t. ii,p. 81-140; Rey, Les Colonies franques de Syrie, in-8°,1883, p. 19-24, 345-342; Id., Étude sur l’architecturemilitaire des Croisés, 1871, p. 132-135, 273-277.

L. Heidet.

    1. KISTEMAKER Johann Hyacinth##


KISTEMAKER Johann Hyacinth, exégète catholique,né à Nordhorn (province du Hanovre) le 15 août1754, mort à Munster en Westphalie le 2 mars 1834.Après les études préparatoires au gymnase des pèresfranciscains à Rheine, il se livra à l’étude de la philosophieet de la théologie à Munster: où il fut ordonnéprêtre le 22 décembre 1777. Après avoir été, depuis 1779,professeur au gymnase de Munster, il obtint la chairede philologie à l’université de cette ville. Il l’échangeacontre la chaire d’exégèse en 1795; quatre années plustard, il fut nommé chanoine (1799). En 1819 il se démitde la charge de directeur de gymnase, place qu’il avaitoccupée depuis 1794. Le 27 septembre 1823 il fut rééluchanoine du chapitre nouvellement réorganisé de lacathédrale de Munster. — Il aimait de préférence la philologieclassique, pour laquelle il avait tant d’aptitudesqu’on le nomma Erasmus secundus. Il s’appliqua à releverl’étude des langues allemande et grecque. [Outreles principales langues européennes, il savait les languesorientales. Il ne négligeait pas pour cela l’étude dela théologie, de l’exégèse et de la patristique. Il se servitde ses connaissances pour réfuter les rationalistes. —Kistemaker a laissé quantité d’écrits de philologie. —Voici ses ouvrages exégétiques: Commentatio de novaexegesi prsecipue Veteris Testamentiex collatis scriptoribusgrsecis et lahnis scripta, Munster, 1806; ExegetischeAbhandlungen uber Matth., 16, 18 und 19,-imd 19, 3-12 oder ûber den Primat Pétri und dus Eheband,Munster, 1806. Le vicaire Schrant en publia unetraduction hollandaise à Amsterdam. — Exegesis criticain Psalmos lxvii et cix et excursus in Daniel., iii,de fornace igms, Munster; 1809; Weissagung Jesuvom Gerichte uber Judæa und die Welt nebst Erklârungder Rede Marc, 9, 42-49 und Prûfung der VanEss’schen Ubersetzung des Neuen Testamentes, Munster,1816; Canticum Canticoruni illustratum ex hierographiaorientalium, Munster, 1818; Biblia SacraVulgatx editionis iuxta exemplar vaticanum, 3 in-8°,Munster, 1823. Elle était dédiée à Léon XII, dont unbref, imprimé en tête du 1 er volume appelle Kistemaker:Virum probitate ac litterarum sacrarum perilia laudatissimum;Die heiligl. Evangelien ûbersetzt und erklàrt,4 in-8°, Munster, 1818-1820; Geschichte derApostel, ûbersetzt mit Anmerkungen, Munster, 1821;Sendschoreiben der Apostel ûbersetzt und erkldrt, nebstder Apokalypse, 2 in-8°, 1822. Le tout ensemble-: Dieheiligen Schriften des Neuen Testamentes ûbersetztund erklàrt, Munster, 1818-1823, 7 in-8°; 2e édit., 18251826; 3e édit., 1845. — Das Neue Testament ûbersetzt ohneAnmerkungen, Munster, 1825; 4e édit., 1844. Une éditionen miniature parut en 1853, et une en groscaractères en 1849. Il a encore rédigé pour le 4 «vol.

de Stollberg, Geschichte der Religion Jesu Christi,15 in-8°, Hambourg-Vienne, 1807-1818, les remarquessur Esther et il a écrit pour le 5e vol.: Veber diezweifache Stammtafél Jesu Christi bei den EvangelistenMatthâus und Lucas. La Bonner Zeitschriftpublia en 1836 comme traité posthume: Orbem terrxper et post diluvium universale magnam in détenusimmutationem passum esse ostenditur. — VoirNeuhaus, Leben und Wirken des verstorbenen I. Hyac.Kistemaker, Munster, 1834. — Frd. Rassmann, MùnsterlândischesSchriftsteïler-Lexicon, Lingen, 1814;I. Nachtrag, Munster, 1815; II. Nachtrag, Munster,1818. Le même ouvrage refondu et continué parErnest Rassmann, Munster, 1866-81, t. 1, p. 177; Zeitschriftfur Philosophie und katholische Théologie,Cologne, 1832, Heft9, p. 211; 20, p. 90; 61, p. 1; NeuerNekrolog der Deutschen, 1834, t. i, p. 211; Felder,Gelehrten-und Schriftsteller-Lexicon der katholischenGeistKchkeit Deutschlands, t. iii, Landshut, 1822, p. 262;Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, 2e édit., t. vii, 1891,p. 35-39. E. Michels.

    1. KITTO John##


KITTO John, théologien protestant anglais, né à Plymouthle 4 décembre 1804, mort à Cannstadt le 25 novembre1854. Fils d’un simple maçon, d’une santé frêleet délicate, il n’avait de goût, étant enfant, que pour leslivres. À l’âge de 8 à Il ans, il fréquenta (1812-1814) lesécoles primaires de sa ville natale et il ne reçut jamaisd’autres enseignements. Après cette époque, il dut travailleravec son père. Le 13 février 1817, en servant lesmaçons, il tomba d’une hauteur de 7 mètres et cet accidentle rendit complètement sourd toute sa vie. Aprèsavoir vécu plusieurs années dans la misère, en étudiantseul, quand il le pouvait, avec des livres qu’il se procuraitau moyen des plus dures privations, il entra, enjuillet 1825, au Missionary Collège, à Islington, où ilfut employé à l’atelier de typographie. La Church MissionarySociety l’envoya, en 1827, à Malte comme compositeur.Son goût pour la littérature l’empêcha de donnertoute son attention à ses occupations et le comité lerenvoya en Angleterre en janvier 1829. Quelques moisaprès, il s’associa à une mission particulière, organiséepar M. Groves, et il partit pour la Perse. La petite troupearriva à Bagdad au mois de décembre et Kitto ouvritune école arménienne. Mais la peste, une inondation etle siège de Bagdad, ’par Ali pacha, déterminèrentM. Groves à reprendre le chemin d’Angleterre. Kitto,qui l’y suivit, donna dans ses Journals un récit intéressantde ses voyages. Il entra alors en relation avec lasociété pour la vulgarisation de connaissances utiles{Society for the diffusion of useful knowledge) et ilpublia, dans le Penny Magazine, le Deaf traveller (levoyageur sourd) et quelques autres traités. Il collaboraà la Cyclopscdia de Ch. Knight. À l’instigation de cedernier, Kitto commença, en 1834, une série de narrationsqui devaient commenter la vie des aveugles, desmuets et des sourds; il les réunit à la fin et les publiasous le titre: The lost sensés, Londres, 1845. Il fit demême, en 1835, pour le Biblical commentary, qu’il fitd’abord paraître sous la forme de plusieurs fasciculesanonymes, et qui, ayant été complétés au mois de mai1838, furent très favorablement accueillis par le publicsous le titre: The Pictorial Bible, in-8° et in-4°, Londres,1835-1838; 2e édit., Londres, 1847-1849. Les notes furentensuite éditées séparément et elles formèrent: The illustratedcommentary, 5 in-8°, Londres, 1840. Il n’avaitpas encore achevé ce livre lorsqu’il en commença unautre auquel il consacra trois ans de travail: Pictorialkislory of Palestine and the JJoly Land, including acomplète history of the Jews, Londres (1839), 1840. Ilcommença alors un autre ouvrage qui devait renseignerle lecteur sur les différents établissem*nts de missionsdans les pays infidèles; c’était: The Christian Traveller,

Londres, 1841. Il ne put en publier que les trois premières parties, son éditeur ayant fait de mauvaises affaires.Kitto fut obligé de vendre sa maison d’Islington et d’allerà Woking (Surrey). Il rédigea une History of Palestine,qui fut publiée à. Edimbourg en 1843. L’université deGiessen lui décerna alors le titre de docteur en théologie en 1844, et l’année suivante il fut nommémembre de la Society of antiquaries. Pendant ce tempsil travaillait à sa Cyclopsedia of Biblical Literature, quiparut en 2 in-8° à Edimbourg, 1843-1845; 2e édit., 1847;3e édit., par W. L. Alexander, 3 in-8°, 1862; éditionabrégée, in-8°, 1849, 1850, 1855. Cet ouvrage renfermed’excellents articles composés par divers savants et eutun succès bien mérité. En 1848, il entreprit la publication du Journal of sacred literature, Londres, 18481853. En 1853, il dut le remettre au D 1 ' H. Burgess,parce qu’il ne pouvait pas même couvrir les frais del’impression. Kitto quitta Woking pour louer une maisonmoins chère à Camden Town. C’est là qu’il écrivit sesDaily Bible illustrations, 7 in-8°, Edimbourg, 1849-1854.Une pension de 100 livres sterling (2500 fr.) lui futaccordée en 1850 à cause de ses «œuvres littérairesutiles et méritoires». Sa santé, qui n’avait jamais étérobuste, s’affaiblissait visiblement depuis 1851, de sortequ’il partit pour l’Allemagne au mois d’août 1854, pouressayer les effets de ses eaux minérales, mais il mourut le25 novembre 1854 à Cann&tadt (Wurtemberg). — Outreles ouvrages déjà cités et qui sont intimement liés avec lesévénements de sa vie, J. Kitto composa encore: Essaysand letters, with a short memoir of the author, Plymouth, 1825; Uncle Oliver’s Travels to Persia,% in-8°,Londres, 1838; Thoughts aniong flowers, Londres, 1843;Gallery of Scripture engravings, historical and lands.cape, with descriptions, historial, geographical and critical, 3 in-8°, Londres, 1841-1843; The pictorial Sundaybook, Londres, 1845. (Une partie de ce livre fut publiée sousle titre: The pictorial history of our Saviour.) Ancientand modern Jérusalem, Londres, 1846; The Court andPeople ofPersia; The Tartar triées, Londres, 1846-1849;The Tabernacle und its furniture, Londres, 1849; Scripture lands, in-8°, Londres, 1850; The land of Promise,Londres, 1850; Eastem habitations, in-8, Londres, 1852;Sunday reading for Christian families, in-8°, Londres,1853. Ces diverses publications ont eu une grande influence sur le progrès des études scripturaires dans lespays de langue anglaise. — Voir J. Kitto, Essays and letUrs, Plymouth, 1825; Id., The lost Sensés, Londres, 1845;J. E. Ryland, Memoirs of John Kitto, 2e édit., Edimbourg, 1856; J. Eadie, Life of John Kitto, Edimbourg,1857; Id., dans la 3e édition de Kitto’s Cyclopsedia ofbiblical literature, t. ii, p. 754; S. A. Allibone, Crilical dictionary of English literature, 1872, t. i,p. 1039; Th. Hamilton, dans le Dictionary of Nationalbiography, t. xxxi, 1892, p. 233-35.

E. Michels.KLEE Heinrich, théologien et exégète catholique, néà Munstermaifeld, près de Coblentz, le 20 avril 1800,mort à Munich, le 28 juillet 1840. Il fit ses études augrand séminaire de Mayence, dont Bruno Franz LéopoldLiebermann faisait alors l’ornement. Il fut ordonnéprêtre le 23 mai 1823. L’année suivante il y fut nomméprofesseur d’exégèse et d’histoire ecclésiastique. L’université de Wurzburg lui décerna le titre de docteuren théologie pour la dissertation: Tentamen theologicocriticum de chiliasmo primorum sseculorum, Herbipoli, 1825. Après avoir enseigné quatre années (1825-1829)la philosophie à Mayence, l’université de Fribourg-enBrisgau lui offrit la chaire d’exégèse que J. L. Hugvenait de résigner, et le gouvernement prussien lui offritsimultanément une chaire de théologie à l’université deBreslau où à celle de Bonn. Klee choisit Bonn. Il y-enseigna tour à tour le dogme, la théologie morale,l’histoire des dogmes et l’exégèse du Nouveau Testament. Klee était très versé dans les sciences bibliques etdans la patrologie; il ne faisait aucune concession ni àl’hermésianisme, ni au rationalisme. En 1839, il alla àMunich pour remplacer Mbhler, et y occupa la chairede théologie dogmatique et d’exégèse. Il y mourut l’année suivante et y tut enterré à côté de Mohler. — Il aécrit: Die Beichte, eine historisch-kritische Vntercuchung, in-8°, Frankfort, 1828; Kommentar ûber dasEvangelium des Johannes, in-8°, Mayence, 1829; Kommentar ûber den Rômerbrief, in-8°, Mayence, 1830;Kurzes System der kalhol. Dogmatik, in-8°, Bonn, 1831;Encyclopadie der Théologie, Mayence, 1832; Auslegungdes Bnefes an die Bebrâer, in-8°, Mayence, 1833; DieEhe, eine dogmatisch-archàologische Abhandlung,Mayence, 1833, 2e édit., 1835; Die katholische Dogmatik,3 in-8°, 1834-1835; 4e édit. en 1 vol. édité par J. B. Heinrich,1861; c’est son œuvre principale; Lehrbuch derDogmengeschichte, 2 in-8°, Mayence, 1837-1838; Grundriss derkathol. Moral, Mayence, 1843, édité par Himeoben; 2 «éd.,Mayence, 1847. — Voir sa biographie par Sausen, en têtedes 3e et 4e édit. de la Dogmatik de Klee; J. B. Heinrich, dans Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, 2e édit.,t. vii, 1891, p. 743-746; H. Hurter, Nomenclator literarius récent. Theologise, 2e édit., Inspruck, t. iii, 1895,col. 773-775. Sur ses œuvres exégét. cf. Tubing. Quartalschrift, 1829, p. 24-40; 1830, p. 698-714; 1834, 641-661, etHerz, dans la Katholische Litteraturzeitung, 1830, iv,176-182; 1834, iv, 911-958. E. Michels.

    1. KLIEFOTH Theodor Friedrich Detlev##


KLIEFOTH Theodor Friedrich Detlev, théologien etexégète protestant, né le 18 janvier 1810 à Kurchow(Mecklembourg), mort à Schwerin le 26 janvier 1895.Il fit ses études aux universités de Berlin et de Rostock.Il fut nommé en 1833 précepteur du duc Guillaume etdu duc Frédéric-François de Mecklembourg enl834. Pasteur à Ludwigslust depuis 1840, il fut transféré à Schwerinen qualité de premier prédicateur et de «Surintendant».Il fut membre de la commission, nommée par le gouvernement en 1848 pour le règlement des affaires ecclésiastiques, et depuis 1850, de VOberkirchenralh dont ilfut le président de 1887 à 1894. Kliefoth était un luthérienstrict et sévère dans ses écrits et dans sa conduite. Ona de lui les ouvrages exégétiques suivants: Einleitungin die Dogmengeschichte, Parchims, 1839; Der Schriftbeweis des J. Chr. K. von Hoffmann, in-8°, Schwerin,1859; Lesestûcke ans dem Alten und Neucn Testamentauf aile Tage des Jahres, in-8°, Schwerin, 1860; Der Prophet Sacharja ûbersetzt und ausgelegt, Schwerin, 1861;Das Buch Ezechiels ûbersetzt und erklart., 2 in-8°,Rostock, 1864-1865; Das Buch Daniel, Schwerin, 1868;Die Offenbarung des Johannes, 3 in-8°, Leipzig, 1874;Christliehe Eschatologie, Leipzig, 1886; Voir H. Holtzmann et R. Zopffel; Lexicon fur Théologie undKirchenwesen, Brunswick, 1888-1891, 1™ édit., t. ii, p. 595; Herzog, Real-Encyclopadie, t. x, 1901, p. 566-575.

E. Michels.KNAPP Georg Christian, théologien et exégète protestant, le dernier représentant du piétisme de Halle, néle 17 septembre 1753, à Glaucha, près de Halle, mort àHalle le 14 octobre 1825. Il fit ses études à l’universitéde Halle et à celle de Gœttingue, et fut nommé prolesseur extraordinaire à Halle en 1777, ordinaire en 1782.Il s’occupa surtout de la théologie et de l’exégèse duNouveau Testament. Semler et Gruner, dont il avaitsuivi les cours à Gœttingue n’exercèrent aucune influencedurable sur son esprit, qui avait une tendance prononcéevers le «supranaturalisme». Comme piétiste il entretenait aussi des relations avec la communauté des FrèresHernhutes (Herrnhuter Brûdergemeinde). Il ne pouvaitse défaire d’une timidité exagérée, ce qui explique lepeu d’influence qu’il exerça sur les étudiants. — On ade lui: Die Psalmen ûbersetzt und mit Anmerkungen,Halle, 1778, 3e édit., 1789. La plus importante de ses pu

blications est le Testamentum Novum grsece. Becognovit atque insignioris lectionum varietatis et argumentorum rwtationes subiunxit G. Ch. Knappius, in-4°,Halle, 1797; 5e édit., 1840; Scripta varii argumentimaximam partent exegetici atque historici, 2 in-8°,Halle, 1805; 2e édit., 1823-1824, 18 in-8°. On publia delui après sa mort: Vorlesungen ûber die christlicheGlaubenslehre nach dent Lehrbegriffe der evangelischen Kirche, 2 in-8°, édit. K. Thilo, Halle, 1827; 2e édit.,1836; Biblisclte Glaubenslehre vornehmlich fier denpraktischen Gebrauch, édit. H. E. F. Guericke, 1840, etc.— Voir Niemeyer: Epicedien zum Andenken aufKnapp, 1825; Thilo, Préface de la Glaubenslehre; Tholuck, dans Herzog, Real-Encyclopâdie, t. vii, 1857,p. 763; Tschackert, dans YAllgemeine deutsche Biographie, t. xvi, 1882, p. 266. E. Michels.

    1. KNOBEL August Wilhelm##


KNOBEL August Wilhelm, exégète protestant allemand, né le 7 février 1807 à Tschecheln, près de Sorau,dans la Basse-Lusace, mort à Giessen le 25 mai 1863. Illit ses études au gymnase de Sorau et, depuis 1826, àl’université de Breslau, où il suivit les cours de Gass,de Scheibel, de Middeldorpf, de Daniel von Colin et deDavid Schulz. Le 18 mai 1831, il y passa sa thèse de docteuren philosophie: Jeremias Chaldaizans, in-8°, Leipzig,1831. Le 21 octobre 1831, il devint licencié en théologiepar sa dissertation: De Marci Evangelii origine, in-8°,Breslau, 1831 (contre l’hypothèse de Griesbach). Le18 novembre de la même année (1831), il commença àenseigner à l’université de Breslau. îl fut nommé professeur extraordinaire de théologie en 1835 et, le 29 septembre 1838, cette faculté lui décerna unanimement letitre de docteur en théologie. Pendant le cours de lamême année, deux universités lui offrirent une chairede théologie. Knobel refusa la chaire de Gœttingue, laisséevacante par le départ d’Ewald, et accepta celle de l’université de Giessen. Une maladie l’obligea, en 1861, d’interrompre ses cours, et il mourut le 25 mai 1863. Sesouvrages témoignent de connaissances étendues en philologie, en histoire et en archéologie orientale. Maisses préjugés rationalistes l’empêchèrent de pénétrer ladoctrine théologique des Saints Livres et d’expliquerexactement le texte sacré. — On a de lui: De carminisJobi argumenta, fine ac dispositions, in-8°, Breslau,1835; Commentar ûber das Buch Koheleth, in-8°,Leipzig, 1836; Der Prophetismus der Hebrær, 2 parties in-8°, Breslau, 1837. À Giessen, Knobel collabora auKurzgefasstes Exegetisches Handbuch zum À Uen Testament, édité parHirzel, 17 in-8°, 1838. Il composa pource Manuel: Der Prophet Jesaja, in-8°, Leipzig, 1843;2e édit., 1854; 3e édit., 1861; 4e édit., par L.Diestel, 1872;6e édit., 1892. H. Ewald critiqua ce commentaire «endictateur» dans esGottinger Gelehrte Anzeigen, et Knobel se défendit dans son: Exegetisches Vademecum furHeren Prof essor Ewald in Tùbingen, in-8°, Giessen,1844. La controverse fut terminée au, congrès de la Morgent àndische Gesellschaft, réuni à Darmstadt, où Ewaldtendit la main à son adversaire. — Die Vôlkertafel derGenesis, Ethnographische Untersuchungen, in-8°, Giessen, 1850; Die Genesis (t. i du Penlateuch, qui fait partiede YExegetisch. Handbuch), in-8°, Leipzig, 1853; 2e édit.,1860; 3e édit., 1875, parDillmann; 4e édit., 1882; 5>édit.,1886. Exodus und Levitikus (t. Il du Pentateuch), in-8°,Leipzig, 1857; 2e édit., 1880, par Dillmann; Numeri,Deuteronomium und Josua (t. m du Pentateuch), in-8°,Leipzig, 1861; 2e édit., Leipzig, 1886, par Dillmann.— Voir Fried. Herm. liesse, dans YAllgrmeine deutscheBiographie, in-8°, Leipzig, t. xvi, 1882, p. 300-304;Fried. H. Hesse: Freundesworte am Grabe Dr. KarlAugust (au lieu de: August. Wilhelm H.) Knobel’s,in-8°, Giessen, 1863, t. i, p. 83; Scriba, Biographischrhterârisches Lexicon der Schriftsteller des Grossherzogth.Hessenim19.Jahrhund., UAbtheil., in-8°, Darmstadt, 1843, p. 387-391; Zôckler, dans Herzog, Real-Encyklopâdie fur prot. Theol. und Kirche, 1e édit., Gotha,t. iii, 1865, p. 715-717; 3e édit., Leipzig, 1901, p. 598.Sur son commentaire du Pentateuque, cf. Bertheau,dans les Jahrbùcfier fur deutsche Théologie, 1862,Heft. i, p. 170. E. Michels.

KOA, nom propre, d’après un certain nombre d’interprètes, traduit par «princes» dans la Vulgate.'Ezech.,xxiii, 23. Voir Coa 2, t. ii, col. 814-815.

KŒSTER Friedrich Burchard, théologien protestant, né à Loccum (Kloster Loccum) le 30 juillet 1791^.mort à Stade le 16 décembre 1878. Il suivit, à l’univer-;site de Gœttingue, les cours de Planck, de Bunsen, de.Lachmann et de Lucke (1810-1815), jusqu'à l'époque oùil fut nommé répétiteur (répètent) de théologie (1815).Quatre ans après (1819) il retourna à Loccum en qualitéde conventual et de directeur des études. De 1822 à1839 il occupa la chaire de théologie au séminaire homilétique de Kiel, dont il fut en même temps directeur.A la fin de cette période il fut nommé conseiller auconsistoire (Consistorialrath) et «surintendant général» (Generalsuperintendent) des anciens duchés de Brèmeet de Verden qui forment à présent le district de Stade, iIl prit sa retraite le 25 avril 1860. — Koester inclinaitvers le rationalisme, c’est pour cette cause qu’il eut àsoutenir beaucoup d’attaques de la part des «orthodoxes» de l’Allemagne et du Danemark. Il croyait que «la valeuréthique ou morale était le principe et le critérium desdogmes». — Il a laissé beaucoup d'écrits parmi lesquelsnous relevons: Meletemata in Zacharise proph. cap.9-14, Gœttingue, 1817; Immanuel, oder Charakleristikder neutestamentlichen Wundererzàhlungen, Leipzig,1821. C’est Koster qui signala le premier l’existence desstrophes dans la pqésie sacrée des Hébreux. Il publiacette découverte, qu’il croyait lui-même l'œuvre la plusdurable de sa vie, dans les Studien’und.Kritiken, 18&3,p. 40-114, sous le titre: Die Strophen oder der’Parallehsmus der Verse in der hebrdischen Poésie. Il publiaensuite: Hiob und der Prediger Salomon’s nach ihrerstrophischen Anordnung uberselzt, Schleswig, 1831; demême: Die Psalmen, Kœnigsberg, 1837. — Voir Archivdes Vereins fur Geschichte und Alterthum der Herzogthûmer Bremen und Verden, t. vii, p. 167-169 (ce «Verein» avait été fondé par Koster); Krause, dans YAllgemeine deutsche Biographie, Leipzig, t. xvl, 1882,p. 755. E. Michels.

    1. KOPPE Johann-Benjamin##


KOPPE Johann-Benjamin, éxégète protestant, né àDantzig le 19 août 1730, mort à Hanovre, le 12 février1791. Il étudia la théologie à l’université de Leipzig(1769-1773) et alla ensuite à Gœttingue. Grâce à la bienveillance de Heyne, il y tut nommé répétiteur (répètent)de théologie; il accepta ensuite la place de professeurde grec au gymnase de Mietau. Il retourna à Gœttinguecomme protesseur de théologie (1775) pour remplir lachaire laissée vacante par Zachariae. En 1788, il futappelé à Hanovre en qualité de prédicateur de la couret de conseiller au consistoire suprême. Il y réorganisal'école normale et il entreprit de publier un nouveaucatéchisme, qui fut loin d’obtenir l’approbation detous. — Koppe s'était livré d’abord à la prédication,mais les cours d’Ernesti à Leipzig et de Heyne le déterminèrent à s’adonner à l’exégèse et de préférence à celledu Nouveau Testament. Il y suivit la méthode «grammatico-historique» préconisée par ses maîtres. Il aécrit: De critica veteris Testamenti caute adhibenda,in-8°, Gœttingue, 1769; — Vindiciæ oraculorum a dse~monuni ssque imperio ac sacerdotum fraudibus, in-8°,Gœttingue, 1774; — Isrælitas non 215 sed430annos in&gypto commoratos esse, in-4°, Gœttingue, 1777; réédité dans la Sylloge commentationum theologicarum de Pott et de Ruperti, t. iv. n° 8, 1801. Koppe a aussicommencé la publication du Novum Testamentum graece perpetua annotatione illustratum, dont il a édité les trois, premiers volumes, 4 in-8°, Goettingue, 1778, quicontiennent les Épîtres aux Galates, aux Thessalonicienset aux Éphésiens; Tyschen, Ammon, Heinrichs et Pottont commenté les autres livres. Isaias, neu übersetzt nebst einer Einleitung und kritischen, philolog. und erläuternden Anmerkungen von Rob. Lowth, aus dem Englischen übersetzt von G. Heinr. Richerz, mit Zusätzen und Anmerkungen von J. B. Koppe, 4 in-8°, Leipzig, 1779-1781; Interpretatio Isaiae, viii, 23, in-4°, Goettingue,1780; Ad Matth., xii, 31; De Peccato in Spiritum S., in-8°, Gœttingue, 1781; Super Evangelio Marci,in-4, Goettingue, 1782; Explicatio Moisis, iii, 14, in-4°, Gœttingue, 1783; Marcus non epitomator Matthaei, in-4°,Gœttingue, 1783; — Voir Hoppenstedt: Ueber den verstorbenen J. B. Koppe, 1791 (incomplet); Annalen der Braunschweig-Lüneburgischen Churlande, Jahrgang vi, 1792, Hanovre, p. 60-84; Spittler, Sämmtliche Werke', th. 11, p. 644-655; Allgemeine deutsche Biographie, t. xvi, 1882, p. 692.

E. Michels.

KOR, mesure de capacité. Voir Cor, t. ii, col. 954.


KOR-ASAN (hébreu: Kôr-‘šân; Septante, probablement: Βηρσάβεε; Alexandrinus: Βωρασάν; Vulgate: lacus Asan), ville de la tribu de Juda, plus tard de Siméon, à laquelle David envoya de Sicéleg en présentune partie du butin fait sur les Amalécites. I Reg., xxx,30. C’est, d’après la plupart des interprètes, la mêmeville qu’Asan. Voir Asan, t. i, col. 1055.

KÔVER-AKONTZ (Étienne II), archevêque de Siunik et abbé général des mékitharistes de Venise, 1740-1824. Il a laissé un vaste travail en arménien littéraire sur la Bible, intitulé: Traité sur l’Ancien et le Nouveau Testament (Տեսութիւն Աստուածաշունչ Սուրբ Գրոց) publié au couvent de Saint-Lazare, à Venise, 7 in-8°, 1819-1824. L’auteur suit fidèlement les écrits exégétiques dusavant père jésuite, César Calino. Son ouvrage est diviséen deux parties; la première embrasse l’étude des questionsde l’Ancien Testament et comprend les quatrepremiers volumes; la deuxième est consacrée au NouveauTestament:après quelques dissertations préliminairessur la divinité du Verbe, sur la personne deNotre-Seigneur et sur la connaissance qu’avaient lesHébreux du mystère de l’Incarnation, l’auteur commencele récit évangélique et termine le dernier volume par lavenue de saint Paul à Rome. On trouve aussi à la fin,comme appendice, une concordance du Nouveau Testamentde l’an à l’an 63 de l’ère chrétienne.Quoique aupoint de vue chronologique l’auteur ne tasse que suivreles données plus ou moins exactes de son époque,pourtant dans ses commentaires moraux et théologiqueset surtout dans la solution des difficultés, il est netet tort exact; sa doctrine est tout à fait irréprochable,

J. Miskgian.

KOZÉBA (hébreu: Kôzêba’; Septante: Κωζηβά;Vulgate: Mendacium, «mensonge» ), ville de la tribude Juda. Elle n’est nommée qu’une tois, du moins souscette l’orme, I Par., iv, 22, où il est question des «hommes de Kozêba» (Vulgate: viri mendacii), dansla généalogie des descendants de Séla, fils de Juda.D’après l’opinion la plus commune, Kozêba est la mêmeville qu’Achazib de Juda. Voir Achazib 2, t. I, col. 137.


KUEMMET Gaspar, jésuite, né en 1643, à Fladungen(Bavière), mort à Aschallenbourg, le 23 janvier 1706.Il lut reçu dans la compagnie le 2 août 1663, protessapendant plusieurs années l’Écriture Sainte à Wurzbourget à Mayence. C’est lui qui inaugura l’enseignementde l’hébreu à Wurzbourg. Il nous reste de luideux importants ouvrages relatifs à l’Écriture Sainte:1° Schola Hebraica, in qua per duas grammaticee partes, lexicon radicum et aliquot appendices, breviter et nervose, quamque fieri potuit aptissima methodo, docetur quidquid ad perdiscendam linguam sacram desiderari potest, in-8°, Herbipoli, 1688: En 1706 un supplémentde soixante pages compléta cette œuvre. — 2° Magistra scientiarum, Scriptura Sacra, locuplete compendio explicata, et in quaternas partes, per terna volumina, ad facilem usum plurimamque utilitatem, cum pro omnibus Christi fidehbus tumpro sacerdotibus potissimum et quicumque negotia theologica et sacra, domi forisque, e cathedris, in choro, docendo, concionando, psallendo, meditando exercent, in-4°; Mayence, 1706.

P. Bliard.

KUENEN Abraham, théologien protestant hollandais,né le 16 septembre 1828 à Haarlem, mort à Leyde le10 décembre 1891. Il fit ses études à l’université de cettedernière ville (1846-1851), où il fut nommé professeurextraordinaire en 1853 et deux ans plus tard (1855) professeurordinaire. Il appartenait à l’école dite critiqueet était avec Schotten le chef des «théologiens modernes»de la Hollande. Il a laissé les ouvrages suivants: Specimen theologicum continens Geneseos libri capita xxiv priora ex arabica, Pentateuchi Samaritani versione nunc primum edita, Leyde, 1851; Liber Geneseos; Libri Exodiet Levitici ex arabica Pentateuchi versione ab Abu Saïda conscripta, Leyde, 1851-1854, 2 in-8°. Letome i contient la Genèse; Criticæ et hermeneuticæ librorum Novi Fœderis lineamenta; in-8°, Leyde, 1856;Historisch-kritisch Onderzœk naar het ontstaan en de verzameling van de bœken des Ouden Verbonds,3 in-8°, Leyde, 1861-1865; 2e édit. entièrement refondue,2 in-8°, Leyde, 1885-1889. Cet ouvrage a été traduit en allemandpar Th. Weber et C. Th. Muller, Leipzig, 1885-1892,en anglais par Colenso et Wichteed, et en français par A.Pierson (Histoire critique des Livres de l’Ancien Testament,2 in-8°, Paris, 1866-1879, avec une préface par ErnestRenan; cette traduction a beaucoup contribué à lapropagation des idées de la critique négative en France);De Godsdienst van Israël tot den ondergang van den Ioodschen Staat, 2 in-8°, Haarlem, 1869-1870; traductionanglaise, 2 in-8°, Londres, 1874-1875; De profeten en de profetie onder Israël, 2 in-8°, Leyde, 1875; traductionanglaise par Muir, Londres, 1877; National religions and religion, Londres, 1882 (une édition hollandaiseparut en 1882, une traduction française à Paris, en 1883,et une traduction allemande, par Budde, à Berlin en1884); De Melechet des Hemels, 1888. Kuenen était un desdirecteurs de la Theologisch Tijdschrift. Budde a donnéune traduction allemande des articles que Kuenen y afait paraître: Gesammelte Abhandlungen zur biblischen Wissenschaft, Fribourg-en-Brisgau,. 1894. — Voir H. Holtzmann et R. Zopffel, Lexicon fur Theologie und Kirchenwesen, 2e édit., Brunswick, 1888-1891, t. ii,p. 636; A. Kamphausen, dans Herzog, Real-Encyklopädie,t. xi, p. 163-170; Jewish Quarterly Review,juillet 1892, p. 571-602; Theolog. Tijdschrift, 1892, p. 113-126.

E. Michels.


KÜHNÖL; KUINŒL, KUINÖL Christian Gottlieb,exégète protestant allemand, né à Leipzig le 2 janvier1768, mort à Giessen dans la nuit du 15 au 16 octobre1841. En 1786, il commença ses études universitairesdans sa ville natale. Il y étudia la philologie, laphilosophie et la théologie, celle-ci sous Marus, Rosenmuller,Lbsner et Dathe. Sa Disputatio de subtihtate interprelationem grammaticam commendante, 1788,lui valut la réception dans la faculté de philosophie(1788). Il tut nommé professeur extraordinaire de cettescience en 1790. En 1799 l’université de Copenhague luioffrit la chaire de langue grecque. Il la refusa, et ilalla à l’université de Giessen, pour y remplir la chaire ’de poésie et d’éloquence, qui lui avait été offerte enmême temps. Ayant reçu de l’université de Halle la dignitéde docteur en théologie, et le titre de professeurde théologie à Giessen, il ne donna plus que des coursde théologie dans cette dernière ville et il s’appliquabientôt tout entier aux livres du Nouveau Testament. Ilfat nommé enfin en 1809 professeur ordinarius dethéologie et, en 1836, prof essor primarius [senior) decette faculté. Devenu professeur émérite en 1840, ilmourut à Giessen, en 1841. Le mérite des ouvragesexégétiques de Kuhnol consiste dans leurs exposés.philologiques et dans rénumération des opinions desautres exégètes. Ses propres doctrines et ses vues personnellesn’y sont pas, en général, nettement dessinées.Il n’appartient à aucune école déterminée, à moinsqu’on ne veuille le ranger parmi l’école supranaturalistedu rationalisme qui était elle-même bien indécise.Cf. Frd. Bleek, Synoptische Erklârung der dreiersten Evangelien, édit. Holtzmann, Leipzig, 1862, t. i,p. 24. Sans professer ouvertement le rationalisme, il enétait cependant tellement pénétré que le décret ministérielqui, en 1796, lui refusa le titre de professeurordinaire de théologie, put motiver ce refus par lesopinions rationalistes que Kuhnol avait énoncées dansses Pericopse Evangelicie, 1. 1, p. 36, 152, etc.Néanmoinsses tendances conciliatrices et son latin, correct et souventélégant, lui avaient valu une estime qui lui a longtempssurvécu, surtout en Hollande.

Ses ouvrages sur l’Ancien Testament sont surannéset de peu de valeur, à part quelques discussions philologiques:Der Prophet Hoseas, neu ubersetzt nebsteïnigen Erlaùterungen, Leipzig, 1789; Geschichte desjûdischen Volks., Leipzig, 1791; Messianische Weissagungendes Alten Testaments, Leipzig, 1792; Hoseeeoracula hebraice et lat. perpétua annotatione illustravit,Leipzig, 1792; Observationes ad Novum Testanientum,ex libns apocryphis Veteris Testamenti,Leipzig, 1794. Kuhnol rédigea aussi, en collaborationavec Welthausen et Ruperti, une sorte de revue dethéologie et d’exégèse: Commentationes theologicseéditée a Joh. Casp. Velthusen, Christ. Theophilo Kumoelel Georg. À lex. Ruperti, 6 in-4o, Leipzig, 1794-1799; PericopæEvangehese illustrâtes, 21n-8°, Leipzig, 1796-1797;Die Psalrhen metrisch ubersetzt und mit Anmerkungen,Leipzig, 1799; il s’était préparé à la publication de cetouvrage par son: Spécimen observationum in Psalmos,paru dans les Commentationes theol., t. v, 1798. Leplus important de ses ouvrages est son Commentariusm libros Novi Testamenti historicos, 4 in-8o (sur vélin),Leipzig, 1807-1818, t. i, Evang. Matlheei, 1807; t. ii,Ev. Marci et Lucee, 1809; t. iii, Ev. Joannis, 1812;t. iv, Acta Apost., 1818; Commentarius in Epist. adHebrœos, Leipzig, 1831. Il remania aussi pour la Bibliothecagrseca de Fabricius, rééditée par Harles, la partiequi traite des livres du Nouveau Testament, Hambourg,t. iv, 1795, p. 755-895 (Biblioheca græca Joh. Alb.Fabricii éd. Harles, 12 in-4°, Hambourg, 1790-1812). Ildonna enfin plusieurs éditions de classiques grecs. VoirE. Schurer, dans Allgem. deutsche Biographie, t. xvii,1883, p. 354-357; Strieder, Grundlage zu einer hessischenGelehrten-und Schriftsteller-Geschichte, t. xviii,1819, p. 311 (2 suppl. Gœttingue, Kassel et Marbourg,1781-1863); Scriba, Biographischlitemnsches Lexicon

der Schriftsteller des Grossherzogth. Bessen im 19Jahrh., t. i, p, 199; t. ii, 419; Neuer hecrolog derDeutschen, 1841, p. 985; Knobel, Grabrede bei der BeerdigungDr. Chr. Gotl. Kûhnôl’s, Giessen, 1841; Zôckler,Real-Encyclopàdie, & édit., t. XI, 1902, p. 161.

E. Michels.

    1. KURTZ Johann Heinrich##


KURTZ Johann Heinrich, exégète protestant luthérien,né à Montjoie (Prusse-Rhénane) le 13 décembre1809, mort à Marbourg le 26 avril 1890. Après avoir suivides cours de théologie aux universités de Halle et deBonn, Kurtz fut nommé professeur de religion augymnase de Mittau en Courlande (1835). En 1850 ilobtint une chaire à l’université de Dorpat, où il enseignal’histoire ecclésiastique et la théologie. Il prit sa retraiteen 1870 et se retira à Marbourg où il mourut. Kurtzétait croyant et «supranaturaliste». C’est grâce à sonconservatisme que ses «manuels» destinés à l’enseignementsecondaire et supérieur, ont eu tant d’éditions.Mais son attachement aux doctrines de «l’Église luthérienne» le porte souvent à être injuste envers l’Églisecatholique et ses institutions. On a de lui: Dos MosaischeOpfer, in-8o, Mittau, 1842; Bibel und Astronomie,in-8°, Mittau, 1842; 5e édit., Berlin, 1865; Lehrbuchder Heiligen Geschichte, in-8°, Kœnigsberg, 1843-1855;l «-7e édit., 13 «-18e édit., Leipzig, 1874-1895; ChristlicheReligionslehre, 1 «-11e édit., Mittau, 1844-1875; 14e édit.,Leipzig, 1889. Beitrâge zur Vertheidigung und Begrûndungder Einheit und Echtheit des Pentateuchs, in-8o,Konigsberg, 1844; Die Einheit der Genesis, in-8o, Berlin< 1846; Die Biblische Geschichte mit Erlaùterungen,Berlin, 1847; 27e édit., 1876; 27 «-46e édit., Berlin, 18761893; Geschichte des Alten Bundes, 2 in-8°, t. i, Berlin,1818; 3e édit., 1864; t. ii, Berlin, 1855, 2e édit., 1858;Lehrbuch der Kirchen-Geschichte, l re -3e édit., 2 in-8°,Mittau, 1849-1853; 3 «-12e édit., 1853-1892; Die Symbolikder Stifts Butte, in^8°, Leipzig, 1851; Abrissder Kirchengeschichte, l™-8e édit., Mittau, 1852-1875;11 «-14e édit., Leipzig, 1886-1896; Handbuch der allgemeinenKirchen-Geschichte, t. i, en 3 part., Mittau, 18531854; 2e édit., 1858; t. ii, I" Abtheil., 1856; Die Ehen derSohne Gottes mit den Tochtern der Menschen, in-8o,Berlin, 1857; Die Sohne Gottes in I. Mose, 6, 1-4(contre Hengstenberg), in-8°, Berlin, 1858; Die Ehe desPropheten Hosea, nach Hos. l-lir, in-8°, Dorpat, 1859;Der Alttestamentliche Opferkullus, Mittau, 1862; ZurThéologie der Psalmen, 1865; Der Brief an dieHebrær erkldrt, 1869. — Voir H. Holtzmann et R.Zopffel, Lexicon fur Théologie und Kirchenwesen,2e édit., Brun; wick, 1888-1891, t. ii, p. 637; Herzog,Realencyclopadie, 3e édit., t. xi, 1902, p. 187-190.

E. Michels.

    1. KURZENIECKI Martin##


KURZENIECKI Martin, jésuite, né en Masovie leIl novembre 1705, mort à Nieswiesz vers 1780. Il fut reçudans la compagnie le 14 août 1722. Pendant vingt ansmissionnaire en Lithuanie et en Russie, il exerça ensuitela charge de provincial de Pologne et celle de recteurdu collège et du noviciat de Nieswiesz. Il composa unvolumineux et savant ouvrage d’exégèse intitulé: ExpositioS.Scripturse Veteris et Novi Testamentinon solumquoad expositionem historiée et doctrinee môralis indeprofluentis, sed etiam ad faciliores nonnihil reddendasdifficultates decretorum Dei et niysteriorum fidei,in-i», Nieswiesz, 1769. P. Bliard.

Oiû*’S'*iV£WV

Dictionnaire de la Bible/Tome 3.2.c JOËL-KURZENIECKI - Wikisource (2024)

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